Quantcast
Channel: Tindomerel
Viewing all 291 articles
Browse latest View live

BOUM BÉBÉ ! Cinquième mois

$
0
0

Le cinquième mois, c'est celui où on a commencé à s'équiper pour les bébés – et celui où on a appris que, comme pour l'industrie du mariage et ses bouquets de fleurs à deux cent balles, tout ce qui était estampillé "bébé" coûtait la peau des yeux de la tête.

- Qu'est-ce que tu cherches sur Le Bon Coin?
- Une poussette double.
- On pourrait pas juste la mettre sur la liste de naissance?
- On pourrait, mais il faudrait demander aux grands-parents de se cotiser, je pense.
- Pourquoi, ça coûte combien, neuf?
- Sept cent cinquante balles.
- SEPT CENT CINQUANTE BALLES???!
- Sans les cosys.
- Et c'est cher, les cosys?
- Trois cent cinquante balles.
- TROIS CENT CINQUANTE BALLES???!
- .... l'unité.

Du coup, comme on n'avait pas méga envie de payer une poussette littéralement le prix que nous a coûté notre Peugeot 206, on s'est déniché une poussette d'occasion, avec les cosy et les fixations isofix en prime.

(Isofix, c'est un truc magique qui fait que tu clipse le siège auto directement sur le siège arrière de la voiture au lieu de t'emmerder à bidouiller des trucs avec les ceintures.)

Au passage, on notera que c'est un peu du foutage de gueule de faire des enfants à notre époque, parce que dieu sait que dans le temps ils s'emmerdaient pas autant avec la sécurité – j'en veux pour preuve ces pubs folkloriques à base de sièges en bois installés à l'avant:




(Big up aussi à la cage en alu)

Ou encore de harnais pour laisser bébé explorer l'engin de mort qui le propulse à une vitesse indéterminée sur des routes de campagne :



("Peut également être utilisé pour la marche", nous dit la pub.)

(T'sais, juste au cas où on te jugerait pas assez.)

Et je passe sur le PUTAIN DE HAMAC dans lequel on pouvait installer son nourrisson, tranquillou bilou :




(Super, comme ça au moindre freinage, il peut être catapulté à travers le pare-brise avec encore plus de vélocité!)

Et si tu penses "Ouais, mais bon Charlotte, tu nous parles d'un temps que les moins de mille ans ne peuvent pas connaître, avec tes pubs fleurant bon l'après-guerre", QUE NENNI MON JEUNE AMI !

Parce que moi-même, du haut de mes vénérables trente ans, je me rappelle très nettement que ma soeur et moi, on ne s'est jamais attachées UNE SEULE FOIS dans la voiture.

D'ailleurs, je me rappelle que, sur les longs trajets de vacances, je me mettais à genoux sur le siège arrière pour faire du coloriage en utilisant la plage arrière comme table.

(SUR L'AUTOROUTE, LES GARS!)

Et je te raconte pas les sueurs froides quand j'ai demandé à ma mère ce qu'ils faisaient quand on était bébés :

- Bah, on vous prenait sur les genoux.
- Ah ouais, donc vous aviez pas envie qu'on vive même un petit peu?
- Oh, sois pas dramatique comme ça! On se mettait à l'arrière, quand même, on n'était pas des monstres.
- Avec la ceinture, au moins?
- Ha ha ! Non.



(Expliquez-moi comment on a survécu collectivement aux années 90, au juste?)

Bref, j'ai trouvé des super sièges auto méga sécurisés (parce que je suis un bon parent, moi, MAMAN), ce qui, au passage, m'a donné l'occasion charmante de discuter avec les gens qui vendaient leur équipement pour jumeaux :

- Globalement, vous étiez satisfaite de cette poussette?
- Absolument! Elle était très utile, mais maintenant que mes filles ont trois ans, j'ai changé pour prendre une poussette canne, elle prend moins de place. Et puis mon grand a cinq ans, donc il peut marcher partout.
- Ah, des jumeaux et un petit d'âge rapproché... Vous devez être contente maintenant qu'ils sont grands, ça doit être plus facile!
- Plus facile? HA !
- .....
- Pardon, je voulais pas vous faire peur. Non, c'est... on va dire "différent".
- ....
- C'est... une autre forme d'épuisement, si vous voulez.


(C'est cool, les enfants, vous voulez pas rester dans mon ventre encore un an ou deux?)

Comme on doit tout acheter en double et qu'on est pas Crésus, on a aussi profité du printemps pour faire toutes les bourses puériculture, qui m'ont fait sérieusement questionner pourquoi qui que ce soit achèterait des vêtements pour bébés neufs :

- Vous vendez du naissance ou du 1 mois?
- Oui, j'ai tous ces bodys, et aussi plein de petits pantalons et T-Shirts, cinq gilets, et cette jolie salopette.
- Ils sont comme neufs!
- Ils SONT neufs! Mon bébé est né à 4 kilos, j'ai jamais pu lui mettre, il était trop grand.
- Vous les vendez à combien?
- Cinquante centimes pièce.
- ....
- Mais si vous prenez le lot, je vous fais un prix : cinq euros le tout.

Pendant ce temps, chez Petit Bateau :



(Ça va, les gars? On vous dérange pas trop dans votre délire?)

Au cinquième moi de grossesse, j'ai également dû passer un test de glucose, ce qui n'a pas manqué de faire paniquer ma mère:

- J'en étais sûre ! J'EN ÉTAIS SURE ! Tu fais du diabète ! C'est à cause de tous ces jus de fruits !
- Non, mais j'en bois même plus, des jus de fruits, ça me donne des brûlures d'esto....
- Est-ce que je ne t'avais pas dit que le sucre c'était du poison? Je te l'ai dit! Mais est-ce que tu m'as écouté? Non! Comme d'habitude! Et maintenant, regarde le résultat!
- Mais on sait même pas encore si je fais du diab...
- ET MAINTENANT TES BÉBÉS VONT MOURIR, BRAVO HEIN!

(Ceci de la part de la meuf qui nous asseyait sur ses genoux dans une Diane de 1971 qui n'avait pas de ceintures, je le rappelle juste au cas où.)

Donc j'ai dû passer une-demi journée au labo, boire 30cl d'un sirop infâme, puis poireauter des heures en salle d'attente sans boire (sans boire!) (alors que je venais de m'enfiler du sirop PUR!), tout ça pour qu'on me pique dans trois veines différentes à intervalles réguliers pour prélever mon sang plein de sucre.

- Et donc en fait ça sert à quoi ce bazar?
- Eh bien, on provoque une hyperglycémie en vous faisant boire le sirop, et puis on vérifie que votre corps élimine le sucre correctement. 
- Et si je ne l'élimine pas, ça veut dire que je fais du diabète gestationnel.
- C'est ça.
- Du coup, c'est pas une idée un peu moisie de me blinder de sucre, si j'arrive pas à l'éliminer?
- Et pourquoi vous croyez qu'on vous demande de rester sur place?

(C'est génial.)

Bref, c'était hyper chiant, mais les résultats sont revenus nickel, donc au final, c'est quand même une bonne nouvelle.

Enfin, le cinquième mois est celui où on a commencé à vider la future chambre des bébés / débarras de toute la famille, ce qui a quand même pris un peu de temps, notamment parce que les membres de ma famille sont des hoarders et qu'ils refusent de jeter quoi que ce soit :

- Mamie, là j'ai fait la pile pour l'Armée du Salut, regarde s'il y a des choses à toi dedans que tu veux garder.
- Mais! Tu vas pas donner ça!
- Tu parles de cette lampe hideu... j'veux dire, de cette lampe de chevet avec son pied d'un mètre de haut et son monumental abat-jour rose à franges?
- Oui! Ça vaut cher, ça, tu sais! Le pied est en porcelaine de Limoges! Et la scène champêtre dessus est peinte à la main! A l'époque, je l'avais payée cent douze francs! Nouveaux! 


- Non, il FAUT que tu gardes cette lampe, elle est trop précieuse.
- Non, mais mamie, y'a pas la place, et puis elle est dégueul... j'veux dire, elle serait pas mieux chez toi?
- Ah, non! Elle fait un mètre de haut, c'est pas très pratique quand même.


(SANS. DÉCONNER.)

Et, au cas où tu te disais que ce serait plus facile avec la génération suivante, je te présente mon père:

- Tu le donnes, ce matelas gonflable?
- Non, on le jette, il se dégonfle au bout d'une-demi heure. 
- Mais... c'est pas une raison pour le jeter!
- Papa, ce matelas a douze ans, le plastique n'est plus hermétique, quel intérêt de garder un matelas qu'on ne peut plus gonfler?
- Tu peux faire plein de trucs! Tu peux.... découper des morceaux de caoutchouc dedans au fur et à mesure et t'en servir pour faire du bricolage pendant vingt-six ans!
- Je suis d'accord!
- Tu vois? Mamie est d'accord avec moi!
- Et là! Que vois-je? Un stock de napperons en dentelle comme neufs! Charlotte, il faut que tu les gardes! Sinon, sur quoi tu vas poser tes bibelots en céramique et tes anges en porcelaine?


(Okay, donc vous ne m'aidez pas DU TOUT, les gars.)

Bref, c'est pas à ce rythme qu'on va pouvoir commencer la peinture, donc souhaite-moi bonne chance et surtout, souhaite-moi d'accoucher à terme, parce que ça commence à sentir le ric-rac niveau délais.

A bientôt pour de nouvelles aventures au pays du choix des prénoms (ça va être folklo, c'est moi qui te le dis.)

Brève automobile

$
0
0

Et donc, Flaxou et moi, on a décidé de se porter acquéreurs d'une nouvelle voiture.

Parce que, c'est pas que nos voitures actuelles ne sont pas prévues pour une famille de quatre, mais si carrément si en fait.

(C'est-à-dire que c'est un choix sympathique : mettre les bébés à l'arrière de la 206 de Flaxou qui n'a que deux portes, une ceinture et pas de coffre?)

(Alternative : mettre un bébé à l'arrière de ma microscopique Hyundai, l'autre à l'avant, et Flaxou, je sais pas, on le ligote sur le toit peut-être?)

Sauf que, comme on a passé toute notre vie à rouler avec des petites citadines à micro moteur, on ne s'y connaissait pas trop en modèles familiaux - et, surtout, on sous-estimait LARGEMENT la place que prennent les affaires de bébés dans une voiture, comme une conversation avec ma soeur me l'a vite appris:

- Vous pensez acheter quel modèle, alors?
- On pensait peut-être une Dacia Sandero, ou bien une Ford Focus.
- Tu délires? T'auras jamais assez de place dans le coffre pour mettre une poussette double!
- Mais si ! Moi j'ai une Hyundai i10 avec le plus petit coffre du monde, et j'arrive à mettre, genre, QUATRE sachets de courses dedans! Alors, une poussette, à côté, ce sera fastoche!

Et puis on a acheté une poussette double, et on a réalisé qu'effectivement, il allait nous falloir un grand coffre.

- Sans compter qu'au début, tu ne transporteras que le cadre de la poussette, tu auras les cosy à l'arrière, mais ensuite, il faudra encore transporter les sièges! Et le sac à langer!
- Pourquoi, ça prend de la place, un sac à langer?
- ...
- Moi je pensais que c'était, genre, comme un sac à main?
- ....
- Non?

(Non.)

On est donc gaiement partis faire le tour des concessionnaires avec notre poussette sous le bras, pour trouver la voiture de nos rêves.

Avant de se faire promptement piétiner nos rêves par les concessionnaires en question :

- Donc vous cherchez une voiture familiale? Break, monospace?
- Plutôt break.
- Alors, nous avons plusieurs dizaines de modèles disponibles...
- Au fait : on cherche une voiture essence, pas diesel.
- Alors, nous avons deux modèles disponibles....
- On voudrait qu'elle ait moins de 100 000 kilomètres.
- Alors, je crois qu'on a une voiture quelque part à Cernay....
- Et notre budget, c'est dix mille euros.



- Eh bien... je vais... prendre vos coordonnées, et peut-être vous rappeler un jour, si les poules ont des den... j'veux dire, si je trouve un modèle correspondant à vos critères!

Autant te dire que les choses s'annonçaient mal.

On commençait à désespérer et à se dire qu'on était trop exigeants, et j'étais en train d'essayer de persuader Flaxou que finalement, un diesel, ce serait pas la mort, quand soudain, on est tombés sur LA perle rare, AKA : une voiture de petit vieux sur Le Bon Coin.

J'ai su que c'était une voiture de petit vieux quand j'ai appelé pour l'annonce et que le mec m'a parlé pendant QUATORZE MINUTES pour m'expliquer à quel point sa voiture était en bon état, puis a enchaîné avec :

- Le prix, comme vous voyez sur l'annonce, il est correct. Moi je recherche pas le profit à tout prix, je veux juste laisser la voiture à une famille qui en prendra bien soin.



(On dirait le mec il parle de son chien, c'est absolument adorable.)

Ah oui, et il a aussi tenu à m'expliquer au téléphone comment venir chez lui (avec des explications vintage en mode "après le petit pont, vous prenez à droite au niveau du tonneau rempli de géraniums"), tout cela bien sûr APRES m'avoir donné l'adresse que j'avais déjà prestement entrée dans Google Maps.

Bref, on est arrivés au rendez-vous sur notre 31, prêts à séduire du petit vieux (comprends : Flaxou avait mis une chemise avec un petit pull BCBG, et moi j'avais mis un haut qui faisait ressortir au max mon gros bidon de femme enceinte), on avait même coupé le heavy metal dans la bagnole deux rues avant d'arriver, juste au cas où.

Et là, tu te dis peut-être que c'est beaucoup d'efforts juste pour une voiture d'occase, mais mec. MEC. Je t'ai pas encore raconté quelle occase c'était.

Parce que, déjà, la voiture cochait toutes les cases qu'on voulait (ce qui en soi n'était pas chose facile au départ, si j'en crois les réactions des concessionnaires), mais en plus de ça, la voiture était dans un état nickel : pas une rayure, pas une trace d'herbe sous la bagnole, genre clairement le mec ne s'était même jamais mangé un dos-d'âne de sa vie, et puis attends ces pneus ont l'air comme neufs??

- Ah oui, j'ai acheté quatre pneus neufs la semaine dernière, pour que le nouveau propriétaire parte sur des bonnes bases. J'ai pris des Goodyear, c'est vrai qu'ils sont un peu plus chers, mais vous avez la qualité.

A ce stade, on était déjà en train de se retenir de ne pas hurler tout de suite ON LA PREND !! Mais on est quand même montés dans la voiture pour faire un test de conduite.

Et c'est là que j'ai réalisé l'autre grand avantage d'acheter une voiture à un petit vieux : le machin était BLINDÉ D'OPTIONS.

C'est-à-dire que Flaxou et moi, on a passé notre vie à conduire des bagnoles de prolo, donc on n'est pas trop habitués aux voitures avec le confort moderne (ma Hyundai a des vitres qui se remontent manuellement avec une petite moulinette, je pense que ça dit tout).

D'ailleurs, lors de notre passage chez les concessionnaires, les gars étaient clairement à ça de se foutre de nous quand ils nous demandaient quelles options on voulait, et que je répondais :

- La climatisation.
- Oui, bon, toutes les voitures de nos jours ont...
- Et la direction assistée, aussi.
- Non mais de toute façon....
- Oh ! Et des vitres électriques.
- ....
- Notez-le, ça, c'est important.

Et alors, là, on est montés dans la voiture, et sur ma vie j'ai mis dix minutes à trouver le bidule qui affiche les vitesses, tellement y'avait de diodes partout, je me sentais comme un pilote de vaisseau spatial, c'était surréaliste.


(Une image totalement pas exagérée du tableau de bord.)

En fait, toute la balade qui a suivi aurait pu s'appeler "Charlotte découvre la technologie des quinze dernières années" :

- Ce bouton-là, c'est pour la climatisation. Vous pouvez régler la température différemment à l'avant et à l'arrière, c'est pratique pour les enfants.
- Ouah !
- Pour se garer, j'ai pas choisi la caméra à l'arrière, mais j'ai mis un radar de détection à l'avant et à l'arrière, c'est pratique pour les stationnements en épi.
- Génial ! Ça m'aidera vachement pour les créneaux.
- Ah, pour les créneaux, c'est automatisé : vous lâchez le volant, et la voiture se gare toute seule.
- QUOI MAIS VOUS ETES SÉRIEUX??!
- Au fait, maintenant qu'on est sur l'autoroute, vous pouvez passer la sixième.
- Y'A UNE SIXIÈME VITESSE???!

Donc en fait les voitures modernes c'est K-2000 et on m'avait rien dit.

Moi je suis là à suer dans ma voiture sans clim comme une péquenaude du siècle dernier, alors qu'il existe des choses magiques comme des rétroviseurs qui se dégivrent tous seuls, et PERSONNE NE M'A PRÉVENUE??!

Bref, on est sortis de la voiture tellement prêts à signer qu'on n'a même pas essayé de marchander sur le prix :

- Alors, j'ai mis 10 500 sur l'annonce, ce qui est un peu en-dessous de sa valeur à l'Argus, donc j'estime que c'est raisonnable.
- Oui, ça nous va. On s'était donnés un budget de 10 000 Euros, mais ça ne nous dérange pas de payer un peu plus pour avoir une bonne voiture. Je pense qu'elle va bien nous servir.
- Oh, et puis vous savez quoi? Vous m'êtes sympathiques. Je vais vous baisser le prix de 100 Euros.
- Ouah, merci!
- Comme ça, vous pourrez acheter quelque chose pour votre bébé avec cet argent. C'est un garçon? Une fille?
- Alors en fait, c'est des jumeaux...
- Ah ! Eh bien alors je vous fais 200 Euros de ristourne, comme ça c'est équitable!
- ...
- Vous pouvez passer la chercher dimanche, je vous ferai encore le plein avant que vous veniez.


(Vous voulez pas m'adopter, sinon?)

Bref, on aura rarement été aussi contents de dépenser dix mille boules (maintenant que j'y pense, on n'a JAMAIS dépensé dix mille boules en une seule fois auparavant) (même notre mariage a coûté bien moins que ça) (mais bon, on avait des nappes en papier et des fleurs en tissu de chez IKEA, ça te donne une idée du truc), et c'est heureux et pauvres qu'on est rentrés à la maison:

- Attends! Prends-moi en photo devant la nouvelle voiture!
- Pourquoi faire?
- Pour les enfants! Comme ça, plus tard, on pourra leur dire "Ça c'est une photo de maman quand elle était enceinte de vous, le jour où on a acheté notre première voiture familiale".
- Bonne idée! Comme ça ils pourront te dire "Oh, comme t'avais l'air jeune, t'étais si mignonne, qu'est-ce qui s'est passé?"


("Et là, les enfants, on ne le voit pas sur la photo, mais j'étais en train de traiter votre père de trou du cul".)

BOUM BÉBÉ ! La question des prénoms

$
0
0

Et donc je suis enceinte, et parmi tous les trucs chiants à faire avant l'arrivée des bébés (s'inscrire à la CAF, trouver une crèche, trouver une poussette double qui ne coûte pas UN MILLION DE BOULES), il y a un truc fun : trouver des prénoms.

Choix qui s'est révélé plus galère qu'on ne le pensait, puisqu'on a du faire face à plusieurs dilemmes :

Le premier était qu'on n'a pas su le sexe des bébés tout de suite, et que c'était méga difficile de trouver QUATRE prénoms, d'autant qu'il y avait une disparité assez cruelle dans mon inspiration :

- Alors j'ai trouvé dix-huit prénoms de garçons que j'aime bien.
- Et des prénoms de filles?
- Qu'est-ce que tu penses de Camille?
- J'aime pas.
- Alors j'en ai zéro.

Et même ensuite, il restait encore pas mal d'obstacles:

- Il faut des prénoms qui aillent bien avec leur nom de famille.
- On ferait peut-être bien de leur choisir un nom de famille, du coup.
- Ce serait pas mal, en effet.

Je m'explique : j'ai gardé mon nom quand j'ai épousé Flaxou, parce que j'ai beau l'aimer et le chérir, je voyais pas l'intérêt de changer le nom que mes parents m'ont donné.

(Pour moi, ça avait à peu près autant de sens que si on avait signé l'acte de mariage et que le maire m'avait dit "Okay, Charlotte, à partir d'aujourd'hui tu t'appelles Béatrice, cool?")

Et comme Flaxou est un homme moderne, ça ne lui posait aucun souci, mais avec l'arrivée des bébés, la compétition s'est faite rude :

- Je pense qu'ils devraient avoir mon nom.
- Et pourquoi le tien?
- Parce que c'est moi qui fais tout le boulot, pourquoi j'aurais pas le droit de signer mon oeuvre?
- Justement, c'est toi qui les portes, c'est toi qui les mets au monde, tu les sens dans ta chair, tu sais que c'est les tiens! Moi, le nom, c'est tout ce que j'ai pour les lier à moi!

Oui, eh ben forcément, si tu vas te mettre à me donner des super arguments logiques et raisonnables comme ça, on va pas s'en sortir.

On s'est donc éloignés du terrain idéologique pour aller débattre du côté pratique :

- Ton nom, il est trop compliqué. Le S suivi d'un Z, ça met tout le monde en PLS, personne sait comment ça se prononce et ils finissent toujours par mettre le Z n'importe où.
- Et ton nom à toi, il est mieux, peut-être?
- Ben déjà, le mien, il est français.
- HAAAAN !
- Non, mais c'est pas ce que je voulais di...
- ESPÈCE DE RACISTE !
- Je...
- LES ENFANTS, N'ECOUTEZ PAS MAMAN, C'EST UNE SALE FASCISTE !
- Ils ont pas encore d'oreilles.
- EH BEN HEUREUSEMENT !

Après, c'est pas de ma faute si Flaxou a des ancêtres polonais, et que du coup son nom de famille n'est qu'une accumulation de consonnes.

- En plus, meuf, ton nom à toi, il est loin d'être facile. Y'a une lettre sur deux qui est silencieuse, c'est quoi ce délire?
- N'importe quoi! Y'a juste le E à la fin qui est silencieux.
- Et le H au début.
- ...
- Et le son "è" qui s'écrit AI, alors qu'en Alsace tout le monde l'écrit avec un E.
- ... N'empêche que quand je vais dans les Vosges, j'ai jamais besoin de l'épeler !


(3615 argument de choc)

Au final, on a décidé de leur donner nos deux noms, dans l'ordre alphabétique, et ensuite pour l'école on en choisira probablement un seul nom d'usage pour simplifier la paperasse (mais ensuite, quand ils seront grands, ils pourront choisir celui qu'ils veulent).

Donc c'est cool pour la parité et tout ça, mais ça ne nous simplifie pas la tâche, puisqu'on doit maintenant trouver des prénoms qui vont bien avec les DEUX noms de famille.

En plus de ça, il faut aussi des prénoms qui vont bien ensemble (forcément) et qui ne font pas trop "jumeaux" (genre Sylvain et Sylvette, tu vois le délire?) (Ou autres prénoms quasi-identiques qui crient à la face du monde "vous n'avez pas d'identité propre").

Et comme si ce n'était pas assez compliqué, ma mère est venue mettre son grain de sel avec un argument somme toute plutôt justifié :

- Surtout, donne-leur des noms courts. Une syllabe, deux maximum.
- Hein? Mais pourquoi?
- Parce que les gens sont paresseux, et que si tu les appelles, mettons, Elisabeth et Anne-Sophie, personne ne les appellera jamais "Elisabeth et Anne-Sophie", mais tout le monde dira "les jumelles".

J'avais mes doutes sur cette théorie, donc j'en ai parlé à ma marraine, qui a des jumeaux (que je n'ai jamais appelé "les jumeaux" de ma vie) :

- Ah oui, j'ai exprès choisi des noms courts ! Et même là, j'ai dû batailler des années pour que les gens arrêtent de les appeler "les jumeaux"!

Donc, résumons : il nous faut :

1. Des noms qui vont avec mon nom de famille, donc qui ne comportent pas de "X"
2. Des noms qui vont avec le nom de famille de Fla, donc qui ne terminent pas en "S"
3. Des noms qui vont bien ensemble
4. Des noms pas trop longs
5. Des noms pas trop similaires et qui ne riment pas (ça, c'est juste parce que j'aime pas les noms qui riment).

BON BON BON.

Heureusement qu'il nous reste plusieurs mois pour nous décider, hein.

Oui, parce que j'ai pas ajouté la clause numéro 6, la plus importante du lot (et la plus difficile) : trouver des prénoms qui nous plaisent A TOUS LES DEUX.

Ceci parce que Flaxou veut des prénoms "originaux et cools", et que moi, je veux des prénoms où nos enfants ne se feront pas taper.

- Mais n'importe quoi! Pourquoi on taperait un gamin juste parce qu'il est différent?



(Okay, donc clairement Flaxou est allé à l'école du Bus Magique.)

(Tu diras salut à mademoiselle Bille-en-Tête de ma part.)

C'était donc la guerre entre mes suggestions "chiantes et vieillottes" :

- N'importe quoi ! C'est pas vieillot, Simon !
- C'est LITTÉRALEMENT un prénom de l'ancien Testament! 
- Comme Noah ! Et Gabriel ! Et Adam ! Et TOUS LES PRÉNOMS POPULAIRES !
- Exactement ! DE LA MERDE ! 

Et les suggestions de Flaxou, qui oscillaient toutes quelque part entre le super geek et le franchement beauf.

- Quoi? Arya, c'est génial pour une fille ! C'est badass !
- Non mais sérieusement, Fla, à ce moment-là va jusqu'au bout du cassos et appelle-la directement Khaleesi !
- ... Pourquoi, c'est quoi le problème avec Khaleesi?

Du coup, ça a donné de longues soirées passées sur Internet à surfer sur prénoms.com (pour ma part) et sur les pages Wikipédia de prénoms mythologiques (pour Flaxou) et à se crier des suggestions dessus d'une pièce à l'autre :

- Thomas !
- Odin !
- Jules !
- Siegfried !
- Olivier !
- CHILDERIC !


(Childéric? Vraiment?)

Et, au cas où tu te posais la question : non, ça n'allait pas mieux avec les prénoms féminins :

- Lisa !
- Néfertiti !
- Sophie !
- Freya !
- Margot !
- Hatchepsout !

(A tes souhaits.)

On avait tellement fait le tour de tous les prénoms existants que je suis même allée lorgner du côté du calendrier républicain, et laisse-moi te dire que c'était DE L'OR EN BARRE.

Un petit rappel pour ceux qui dormaient dans le fond en cours d'histoire : après la Révolution, le gouvernement français a brièvement changé le calendrier, parce qu'il était trop lié à la monarchie et au christianisme, et aussi parce que les révolutionnaires voulaient changer tous les systèmes de mesure pour partir sur une base décimale.

(C'est d'ailleurs à ce moment-là qu'on a adopté le système métrique, ce qui signifie que les Américains ont simplement deux cent ans de retard sur nous, no big deal.)

(Prenez votre temps avec vos pouces et vos pieds, surtout, ça fait juste chier LE MONDE ENTIER.)

(Bref.)

Contrairement au système métrique, le calendrier républicain n'a pas marché du tonnerre, et est seulement resté en usage pendant quatorze ans. Il faut dire qu'il était pas mal compliqué à utiliser, et qu'en plus, comme la semaine passait de 7 à 10 jours, ça voulait dire que les ouvriers n'avaient plus droit qu'à un jour de repos sur DIX, bravo le veau.

Bref bref.

Ce qui est génial, dans le calendrier républicain, c'est que les noms des jours ont été remplacés : exit les prénoms de saints, et place aux fruits, légumes, fleurs, instruments de labour et autres joyeusetés bucoliques - ce qui peut donner des idées de prénoms mignonnes (Amarante, Violette, Primevère) et d'autres.... moins (Trainasse, Chiendent, ou encore mon préféré : Fumier).

- J'ai trouvé, Fla ! On attend que les enfants naissent, et on prend juste les deux noms des deux calendriers du jour de leur naissance.
- T'as des exemples de ce que ça donnerait ?
- Ah, j'en ai des super ! Par exemple, s'ils naissent le 26 juin, on pourra les appeler Anthelme et Échalote!
- Magnifique !
- Le 25 juin, ce sera Prosper et Concombre!
- Encore mieux !
- Mais mon préféré reste quand même Rodolphe et Oignon.
- Mais pourquoi on cherche encore?

(Blague à part, mais si quelqu'un, un jour, décide d'appeler son enfant "Oignon", j'ose espérer que l'état-civil mette le holà.)

Au final, on n'a toujours pas trouvé de prénoms, mais on a réglé nos différends avec un compromis : Flaxou et moi nous mettrons d'accord pour choisir deux prénoms classiques (par "classiques" j'entends "suffisamment répandus pour qu'on sache comment ça s'écrit"), et, en compensation, il aura carte blanche sur les deuxièmes prénoms.

- Alors, quand tu dis "carte blanche"....
- Ce que tu veux !
- Des prénoms mythologiques?
- Pas de problème !
- Des prénoms tirés de films ou de séries?
- Si tu veux!
- Des prénoms tirés de jeux vidéo?
- ... Bon, on va dire que j'aurai un droit de véto, quand même.

Du coup, j'ai super hâte de vous présenter nos enfants, Paul Héphaïstos Goldorak et Marie Daenerys Kerrigan.

(On rigole, mais il y a 90% de chances que ça finisse sur un truc du genre.)

A bientôt pour plus d'aventures !

BOUM BÉBÉ ! Sixième mois

$
0
0

Au sixième mois, j'ai commencé à avoir un gros bide.

Mais genre un VRAIMENT gros bide.

Je le sais parce que les gens dans les lieux publics ont commencé à avoir pitié de moi et à me laisser passer devant eux (à la poste, au supermarché, etc.)

(Par contre, au marché du lundi matin, je peux crever la bouche ouverte avant qu'une des mamies ne se déloge de l'étal des fruits et légumes.)

(C'est pas qu'il est pas passionnant, ton menu de Pâques, Gertrude, mais j'ai deux têtes qui appuient lestement sur ma vessie, alors si tu pouvais t'enfiler tes blettes et décarrer, ce serait super duper.)

C'était aussi devenu impossible de confondre mon ventre de femme enceinte avec un ventre de femme en surpoids, et du coup, j'ai eu droit à moult conversations passionnantes avec des inconnus :

- Allez-y, madame, passez devant!
- Merci, c'est gentil.
- Je sais ce que c'est d'avoir un gros ventre comme ça, c'est pénible de rester debout!
- Un peu, mais ça va, je me plains pas.
- Allez, courage! De toute façon, vous êtes dans la dernière ligne droite, là, non? Vous allez accoucher d'un moment à l'autre!

OUI ENFIN DANS TROIS MOIS, QUOI.

MAIS SI C'EST CA QUE TU ENTENDS PAR "D'UN MOMENT A L'AUTRE", ALORS OUI.

Ça devenait aussi de plus en plus difficile de continuer à faire de l'exercice physique avec mon gros bidou, et donc je me suis rabattu sur la dernière option qu'il me restait : LA PISCINE.

J'ai dû faire les premières séances avec Flaxou comme coach, puisque j'ai 30 ans et que je sais à peine nager, donc il a dû m'apprendre à nager pour de vrai:

- N'importe quoi! Je sais nager la brasse!
- Cha, je t'aime, mais tu sais pas nager la brasse.
- Mais si! Regarde, ça c'est la brasse!
- Non. Agiter les bras et les jambes aléatoirement comme un petit chiot et maintenir péniblement la tête hors de l'eau, c'est pas nager la brasse. Si tu fais ça plus de trois longueurs, tu vas te tuer le dos.
- Ah mais parce qu'il faut que je fasse plus de trois longueurs?

Du coup, il m'a appris à faire le dos crawlé, que je maîtrise désormais comme une championne, (maintenant, faut juste que j'apprenne à maîtriser comment aller tout droit dans le bassin, au lieu de partir en vrille comme une torpille mal lancée, mais chaque chose en son temps), et je fais une heure de piscine par semaine.

- Fla, devine combien j'ai nagé aujourd'hui?
- Je sais pas.
- UN KILOMÈTRE!
- Ah, c'est super! Et après l'échauffement, t'as fait combien?



(Clairement, nous n'avons pas les mêmes valeurs.)

J'ai continué à faire des échographies toutes les deux semaines, principalement pour que le médecin puisse vérifier que les bébés ne développent pas de syndrome transfuseur-transfusé.

(Le syndrome transfuseur-transfusé, c'est un truc pas trop cool qui peut se produire dans le cas d'une grossesse monochoriale biamniotique (un placenta, deux poches amniotiques). En gros, il peut s'établir un flux artériel à sens unique entre les deux bébés, d'où le fait que l'un "transfuse" l'autre. Si ça n'est pas décelé rapidement, ça peut amener à la mort d'un, voire des deux bébés.)

Sauf que, quand j'ai expliqué ça à ma famille, je suis pas rentrée dans les détails (déjà que ma mère ne dort plus parce qu'elle est persuadée que je vais faire du diabète et qu'on va devoir me couper les pieds), et j'ai juste dit qu'il fallait faire des échographies plus souvent pour s'assurer que tout se passait bien.

Seulement, la famille n'a pas vraiment saisi le concept de la place qu'il y avait dans mon bide, et du coup, tous les quinze jours, j'avais droit à la même conversation avec chaque futur grand-parent:

- Alors, comment ça s'est passé?
- Super, tout va très bien!
- Tu m'envoies les photos?

Donc, j'en profite pour expliquer la chose ici comme je l'ai expliqué à ma famille : des photos, IL N'Y EN A PLUS. A partir du quatrième-cinquième mois, c'est fini, on ne voit PLUS RIEN.

Les clichés tout mignons où on voit les deux bébés en entier dans la même photo, c'est au premier trimestre, et après, c'est mort, ils sont toujours tournés, l'un derrière l'autre, l'un en-dessous de l'autre, laisse béton.

- Mais c'est le sixième mois, là ! Vous avez fait l'échographie 3D, celle où on voit tout bien leur petite frimousse, avec tous les détails !

EH BEN NON MICHELINE.

Mes bébés ont semblerait-il déjà hérité du gène de la chiantise de leur père, et se sont mis dans la position la moins évidente possible, à savoir face à face. Donc, non, je n'ai pas de jolie photo 3D, je n'ai même pas de photo floue en noir et blanc avec un vague profil, c'est fini, je ne verrai pas leur visage avant le jour de l'accouchement, il va falloir attendre jusqu'à fin juin pour que je sache s'ils ont le front énorme de Flaxou ou mes grandes oreilles, va falloir s'y faire.

(Par contre, je peux te montrer des tas de super photos de fémur ou d'aorte.)

(Ça, j'en ai à la pelle.)

J'ai aussi découvert les joies d'avoir des bébés de plus en plus grands qui bougent de plus en plus:

- Aïe!
- Ça va?
- Oui, c'est juste numéro un qui me donne des coups de pieds dans les côtes.
- Pauvre chérie.
- Aïe!
- Qu'est-ce qu'il y a?
- Non, c'est numéro deux qui piétine mon estomac, ça me fait des remontées acides.
- Pauvre chérie.
- Ouh! Je dois faire pipi.
- Mais tu reviens des toilettes!
- Ouais, mais il y a une tête qui appuie sur ma vessie.
- C'est quel bébé?
- LES DEUX!

Donc il semblerait que les bébés commencent à se sentir à l'étroit, eh ben laissez-moi vous dire que vous êtes pas au bout de vos peines, les potos. Parce que là vous faites un kilo et 35cm chacun, donc vous pensez que ça va se passer comment dans deux mois, quand vous ferez le double de votre poids et 15cm en plus?

Mais clairement, ces petites ordures se fichent de ce que je ressens(et semblent aussi se ficher du fait qu'ils ont besoin que je reste en forme pour qu'ils continuent à vivre), parce que tous les jours, toute la journée, c'est les olympiades du trampoline dans mon utérus.

Spéciale dédicace à numéro un, que clairement on n'a pas appelé comme ça parce que c'est notre préféré, hein, parce que perso je l'aimerai beaucoup plus quand il se sera un peu calmé et qu'il arrêtera de pincer mes nerfs avec ses petits doigts d'acier et de coincer ses pieds sous mes côtes toute la sainte journée.

- Han! Mais tu peux pas dire des choses comme ça!
- Comme quoi?
- Que t'aimes pas ton bébé! C'est affreux!
- J'ai pas dit que je l'aimais pas! J'ai dit que je préférais l'autre!
- ....
- Donc c'est bon, non?

Le sixième mois, c'est également celui où on a choisi les parrains et les marraines des enfants:

- Et du coup, vous faites le baptême quand?
- Non, mais on les baptisera pas.
- Mais alors ils auront pas VRAIMENT de parrain et de marraine, hein!


Oui, ben étant donné que le rôle des "vrais" parrains et des marraines est strictement d'assister l'enfant dans son épanouissement en tant que chrétien, je vois pas en quoi ça pose problème pour nous autres hérétiques de ne pas avoir de "vrais" parrains et marraines.




(Est-ce que c'est trop demander que de simplement vouloir choisir des gens qui vont être obligés de leur faire des plus gros cadeaux que les autres?)

Comme marraines, j'ai choisi Sarah, qui était ravie:

- Mais du coup, j'aurai lequel?
- Ben, j'avoue que j'y ai pas encore vraiment réflé...
- Je peux avoir numéro deux?
- Heu... si tu veux.
- Yes! Jackpot!

Et j'ai choisi ma soeur, qui était également ravie:

- T'as déjà décidé qui aura lequel?
- Oui, tu auras numéro un.
- Oh! C'est trop tard pour changer?

Pauvre numéro un : même pas encore né, et tout le monde se bat déjà pour avoir l'autre.

(En même temps, c'est ça qui arrive quand on ne s'arrête JAMAIS de jouer au xylophone avec mes côtes, espèce de sale gosse.)

Enfin, le sixième mois, c'est celui où j'ai commencé les cours sur l'accouchement avec une sage-femme.

Comme je vis dans la montagne, bien entendu ma sage-femme est une hippie (enfin, les hippies d'Alsace, on s'entend) (c'est pas le niveau du Larzac, tu t'en doutes), et elle m'a tout de suite mise à l'aise avec son côté naturel et rassurant :

- Il faut écouter son corps, et faire confiance à son corps. On a tendance à ne pas faire confiance à son utérus, parce que c'est la première fois qu'il porte la vie. Mais pourtant, on fait confiance à tous nos autres organes ! On ne s'endort pas en craignant que notre cœur s'arrête de battre pendant la nuit. On ne mange pas en craignant que notre estomac n'arrive pas à digérer ce qu'on lui envoie. Ayez le même degré de confiance envers votre utérus ! Dites-vous que votre corps peut gérer tout ce qu'on lui envoie. Marion, si votre bébé fait quatre kilos, c'est parce que vous POUVEZ le faire sortir ! Charlotte, si vous avez des jumeaux, c'est parce que votre corps PEUT s'en charger !

(Okay, génial, maintenant, si mon corps pouvait se charger de décaler mon estomac hors de portée des pieds des foetus, ce serait super, merci.)

Plus sérieusement, je trouve ces cours super utiles, j'ai appris plein de choses sur la gestion de la douleur, les gestes pour relâcher la tension, et les postures à aborder pour minimiser l'inconfort – et, rien que pour ça, je pardonne à ma sage-femme d'avoir démarré ses cours avec un discours de propagande de trente minutes sur l'homéopathie:

- Alors j'ai ici une ordonnance pour chacune d'entre vous avec plein de choses que vous pourrez prendre pendant votre fin de grossesse et votre accouchement : il y a de l'apis mellifica pour arrêter les saignements, le gelsémium élimine le stress, le millepertuis ça soigne la dépression post-partum, ah et puis je vous ai ajouté une pincée de granules à base de foie de canard dilué vingt mille fois, ça empêche toute forme de cancer et ça vous rendra immortelle. Des questions?
- ...
- Ah, et n'oubliez pas de prendre les granules hors des repas, sinon, elles n'ont pas d'effet. Ce serait bête de payer 20€ pour des pastilles de sucre!


Elle a conclu le premier cours en disant que c'était super important de parler aux bébés régulièrement, pour qu'ils entendent le doux son de ma voix et qu'ils le lient à moi, leur mère, qui les aime si profondément.

Flash-back de mes conversations avec mes foetus jusqu'ici :

- Eh! Espèce de petite merde! Tu vas te calmer maintenant ! Sinon moi je vais chercher un cintre et on n'en parle plus !

Je pense qu'on est partis sur de super bonnes bases.

BOUM BÉBÉ ! Septième mois

$
0
0

(Ah oui mais quand j'ai dit que j'avais un gros bide, c'était pas du flan.)

Mon septième mois de grossesse a démarré sous les meilleurs auspices :

- Fla?
- Oui?
- Tu peux me faire mes lacets?

Sonnez trompettes, battez tambours, c'est officiel, je ne peux plus toucher mes pieds.

Avec mon ventre de plus en plus imposant, je ne pouvais plus non plus manger proprement (trop de distance entre moi et la table) ou conduire aisément (ci-mer mes petites jambes de vingt centimètres qui n'arrivent plus à toucher les pédales). C'est donc au septième mois que j'ai décidé d'arrêter de travailler.

- Alors, j'en profite pour vous dire que le cours de la semaine prochaine sera notre dernier cours ensemble avant octobre, parce que je pars en congé maternité.
- Oh! Déjà?

Oui, "déjà".

Je me trimballe plus de poids dans le bide qu'une meuf enceinte de neuf mois, mais oui, "déjà".

Si j'avais été salariée, j'aurais disparu du radar quelque part en mars, mais oui, "déjà".


(On va mettre ça sur le compte des hormones, hein.)

J'ai d'ailleurs dû batailler un moment avec le concept des indemnités grossesse pour les auto-entrepreneurs :

- Bonjour, je vous appelle pour avoir des informations au sujet de mes indemnités journalières, je comprends mal à partir de quand je peux partir en congé.
- Alors c'est très simple : vous pouvez prendre vos indemnités journalières forfaitaires d'interruption d'activité 14 jours avant l'accouchement, pour une durée totale de 44 jours.
- Mais... je suis enceinte de jumeaux! 14 jours avant ma date présumée d'accouchement, j'aurai probablement DÉJÀ accouché !
- Dans ce cas, vous pouvez prendre une autre indemnité journalière forfaitaire d'interruption d'activité pour état pathologique, d'une durée de 30 jours consécutifs, que vous pouvez prendre quand vous voulez. Et, pour des jumeaux, vous avez droit à 30 jours supplémentaires, qu'il faut prendre après la première indemnité forfaitaire, mais avant la deuxième, sachant que la deuxième doit impérativement commencer 14 jours avant votre date présumée d'accouchement. C'est clair?



(Moi devant mon calendrier en train de compter les jours.)

(Je savais que j'aurais dû faire prof de maths.)

Bref, j'avais grosso modo six semaines devant moi pour préparer l'arrivée des bébés.

On a commencé par s'occuper de la future chambre des bambins:

- Oh, pourquoi, tu veux changer quelque chose dans cette chambre?
- Ben, cette vieille moquette hideuse, pour commencer.
- Mais... c'est pas hideux, le violet marronnasse !



(Non, c'est vrai, elle est magnifique, cette moquette de 1975.)

C'est donc Flaxou qui s'y est collé pour rendre la chambre habitable:

- On pourrait pas plutôt se répartir la charge de travail?
- Okay, je te propose ça : toi, tu t'occupes de faire la chambre, et moi, je m'occupe de faire les bébés qui vont y résider. Deal?
- AH BEN EVIDEMMENT C'EST FACILE DE JOUER CETTE CARTE HEIN!

Mais je dois dire que Flaxou a pris son rôle à cœur, et s'est donné du mal pour arracher la moquette:


Puis démonter les placards :


Puis repeindre les murs (et le conduit de cheminée) :



Puis poser du parquet:




(Avec l'aide des futurs tontons!)

(PS : tu noteras l'encadrement de la porte qui plafonne à 1m65, preuve s'il en faut qu'on est une famille de hobbits, vu que mon grand-père a construit la maison et qu'il s'est de toute évidence dit : "on passe large".)

Et après tout ça, il y a eu les journées passées à galérer pour remettre tous les éléments des placards en place:

- Je comprends pas où vont les plinthes.
- Je croyais que mon papy avait tout écrit au dos quand il les a enlevées?
- Oui, mais regarde ce qu'il a écrit !
- "Cheminée côté ouest", eh ben?
- Mais POURQUOI IL S'EXPRIME EN POINTS CARDINAUX??!
- Mais pourquoi pas? Tout le monde sait où est l'ouest!
- SEULEMENT DANS TA FAMILLE CHELOUE!

(Perso, moi je sens le mec aigri juste parce qu'il se prend des montants de porte à longueur de journée.)

Bref, la chambre est finie, et elle est jolie comme tout :


(Manque plus qu'à ranger nos huit mille pyjamas et bodys.)

Au septième mois, j’ai aussi commencé à avoir des démangeaisons dans les mains et les pieds.

Ça a commencé doucement, comme une piqûre de moustique, et ça a progressivement empiré.

A mon rendez-vous mensuel chez l’obstétricien, j’en ai profité pour le mentionner :

- Au fait, je ne sais pas si c’est lié à la grossesse, mais j’ai des démangeaisons assez fortes dans les mains et les pieds, surtout la nuit. Ça commence à devenir pas mal dérangean…
- Oui oui, on va d’abord faire l’échographie, hein.

Une fois l’échographie terminée, le médecin me parle des prochains rendez-vous à prendre, puis :

- Bon, ben on se revoit le mois prochain, bonne continuation !

- Ah ? Mais, attendez, et pour cette histoire de démangeaisons ?
- Oh, c’est rien. Allez, au revoir !

Sauf que ce n’était pas rien. Non non non !

Mais comme c'est une très longue histoire, je te dis rendez-vous très prochainement sur ce blog pour le fin mot de l'histoire.

(Je fais du teasing pire que HBO.)

Je m'fais pas de bile

$
0
0

(Ce titre est un jeu de mots à retardement, tu comprendras quand t'auras lu l'article.)

Et donc, au troisième trimestre de ma grossesse, j'ai commencé à ressentir des démangeaisons dans les mains et les pieds, qui ont progressivement empiré et se sont étendues aux bras et aux jambes, jusqu’à ce que je me retrouve à faire des quasi-nuits blanches passées à me gratter comme une forcenée.

Le gynéco m'avait dit que c'était rien, mais j’ai quand même fini par céder à l’appel de l’Internet et à googler mes symptômes (même si on est d’accord que c’est la pire chose à faire, surtout quand on est enceinte), et ce que j’y ai lu n’augurait rien de bon : pré-éclampsie, choléstase gravidique, bref, autant de mots qui foutent bien la trouille.

Au bout d’une semaine, j’ai donc profité d’un de mes cours sur l’accouchement pour demander à la sage-femme si elle pouvait me faire une ordonnance pour un bilan sanguin, vu que mon gynéco avait clairement mieux à foutre. Elle m’a demandé pourquoi, je lui ai décrit mes symptômes, et puis elle m’a regardé comme ça :


Avant de me dire :

- Alors, personnellement, je ne donne jamais d’ordonnances si je n’ai pas ausculté la patiente. Par contre, je vous conseille de rappeler votre gynéco et de lui demander un rendez-vous d’urgence. Ne vous laissez pas décourager, insistez ! Il vaut mieux faire un examen qui s’avère inutile que d’ignorer quelque chose de potentiellement dangereux.

Donc j’ai rappelé mon gynéco, ou plutôt sa secrétaire :

- Ah non, je ne peux pas vous le passer, il est en rendez-vous toute la journée.
- Est-ce qu’il peut me rappeler dans l’heure qu’il suit ?
- Ah non, il est en rendez-vous jusqu’à ce soir, mais il pourra vous rappeler vers 20h.
- Et me donner un rendez-vous demain ?
- Ah ben ça non, il part en vacances demain.
- ….
- Mais il pourra vous voir d’ici dix jours, probablement !

Moi et ma combativité légendaire, on a promptement déclaré :

- Oui okay désolée de vous avoir dérangé, merci !

Et puis Professeur Flaxou m’est tombé sur le râble :

- Non mais c’est n’importe quoi ! Tu vas me rappeler ce numéro et exiger un rendez-vous AUJOURD’HUI !
- Mééééé la madame elle a dit qu’il était occupééé…
- Je m’en fous ! Il faut t’imposer ! Rappelle-toi ce qu’a dit la sage-femme ! Il faut écouter ton corps ! Si ton corps te dit que ça ne va pas, il faut que tu tiennes tête ! Pour les bébés !
- Bon… pour les bébés.

J’ai donc rappelé, bien décidée à faire un scandale, épaulée par mon cher et tendre :

- Oui alors ça ne va pas trop…
- HEUM HEUM
_ Heu je veux dire, non, ça ne va pas DU TOUT ! J’ai un problème, c’est pas urgent…
- HEUM HEUM
- Enfin SI C’EST URGENT ! Et il faudrait que je puisse voir le docteur aujourd’hui, s’il a encore des disponibilités…
- HEUM HEUM
- Je veux dire IL FAUT QUE JE LE VOIE AUJOURD’HUI C’EST URGENT C’EST GRAVE VOILA MERCI BEAUCOUP DÉSOLÉE DE VOUS AVOIR DÉRANGÉ.


(Ce cauchemar)

Et là, surprise totale, la meuf m’a dit de passer immédiatement, et qu’on me trouverait un créneau.

(Donc en fait, insister … ça marche ?)

(Est-ce que c’est pour ça qu’il existe tous ces gens malpolis qui demandent à parler au responsable ?)

(Est-ce que JE devrais demander à parler au responsable ??!)

Bref, une-demi heure plus tard, je me retrouve dans le cabinet de mon gynéco, qui très clairement s’en cirait totalement la bite de mes problèmes :

- Je vous l’avais déjà mentionné la dernière fois…
- Et je vous avais dit que c’était rien.
- Oui, mais là, ça empire, ça s’étend, il paraît que ça peut être lié à des problèmes de foie, je m’inquiète un peu.
- Non, mais c’est rien, vous avez probablement juste la peau sèche. Prenez rendez-vous chez un dermatologue.

Alors, deux choses :

1) Je passe mes journées ET MES NUITS à m’enduire de crème hydratante pour soulager les démangeaisons, je suis luisante en permanence et ma peau miroite comme celle d’un dauphin, donc CLAIREMENT c’est pas un problème de peau sèche.

2) Je n’ai aucun bouton, aucune plaque, aucune tache, aucune rougeur, RIEN qui n’indiquerait un problème d’épiderme, donc laisse tomber pour que mon dermatologue accepte de me voir avant deux bons mois.

A contrecœur, le gynéco m’a quand même prescrit un bilan sanguin, en me disant que je pouvais y aller quand je voulais parce qu’il n’y avait pas besoin d’être à jeun.

Le lendemain, je me pointe au labo pour faire ma prise de sang :

- Vous êtes bien à jeun ?
- Heu… ben non. Le docteur m’a dit qu’il n’y avait pas besoin.
- Ah, ben je suis désolée, mais il s’est trompé. Pour les sels biliaires, il faut que vous soyez à jeun, sinon ça va fausser les résultats. Il faut que vous reveniez demain… ah non attendez, c’est férié ! Il faut que vous reveniez jeudi. Désolée.


TOUT. VA. BIEN.

Je me repointe au labo jeudi matin, bien à jeun, je fais ma prise de sang, et je pars bosser. Puis, dans l’après-midi, la secrétaire de mon gynéco m’appelle :

- On a reçu les résultats de votre prise de sang, et je veux pas vous alarmer, mais il faut vous présenter aux urgences dès que possible.


(Des fois, ça m’emmerde d’avoir toujours raison comme ça.)

S’en est suivi une heure de mics-macs, parce que je ne pouvais pas me présenter aux urgences sans mes résultats d’analyse, mais en fait y’avait que mon docteur qui avait reçu les résultats d’analyse, mais rappelle-toi il était en vacances et la secrétaire avait fermé le cabinet, donc j’ai appelé le labo et ils m’ont dit qu’ils m’avaient envoyé les résultats et que ça allait arriver d’une minute à l’autre, sauf que non, du coup j’ai rappelé, et là :

- Ah ! Mais je comprends mieux ! On vous a malencontreusement envoyé les résultats par la poste. C’est pour ça que vous n’avez rien reçu sur votre boîte mail !


(Non mais c’est la Saint Branquignole aujourd’hui, c’est pas possible.)

Bref, en fin d’après-midi, je débarque aux urgences pour qu’on me pose un monitoring.

(Un monitoring, c’est une machine qui surveille les battements de cœur des bébés, et les contractions utérines, s’il y en a.)

Après une demi-heure, un médecin arrive :

- On vous a expliqué ce que vous avez ?
- Absolument pas.
- Alors c’est probablement une choléstase gravidique. C’est un problème de foie assez rare dû aux hormones de grossesse. En gros, les cellules de votre foie n’évacuent plus la bile comme il faut, et les acides biliaires passent dans le sang, ce qui cause les démangeaisons.
- Et c’est dangereux pour les bébés ?
- Ça peut l’être. Les acides biliaires peuvent provoquer un ralentissement du rythme cardiaque des bébés, voire la mort in utero.


(Mais à part ça, c’était juste un problème de mains sèches, hein, trou du cul de gynéco ?)

Du coup, maintenant que j’étais sur place, les gens voulaient plus me laisser repartir :

- On n’a pas encore le résultat des sels biliaires, c’est ce qui nous indiquera le degré de votre pathologie. En attendant, on va vous donner une chambre, on fera des monitorings trois fois par jour, et on vous donnera un médicament qui va aider à combattre les démangeaisons.
- Et donc… je vais devoir rester ici cette nuit ?
- Cette nuit, demain… au moins jusqu’à lundi.

J’ai donc été hospitalisée pour la première fois de ma vie, et comme c’est pas les Etats-Unis et que j’ai une mutuelle, j’ai eu droit à une chambre privée. Donc, d’après mon expérience, être hospitalisée, c’est un peu comme séjourner dans un hôtel premier prix dont on n’aurait pas le droit de sortir.

Et où on viendrait t’étaler du gel sur le bide toutes les 4 heures.

Et où on te réveillerait à cinq heures du matin pour te faire une prise de sang.

(Je lui donne une étoile.)

(Quoique, tous les repas sont inclus, donc disons une étoile et demi.)

Plus sérieusement, mon séjour à l’hôpital était somme toute assez plaisant : les sages-femmes étaient super sympa avec moi, ma chambre était neuve et propre, j’avais une jolie vue sur les Vosges, donc, au final, mon seul grand challenge a été de gérer l’ennui abyssal qui me tenaillait jour après jour.

(D’autant que l’hôpital n’a pas de Wi-Fi.)

Donc j’ai lu des bouquins, j’ai fait des sudoku sur mon téléphone, ma mère m’a ramené des vieux numéros de Télérama pour me faire « de la lecture légère », je les ai lus, et je me suis énervée parce que comme d’habitude ces gens racontent systématiquement la fin des films et ça m’exaspère.

(Et je me suis aussi moquée de leurs critiques pompeuses pour des films qui ne méritaient clairement pas une analyse aussi poussée.)

(« Sous l’effet d’une sorte de saisissement tragique, la dernière partie séduit vraiment. Offerte au regard, l’insoutenable légèreté des héros fait vibrer le film et impose le respect, comme la mort de Roland à Roncevaux sur les gravures des livres d’école. Dans un râle saisissant, la saga trouve un souffle nouveau. »)

(Ceci était la critique d’Avengers : Infinity War.)

(ROLAND A RONCEVAUX ? VRAIMENT ?)

Puis les résultats de mes examens sont arrivés :

- Donc nous avons la confirmation, c’est bien une choléstase gravidique.
- Vous le savez grâce à cette histoire de sels biliaires ?
- C’est ça. En temps normal, la concentration des acides biliaires dans le sang doit être inférieure à 10 µmol par litre.
- Et moi, j’ai combien ?
- 76.


(Ah quand même.)

Donc ils m’ont donné des cachets à prendre deux fois par jour, et j’ai passé un long week-end entre prises de sang, échographies du foie, et monitorings.

Au passage, c'est confirmé, numéro 1 est décidément le jumeau maléfique, c.f. sa prestation impressionnante de « on m’voit, on m’voit plus » lors de chaque monitoring :

- Alors, j’ai posé les capteurs, je vous laisse, et je reviens dans…
- Il est parti.
- Pardon ?
- Le rythme cardiaque du premier, vous l’avez perdu.
- Oh, mais ! On l’entendait tellement bien !
- Ouais, je suis désolée de vous dire ça, mais vous avez pas fini.

En prime, une grosse pensée pour cette étudiante toute gentille qui a passé quinze minutes à trouver où se cachait le cœur de numéro 1, avant d’annoncer triomphalement « JE TE TIENS ! »… pour se rendre compte deux minutes plus tard qu’en fait c’était le battement de numéro 2 que la machine captait.


(Bébé numéro 1 en train d’esquiver les capteurs, une allégorie.)

Et puis est enfin venu le jour de mon analyse de sang :

- Alors en fait, votre taux d’acides biliaires a augmenté.
- Quoi ?
- Oui, avant le traitement, vous étiez à 76, et maintenant, c’est 104.
- Ça veut dire quoi ? Le traitement ne marche pas ?
- Pas forcément, des fois, ça met juste un peu de temps. On va vous augmenter la dose, refaire une prise de sang la semaine prochaine, et bien évidemment on vous garde hospitalisée tant que les taux n’ont pas baissé de manière significative.
- Ça veut dire combien de temps ?
- Ça dépend. Ça peut être une semaine, ça peut être jusqu’à la fin de votre grossesse.
- La fin de ma grossesse… dans deux mois ?
- Ha ha ! Non, bien sûr que non. Un mois maximum, et encore, ça, c’est si on a de la chance.

Oui, parce qu’il s’avère que mes acides biliaires ne se contentent pas de foutre la merde dans mon corps, mais qu’ils peuvent aussi déclencher un accouchement prématuré.

(Juste un petit bonus sympa.)

Je me suis donc installée pour un long séjour morose à l’hôpital, rythmé par mes trois monitorings par jour et la visite quotidienne de Professeur Flaxou.

Au passage, big up à ma team, vu qu’il ne s’est quasiment jamais passé un seul jour sans que j’aie de la visite de quelqu’un : papa, maman, belle-maman, mamie, belle-mamie, ma sœur, et évidemment ma fabuleuse Sarah qui est passé quasiment tous les jours.

(Mais en même temps, on avait trop de choses à se dire sur la dernière saison de Game of Thrones, il fallait du temps en face-à-face.)

(Je pleure encore sur le sort de la storyline de Jaime Lannister.)

(Sept saisons de développement de personnage foutues en l'air en un épisode, vraiment?)

(J'étais presque aussi fâchée que pour Ghost, mais finalement il a eu sa papouille donc tout est pardonné.)

Big up aussi à ma nièce de six ans qui a fait fondre mon petit cœur plein de bile :

- Regarde tata, je t’ai fait un dessin !
- Merci Lyson, il est très beau !
- Maman a dit que tu étais enfermée à l’hôpital et qu’il fallait que je te dessine un truc pour te faire voyager, alors j’ai dessiné toi et moi en voyage à la plage.
- C’est super ! On a un ballon, un cerf-volant… et tu nous as même dessiné un copain chat ?
- Ben oui ! C’est Frimousse ! Alors, ça te plaît?


(Frimousse = mon chat qui est mort il y a des années et qui était un si brave chat une vraie ordure mais je l’aimais quand même.)


(Le dessin en question)

Bref, je commençais à croire que j'allais rester enfermée dans ma tour d'ivoire jusqu'à la fin des temps, quand j'ai été sauvée par un docteur ridiculement beau gosse qui s'est pointé un beau matin dans ma chambre:

- Bonjour madame!
- Ouah.
- Je vous demande pardon?
- Non, bonjour, c'était "bonjour" que je viens de dire, oui, qu'est-ce que je peux faire pour vous?
- C'est plutôt moi qui peut faire quelque chose pour vous.
- Oh docteur, mais crois-moi tu peux me faire tout ce que tu veux....
- Pardon?
- Non rien, je toussais. Alors quoi de neuf?

Il s'avérait que Docteur Beau Gosse avait une bonne raison d'être là (en plus de me faire tourner la tête), parce qu'il avait le résultat de mes dernières analyses:

- J'ai de bonnes nouvelles! Vos acides biliaires ont bien baissés. En fait, ils sont même revenus à la normale.
- Et donc...?
- Et donc vous pouvez sortir dès aujourd'hui.


J'ai donc pu rentrer à la maison, non sans embarquer mille ordonnances pour douze sortes de pilules différentes à prendre toutes les six heures pendant le reste de ma grossesse– reste de grossesse qui sera heureusement assez court, vu qu'en cas de choléstase gravidique, l'accouchement est provoqué d'office à la 36è semaine – ce qui, pour moi, signifie aux alentours du solstice d'été.

(Je dis "heureusement" parce que je commence à être sérieusement handicapée par ce gros bide, et maintenant que je sais qu'ils vont bien, j'ai tout de même pas mal hâte qu'ils sortent.)

(Quelque chose me dit que je vais regretter ces mots dans quelques semaines, après dix-huit nuits d'insomnie d'affilée, mais ma foi je prends le risque.)

Épilogue : Devine quelle était la PREMIÈRE pensée de ma mère quand je lui ai dit que ses petits-enfants allaient arriver un mois plus tôt que prévu?

- Ah, mais c'est parfait! S'ils naissent avant le 21, ils seront Gémeaux!
- Des jumeaux gémeaux... okay, j'avoue, c'est marrant.
- Non, Charlotte, c'est pas que c'est marrant. Je voulais pas te le dire avant, mais la vérité, c'est que tu veux pas te retrouver avec un enfant Cancer.
- ....
- Alors DEUX !
- ....
- Déjà que ta pauvre soeur a eu un Scorpion, on va pas en rajouter!


Donc maintenant, il ne me reste plus qu'à attendre.

Attendre le 20 juin et ma mère qui s'introduira chez moi la nuit avec une seringue d'ocytocine pour s'assurer que je n'enfante pas des petits Cancers.

A bientôt pour les (toutes dernières) aventures de mon utérus!

BOUM BÉBÉ ! Huitième (et dernier) mois

$
0
0


(Bonjour, je suis un Kinder Surprise humain)

Et donc j'ai démarré mon dernier mois avec une sérieuse envie d'en finir.

(Avec ma grossesse, hein.)

(Pas avec ma vie.)

(On se calme.)

Parce que, j'avais beau être super heureuse d'être de retour à la maison, j'étais encore sous surveillance rapprochée à cause de ma choléstase : deux monitorings par semaine à domicile, et une visite à l'hôpital tous les lundi pour une prise de sang et un autre monitoring.

Ce qui en soi n'était pas dérangeant, si ce n'est qu'à mon premier monitoring après être sortie de l'hôpital, on m'a dit :

- Vous avez des petites contractions, vous les sentez?
- Non, pas du tout.
- Bon, au troisième trimestre d'une grossesse gémellaire, c'est tout à fait normal que l'utérus se contracte un peu. A quand remonte votre dernier examen du col?
- Trois semaines.
- Et il était comment?
- D'après le gynéco, il était bien fermé, et long de 4 centimètres.
- On va revérifier juste pour être sûrs.

Et là, le couperet:

- Bon, votre col est toujours fermé, mais il s'est sacrément raccourci : il est à 11 millimètres.



Je me voyais déjà accoucher instantanément dans la salle de monitoring, mais la sage-femme m'a rassurée :

- Bon, vous inquiétez pas, ça ne veut pas dire que vous allez accoucher tout de suite. Par contre, si le col s'ouvre, ce sera une autre histoire, alors il va falloir faire bien attention les prochaines semaines, si vous voulez garder ces petits au chaud.
- Qu'est-ce que vous voulez dire par "faire attention"?
- Eviter de marcher, éviter de rester debout trop longtemps, éviter les déplacements en voiture... vous avez des escaliers chez vous?
- Oui.
- Optimisez vos déplacements entre les étages, pas plus de trois ou quatre allers-retours dans la journée. Et surtout, ne portez aucune charge!

Ça me semblait somme toute assez raisonnable (Rien glander pendant un mois? Obligée de lire des bouquins et de regarder des séries toute la journée? Oh nooooon), et puis Professeur Flaxou est rentré en mode panique:

- Bon, je vais lancer le déjeuner, tu viens m'aider quand tu as un moment?
- NON !
- Quoi?
- Il faut que tu te reposes!
- Mais je peux quand même éplucher cinq patates....
- NON! Va t'allonger, je m'occupe de tout.
- Enfin je vais pas perdre les eaux en marchant jusqu'à la cuisi...
- VA T'ALLONGER, MALHEUREUSE!

Et, autant c'était vachement agréable d'avoir un serviteur à mes ordres pour s'occuper de tous les trucs chiants (sortir les poubelles, faire le ménage, la lessive, la vaisselle), autant des fois c'était un peu pesant de se faire traiter comme une invalide:

- Ah zut, j'ai oublié de faire tourner le lave-vaisselle hier!
- T'inquiète pas Flaxou, j'y ai pensé! Je l'ai vidé ce matin.
- QUOI??!
- ...quoi?
- T'as vidé le lave-vaisselle toute seule??!  Et le jour où je suis en déplacement! Imagine ton col s'ouvre, il me faudrait deux heures pour arriver! T'as le temps d'accoucher dix fois!

(LOL)

(Accoucher en deux heures la première fois)

(Est-ce que ces mecs sont sérieux?)

Pendant que je pratiquais l'art de ne rien faire, les bébés, eux, s'activaient pas mal, prenaient du poids, et bougeaient dans tous les sens.

Ce qui est somme toute une excellente nouvelle, sauf quand c'est dans ton corps que ça se passe.

Parce que le huitième mois, c'est vraiment celui où ma grossesse est passée de "un peu pénible"à "insupportable oh putain mais sortez-les j'en peux plus".

Mon ventre était tellement énorme que plus aucun vêtement ne m'allait, et les bébés se plaçaient comme ils pouvaient pour avoir encore un semblant de place, résultat : le confort n'était plus qu'un lointain souvenir.

Debout?Ça m'éclate le dos
Assise? Ça m'écrase la vessie
Allongée sur le côté gauche? Bienvenue aux brûlures d'estomac
Allongée sur le côté droit? Des putains de coups de poignard dans le foie
Allongée sur le dos? Les deux douleurs précédentes EN MÊME TEMPS

Ajoute à ça le poids constant de mes deux (pas si) petits lardons (deux kilos par bébé + un placenta XXL + deux poches pleines de liquide amniotique), et tu comprendras sûrement que j'étais AU BOUT DE MA VIE.

Ce qui a quelque peu surpris mon entourage, habitué à m'entendre dire depuis le début que tout se passait super-duper et que j'étais épanouie et radieuse comme une fleur au soleil.

Parce qu'autant j'ai réussi à me retenir aux cinq premiers :

- Oh là là, déjà le huitième mois! C'est passé tellement vite !




(Ouais, tellement vite, j'ai juste envie de me planter un couteau de cuisine dans le bide et de sortir ces chiards moi-même, mais sinon, SUPER VITE)

Autant j'ai craqué en entendant ma sœur se rappeler de sa dernière grossesse:

- Déjà la fin pour toi, ah là là! Je me rappelle, avec Emma, j'ai eu un sacré coup de blues que ce soit déjà fini! Je voulais la garder encore dans mon ventre, hihi!

(Dixit la meuf qui a pris SEPT KILOS sur toute sa grossesse.)

(Moi aussi, j'aurais gardé les miens, avec un petit bidon comme ça!)

Et oui, je l'admets, je vais probablement regretter le calme relatif de ces derniers jours une fois que les bébés seront là, mais pour le moment, j'ai qu'une envie, c'est de pouvoir enfin récupérer mon corps (même si on est d'accord que je vais récupérer une ruine) (mais ce sera MA ruine).

En attendant la délivrance, je vis ces dernières semaines comme une simulation de ma vie en tant que vieille dame, puisque toi-même tu sais que les ressemblances sont troublantes :

- Réveillée à 5h du matin avec le chant des oiseaux
- Mal de dos ™
- Passion bas de contention
- "T'as racheté du Gaviscon?"
- 15 minutes pour monter 15 marches
- La rampe d'escalier = le fil qui te rattache à la vie
- Pas de repas sans mes pilules!
- "Attends, on est quel jour aujourd'hui?"
- La pharmacienne te reconnaît
- Visites chez le docteur deux fois par semaine
- "Aujourd'hui j'ai une grosse journée!" Traduction : "Aujourd'hui je prends la voiture pour aller chez l'ostéopathe"




(Non, les pastilles roses ne sont pas des Smarties, mais des Spasfon)

Au final, la seule chose qui distingue mes journées de celles de ma mamie, c'est que je passe mes matinées à jouer à Fallout, et elle les passe à repasser devant la télé.

(Mais l'après-midi, on se retrouve toutes les deux sur le balcon pour lire nos romans et équeuter des haricots.)

Bref, tout est prêt : la chambre, le lit cododo, ma valise pour la maternité, les fringues taille naissance-1 mois:



(J'ai pu faire chauffer mon étiqueteuse, bonheur total)

On a même pré-rempli le formulaire d'admission à l'hôpital, et le formulaire du choix du nom de famille:

- Il nous en faut pas deux, comme on a deux enfants?
- Ben non, regarde, ça dit qu'une fois qu'on a choisi le nom de famille, tous nos enfants à venir auront le même.
- Oh, trop nul! Moi j'espérais qu'on puisse en appeler un à ton nom, et un à mon nom!
- ....
- Comme ça ce seraient deux personnes identiques, mais pas avec le même nom de famille!
- ...
- Non? Ce serait pas trop marrant?

(Professeur Flaxou et ses idées lumineuses.)

Bref, tout est prêt, maintenant il ne reste qu'à attendre que les bébés sortent par eux-mêmes, ou qu'on me déclenche l'accouchement.

(Autant te dire que dès que j'arrive à 36 semaines, ça va être les Olympiades des escaliers.)

(Je vais aller faire des randos en forêt et personne ne pourra m'arrêter.)

(A part peut-être les douze kilos de ventre que je me trimballe.)

Sur ce, lecteur/lectrice, je te souhaite un bon été, parce que c'est pas que je sois pessimiste, mais je doute avoir beaucoup de temps pour écrire prochainement.

(Et puis le but, c'est aussi que j'aie des choses à te raconter qui ne soient pas uniquement focalisées sur des histoires de lait, de couches sales et de tout petits doigts de pieds trop mignons.)

Merci d'avoir suivi les aventures de mon utérus, et à bientôt!

Bisous sur toi, papouille sur ton chien, bisou sur le front de ton chat.

BOUM BÉBÉ ! La der des ders

$
0
0

Et donc j'ai accouché de mes bébés.

(Oui, je sais, dans l'article précédent, j'avais dit "merci d'avoir suivi les aventures de mon utérus", mais toi-même tu sais qu'il en restait une dernière.)

J'ai passé ma dernière semaine de grossesse en pleine canicule, à mourir à petit feu, entre mes bas de contention qui ne contenaient plus rien du tout (#oùsontpasséesmeschevilles) et mes bains froids chaque après-midi pour essayer de garder un peu de fraîcheur.

(Autant te dire que le plan original, qui était de marcher à fond pour déclencher l'accouchement plus vite, a été un échec total.)

(Va marcher par trente-huit degrés à l'ombre avec quinze kilos sur le bide, toi.)

C'est donc pleine d'entrain que je me suis dirigée vers la maternité le 28 juin, jour de mon déclenchement, parce que oui joie hallelujah on allait ENFIN me sortir ces bébés.

- Madame? On va vous faire l'examen du col, mais à moins qu'il ne soit déjà ouvert et dilaté, on va vous renvoyer chez vous, toutes les salles d'accouchements sont pleines.


(Allez quoi, faites un effort, les filles !)

Je me suis donc faite ausculter, et on m'a dit que mon col était "presque effacé, mais il reste un bourrelet" (je te laisse avec cette charmante image), et on m'a dit à demain pour recommencer tout ça.

Du coup, j'ai décidé de faire travailler ce col comme jamais pour rentabiliser ce faux départ, et Flaxou et moi on a fait les courses, le ménage, et on a passé l'après-midi à la piscine à faire des longueurs, histoire de détendre ce fameux bourrelet.

Et il faut croire que ça a marché, parce que le lendemain matin :

- Eh bien c'est parfait, votre col est effacé et ouvert de trois centimètres. On va vous mettre sous perfusion tout de suite.


Et on m'a harnachée installée en salle d'accouchement avec tout mon barda : trois capteurs sanglés sur le ventre (un pour capter chaque coeur des bébés, et un pour suivre mes contractions), une perfusion à un bras, et un brassard pour la tension sur l'autre, autant dire que l'inconfort était total, mais je m'en foutais, c'était enfin le jour de ma délivrance, mes bébés allaient enfin arriver !


(Tu le sens, le sourire de la meuf qui a pas encore mal?)

Et la matinée s'est passée tranquillement, avec des petites contractions qui me faisaient pauser dans ma conversation avec Flaxou pour souffler un peu, mais rien de bien méchant. Je me disais que dis donc, je gérais grave, et je me demandais bien pourquoi on en faisait tout un monde, finalement, de cette histoire d'accouchement.

Et puis une sage-femme est venue me voir :

- Alors madame, vous êtes à cinq centimètres, on va maintenant rompre la poche des eaux du premier jumeau. Je vous conseille d'installer la péridurale avant, parce que les contractions vont s'intensifier.

Et moi, le GÉNIE de l'accouchement, tu sais ce que j'ai répondu?

- Oh, c'est bon, je gère bien là, je ne pense pas que j'en aie besoin tout de suite.

Là, j'aurais dû me douter de quelque chose, parce que la sage-femme m'a regardée genre :


Et puis elle m'a dit :

- Okay, vous faites comme vous voulez. L'anesthésiste n'est pas loin si vous changez d'avis.

Et puis elle m'a mis une bassine sous les fesses, elle a chopé une petite scie en plastique, et d'un seul coup c'étaient les chutes du Niagara dans mon lit d'hôpital, WHAT THE FUCK.

(Non parce qu'on dit "la poche des eaux", mais y'a VACHE D'EAU quoi.)

Et puis j'ai vite compris le pourquoi du regard de la sage-femme avant, parce que j'étais en train de plaisanter avec Flaxou sur la quantité de flotte qui s'échappait de moi, quand une contraction est venue me casser en deux. Et c'est là que j'ai compris qu'en fait c'était CELLES-LA, les vraies contractions! Celles qu'on voit à la télé avec les nanas qui hurlent! OKAY JE COMPRENDS.


Mais du coup, comme j'avais fait ma maligne, j'ai quand même patienté une heure avant de lancer à l'anesthésiste qui passait par là :

- Au fait, pour la péridurale... disons que c'est pas urgent-urgent, mais on va dire que je suis prête quand vous êtes prête.

Et laisse-moi te dire que, quand la péridurale était mise, j'ai eu une pensée pour toutes ces femmes qui ont été assez fortes pour accoucher sans anesthésie, parce que MANDIEU QUE CA FAIT DU BIEN D'ÊTRE SHOOTÉE AUX TRANQUILLISANTS.

(Sérieusement, j'étais tellement soulagée que j'ai même fait une sieste.)

(Pendant que j'étais en train de me vider de mon liquide amniotique, tout à fait.)

Et puis les contractions ont graduellement repris, augmenté, et ce jusqu'au stade où je guettais l'horloge en comptant combien de minutes il me restait avant que la pompe à drogues se débloque.

Oui, pour ceux et celles qui l'ignorent : quand on te pose une péridurale, on te donne une petite pompe avec un bouton magique dessus, qui te permet de te donner une dose de rab si les contractions font mal. Mais pour éviter que tu fasses une overdose ou que tu t'anesthésies complètement, la pompe se bloque après une utilisation, et il faut attendre 15 minutes avant de pouvoir l'utiliser de nouveau.

Mais globalement, je gérais comme une championne :

- Je suis si fier de toi, ma chérie.
- Mais ouais, je suis une Viking.
- Je suis tellement impatient de pouvoir bientôt rencontrer nos enf...
- FLA IL EST VINGT HEURES DOUZE VA APPUYER SUR LE BOUTON MAGNE-TOI PUTAIN!


(Comme. Une. Championne.)

Et puis, au bout d'onze heures de contractions, la sage-femme est venue me dire que c'était le moment des choses sérieuses.

Alors toute cette partie de l'accouchement est un peu floue dans ma mémoire, parce que, de un, j'étais quand même bien droguée, et de deux, j'étais méga concentrée sur mon travail, mais Flaxou m'a depuis raconté que le personnel passait son temps à aller et venir entre ma salle d'accouchement et trois autres, parce qu'apparemment toutes les femmes du Haut-Rhin avaient décidé de donner naissance le même week-end.

Perso, je ne me rappelle d'aucun visage, d'aucune personne, juste de voix qui me disaient de pousser, pousser, plus fort, mieux que ça, encore, allez, encore, c'est bien, on continue, et ainsi de suite pendant quarante interminables minutes.

J'étais en train de me dire que ce foutu bébé ne sortirait jamais, quand j'ai entendu le médecin dire à la sage-femme :

- Le crâne est suffisamment sorti, on peut chercher la ventouse.

Moi, je ne voyais rien de ce qui se passait, vu mon gros bide qui était dans le chemin, mais j'ai vu Professeur Flaxou (qui, en bon scientifique, avait insisté pour regarder TOUT CE QUI SE TRAMAIT du côté de ma teuch) (cet homme est fou) pâlir un bon coup pendant que la sage-femme faisait de grands mouvements de bras avec le crâne de mon bébé mais sérieusement c'est pas censé être super fragile cet engin-là?

Et puis j'ai continué à pousser, pousser, pousser jusqu'à l'épuisement, et je crois que le docteur a vu que je fatiguais et a pensé que ce serait encourageant de me dire :

- La tête est sortie ! Vous voulez la toucher?


(Non merci, j'ai envie de pouvoir vivre sans cauchemars intenses pendant les vingt prochaines années, merci.)

Et puis j'ai poussé encore un peu, et d'un seul coup, j'ai senti comme un poids énorme qui se détachait de moi, ils m'ont posé un machin gluant tout gris sur le ventre et c'était mon bébé, un bébé tout fini, avec des ongles et des cheveux, un bébé avec des yeux grands ouverts qui me regardaient, un bébé qui respirait et faisait des petits bruits, un bébé si grand déplié que j'arrivais à peine à croire qu'il était dans mon ventre il y a une seconde, un bébé si magnifique et si parfait et si TELLEMENT LE PORTRAIT DE SON PÈRE PUTAIN CA VALAIT BIEN LE COUP QUE JE ME FASSE CHIER TIENS.

(Sans déconner, cet enfant est un clone de Flaxou.)

(Il a même hérité de son épi dans les cheveux, c'est pas scandaleux?)

Et j'avais à peine le temps de dire à Fla que cet enfant avait ses cernes et que c'était ridicule parce qu'il était à peine né, d'où il était fatigué franchement, qu'un pédiatre l'avait déjà emporté avec lui pendant que deux sages-femmes m'appuyaient sur le ventre pour pas que bébé numéro deux se mette trop à l'aise.

- Allez madame, les contractions ne s'arrêtent pas, il est temps de se remettre à pousser pour le deuxième!
- Mais je suis tellement fatiguée...
- Allez, on ne faiblit pas, vous vous en sortez super bien!
- Rassurez-moi quand même d'un truc : le deuxième, il va venir plus vite, pas vrai?

Et là, le gynéco et la sage-femme se sont regardés genre :


Et m'ont dit:

- Oui... oui... en théorie, si tout se passe bien, il y a des chances que ça puisse aller un petit peu plus vite.

Mais j'avais à peine le temps de me dire que ouh là là j'aime pas du tout ces conditionnels à la pelle qu'ils me mettaient déjà à la tâche, et ce coup-ci, juré, j'ai poussé quatre grands coups et le bébé était dehors.

(Ça valait bien le coup de me foutre la trouille.)

Et puis ils ont immédiatement évacué bébé numéro 2 et Professeur Flaxou, parce que:

- En temps normal, on attendrait que votre placenta se décroche tout seul, mais comme vous êtes anémique, il faut qu'on minimise la perte de sang le plus possible, alors on va aller le chercher.
- Vous allez le chercher? Mais genre vous avez comme une pince ou....
- Je vais mettre ma main entière à l'intérieur de vous maintenant.
- Ah bon OK cool d'accord.

Pendant ce temps-là, mon utérus :


(Je ne remercierai jamais assez la médecine moderne d'avoir inventé la péridurale.)

Et puis les médecins ont fait tomber un espèce de steak géant dégueulasse dans un seau, m'ont dit que c'était mon placenta, et puis tout le monde est parti sauf une sage-femme qui est restée me nettoyer, me recoudre, et me féliciter parce que j'avais pas déchiré mon périnée et apparemment c'est une super nouvelle, mais moi je ne suivais plus rien de ce qui se passait parce que Flaxou était revenu avec nos bébés et c'étaient les bébés les plus parfaits de l'univers, et j'ai passé une heure rien qu'à regarder leurs adorables petites mains et leurs sublimes petits visages tout fripés.


(Oui, bon, les hormones aident pas tellement l'objectivité.)

Et on m'a finalement montée dans une chambre, les sages-femmes ont pris les bébés pour la nuit, et j'ai enfin pu dormir le ventre vide pour la première fois depuis des mois.

(Je te raconte pas la joie du lendemain, quand on m'a amené un plateau de petit déj avec un jus d'orange dessus, et que j'ai pu boire toute la briquette SANS AIGREURS D'ESTOMAC.)

(Et je te raconte pas non plus la joie de ma première douche, quand j'ai pu à nouveau me savonner les pieds après DES MOIS à les laisser juste tremper dans l'eau!)

Bref, depuis cette belle soirée de juin, Flaxou et moi coulons des jours heureux avec nos deux petits bouchons, et on profite à fond de "l'effet star" des jumeaux.


(Moi à la maternité, choyée par tout le personnel soignant.)

Et on est très heureux de répéter en boucle les quatre mêmes informations à qui veut l'entendre : oui, l'accouchement s'est bien passé. Oui, la maman se remet bien. Non, les nuits ne sont pas trop dures. Ils font 2,5 et 2,6 kilos pour 45 et 48 centimètres, et oui, c'est un beau poids pour des jumeaux.

Là où le bât blesse, c'est quand on nous a demandé les prénoms, et qu'on a eu la même réaction partout :

Nous: Ils s'appellent Samuel et Auguste !
Littéralement tous nos amis : 


- Quoi? C'est ça leurs noms?
- Ben oui, pourquoi, vous aimez pas?
- Non non, c'est joli, c'est juste... super normal, en fait.
- ...
- Moi je croyais que vous alliez les appeler, genre, Thor et Odin!

Oui, donc, désolée de décevoir apparemment TOUT LE MONDE, mais je rappelle que le but était que nos enfants ne se fassent pas taper à l'école, alors voilà, ils ont des noms normaux, Castor et Pollux et Elladan et Elrohir, c'était pour déconner, merci de prendre note.

(Et vous noterez que j'ai tout de même mon Sam, donc petite référence discrète à mon personnage préféré du Seigneur des Anneaux quand même.)

(En vrai mon personnage préféré c'est Eowyn, mais avec deux garçons, c'était un peu chaud à caser.)

Donc voilà, on est parents, c'est une vie un peu différente mais vachement cool (et le fait que les bébés dorment 20 heures par jour aide un peu à la transition, on va pas se leurrer), mais chaque fois que je les regarde, je suis toujours émerveillée de me dire que j'ai fabriqué des petits humains et que maintenant ils sont des personnes complètes.

Et qu'en huit mois seulement, on est passés de ça :


A ça :


(Je sais pas toi, mais je trouve que c'est du bon boulot.)

Brève parentale

$
0
0

Et donc je suis maman, ma vie est un bonheur de tous les instants, et mes enfants sont des merveilles que j'aime du plus profond de mon coeur, mais soyons sérieux deux minutes, on se fait quand même bien chier avec des nouveaux-nés, vous trouvez pas?

Non parce que moi j'avais signé pour devenir parent avec en tête toutes les choses cool que j'allais pouvoir faire avec mes enfants : les emmener au zoo, au musée, à la montagne des singes, faire de l'acrobranche au Lac Blanc, faire des randos en montagne, aller à Electropolis à Mulhouse et faire l'expérience où ils te chargent d'électricité statique et ensuite tu fais un éclair avec tes doigts là.

Et oui, j'étais au courant que je ne pourrais faire aucune de ces choses-là avant au moins cinq ou six ans, mais je me disais que, dans l'intervalle, il y avait plein d'autres choses cool que je pourrais faire avec mes gosses : leur raconter des histoires, leur faire des câlins, leur faire découvrir le monde, les goûts, les odeurs, les couleurs, toutes ces choses cool.

Sauf qu'en fait, les trois premiers mois, élever un bébé, c'est plus ou moins comme d'élever un vers à bois.

Le machin fait que manger, dormir et faire caca, il ouvre les yeux deux fois par jour et il voit même rien, et lui faire des bisous ou des câlins, avouons-le, niveau réciprocité, c'est comme de câliner un parpaing.

Donc ouais, on s'emmerde un peu avec ces bébés qui n'interagissent qu'avec leur biberon, mais j'avoue que c'est bien foutu quand même, cette histoire de parentalité, puisqu'on a clairement une courbe de difficulté assez bien faite:

- J'ai réfléchi hier, pendant la tétée de cinq heures du matin...
- Oui?
- En fait, c'est un peu comme si on était dans un RPG, et on est au niveau 1 de la parentalité : on doit juste s'occuper des besoins primaires de l'enfant. Le nourrir, le garder propre, le prendre dans les bras quand il pleure : c'est juste ces trois actions en boucle.
- Okay.
- Et ensuite, au fur et à mesure que l'enfant grandit, la difficulté du jeu augmente, et ça te rajoute des tâches de plus en plus complexes : le nourrir avec différentes sortes de bouffe, lui apprendre à marcher, lui apprendre à parler, lui apprendre à obéir, lui enseigner des principes, des valeurs...
- Et là, en fait, on est dans la phase de farming chiante du début, où il faut répéter les mêmes actions jusqu'à ce qu'on level up et qu'on puisse aller faire les quêtes cool!

Donc, qu'on se le dise : élever un nouveau-né, c'est l'équivalent de toutes ces heures passées dans la forêt de Jade à friter des Chenipan niveau 3 avant de pouvoir enfin aller battre Pierre, parce que t'as fait l'erreur de choisir Salamèche au début du jeu et il vaut pas un clou contre les pokémon de type roche.


(Les vrais se souviendront.)

Bien entendu, tout ceci ne m'empêche pas d'interagir avec les bébés en permanence – d'autant que la sage-femme nous a révélé une botte secrète:

- Donc ils ne comprennent pas encore ce qu'on leur dit?
- Non, la compréhension du langage ne viendra qu'à partir de 6-8 mois. Par contre, ils captent déjà vos émotions selon le ton que vous utilisez. Par exemple, un bébé dont les parents se disputent devant lui montrera des signes d'anxiété. Donc, essayez le plus possible de parler doucement et calmement en leur présence.

Et qu'est-ce que nous, parents indignes, on a relevé de ces bons conseils?

Qu'on peut leur dire n'importe quoi, du moment qu'on utilise un ton calme et posé.

Du coup, pendant les nuits blanches, on a tendance à profiter un peu trop du fait qu'on peut dire des méchancetés, du moment qu'on les dit sur un ton guilleret:

- WAAAAAAA
- ♪ Qui c'est qui pleure comme çaaaa ? ♪
- WAAAAAAAAAAA
- ♫ C'est toi, petite enflure? ♫
- WAAAAAAAAAAA
- ♪ Il est quatre heures du matiiiiin ♫
- WAAAAAAAAAAA
- ♪ Je t'ai nourri, je t'ai changé, et t'as fait ton roooooot ♪
- WAAAAAAAAAAA
- ♪ Alors est-ce que tu voudrais pas fermer un peu ta gueuuuuule ? ♫

Alors, qu'on ne se méprenne pas, je les aime quand même, ces enfants. D'ailleurs, c'est même un peu ridicule à quel point je les aime, parce que dis donc v'là les échanges:

Moi, émerveillée devant le bébé qui vient d'ouvrir les yeux :

- Bonjour mon amour! Et qui c'est le plus joli de tous les bébés? C'est toi! Mais oui! Tu es si beau, mon cœur! Maman t'aime si fort, mon bébé chéri!

Mon bébé:


Fort heureusement, j'ai déjà des tonnes d'expérience dans l'art d'aimer quelqu'un qui ne t'aime pas en retour, puisque j'ai déjà eu trois chats.

(Et, contrairement aux chats, on me dit qu'à terme, le bébé finit par t'aimer quand même, donc c'est cool.)

J'ajouterai juste que le fait d'avoir des jumeaux complique un peu les compliments, parce qu'on doit toujours apporter des petits amendements:

- Oh, mon joli trésor! Maman t'aime plus que tout au monde!
- .....
- Enfin, ex aequo avec ton frère, évidemment.

Et si je ne me corrige pas moi-même, c'est Flaxou qui me tombe dessus:

- T'es si beau, mon Sammy! T'es le plus beau de tous les bébés!
- HAAAAAN!
- Quoi?
- Et Auguste, alors?
- Mais Auguste aussi, évidemment.
- Tu l'as pas dit!
- J'ai pas besoin de le dire, puisqu'ils sont identiques!
- HAAAAAN!
- Quoi encore?
- Le livre il dit qu'il faut jamais dire qu'ils sont identiques!
- Mais ils comprennent pas enc...
- TU NIES LEUR INDIVIDUALITÉ! SHAME! SHAME!
- Hier soir, quand Auguste s'est mis à pleurer, tu lui as littéralement dit "mange tes morts".
- OUI MAIS JE L'AI DIT EN CHANTANT DONC CA COMPTE PAS!


(3615 parents de l'année)

A bientôt pour plus d'aventures gémellaires, bisous lactés!

3615 ma folle vie palpitante

$
0
0

Et donc ça y est, mes bébés commencent enfin à être un peu intéressants.

Par "un peu intéressants", j'entends : "ils suivent les objets des yeux".

(Je sais, c'est pas grand-chose, mais rappelle-toi qu'on partait de "ils ouvrent les yeux cinq minutes par jour et ils regardent dans le vague".)

Ils commencent aussi à rester éveillés de plus en plus longtemps la journée, et excusez-moi on en parle de cette arnaque totale?

On en parle, du fait que tout le monde sans exception te dise "tu verras, c'est les premières semaines les plus dures" alors que TROP PAS, vu que les premières semaines, ils faisaient que manger et dormir, et que du coup on avait au moins quelques heures dans la journée où on était peinards, tandis que maintenant ils mangent tout aussi souvent, mais le reste du temps ILS NE DORMENT PLUS, MAIS POURQUOI?

D'autant que nos mômes semblent encore plus emmerdants que la moyenne un peu différents des autres, parce qu'ils ne dorment quasiment pas durant la journée. (Alors que, je le rappelle, à leur âge, ils devraient encore dormir 12 à 14h par jour.)

- Ah mais au moins ils font leurs nuits, c'est cool !

M'ont répondu des gens anormalement optimistes.

Ce à quoi j'ai répondu :



Bon, en vrai, on a quand même trouvé la bonne méthode pour pouvoir passer des nuits à peu près tranquilles : Flaxou et moi, on fait des équipes. Lui s'occupe des bébés pendant la plage 22h-4h, et moi je prends la plage 4h-10h. Comme ça, on arrive à dormir chacun environ six heures par nuit.

(Sauf incident de type "mon caca a débordé de ma couche et a rempli mon pyjama, et puis dans la foulée j'ai décidé de vomir sur mon frère".)

(Authentique).

Et c'est cool parce qu'on peut aussi suivre nos cycles de sommeil naturels, vu que Flaxou est de toute façon bien incapable de s'endormir avant une heure du matin, et que moi je me lève quoi qu'il arrive avec le soleil, en bonne petite mamie.

Toute cette organisation n'empêche quand même pas les nuits de merde de temps en temps, où Flaxou me retrouve sur les rotules à sept heures du matin, à pleurer en même temps que mon bébé:

- WAAAA!
- Mais pourquoi tu dors paaa-ha-ha-haaaaaa?
- WAAAAA!
- Maman est si fatigu-hé-hé-hé-hééééééé!
- WAAAAA!
- BOUHOUHOUHOUH!

Et je ne te raconte pas les moments de panique où les deux bébés réclament les bras, sauf que j'ai deux bébés et deux bras et il me faut deux bras par bébé, donc tu comprendras mon souci d'arithmétique.



Et puis n'oublions pas"l'heure chiante", ou, comme l'appellent les experts, "la décharge émotionnelle", qui est une heure en fin de journée où les bébés font que pleurer pour évacuer leur trop-plein d'émotions – un genre de reset avant de commencer la prochaine journée.

Et plus leur journée a été chargée (rencontrer de nouvelles personnes, passer de bras en bras, sortir faire une balade, voir une coccinelle) (oui ben c'est des journées de bébé, hein, c'est pas le ministre de l'Intérieur), plus ils gueulent fort plus la décharge est conséquente.

Et c'est en expliquant ce concept à ma mamie que je me suis rendue compte qu'on se faisait bien arnaquer, nous, les nouvelles générations:

- Donc tu les mets au lit pour les calmer?
- Non, ça ne marche pas, ça les énerve encore plus.
- Ah oui! C'était pareil pour moi. Au début, ils s'énervent, ils hurlent! Mais il faut attendre, ils finissent toujours par se calmer.
- Mais tu attends combien de temps?
- Oh, ça dépend des enfants. Avec ton père, c'était réglé en dix minutes. Ton parrain, il hurlait longtemps: une heure, deux heures...
- ....
- Mais souvent j'en profitais pour passer l'aspirateur, comme ça je l'entendais pas.
- ....
- Après, des fois, pour que ça aille plus vite, on prenait un lange, on le trempait dans le miel, et on mettait juste deux gouttes de schnaps par-dessus...



Ouais okay bon on va dire que c'était une autre époque.

Une époque où ça craignait un peu d'être un bébé, par contre c'était vachement plus facile d'être un parent.

(Des fois la vie est beaucoup plus simple quand on ne sait pas les choses.)

(Et qu'on peut cramer les neurones de son enfant en paix.)

Bref, nous on est à l'époque moderne, où soi-disant on ne peut pas laisser son bébé pleurer avant six mois sous peine de devoir payer quinze ans de psychanalyse ensuite, et je ne te cacherai pas que, certains soirs, quand j'ai un concerto en hurlement mineur dans les oreilles, j'ai un peu la sensation de m'être fait karna.

(Je suis à ça d'aller chercher le pot de miel et de leur inoculer le botulisme, et probablement le diabète aussi.)

Fort heureusement, les bébés ont développé un arsenal qui les protège à jamais de toute tentative d'abandon sur le parvis d'une église (ou autre mise à l'eau dans un panier, à la Moïse) : ILS ONT APPRIS A SOURIRE.

Et crois-moi qu'ils ont beau être tout petits, ils ont très bien compris comment s'en servir, cf. mes conversations avec eux à six heures du matin en leur changeant la couche:

- Tu as été très vilain cette nuit, Auguste! Tu as fait plein de caprices et tu as empêché maman et papa de dormir, c'est pas bien du tout! Maman est fâchée!

Mon bébé :



Moi :

- Oh mais t'es si BEAU mon bébé d'amour! T'es beau comme un astre! T'es beau comme un prince! Je vais te MANGER DE BISOUS! MWAH! MWAH! MWAH!

(La discipline est totale.)

Sur ce, je te dirais bien à bientôt, mais toi-même tu sais que mon temps libre est pas mal aléatoire en ce moment (dit-elle, écrivant ces mots à la hâte alors qu'elle entend des grognements en provenance de la chambre des bébés). Mais dans tous les cas, je compte bien revenir prochainement te parler de films, de spas, et de kirs framboise.

(Et de bébés, évidemment.)

A une prochaine, bises à ton chat, papouille sur ton chien!

Vie ma vie de geoise-bour

$
0
0

Et sinon l'autre jour j'étais au spa.

Mes copines Sarah et Coralie s'étaient dit que ce serait cool de se faire une après-midi entre filles, sans nos bébés respectifs, et qu'on pourrait laisser les papas faire du baby-sitting ensemble, et elles m'avaient invité à la fête.

J'y suis allée non sans remords, parce que je me sentais quand même vachement moins légitime qu'elles dans leur quête de relaxation.

Faut dire que mes copines étaient en congé maternité, à la maison seules toute la journée avec leur bébé, et avec leur mari qui bossait et qui rentrait seulement le soir, donc ça semblait logique qu'ils prennent le relais une fois de temps en temps. Tandis que pour Flaxou et moi, c'est le branle-bas de combat tous les jours que dieu fait ! On est constamment sur le front tous les deux, et donc ça semblait plutôt injuste que je le laisse galérer avec les deux bébés pendant que moi j'allais me prélasser au sauna à raffermir mes pores.

Mais au final, j'ai réussi à alléger ma conscience en offrant une aprèm de détente similaire à Flaxou :

- On n'a qu'à faire comme ça : la semaine prochaine, je m'occupe des enfants, et toi, tu peux, par exemple, aller te faire faire un massage!
- Mouais.
- Une soirée jeux avec tes potes?
- Bof.
- Une après-midi seul dans le noir en slip devant ton PC avec une bière à jouer à des jeux de gestion chiants?
- HAN MAIS OUAIIIS!


(La vie selon Flaxou.)

Et donc on s'est embarquées toutes les quatre, Sarah, Coralie, Gaëlle et moi, pour passer enfin quelques heures sans bébés dans les pattes.

- Bienvenue au spa, laissez-moi vous préparer un peignoir, ainsi que...
- VOUS FAITES DES APEROLS SPRITZ?

Ah, oui, et pour pouvoir enfin boire de l'alcool, aussi.

(J'ai bu mon premier kir framboise depuis octobre dernier.)

(J'étais pompette au bout de deux gorgées, mais ça valait le coup.)

On est entrées dans le spa, et on s'est immédiatement senties super ploucs, parce que c'était un endroit super fancy, à base de déco en bois flotté et de grosses jarres en terre cuite, et moi j'étais là avec mon sac de piscine fabriqué avec une taie d'oreiller, bonjour la te-hon.

C'était un endroit tellement classe qu'ils avaient le signe qui ne trompe pas : les bombonnes d'eau avec du citron et de la menthe dedans.

Et, je t'avoue, quand on s'est toutes posées sur des transats dehors, autour de la cascade qui plongeait dans la piscine d'eau thermale, avec nos cocktails à la main, on s'est dit qu'on vivait vraiment notre meilleure vie.

- Vous trouvez pas qu'on est carrément dans Sex and The City?
- Mais grave!
- Mais pour être dans Sex and the City, il faudrait pas qu'on couche avec plein de gars?
- Ben on est mal barrées alors, on a couché avec deux mecs dans toute notre vie.
- Non, c'est pas vrai!
- ....
- Moi, j'en ai eu genre QUATRE!

Alors on a déploré notre vieillesse et le fait qu'on aurait carrément pu être des meufs promiscuiteuses dans notre folle jeunesse, mais qu'on avait loupé le coche – notamment Sarah et Coralie qui passaient leurs soirées étudiantes à la Salamandre mais n'ont en fait jamais pé-cho:

- Mais t'avais pas couché avec le mec, là, qui avait les Converse?
- Ah mais non!
- Ah, je pensais.
- Et toi, tu t'étais pas tapé le gars avec les longs cheveux, celui qui jouait de la guitare?
- Mais pas du tout!
- Ah, je croyais.

(3615 les nanas qui sont amies depuis dix ans et se rendent compte maintenant qu'elles étaient en fin de compte pas des filles faciles.)

(Moi j'étais exclue de cette conversation, puisque je passais mes soirées étudiantes chez ma mère, avec mon chat et mes VHS de Friends.)

(Oui, mes VHS.)

(Je suis vieille à ce point.)

Et donc on a essayé toutes les attractions que proposaient le spa, comme le sauna :

- Haaan mais c'est trop chaud!

Le hammam :

- Aaaaah mais je vais mourir!

Et puis ensuite on a vu qu'il y avait un autre sauna encore plus chaud, mais Sarah a menacé de décéder sur place si on y allait, alors on s'est rabattu sur des activités moins calorifères.

(N'empêche que mes pores sont hyper propres.)

Alors on a testé des endroits exotiques, comme la douche sensorielle : un parcours avec différentes douches qui s'allumaient au fur et à mesure, et qui te promettaient de te faire vivre un tour du monde de la pluie (avec bruitages en prime) : les grosses gouttes tièdes de la mousson indienne, la douce bruine d'un soir d'été en Californie, le torrent d'une cascade polynésienne....

- Heu, les meufs? Je veux pas faire ma connasse, mais là on dirait quand même vachement les Ardennes en novembre.

Un peu refroidies (LITTÉRALEMENT), on s'est rabattues sur des trucs encore plus mystérieux, comme une pièce qui proposait de la "chromothérapie" (c'était des chaises longues avec des lumières colorées), ou encore une pièce sombre qui s'appelait "la grotte de sel". Et en fait... ben, c'était un genre de sauna, mais en pas très chaud.

- Non mais attendez, faut aller dans la salle de sieste, c'est le meilleur truc!
- Y'a une salle juste pour faire la sieste?
- Ouais, avec des lits géants, et des matelas à eau!

Sauf que. Les matelas à eau. 

C'est confortable, hein, je dis pas. Mais. Quand on s'allonge dessus.

CA BLOUBLOUTE.

On a finalement réussi à garder notre sérieux que trois pénibles minutes, avant de devoir quitter la pièce pour cause de pouffage intempestif.

Et puis avec toutes ces conneries on commençait à avoir pas mal faim, mais malheureusement:

- On peut commander à manger?
- Heu... oui, enfin, quand le restaurant ouvre, à 18h30, vous pouvez commander à la carte. Notre chef étoilé a préparé une sélection de mets fins et délicats, qui raviront les papilles les plus exigeantes...
- Nan mais vous avez pas genre des Kit Kat?



(Insortables)

Ils en avaient pas, alors du coup on a recommandé des cocktails.

(L'esprit Sex and the City, toujours.)

- Bon les filles, je suis allée voir dans la pile de magazines si je trouvais pas un Cosmo pour qu'on puisse faire leurs tests débiles, mais y'avait que des magazines de design et des Madame Figaro.

- ....
- Par contre, je peux vous lire votre horoscope d'il y a quatre mois?

Et puis bon, comme on commençait à avoir bien la dalle, on est parties – au grand soulagement des gens assis derrière nous sur les transat, qui devaient en avoir un peu marre d'entendre les histoires de Sarah et de sa rééducation du périnée:

- Et je pouvais pas me retenir de péter! Je montais les escaliers à la maison, et à chaque marche, ça faisait prout, prout, prout!

(Le mot d'ordre de cette sortie : DIS-TIN-GUÉES.)

(J'ai précisé que mon sac était une taie d'oreiller?)

Et puis on a sorti nos culs de ploucs de cet endroit beaucoup trop classe, et on a appelé les garçons pour qu'ils commandent des sushi :

- Allô, Fla?

- WAAAAAAAAAAAA
- Tout se passe bien?
- Nickel!
- Qui c'est qui pleure, là? C'est Samuel?
- WAAAAAAAAAAAAA
- Oui, c'est Samuel. Et Auguste. 
- WAAAAAAAAAAAAA
- Et Arthur.
- WAAAAAAAAAAAAA
- Et.... ah, attends, Charlie vient de rejoindre le choeur.


(Grosse grosse hâte de rentrer.)

Je suis rentrée à la maison tellement relaxée que la tension a mis deux jours entiers avant de revenir dans mes épaules, autant te dire que c'était le pied total.

Tellement le pied que j'y retourne le mois prochain, parce que ça y est, Coralie a mis des paillettes dans ma vie avec ses sorties de bourgeoise, et maintenant comment je suis censée apprécier la douche chez moi qui est même pas sensorielle?

- Donc tu retournes au spa, mariner dans l'eau thermale toute la journée comme un vieux sachet de thé?
- Exact. Mais en compensation, mercredi prochain, j'amène les petits chez ma mère et j'y reste la journée.
- Super!
- Alors, t'as quoi au programme de ta journée de détente? Encore des jeux de gestion?
- Non, l'autre jour j'ai retrouvé mon identifiant Minecraft, et tu savais qu'ils avaient des DAUPHINS maintenant?
- ....
- J'veux dire, je suis OBLIGÉ d'aller voir ça, quand même!


(On ne changera pas ce grand gangster geek d'amour.)

(3615 référence de vieux.)

(Tu l'as?)

(Félicitations, bisou au coin de tes yeux ridés.)

3615 working mum

$
0
0

Et donc mes bébés sont à la crèche.


(Et à ceux qui auraient envie de dire "déjà?", je dis : farcis-toi deux machines à cris et caca pendant trois mois H24, et on en reparle.)

On les y a laissés le coeur léger, et pas seulement parce qu'on est des parents indignes, mais aussi parce que ces enfants sont des gros ingrats- cf. les nombreux matins où j'arrive sur le parking de la crèche avec deux ignobles petits gobelins hurleurs, et qu'à peine passés le seuil de la porte, ils se transforment instantanément en adorables angelots pleins de sourires et de gazouillis.

De toute façon, j'ai très vite compris qu'ils allaient adorer la crèche au moment de l'intégration, où je les ai laissés la boule au ventre, je suis allée faire des courses en regardant constamment ma montre, et j'ai rangé la maison avec en tête des images d'eux en train de hurler de désespoir en appelant nos noms (oui, je sais qu'ils peuvent pas encore parler, j'étais en détresse okay?).

Au final, j'étais sur le parking dix minutes avant l'heure d'aller les rechercher, en train de me faire violence pour ne pas y aller trop tôt, et quand les cloches ont ENFIN sonné l'heure, je suis entrée pour voir :

- Auguste en train de jouer pépouze sur un tapis d'éveil en babillant comme un bienheureux;
- Sammy dans les bras d'une assistante maternelle en train de lui faire LES PLUS GROS SOURIRES QU'IL AIT JAMAIS FAITS DE SA COURTE VIE.

(Genre même pour son père il en fait pas des comme ça.)

Et là, comble du truc : la nana me tend mon bébé pour que je le reprenne, et le petit trou du cul a l'audace de SE METTRE A PLEURER !


Donc oui, clairement, ils se plaisent à la crèche (aussi, l'équipe pédagogique doit grave penser qu'on les enferme dans des placards à la maison pour qu'ils soient aussi tristes de nous retrouver). En même temps, je pense qu'ils ont plus d'attention là-bas qu'à la maison, tellement tout le monde est aux petits soins pour eux:

- Non mais faut nous comprendre, on n'a presque jamais de bébés ici. Quasiment tous les enfants ici ont entre 18 mois et deux ans, donc bon, ils font leur vie, ils ont pas tellement besoin de nous. Ça fait des années que mon équipe me dit "c'est trop dommage, on n'a jamais de tout petits!" Alors, vos bébés, c'est un peu nos mascottes! D'autant qu'ils sont pas avares en sourires, hein, les petits choux?


(Oui ben merci j'avais bien compris hein.)

Bref, je suis vexée comme un pou, mais en vrai je suis super heureuse que tout se passe bien, même pendant les longues journées où ils passent dix heures d'affilée sur place:

- Ça va, ils ont été sages? Ils ont pas trop pleuré?
- Pleuré? Ah mais on ne les entend jamais! Ils sont tellement gentils, c'est un plaisir!
- Excusez-moi, vous devez être nouvelle ici, je pense que vous n'avez pas compris de quels bébés je parle.
- Si si, je vois tout à fait...
- Je suis la maman de SAMUEL et AUGUSTE!
- Oui, je...
- Les SUPPÔTS DE SATAN!

J'ai donc repris le boulot avec joie, toute heureuse de sortir un peu la tête des couches et de retrouver mes élèves après cinq longs mois d'absence. (Deux mois de congé pathologique pour cause de gynéco en mousse, et trois mois la tête dans les couches, donc.)

Eux aussi étaient très contents de me retrouver, tout le monde m'a demandé des nouvelles des bébés, et j'ai essayé de me retenir, juré, la tête de ma mère, j'ai essayé:

- Hello! Good to see you!
- Yes, you too! How are the babies? Good?
- Very goodYOU WANT TO SEE PICTURES?
- Heu...
- I HAVE MY PHONE RIGHT HERE I'LL SHOW YOU PICTURES!!

(Oui, je suis devenue cette meuf qui montre des photos de ses chiards alors qu'on ne lui a rien demandé.)

(Mais ils sont BEAUX, Micheline, ils sont tellement BEAUX!)

(Comment est-ce que je peux laisser le monde ignorer leur beauté?)

Mais j'ai surtout profité de cette reprise pour prendre des nouvelles de mes élèves et leur demander tout ce qu'ils avaient fait durant l'été :

- Alors, vous avez passé un bel été?
- Ben, pas trop, parce que mon chat est mort, en fait.


 (Ça commence bien, dis donc.)

- Vous avez fait quoi cet été? Vous avez voyagé?
- Non, pas vraiment, je suis juste partie en Italie trois jours avec ma famille...
- Super! J'espère qu'il a fait beau!
- Oui, enfin c'était pour l'enterrement de mon beau-père, donc on n'a pas trop fait attention au temps.


(Ah non mais décidément, bien joué, Charlotte.)

- Vous avez réussi à pratiquer un peu l'anglais durant mon absence?
- Oui, on a eu une visite de clients anglais dans mon entreprise.
- Super!
- Enfin c'était assez difficile, parce que le client est mort dans un accident de voiture quand il était sur place, et il a fallu que je parle à sa famille en Angleterre pour leur expliquer ce qui s'était passé.


(Voilà voilà.)

Bref, malgré ces retrouvailles HYPER SYMPA, je suis quand même bien heureuse d'avoir repris le travail, entre autres parce que ça nous aide à créer un rythme pour les petits, et OUI MA VIE PEUT ENFIN REPRENDRE UN SEMBLANT D'ORDRE HALLELUJAH!

(Pardon, c'est mes racines germaniques qui s'expriment.)

On a donc réussi à bien conditionner nos bébés comme des gentils petits chiens de Pavlov, avec une routine du soir bain-biberon-coucher qui marche comme sur des roulettes, et qui les a aidés à enfin comprendre quand c'était la nuit et quand c'est qu'il fallait dormir.

Ce qui peut paraître très con, mais je t'assure que c'est une victoire immense quand tu peux rendormir ton bébé à quatre heures du matin en lui collant simplement son doudou puant sur la tronche, quand auparavant il fallait passer une heure à le bercer dans le noir parce qu'il était parti en mode pump it up, genre ça y est on est free du slip, viens on va en boîte, mets-y donc la Vodka Red Bull dans le biberon.

Malgré cette bonne routine, les bébés se réveillent quand même encore une fois par nuit pour prendre un biberon vers deux heures du matin. Comme toute mamounette 2.0 qui se respecte, j'ai donc prestement été chiner sur Youtube pour savoir quand est-ce qu'ils feraient leurs nuits, et si on pouvait éventuellement accélérer le processus.

(Non pas que je n'adore pas mes cinq heures de sommeil quotidiennes, hein.)

(Mais bon c'est comme ça qu'on finit au congélateur, je dis juste.)

Et c'est en visionnant un épisode de la Maison des Maternelles que j'ai compris qu'en fait, Flaxou et moi, on avait quand même de la chance :

- Alors nous accueillons aujourd'hui Babette, Babette, votre fille a maintenant quinze mois....
- Seize mois trois quarts.
- .... et elle ne fait toujours pas ses nuits! Ça doit pas être facile tous les jours, dis donc!

(Médaille d'or 2019 de la litote.)

Une fois que je m'étais remise de ce calcul mental forcé sur ma pauvre personne (message d'intérêt public : après un an, arrondissez l'âge de vos mômes, merci, au revoir.) (Et ça vaut double pour les  trous de balle qui donnent l'âge en semaines.) ("Ma fille a 34 semaines", ah ouais super, tu veux pas me donner le décompte des minutes avec ça, Marie-Connasse?), BREF une fois ce traumatisme passé, j'ai écouté le témoignage de la jeune maman, et woh dis donc:

- Alors Babette, racontez-nous comment se passe le coucher de votre fille.
- Alors, on a un rituel qui commence avec le bain, puis je lui mets son pyjama, elle a sa tétée du soir....

Moi, en train de prendre des notes devant mon PC : okay, tout pareil.

- Et puis je lui raconte une histoire, puis je lui chante une chanson, puis on passe quelques dizaines de minutes à faire un gros câlin, et ensuite je lui explique qu'il faut dormir, je la pose dans son berceau, je lui chante la chanson de bonne nuit, je dis bonne nuit à doudou, je tamise la lumière, je sors de la chambre à reculons, puis j'éteins la lumière.
- Et ensuite, il se passe quoi?
- Eh bien en général, elle se met à hurler jusqu'à ce que je la reprenne, et ensuite elle s'endort dans mes bras au bout de trois ou quatre heures.

Moi:


Flash-back d'une conversation avec Flaxou :

- Oh là là, ils sont chiants, ce soir! J'ai dû remettre DEUX FOIS leur totote avant qu'ils s'endorment!
- Sérieux? Mais c'est pleine lune, ou quoi?

Donc, bon, je suppose qu'on a quand même des bébés relativement faciles, au moins pour ce qui est de l'endormissement.

(Faut savoir que je leur fais un bisou de bonne nuit tous les soirs quand on les couche, mais ils s'endorment tellement vite que c'est un peu comme d'embrasser une brique tiède.)

A part ça, on trouve nos petites habitudes doucement, entre la passation de babyphone de cinq heures du mat' et les visites quotidiennes chez Mamie Tic-Tac :

- Coucou mamie! Je peux te laisser Auguste cinq minutes, le temps que j'aille préparer son frère pour la crèche?
- Bien sûr, bien sûr! Eh bonjour mon petit trésor!
- Bon, je m'excuse, il est pas de très bonne humeur, donc il risque de hurler un p...

Le bébé dans les bras de mamie :


(Okay, donc vous aimez tout le monde SAUF vos parents, ou c'est quoi le deal?)

Bref, toute la famille s'épanouit entre la crèche et nos boulots respectifs.

Et, entre mes cours, je savoure la joie d'avoir à nouveau du temps libre:

- Ah zut! J'ai mon cours de 10h qui vient d'être annulé! Si j'avais su, j'aurais déposé les petits à la crèche plus tard!
- On va quand même pas les rechercher?
- Non. Tu sais ce qu'on va faire?
- Oh ben j'ai bien une petite idée...
- Je vais faire une SIESTE!

Flaxou:


(On lui souhaite tous bien du courage.)

Séries 2019, partie 1 : le flop

$
0
0

Salut les geeks!

Comme chaque année (un peu en retard parce que d'habitude c'est en décembre mais j'ai des gosses maintenant), c'est l'heure du marronnier de ce blog : le récapitulatif des séries que j'ai découvertes, aimées, adorées, et détestées cette année.

Et ne va pas croire que, juste parce que j'ai été UN PEU occupée avec deux nouveaux-nés, j'ai levé le pied sur les séries en 2019.

Eh non mon bouchon, car mes bébés ont beau être le portrait craché de leur père (leur raccourci clavier à tous les trois serait : Ctrl+C Ctrl+V Ctrl+V), en tempérament, ils tiennent quand même un peu de moi, et ce notamment pour le côté couche-tôt lève-tôt (un grand classique dans ma famille, cf. ma mamie levée à 5h30 tous les matins, mon père qui dort onze heures par nuit depuis qu'il est à la retraite, et ma soeur qui n'a jamais réussi à regarder un film en entier à la télé DE SA VIE).

Du coup, à 19h, les petits sont déjà en train de roupiller, ce qui me laisse pas moins de deux heures et demie de temps libre par jour, c'est pas génial la vie franchement?

(Oui, je me couche à 21h30, qu'est-ce que t'avais pas compris au juste dans "couche-tôt"?)

Et autant te dire qu'on en matières de série, cette année, on a été gâtés comme mes bébés à leur premier Noël (ma maison c'est un Joué Club, au secours).

Tellement gâtés en fait que je n'ai que trois séries dans ma partie "flop", et environ MILLE dans ma partie "top" (prépare-toi, ça va être intense).

On va donc commencer par le plus court, et par les trois séries décevantes que j'ai arrêtées de regarder cette année:


Mr Mercedes

Je t'en parlais il y a quelque temps dans la partie top, et pour cause : Mr Mercedes était une très bonne adaptation de la série de romans de Stephen King suivant les aventures de Bill Hodges, flic à la retraite hanté par le spectre de son seul cas non élucidé : le mystérieux Mercedes Killer...

L'adaptation osait même dévier franchement du matériau de base dans la saison 2, ce qui m'avait laissé perplexe au départ mais s'était avéré bien cool, notamment pour le twist de fin de saison que, pour le coup, les lecteurs du livre n'avaient GRAVE pas vu venir.

(Je suis toujours super contente quand je regarde une adaptation d'un bouquin que j'ai lu, et qu'elle parvient quand même à me surprendre.)

Sauf que la saison 3 posait un problème épineux à résoudre : en effet, dans la trilogie de livres sur les enquêtes de Hodges, seuls deux livres (le tome 1 et le tome 3) ont pour antagoniste le Mercedes Killer. Le tome 2 est très différent des autres, dans le ton comme dans l'histoire, et se concentre sur une enquête annexe de Bill (celle d'un fan obsessionnel qui tue son auteur préféré et vole ses manuscrits jamais publiés).

Tout ce tome a un côté très "side quest et divagations de prof de Litté" (La figure de l'Auteur, la figure du Fanatique, le figure de "Bonjour je Suis Stephen King je ne cherche même plus à donner l'illusion de faire dans le subtil et l'Auteur c'est clairement Moi") mais malgré tout, ça reste un bouquin prenant et fort sympathique.

Dans la série, il a été fait le choix judicieux de concentrer les deux premières saisons sur le Mercedes Killer (clairement le méchant le plus intéressant) et de passer à la trappe le second livre.

Sauf qu'après la saison 2, le Mercedes Killer est mort, et au vu de la saison 3, voilà ce qui s'est dit au moment de la production:

- Bon, le Mercedes Killer c'était super, tout le monde a adoré. Qu'est-ce qu'on peut raconter maintenant que c'est fini?
- L'intrigue du deuxième bouquin qu'on avait exprès mis de côté?
- Alors, oui, mais par contre j'ai une idée : vous voyez comme l'histoire du deuxième bouquin est bien?
- Oui?
- Voilà, alors mon idée, c'est : et si on rendait ça nul?
- Jean-Michel, t'es un génie.


Et je passe sur la couardise des producteurs qui n'ont pas eu les couilles de se débarrasser complètement du personnage de Mr Mercedes (par peur que les audiences chutent, j'imagine) et dont le va-et-vient constant en mode "ni avec, ni sans" m'exaspère horriblement.

(Une fois pour toutes, si on prend la décision de tuer un personnage, ON S'Y TIENT.)

(Sauf si on est George R.R. Martin - il a un passe-droit.)


The Handmaid's Tale

Alias "l'histoire d'un effet ascenseur".

Car, autant la saison 2 de la série m'avait surprise par sa capacité à aller au-delà du matériau de base (je rappelle que le livre s'arrête à la fin de la saison 1), autant la saison 3 m'a surprise dans le sens inverse.

Et comme une image vaut mieux qu'un long discours, voici un petit graphique (à cliquer pour voir en grand):


Les raisons de cette déception sont multiples, mais il y a deux choses qui m'ont particulièrement dérangé dans cette saison :

1. Le scénario n'aurait jamais dû avancer aussi loin, ou alors, il aurait dû continuer sans June.

J'veux dire, on passe toute la saison 1 et 2 à t’expliquer à quel point Gilead est un cauchemar, comme ils écrasent toute ombre de menace d'un coup de botte implacable, et là June leur met la misère et POURQUOI VOUS NE LA BUTEZ PAS?

(Alors ils essayent bien de justifier ça péniblement à coups de "Ouuiii maiiis elle est connue à l'international maintenant, ça nous donnerait une mauvaise image" et LES MECS! Vous croyez vraiment que c'est ça qui va sauver votre image? Vous êtes littéralement des talibans!)

C'est le gros problème dans lequel le scénario s'est empêtré : la série est l'une des seules productions Hulu à marcher (et je dis vraiment ça pour ne pas dire "LA seule production Hulu à marcher"), ce qui excluait fatalement d'en faire une minisérie. Et d'ailleurs, l'univers de Gilead est tellement riche que ça aurait été tout à fait bienvenu d'en faire, par exemple, une anthologie : ces séries basées dans le même univers et où les personnages changent à chaque épisode (comme Black Mirror) ou à chaque saison (comme Fargo ou True Detective).

Le souci, c'est qu'Elisabeth Moss est tellement devenue le visage de la série que les showrunners ont clairement décidé qu'elle ne pourrait pas exister sans elle. Du coup, son personnage est encore vivant, protégé uniquement de son armure en scénarium, et ça rend tout l'univers de Gilead complètement incohérent - cf. tous les gens que June approche qui se retrouvent exécutés, tandis que June elle-même, l'instigatrice de toutes les tentatives de rébellion, ne reçoit aucune forme de punition.

Pire encore, cette invulnérabilité rend le personnage super antipathique ("Ouééé venez on fait la rébellion on s'en bat les steaks, vous allez mourir okay mais pas moi alors osef") ("Ouééé je fais de l'abus de faiblesse oklm, allez viens on va voir ma fille tant pis si tu finis sur le mur, déso pas déso") alors que c'est justement sa compassion dans ce monde implacable qui lui donnait son humanité et la rendait sympathique dans les saisons précédentes.

2. "Bonjour on est à court d'idées et ça se voit".

Donc, non seulement on a des idées de scénario à la mords-moi le noeud juste histoire de rajouter du trash ("Et là on dirait que les servantes elles ont la bouche cousue!") (Oui mais carrément non, ça n'a aucun sens, même pour Gilead) mais en plus, même la mise en scène a un sérieux coup de mou.

En effet, les deux premières saisons jouaient beaucoup sur la photographie, les décors, les costumes et les plans de caméra pour créer une ambiance à la fois grandiose et sinistre (on avait notamment beaucoup de jeux avec les couleurs, entre le rouge des servantes et le bleu madone des épouses).

Là, j'ai juste eu l'impression de passer la saison entière à regarder la même tronche d'Elisabeth Moss grimaçante en gros plan.




("Endiré cé un ange lol ki dautre la remarqué?")

Bref, la saison 4 est confirmée, mais elle se fera sans moi, j'en suis désolée.


Game of Thrones


Tu t'en doutais, on s'en doutait tous.

On se voilait tous la face à base de "Ouiiii c'est vrai la saison 7 était un peu pétée du cul, avec tous ces développements entre les personnages rushés à fond, et ces déplacements en mode téléportation, MAIS à coup sûr on va avoir droit à un grand final! Ça va être extraordinaire, ça va être monumental, et ça va rattraper la pente descendante sur laquelle la série s'est engagée depuis qu'elle ne suit plus les livres!"

(Ouais, parce qu'on a tendance à l'oublier, mais j'ai revu l'intégralité de la série, et y'a pas à dire, ça commençait déjà à chier dans la colle à la saison 6.)

(A part l'épisode de la bataille des Bâtards, qui était probablement le meilleur de toute la série.)

Sauf qu'on se berçait évidemment d'illusions, j'veux dire, revoyez la saison 7, on n'allait pas rattraper ça. Le gâteau était déjà cramé, au mieux, on allait juste coller un glaçage par-dessus.

Mais bon, pour autant, est-ce qu'on était obligés de faire un GLAÇAGE A LA MERDE?

Je vais essayer de ne pas m'étendre là-dessus outre mesure, parce que tout a déjà été dit sur cette série et cette foirade monumentale, cette déception qui n'avait d'égale que les attentes gigantesques des fans (clairement, on attendait un miracle, ça n'a pas aidé).

Donc, je ne vais pas m'attarder sur les soucis de rythme (2 épisodes pour préparer ce pet mouillé qu'a été la bataille de Winterfell, vraiment?), les problèmes techniques (alô ui cé l'épisode 3, on voudrait de la lumière merci) ou encore les énormes incohérences – genre, au hasard, Rhaegal qui se fait tuer EN PLEIN VOL par une BALISTE.




(C'est bon, j'ai corrigé la page Wikipédia pour vous, les potes.)

Et encore, niveau incohérences, je n'ai fait qu'effleurer la surface (kikou les Dothraki qui re-spawnent) et je ne vais pas rentrer dans les détails parce que sinon ça sera beaaauuucoup trop long.

(Par contre, si un jour vous voulez rigoler, allez voir Professeur Flaxou et mentionnez la bataille de Winterfell devant lui. Croyez-moi, c'est très fun de le voir devenir tout rouge.)

("QUI MET DES CATAPULTES DEVANT DES MURAILLES? QUI MET DE L'INFANTERIE LÉGÈRE DEVANT DES TRANCHÉES? ET CETTE CAVALERIE QUI CHARGE DANS LE NOIR AAAAAH!")

Pour moi, le plus gros gâchis de cette ultime saison de Game of Thrones restera le développement des personnages. Ce qui faisait la force de la série (et des livres), c'était justement la psychologie nuancée – chose par trop rare dans la fantasy, d'ailleurs. C'est toute la leçon de la saison 1 ; le seul "bon" personnage, Ned Stark, se fait buter justement A CAUSE de son honneur, de son sens de la morale, et de sa quête de la vérité.

Et ce côté nuancé passe complètement à la trappe dans la saison 8 (après un virage déjà bien amorcé dans les deux saisons précédentes) (on en parle, de Stannis Baratheon qui crame sa fille sans sourciller?) (non, on n'en parle pas, cet article est déjà bien trop long putain!)

Je vais passer assez rapidement sur les personnages qui deviennent cons comme des planches juste parce qu'il fallait faire passer les ficelles du scénario – genre, au hasard, Varys le roi des intrigues de cour et des conversations feutrées, qui passe en mode "BONJOUR JON TU VEUX FAIRE DE LA TRAHISON AVEC MOI? PARLONS-EN BIEN FORT DEVANT LES GARDES DE DAENARYS OH OH OH"

(Et ne me lancez même pas sur Tyrion ou Sansa, ils ont tous perdu mille points de QI en deux saisons, c'est affligeant.)

(Je suis aussi super attristée que le parentage de Jon Snow, enfin révélé, aie absolument ZÉRO incidence sur le scénario – à part rendre Daenerys jalouse, okay, super.)

(Genre, on a même pas pu voir ce que ça fait à Jon de réaliser qu'il est un enfant légitime – lui qui a vécu toute sa vie avec son étiquette de bâtard.)

(Okay, Kit Harrington est un très mauvais acteur, mais ça aurait quand même été sympa d'avoir une ou deux scènes pour en parler!)

Mon plus gros crève-coeur restera tout de même la storyline de Jaime complètement massacrée, alors que c'est selon moi le personnage avec l'arc narratif le plus intéressant!

J'veux dire, on part sur un gars qui POUSSE UN GAMIN D'UNE FENÊTRE pour protéger sa liaison avec SA SŒUR, difficile d'imaginer plus ignoble, on est d'accord?


(MAIS CRÈVE BÂTARD)

Et pourtant, au fur et à mesure qu'on apprend à connaître Jaime, l'impossible se produit : on commence à avoir de l'empathie pour lui.

A partir du moment où il est capturé par Robb (et loin de Cersei), il se dévoile peu à peu comme un personnage complexe. On le voit agir pour la première fois de manière désintéressée quand il empêche le viol de Brienne (ce qui lui coûte une main), mais ensuite, on apprend que ce n'était pas la seule fois qu'il a agi pour le bien commun et payé le prix fort en contrepartie : il a assassiné le roi Aerys d'un coup d'épée dans le dos, alors que ce dernier avait prévu d'incendier toute la capitale. Le fait de tuer le roi (auquel il avait juré sa loyauté) a entaché sa réputation à jamais, mais lui ne le regrette pas une seule seconde. Il a sacrifié son honneur pour sauver des milliers de gens, et s'en balek complètement de ce qu'on peut penser de lui – il sait qu'il a fait le bon choix.


Cette scène est géniale, parce que non seulement elle change la manière dont on voit Jaime, mais aussi, rétrospectivement, la manière dont on voit Ned Stark (qui, plus tôt dans la saison 1, avait un échange méprisant avec Jaime au sujet de cet épisode).


On se rend compte désormais que Jaime est un homme d'honneur, MAIS seulement quand sa relation avec Cersei n'est pas menacée – parce que, par amour pour elle, il ferait n'importe quoi (y compris pousser des enfants d'une tour, donc).

Et, au fur et à mesure que les saisons progressent, Jaime se libère peu à peu de l'influence toxique de sa soeur. Alors, okay, ça prend plus de temps que je l'aurais souhaité (genre Cersei crame la septe de Baelor, c'est la raison pour laquelle t'avais tué le roi précédent, mais là non, rien?) MAIS au final, Jaime met enfin les bouts, laisse sa soeur en plan, et va combattre les zombies de glace à Winterfell.

Non sans au passage s'abandonner enfin aux bras de Brienne de Tarth, et l'adouber par la même occasion, mais YES elle le mérite tellement mon petit cœur chavire de bonheur!


 (Je les shippe depuis la saison 3 mais quelle satisfaction!)

Et puis.... et puis on efface tout et on revient au début.

Jaime repart à King's Landing, il retrouve sa sœur, et il meurt avec elle, écrasé par un vieux parpaing.

Quoi? Mais pourquoi?

Tout allait tellement bien! Il s'était enfin affranchi de Cersei! Il avait enfin accepté d'ouvrir son cœur à quelqu'un d'autre! Le progrès était fait!

Alors POURQUOI revenir en arrière?


(Mais NON! Ça fait cinq saisons qu'on sait que NON!)

(Et je passe sur son petit discours en mode "Moi je suis là pour Cersei, je m'en balek des habitants de King's Landing" genre MEC SÉRIEUSEMENT?)

Bref, un gâchis total.

Et puis, bien sûr, on a Daenerys, avec des scénaristes en roue libre en mode :

- Hi hi en fait c'est une méchante, avouez vous l'avez pas vu venir! Vous devez vous sentir bien cons maintenant!

Sauf que NON, la psychologie des personnages, ça ne marche pas comme ça.

NON, ça ne suffit pas d'avoir Tyrion qui balance "Han mais en fait elle a déjà fait preuve de cruauté par le passé, on l'avait juste mis de côté pasqu'elle est jolie et qu'on est nuls". NON.

Primo, c'est pas très malin de faire ça dans un monde médiéval où TOUT LE MONDE fait preuve de cruauté TOUT LE TEMPS, même les "gentils" (genre, au hasard, Jon Snow qui exécute un enfant, ou Arya qui TUE TOUTE LA FAMILLE DE WALDER FREY ET LUI FAIT BOUFFER SES FILS), donc excusez-moi si ça fait pas très pro d'amener une réflexion beaucoup trop moderne sur le coût humain de la guerre comme un cheveu sur la soupe, en mode "gné gné la Convention de Genève". NON.

Secundo, ça ne suffit pas d'utiliser quelques exemples de cruauté ciblée (crucifier des esclavagistes) et de s'en servir pour justifier que Daenerys devienne d'un seul coup Hitler avec un lance-flamme. NON.


("Endiré cé un démon lol ki dautre la remarqué?")

Au final, je suis, comme tout le monde, déçue par cette fin.

Je pense que la série a signé son arrêt de mort au moment où elle a quitté les plate-bandes des livres – et je pense, d'ailleurs, que la fin dans les livres sera beaucoup mieux amenée, même si on finit sur les mêmes lignes (ce qui d'ailleurs n'est pas certain).

(Et, oui, je suis toujours persuadée que les livres vont sortir un jour.)

(Je suis optimiste, laisse-moi tranquille.)

Fort heureusement, il y a eu pléthore d'excellentes nouvelles séries en 2019 qui ont largement, très largement compensé ces trois séries décevantes.

Et ce sera le sujet de mon prochain article!

(Ou de mes deux - trois - quatre prochains articles.)

(Ça dépend à quel point j'arrive à contenir mon enthousiasme.)

(Mais y'a eu The Mandalorian ET The Witcher la même année, alors accroche-toi à ton slip.)

Des bisous!

Séries 2019, partie 1 de la partie 2 : le top

$
0
0
Oh là là, mes agneaux, mais qu'est-ce qu'on a été gâtés en séries de qualitay cette année!

Pour la première fois, j'ai pas moins de TREIZE séries dont je veux absolument te parler, et qui sont toutes sorties en 2019 (à l'exception d'une sortie en 2018 mais que j'avais ratée à l'époque) (bon, on ne peut pas être parfaite tout le temps non plus, sinon c'est fatigant pour les autres).

Et on commence tout de suite sur du court et du léger:

13. Living with Yourself


Cette courte série Netflix (8 épisodes de 30 minutes, la longueur parfaite pour une comédie) nous présente le personnage de Miles Elliot, un gars banal qui bosse dans la pub, sauf que pas si banal parce qu'il est joué par Paul Rudd, alias le mec qui ne vieillit pas (au point que des magazines en ligne en font des quiz) (en gros, le mec a l'air d'avoir 30 ans depuis qu'il a 20 ans) (et encore maintenant, alors qu'il en a 50) (oui, CINQUANTE!)

Bref, on s'en fout un peu que Paul Rudd soit un vampire immortel, mais ce qui est cool par contre, c'est que c'est un excellent acteur comique– et on n'a pas eu besoin d'attendre Ant-Man pour nous le prouver, car toi et moi, les vioques, on s'en souvient bien sûr comme Mike dans F.R.I.E.N.D.S.


(Non? Juste moi? Okay)

Et il excelle particulièrement dans cette série, où il se retrouve à jouer... deux personnes.

Le pitch est court : Miles traverse un sérieux coup de mou, professionnellement comme sur le plan amoureux (sa femme veut un enfant depuis ce qui semble être des années, et il traîne toujours des pieds). Au bout du rouleau, il se rend à un "spa" sur les conseils d'un collègue, et je mets "spa" entre guillemets parce que le traitement coûte genre CINQUANTE MILLE DOLLARZ et mec, pourquoi tu y vas?

Bref, il y va, se retrouve sous anesthésie.... et se réveille enterré vivant, quelque part en forêt, en slip.

Et ce n'est qu'en rentrant chez lui qu'il découvre l'horrible vérité : il est désormais deux personnes. Il y a lui, et "nouveau Miles" : un clone, une copie conforme, avec ses souvenirs, mais aucun de ses traumas : un Miles optimiste, souriant, bosseur, enthousiaste, bref, un Miles pas encore entaché par la vie.

La série peut parfois devenir un peu cul-cul, et c'est ce qui explique sa place en bas du classement, mais globalement, elle tient bien la route, et ce uniquement grâce au charisme de Paul Rudd.

(On n'approche pas encore le génie de Tatiana Maslany dans "Orphan Black", mais soyons sérieux deux minutes, personne ne lui arrivera jamais à la cheville, cette série était super décevante mais Tatiana est un joyau, FIGHT ME.)


12. Miracle Workers


Un jour, on parait de séries, et quelqu'un a dit :

- Ah ouais, comme cette série cheloue, là, où Steve Buscemi c'est Dieu!

Et j'ai immédiatement écrit sur mon poignet "série S. Busc. dieu" pour ne pas oublier de le googler plus tard dans la soirée, c'est dire si ça m'enthousiasmait.

(Je ne réserve mon poignet que pour les choses primordiales.)

("encaisser chèque", "acheter lait BB", "chercher colis Amz.", les essentiels, quoi.)

Et j'ai bien fait, car cette série est bien ficelée, bien jouée, drôle, en un mot : c'est du FUN.

Le pitch, c'est Dieu (Steve Buscemi, donc) (dans une vibe très loin de "Boardwalk Empire", et plutôt "frères Coen") qui, après des siècles à avoir délaissé la terre, se rend compte que c'est devenu nawak et décide de tout faire péter. Eliza, un "ange" de bas étage (elle est chargée de réaliser les tout petits miracles) (genre aider les gens à retrouver leurs clefs) lui lance un défi : si elle et son équipe arrivent à réaliser une prière jugée impossible, Dieu épargnera la terre.

En plus de Steve Buscemi, on retrouve au casting Daniel Radcliffe, l'ex-Harry Potter qui semble s'être assigné comme quête dans la vie de n'accepter que des sénarios complètement barrés (cf. l'excellent et inénarrable "Swiss Army Man").

Et, bonne nouvelle ! La série a été reconduite pour une saison 2, MAIS c'est une anthologie, donc on évite l'écueil d'une bonne idée qui tournerait au vinaigre par effet de répétition. (On a donc droit à une nouvelle histoire, qui se déroule au Moyen Age, avec les mêmes acteurs qui campent des personnages totalement différents).

11. Russian Doll


Une série gentiment allumée, portée par l'excellente Natasha Lyonne (alias Nikki la gentille junkie de Orange is the New Black)


(Qui joue d'ailleurs quasi exactement le même rôle que dans Orange is the New Black)

(Enfin je sais pas, je connais pas l'actrice, si ça se trouve c'est juste elle qui est comme ça tout le temps?)

(Si c'est le cas, on lui pardonne, parce qu'elle est très drôle.)

Bref, c'est l'histoire de Nadia qui meurt le jour de son anniversaire, puis se retrouve à revivre sa soirée d'anniversaire à l'infini, en réapparaissant toujours dans la salle de bains de sa pote. A chaque fois, ça se passe un peu différemment, et Nadia (qui, soit dit en passant, est designer de jeux vidéo, elle s'y connaît donc en respawns) essaye de lever le mystère sur sa boucle temporelle : est-elle au purgatoire? Doit-elle expier ses péchés pour revenir à la vie réelle? Tout cela n'est-il qu'un rêve ou un trip sous acide? Et où est donc passé son chat?


Les répétitions sont un peu barbantes au début, mais la série est suffisamment courte pour que ça ne devienne pas pesant, et puis tout ce mystère à base de boucles temporelles est drôlement prenant, au point qu'on peut très (TRÈS) facilement se binger toute la série en un dimanche glandouille.

(Je dis ça pour les gens heureux qui n'ont pas d'enfants levés à SIX HEURES DU FUCKING MATIN.)

(3615 aigrie)

Bref, cette série ne révolutionne pas le genre, mais est super sympathique, et ce à 90% grâce à son interprète principale, AKA la plus adorable des épaves.


(Merci pour ce moment.)


10. The Dark Crystal : Age of Resistance


Une série que je n'avais absolument pas l'intention de regarder, et qui faisait partie de la longue liste de trucs que Netflix essaye de me fourrer dans la tronche à chaque fois que je me connecte.

(NON, je vais pas regarder ta série danoise à trois francs six sous, juste parce que t'as vu que j'ai maté trois saisons de Vikings et une série en allemand, c'est pas la peine de me lancer la bande-annonce toutes les demi-heures, CALME TON SLIP NETFLIX.)

Donc là, Netflix arrêtait pas de me claquer des bandes-annonces (bande-annonces? bandes-annonce? Je sais jamais avec les mots composés, on a une langue cheloue) de Dark Crystal, en mode "épopée de dark fantasy", et moi je pouffais devant mon écran en mode :

- Non mais, les mecs, autant je ne suis pas la personne la plus mûre du monde, autant quand même on est d'accord que j'ai passé l'âge des Minikeums?

Car oui, la série est entièrement animée avec des marionnettes, et laisse-moi te dire que ça m'avait sévèrement refroidi.

(Faut dire que je ne suis pas une grande fan d'animation non plus.)

(Flaxou a dû me harceler pendant cinq ans pour que j'accepte enfin de regarder Ghost in the Shell.)

(Et honnêtement, je sais que c'est un chef-d'oeuvre et tout et tout, mais je me suis grave fait chier.)

(J'ai largement préféré Cowboy Bebop.)

(Que Fla a finalement réussi à me faire regarder sept ans APRES Ghost in the Shell.)

(Oui, ben j'étais refroidie par toute cette métaphysique de cyborgs, il m'a fallu un peu de temps pour m'en remettre.)

Ce qui m'a fait changer d'avis sur Dark Crystal, c'est Sarah qui m'a dit au détour d'un déjeuner suhsi du mardi :

- Ah dis donc, on s'est matés la saison entière de Dark Crystal en une semaine avec Flo! J'ai juste regretté qu'on l'ait vu en français, après avoir vu le casting de la V.O!

Et donc je suis allée voir le casting de la V.O, et ARE YOU DECONNING?


Mark Hamill, Simon Pegg, Helena Bonham Carter, Taron Egerton, Eddie Izzard, Mark Strong, Benedict Wong, Alicia Vikander, Bill Hader, SIGOURNEY FUCKING WEAVER, et même mon chouchou Andy Samberg?


Ajoute à ça la petite réunion Game of Thrones (parce que bon, la série est finie, leur planning est grand ouvert) avec les actrices Lena Headey (Cersei Lannister), Natalie Dormer (Margaery Tyrell) et Nathalie Emmanuel (Missandei).

(Ah oui, et y'a la meuf de Outlander, aussi!)

Bref, j'étais conquise avant même de connaître l'histoire, et en fait, il s'avère qu'elle est cool aussi! Incroyable!

(Qui aurait pensé que la série qui a fait signer mille artistes talentueux s'avérait avoir un bon scénario?)

Le pitch, je vais même pas essayer de te le résumer ici, parce que sans déconner c'est hyper complexe (d'ailleurs ci-mer à l'intro de la série et son déluge d'exposition, j'ai dû faire pause avant le générique juste le temps de digérer tout ça). Sache juste qu'il est question de méchants très méchants, de gentils braves et nobles, de prophéties, de mystères, ah oui et au cas où tu te dis que tout ça va donner un truc un peu mignon genre Narnia, NOPE y'a littéralement un meurtre dès le premier épisode.

(Donc, si tu as des enfants, ne regarde pas Dark Crystal avec eux.)

(Sauf s'ils ont au moins huit-neuf ans.)

Et si tu n'as pas d'enfants, bah va regarder Dark Crystal, et ouais je sais que c'est tout en animation mais sérieux mets la VO quand même, tu me feras plaisir.


9. What We Do In The Shadows


Une série tirée d'un de mes films comiques préférés (dont je t'avais déjà parlé ici),donc au départ j'étais un peu sceptique, comme quand on annonce n'importe quelle adaptation d'un truc que j'adore.

Parce qu'il faut savoir que je suis quand même une personne qui a très facilement tendance à la hype, et donc ça m'est déjà arrivé de me sentir trahiemeurtrieéviscérée un peu déçue par une mauvaise adaptation.

(Genre, au hasard, le film de la Croisée des Mondes.)

(On en reparlera un peu plus loin dans ce classement.)

Et il s'avère que je n'avais aucune raison de m'inquiéter, parce que cette série est franchement super.

L'histoire est la même que le film (des vampires immortels, dans le monde moderne, qui vivent en coloc) mais on a de nouveaux personnages, et l'action est transposée de Nouvelle-Zélande aux Etats-Unis, où le clan établit progressivement son emprise sur le pays entier...


J'aime cette série pour son humour gentiment allumé (dans la même veine que Wellington Paranormal, dont je t'avais parlé l'an dernier) (et qui d'ailleurs se passe dans le même univers!)

(Marvel Cinematic Universe mon cul, oui)

(Wellington Vampires Cinematic Universe, ça, ça en jette!)

Bref, je n'ai pas grand-chose à te dire de plus sur cette petite série, si ce n'est que c'est DRÔLE.


Et laisse-moi te dire qu'après l'année 2019 et ses séries tragiques, ça fait du bien de rigoler un peu.

(Tu te rappelles l'an dernier, quand j'ai regardé la saison 2 de the Handmaid's Tale et que j'ai failli mourir de chagrin?)

(Oui ben ça va, cette année, c'est quand même plus soft.)


8. Catch-22


Une mini-série (ouiiii!) (j'adore les mini-séries!) (c'est comme un très long film dans lequel tu t'investis à fond, mais t'y passes pas ta vie!) (100% gagnant) basée sur un livre que j'aime beaucoup.

(Et là j'avais envie de rajouter "par un auteur que j'aime beaucoup", parce que ça fait intellectuel,  mais allez, tu sais quoi, j'ai 31 ans, j'ai plus le temps de faire ma prétentieuse, je peux tout aussi bien t'avouer que je n'ai rien lu d'autre de cet auteur.)

Pour la petite histoire, le titre du livre est devenu une expression courante en anglais, pour désigner une situation paradoxale et qui se mord la queue. (Dans le livre, c'est le fait que, si un pilote demande à être retiré du combat parce qu'il se sent psychologiquement instable, c'est de facto la preuve qu'il est sain d'esprit, et donc il doit continuer à se battre.)

La série suit très fidèlement le déroulement du livre, qui se passe pendant la Seconde Guerre Mondiale, sur le front italien, où l'on suit la vie d'une troupe américaine basée près de Bologne. Le livre est étonnement drôle pour une histoire de guerre, et du coup tu t'amuses bien à lire les histoires de cette bande de bras cassés, genre y'a ce type qui s'appelle Major Major, et en fait c'est son nom et son prénom, et à l'armée ils en font un major par erreur, et donc il s'appelle Major Major Major, ha ha c'est marrant BOUM TOUT LE MONDE MEURT!

Ouais, juste quand tu commençais à te détendre, l'auteur te ramène à la dure réalité, et tout ce petit monde commence à crever un par un, t'sais, une fois que t'y étais bien attaché?

(On voit chez qui George R.R. Martin est allé prendre des cours.)

Donc ouais, tout ce que je peux te dire de cette série, c'est :

- Elle est très bien réalisée

- Les acteurs sont excellents

- NE T'ATTACHE PAS TROP, TOUT SENTIMENT DE SÉCURITÉ N'EST QU'UNE DOUCE ILLUSION, LES GENS QUI ONT CATÉGORISÉ CETTE SÉRIE DANS "COMÉDIE" DOIVENT ALLER SE FAIRE EXAMINER FISSA.

Je te laisse avec ce petit meme que j'ai trouvé sur le perso de Milo Minderbinder (à peu près la seule différence fondamentale entre le livre et la série):


Et tu sais quoi? Je viens de me rendre compte que j'ai mis à peu près mille jours à pondre ce demi-article, et que je ne t'ai même pas encore parlé de mes VRAIES séries préférées de l'année (spoiler alert : je vais écrire dix pages rien que sur le Witcher) ET DONC je scinde mon article en deux ici, sinon il ne sortira jamais.

A bientôt (LOL) (NON) (à dans un mois si j'ai de la chance) pour parler du reste!

Des bisous!

Séries 2019, partie 2 de la partie 2 : le top (suite et fin) (enfin!)

$
0
0
OK, reprenons ce top des meilleures séries 2019, en attaquant avec ce que j'appelle "la Trinité des adaptations réussies" :


7. His Dark Materials


Ah là là, mais j'avais TELLEMENT peur de cette série!

Si tu me suis depuis un moment, tu comprends pourquoi : la trilogie de la Croisée des Mondes, quand j'étais ado, c'était toute ma vie.

Et je n'exagère même pas! C'était littéralement TOUTE. MA. VIE.

Je ne sais même pas combien de fois j'ai lu ces livres, mais sache qu'entre les âges de 12 et 14 ans, je les ai lus EN BOUCLE NON-STOP.

(Je me souviens qu'à chaque fois, j'essayais de m'arrêter.)

(Genre "allez, cette fois-ci, après le tome 3, j'arrête! Je lis autre chose! Promis, juré!")

(Et puis je finissais systématiquement en larmes à la fin du tome 3, ma vie semblait vide de sens, et, les yeux encore humides, je titubais jusqu'à ma bibliothèque, j'attrapais le tome 1, et c'était reparti pour un tour.)

Bref, tu comprendras que c'est une oeuvre à laquelle je suis énormément attachée, pour laquelle j'ai une dévotion totalement irraisonnée, et que tout ce qui touche à ces livres est très chargé émotionnellement, et que donc, fatalement, je suis incapable d'être objective avec ces bouquins.

(Un peu comme avec le Seigneur des Anneaux, mais peut-être même encore pire, si c'est possible.)

(Genre, avec le Seigneur des Anneaux, même moi je suis capable d'admettre que les cent premières pages du bouquin servent peu ou prou à rien.)

(J'irai même jusqu'à dire qu'on se fait carrément iech jusqu'à ce qu'on arrive dans la Vieille Forêt.)

Alors que tu ne m'entendras jamais dire un seul truc négatif sur la Croisée des Mondes.

Chaque page est parfaite, chaque mot un délice, chaque apostrophe un bijou, FIGHT ME SI T'ES PAS D'AC.


Du coup, comme beaucouptous les fans, j'avais été hyper déçue quand l'adaptation filmique est sortie en 2007.

Déçue, mais pas surprise, parce que tout le projet puait dès le départ, entre les huit mille ans qu'il a fallu pour écrire le scénario, le réalisateur qui tentait en vain de se casser de la prod, la pression religieuse pour empêcher la sortie du film, FUCKING NICOLE KIDMAN EN MADAME COULTER, bref, choisis ton poison.


(Moi sortant de la salle de ciné en 2007)

D'ailleurs, le film a tout juste rapporté assez pour être rentable, et les deux suites programmées ont été annulées quasi-instantanément.

Les problèmes étaient donc multiples, mais, selon moi, le film bénéficiait tout de même de quelques points forts – notamment des effets spéciaux franchement magnifiques pour l'époque, et un casting très convaincant (à part cette énorme erreur avec Nicole Kidman, dont je ne me remets pas même si ça fait dix ans).

(J'veux dire, on avait quand même Christopher Lee en tête du Magisterium, et Ian McKellen qui faisait Iorek Byrnison! C'était magique!)

Le gros problème de ce film, selon moi, c'était son déluge d'exposition. Deux heures, ça ne suffit simplement pas pour nous présenter tout un monde si radicalement différent du nôtre.

Et ce, d'autant que toute l'histoire du tome 1 se passe au milieu de natifs de ce monde, ce qui rend l'exposition incroyablement compliquée à l'écran!

J'veux dire, dans un livre, c'est facile, tu as un narrateur omniscient, et un accès direct aux pensées des personnages. Donc, pour expliquer, par exemple, ce qui se passe quand un humain et son daemon essayent de se séparer, on a cet extrait :


Et voilà, en quelques lignes, on comprend que l'être humain et son daemon sont liés par un lien extrêmement fort, qu'ils ne peuvent pas se passer l'un de l'autre, mais qu'étant tout de même deux entités différentes, ils ne se sentent jamais seuls. Autant de petits morceaux d'explications qui vont être très importants pour la suite de l'intrigue : quand on va arriver au passage où le Magisterium coupe ce lien entre les enfants et leurs daemons, on comprendra l'horreur que c'est. On saura que c'est similaire à une excision (d'ailleurs, le livre y fait explicitement référence, au cas où la métaphore n'était pas assez claire).

A l'écran, c'est beaucoup plus dur de retranscrire tout ça, il faut donc avoir recours à des techniques d'exposition : la plus connue (et la moins intrusive) est d'avoir recours à un personnage extérieur, à qui on explique comment le monde fonctionne. De cette manière, l'exposition est graduelle et naturelle. (C'est par exemple le cas dans Harry Potter, où Harry ne connaît pas le monde des sorciers, et ses amis lui expliquent le fonctionnement de l'univers au fur et à mesure des livres.)

Dans notre cas, c'est évidemment impossible, on a donc le choix entre trois modes d'exposition pas vraiment idéaux : la voix off (qui peut être très bien, comme dans "les Affranchis", ou absolument atroce, comme dans "Blade Runner"); le "je te balance tout dans les cinq premières minutes et on n'en parle plus"(cf. le Seigneur des Anneaux, ou encore Star Wars qui fait encore plus paresseux avec juste un texte qui défile); ou pire encore, ma bête noire: le "comme vous le savez".

Cette technique que j'abhorre consiste à prendre des personnages qui sont TOUS au courant de ce qui se passe dans leur monde, mais, comme le spectateur, lui, n'est pas au courant, ils vont quand même tout s'expliquer les uns aux autres.

(C'est notamment une technique très courante dans la série Big Bang Theory, où, quand Penny n'est pas là, les scientifiques s'expliquent à eux-mêmes des trucs qu'ils savent forcément, mais que nous, spectateurs, ignorons peut-être.)

("Tu connais, bien sûr, la théorie du chat de Schrödinger.""Tu veux dire, la théorie selon laquelle un chat est placé dans une boîte avec du poison, et tant qu'on n'a pas ouvert la boîte, le chat est théoriquement mort et vivant en même temps?""Oui.""Oui.")

C'est super bancal, super maladroit, et, perso, ça me sort direct de l'action, parce que c'est pas crédible pour un sou.



Le film "La boussole d'or" (un nom bien crétin aussi, d'ailleurs, mais je vais pas commencer sinon on en a encore pour quatre pages) a opté pour un mélange entre la narration du début de film, et le "comme vous le savez". Il est, du coup, complètement indigeste ET bizarrement, c'est également pas assez expliqué, parce que si on regarde le film sans avoir lu les livres, c'est quasi impossible à comprendre.

Du coup, on a deux heures d'explications d'un univers et de présentation de personnages, et zéro focalisation sur l'intrigue (qui est pourtant super!). Je suppose que le film comptait sur les deux suites pour nous en mettre plein la vue, mais... bon... voilà quoi.

Fort heureusement, quand on est face à une série, on a le luxe d'avoir plein de temps pour tout expliquer dans le récit même, avec des dialogues ou des effets de mise en scène, et ainsi partager le temps d'écran entre l'intrigue et les explications.

C'est ce que fait cette saison 1, plutôt bien, étant donné que Professeur Flaxou (qui n'a jamais lu les livres) a réussi à tout suivre avec un minimum d'interventions de ma part – mis à part le fait qu'en bon scientifique, il est incapable d'accepter le concept d'allégorie:

- Mais le coup de changer de forme, ça va pas! D'un point de vue physique, tu ne peux pas créer de matière à partir de rien! Donc un daemon souris ne peut pas se changer en éléphant! D'où vient la matière?
- De la Poussière!
- .... Ouais enfin ça me plaît pas trop tout ça.

Et quand c'étaient pas des considérations physiques, c'était la biologie qui entrait en ligne de mire:

- Donc le daemon est lié à son humain?
- Oui.
- Est-ce que du coup il fait tout en même temps que son humain? Genre, si l'humain a envie de pisser, est-ce que le daemon doit pisser aussi?
- Je....
- On n'a pas encore vu de daemon manger. Est-ce que les daemons mangent?
- C'est pas...
- Si deux humains niquent, est-ce que leurs daemons niquent aussi?


- Oh! Oh! J'en ai une autre! Si le daemon de Lyra est sous sa forme de belette, et qu'il a envie de pisser, et qu'il se change en tigre, est-ce qu'il a encore envie de pisser? Est-ce que la quantité d'eau dans sa vessie est restée la même, ou est-ce qu'elle a augmenté parallèlement à la taille de sa vessie?


(Okay, Professeur Fête de la Science, on se calme)

A part ça, la série est extrêmement fidèle au livre (limite TROP fidèle, en fin de compte) à part pour deux ou trois trucs qui n'ont pas vraiment lieu d'être (Mme Coulter peut se séparer de son daemon???! Mais d'où?)

Je m'attendais au pire avec cette série, et du coup j'étais sur mes gardes pour TOUTE variation des bouquins – genre, au hasard, quand ils commencent à faire allusion à Will dans l'épisode TROIS!

La télé : "Grumman venait en fait de mon monde, il s'appelait John Parry. Sa femme est encore ici, à Oxford. Et elle a.... un fils."

Moi devant la télé:


("Arrêtez tout c'est beaucoup trop tôôôôt!")

Finalement, je trouve que c'était une super idée d'inclure Will dès la saison 1. Déjà, ça nous évite de commencer la saison 2 avec une-demi heure de la vie d'un mec qu'on connaît pas, et puis ça fait un parallèle sympa avec l'histoire de Lyra, et du coup, on finit la saison 1 en sachant qu'ils vont se rencontrer, et on a déjà hâte!

(Enfin, moi j'ai hâte depuis 2001, mais j'imagine que pour vous pauvres hères, ça doit être cool!)

J'avais également un peu peur du casting parce que c'était la grande force du film (à part Nicole Kidman, donc) (oui, je l'ai déjà mentionnée trois fois, laisse-moi tranquille, je suis traumatisée) et que j'avais du mal à voir d'autres têtes camper mes personnages bien-aimés.

Bonne nouvelle, globalement, tout le monde fait le café (j'aime particulièrement Lin-Manuel Miranda en Lee Scoresby, charmant à souhait).

Après, déjà avant que la série sorte, j'avais entendu que Dafne Keene avait été castée en Lyra, et j'étais dans mon canapé en mode :

- La gamine dans "Logan"? La petite à la fois choupi et totalement sauvage? Oui! Mais OUI!


(Vous avez tout compris!)

Et puis ensuite j'ai vu qu'ils avaient casté Ruth Wilson (alias la psychopathe dans "Luther") en Mme Coulter, et là, on ne pouvait plus me tenir.


(Tout pareil)

Ma plus grande peur était que je trouvais James McAvoy beaucoup trop sympathique pour jouer Lord Asriel (le monolithique Daniel Craig et son regard froid de requin étaient d'ailleurs parfaits pour ce rôle), et finalement, Chacha Culpa, il est cruel et arrogant juste comme il faut, je le déteste, c'est super.

Par contre, pour le reste du casting, c'est un gros "Mouaiff", entre un John Faa beaucoup trop jeune et un Farder Coram qui...aurait été super en John Faa, finalement! Et je ne parle même pas de la déception de Lord Boreal, qui, pour un personnage exsudant à ce point le pouvoir, l'aristocratie et l'argent, aurait TELLEMENT dû être un vieil homme blanc!

Pour le reste, je n'ai que du bon à dire de cette série, à part deux déceptions :

1. Le combat des ours, beaucoup trop sage et pas assez sanglant (où est ma mâchoire décrochée?) (je VEUX ma mâchoire décrochée!)

2. Le design de l'aléthiomètre, qui est juste MEGA MOCHE.

Sérieusement, voilà à quoi il ressemble selon l'illustration du livre :


Le voici dans le film de 2007 :


Et le voilà dans la série :


NON!

JUSTE NON!

Qu'est-ce que c'est que cette mocheté carrée, toute fine, tout terne?

L'aléthiomètre, il est censé être précieux, lourd, en or massif! Là, on dirait juste un vieux Motorola à clapet! Vous vous êtes crus dans le premier Matrix? NON ! C'est dégueulasse!



(Pardon, je m'emporte.)

(Est-ce que j'ai mentionné que j'avais zéro chill face à cette oeuvre?)

Bref, mis à part beaucoup de pinaillage de ma part, sincèrement, cette série est super, elle respecte à donf le livre, tu peux y aller les yeux fermés.

(Mais steuplaît, pas de questions sur les daemons.)


6. Good Omens


Un de mes livres préférés, mais en même temps, Neil Gaiman ET Terry Pratchett qui écrivent un bouquin ensemble, est-ce que qui que ce soit pensait que ça aurait pu être autre chose que génial?

Eh ben, pas surprise, c'est génial.

Le pitch : la fin des temps approche, et les forces angéliques et démoniaques se préparent à l'Apocalypse : les Quatre Cavaliers se mettent en marche (enfin, à moto) et vont se mettre à la recherche de l'Antéchrist, un garçon de onze ans....Sauf que l'Antéchrist n'est pas le gamin que l'on croit. Et puis comme c'est Terry Pratchett, y'a aussi une sorcière, et des chasseurs de sorcières, et des prophéties, et un chien des enfers. Et, au milieu de tout ça, une amitié improbable entre un ange et un démon qui vont unir leurs forces pour empêcher l'Apocalypse.

La meilleure partie du livre (outre son style fabuleux) c'est justement ces personnages du démon Crowley et de l'ange Aziraphale, et là encore, je ne sais pas qui sont les directeurs de casting, mais OUI MILLE FOIS OUI VOUS AVEZ TROUVE LES ACTEURS PARFAITS.

La preuve, c'est que, quand je suivais la production de la série et que j'ai lu "David Tennant et Michael Sheen engagés pour la mini-série "Good Omens" d'Amazon", j'ai même pas eu besoin de lire le reste de l'article pour savoir qui était Crowley et qui était Aziraphale.


Le scénario suit très fidèlement le livre (à ceci près que l'action est transposée à notre époque, tandis que le livre se passait au "notre époque" de l'époque, c'est-à-dire la fin des années 80) ce qui n'a rien d'étonnant, puisque Neil Gaiman lui-même est le scénariste de la série, l'un des producteurs exécutifs, et a travaillé de très près avec le réalisateur Douglas Mackinnon (un habitué de la BBC, qui a notamment réalisé plusieurs épisodes de Doctor Who et de la série Sherlock).

Donc, si l'on récapitule : scénario béton, acteurs aux petits oignons (oui parce que j'ai oublié de te dire, mais on trouve aussi dans la série Jon Hamm (de Mad Men), Michael McKean (de Better Call Saul) et même une toute petite apparition de Nick Offerman), mais alors, est-ce que cette série serait parfaite?

Eh ben écoute, pas loin.

Mes deux seuls bémols concernent :

1. La narration omniprésente, et oui okay je comprends ce que vous vouliez faire, le livre possède un style inimitable et magnifique, c'était trop dommage de le perdre à l'écran, MAIS le résultat, c'est juste qu'on se retrouve avec une voix-off qui nous raconte exactement ce qu'on voit à l'écran, donc bof bof le doublon.

2. Les effets spéciaux hyper laids, et pour une série avec un budget pareil, c'est assez inexcusable.

D'autant que d'autres aspects de la série sont soignés à l'extrême, notamment les costumes, magnifiques!


(Notez le noir/rouge pour Crowley, avec ses petits détails qui rappellent son aspect démoniaque, comme sa ceinture en peau de serpent ; et le blanc/pastel d'Aziraphale, avec ses grandes épaules et revers de veste en référence à ses ailes d'ange.)

En résumé : regarde Good Omens, c'est une petite série pas très longue, marrante, bien jouée et globalement fort divertissante.

(Par contre, conseil d'amie : si tu cherches des gifs de cette série pour illustrer ton article, ne vas PAS sur Tumblr, c'est bourré ras la gueule de fanfictions sirupeuses et ZÉRO gifs.)

(J'ai dû aller sur Google Images pour trouver ce que je voulais.)

(GOOGLE IMAGES!)


5. The Witcher


J'AI TOUJOURS RAISON.

Voilà.

C'est le résumé de cette série.

Pourquoi? Parce que, quand on a entendu parler pour la première fois d'une adaptation en série du Witcher, Flaxou et moi on a eu une conversation qui ressemblait à peu près à ça:

- IIIIIIIIH!
- Cha....
- IIIIIIIIIIH!!
- Calme-toi.
- TROP TARD!!!

Eh non, on n'arrête pas le train de la hype une fois qu'il a quitté le quai, et moi j'avais entendu "Witcher""Netflix" et "Henry Cavill" dans la même phrase, c'était mort.

(Et d'ailleurs, au passage, MANDIEU ce que Netflix a pu traire le côté "Bonjour on a Henry Cavill regardez comme il est sexay")

(Limite ça me gênait de voir tous ces gros plans sur son pantalon moulant et son torse musclé.)


(Limite.)

Bref bref.

Le train de la hype était lancé, donc, et rien ne pouvait plus arrêter mon optimisme débordant : ni les premières images du look de Geralt :


(Featuring cette sublime perruque de chez Jour de Fête)

Ni les premières images de l'armée nilfgaardienne et leurs armures absolument hideuses:


(SÉRIEUSEMENT?)


(Même celle du jeu vidéo rendrait mieux!)

(Genre, telle quelle, en modélisation 3D, elle rendrait mieux!)

Et donc, alors que l'univers entier (= tous les fans du Witcher autour de moi) s'accordaient à dire que cette série allait être une sorte de daube série B à la Hercule et Xéna, moi seule, au milieu de ce torrent de discorde, je pépiais :

- Nan mais chais pas, je pense qu'il faut lui donner sa chance, franchement on n'a encore rien vu de définitif, vraiment je suis sûre que ça pourrait être bien!

Et tu sais quoi?

J'AVAIS RAISON!

LA SÉRIE EST BIEN!

Okay, elle est loin d'être parfaite : le côté "on fait du saut à l'élastique avec la chronologie" est parfois difficile à suivre (alors que j'ai lu les livres!), et les effets spéciaux font effectivement assez série B (cf. les yeux de Geralt, ou encore cette mocheté absolue qu'était le dragon de l'épisode 6).

(Par contre, je salue les chorégraphies des combats, qui sont de toute beauté – et, pour le coup, ne font pas du tout série B).

Le reste du temps, la série oscille entre le médiocre et le génie.

Les costumes ? Médiocres pour l'armée de Nilfgaard ou l'armure de sorceleur de Geralt, mais géniaux pour Yennefer et Jaskier.

Les acteurs? Médiocres pour Ciri ou Tissaia, excellents pour Geralt et Jaskier.

(Yennefer surjoue à donf, mais en même temps, c'est Yennefer, quoi.)

L'intrigue? Médiocre pour tout ce qui se trame du côté de Cintra, en revanche DONNEZ-MOI PLUS DE BROMANCE AVEC GERALT ET JASKIER!






(Petit quiz : sauras-tu deviner qui est mon personnage préféré?)

(Oui je sais, c'est hyper difficile.)


4. The Mandalorian


Alors, avant toute chose, je tiens à dire que je ne me considère pas comme une "fan" de l'univers Star Wars.

Certes, j'ai vu la trilogie originale au moins quinze fois, mais c'est plus pour un côté Madeleine de Proust que de la véritable passion.

(Telle que la passion qui m'étreint encore à chaque fois qu'apparaît à l'écran le titre du Seigneur des Anneaux.)

(Avec la petite musique mystérieuse, là, t'sais.)

(Ça me fait des petits frissons de bonheur à tous les coups.)

(Bref bref.)

Je reste très attachée à la trilogie originale, mais je n'ai jamais vu dans la saga Star Wars quelque chose de plus qu'une machine à divertissement pop-corn (un peu comme Indiana Jones, que j'affectionne également).

(Sauf cet épisode moisi avec les aliens en cristal, là.) (Celui-là n'a jamais existé.) (Et honnêtement, je cours pas après le Temple Maudit non plus.) (C'est un peu genre "bonjour, vous reprendrez bien un peu de racisme?") (BREF.)

La bonne nouvelle pour moi, c'est que je n'ai jamais eu d'attentes face aux films Star Wars, et donc, je n'ai jamais été déçue.

(Enfin, sauf par l'épisode I, bien sûr.)

(Faut pas déconner.)

(Jar-Jar Binks.)

Et donc, je suis restée complètement en dehors de tous les débats houleux qui ont agité la fanosphère quand la nouvelle trilogie est sortie.

Parce que moi, quand j'entendais "Ouin ouin ces nouveaux films ne sont pas assez originaux", je me disais juste"Oui, et?" Parce qu'en fait je m'en fous, moi je suis là pour manger mon pop-corn et regarder les vaisseaux spatiaux exploser, je suis une femme simple.

(Je précise aussi que je n'ai toujours pas vu le dernier volet, celui qui semble avoir tant déçu tout le monde, donc je ne peux pas donner mon avis dessus.)

(Mais vu que j'ai somme toute bien apprécié les volets VII et VIII, il y a de fortes chances que ce dernier me plaise quand même.)

Tout ça pour te dire que, quand j'ai entendu parler de la série The Mandalorian, mes attentes étaient exactement les mêmes que pour les films Star Wars : elles étaient super basses.

Pas de "tchou-tchou, en avant sur le train de la hype" pour moi. Pas de suivi fiévreux de la production, pas de compte à rebours avant le lancement de la série, juste un :

- Ah tiens, cette série Star Wars est sortie, tu veux tester le premier épisode?

Et OUAH DUDE COMME JE ME SUIS PRIS UN UPPERCUT DE QUALITÉ DANS LA FACE.

Je m'attendais à rien, et d'un coup j'ai été transportée à la cime de la crème!

(C'était l'anti-La Boussole d'Or.)

Le scénario est béton, les acteurs sont magnifiques (Werner FUCKING Herzog!), les décors splendides, les costumes sublimes, les effets spéciaux de toute beauté, et BÉBÉ YODA!


BÉBÉ YODA! 


C'EST COMME YODA MAIS EN BÉBÉ! 


JE MEURS DE MIGNONNETÉ !

Alors je sais pas si c'est parce que j'ai peut-être encore un relent d'hormones, mais je t'avouerai que c'était physiquement impossible de me retenir de soupirer d'adoration à chacune de ses apparitions à l'écran.

Pour autant, je ne dirai pas que c'est le meilleur atout de la série.

(Parce que je ne peux décemment pas dire ça d'une série qui a Pedro Pascal dedans.)

(Le meilleur atout d'une série avec Pedro Pascal, c'est FORCÉMENT Pedro Pascal.)

Bref, cette histoire d'un chasseur de primes qui se retrouve papa de substitution et renonce à son attitude sans scrupules pour révéler un coeur d'or n'est certes pas originale, mais en même temps, si on voulait des histoires originales, on n'irait pas lorgner du côté de chez Star Wars.

(Alias l'histoire basée entièrement sur tous les mythes fondateurs de toutes les civilisations de toute l'histoire de l'humanité.)

(Héros -> mentor -> quête -> sacrifice -> défaite -> mort -> résurrection -> triomphe)

J'ajouterai juste que les trois premiers épisodes de cette saison 1, si on les mettait bout à bout, pourraient être projetés en salle tels quels et faire un meilleur film que quasiment n'importe quel Star Wars sorti au cinéma.

(A part l'Empire Contre-Attaque.)

(Faut pas déconner, bis.)


3. Chernobyl


Bon, je te préviens tout de suite, le top 3 de cette année est MOROSE.

(Mais c'est pas de ma faute si les meilleures séries sont atrocement déprimantes!)

Et quoi de plus cool pour démarrer ce top 3 de la gloomitude qu'une mini-série basée sur une tragédie réelle, qui a coûté la vie à des milliers de personnes, et dont les répercussions se font encore sentir aujourd'hui et pour des siècles à venir?


L'histoire, tu l'auras compris en lisant le titre, relate la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, mais surtout les mensonges du gouvernement soviétique tentant désespérément de cacher l'étendue des dégâts et d'éviter la panique (alors qu'EVIDEMMENT il aurait fallu paniquer!)

Perso, j'ai énormément apprécié cette série, non seulement pour sa reconstruction fouillée, son casting stellaire (j'ai mis cette série dans ma liste juste en entendant "Jared Harris"), sa musique magnifique, sa mise en scène aux petits oignons et sa production léchée (notamment des effets spéciaux fort convaincants), mais aussi et surtout parce que c'est un pan d'Histoire qui m'intéresse énormément, se situant à la fois dans l'Histoire récente et (pour ma part) non contemporaine (je suis née deux ans après).

(Je pense d'ailleurs que ça doit être encore plus intéressant de regarder cette série si on se rappelle du vrai événement.)

(Je te tiens au courant quand mon père l'aura regardée.)

(Ma mère c'est pas la peine, elle a vu la bande-annonce et elle a déjà failli gerber.)

Ah oui, parce qu'il faut quand même le souligner : attention âmes sensibles, y'a des gens irradiés de partout, et les radiations, on croirait pas comme ça hein, mais c'est DÉGUEULASSE.

Je rassure quand même les non-amateurs de gore, c'est somme toute très regardable (personnellement, c'est le poids émotionnel que j'ai trouvé le plus dur à supporter) (d'aucuns diront "la scène avec les chiens", perso je dirai "Éloignez-vous vite de ces gens qui vous disent "la scène avec les chiens", parce que c'est des sociopathes".)

La série n'est pas 100% juste en termes scientifiques (notamment, et c'est important de le souligner : les personnes irradiées, même gravement, ne peuvent PAS contaminer d'autres gens une fois qu'on les a déshabillés, lavés et changés). Mais ça, à la limite, c'est pas ultra gênant (même si je ne comprends pas bien l'intérêt de rendre cette catastrophe ENCORE PLUS CATASTROPHIQUE, j'veux dire, c'est bon, n'en jetez plus).

Malgré tout, elle explique vachement bien toute la partie physique (parce que je t'avoue que j'étais pas mal perdue au milieu de toutes ces histoires de graphite, de bore et de sieverts).

Cependant, le vrai thème de la série, c'est surtout les mensonges véhiculés par l'appareil de l'Etat: jusqu'où peut-on dissimuler la vérité "pour le bien de la patrie"? Jusqu'où peut-on aller par sens du devoir? Le "méchant" de l'histoire est-il simplement un bouc émissaire, ou bien a-t-il vraiment une responsabilité personnelle à endosser?


Le tout donne une histoire passionnante et qu'on dévore en quelques heures, et je suis vraiment contente qu'ils ne se soient pas étalés sur plusieurs saisons parce que ça aurait dilué le propos, mais j'aurais facilement pu regarder deux-trois heures de plus.

Je finirai sur un tout petit détail, mais qui me semble très important et que j'ai envie de saluer : MERCI de ne pas avoir fait prendre aux acteurs un faux accent russe. Je ne sais pas comment la VF va gérer, mais MERCI à la VO d'avoir laissé à chaque acteur son accent naturel, qu'il soit britannique, américain, ou Stellan Skarsgård.


(Oui, il a son propre accent).


2. Years and Years


Une mini-série anglaise dont on ne parle pas assez et c'est CRIMINEL tellement elle est bien!

Le pitch est simple : on suit la vie d'une famille britannique lambda entre 2019 et 2029 : quatre frères et soeurs, leurs partenaires, leurs enfants, et leur grand-mère. A travers leurs vies plutôt ordinaires, on suit l'évolution d'une Grande-Bretagne qui devient progressivement de plus en plus cauchemardesque, et pourtant terriblement réaliste....


Alors je précise tout de suite pour ceux qui n'aiment pas la politique : CETTE SÉRIE EST DE GAUCHE, voilà, passez tout de suite votre chemin si vous n'êtes pas prêts à entendre des critiques sur la mondialisation, le conservatisme social, et les démagogues pro-Brexit.

Pour ceux et celles qui sont encore là, je ne peux que recommander cette série aux thèmes variés, et tous hyper intéressants : le transhumanisme, l'intelligence artificielle, le poujadisme, l'immigration, la précarisation du travail, le changement climatique, OUI RIEN QUE CA EN SIX ÉPISODES FIOU!

Et je sais que ça fait beaucoup de thèmes pour une mini-série, mais perso, c'est ce qui m'a vraiment plu : à la fin de chaque épisode, Professeur Flaxou et moi, on se retrouvait à en parler jusqu'au visionnage de l'épisode suivant.

Et, quand tu es en congé parental, et que chaque moment de ta vie est passé avec ton conjoint et deux enfants intéressants comme des cailloux, tu comprendras que c'est un peu un miracle de trouver un sujet de conversation sympa – parce que, sans cette série, tout notre été 2019, c'était des dîners à base de:

- Ils ont été sympa aujourd'hui, hein? Ils ont pas beaucoup pleuré.
- Ouais, c'était chouette! Ils ont pleuré, quoi? Deux, trois heures?
- Presque rien!
- Ha ha!
- ....
- ....
- Et sinon, tout à l'heure, Sammy a ouvert les yeux pendant une-demi minute...
- Oui, j'étais là.
- Ah.


(C'était un été magique.)

(Presque pas d'excursions en forêt pour aller pleurer d'épuisement au milieu des arbres.)

(HA HA LES NOUVEAUX-NÉS C'EST TELLEMENT FUN.)

Bref, cette série te fait gamberger ET déprimer en même temps, c'est ça qui est cool.

Oui, parce que la vision du futur proche dans Years And Years est AFFREUSE, prépare-toi, y'a de l'immigration de masse, des réfugiés climatiques, de la précarisation en veux-tu en voilà, des couvre-feu (couvres-feux?) (couvre-feux?) (rhââ mais ces pluriels c'est pas possible!), et même des camps de concentration ha ha LE FUN!


Malgré tout, la série arrive à te faire sourire avec de petites pépites d'humour (plutôt noir, mais on prend ce qu'on a pour pas se tirer une balle dans le slip, Geneviève), et je t'avouerai que j'ai même carrément rigolé à l'histoire du père qui a deux familles et deux fils, et qui les appelle Stephen et Steven.

(Surtout qu'au moins une fois par semaine, je croise une personne lambda qui regarde mes enfants puis commente "Han mais leurs noms ils se ressemblent pas!")

(Meuf, leurs GUEULES se ressemblent! Je vais pas non plus les appeler Pince-Mi et Pince-Moi!)

Je finirai sur le meilleur personnage de cette série (et, tragiquement, celui qu'on voit le moins) : Vivienne Rook, campée par la géniale, la sublime, la royale Emma Thompson.


Vivienne Rook, c'est cette incarnation de tous les politiciens démagogues et opportunistes (avec une petite pointe de fascisme pour relever le tout) : elle dit "fuck"à la télé puis en fait son cheval de bataille, elle propose un test de QI obligatoire pour accorder le droit de vote aux gens, elle fait des dabs sur Tik Tok avec des influenceurs, et c'est incroyablement énervant comme sa stratégie est transparente, et comme partout dans la série, tu as des gens en train de commenter : "Ha mais au moins en voilà une sans langue de bois, qui dit ce qu'elle pense!".

Et pourtant, la force de la série, c'est qu'elle n'est jamais snob ou méprisante. On n'est jamais condescendants avec les gens qui votent pour cette TrumpJohnsonPoutine, parce que ce sont justement les personnages qu'on a appris à aimer.

(Alors on est juste un peu déçus.)

(Un peu comme quand on apprend qu'on a un membre de sa famille qui a voté RN.)

Bref, cette série est super, j'espère très fort que rien du futur prédit ici ne se réalisera, regarde-la les doigts croisés steuplaît.


1. Succession


Encore une série criminellement méconnue, et c'est en grande partie pour cela qu'elle tient la tête de ce classement.

Elle est tellement méconnue que même moi, grande aficionado (aficionada?) de séries, je ne l'ai découverte qu'en 2019, alors que la saison 1 est sortie en 2018 (et, au passage, a raflé une tripotée de prix bien mérités, entre autres des Emmy Awards et des Golden Globes).

Qu'à cela ne tienne, ça veut dire que toi, petit chanceux, tu as deux saisons à dévorer si tu t'y mets tout de suite!

Plonge avec moi dans l'Amérique des puissants, chez la famille de milliardaires Roy, dont le patriarche, Logan Roy, mène d'une main de fer son empire médiatique, et mène à la baguette ses enfants pourtant adultes, qui peinent à échapper à son emprise – et d'un côté, on sent bien qu'ils ne sont pas tout à fait prêts pour le monde réel:


("YO")

Ce qui est très intéressant avec cette série, c'est qu'au départ, j'étais pas vraiment chaude.

J'avais entendu qu'elle avait gagné plein de prix, un Youtubeur américain que je suis avait fait une vidéo sur l'art du dialogue dans "Succession", j'étais dans une humeur séries et Professeur Flaxou dans une humeur jeux vidéo (je cherchais donc des trucs qui ne l'intéresseraient jamais de près ou de loin pour pouvoir les regarder sans lui), et donc je me suis dit "Meh, pourquoi pas?".

J'ai commencé à regarder la saison 1 sur mon écran secondaire, pendant que je jouais à Minecraft, c'est te dire mon enthousiasme débordant.

Et puis, au fur et à mesure que les épisodes se succédaient, j'ai commencé à me faire un torticolis, donc j'ai bougé Minecraft sur l'écran secondaire. Et une fois arrivée à la fin de la saison 1, je ne jouais plus du tout.

Et, autant j'avais trouvé le début de la série long, empesé, et barbant de dialogues interminables, autant vers la fin, chaque épisode m'éblouissait par sa qualité sur tous les plans.

Dialogues, acteurs, mise en scène, montage, décors, direction, tout ça c'est impeccable, mais alors, le clou de cette série, c'est évidemment ses personnages!

Pour résumer : tous les acteurs sont excellents, et tous les personnages sont à vomir.

Vraiment, c'est incroyable, ils sont tous extrêmement antipathiques, et dès que tu te mets à éprouver un peu de sympathie pour l'un ou l'autre, ils font de la merde et tu les détestes de nouveau.

Et pourtant, je ne sais pas comment t'expliquer ça : je les déteste, mais à la fois, j'ai de la peine pour eux.

(Je parle ici des quatre enfants Roy.)

(Le père est un monstre, pur et dur.)

J'ai de la peine pour eux, parce qu'ils ont grandi dans le luxe absolu, en dehors de toutes lois, et que leur père a l'outrecuidance de leur reprocher leur incompétence alors que c'est précisément de sa faute s'ils n'ont jamais eu à faire un effort de leur vie.


J'ai de la peine parce qu'ils sont tous profondément traumatisés, parce que leurs parents ne les ont jamais aimé, parce qu'ils ont vaguement conscience qu'il y a quelque chose qui cloche mais qu'ils préfèrent le refouler et infliger de la douleur aux autres et se faire des petites remarques acides les uns aux autres, parce que cette méchanceté passive-agressive, c'est tout ce qu'ils connaissent.

Ils sont tous à la fois intensément vulnérables et fermés comme des huîtres, c'est un équilibre méga délicat et tous les acteurs sont SUBLIMES dans ce grand écart.


(Et Kieran Culkin est l'un des meilleurs à maintenir cet équilibre.)

Et je ne l'ai pas encore mentionné, mais "Succession" est également un petit bijou d'humour noir et méchant, sardonique à souhait – et, des fois, juste marrant tout court:


Bref, je ne peux que te recommander cette série magistrale, et VOILA J'AI FINI CET ARTICLE WOOOUH CA M'A JUSTE PRIS QUATRE MOIS TOUT VA BIEN.


(Maintenant je vais pouvoir recommencer à te parler de mes bébés.)

(J'ai tellement de trucs à te dire, t'imagines pas comme c'est intéressant.)

(Genre, y'en a qui dit "ya-ya" et l'autre qui dit "ba-ba".)

(Putain ça y est j'ai révélé le truc le plus intéressant direct.)

(Enfin bref, j'espère que tu es HYPE.)

Trois trimestres fois deux

$
0
0

Et donc mes bébés ont neuf mois.

Ils ont donc officiellement passé plus de temps hors de mon ventre que dedans.

(Quoi, parce que tu crois qu'il me faut aussi longtemps qu'une meuf lambda pour faire un môme?)

(ICI C'EST L'ALSACE MON GARS!)

(Neuf mois pour faire UN bébé, c'est des trucs de paresseux de l'Intérieur, ça!)

(Donne-moi huit mois, moi je t'en fais DEUX!)

Et donc la dernière fois que je t'ai parlé d'eux, ils avaient trois mois et demi, et ils servaient à rien. Maintenant, c'est très différent!

Bon, ils servent quand même à rien, mais ils se déplacent et ils babillent et tout!

Résumons un peu les neuf mois qui se sont écoulés:

- Juillet et août : les mois les plus longs de l'histoire du temps.

(Sans déconner, j'ai passé AU MOINS cinq mois à regarder le calendrier tous les jours, et tous les jours c'était juillet.)

(Y'a eu une espèce de faille temporelle qui s'est seulement activée au-dessus de ma maison.)

- Septembre : a duré un bon mois et demi

- Octobre : a duré un mois

- Novembre : a duré deux semaines

- Décembre : a duré huit secondes

- Janvier : attends janvier est déjà fini?

- Fév... attends FÉVRIER AUSSI?


Bref, tu l'auras compris, les jours passent comme les voitures (non, je n'arrêterai jamais de citer "Le Bilan" de Jacky et Ben-J, mon cerveau est resté en l'an 2000).

Et les bébés, dieu merci, ça évolue très vite!

(Je dis "dieu merci" parce que faut voir d'où on part, sérieusement.)

(Le machin à qui tu tends un biberon et qui tourne la tête de l'AUTRE COTÉ pour se mettre à téter dans le vide.)

(Mais comment est-ce que notre espèce a survécu si longtemps avec des bébés si nuls?)

Donc, en l'espace d'à peine quelques mois, on est passés de deux petites larves qui se tortillaient vaguement sur un tapis de jeu en regardant dans le vide et en gémissant doucement, à deux petites machines à bêtises qui rampent, tendent les bras quand ils veulent être portés, jouent à la balle, font "coucou" de la main, s'asseyent seuls, sourient, rigolent, chantent, comprennent des mots, et font des syllabes.

C'est quand même beaucoup de choses à acquérir quand on part de rien du tout, mine de' !

Bon, après, beaucoup de compétences sont encore en cours de téléchargement : par exemple, ils font des syllabes, mais seulement en A : ba-ba, da-da, ya-ya, ga-ga, ah ça ils en connaissent des syllabes en A, hein, mais TU CROIS QUE CA LEUR ARRACHERAIT LA GUEULE DE DIRE "MA-MA"??!

Et pourtant c'est pas faute de me ridiculiser toute la sainte journée en leur répétant à l'envi:

- Toi, tu es Auguste!
* gazouillement de joie *
- Tu es mon BÉ-BÉ!
*rot d'assentiment*
- Et moi, je suis qui? Je suis MA-MAN!
- ....
- MA-MAN! Je suis ta MA-MAN!

Mon bébé pendant ce temps :


("Surtout n'hésite pas à finir de changer ma couche , hein")

Pareil, plus haut, j'ai dit "ils chantent", mais ils sont pas encore hyper au point niveau paroles et mélodie. (En gros, quand ils entendent une chanson qu'ils aiment bien, ils se mettent à faire "AAAAAaaaaaaaAAAAA" par-dessus.)

(Et, pour ceux que ça intéresserait : leur papa a testé cinq types de metal sur eux – death, black, folk, power, et indus – et, très clairement, ils préfèrent le folk metal.)

(Surtout Ensiferum, perso je pense que c'est à cause des choeurs, mais on va attendre encore quelques mois et ils nous le diront eux-mêmes.)

Par contre, autant niveau expression on a encore pas mal de chemin à faire, autant niveau compréhension, je crois qu'ils sont dangereusement avancés.

Je dis "dangereusement" parce qu'avec Flaxou, on s'est habitués à parler comme s'ils ne comprenaient rien.

Et donc, par exemple, quand c'est le soir, qu'on est en train de regarder Netflix, et qu'un bébé se met à chouiner, Flaxou lui tient à peu près ce langage:

- C'est qui le connard qui refuse de dormir? C'est toi, Samuel, petite raclure? Ben faut pas jeter sa totote par terre, espèce de trouduc! Tiens, reprends ça, reprends ton doudou, maintenant sois gentil, fais dodo, et ferme ta gueule. Je t'aime, mon petit rectum de poulpe!


(Si leur premier mot c'est "rectum", je divorce.)

Pareil, on s'est rendu compte récemment que, si on était en train de leur donner leur purée, et qu'on prononçait fortuitement le mot "compote" ou "dessert" au détour d'une phrase, eh ben ils refusaient de finir leur bouffe, ces trouducs! Et à la place ils nous regardaient, genre :

- Vous avez dit "dessert", il est où? Allez vieille peau, file-moi ma compote! Tu crois que j'en veux encore, de ton vieux navet? POMME MIRABELLE, TOUT DE SUITE, ET T'ENDORS PAS SUR LA CANNELLE!

(Oui, c'est ma mamie qui fait les compotes.)

(Ça lui fait trop de peine de devoir les faire sans sucre, alors, pour se rattraper, elle met huit cuillères à soupe de cannelle.)

(Ici c'est l'Alsace, bis.)

Niveau compréhension, j'ai aussi l'impression qu'ils savent de mieux en mieux ce qui est permis et ce qui est interdit.

Et je le sais, non pas parce qu'ils respectent les interdictions (LOL) mais parce que, dès qu'ils font une connerie, ils deviennent MEGA SILENCIEUX.

(C'est genre ils s'approchent d'une prise de courant et c'est "stealth mode activated")

J'en veux pour preuve l'autre matin, où je les ai laissés s'amuser sagement dans leur chambre avec leurs petites balles molles et où je suis vite descendue à la cuisine me faire un thé.

Dans la cuisine, j'entendais babiller dans le babyphone, puis, progressivement, plus rien. Je me disais "dis donc, qu'est-ce qu'ils sont calmes, ils sont hyper agréables ce matin!"


Et puis je suis remontée, ma tasse à la main, pour voir Auguste en train de sucer un câble USB.


(Flash-back de moi, trois jours avant : "Je vais laisser mon disque dur portable sur le meuble de la télé, de toute façon, ils n'arrivent pas à l'atteindre!")

(Championne du monde.)

Bref, sur le plan intellectuel, mes bébés progressent bien.

Sur le plan moteur aussi, vu qu'ils rampent dans toute la maison comme des petits soldats en incursion dans la zone ennemie.


(A ceci près que je ne pense pas que les vrais soldats laissent des traînées de bave et de renvoi derrière eux.)

Par contre, là où ils sont en retard, c'est sur le plan dentaire.

Parce que ça fait QUATRE MOIS qu'ils ont les joues rouges, les fesses rouges, qu'ils font des pics de fièvre, qu'ils chouinent en se frottant les gencives, ET RIEN! Pas l'ombre d'une quenotte!

Mais comme je suis une maman nouvelle génération, je ne m'inquiète pas : chaque enfant est différent, chaque enfant a son rythme, chaque bébé est un être de pure lumière divine, dont la beauté n'a d'égale que l'intelligence, et lorsqu'on les laisse s'épanouir dans le respect et la quiétude....

- Regardez ça!
* moi en train de fourrer mon smartphone sous le nez de mes enfants*
- Arthur il a déjà deux dents! Il a deux semaines de MOINS que vous! Et il a déjà DEUX dents! Et vous, vous êtes à deux, et vous avez même pas encore réussi à m'en pondre une seule??! Faut arrêter de se la couler douce, les lardons! Au boulot!

J'avoue, je m'inquiète beaucoup plus que je le devrais pour cette histoire de dents, mais c'est parce que faut voir le bagage génétique qu'ils se coltinent, ces pauvres enfants – cf. cette conversation avec ma belle-mère:

- Et alors, toujours pas de dents chez les bouts de chou?
- Non, mais ça ne va plus tarder!
- Enfin, ça peut encore durer, hein, tu sais que Flavien a eu sa première dent à un an et demi?


- A un an, je l'avais amené chez le docteur, il avait dit que ça arrive quelquefois que les gamins ont les gencives trop dures, et les dents n'arrivent pas à percer. Il m'avait dit "si dans six mois il n'y a toujours rien, il faudra ouvrir les gencives au scalpel". Eh ben, pile à dix-huit mois, hop! La première dent!


(La dent, se pointant comme une fleur avec un an de retard)

Mais le film d'horreur n'était pas fini, parce que belle-maman n'avait pas terminé son anecdote.

- Après je me suis dit "Super! La première dent est sortie, les autres vont arriver bientôt!" Eh ben non! Il a eu sa deuxième dent à deux ans!


- Ouais, il est resté six mois avec une seule dent, ça lui faisait une de ces têtes comiques! On l'appelait Mimosa!


(Pour ceux qui n'auraient pas la ref.)

Le soir, je raconte cette anecdote à Professeur Flaxou:

- Ah, c'est marrant cette histoire, ça ne me dit rien!
- ....
- Ah, mais tu penses que c'est pour ça que j'ai perdu mes dernières dents de lait à seize ans, et que du coup ils ont dû me poser un appareil dentaire vachement tard, et que je l'avais encore quand je suis arrivé à la fac?
- ...
- Ça a un lien, tu penses?


(Je crois qu'on est mal barrés)

A bientôt pour d'autres aventures en direct de chez wam!

(Ça va être plutôt centré sur le thème de la puériculture, pour ne rien te cacher.)

Des bisous!

Brève casanière

$
0
0

Et donc, comme tout le monde, je suis à la maison en sloup.

Sauf que, contrairement à certains et certaines, j'ai pas le temps de m'ennuyer.

Donc merci à tous mes amis sur tous les réseaux sociaux d'arrêter de me prendre le chou à faire tourner des articles en mode "tuto facile pour faire du sport chez soi""dix bonnes résolutions pour mettre à profit sa quarantaine" et autres "huit mille classiques à lire avant la fin du confinement", C'EST BON MERCI MAIS J'AI PAS LE TEMPS.

(Vous avez peur de quoi? Qu'à la fin du confinement, y'ait une interro surprise?)

(Je sais qu'on vit dans la start-up nation, mais quand même, je pense qu'à ce stade, même le Président s'en fout si on est pas productifs.)

Et, soyons honnête deux secondes, même si j'avais du temps libre, je serais devant Skyrim en train de recommencer la même partie pour la millième fois, pas en train de faire du SPORT, vous m'avez prise pour qui?



(Moi en train de me bercer d'illusions tout en ouvrant un nouveau paquet de Maltesers)

Mais ouais, clairement, je ferais bien de faire du sport d'appartement comme mes amis qui vivent leur meilleure vie, parce qu'à rester enfermée à la maison à bouffer des chips toute la journée, c'est sûr que ça va pas bien finir cette histoire.

Ajoute à ça que je passe mes journées en jogging élastique, et que donc je ne me rends pas compte des kilos qui s'empilent, et on sent bien qu'il y a un désastre vestimentaire qui se profile à l'horizon.


(Moi et mes jeans à la fin du confinement, une illustration)

Aussi, je ne connais pas ces meufs sur Youtube qui continuent à mettre du maquillage et à se faire des jolies coiffures, mais clairement elles se respectent beaucoup plus que moi, parce que laisse-moi te dire qu'au foyer des grumeaux, c'est la débandade du poil, le gala du slip Batman, la fête de la chaussette trouée, et, si j'avais mes nichons d'avant grossesse, tu peux être sûr que ce serait aussi le festival du nibard libre.

(Pour le coup, je reste obligée de mettre un soutif, parce que j'ai des escaliers chez moi, donc toi-même tu sais.)

La bonne nouvelle, c'est que je ne suis pas seule, puisque les grumeaux sont en pyjama depuis début mars (enfin, différents pyjamas, hein), et que Professeur Flaxou le télétravailleur a même commencé à se laisser pousser une barbe de clodo.



(Flaxou tous les matins avec son teint pâle, son jean troué et son pull Boba Fett.)

En parlant de télétravail, on peut rigoler deux minutes du fait que, selon le décret du gouvernement, c'est normalement Professeur Flaxou qui est censé s'occuper des deux bébés, seul, TOUT EN BOSSANT HUIT HEURES PAR JOUR?

Donc, évidemment, j'ai arrêté de travailler pour m'occuper de mes enfants, et autant j'ai super de la chance parce qu'ils sont à un âge où ils sont vachement mignons et calmes, autant sincèrement la vie de mère au foyer c'est pas fait pour moi.

(Je suis déjà en train d'envoyer des livres scannés et des recommandations de séries à mes élèves.)

(Ils me manquent tellement! Et ils ont tellement progressé ces derniers temps, je veux pas qu'ils perdent pied!)

(Et en plus ça fait déjà presque deux semaines que j'ai pas utilisé mon stylo rouge!!)



Je suis tout de même privilégiée par rapport à une majorité de mamans, et ce pour deux raisons :

Primo, mes enfants ont l'âge parfait pour être confinés avec eux toute la journée : trop jeunes pour être scolarisés (et donc tu évites de te taper les cinq heures de devoirs par jour), mais assez âgés pour être intéressants (et à un âge où ils découvrent plein de nouvelles choses).

Secundo, trop d'la balle, ils sont deux, ce qui veut dire que je passe mes journées à glander devant mon PC pendant que mes bébés jouent entre eux tranquillement dans leur chambre sans jamais demander mon attention, elle est pas belle la vie?

(Je savais qu'il y aurait des bénéfices à avoir des jumeaux!)

(Ça valait tellement le coup de ne pas dormir pendant quatre mois et demi!)

Après, si, ils demandent quand même mon attention quand ils ont faim, qu'ils ont sali leur couche, ou qu'ils veulent dormir.

Faut dire que, côté sommeil, ils ont beau avoir la tête de leur père, on sent qu'en termes de personnalité, ils tiennent plus de mon côté de la famille.

J'en veux pour preuve la conversation que j'ai eue l'autre jour en fin de journée avec Professeur Flaxou :

- Yo ! Je viens de finir de bosser, t'as besoin d'aide?
- Ah, parfait, tu peux t'occuper de Sammy? Je dois changer Auguste et il est assez collant, il veut être dans les bras. Je crois qu'il commence à fatiguer.
- Allez viens chez papa, mon petit flibustier!
- ....
- Cha, il se tortille, il veut que je le pose!
- Ah? Ben essaye toujours.
- Attention, ne recule pas, il vient vers toi! Tu vois, toi qui dis toujours que c'est un fils à papa! Là, il veut sa maman!

Sauf que non.

Sauf que le môme a allègrement dépassé mes pieds, est allé jusqu'au pied de son lit, a saisi sa couverture à travers les barreaux, et a commencé à tirer dessus en pleurant.

(Niveau signal, c'est difficile de faire plus clair.)

J'avoue que je me sens presque mal en voyant tous les témoignages d'amies en mode "pendant des mois, il a refusé de dormir seul""elle hurlait dès qu'on la mettait au lit""il ne voulait s'endormir que dans les bras" parce que chez nous, c'est l'inverse. Les gamins pleurent et se tortillent dans nos bras tout le temps où on les prépare à aller se coucher, et quand on les pose enfin dans leur lit, ils SOURIENT!




(Mes bébés se mettant au lit, une illustration)

Autre avantage, mes bébés ne savent pas encore parler ni marcher, et du coup, j'évite deux écueils : celui de devoir leur courir après constamment, et celui de devoir se taper des journées entières avec un gamin juste assez intelligent pour comprendre qu'il se passe quelque chose, mais pas assez intelligent pour comprendre exactement ce qui se passe.

(Prie pour ma soeur coincée avec sa fille de trois ans et demi, qui passe ses journées à la suivre en lui demandant où elles peuvent aller.)

("Maman! On va à la piscine? Maman! Je veux aller voir les chevaux! Maman! Maman! On va voir Samuel et Auguste? Maman! Maman! Maman! J'ai faim! On va manger un éclair?")

Là où on est aussi privilégiés, c'est qu'on est confinés en famille, puisque, comme je te l'expliquais il y a quelque temps, on vit dans notre petite commune familiale à nous.

Donc, évidemment, ça ne veut pas dire qu'on passe nos journées à se refiler la peste tranquillou bilou, en mode j'te claque la bise comme au temps jadisMais au moins, mes enfants peuvent faire des coucous à leurs arrière-grands-parents à travers la vitre du balcon, jouer à cache-cache avec leurs grands-parents, et surtout voir d'autres têtes que les nôtres H24 (parce que là, je sens déjà que la reprise de la crèche va être folklo).

Et surtout, on peut prendre le café en famille dans le jardin le dimanche après-midi, tous assis en rond à 1m50 les uns des autres, avec les bébés au milieu en train de jouer dans les trèfles.




(C'est hyper bucolique)

Bonus : on fait les courses pour mes grands-parents pour qu'ils n'aient pas besoin de sortir, mais ma mamie se sent mal qu'on fasse des trucs à sa place, du coup, elle nous rembourse en compotes de fruits.

(Je pense qu'on va pouvoir commencer à donner les goûters aux bébés via entonnoir.)

Double bonus, mon père se fait chier, et du coup, pour s'occuper, il BRICOLE.

- Ah Charlotte, y'a un colis qui est arrivé pour toi dans ma boîte aux lettres. Comme j'attendais aussi un colis, j'ai pas fait gaffe au nom, et je l'ai ouvert. On dirait un joint pour lave-linge?
- Oui, le nôtre est cassé.
- Ah cool, javais deviné juste! Bon ben j'ai déjà démonté la porte, je suis en train de finir de l'installer, là, tu peux aller faire une lessive pour tester?




(Trop rapide pour le commun des mortels.)

Et toi, comment se passe ton confinement? Cool Raoul? Relax Max? Anxieux Jeanxieux?

(J'avais pas de prénom qui rime en -xieux.)

Brève orthographique

$
0
0

Le français est une langue compliquée.

Et ça n'a jamais été aussi évident pour moi que depuis que je suis devenue prof d'anglais.

- Et donc, ce present perfect, c'est l'équivalent anglais du passé composé?
- Non, ça, ce serait le past simple, ou prétérit.
- Mais alors c'est quoi l'équivalent du passé simple?
- Aussi le prétérit.
- Et l'imparfait?
- Toujours le prétérit.
- Je...
- En gros, si c'est une action au passé, on met du prétérit.


Donc ouais, le français, c'est balèze, mais, pour moi, ça n'avait jamais été un souci. Parce que, d'une part, je dévorais quatorze bouquins par semaine, et que d'autre part, j'avais une super mémoire, et donc je savais écrire correctement en français, non pas parce que j'avais appris les règles, mais parce que je connaissais de mémoire la bonne orthographe.


(Moi en train de vanter mes talents d'Académicienne, une illustration)

Et je mets tout ceci au passé parce que désormais tout a changé.

D'une, j'ai eu deux enfants et j'ai perdu mille neurones (oui, ces deux faits sont corrélés).

De deux, je ne lis plus beaucoup(cf. les enfants sus-mentionnés) et presque exclusivement en anglais.

(Sauf quand c'est un roman écrit dans une autre langue, là, je lis évidemment la traduction française.)

(Je précise parce que j'ai des élèves qui étaient persuadés que ma vie en dehors des cours, c'était que de l'anglais. Genre je lisais des romans japonais en anglais, je parlais anglais à mes mômes, je bouffais des haricots à la sauce tomate sur du toast, et tout le toutim.)

(Non, je mange du Saint-Nectaire comme Jean-Claude Tout le Monde, et la seule expérience bilingue que mes enfants connaissent, c'est quand je les insulte en alsacien.)

Bref bref.

C'est ici, sur le blog, que j'ai remarqué que mon français commençait à boiter, quand j'ai réalisé qu'il ne se passait plus un article sans que j'aille faire une recherche Google en mode"KOman on écri sa".

Et rien n'a été pour moi plus révélateur de mes faiblesses, et de l'horreur qu'est la langue française, que le pluriel des noms composés.


Parce que l'autre jour, saoulée de devoir googler à chaque fois "couvre-feu pluriel", "arrière-grand-parent pluriel" ou "après-midi pluriel", je me suis enfin décidée à réviser ma grammaire, et je suis allée voir une bonne fois pour toute quel mot on mettait au pluriel : le premier ou le deuxième?

Mais parce que tu crois vraiment que c'est aussi simple? Que nenni, naïve enfant!

Evidemment, si on avait été logiques et raisonnables, on aurait inventé une règle d'un bloc, genre "on met tout au pluriel" ou "on laisse tout tel quel". Mais NOOON ! NON NON NON! 

Alors d'abord, il y a une règle pour chaque TYPE de mot : si c'est un nom ou un adjectif, on met un S, mais pas si c'est un verbe, un pronom ou un adverbe. 


(Alors déjà, laisse-moi dix minutes pour me rappeler ce qu'est un adverbe, et on continue.)

Donc d'après cette règle, on écrira "des longs-métrages" et des "cerfs-volants" (ce qui est logique et harmonieux), MAIS on écrira "des va-et-vient", et "des porte-manteaux" (ce qui est moche et nul).

SAUF QUE C'EST PAS FINI !

(Bah non, ce serait trop simple.)

Parce qu'il ne faut pas seulement prendre en compte la NATURE du mot, mais également le SENS du mot qu'on met au pluriel!


Et donc, on n'écrira pas "des années-lumières" mais "des années-lumière", même si "lumière" est un nom, parce que c'est LA lumière et qu'il n'y en a qu'une.

Pareillement, on n'écrira pas "des chasse-neiges" mais "des chasse-neige", parce qu'ils chassent LA neige et pas LES neiges, ou "des lave-vaisselle" parce qu'ils lavent LA vaisselle. (Mais on écrira "des tire-bouchons" parce qu'ils retirent plusieurs bouchons.)

Encore plus sournois, on écrit "des pot-au-feu". Pourquoi? Excellente question, parce que va te faire foutre, je suppose!

(Ça se sent, que je commence à fatiguer?)

Tu me suis toujours?



Tant mieux, parce que c'est TOUJOURS PAS fini! 

Parce que maintenant que tu as passé trente minutes à décortiquer la nature et le sens de chaque morceau de ton mot composé, il faut que je te parle des EXCEPTIONS!



Ah ben oui, parce que tu pensais pas t'en tirer à si bon compte? Nan nan mon coco, si t'as un mot avec "demi" dedans, oublie tout ce que tu as appris, parce qu'il est invariable, boum c'est comme ça c'est gratuit c'est pour ton cul, ah oui et si c'est un élément savant il est invariable aussi, comment ça tu sais pas ce que c'est un élément savant?Ça te paraît hyper vague comme détermination? MAIS C'EST PARCE QUE CA L'EST! CES RÈGLES SONT ÉCRITES AVEC LE CUL !!!


(Okay, c'est bon, je me calme.)

Les "éléments savants", donc, c'est tous ces mots hérités du latin, genre "anti", "multi", ou encore tous les mots qui se finissent en -O : donc on écrira "des Anglo-Saxons", "des micro-ondes", "des anti-inflammatoires", et c'est bon là c'est fini avec les règles à la con, ou bien il faut conjuguer tout ça en sautant sur un pied à la pleine lune enroulé dans du jambon?


Bref, tout ça pour dire, lecteur, lectrice : je te souhaite un bon confinement, sans trop de couvre-feux. J'espère que tu ne fais pas beaucoup de va-et-vient et que tu restes bien chez toi, à jouer des demi-finales sur FIFA, à résoudre des casse-têtes, ou, qui sait, à composer des chefs-d'oeuvre? J'espère aussi que tu n'as pas à jouer les gardes-malades. Porte-toi bien, et n'oublie pas d'appeler tes grands-pères, tes grand-mères et tes arrière-grands-parents.


(Ah oui, bah maintenant que j'ai souffert, forcément, je me la pète.)

Brève cosy

$
0
0

Et sinon chez nous le confinement se passe toujours très bien.

Tout autour de nous, c'est le craquage général, mais ici, ça va.

Oui parce que dans notre foyer de glandeurs, on est habitués à se la couler douce comme des petites patates de PC, et puis avec des enfants en bas âge, c'est pas comme si les sorties en boîte ou au restau auraient été une option de toute manière.

En revanche, pour certains membres de notre famille, c'est plus difficile à accepter, cas d'école à l'appui:

1. Ma belle-mère qui est sévèrement claustrophobe et se retrouve qué-blo dans un appartement de 50 mètres carrés.



2. Ma soeur qui doit gérer le télétravail en plus de deux gamines qui se prennent le chou en permanence, cf. nos discussions téléphoniques méga relou compliquées :

- Et là il me dit "Mais c'est pas grave si t'as pris trois kilos, moi j'ai toujours aimé les gros culs!"
- Han! Mais quel mufle!
- Et là je....
- MAMAAAAAAAN ! Emma elle arrête pas de piquer ma poupééééééé!
- C'EST MÊME PAS VRAI!
- Les filles, je suis au téléphone avec tata...
- AIEUH! MAMAN! ELLE M'A TAPÉE!
- T'ES RIEN QU'UNE SALE MENTEUSE!
- TOI LA MENTEUSE!
- TOI LA CROTTE DE BIQUE!
- AIEUH!
- MAMAAAAAN!
- MAMAAAAAAAAAAAN!



3. Ma grand-mère qui est remontée comme jamais dans sa vie, parce qu'elle a appelé le coiffeur pour prendre un rendez-vous après le 11 mai (sa permanente retombe, juge toi-même de l'immensité de la crise) et que la coiffeuse a eu l'outrecuidance de lui dire "les personnes âgées je ne les prends pas en priorité, de toute façon vous serez les derniers qu'on laissera sortir".



(Alors six ans de guerre, de bombardements et de famine, pas de soucis, mais deux mois à la maison à lire des romans Harlequin et à repasser des chaussettes, ça, c'est la fin du monde?)

4. Mon grand-père qui s'ennuie comme jamais dans sa vie, et il arrive doucement à bout de trucs à faire.

Il a réparé tout ce qui était réparable, il a enlevé toutes les mauvaises herbes du jardin, il a planté des légumes, il a mis des petits tuteurs sur ses petits pois, il a taillé ses rosiers, il a ratissé la cour, et maintenant, il ne sait pas, il ne sait plus, alors il fait juste. Des trucs.

Genre, l'autre jour, j'ai cru qu'il avait touché le fond parce que je l'ai vu repeindre la porte du garage.

(La porte INTÉRIEURE du garage.)

Mais avant-hier, il trouvait qu'il y avait trop de pollen dans l'air, alors il a PASSÉ L'ASPIRATEUR SUR LA TERRASSE.



Et aujourd'hui, je l'ai vu en train de faire les carreaux:

- Salut mamie, salut papy! Mais t'avais pas déjà fait les vitres?
- Penses-tu! Ça fait trois jours qu'il les relave tous les jours! Tous les matins je veux lire mon journal, et il est là à me bloquer les soleil parce qu'il faut qu'il fasse les vitres!
- Mais il FAUT que je fasse ça le matin, c'est là qu'on a la bonne lumière pour voir les saletés! T'as qu'à lire ton journal le soir!
- Lire un JOURNAL le SOIR? Mais schàtzi tu t'entends parler?

(Dans cette guerre, il n'y aura point de vainqueurs.)

Pendant ce temps, mes enfants vivent leur meilleure vie : ils passent toutes leurs journées avec papa et maman, ils mangent la cuisine de mamie tous les jours, et comme il a fait beau tous les jours depuis le début du confinement, ils passent leurs après-midis dans le jardin à manger des pâquerettes.

(Enfin, Samuel mange des pâquerettes.)

(Auguste semble préférer grignoter de tout petits bâtons avec ses gencives molles.)

Et il semblerait qu'ils m'aient accompagné dans ma bonne résolution de me remettre en forme, parce qu'en même temps que je reprenais le sport, ils ont commencé à se tenir debout.

(Oui, je fais du "sport".)

(30 minutes de fitness suivies d'un Coca et un-demi paquet de chips.)

(CA COMPTE QUAND MÊME OKAY?)

(J'ai même acheté des poids pour mes chevilles, àchtung c'est du sérieux)

(En plus je voulais des 500g parce que c'est ceux qu'on utilisait à mon cours de fitness, mais ils étaient plus en stock, donc j'ai pris des 750g je me suis dit "bah c'est presque pareil")

(EH NON!) (NON NON NON!)

(Bref.)

Donc les enfants se mettent debout, c'est génial, je suis hyper fière d'eux, juste un petit truc, vous pouvez arrêter de VOUS JETER DANS LE VIDE?

Non parce que la station debout c'est super hein, la belle vie d'homo sapiens, tout ça, mais tu penses qu'ils auraient pu démarrer par un combo "je me lève - je m'assois"?

MAIS NON!

C'est tellement plus marrant de se mettre debout et puis de se jeter par terre la tête la première!

(Voire la tête en arrière sur le carrelage, DOUBLE FUN!)

Donc ma vie est désormais rythmée par les *bonk* suivis de cris plus ou moins perçants, et comme en plus ils s'entêtent à se mettre debout en même temps, je peux en assurer qu'un à la fois, on dirait qu'ils essayent de me forcer à choisir un préféré.

(Et je m'y oppose.)

(Il n'y aura pas dans cette famille de Boromir et de Faramir.)

(C'est exactement par crainte de cette situation que j'ai refusé cette idée de prénoms quand Professeur Flaxou l'a proposée.)

(Alors par contre SOI-DISANT que Elladan et Elrohir c'était "trop obscur" et "que personne n'aura la ref", mais PARDON EUX AU MOINS C'EST DES JUMEAUX, excuse-moi de vouloir faire ton sur ton.)

(En plus j'ai pris la référence la plus facile.)

(Les gars ils sont dans le Seigneur des Anneaux!)

(Si j'avais voulu faire obscur, j'aurais pu faire obscur, hein.)

(Elrond et Elros, Elured et Elurin, c'est pas les jumeaux qui manquent dans cette lignée!)

(Bref bref.)

Dans la série "progrès", ils ont aussi appris à dire "maman".

Par contre, "maman", c'est pas moi.



En fait, ils ne disent pas "maman" pour m'appeler spécifiquement. C'est juste le mot qu'ils ont trouvé pour dire "y'a quelque chose qui ne va pas".

(D'ailleurs, pour être tout à fait précise, ils ne disent pas "maman", ils pleurent "maman".)

(Parce que, quand tout va bien, pas moyen de leur faire cracher un seul "ma"!)

Et alors moi, comme une truite, la première fois qu'un des gamins s'est réveillé de sa sieste en criant "mah-mah!", j'étais RA-VIE, je te raconte pas comment c'était le plus beau jour de ma vie.



("Yeeeuuuh mon bébé qui m'appelle, il veut sa maman, sa maman adorée, j'arrive mon petit ange!")

Eh ben c'est bon, maintenant que je l'ai entendu MILLE FOIS PAR JOUR, ça me gave bien, vous pouvez vous arrêter quand vous voulez.

(Ah oui, parce que j'ai beau avoir compris rationnellement que ce n'était pas MOI qu'ils appelaient en disant "maman", je cours quand même à chaque fois comme une belle quiche.)

(Réflexe pavlovien de merde.)

Et donc, quand ils ont sommeil, quand ils ont faim, ou encore l'une des cinq mille fois de la journée où ils se cognent la tête parce qu'ils ont toujours pas compris qu'ils ne pouvaient pas se mettre assis SOUS une table basse, c'est la fête du "mah-mah".

Même quand ils voient leur père qui passe devant eux pour aller se chercher un café, ils rampent vers lui en criant "mah-mah", et j'ai beau être quelqu'un de progressif sur les questions de genre, ça me vexe quand même un peu.

(Maman c'est MOI, okay?)

(C'est moi qui ai fait tout le boulot pendant les huit premiers mois, c'est pas pour qu'on m'usurpe mon titre maintenant!)

Et sinon, ils commencent tout doucement à développer chacun leur caractère, ce qui est super chouette à observer.

On sait donc maintenant que Samuel préfère le petit suisse et qu'Auguste adore la viande, que Samuel ne reste jamais en place et qu'Auguste a un certain goût pour la lecture.

Et quand je dis "un goût", c'est



UN GOUT.

(Mais c'est du Steinbeck, messieurs-dames, donc c'est du BON goût!)

Et donc, tous les soirs, je range ma bibliothèque sens dessus dessous, et tous les matins, je pose Auguste par terre et il va consciencieusement tout retourner.



(C'est comme si j'avais mon petit Sisyphe de poche.)

J'ai bien essayé de le leurrer en mettant des livres pour enfants devant les étagères, mais ça a marché une-demi seconde et il s'est rué sur les gros tomes.

Je ne sais pas si c'est le goût de la reliure qui le fait kiffer, ou de pouvoir faire du tam-tam sur les couvertures rigides, mais il semblerait que mon fils aime les gros pavés – ce qui fait évidemment de moi la maman la plus fière du monde.

- Mais t'as qu'à mettre tes livres hors de portée si tu ne veux pas qu'il te les abîme.
- NON! Je ne veux pas brider ses instincts.
- Quels instincts?
- T'as pas vu? Regarde.
- Oui, il mâchonne un bouquin.
- Il mâchonne le SILMARILLION !
- ...
- C'est l'oeuvre de Tolkien la plus complexe! La plus académique! La plus chargée en mythologie! Et c'est vers celle-là qu'il est allée directement! Tu comprends ce que ça veut dire?
- ...
- Il va être un LITTÉRAIRE!
- Cha, il a dix mois.
- UN GÉNIE!
- Même pas un an.
- UN PRODIGE!
- Un prodige qui sait pas encore tenir une cuillère.

En vrai, évidemment, tout ça c'est pour rire, je ne compte pas former mes enfants à une carrière d'académicien.

(Ils seront un combo Président / Premier Ministre, ou rien.)

Vis ma vie de mère au foyer

$
0
0

Et donc ça y est, c'est le déconfinement, tout le monde est dehors, tout le monde retourne au travail.

SAUF MOI.

Moi, gentille bobonne qui reste coincée dans les années pré-mai 68 au milieu des couches sales et des piles de lessive, parce que ma crèche est toujours fermée.

- Ah bon, mais comment ça se fait?

Me dit le PUTAIN D'UNIVERS ENTIER quand je leur explique que je n'ai pas repris mes cours.

EH BEN JE SAIS PAS FIGURE-TOI.

Tout ce que je sais, c'est qu'en mai, j'ai reçu un e-mail me disant "On n'est pas sûrs de rouvrir en juin, on vous tient au courant", et qu'ensuite c'était silence radio total jusqu'au MARDI 2 JUIN, où j'ai reçu un autre e-mail me disant "Au fait, on n'est toujours pas rouvert pour le mois de juin", SANS DÉCONNER DIS DONC.


L'e-mail ne disait pas pourquoi la crèche ne rouvrait pas, mais me donnait quand même une liste des assistantes maternelles encore disponibles dans la vallée ("encore disponibles" = les meufs cheloues dont personne ne veut en temps normal), ce qui de toute façon ne me sert à rien vu que j'ai deux bébés et que toutes les nanas listées n'ont plus qu'une place de libre.

- Ouais mais de toute manière c'est mieux comme ça, moi j'aime pas l'idée de les mettre chez une nounou qu'on connaît pas. Au mieux, elle est géniale, ils s'attachent à elle, et après quand on les remet à la crèche ils sont tristes, et au pire, elle s'en occupe mal.

Est intervenu Professeur Flaxou le bon parent, qui en a encore quelque chose à foutre de l'éducation de ses mômes, et franchement bravo à lui parce que moi j'ai jeté l'éponge début mai.

(Sérieusement, je m'en bats les couilles, je file mes bébés à n'importe qui.)

(Faites-les regarder Cyril Hanouna toute la journée, droguez-les au Toplexil, mettez-leur Cannibal Holocaust à l'heure du goûter, donnez-leur des petits couteaux et faites un Fight Club de bébés, sans déconner j'en ai plus rien à carrer, juste PRENEZ-LES UNE JOURNÉE COMPLÈTE.)

Et donc, alors que le monde entier revient à la vie, je reste encore coincée dans ma routine de purées, couches, rangement, nettoyage, lessives, cuisine, biberons, vaisselle, et la même promenade en poussette tous les jours, et sérieusement pendant des siècles et des siècles tu naissais femme et c'était ça ta vie? TOUTE ta vie? Juste ça?

Mais là je juge un peu les générations précédentes pour pas avoir fait la révolution féministe plus tôt, hein.

Non parce que clairement, il faut une certaine trempe pour s'épanouir dans une vie pareille, et chapeau aux meufs qui y parviennent, parce que moi je suis en train de mourir à petit feu sans mon travail, Simone de Beauvoir avait raison.


Alors, je ne dis pas que cette vie n'a pas ses avantages : c'est vrai qu'il y a des moments où je suis super heureuse d'être à la maison pour voir mes petits bouts de chou évoluer de jour en jour – d'autant qu'ils sont à un stade où il y a quelque chose de nouveau quasiment tous les jours.

Depuis le début du confinement, ils ont appris à s'asseoir, à se mettre debout, à marcher avec leurs trotteurs, à jouer à la balle, à faire "tope là", à faire coucou de la main, à manger des morceaux solides, à dire des mots, et attends je t'ai pas dit le meilleur mais AUGUSTE A UNE DENT!



Bon, après, plus haut, j'ai dit "dire des mots", mais c'est quand même un peu approximatif. Disons qu'ils maîtrisent bien l'usage du "maman", et que j'ai pu constater empiriquement que "ba-ba" veut dire "papa" (puisqu'ils ne savent pas encore faire le son "p") mais pour le reste, c'est beaucoup de devinettes. Quand je mets Auguste dans les bras de ma grand-mère et qu'il dit "mah-meh", est-ce qu'il veut vraiment dire "mamie", ou bien est-ce que c'était juste une syllabe au hasard, comme ça?

Par contre, quand je leur donne un truc qu'ils aiment, ils disent "miam-miam" et ça c'est systématique, donc bravo, j'ai des enfants qui ne savent pas dire "mamie" mais qui savent dire "miam-miam", est-ce que vous vous foutez pas un peu de notre gueule?

Voilà, c'est ça les trucs sur lesquels je cogite maintenant. Alors je pense que tu as bien compris à quel point ça devient impératif pour moi de reprendre le boulot.

J'ai déjà repris deux cours, avec l'aide de la famille qui vient ponctuellement en renfort, mais je ne peux pas non plus trop leur en demander, vu que :

- les oncles et les tantes travaillent (et doivent gérer leurs propres enfants)
- une mamie travaille à temps plein
- une mamie travaille à mi-temps, mais a mal au dos et ne peut rien soulever
- un papy est à la retraite, mais tout seul (donc difficile de gérer deux bébés)
- un papy est à la retraite avec sa femme, mais souvent en vacances maintenant que le confinement est levé.

Heureusement, j'ai la chance d'avoir des parents et beaux-parents hyper impliqués et qui n'hésitent pas à sacrifier leurs jours de congé, leurs projets, voire leur dos si je les laissais faire (n'est-ce pas MAMAN), ce qui fait que j'ai rarement à devoir passer une journée entière seule à gérer les deux gobelins.

Et malgré ça, je pète quand même les plombs!

Non mais t'imagines comment j'aurais fait une trop mauvaise épouse dans les temps anciens?

- Bonsoir ma mie! Qu'il est bon de retrouver la douceur du foyer après une longue journée de trav....
- OH MAIS VAS-Y FERME TA GUEULE!
- Mais... ma mie...
- TIENS, TU PRENDS TON CON DE MÔME ET TU LE JETTES PAR LA FENÊTRE SI CA TE CHANTE, MOI JE VAIS PRENDRE L'AIR!
- Mais... et le dîner?
- EH BEN BOUFFE TA BITE!

Et la cerise de crotte de nez sur ce gâteau de caca, c'est que je ne sais pas quand la crèche va rouvrir! On sait déjà qu'elle sera fermée tout le mois de juin, mais on est dans le noir total concernant la suite des événements, et perso, ça m'étonnerait fort qu'elle rouvre en juillet ou en août, étant donné que c'est la période où tout le monde prend ses vacances.

Donc là, je suis doucement en train d'essayer de me faire à l'idée que je ne vais probablement pas travailler avant septembre.

Je ne vais pas revoir mes élèves avant septembre.

Je ne vais pas avoir de journées libres, à moi, avant septembre.

Je ne vais pas pouvoir aller faire les magasins, donner du plasma, flâner à la bibliothèque, faire une balade en forêt, bruncher avec une copine ou aller manger des sushis, avant SEPTEMBRE.

(Et si d'aventure quelqu'un serait tenté de me dire "Ah mais tu peux faire tout ça, il suffit d'emmener tes bébés!", LOL.)

(Peut-être que tes bébés à toi sont différents, ou peut-être juste que tu es un meilleur parent que moi, mais mes bébés, ce sont des agents du chaos, et je les emmène nulle part, jamais.)


(Mes enfants dans leur poussette, une illustration.)

Alors, lecteur, lectrice, prie avec moi les anciens Dieux des mères au foyer, pour une prompte réouverture de la crèche.

Hestia, Frigg, Vesta, les Domovoy et les Kobold, soyez sympa, laissez-moi retourner à ma vie de membre productif de la société. Et, en attendant, je vous prie pour que vous m'accordiez des petits moments de paix. Des moments sans vomi à ramasser, sans bave à éponger, sans gencives à masser, et sans bobos à consoler.


(Et aussi, si vous pouviez jeter un sort de bienveillance sur mes enfants pour qu'ils arrêtent de nous refaire des scènes de Mad Max avec leurs petits trotteurs, ce serait cool, merci, bisous.)
Viewing all 291 articles
Browse latest View live