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Bisous morveux et conflits calendaires

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Et donc mes bébés sont de retour à la crèche.

Pas la crèche où ils étaient avant, par contre.

(Elle n'est toujours pas rouverte.)

(On ne sait toujours pas pourquoi.)

Normalement, les grumeaux auraient dû être transférés dans une autre crèche de la vallée (à 20 minutes en haut de la montagne, alias la direction qui n'est sur la route de RIEN), mais, coup de bol, j'ai reçu un coup de fil fin juin :

- Oui bonjour, je suis le responsable de la crèche de Kaysersberg. Comme vos enfants sont censés venir ici en septembre, et qu'on a deux places de libre, ça vous intéresserait de les amener ici dès maintenant?

Tu veux dire : ça m'intéresserait que mes enfants n'aient pas besoin de changer trois fois de crèche en trois mois?

Ça m'intéresserait qu'ils aillent à la crèche qui est à une borne de chez moi et où je peux facilement aller à pied ou en vélo, et qui en plus est située juste à côté de la pharmacie, de la boulangerie, de la mairie et de la banque?

Ça m'intéresserait d'aller à la crèche qui est sur le chemin du boulot, et pas à l'opposée?


Donc mes bébés sont de retour en crèche.

Et normalement, c'est ici que j'insérerais un petit gif jovial, parce que ça veut dire que YEAH je peux reprendre tous mes cours, YEAH j'ai de nouveau du temps libre, YEAH je peux mettre à jour mon site web, faire du tri dans mes papiers, pourchasser mes dernières factures, et s'il me reste du temps je peux même faire des trucs de OUF genre LIRE UN LIVRE ou M’ÉPILER, bref, jouir des frontières toujours grandissantes de l'univers car mon monde ne connaît plus de limites.

SAUF QUE.

Sauf que pas de gif jovial, parce que j'avais oublié le facteur"c'était la pandémie pendant quatre mois et mes enfants sont restés collés à mon fion H24 sans voir personne, et apparemment ils ont grave kiffé mon auguste compagnie", ainsi que le facteur"mes enfants ont quitté la crèche à huit mois et maintenant ils ont un an, et une mémoire de bébé c'est un peu le mec de Memento Dory dans Némo" 

(Oui, j'adapte mes références cinématographiques, je suis une maman maintenant.)

(Aussi le fait que quasiment personne ne se rappelle de Memento.)

(Un film sur le thème de la mémoire.)

(IRONIE TRAGIQUE.)

Bref bref.

C'est donc pas hyper la joie, vu que chaque fois que j'amène les petits à la crèche, ils se mettent à pleurer à chaudes larmes, s'agrippent à moi, et me hurlent "MAMAAAAAA" en tendant les bras pendant que le personnel de la crèche est en mode "pas l'temps d'niaiser":

- Allez allez, on dit au revoir à maman! Au revoir, maman! 
- ....
- Madame! On a dit AU REVOIR MAMAN!


(Moi en train de me faire pousser dehors: une illustration)

Le premier jour, je me suis dit "Bon, c'est le début, ils se sont sûrement arrêté dès que j'ai passé la porte", puis quand je les ai cherché le soir, j'ai demandé:

- Ça va, tout s'est bien passé?

Et la meuf m'a répondu:

- C'était.... mitigé.

Et je SAIS que c'est du langage codé de crèche pour dire "Ils ont chouiné toute la journée", parce que ma soeur bosse dans une crèche et elle m'a dit que c'est ça qu'elle dit aux parents, VOUS M'AUREZ PAS BANDE DE BÂTARDS J'AI UN CODEX.

Du coup, la fois d'après, j'étais encore plus triste de les laisser, à tel point qu'une responsable a dû voir la détresse sur mon visage et m'a dit:

- Si vous voulez, n'hésitez pas à appeler dans la journée pour prendre de leurs nouvelles!

J'ai pensé "Ouais c'est ça, pour que tu puisses me mentir et me dire que tout va bien?"

Et puis trois heures plus tard j'ai appelé pour qu'elle me mente et qu'elle me dise que tout va bien.

- Bonjour, c'est la maman de Samuel et Auguste. Je voulais juste voir comment ça se passe.
- Tout va bien!

Et le soir:

- Ça va, tout s'est bien passé?
- Bon... c'était plutôt moyen.


Enfin bon, de toute façon ils ont passé qu'une semaine en crèche, vu qu'après EVIDEMMENT ils sont illico tombés malades (rapport au fait que je les ai remis dans l'endroit où trente mômes lèchent le même jouet toute la journée).

Ils ont donc chopé un rhume, ce qui d'ordinaire ne les empêcherait pas de rester à la crèche, mais comme on est en protocole covid:

- Bonjour, Auguste a de la fièvre, il faut venir le chercher.
- Mais d'habitude vous ne lui donnez pas juste du Doliprane?
- En temps normal, oui, mais avec le protocole actuel, on vous demande de chercher votre enfant dès qu'il a plus de 38° de température.
- Et il a combien?
- 38,1°.


Heureusement, j'ai mon petit réseau de grands-parents qui sont ravis de revenir babysitter, parce qu'après une semaine de crèche, ils étaient déjà en PLS, cf. ma mère :

- Mais ils vont y aller TOUTE la journée, TOUTE la semaine?
- Non, cet été, juste trois jours par semaine.
- Et à la rentrée?
- Je vais rajouter une demi-journée.
- Oh non! Mais quand est-ce que je vais les voir?
- Mercredi?
- Je travaille.
- Vendredi matin?
- C'est le jour du marché!
- Eh ben je sais pas moi, le week-end?
- Ah ben non, pas le week-end! C'est quand tous les autres grands-parents vont vouloir les voir!


- Non mais sinon, tu me les laisses le lundi au lieu de les mettre à la crèche.
- Mais est-ce que tu peux me garantir que tu seras dispo TOUS les lundis?
- Bien sûr! Enfin, sauf quand je serai en vacances.


- Bon, je peux toujours me débrouiller avec les autres grands-parents. Tu me diras juste sur quelles semaines tu n'es pas dispo entre septembre et Noël.
- Ah ben ça je le sais pas à l'avance! Avec Marc on prend les offres "dernière minute" maintenant, c'est tout l'avantage de la retraite!
- Donc en gros, tu veux que je te laisse les enfants tous les lundis, sauf les lundis où tu ne seras pas là, et où tu me préviendras à la dernière minute que tu ne seras pas là?
- Voilà! C'est pas compliqué!


("C'est pas compliqué".)

Bref, pour résumer : les petits vont mieux, sont de retour à la crèche, et je profite de mon temps libre:

- Salut Charlotte! Les petits sont là aujourd'hui?
- Salut papa! Non, ils sont à la crèche.
- Jusqu'à quand?
- Normalement, 18h, mais je pensais aller les chercher un peu plus tôt, genre....
- Maintenant?
- Euh, plutôt d'ici deux heures.
- Mais sinon tu veux pas les chercher maintenant? Comme t'es à la maison?
- Ben c'est-à-dire que j'ai encore deux-trois trucs à faire...
- Ou moi je peux y aller! Si ça peut te rendre service.
- Si tu veux, mais c'est pas nécess...
- Okay j'y vais tout de suite! Pour te rendre service!


(Y'a pas un grand-parent pour rattraper l'autre.)

A bientôt pour plus d'aventures et de bisous morveux!

Un an et six dents (pour deux)

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Et donc mes bébés ont eu un an.

"Comment?" Te dis-tu derrière ton écran. "Point n'est-ce possible! Ne sont-ils pas nés la semaine tantôt?" 

(Oui, je te donne un langage châtié, ne me remercie pas surtout.)

(Truie.)

Eh ben figure-toi que je me disais la même chose, parce que d'après mon calendrier (et tous les calendriers du monde) mes enfants sont nés il y a un an, mais d'après moi par contre, ça fait, chais pas, deux mois? Trois, max!


Alors certes, il y a certains trucs qui auraient pu me mettre la puce à l'oreille un peu plus tôt (comme le fait qu'ils aient grandi de 31 centimètres depuis leur naissance), mais une fois qu'on met de côté ma réticence à voir les choses en face ainsi que ma mauvaise foi criante, il faut bien se rendre à l'évidence : ça y est, mes bébés ont un an, ils ont des dents, ils commencent à parler, ils se tiennent debout, et bientôt ils sauront marcher, bientôt ils ne seront plus des bébés du tout.


(Je suis pas prête)

Alors, certes, il y a de nombreux avantages au fait que mes bébés grandissent : tous les jours, ils deviennent un peu plus intéressants, tous les jours ils se font comprendre un peu mieux, tous les jours ils deviennent plus CALCULATEURS ET MANIPULATEURS attends quoi?

Juré, je pensais pas que c'était possible de faire de la manipulation émotionnelle à seulement un an, mais ils y arrivent avec brio.

J'en tiens pour preuve la manière dont ils vont systématiquement vers ma mamie quand ils veulent manger du sucre (parce qu'ils ont bien compris que c'est a) une proie facile et b) quelqu'un qui va toujours leur donner quelque chose de délicieux) (non, parce que moi aussi je suis une proie facile - rapport au fait qu'ils sont nés avec 2,5 kilos et que j'ai constamment peur qu'ils meurent de malnutrition - mais par contre je leur donne de la biscotte nature, pas des cuillères de confiture).

Et donc l'autre jour, ils jouaient sur le balcon après le goûter, mamie est venue les regarder jouer parce que c'est sa plus grande joie dans la vie (juste après les regarder manger), et ils ont accouru vers elle, se sont cramponné à ses jambes, et ont pointé du doigt le placard à biscuits en disant "Ma-meh! Mah-meh! Donne? Donne? Mmmmmmmh!"

(Oui, c'est du langage rudimentaire, mais tu avoueras que le message est plutôt clair.)

Donc EVIDEMMENT mamie n'a pas résisté à leur donner un boudoir (est-ce que j'ai précisé qu'ils venaient de prendre leur goûter?), ils l'ont enfourné vitesse grand V, puis Auguste est revenu en quémander un second, mais j'ai mis le hola, alors elle s'est tournée vers lui en lui disant :

- Non, mon chaton, il n'y en a plus! Maman a dit non! Mamie est désolée, mais tu n'en auras plus.

Et là, le môme se tourne vers elle et lui fait la tête de la crise imminente : menton qui tremble, yeux humides, gémissement de début de la sirène du premier mercredi du mois, la totale.


(Bonus : la bouche à l'envers comme les bébés savent si bien la faire)

J'interromps le début de pleurs et je lui dis :

- Dis donc Auguste, tu te moquerais pas un peu du monde?

(Oui parce que j'ai nettoyé mon vocabulaire, vois-tu, donc j'ai plus le droit de dire "TU TE FOUTRAIS PAS UN PEU DE NOS GUEULES PETIT TROUDUC?")

Et là, le gosse se tourne vers moi et se TAPE UNE BARRE DE RIRE :


Avant de s'en aller prestement, genre "Bon, pas de deuxième gâteau? Sûr? Okay j'aurais essayé, tchao, déso j'peux pas rester j'ai mon cours de trotteur qui m'attend".

(Cette Comedia dell'Arte de derrière les fagots.)

(Tout ça pour dire que je sens qu'on est pas trop sortis de l'auberge en termes de risques d'obésité infantile.)

C'est aussi vachement chouette de voir la progression des bébés en termes de langage et de motricité. 

Comme tu l'as vu plus haut, ils ne parlent pas encore, mais commencent à se faire comprendre de mieux en mieux. Ils ont un total époustouflant de sept mots à leur arsenal : 

- "mama"(qui désigne moi ou n'importe laquelle de leurs quatre mamies)
- "baba" (qui désigne leur papa ou n'importe lequel de leurs trois papys)
- "da" (qui veut dire "donne")
- "ta" (qui veut dire "tiens")
- "cah-cah" (qui veut dire "biscotte", "encore", ou "encore de la biscotte")
- "na-na" (qui veut dire "banane", mais, par corollaire, s'étend à tous les fruits)
- et enfin le très utile "SSSSA!"qui, accompagné d'un doigt pointé vers l'objet de leur désir, permet de clarifier bien des situations.

Fini l'éternel questionnement "est-ce qu'ils ont faim ou sommeil?" qui se terminait systématiquement par a) des bébés hurlant de faim dans leur lit ou b) des bébés crachant de la purée en hurlant dans leur chaise haute. 

(Les hurlements restant la grande invariable de chaque scénario.)

Maintenant, on les prend dans les bras, on leur dit "Qu'est-ce que tu veux?", et ils pointent du doigt, ou leur chambre, ou l'escalier (qui mène à la cuisine), ou le vélux.

(Le vélux, c'est pas pour dire "jette-moi par la fenêtre" (même si des fois je dirais pas non), c'est pour dire "je veux aller dehors".)

Niveau motricité, ils commencent à se tenir debout, et font occasionnellement un petit pas tout seul pour se rendre d'un meuble à un autre, mais on est encore loin de la marche autonome. J'avoue que c'est une étape que j'attends avec impatience, parce que ce sera vachement plus facile de les déposer à la crèche une fois qu'ils sauront tenir debout/marcher seuls et que j'aurai plus besoin de débarquer avec un bébé sous chaque bras en mode "JE VOUS POSE CA OU?" 

Mais ils progressent un peu plus de jour en jour, donc c'est chouette, un peu plus d'autonomie chaque jour, et bientôt ils n'auront plus besoin de moi du tout.


(Ah putain je l'avais pas vu venir celle-là.)

Enfin, à mesure qu'ils grandissent, leurs caractères s'affirment, et je vais couper court tout de suite à ceux et celles qui seraient tentés de dire "Ah bon, mais ils ont pas le même caractère?" parce que je sais que ça peut sembler dingue au vingt-et-unième siècle, mais apparemment il y a une FOULE de gens qui sont persuadés que, parce que mes enfants sont pareils à l'extérieur, ils sont aussi pareils à l'intérieur, et LOL NON.

Alors, certes, on est d'accord que TOUS les enfants en bas âge se ressemblent quelque peu (par exemple, la patience n'est globalement pas leur fort), mais force est de constater que Samuel est un gros lèche-cul, et son frère non.

Et je dis ça sans jugement aucun, à part peut-être de la fierté, parce que toi-même tu sais que j'ai été la chouchoute officielle de la maîtresse de 1991 à 2012 (oui, même pendant mes années fac, juge toi-même de la puissance de mon léchage de culs) et donc quand je vois Sammy sauter dans les bras de ma grand-mère en criant "Miam-miam!" je me dis que, même si cet enfant est la copie conforme de son père, au moins, niveau caractère, il y a un peu de moi.

Non parce que c'est franchement impressionnant de voir le niveau de professionnalisme de cet enfant. Par exemple, un jour, je lui donnais sa purée (préparée avec soin par ma mamie), et il était, disons-le, pas très enthousiaste :


(Alors qu'il y avait du poisson à 60 balles le kilo dedans, DES PERLES AUX COCHONS)

Et le lendemain, je lui réchauffe LA MÊME PURÉE, ma mamie vient lui donner pour me filer un coup de main, et d'un seul coup, le gars est en mode :


Et elle, aux anges :

- Tu as vu, Charlotte! Tu as vu comme il aime la cuisine de sa mamie! Ha ha! Oui mon bébé! Mange! Mange encore, et tu auras un gâteau en récompense!

(Un jour, je relirai cet article, entourée de mes gamins obèses, et je me dirai : "Ah ouais, c'est probablement à ce moment-là que j'aurais dû mettre le holà".)

Mieux encore dans la lèchitude : pour l'anniversaire des grumeaux, le papa de Flaxou a peint une aquarelle fort jolie qu'on a accroché dans leur chambre, au-dessus de la table à langer. Aucun des deux gamins n'en avait quoi que ce soit à secouer, malgré mes tentatives pour les distraire pendant que je leur change la couche:

- Regarde, mon bébé! Regarde le beau tableau! Ouaaaah! C'est papy qui l'a fait pour toi! Oooooh! Que c'est joliiiiii!

Le bébé:


Et, le jour où le papy en question était venu leur rendre visite, je mets Sammy sur la table à langer,et là, tu sais pas ce qu'il m'a fait, le petit suce-boules? Il regarde son papy, pointe du doigt le tableau, et fait :

- Ouaaaaaah!


(J'avais ce GIF dans mes fichiers depuis genre trois ans.)

(Il attendait son heure.)

Bref, je m'éclate bien avec mes grands bébés, et je profite d'eux tant qu'ils sont encore des bébés, puisqu'il semblerait d'après mon entourage qu'on est dans un âge d'or (une bé(bé)atitude, si tu préfères) qui ne passera que trop vite, et qu'il faut donc bien en profiter avant qu'ils se transforment en horribles monstres qui se roulent par terre dans les supermarchés quand on refuse de leur acheter des Dinosaurus.

(Anecdote réelle d'après ma chère maman, moi je me rappelle pas, j'avais deux ans.)

(Mais je veux bien la croire parce que c'est délicieux les Dinosaurus.)

Épilogue:

- Qu'est-ce que tu as, mon bébé? Tu veux un bisou? Oui, viens chez maman! Mwah ! Mwah!
- T'as bien raison, va! Profite tant qu'ils veulent encore des bisous. 
- Mais même quand ils en voudront plus, je leur en ferai quand même! Je ne peux pas me passer de ces petites joues si rondes et si douces!
- Ouais, profite de ça aussi.
- Comment ça?
- Ben... parce que d'ici quelques années... ils auront de la barbe.
- MES...MES BÉBÉS?!!


(Non, je suis vraiment pas prête.)

Ma folle vie palpitante : la minute pro

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Et donc c'est la rentrée.

Et comme chaque année, je suis en mode "recherche élèves désespérément", et ce d'autant plus que la grosse entreprise qui me file normalement la majorité de mes contrats a coupé son budget formation pour les deux, voire trois années à venir.

(En même temps, quand on est en mode "crise économique imminente", je peux comprendre qu'on ne fasse pas des cours de langue sa priorité number one.)

Cerise sur le gâteau du covid, j'ai appris l'autre jour que mes cours avec mes adorables retraités de la vallée de Munster ne seraient pas reconduits cette année, ce qui me fend le coeur parce que c'était une joie de les voir chaque semaine, sérieusement j'ai jamais eu une classe aussi sympa et motivée.

Et je ne dis pas ça QUE parce que ce sont des fans inconditionnels de mes bébés et qu'ils font "yeeeeuuuuh" dès que j'allume mon PC (oui j'ai mes enfants en fond d'écran, ET ALORS ILS SONT BEAUX).

Mais surtout parce que t'en connais beaucoup, des classes à qui tu files des bouquins en PDF à lire pendant tout le confinement et qui te REMERCIENT de leur filer des devoirs?

("CHIC")

("WITH PLEASURE")


(Et des compliments sur mes bébés en sus, mais n'en jetez plus je vous aime déjà assez!)

(Et qui demandent ENCORE PLUS de devoirs mais dans quelle dimension sommes-nous?)

Donc tu comprendras facilement pourquoi ce groupe est mon chouchou, et pourquoi je ne suis que tristesse à l'idée de ne plus voir ces adorables seniors.

(Après, vu la situation sanitaire – sans compter le fait qu'ils ont tous plus de 65 ans  –  on est d'accord que c'était pas la meilleure idée du monde d'aller s'entasser à quatorze dans une pièce fermée de 25 mètres carrés.)

Mais je me console en me disant qu'au moins je peux continuer à leur envoyer des livres à lire, et que, faute de les voir, il me restera tout de même leurs merveilleux emails, dans lesquels ils font un point d'honneur de correspondre exclusivement en anglais et c'est tellement, tellement mignon:


(Ça pourrait être un poème tellement c'est choupi.)

Heureusement, j'ai déjà trouvé quelques nouveaux élèves, en particulier un jeune retraité qui s'annonce fort prometteur:

- Et pendant votre temps libre, qu'est-ce que vous aimez faire?
- J'adore me promener en forêt, particulièrement sur les anciens sites de combat de la Première Guerre Mondiale, pour chercher des artefacts.... L'Histoire, c'est ma grande passion.


- Vous aimez le cinéma?
- Oui, surtout les films historiques, ou bien la science-fiction et la fantasy.
- Et vous avez un film préféré?
- Oh, c'est dur de choisir... Mais sûrement "Le Seigneur des Anneaux". Vous connaissez?


(SI JE CONNAIS!)

- ... Et j'ai deux enfants et trois petits-enfants. Et vous?
- J'ai deux garçons, des jumeaux.
- Vous avez des photos?

(SI J'AI DES PHOTOS!)

(Mais alors là, limite je plains Jean-Michel Bien Intentionné, parce qu'il sait clairement pas dans quoi il s'engage.)

Bref, le courant passe bien.

- Op op op, et il a quel âge au juste, ce "jeune retraité"? Genre, c'est un vieux beau gosse? C'est un Brad Pitt? C'est un Benicio?
- Fla, enfin! Il a trente ans de plus que moi!
- Mouais, mouais... Qu'il se tienne à carreaux, le pépère parfait, là!

Juste après, j'ai eu un autre prospect pour des cours à domicile, mais on avait des difficultés à trouver une date où on était toutes les deux disponibles:

- Il ne reste guère que le mercredi.
- Bon, c'est pas vraiment idéal, parce que j'ai mes enfants à la maison... mais si vous venez en début d'après-midi, ça peut marcher.
- Vous êtes sûre?
- Oui oui, mon petit sera à la sieste, et j'enverrai le grand jouer dans sa chambre.
- Mais.... vous êtes au courant que le cours fera une heure et demie?
- Pas de problème!

J'ai quand même accepté le contrat (malgré ma mère qui me hurlait NON NE FAIS PAS CA CE SERA LE BORDEL VOUS ALLEZ JAMAIS ETRE TRANQUILLES) parce que, soyons honnête, j'avais besoin de la thune, et je me suis rendue au premier cours en mode "Non, mais bon, on fera ce qu'on pourra, et puis au pire, on fera des cours d'une heure, c'est pas idéal mais y'a moyen, si après je lui donne plus de devoirs à la maison, c'est faisable..."

J'arrive, le grand (7 ans) est en train de jouer dans le jardin, mon élève lui dit "Allez mon grand, file dans ta chambre, comme on en a discuté". Le gosse range ses jouets, puis s'attarde dans le salon.

- Allez, ouste!
- Maiiiiiis.... je peux rester ici et regarder la télé?

Moi :


(Pitié, non.)

- Non, je t'ai expliqué, je dois travailler, alors tu vas dans ta chambre, tu vas jouer, et tu ne nous déranges pas.
- Maiiiiiiis tous mes jouets dans ma chambre ils sont nuls!
- Ah bon? Et tes Lego, ils sont nuls? Tes Lego Star Wars?
- ..... Non.
- Bon. Alors tu vas jouer?
- D'accord!

Et là, le gamin se barre, et NE REVIENT PAS.

Il a joué dans sa chambre UNE HEURE ET DEMIE, tout seul, pépouze.

Et le petit je ne l'ai même pas vu, parce que quand je suis arrivé, il était à la sieste, et quand je suis partie, IL DORMAIT ENCORE!

- Dites donc, il fait des longues siestes, votre petit! Vous arrivez à le coucher la nuit?
- Oh oui, ça a toujours été un gros dormeur! Il fait trois heures de sieste l'après-midi, et ensuite douze heures la nuit.


(Moi dans ma jalousie, une illustration.)

(Oui, parce qu'à la maison des grumeaux, une-demi heure de sieste, c'est la sieste normale.)

(Et au bout d'une heure, on va voir si le môme respire toujours.)

Je terminerai sur ma dernière élève en date, une nana qui semblait plutôt sympathique au téléphone, et qui avait le même âge que moi, donc je me suis dit "Cool, avec un peu de chance on aura des trucs en commun, et on pourra bien accrocher".

(Ce qui n'est pas forcément garanti juste parce qu'on est du même âge, cf. mon élève dont les centres d'intérêt sont le bricolage, les voitures, et la muscu, et moi dont les centres d'intérêt sont... aucunes de ces choses-là.)

(Et en plus il préfère les chiens aux chats.)

(HERETIQUE!)

Bref, j'étais précautionneusement optimiste, et au premier cours, la meuf se pointe avec UN SWEAT FRIENDS.


(Bonjour ma NOUVELLE MEILLEURE AMIE!)

Tout ça pour te dire que je suis hyper ravie de ma promo 2021, qui s'annonce grave chan-mé.

J'ai pas encore rencontré mes deux autres nouveaux élèves (un mec qui bosse dans le tourisme et une nana qui tient un AirBNB), mais je pense que ça va bien se mettre s'ils sont ne serait-ce qu'à moitié aussi cool que ma super élève fan de Friends, avec qui les atomes crochus se sont tout de suite crochetés:

- Vous savez que j'ai le même pull que vous à la maison?
- Ah mais vous aussi vous êtes fan de Friends?
- Oui, c'est ma série préférée!
- Moi aussi!
- Perso préféré?
- Chandler!
- EVIDEMMENT!
- EVIDEMMENT!


Bref, je suis au sommet de la hype, je parle de mes super nouveaux élèves à tout le monde, et tous mes amis partagent mon bonheur sont hyper jaloux.


(Ma meilleure copine n'est pas ma meilleure copine pour rien.)

(#relationsaine)

Sur ce, lecteur adoré, je te fais des bisous, je vais aller préparer mes cours.

(Le thème de la semaine : "Were they on a break?")

Des nouvelles des grumeaux

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Et sinon mes bébés vont bien.

(Attends, j'ai passé UN ARTICLE ENTIER à ne pas en parler, ça n'allait plus, j'étais en PLS.)

Ils marchent, ils mangent seuls, ils descendent les escaliers, ils parlent (un vocabulaire époustouflant d'environ douze mots), ils font des blagues ("Ouah tu m'as pas vu, j'étais caché derrière mes mains!") (un classique) et ils font même de la magie!

(Enfin, ils cachent leur doudou derrière le dos et ensuite font "Ouah, voilà le doudou! Miracle!", mais on va compter ça comme de la magie.) 


Ils se sont enfin ré-habitués à la crèche, et ça se passe super duper, ils sont ravis de passer du temps avec les autres enfants, et vraiment je ne m'y attendais pas (au vu du bagage génétique qu'ils se trimballent), mais il faut se rendre à l'évidence, mes enfants sont des gars populaires.

J'en veux pour preuve leur retour de la crèche post-angine blanche d'il y a quelques semaines, où je suis arrivée devant la cour en vélo avec les gosses dans leur charrette, et tous les mômes sont venus se masser devant leur carrosse en piaillant de joie, mais sérieux on aurait dit un mariage princier tellement l'effervescence était palpable.

Je les ai sortis de la charrette et posés dans la cour, et tous les gamins se sont rués sur eux pour leur faire des bisous et des câlins (et maintenant je comprends beaucoup mieux comment les gosses tombent toujours malades dans ces structures). 

Samuel était tellement bouleversé par toute cette agitation qu'il a commencé à brailler en s’accrochant à moi (en mode "maman comment peux-tu me laisser avec ces MONSTRES!" Ah ouais grave, non mais j'avoue, tous ces câlins là, c'est brutal). Et pendant ce temps, une petite blonde qui faisait deux fois sa taille lui caressait la main tout doucement en lui chantant :

- Faut pas peu-é ! Pas peu-é bébé!

Avant d'aller voir une des assistantes maternelles en disant :

- Yé où le doudou? Moi j'amène yeu doudou! Bébé y peure! Moi j'amène doudou et tétine!

("Puisqu'appremment je suis la SEULE A BOSSER ICI" - la gamine, sûrement)

L'équipe pédagogique les aime bien aussi (ça doit aider qu'ils se jettent dans leurs bras le matin en leur faisant des grands sourires), et apparemment les journées se passent bien:

- Qu'est-ce qu'on rigole avec Samuel et Auguste! De vrais petits clowns! 

- Bon, par contre, on a dû les séparer plusieurs fois, parce que Samuel tape quand même beaucoup son frère....


(Heureusement, Gus-Gus s'en contrefout.)

(Ce môme a un squelette en adamantium ou chais pas quoi.)

(On les appelle donc désormais Samuel le Cruel et Auguste le Robuste.)

Samuel le Cruel est aussi un sacré faux cul, parce qu'il a très bien compris qu'il a pas le droit de taper son frère, mais c'est pas le dernier pour la délation quand Gus-Gus fait des bêtises.

Oui, car même s'il ne parle pas, il arrive quand même à le dénoncer, tu avoueras que c'est plutôt fort.

La raison, c'est qu'on leur a appris certains mots-clés en langue des signes (vu qu'ils arrivent bien plus facilement à faire des gestes qu'à dire des mots). C'était notamment bien pratique pour le signe "encore" qu'ils ont utilisé pendant un ou deux mois (maintenant, ils savent le dire), ou pour le signe "manger" qu'ils utilisent encore aujourd'hui :


(Bon, eux, ils s'enfoncent le poing entier dans la bouche, mais on va dire que ça a le mérite d'être clair) 

Et c'est surtout utile pour le signe "interdit", qui se présente comme ceci :

On était bien contents de leur avoir appris ce geste, puisqu'ils l'utilisent souvent pour nous demander la permission de toucher certains trucs, ou pour confirmer que les trucs qui étaient interdits il y a genre UNE MINUTE le sont encore.

Genre le gamin qui s'approche du bouton ON sur la tour du PC en mode :

- Heu... c'est toujours interdit, ça? Oui? Okay. On est sûrs? Pas de regrets? Non parce que perso j'appuierais bien dessus. Non? Bon d'accord. Je reviens demander dans six à sept minutes.

Seulement, ce qu'on n'avait pas anticipé, c'était qu'apparemment Samuel est une bonne petite poucave.

J'en veux pour preuve le jour où Auguste est venu essayer pour la millième fois d'ouvrir les tiroirs de mon bureau, et que son frère est venu me chercher en faisant le geste "interdit" puis en le pointant du doigt.

De son côté, Auguste n'a pas trop saisi le signe "interdit" (et je pense que ça l'arrange bien, parce que c'est pas le dernier pour foutre la merde) mais par contre, il gère super bien le "oui" et le "non" et ça, c'est même pas nous qui le lui avons appris, c'est un hérisson.

Introducing le livre préféré de Gus-Gus, Non-Non le Hérisson. 

Une histoire brillante, une intrigue à couper le souffle, des personnages complexes à la psychologie fouillée, nan j'déconne c'est l'histoire d'un hérisson qui dit toujours non.


(En même temps, faut que le public concerné arrive à suivre, hein.)

(C'est pas vraiment des flèches.)

Bref, c'est son livre préféré, il faut lui lire cinq fois par jour, et la particularité du machin, c'est que la tête du hérisson est une marionnette et qu'on peut mettre l'index au dos du livre pour lui faire bouger la tête.

Et quelle ne fut pas ma surprise quand j'ai réalisé qu'Auguste commençait à secouer et hocher la tête en même temps que Non-Non (ouais, parce qu'à la dernière page du bouquin, on propose un biscuit à Non-Non, et là, au lieu de dire "non-non", il dit "oui-oui"). (PLOT TWIST!)

Et donc j'étais tellement fière de mon magnifique enfant, ce génie, ce prodige, oui okay sauf qu'en fait maintenant qu'il a appris à dire non.... IL L'UTILISE.

- Coucou mon trésor! Oh, tu m'as manqué aujourd'hui! Fais-moi un câlin!
- Non!
- Mais... mais si! Viens faire un câlin à maman!
- Non non! Non non non!
- Mais... maman t'aime! 
- Noooooooooooon!


Enfin, de toute façon il faut que je me fasse à l'évidence, ces enfants ne m'aiment que quand il n'y a personne d'autre à proximité, cf. la discussion que j'ai avec eux tous les matins du monde, quand j'arrive dans leur chambre en mode:

- Bonjour mes amours! Bonjour mes jolis trésors! Vous avez bien dormi, mes petits poussins? Vous avez fait de beaux rêves? Maman est venue vous apporter vos biberons, mes jolis coeurs!

Et qu'en réponse, j'ai un gamin debout dans chaque lit en train de pointer du doigt la porte en disant :

- Papa! Papa? Papa! Papa! PA-PA ! PA-PA!


(Sachant qu'évidemment, pendant ce temps, Professeur Flaxou est en train de dormir comme un bienheureux.)

(Le mec en télétravail qui vit sa meilleure vie et se lève à 7h55 pour commencer à bosser à 8h.)

Bref, les enfants vont bien, sont en forme, et ont eu tous leurs vaccins parce que j'étais chez la pédiatre l'autre jour et maintenant on est pépouze jusqu'au CP, cool Raoul.

Elle les a aussi mesuré, pesé, et vérifié que leur développement se passait bien:

- Ecoutez, ils sont en parfaite santé! Juste un peu en-dessous de la courbe au niveau du poids. Essayez de leur faire manger un peu plus d'aliments gras : de la crème, du beurre, du fromage... Vous pouvez aussi leur donner un laitage après le déjeuner.

Le soir même, j'ai croisé ma mamie:

- Tu veux des yaourts nature pour les petits? J'ai pris la mauvaise marque, Papy ne les aime pas.
- Ah non désolée, c'est de l'allégé, je ne leur en donne pas. Il leur faut plutôt des yaourts gras, comme le petit suisse ou le bibbalakaas. 
- Ah bon, pourquoi?
- Parce que la pédiatre a dit qu'ils étaient un peu maig...
- QUOI? Ils sont TROP MAIGRES??!


(Cette erreur de DÉBUTANT!)

Inutile de te dire que mamie a pris ça comme un challenge, et qu'elle bourre les enfants de boudoirs, de flans et de gâteaux aux noix tous les jours que Dieu fait.

(Ils sont toujours maigres, mais maintenant, en prime, ils seront diabétiques.)

Sur ce, je te laisse, parce que c'est pas tout ça mais on est déjà en novembre et j'ai un article spécial séries 2020 à préparer.

(Au programme : des fantômes, de l'espace, de la réalité virtuelle et du féminisme.)

Bonus vidéo : Auguste en train de lire "Non-Non le Hérisson" (alerte mignonnitude)


Neige, hôpital et somnambulisme

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Et sinon, les grumeaux vont bien.

(Comment, Tindomerel? Tu n'as rien écrit depuis novembre et la seule info que tu aies à nous donner, c'est de nous reparler de tes putains de mômes?)

(BEN OUI.)

(Si t'es pas content, va voir NULLE PART en fait, tout le monde est confiné ou sous couvre-feu, fais pas genre il t'arrive des trucs à toi.)

Je disais donc avant de m'interrompre moi-même, les grumeaux vont bien.

Ils ont un an et demi, douze dents chacun (soit onze de plus que leur père au même âge), ils commencent à parler (oui je sais, je dis ça depuis huit mois, mais c'est pas ma faute s'ils prennent leur temps), et ils franchissent peu à peu les étapes qui marquent le passage du bébé au bambin : premiers jeux dans la neige, premiers dessins, première visite aux urgences pédiatriques, OUI BEN OUI CA M'A SURPRISE AUSSI.


Et, contrairement à ce que je m'imaginais, c'était même pas de ma faute!

(Oui, parce qu'entre ma maladresse et la tête de linotte de Professeur-Flaxou-je-laisse-toutes-les-portes-ouvertes-tout-le-temps-toute-la-sainte-journée, j'étais à peu près certaine que notre première visite aux urgences serait parce que j'aurais lâché un bébé sur la tête, que je l'aurais cogné sur une poutre, ou que Flaxou en aurait laissé tomber un dans les escaliers.)

(On est vraiment plutôt des gens faits pour vivre sur du plain-pied.)

Et là, surprise! C'est à la crèche qu'ils se cassent la gueule! Même pas de ma faute!

Et, double surprise, c'était même pas de LEUR faute! 

- Oui bonjour, désolée de vous déranger, c'est à propos de Samuel.
- Il a encore fait une poussée de fièvre? Mais je viens de le déposer, il était pas chaud!
- Non, c'est pas ça, mais il faudrait venir le chercher dès que vous pouvez... Il y a eu un accident.
- Un accident?
- Et on pense qu'il a peut-être le nez cassé.


(Moi en train de me demander s'il est trop tard pour dire "Vous êtes sur le répondeur de Charlotte, laissez un message après le bip" et faire un bip avec la bouche.)

AH OKAY.

J'arrive à la crèche récupérer un Sammy tout patraque qui se terre dans mes bras comme un chaton apeuré, et écouter le topo:

- Alors en fait, Samuel était debout en haut de l'escalier du toboggan, il était tourné vers l'extérieur, et là, une de ses camarades l'a poussé.... et il est tombé du haut des marches, en plein sur le visage.
- Ah. Donc tout à l'heure, quand vous m'avez dit "il y a eu un accident", vous vouliez dire "un crime", en fait.


(La crèche à l'heure de la récré, une illustration.)

Un ACCIDENT? 

Pousser mon fils du haut d'une falaise, c'est un ACCIDENT?

ET LA MORT DE MUFASA AUSSI ALORS, C’ÉTAIT UN ACCIDENT, MICHELINE?!

Bref, finalement je me suis inquiétée pour rien, la docteure des urgences m'a pratiquement ri au nez quand je lui ai montré le bobo:

- Non mais vous avez quand même bien fait de venir, si vous n'avez pas vous-même assisté à la chute, c'est toujours bien de consulter.
- Oui, parce qu'il était tombé d'assez haut, quand même: plus d'un mètre, à plat sur le nez...
- Oh, c'est rien! A cet âge-là, ils sont solides!

(Les mômes ils ont un an et demi, ils survivent à des explosions nucléaires, quoi.)

(Pendant ce temps, j'ai trente-deux ans, et je me fais mal au canal carpien en coupant des carottes en dés.)

A part ça, les grumeaux ont découvert la neige pour la première fois de leur vie, et puis alors c'était cash 60 centimètres, hein, on commence fort.

Et, moi qui me réjouissais depuis si longtemps de pouvoir faire de la luge et des bonshommes de neige avec mes petits loups, force m'est de constater que j'ai engendré une belle bande de petits pleutres.

Parce qu'autant ils ont passé une-demi heure glués aux fenêtres à regarder la neige tomber en criant "Beau! Beaauuuuuuu!", autant quand ils se sont retrouvés dedans, c'était pas le même son de cloche:

- Regarde, Auguste! Tu peux attraper les flocons sur la langue!
- Hihi!
- Tu fais comme maman?
- Hi hi hAAAAAA! WAAAAAAAA!
- Ben quoi?
- FRRROIIIIID!


(Mille mercis, Capitaine Flagrant)

Et c'était pas beaucoup mieux avec Samuel, qui a carrément refusé de sortir de sous le porche:

- Allez, viens jouer avec nous, mon coeur!
- MAMAAAAN! POOOOORTE!
- Mais non, mon grand, tu peux marcher dans la neige! Je t'ai mis des bottes spéciales, regarde, tu peux marcher dedans et c'est rigolo!
- VEUX PAAAAS! A PEEEEUUUUR!


(Autant dire que c'est pas demain la veille que je vais emmener ces petites flipettes au Lac Blanc.)

(Ce qui est évidemment la honte totale pour ma famille de montagnards, vu que j'avais moi-même deux ans et demi la première fois qu'on m'a posé sur des skis de fond.)

(Bon, on est d'accord, j'allais pas vite.)

Niveau langage, ça avance tout doucement, on n'en est pas encore aux phrases, mais plutôt à des petites séries de mots-clés, tels que : "Maman, porte", "Papa fait dodo?"(on voit qui c'est qui se lève les week-ends, hein) ou encore"Mamie, donne gâteau!" (oui, ces deux éléments sont maintenant indissociables, pour le plus grand bonheur de ma grand-mère).

Ce qui me fait beaucoup rigoler, c'est qu'Auguste a hérité d'un trait typique de ma famille : il parle dans son sommeil.

Je ne te raconte pas le fou rire la première fois que je suis allée dans sa chambre parce que je pensais qu'il était réveillé, et il était allongé dans son lit, complètement endormi, en train de répéter:

- Voitu! Voitu? VROOOOOUUUM!

(Avec le geste de la main pour faire rouler sa voiture imaginaire, bien entendu.)

Je l'ai aussi entendu dire"Parti! Auvoir!", une autre fois "Non non! C'est chaud!" et encore une autre fois s'exclamer d'un air navré "Oh non! A cassé!", ce qui me laisse penser qu'il rêve sûrement de moments charnière dans sa journée. (Oui, ben c'est des moments à la con, en même temps il est pas ministre le gars.)

- Pour le moment c'est mignon, j'espère juste qu'il ne devient pas somnambule par-dessus.
- L'avantage, c'est que dans son lit à barreaux, il ira pas loin. 
- Oui, et puis le temps qu'il aille dans un grand lit, ça lui sera peut-être passé.
- Ah, parce que ça passe, le somnambulisme?
- Ben oui, regarde, moi, j'en fais presque plus. Deux-trois fois par an, pas plus!
- Et quand t'étais petite, c'était plus que ça?
- Ah, quand j'étais petite, c'était tous les mois.
- QUOI??!


(Flaxou réalisant que les problèmes héréditaires ne sont finalement pas QUE de son côté de la famille.)

(Enfin, d'un côté, on a de l'alcoolisme, des cancers et du cholestérol, et de l'autre on a des gens qui se baladent la nuit et se réveillent dans le placard à casseroles, c'est quoi le pire, franchement?)

(Si l'exemple plus haut sent le vécu, c'est normal.)

(Je me suis aussi réveillée une fois dans l'armoire, une fois sur le tapis de la salle de bains, et une fois sous la table de la machine à fax.) 

(Oui, on avait une machine à fax, 3615 ma vie d'ancêtre.)

("De mon temps, les enfants, y'avait pas de PC ni de consoles ! Je faisais des lignes de virgules sur l'écran du minitel et j'étais bien contente!")

(Véridique, c'était mon passe-temps préféré de remplir l'écran avec des lignes de ponctuation.)

(Le putain d'âge de pierre, les gars.)

Bref, tout va bien chez nous, j'espère que c'est pareil chez toi.

(Oui, ben ce blog est à l'abandon depuis des mois, alors je prends des nouvelles de mon lectorat.)

(Vous êtes toujours en vie? Si oui, c'est cool.)

Je te laisse parce que c'est l'heure d'aller chercher les grumeaux à la crèche (c'est pas que ça m'enchante mais je voudrais pas louper le couvre-feu). Je te dis à pas bientôt parce que j'aime l'honnêteté, et même si j'ai des idées d'articles (et qu'en plus on est en février 2021 et j'ai encore rien écrit sur mes séries 2020), franchement je sais pas trop quand j'aurai le temps de reprendre ma plume virtuelle.

(J'ai de la paperasse qui me sort par tous les trous, t'imagines pas.)

(Un article là-dessus quand j'ai le temps, promis.)

(Sur la paperasse, pas sur mes trous.)

Des bisous!

Séries 2020 : le flop

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C'est avec un (très) grand retard que je vous présente le moment le plus attendu de l'année par exactement une lectrice (coucou Sarah) : les séries que j'ai adoré, détesté, et adoré détester en 2020.

Bon, pour la catégorie "adoré détester", il n'y a guère eu que la saison 2 de The Alienist, qui, bien qu'excellente sous tous points de vue, m'a grave mis dans le mal, cf. cette correspondance avec force angles flatteurs:


(Et des bébés QU'ON KIDNAPPE DE LEUR BERCEAU LA NUIT!)

(Laisse tomber comment j'ai pas bien dormi pendant des semaines.)

Sans plus attendre (parce que dieu sait que je me suis déjà suffisamment fait attendre), on commence tout de suite par le plus rigolo : dire du mal des séries pour des raisons absolument subjectives et sans avoir une once de légitimité.



Mrs America



"Mais enfin Charlotte", te dis-tu en lisant ce titre, "Tu t'es trompée de catégorie!"

Car tu me connais bien (mais si!) et tu sais que cette série regroupe toutes les choses que j'adore :

1. C'est une mini-série (engagement minimal, plaisir maximal)
2. C'est une série historique qui se situe dans les 70's, décennie ô combien intéressante (#passionguerrefroide)
3. Ça parle de féminisme (heyooooo)
4. Ce CASTING MILLE ETOILES DE FIFOU!

Sérieusement, même si les trois premiers points n'avaient pas été au rendez-vous, le casting à lui seul m'aurait fait regarder la série : en tête d'affiche, Cate Blanchett, un monument de cinéma (et je ne dis pas ça QUE parce qu'elle était dans le Seigneur des Anneaux) (même si elle avait le rôle le plus difficile avec celui d'Elrond et qu'elle s'en est sortie IMPÉRIALEMENT, mais là n'est pas la question) et qui est tout simplement magistrale en Phyllis Schlafly, tête de file du mouvement anti-féministe aux Etats-Unis dans les années 1970 :


(La perfection, j'te disais)

Mais on trouve aussi dans cette série Rose Byrne, une si bonne actrice qui fait souvent de si mauvais films (miskine), et qui interprète ici la star de l'émancipation féministe outre-Atlantique, la glorieuse Gloria Steinem:


(Oui, c'était un jeu de mots facile)

Mais aussi Uzo Aduba, qu'on avait vue exceller dans Orange is the new Black:


Ou encore Sarah Paulson, une actrice criminellement sous-cotée, et qui resplendit ici de retenue, toute en passive-agressivité et rage refoulée :


Sans oublier ma pref' Margo Martindale, à qui POUR UNE FOIS on laisse jouer un autre rôle que la redneck du Texas :


Mais alors, si tout ce casting est si resplendissant, et que l'histoire est intéressante, pourquoi avoir mis la série dans cette catégorie?

Eh bien, parce que malgré les efforts en termes de réalisation, scénario et jeu d'acteurs (ah oui et la musique est tip top aussi), ben faut bien avouer qu'on se fait chier ma petite dame.

Sérieusement, la série ne décolle pas, ce qui est dérangeant pour une mini-série (où tu es quand même censé faire dans le synthétique). Et imagine un peu que je te dis ça alors que je suis féministe et que ce thème m'intéresse vachement! Même moi, coeur de cible de cette série, j'ai trouvé ça hyper chiant d'entendre pendant dix heures des débats sur les différents sous-genres des courants féministes du vingtième siècle.

Faut-il accepter les lesbiennes sous peine de s'aliéner Madame-tout-le-monde? Plutôt émanciper les femmes au foyer, ou les accepter pour leur choix de maternité? Et quid des femmes de couleur? Des questions somme toute intéressantes (en tout cas, pour moi), mais vraiment pas propices à ce genre de média.

(En fait, c'est le genre de questions que je préfère largement aborder en lisant des articles de presse, des livres, ou en regardant des débats, mais pas sous forme de fiction historique.)

En plus de ça, les personnages féminins se ressemblent tous beaucoup physiquement (pas merci la mode 70's), et peu d'entre elles ressortent suffisamment du lot pour qu'on s'intéresse réellement à leur histoire.

Du coup, je trouve ça dommage, parce que cette série avait beaucoup à offrir, mais si elle n'a pas réussi à convaincre une meuf comme moi, qui avait tout pour l'adorer, alors je me dis que les audiences n'ont sans doute pas été au rendez-vous. 

(Hulu, tout comme Netflix, tient ses audiences secrètes, on ne saura donc pas combien de téléspectateurs ont regardé la série jusqu'au bout.)

(Mais à mon avis, pas des masses.)

C'est doublement dommage, parce que la série aurait pu avoir un rôle éducatif important, et même si je ne suis personnellement pas fan du traitement "cinématographié" de Phyllis Schlafly (qui était une personne odieuse et ne méritait pas qu'on l'humanise à coups de scénario inventé), je comprends le principe de montrer qu'il y avait à l'époque, dans les deux camps, des arguments valides, et de ne pas tomber dans la facilité du "les féministes c'est toutes des héroïnes gentilles et courageuses, et les anti-féministes des grosses dindes sans cervelle".

Je reste donc sur ma faim avec Mrs. America, mais je lui mets quand même un 10/20 pour l'effort.


(Rien que ce passage mérite un bon point.)


The Morning Show


On prend les mêmes critiques que ci-dessus et on recommence:

"The Morning Show", donc, est la série-phare de la nouvelle plateforme Apple TV+, featuring une brochette de stars en pleine forme et des thèmes d'actualité, en mode "on est Apple TV, on est des fifous, on donne un coup de pied dans la fourmilière, on se prend pour HBO".

L'histoire : Mitch (Steve Carell), un présentateur de "morning show" (pense "Télématin", mais avec des audiences de ouf) est viré de son poste après 20 piges d'antenne, suite à un scandale sexuel dans le sillage des révélations #metoo. Sa partenaire à l'écran (Jennifer Aniston) doit se battre pour garder son boulot, tout en rivalisant avec sa nouvelle co-animatrice, une jeune journaliste combative (Reese Witherspoon).

Comme pour "Mrs America", sur le papier, la série avait tout pour me plaire : des acteurs que j'adore, un scénario original et d'actualité, et (on était en droit de s'y attendre) un sous-texte féministe, vu le sujet de la série.

Et, petit bonus personnel, ça me permettait de revoir Jennifer Aniston et Reese Witherspoon jouer les soeurs ennemies, comme à la grande époque:


(Cette série est tout pour moi et je m'en lasserai jamais, okay?)

Côté casting, parlons-en vite fait : rien à redire, tout le monde est en grande forme (même si Jennifer Aniston peine un peu à exister dans ses scènes avec Reese Witherspoon, qui crève l'écran).

Côté réal, on voit qu'Apple a mis de la thune dans le projet, parce que ça sent le solide : décors, éclairage, même la mise en scène se permet des plans un peu léchés, c'est très joli.

Côté féminisme, le propos est nuancé et le sujet (très houleux) est bien traité, notamment via le personnage de Mitch (le prédateur sexuel), qui n'est pas juste un gros porc baveux et libidineux comme on en voit souvent dans les fictions. Non, Mitch est un type sympa, marrant, intelligent, et on aurait presque envie d'avoir de la compassion pour lui... excepté le fait que, bah, c'est un prédateur sexuel. Et je trouve très criant de vérité le fait qu'il ne se remette pas en question et se sente, lui, victime d'une chasse aux sorcières parce que, selon lui, le sexe était consensuel, parce que techniquement la meuf n'a pas dit non.


Cependant, en dehors de cette sous-intrigue, le reste du scénar fait plutôt bâiller d'ennui (à bases de luttes de pouvoir intestines et d'histoires de pognon). Alors peut-être que la série résonne différemment aux States, mais en France, où les "morning shows" n'existent pour ainsi dire pas (et n'ont en tout cas certainement pas l'audience et le glamour dont ils jouissent outre-Atlantique), ben on se sent un peu hors sujet.

Autre point faible, la série a clairement été écrite pour reposer sur les épaules des deux persos principales, et du coup, les personnages secondaires sont bâclés et oubliables (c'est bien simple, en dehors de Mitch et Cory, le producteur, je ne me rappelle d'absolument aucun nom).

Au final, je suis assez perplexe, déjà face à l'existence de cette série, qui, au vu de sa substance, aurait franchement fait un bien meilleur film (je l'imagine mal tenir plusieurs saisons, quand j'ai personnellement trouvé que 10 épisodes tiraient déjà bien sur la corde). Mais soit, je suis prête à être ouverte d'esprit sur ce sujet (au vu des actualités, je peux comprendre qu'on soit frileux à l'idée de réaliser des films, même si le direct-to-TV ne semble clairement pas en effrayer certains) (HUMHUMDisney)

Ce que j'ai beaucoup plus de mal à comprendre, par contre, c'est ce budget absolument démesuré (15 millions de dollars PAR EPISODE, soit le même budget que FUCKING GAME OF THRONES) pour une série qui se passe entièrement sur un studio de télé!

(Alors oui, okay, je sais bien que les stars, ça coûte cher, mais soyons honnête, on se retrouve quand même avec un surplus de ouf même après que Jennifer Aniston ait touché son cachet!)

(Alors quoi, vous aviez des sandwichs au caviar sur le plateau, ou comment ça s'est passé?)

Mais, au-delà de la question "comment avez-vous réussi à dépenser tellement de pognon pour une série qui nécessitait littéralement deux chaises et une table?", se pose surtout la question du "pourquoi?" Qu'est-ce qui a poussé Apple à tellement investir dans "The Morning Show", et pas ailleurs?

Ma théorie personnelle est qu'ils espéraient surtout s'acheter une crédibilité en faisant une série qui allait rafler plein de récompenses, et ainsi se poser en concurrent sérieux aux autres plateformes de streaming. (C'est loupé, ils ont juste eu un Emmy, et c'était pour meilleur acteur dans un rôle secondaire.)

Et tout le monde sait qu'il n'y a rien que l'industrie audiovisuelle aime tant que les productions qui parlent de l'industrie audiovisuelle.

(HUMHUMLa-La-Land.)

Et en parlant de s'auto-sucer la bite, devinez de quelle série on va parler pour la suite?


Hollywood


Une série qui m'a moins déçue que "Mrs America", mais alors c'est vraiment parce que je n'en attendais rien, hein.

Encore une minisérie (ça se voit que j'ai moins le temps de regarder des séries depuis que j'ai fait des mômes?) mais ce coup-ci sur Netflix, "Hollywood" est une version fictive de l'Age d'Or Hollywoodien (post-Seconde Guerre Mondiale), réalisée par le célèbre Ryan Murphy, prolifique scénariste et producteur notamment à l'origine de séries comme "Glee" ou encore "American Horror Story".

(Deux facettes bien différentes.)

Et c'est clairement plus à "Glee" que cette série est apparentée, toute en acteurs beaux gosses, paillettes et cul-culserie.

Sur les points positifs, je dirais que la production est de qualité (notamment au niveau des décors, des costumes, et des coiffures, tous magnifiques) et.... bon.... attends, je vais trouver un autre truc positif, laisse-moi une minute.

En attendant, démarrons sur le négatif : les acteurs sont mauvais, voilà, c'est dit, c'est fait, ne revenons pas dessus, je sais que vous êtes tous in love de Darren Criss depuis qu'il était dans la comédie musicale Harry Potter, mais regardez la vérité en face, il sait peut-être chanter, mais il ne sait pas jouer.


(Aussi, je crois que j'ai jamais vu un gars incarner un personnage hétérosexuel de façon aussi peu convaincante.)

(Chaque scène avec sa copine, mais on dirait des cousins quoi, j'ai jamais vu aussi peu d'alchimie.) 

(Et je sais que pourtant cet acteur est hétéro, c'est dire s'il est mauvais.)

Alors là, je m'acharne sur Darren Criss, mais rassurez-vous, TOUT LE MONDE est mauvais dans cette série! Les gars, les meufs, c'est le festival des mauvais rôles (Palme d'Or au faux Rock Hudson, encore plus mauvais que le vrai) (qui n'était de base pas gégé).

Il n'y a vraiment guère que Patti LuPone qui sauve la mise, mais cette femme est un trésor, et elle est parfaite partout, tout le temps:


Mais le vrai souci de la série, c'est son scénario.

Ryan Murphy a en effet pris le parti de ne pas faire de "Hollywood" une série historique, mais plutôt une sorte d'uchronie : que se serait-il passé si l'industrie du cinéma avait osé prendre des risques pour inclure plus de diversité au sein de ses productions?

La série mélange les personnages inventés de toutes pièces (comme Jack, le protagoniste de départ, ou encore Camille, la jeune étoile montante) et les personnages inventés de toutes pièces aussi, mais avec des noms de vrais gens (Rock Hudson, Henry Willson, et un panel de caméos).

Et c'est là l'un des soucis de la série : le grand écart avec la réalité est tellement vertigineux que ça passe encore plus mal en utilisant des vrais personnages de l'époque.

Car s'il est bien établi aujourd'hui que le vrai Rock Hudson était, sinon gay, du moins bisexuel, à l'époque, il n'aurait jamais pu songer à faire son coming out; déjà, parce que la pratique du coming out n'existait pas, et pourquoi ça déjà? Ah oui, parce que non content de ruiner sa carrière, il serait surtout allé en PRISON, parce que l'homosexualité était pénalement répréhensible en Californie jusqu'en 1976.

(Et si tu trouves que c'est tard, dis-toi que, pour tout le Sud des Etats-Unis, la sodomie n'a été décriminalisée qu'en 2003.)

(DEUX MILLE TROIS.)

(LE VINGT-ET-UNIÈME SIÈCLE.)

Le seul personnage à peu près fidèle à son vrai alter ego est celui d'Henry Willson, un agent proche de la mafia qui forme de jeunes acteurs, et au passage les abuse verbalement, mentalement, physiquement et sexuellement.

(Rien que ça.)

C'est un choix que je ne m'explique pas, d'avoir gardé un personnage qui colle avec le vrai Hollywood des années 50, quand il n'a clairement rien à faire dans la version Bisounours de Ryan Murphy.

Oui, parce que le concept de base de la série ne me dérangeait pas en soi : après tout, je suis une optimiste, j'aime la vie, j'aime l'amour, j'aime les fleurs et les chansons, et un peu de mièvrerie n'a jamais fait de mal à personne.


Un peu.


J'AI DIT "UN PEU", RYAN!


Le souci, c'est que "Hollywood" va trop loin.

Je veux bien suspendre mon incrédulité pour accepter que les gros studios des années 50 acceptent de faire un film à gros budget avec une actrice noire en rôle principal (et pourtant dieu sait que, même aujourd'hui, ça n'arrive presque jamais), mais la série ne sait pas où s'arrêter.

D'épisode en épisode, Ryan Murphy semble tomber de plus en plus profond dans son délire, et nous pond un final ahurissant, où "Meg" (le film avec l'actrice noire en rôle principal) montre un baiser interracial (ce qui n'est pas arrivé dans le vrai Hollywood avant 1967 et Sydney Poitier), puis rafle tous les Oscars, dont meilleure actrice, pour une actrice noire (ce qui n'est pas arrivé dans le vrai Hollywood avant 2002) et meilleur scénario, qui récompense un homme noir (ce qui n'est pas arrivé dans la vraie vie avant BORDEL DE MERDE 2018 pour "Get Out" mais vous êtes sérieux Hollywood?). 

Par la suite, "Meg" devient un succès mondial, et anéantit le racisme.

Littéralement.


(AH BON BEN C’ÉTAIT FACILE EN FAIT.)

Mais, non content de résoudre le racisme pour toujours, "Meg" arrive aussi à éradiquer l'homophobie en sus, puisque Rock Hudson fait son coming-out lors de la cérémonie des Oscars en embrassant son petit ami (le scénariste oscarisé) devant la foule des photographes... sans aucune répercussion. 

Il ne va pas en prison, ne fait l'objet d'aucune enquête policière, sa carrière n'est pas affectée, et, un an plus tard, le premier projet de film avec en tête d'affiche un couple homosexuel est validé par les studios. (Alors que, dit-elle avec un soupir, dans la vraie vie, on a dû attendre 2005 et "Brokeback Mountain") (Allez, soyons généreux, et disons 1993, avec "Philadelphia").

Et je comprends ce que Murphy essaye de dire : les studios sont un moteur de changement social, et ont une responsabilité à endosser en montrant de la diversité à l'écran, d'accord.

Mais il est évident que le pouvoir du cinéma est limité. Un film ne peut pas changer le monde, ni en 1950, ni maintenant. Le progrès social se fait à petits pas, et oui, c'est rageant, mais c'est comme ça.

Donc, quand je vois "Hollywood" me dire:

- On a fait un seul film, une fois, avec une actrice noire, et ça y est, y'a plus de racisme!

Je trouve que ça a l'effet inverse de celui que Murphy cherchait : au lieu de faire réfléchir sur le pouvoir de la pellicule, il ridiculise des décennies de lutte acharnée, en mode : "Y'avait qu'à" : Y'avait qu'à faire des productions inclusives, et le monde aurait tout de suite changé dans le bon sens.


(NOOOOON)

Pour moi, la cerise sur le gâteau de cette série en mode auto-fellation, c'est la scène où Eleanor Roosevelt (alors First Lady) explique à sa copine, la productrice de cinéma, à quel point la représentation au cinéma est importante, en mode"nan mais la politique c'est bien beau, mais on a bien peu d'influence à côté du CINHEMAAAA".


(Pitié)

Bref, à moins de raffoler de la guimauve, passe ton chemin.


Vikings


J'ai suivi "Vikings" depuis la saison 1, et ça a toujours été une série chère à mon coeur (si on met de côté le fait qu'elle est produite par History Channel et ose, OSE, MAIS OSE SEULEMENT se décrire comme "historiquement fidèle") (alors que LOL).

(Mais en vrai, ça on s'en fout, on regarde pas une fiction comme on regarde un documentaire, donc moi je m'en balek que tout le monde ait les dents blanches, que les costumes soient en coton-polyester, et que les Francs, ce peuple CLAIREMENT GERMANIQUE, aient un accent parigot du XXIè siècle.)


(Je m'en remets pas et ça fait genre six ans, les gars)

Bref, faisant fi du réalisme historique, la série me plaisait bien.

Mais force est de constater que, depuis la disparition de Ragnar Lothbrok (en 2016, ça remonte déjà), la série n'a fait que péricliter.

Ben oui, quand on mise tout sur le talent et le charisme d'un seul acteur, et qu'ensuite on tue son personnage, forcément, ça coince.


 (Tu nous manques, Travis)

Alors, certes, la série avait d'autres atouts (notamment de très bonnes chorégraphies dans les premières saisons) mais a peu à peu délaissé les scènes de bataille pour des intrigues plus politiques, et perso je trouve ça bien dommage. Pas parce que j'aime pas les intrigues politiques, mais parce que, maintenant que vous faites parler vos acteurs, on voit quand même beaucoup mieux à quel point ils sont mauvais.

C'est l'un des gros soucis de la série post-Ragnar : maintenant que Travis Fimmel ne crève plus l'écran, tous les autres acteurs peinent à remplir le vide, et pfiou, mais les gars, vous avez toujours été nuls ou bien vous en avez juste plus rien à foutre?

J'veux dire, on sait bien que Rollo n'a jamais été très bon, mais de toute façon c'était pas vraiment les expressions de son visage qu'on regardait, si tu vois c'que j'veux dire:


(Hello)

Mais là, force est de constater que les acteurs en font tous beaucoup trop (salut Floki, salut Ivar, sentez-vous visés) ou, à l'inverse, semblent juste regarder dans le vide en attendant qu'on dise "coupez".


(Groud Control to Major Lagertha)

Même les noms connus font n'importe nawak, cf. un Jonathan Rhys Meyers qui a probablement dû se faire payer en vodka et rails de coke tellement sa prestation est hallucinée.

Bref, après m'être péniblement farcie la saison 5 en mode "allez, ça passe", j'ai démarré la saison 6, et, à la moitié de l'épisode 1, j'ai dit à Fla :

- Pfouuu dis donc il est long cet épisode! Ils les ont rallongés ou quoi? Tu peux regarder si on est bientôt à la fin, sinon je vais me coucher.

Et non, en fait, ça faisait que vingt minutes qu'on était devant la télé.


(T'as raison, Ragnar, on se casse.)

J'ai quand même terminé l'épisode, puis je me suis demandé si j'allais regarder la suite, et je me suis posé la question qui tue (alias la question que je me pose à chaque fois que j'hésite à arrêter de regarder une série dans laquelle je me suis déjà pas mal investie) (cf. Big Bang Theory, The Walking Dead, Better Call Saul, et j'en passe).

Est-ce que je me soucie du sort de ces personnages?

Et le verdict était sans appel : clairement, non.

Floki peut bien crever sur son île pourrie, Ivar peut bien crever chez les Rus' de Kiev, et même mon chouchou Bjorn Ironside peut bien continuer à faire je sais même plus quoi, sans déconner j'ai même pas suivi c'était quoi l'histoire avec Bjorn tellement je m'en bats les steaks de vous tous, vive Ragnar, tchao.



La Révolution


Alors, je vais pas ajouter (trop) d'eau au moulin, cette série a déçu beaucoup de gens.

Pourtant, sur le papier, encore une fois, ça paraissait sympa : nous sommes en 1787 dans une réalité alternative, et, alors que la révolte gronde chez le peuple asservi de France et de Navarre:


Une mystérieuse maladie commence à se propager chez les nobles : le "sang bleu", qui pousse ceux atteints à tuer des gueux et se repaître de leur chair (mais les rend au passage immortels, et aussi leur rend littéralement le sang bleu).

Et déjà, rien qu'en écrivant ce synopsis, j'ai dû me retenir de ouf pour pas coller des commentaires sarcastiques partout.

Et ce n'est pas par rapport au projet de base "crossover série historique et film de zombies", ça, au contraire, je trouve que c'était plutôt une bonne idée.

J'veux dire, on comprend dès les premières secondes que la série n'a aucune velléité historique, donc je suis tout à fait prête à suspendre mes lunettes de nerd et mes "Heu mais ça en vrai ça existait pas à l'époque, hein", puisqu'il est très clair qu'on est dans une série fantastique, pas historique.

(Contrairement à "Vikings", où on a le droit d'être pète-couilles.)

Le côté allégorique de la maladie infectieuse ne me dérangeait pas non plus, mais, MAIS MAIS MAIS, quand on fait dans l'allégorie, les enfants, il faut être subtil.

SUBTIL.


BORDEL MAIS J'AI DIT "SUBTIL!"


(Pitiéééééé)

Sans déconner, cette série a beaucoup de problèmes, mais le principal, c'est celui-là : les dialogues ont l'air sortis d'une pièce de théâtre amateur écrite par des lycéens de Première L qui viennent de découvrir Marx.

T'as constamment l'impression que la série te donne des coups de coudes en mode "EH! T'AS COMPRIS?! ON FAIT UNE RÉFÉRENCE !!!"


("Eh ! T'as compris? C'est parce qu'ils les mangent! Littéralement!")

En soi, la métaphore aurait pu passer, mais là, c'est beaucoup trop appuyé pour que ça soit agréable. J'avais sincèrement l'impression que la série doutait beaucoup trop de l'intelligence de son public, et se sentait obligé de lui tenir la main. Ce qui est assez étrange, parce que le scénario, de son côté, part dans tous les sens, et là par contre, on ne t'explique RIEN!

Y'a un virus aux origines jamais expliquées et aux pouvoirs hyper flous (mais du coup, ils meurent quand on leur coupe la tête, ou pas?), des histoires de vaudou (OK?), un arbre magique (?), et une gamine qui a des pouvoirs psychiques, ça on sait, par contre on sait ni lesquels, ni pourquoi, ni comment.

(Et l'annulation de la série va sans désespérer les fans, parce que les créateurs comptaient clairement sur une suite pour nous donner des réponses.)

Le jeu d'acteur est globalement catastrophique, mais les pauvres ont probablement fait du mieux qu'ils pouvaient, handicapés par des personnages unidimensionnels dignes d'une télénovela, et des dialogues lourdingues et répétitifs (cf. la réplique "la colère gronde", répétée trois fois par épisode) qu'ils doivent déclamer avec sérieux et qui en deviennent involontairement comiques :



(Des fois, tout est dans la didascalie.)

(Vous noterez aussi les ongles sales et crochus du roi, pour qu'on comprenne bien à quel point il est fort méchant.)

Après, tout n'est pas à jeter : les décors, les costumes, la musique, la lumière et la mise en scène sont beaux, somptueux et très bien exécutés (même si le montage nous donne par fois un tout petit peu l'impression d'être dans un clip de Mylène Farmer).

Je terminerai sur une note positive : la série aura au moins eu le mérite de faire briller les comiques du web, cf. ce billet Tumbr qui me fait encore rire aujourd'hui :



Bref, c'est tout pour le négatif, je te dis rendez-vous dans quatre mois (au rythme où j'écris) pour te parler de mes séries pref de 2020!

Des bisous.

Séries 2020 : le top

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Et voilà mon top personnel des séries sorties en 2020!

(Comme tu le remarqueras, il est moins long que l'an dernier - pas faute de séries de qualité, mais parce qu'entre le confinement et le couvre-feu, disons que ça abondait pas de baby-sitters pour me permettre de me la couler douce devant la téloche.)


7. Le Bazar de la Charité


Une fois n'est pas coutume, je vais dire du bien d'une série française!


Le Bazar de la Charité est une mini-série vaguement historique sortie sur TF1 et Netflix, et qui se base sur un drame réel : l'incendie du Bazar de la Charité (une grosse vente caritative qui attirait beaucoup de ces dames) et les (très) nombreuses morts qui en ont résulté (plus d'une centaine), principalement des femmes et des enfants de la haute société parisienne.

Surprise, alors que j'imaginais qu'on allait suivre les destins des futures victimes, puis les voir périr dans les flammes dans l'épisode final, la série a pris le parti inverse : on assiste tout de suite à l'incendie dans l'épisode 1, et le reste de la série va suivre les destins de trois survivantes : Adrienne, qui va profiter qu'on la croie morte dans l'incendie pour échapper à son mari abusif, Alice, une jeune noble qui va tomber amoureuse du prolo qui l'a sauvée, et Rose, la domestique d'Alice, gravement défigurée par le feu et impossible à identifier....

Alors, c'est un pari courageux, qui a ses points forts et ses points faibles. 

Le point faible, c'est évidemment que le côté dramatique est un peu perdu, vu qu'on n'a pas d'attachement personnel aux victimes qu'on voit mourir dans l'incendie. Le point fort, en revanche, c'est que la série t'accroche direct avec son meilleur épisode.

Oui, parce qu'autant l'admettre, une fois l'incendie terminé, c'est quand même vachement moins intéressant, surtout d'un point de vue cinématographique.

(Les scènes de l'incendie sont un bijou de réalisation : les plans serrés et la caméra à l'épaule contribuent énormément à faire vivre au spectateur ce côté étouffant et désorientant.)

(Aussi, big up aux techniciens pour avoir fait les choses bien et avoir VRAIMENT fait cramer les trucs.)


(La pyromane en moi vous dit merci)

Le scénario est plutôt convenu (on voit venir un peu tout ce qui se passe), l'intrigue tire souvent du côté du mélo cul-cul (mais j'ai pas regardé tout Downton Abbey pour rien) et, comme toujours dans les productions Netflix françaises (cf. la Révolution, cf. Lupin) les dialogues ne sont pas naturels DU TOUT.

(Petit aparté : j'ai pas parlé de "Lupin" dans ce classement parce que j'ai tellement hésité entre la mettre dans les bonnes séries ou les mauvaises séries que, finalement, elle va sur la pile du "meh".)

Alors, je ne dis pas ça parce que les personnages utilisent un vocabulaire moderne, honnêtement, j'ai aucun souci avec ça. (C'est tout à fait justifié par la volonté des scénaristes de renforcer le parallèle contemporain avec les thèmes de la violence conjugale, de la lutte des classes, etc.) (Et, bonus pour les gens que les fictions historiques font pioncer, ça agrandit l'audimat.) Non, ce que je trouve dommage, c'est que les dialogues restent très corsetés, très théâtraux, et sont souvent tellement blindés d'explications que les acteurs pourraient tout aussi bien regarder la caméra droit dans la lentille tellement il est clair que c'est au spectateur qu'on s'adresse, pas aux personnages.

Malgré ce bémol, les acteurs s'en sortent tous très bien (mention spéciale au gamin qui joue le petit Thomas, hyper convaincant) et puis bon, y'a Audrey Fleurot dedans, elle est fantastique, et aussi :


(Tellement jalouse de cette chevelure)

Et puis bon, on va pas se mentir, je suis un petit coeur d'artichaut, et ça réjouit toujours immensément mon âme de midinette quand une histoire finit avec tous les gentils heureux et tous les méchants punis.

(C'est pour ça que je lis tous les Ken Follett.)

(Alors que le gars réécrit clairement la même histoire à chaque bouquin, juste à une époque différente.)

Et je trouve que le bonheur final est encore plus appréciable quand les gentils en ont bien chié pendant hyper longtemps (j'appelle ça "le syndrome Rémi Sans Famille"), et du coup, avec le Bazar de la Charité, je suis bien servie.

(J'avais dit "spoilers", ou pas?)


6. Upload


Lecteur, lectrice, connais-tu Greg Daniels?

C'est ce type-là :


(Okay)

Sa tête ne te dit sûrement rien, mais son travail est mondialement connu, puisqu'il est le scénariste et producteur à l'origine de la géniale série The Office (US), qui a révolutionné la manière dont on faisait les comédies à la télé aux USA, qui a influencé une génération entière de réalisateurs, et qui a obtenu un statut tellement culte que la chaîne NBC a récemment payé 500 millions de dollars pour la racheter à Amazon et Netflix et en faire la série-étendard de sa nouvelle plateforme de streaming, Peacock. (Et tout ça pour une série vieille de 15 piges!)

Greg Daniels n'a pas chômé depuis la fin de The Office, puisqu'il a également co-créé la géniale, la fantastique, la magnifique série de mon coeur adorée Parks and Recreation, est-ce que je t'ai déjà parlé de cette série? 


J'ai l'impression que je ne t'en ai pas encore assez parlé.


Regarde-là, elle est merveilleuse.


Et NON, je ne dis pas ça juste parce que Leslie et Ann me font constamment penser à moi et Sarah:


Et NON, je ne dis pas ça juste parce que je suis tellement amoureuse de Ben Wyatt et parce qu'il est 85% un copier-coller de mon mari:


(Il partagent même cette obsession des pizzas pliées en deux!)

Bref Bref Brejnev.

Greg Daniels, donc, a sorti pas moins de DEUX séries en 2020 : une chez Netflix, et une chez Amazon, toutes les deux des comédies un peu loufoques comme il sait si bien les faire. 

Et même si, pour le moment, aucune n'arrive à la cheville de Parks and Rec, elles sont toutes les deux suffisamment cool pour être mentionnées, et, surtout, ont un énorme potentiel.

(Puisqu'il faut savoir que The Office et Parks and Rec ont ceci en commun que leurs saison 1 respectives sont bien, mais sans plus, et que ce n'est qu'à partie de la saison 3 que les deux séries deviennent vraiment excellentes.)

(Greg Daniels, le roi du slow burn.)

Commençons tout de suite avec Upload, la série Amazon qui nous envoie dans le lointain futur de 2033 (c'est-à dire que nos héros sont nés après l'an 2000, autant dire des BÉBÉS.)

Dans ce futur quasi-utopique, point de pandémie et nul cataclysme économique, mais des voitures autonomes et une Amérique entièrement Silicon-Valleyisée. On y suit Nathan, un jeune programmeur de la start-up nation beaucoup trop beau gosse pour être crédible :


("Je suis ingénieur informaticieeeeen")

Malheureusement, Nathan meurt dans un accident de voiture autonome, et se fait "uploader", un procédé courant en 2033 où on numérise ta conscience au moment de ta mort, et on l'envoie dans un "paradis" virtuel, d'où tu peux continuer à communiquer avec le commun des mortels. Grâce à Ingrid, sa copine ultra-friquée :


(Pardon, mais c'est impossible pour moi d'entendre ce prénom sans penser à ce sketch)

Nathan se retrouve dans le très luxueux paradis Lake View.... mais entièrement à la botte d'Ingrid, puisque c'est à elle que revient la décision de renouveler l'"abonnement" de Nathan à l'au-delà.

Parallèlement, Nathan se lie d'amitié avec son "ange", Nora, une conseillère clientèle vivante et qui l'aide à s'acclimater à sa nouvelle "vie". Evidemment, les étincelles fusent entre ces deux-là, et évidemment, ça va poser moult problèmes....

La série a quelques points faibles : d'abord, ses acteurs, qui ne sont pas tous très bons (surtout Ingrid et  Nathan, ce qui est un peu dommage vu que c'est le perso principal) (par contre, Andy Allo, qui joue Nora, est très juste et absolument choupi-mimi). Ensuite, sa trame principale, un peu vue et revue (on voit venir la romance entre Nathan et Nora de tellement loin que ça ne mérite même pas le nom de spoiler).

En revanche, l'univers d'Upload est extrêmement intéressant, et la série m'a surprise par son mordant.

Car, si j'ai dit plus haut que le monde de 2033 semblait quasi-utopique, on se rend compte dès le premier épisode que c'est loin d'être le cas, et que, sous le vernis de la modernité, le capitalisme de masse fait plus de dégâts que jamais : même la mort a un prix, et elle coûte CHER.

(Ou, comme le résume Professeur Flaxou qui a regardé cette série avec moi : "En gros, c'est un futur où même quand t'es mort, tu reçois encore les pubs pour Youtube Premium".)

Qu'on soit clairs : Upload a un format de comédie, elle a l'apparence d'une comédie, elle est marketée comme une comédie, et oui, il y a des blagues dedans, mais vraiment, cette série est GLAUQUE. 

Déjà, les blagues ne sont pas vraiment drôles (au mieux, elles font sourire), et comme je l'ai dit plus haut, on peut blâmer un peu les acteurs, mais je pense plutôt que Greg Daniels ne se soucie pas réellement de la comédie dans cette série. Le vrai discours est ailleurs. Il est dans cette scènes aux allures kafkaïennes où Nathan assiste à ses propres funérailles, et se rend compte que tout le monde s'en fout qu'il soit mort, vu qu'il n'est pas vraiment "mort":


Il est dans ces dialogues où l'on comprend à demi-mot que les entrepreneurs milliardaires continuent à nous enfler jusque dans l'au-delà, que le fossé entre riches et pauvres s'est encore plus creusé, que les conditions de travail dans l'Amérique corporate sont de pire en pire, et que chaque aspect de nos vies, même personnelles, est noté, évalué, étoilé et pouce en l'air-isé.

Et tout ça dans une série produite par AMAZON! 

Mais comment est-ce que t'as réussi ce pitch, Greg?

- Alors monsieur Bezos, je voudrais un budget conséquent pour faire ma série de science-fiction.
- D'accord. Une comédie, je suppose?
- Euh.... oui! Exactement! Une... comédie.... romantique!
- Parfait, voilà mille millions de dollars.

(Sincèrement, je pense que c'est vraiment ce qui s'est passé, ce qui explique pourquoi toutes les bandes-annonces te vendent "Upload" comme une comédie légère alors que TROP PAS.)

Pour revenir sur le budget, même si Amazon est toujours hyper secret avec le pognon qu'ils dépensent, on peut se douter qu'il est plutôt conséquent, en témoignent des effets spéciaux pas trop mal foutus (pour une série assez gourmande en CGI, vu le thème, tu t'en doutes).

Bref, la série n'est pas aussi réussie que "The Good Place" (à laquelle elle sera immanquablement comparée, vu qu'elle a un thème similaire et qu'elle a été créée par l'ancien acolyte de Greg Daniels sur "Parks and Rec", Michael Schur). Là où "The Good Place" réussit à maintenir un équilibre délicat entre comédie et réflexions plus profondes (et même carrément philosophiques), "Upload" est beaucoup plus sombre et grinçant qu'il n'est mignon et lolilol.

Néanmoins, la série vaut le coup d'oeil et aborde des thèmes intéressants, et je te la recommande chaudement si tu aimes les questionnements éthiques et moraux sur la valeur d'une vie.



5. Space Force


Abandonnons la science-fiction mais allons quand même dans l'espace avec Space Force, co-créée pour Netflix par Greg Daniels et Steve Carell, ex-Michael Scott dans The Office et qui tient ici aussi le rôle principal.


On suit l'histoire du Général Naird, ancien ponte de l'Armée de l'Air qui se voit offrir le contrôle de la nouvellement intronisée United States Space Force (une branche de l'armée qui existe réellement depuis 2019, merci Donald Trump), et dont le rôle est littéralement d'amener des flingues dans l'espace.


(Pardon, son rôle est de "protéger les intérêts des Etats-Unis et décourager les agressions dans l'espace")

On suit donc la vie du général Naird, et surtout sa coopération avec la branche scientifique de la Space Force (présidée par un John Malkovich plus Malkovichesque que jamais) :


(Cet homme est un bijou)

Petit bonus perso : le chargé de presse est campé par Ben Schwartz, qui reprend quasi exactement son rôle de Jean-Ralphio dans Parks and Rec, et je suis tellement heureuse:


La série faiblit quand elle se penche sur la vie personnelle du général Naird, avec sa femme qui est en prison pour une raison mystérieuse (mais tout de même love sur Lisa Kudrow) et sa fille de 16 ans qui.... fait son ado :


(C'est-à-dire cette tête, tout le temps.)

(Aussi, je sais que c'est difficile de trouver des ados qui jouent bien, mais cette meuf a clairement 23 ans, c'est ridicule.)

(Et honnêtement, vu son jeu d'actrice, vous auriez aussi bien pu prendre une vraie gamine de 16 ans.)

Le vrai sel de la série se trouve, comme toujours chez Greg Daniels, dans la "workplace comedy" (un genre télévisuel qu'il a plus ou moins inventé tout seul et dont il reste le meilleur représentant), et les interactions entre tous les personnages sont délectables:



(Par contre, 3615 références de nerd, tu es prévenu.)

Bref, jette-y un oeil, cette série est criminellement méconnue et mérite tellement plus d'amour.


4. The Boys


Pfou là là mais t'imagines pas comme je suis allée voir cette série en traînant des pieds.

Parce qu'après une bonne décennie de Marvelitudes tous les six mois sur grand (et petit) écran, quand Flaxou m'a dit "Eh, y'a une nouvelle série Amazon avec des super-héros un peu anti-héros", j'ai fait peu ou prou cette tête-là:


Parce que BON DIEU COMME J'EN AI MARRE DES SUPER-HÉROS.

Depuis 2008 on se farcit des super-héros en long, en large et en travers, entrée, plat, dessert, matin, midi et soir STOP J'EN PEUX PLUS ARRÊTEZ TOUT JE PEUX PLUS VOIR UNE CAPE SANS VOMIR.

Entre les Avengers, la Justice League, les Defenders, les univers cinématiques, les cross-overs, les reboots, les prequels, les multiverses, j'ai l'impression que j'ai passé ma vie depuis 2008 à regarder constamment la même histoire en boucle, à base de grandes responsabilités, de mort de figures paternelles, de training montages, de fiancées kidnappées, et de dialogues pompeux en mode "Tu sais, on n'est pas si différents, toi et moi".

(Et ne commence même pas à me chauffer avec les films choraux à bases de multiples super-héros, parce que c'est encore plus répétitif.)

("Nos amis ont bien du mal à s'entendre! Mais ils vont devoir s'unir pour affronter la vague et terrible menace du gros-rayon-dans-le-ciel".)

Et, depuis le volet final des Avengers en 2019, plus aucune histoire de super-héros n'a réussi la tâche colossale de titiller mon intérêt émoussé.

(A part le prochain Thor, parce qu'il va être réalisé par Taika Waititi, et je lui donne un pass, parce que s'il y a UN film de super-héros dont je ne me lasse jamais, c'est bien Thor: Ragnarok.)

Bref, les super-héros, c'était cool deux minutes, mais j'ai tourné la page, merci.

Et voilà qu'Amazon sort "The Boys", énième série inspirée d'un énième comic "subversif", et dans la PREMIÈRE PUTAIN DE SCÈNE, UN SUPER-HÉROS OBLITÈRE UNE PASSANTE EN COURANT A TRAVERS SA GUEULE:


(OKAY)

Et puis on a, en vrac, une jeune ingénue qui veut protéger la veuve et l'orphelin et se fait agresser sexuellement par un Aquaman du pauvre, une méga-corporation qui jette du pognon à tous les quidams qui passent pour cacher les frasques de ses "héros" hors de contrôle, et un ersatz de Superman qui CRASHE UN AVION ET TUE TOUT LE MONDE A BORD juste pour protéger les intérêts de la firme qui détient les droits de son personnage.

Et tout ça dans LE PREMIER EPISODE!

Bref, tu l'auras compris, "The Boys" est une série réellement subversive, dans une vibe qui me faisait beaucoup penser à "Preacher" (et OH SURPRISE les comics sont tous les deux écrits par le même mec, comme quoi la vie est bien faite).

C'est très rafraîchissant de voir une fiction où les personnages "antihéro" sont littéralement ANTI-HÉROS. Genre ils veulent vraiment TUER les héros. Parce que, dans le vrai monde de la réalité véritable, si tu donnes aux gens des super-pouvoirs, ils vont faire de la merde avec. (Même ceux qui étaient bien intentionnés au départ.)

Je ne vais pas te raconter toute l'intrigue, parce qu'il y a des rebondissements et que j'ai pas envie de spoiler, mais sache juste que la série est plutôt marrante (faut aimer l'humour noir), plutôt bien écrite (en dehors de quelques soucis de logistique dans la saison 2, mais je pinaille), et que les acteurs sont bons. 

Et je vais même pardonner les énormes problèmes d'accent de Karl Urban (on sent bien qu'il essaye de faire un accent cockney, mais ça finit toujours par sonner comme un Kiwi qui essaye d'imiter un Australien) parce qu'on voit tellement peu Karl Urban et il est super, je l'adore:


(Cœur avec les doigts)

Et je vais MÊME pardonner le fait qu'ils aient un personnage qui s'appelle FRENCHIE et qui n'est PAS joué par un Français (sérieusement?), parce que sans déconner, je sais pas comment ils ont fait, mais ce mec a vraiment une tête de Français:


(Et il est super mimi, je le kiffe.)

(En vrai je kiffe tout le monde dans cette série, donc t'as vite fait le tour.)

Surtout, la série est très mordante vis-à-vis des dérives du capitalisme corporate (sens-tu comme un thème dans ce top 2020?) (sens-tu comme un vent de révolution?) (sens-tu comme une envie de pendre les riches avec leurs tripes et faire cramer leurs baraques pardon je m'emporte).

Vought, le conglomérat pharmatico-médiatique qui encadre les super-héros, fait beaucoup penser à une sorte de Dark Disney, avec ses origines obscures, sa culture corporate toxique, son "optimisation" fiscale, et son armée d'avocats prêts à étouffer tous les scandales à la racine.

Ah oui, et sa récupération de thèmes progressistes, en mode "nous aussi on est woke":



(DU GÉNIE)

Tu l'auras compris, la série est très mordante (big up aussi à cette secte scientologique où, pour une raison que je ne m'explique pas, tout le monde boit un Perrier Citron du pauvre). Les personnages de la bande des Boys sont tous très attachants, et même les super-héros ont une psychologie intéressante et peuvent, dans certains (rares) moments, se montrer sympathiques (je pense notamment à Maeve ou Lamplighter).

Bref, cette série est cool, et si, comme moi, tu n'en peux plus des super-héros, tu vas kiffer les voir se faire démonter la tronche.

(Ah oui, ça vient peut-être un poil tard, mais Alerte Chiffes Molles : cette série est un poil gore.)

(Que ceux qui n'ont pas envie de voir une baleine éventrée par un hors-bord passent leur chemin.)



3. The Queen's Gambit


Ou "Le Jeu de la Dame" comme elle se nomme en Hexagone, cette mini-série a une histoire vraiment cool qui mérite d'être racontée:

Remontons le temps jusqu'en l'an de grâce 1983, où est publié le roman "Le Jeu de la dame" par l'écrivain Américain et grand amateur d'échecs Walter Tevis. Le roman est un classique "Bildungsroman" (ou roman d'apprentissage), genre très prisé aux Etats-Unis et qui raconte le cheminement d'un héros de l'enfance à l'âge adulte (ou, plus globalement, de l'immaturité à la sagesse). Il est centré sur le personnage de Beth Harmon, une prodige aux échecs qui chemine de l'orphelinat jusqu'au statut de "Grand maître international" aux échecs, tout en luttant contre ses addictions aux tranquillisants et à l'alcool. Le roman est plutôt bien accueilli aux Etats-Unis, et est notamment salué pour ses descriptions apparemment très justes de compétitions d'échecs. 

Quelques années plus tard, en 1992, Allan Scott, un scénariste écossais et grand fan du livre, achète les droits du bouquin à la veuve de l'auteur, avec l'idée d'en faire un film indépendant. Problème : tout le monde trouve que le projet pue du fion. Comment faire un truc intéressant basé sur un jeu aussi complexe que les échecs? N'importe quel novice va s'emmerder comme un rat mort!

Scott ne désespère pas, travaille sur plein d'autres trucs, mais continue à porter le projet dans son coeur. En 2007, sa chance tourne enfin quand Heath Ledger accepte de passer pour la première fois derrière la caméra pour réaliser le film, et des négociations sont engagées pour engager Elliot Page (à l'époque Ellen Page, hyper bankable après le succès massif du film indé "Juno") dans le rôle principal. Sauf que... Heath Ledger décède d'une overdose quelques mois avant la date de début du tournage. 


Tout est annulé, retour à la case départ.

Puis, dix ans plus tard, Scott Frank (un scénariste/réalisateur qui avait bossé avec Allan Scott sur le film avorté de 2007) termine sa propre mini-série "Godless" sur Netflix (dont je t'avais déjà parlé, au passage) et se dit "Eh, mais je me demande si y'a pas d'autres projets de films sur lesquels j'ai bossé à l'époque et qui pourraient tenir la route en mini-séries!" Et il vient toquer à la porte de Netflix avec "Le Jeu de la Dame". Netflix accepte, après tout, ça fait quoi comme budget, une série de 7 épisodes? Quelques millions?

(Ceci est une question rhétorique, car encore une fois, Netflix n'a pas divulgué le budget.)

(Mais vu qu'ils ont tout filmé en ex-Allemagne de l'Est, quelque chose me dit que ça devait pas faire exploser les caisses.)

Et là, c'est le jackpot :



"Le Jeu de la Dame" devient la mini-série la plus regardée sur Netflix depuis la création du site, et Netflix est tellement fier qu'il publie même les stats (alors que bizarrement, ils font jamais ça pour les bides) : 62 millions de foyers ont vu la série, donc potentiellement plusieurs centaines de millions de personnes. 

(On ne sait pas si c'est "ont vu jusqu'au bout" ou "se sont endormis devant les dix premières minutes", cela dit.)

Mais alors, pourquoi, comment? Qu'est-ce qui est donc si intéressant dans une histoire de meuf qui joue aux échecs pour motiver 62 millions de péquenots à la regarder alors qu'on est bien d'accord que PERSONNE sur cette terre ne joue encore aux échecs, oui? 

(Enfin chais pas, tu sais jouer aux échecs, toi? Parce que moi non.)

(Mon père a essayé de m'apprendre quand j'étais gamine, mais de un, c'était pas vraiment Bobby Fischer, et de deux, j'étais pas vraiment Gary Kasparov, alors on s'est vite lassés.)

(Voilà, j'ai maintenant épuisé mes connaissances en citant les deux seuls noms de joueurs d'échecs que je connais.)

Eh ben malgré ça, figure-toi que j'ai vraiment kiffé cette série.

D'abord, parce que la partie "championnat d'échecs" est bien filmée pour les béotiens dans mon genre, et se concentre sur les expressions du visage des joueurs plutôt que sur les pions (il est alors beaucoup plus facile de comprendre les enjeux de ce qui se passe). 


Et puis, surtout, parce que ce serait bien réducteur de faire du "Jeu de la Dame" une simple histoire d'échecs, puisque, comme je l'ai dit plus haut, le bouquin d'origine est avant tout un Bildungsroman, et je ne l'ai pas lu donc je ne sais pas à quel point la série y est fidèle, mais du point de vue des thèmes, on est clairement sur une.... Bildungs-série (?) (je tente des trucs)

Car si la petite prodige Beth Harmon est si attachante, c'est moins par son côté génial (qui aurait plutôt tendance à la rendre antipathique - vu que nous, spectateurs, on est en majorité des imbéciles gens simples), mais bien par sa personnalité et les obstacles qu'elle doit surmonter : orpheline, sans le sou, rejetée par ses pairs, précoce mais immature, et, surtout, tenaillée par son alcoolisme et son addiction aux tranquillisants.


Et on a beau avoir revu l'histoire "partie de rien pour arriver au sommet" des milliers et des milliers de fois, je trouve qu'il y a toujours quelque chose de prenant dans ces récits-là. C'est avec ce genre d'histoires que je me retrouve systématiquement impliquée au point de parler aux personnages devant ma télé:

- Allez, Beth, fais pas de conneries, c'est la demi-finale! Mais NON refuse ce verre de vin, tu sais bien que t'arrives pas à gérer, espèce de génie abrutie, là!

(Que j'appelle "le Syndrome Rémi Sans Famille II", vu que ce livre est la définition même de "la vie me donne des baffes continuellement pendant des années, mais tout finit bien dans le bonheur et la richesse".)

Pour porter ce genre de scénario, il faut un interprète principal en béton, et là, c'est bingo, la toute jeune Anya Taylor-Joy est magistrale. 


(Elle est née après 1990, c'est donc par définition une enfant.)

Elle a une présence tellement magnétique que, dès qu'elle apparaît à l'écran, la caméra ne voit qu'elle, ne suit qu'elle, ne s'intéresse qu'à elle. Et même durant les moments les plus mutiques (les parties d'échecs), son jeu de regards, son langage corporel, est tellement intense, qu'on est absorbé par tout ce qu'elle fait.

Cela étant dit, les autres acteurs sont très bons aussi (notamment l'interprète de Benny Watts, ou encore celle de Jolene, un personnage tellement intéressant que c'est hyper dommage qu'elle n'apparaisse que si peu à l'écran).

(Le casting est tellement bon que je leur pardonne même d'avoir pris un Polonais pour jouer le rôle du champion Russe - c'est dire.)

Ajoute à ça des décors somptueux, des costumes magnifiques, une musique du tonnerre, et une esthétique très filmique qui vient apporter un agréable vent de fraîcheur au champ/contrechamp qui fait normalement l'apanage des séries "cérébrales" dans ce genre.


(Avec des plans-séquences de toute beauté!)

Bref, si tu ne fais pas encore partie des 60 millions de foyers conquis par "Le Jeu de la Dame", n'hésite pas!


2. Unorthodox


Encore une mini-série de seulement 4 épisodes (en vrai, appelons un chat un chat et un téléfilm un téléfilm, hein), Unorthodox est une fiction Netflix qui raconte l'histoire d'Esty (diminutif d'Esther), une toute jeune femme Juive Orthodoxe qui cherche à échapper à l'oppression de sa communauté ultra-conservatrice de Williamsburg (un quartier de New York).

La série est quasi-intégralement tournée en Yiddish, la langue des Juifs Ashkénazes, et c'est super rigolo à écouter en tant qu'Alsacienne parce que c'est vraiment très proche de notre dialecte. (Sans surprise, puisque l'Alsace a très longtemps abrité une nombreuse communauté Juive, et que les deux langues se sont mutuellement influencées.) (Un exemple passionnant est celui du mot "bubbala", qui veut dire la même chose dans les deux langues (un terme affectueux pour désigner un bébé), et dont les origines se perdent si loin qu'on ne sait pas vraiment si l'étymologie se trouve dans l'hébreu, l'allemand, ou même dans les langues slaves.)

Bref bref (je m'arrête ici parce que l’étymologie c'est trop passionnant et il faut que je me coupe la parole ou je vais te pondre quinze pages).

La série est vaguement basée sur une autobiographie du même nom, par une jeune femme dont le parcours suit globalement celui de notre héroïne : mariée à 17 ans à un inconnu, elle se retrouve prise dans l'étau d'un mariage dysfonctionnel, dominé par l'absence d'enfant (une "faute" qui va lui bouffer la vie), au point de la motiver à s'échapper.


Et je dis "s'échapper" au sens propre, puisqu'Esty prend littéralement la fuite avec rien de plus que quelques dollars et les vêtements sur son dos, pour aller à Berlin où vit sa mère (également paria de la communauté orthodoxe), avec laquelle elle a coupé tous les ponts. Mais bien vite, son absence est remarquée, et son mari est sommé d'aller la chercher, sous peine d'amener l’opprobre sur la famille entière....

Evidemment, en tant qu'athée ayant fréquenté l'école catholique, je pense que c'est plutôt clair que je n'ai aucune connaissance des coutumes et traditions dans la communauté Juive Orthodoxe. Bonne nouvelle, les réalisateurs se sont douté que ce serait le cas de la majorité de leur audience, et ont très bien œuvré pour expliquer les choses aux non-initiés, MAIS sans verser dans la surenchère d'exposition (je leur dis notamment un grand merci pour l'absence de voix-off).

Le regard posé sur la vie d'Esty est à la fois franc et pudique, et, à travers elle, on perçoit parfaitement ce double aspect de la vie dans une communauté qui la protège et l'étouffe à la fois. Les personnages sont merveilleusement complexes (le mari d'Esty, par exemple, est très touchant, là où il aurait été TELLEMENT facile de faire de lui le grand méchant de l'histoire) et les interprètes très convaincants.

Evidemment, la série repose quasi-intégralement sur les épaules de Shira Haas, la jeune interprète d'Esty, et je n'ai rien à dire si ce n'est qu'elle est bluffante. Elle dégage une force incroyable qui tranche avec son visage d'enfant et son petit corps tout menu (l'actrice a en réalité 26 ans, mais passerait sans souci pour une adolescente), et son jeu tout en retenue et en nuance fait d'Esty un personnage éminemment sympathique. Dès ses premières minutes à l'écran, on n'a qu'une envie, c'est de la prendre dans nos bras, et de lui dire "chhhh, chhhh, tout va bien petit chaton".


(Ne pleure pas, bubbala, je te protègerai.)

La prise de vue est très belle, la lumière et les cadrages aussi (cette scène du lac! Magnifique!), il y a surement beaucoup de symbolisme qui m'est complètement passé au-dessus de la tête, et si tu as l’œil pour ce genre de trucs, je crois qu'il y a bien moyen de s'éclater.

(Je pense aussi qu'il y a beaucoup de nuances qu'on ne peut pas vraiment comprendre si on n'est pas Juif, mais perso, ça ne m'a pas empêchée de beaucoup aimer cette série.)

Bref, si les sous-titres ne te rebutent pas, n'hésite pas à y jeter un oeil!


1. The Haunting of Bly Manor


Oh là là mon gars mais y'a tellement à dire sur cette série, mais ça va être tellement difficile de t'en parler!

The Haunting of Bly Manor, par le même mec qui nous avait empêché de dormir il y a deux ans, n'est pas du tout la suite de The Haunting of Hill House, et ce, même si plusieurs des acteurs jouent dans les deux séries, et que les deux partagent le même thème.

(Thème : "Cette maison est hantée, mais est-ce que les vrais fantômes ne sont pas ceux que l'on porte en nous? Mais à part ça, oui, cette maison est grave hantée.")

Et je le dis tout de suite pour les chochottes dans mon genre : Bly Manor est bien moins effrayante que Hill House (c'est bien simple, je n'ai perdu qu'une nuit de sommeil au lieu de deux semaines!)

Même s'il y a quand même des fantômes planqués partout:


(Salut)


(Coucou)


(Heyooooo)

Bref, de quoi ça parle, tout ça?

Nous sommes dans les années 80 : Dani, une jeune Américaine fraîchement débarquée en Angleterre, se fait embaucher comme fille au pair par un riche lord Anglais pour assurer l'éducation de son neveu et de sa nièce, dont il a la garde depuis la mort de leurs parents il y a de cela un an. Les enfants ne sont pas scolarisés parce que "il y a eu des soucis" (....cool), leur ancienne gouvernante s'est noyée dans la mare aux canards (....cool cool) et, tu t'en doutes, le manoir où résident les gamins est hanté de partout.


Un peu comme pour "Hill House", la narration est fragmentée, mais quand je dis "fragmentée", accroche-toi à ton slip, parce qu'il y a plus de sauts temporels en un épisode que dans toute la saga Retour vers le Futur.

La narration est d'ailleurs ce qui va t'accrocher à l'intrigue, puisqu'à chaque fin d'épisode, tu te retrouves avec plus de questions qu'au début (mais rassure-toi, tout sera expliqué à la fin).

Les interprètes sont inégaux : l'actrice qui joue Dani est plutôt médiocre et extrêmement nunuche (mais allez, c'est bon, elle est bien gentille), certains autres (Jamie, Rebecca, Henry) sont très monolithiques, et MON DIEU mais pourquoi vous leur avez fait prendre des accents, c'est épouvantable (Henry Thomas n'essaye même pas de faire un accent britannique potable, et même Oliver Jackson-Cohen, qui est pourtant britannique, ne sait pas faire l'accent écossais) (ou irlandais? Honnêtement, je sais pas ce qu'il essayait de faire, mais c'est mauvais).

Heureusement, deux acteurs sauvent la donne: T'Nia Miller en Hannah (l'intendante au grand coeur du manoir) et surtout Rahul Kohli en Owen, le chef cuisinier aux blagues de daron:


(Tellement de love sur Owen)

Les deux gamins sont également excellents (surtout le petit Miles, qui navigue à merveille la frontière entre mignon et inquiétant).

Mais ce que j'ai le plus adoré dans cette série (et qui lui fait prendre la tête de ce classement), c'est LES ALLEGORIIIIIIES 


Et malheureusement, je ne pourrai pas t'en parler sans spoiler comme une bâtarde, DONC j'ai fait la chose suivante : j'ai écrit en encre spéciale pour espions ce que je pense de l'allégorie principale de cette série, et si tu l'as déjà vue, tu peux surligner l'espace ci-dessous avec ton curseur. 


Tout comme "Hill House"était une métaphore géante du deuil, "Bly Manor" est une métaphore géante des troubles mentaux, notamment via le personnage de Dani.

Dès le début, on voit que Dani souffre d'attaques de panique liées au traumatisme de la mort de son fiancé (dont elle se sent responsable). Ce trauma se superpose à sa lutte pour accepter sa sexualité (cf. cet épisode de panique où elle est LITTÉRALEMENT ENFERMÉE DANS LE PLACARD).

Une fois qu'elle est "possédée" par la dame du lac, la manière dont Dani entrevoit sa relation avec Jamie (profiter de chaque instant de bonheur, sa peur d'être un fardeau, de lui faire du mal) reflète bien le concept de vivre avec une personne atteinte de troubles mentaux. (Jamie doit constamment lui rappeler "J'ai choisi cette vie, tu n'es pas un poids", etc.) 

(On peut aussi voir une métaphore de la dépression quand Dani dit à Jamie qu'elle a l'impression de "marcher dans la jungle avec une bête sauvage, qui attend son moment pour me sauter dessus")

Mais il n'y a pas que Dani, tous les habitants de Bly Manor ont souffert de traumatismes : les enfants ont perdu leurs parents, Owen est en train de perdre sa mère, Hannah fait le deuil de son mariage, Peter a été maltraité par son père et, perpétuant le cycle de la violence, abuse émotionnellement de Rebecca, etc. Même la dame du lac est coincée dans ce cycle perpétuel (elle marche toujours sur le même chemin).

Mais ce n'est pas le seul propos intéressant dans "Bly Manor" : j'aime aussi beaucoup la juxtaposition des deux histoires d'amour que l'on voit dans la série : celle de Peter et Rebecca et celle de Dani et Jamie. (A un moment donné, Dani et Jamie discutent de l'idée que "l'amour n'est pas une question de possession", alors que Peter possède Rebecca (au sens littéral) pour l'empêcher de le quitter.)

Bref, voilà pourquoi cette série a conquis mon coeur et le haut de ce top 7, et voilà, ça y est, j'ai ENFIN dit tout ce que j'avais à dire sur mes séries pref' de 2020!

(On est juste en MAI, hein.)

Et toi, quels ont été tes coups de cœurs sériels l'an passé?

(Lâche tes commmmmzzzz)

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(Team "Je m'endors en lisant", pas de doute, ce sont bien mes enfants)

Et donc mes enfants parlent.

Ils ont passé des mois à dire uniquement quelques mots-clefs (papa, maman, gâteau, mamie, bobo, caca, oui, non), et les mots de plus d'une syllabe, ils les prononçaient comme des culs:

- C'est quoi ça, les enfants? C'est la moto de papy!
- Batoooo!
- Non, pas "bato"! Moto!
- Batooooooo!
- MO ! MO-TO! Avec un MMMMM, comme dans MMMMMAMAN!
- MMMMMMAMAN!
- Super! Maintenant, regarde ma bouche, et répète après moi. MOOOOO - TOOOOO.
- BAAAAAA - TOOOOOOO!


Et donc, après des mois de plafonnage, on les a à la maison trois semaines, et là, d'un coup, c'est le déclic.

Un matin, ils se réveillent, et ils utilisent des pronoms personnels comme des champions, ah ok?

Et deux jours après, ils ont des verbes qui leurs poussent de partout, mais? D'où??!

Et donc maintenant, pépouze, ils font des petites phrases, ils se racontent des trucs, et ils nous font même déjà des crises d'ado, cf. la fois où mon fils a refusé de me tenir la main dans la rue et, quand je lui ai dit que c'était nécessaire, m'a rétorqué avec tout l'aplomb du monde:

- Non ! Gus-Gus un grand garçon!


(Le mec a deux ans, quoi)

Comme ils sont partis en mode "petit perroquet", on est aussi obligés de faire vachement plus gaffe à ce qu'on dit devant eux:

- Fla, tu peux vérifier si le petit pot n'est pas trop chaud?
- Non. Il est juste dégueu, mais je crois pas que ce soit de la faute de la température.
- Haha. Allez, les enfants, à table!
- Veux pas!
- Mais ? T'as même pas goûté, chou!
- Veux pas! C'est dégueu!


(20/20 papa)

Mais ils ne se contentent pas de répéter : ils se parlent aussi entre eux.

Ils se parlent tellement qu'on a déplacé les lits dans leur chambre pour qu'ils puissent se voir, parce qu'on a remarqué qu'au lieu de nous appeler en hurlant dès le réveil, maintenant qu'ils se voient le matin, ils se causent en attendant qu'on arrive, cf. les dialogues que me livre le baby-phone pendant que je prépare leurs biberons :

- Sammy! Sammy!
- Réveillé, Gus-Gus?
- Oui! Gus-Gus réveillé! A Sammy réveillé?
- Oui! Réveillé Sammy!
*rires*

Mais ils commencent aussi à utiliser le langage pour se planter des poignards dans le dos, comme j'ai pu le constater l'autre jour, quand je suis remontée au salon pour voir Samuel laborieusement dessiner sur le mur sous les yeux hilares de son frère, qui, quand il m'a vue, a sursauté de peur, puis a immédiatement pointé son frère du doigt en criant :

- Oh nooooooon ! Sammy a fait une grosse bêtise! 


On peut aussi désormais bien rigoler en les écoutant jouer à la poupée:

- Bébé a faim!
- Tu lui donnes sa purée?
- Veut pas! Veut pas manger, bébé!
- Ah, bébé fait le difficile? Qu'est-ce qu'on fait, dans ces cas-là? Qu'est-ce qu'on fait si bébé refuse de manger sa purée?
*réflexion intense*
- On donne un GÂTEAU!


(Bien tenté)
 
Ils commencent aussi à faire des blagues, et je dis ça en toute objectivité, mais c'est hilarant.

Par exemple, ils jouent souvent à "faire le café" pour nous (sur la petite machine à café de leur cuisine en plastoc) et à nous amener des tasses vides qu'on fait semblant de siroter. Un jour, je demande à Samuel de me "faire un café", le gamin s'exécute avec force détails (il fait semblant de faire couler de l'eau, de mettre en route la machine à café, etc.), puis, au moment de me tendre la tasse, se ravise, la porte à ses lèvres, et me dit:

- Sammy boit le café!

Moi, faisant semblant d'être choquée:

- Quoi??! Mais enfin Sammy, le café, c'est pas pour les enfants!

Et là, le môme me regarde, sourit de toutes ses douze dents, et me dit:

- Oh non... Sammy est fripouille....


(Comment tu veux pas rigoler, sérieux.)

Ils sont tellement des petits rigolos qu'ils ont déjà commencer à essayer de nous embrouiller avec leurs blagues de jumeaux:

- Auguste, viens ici, tu as le nez qui coule.
- A pas Gus-Gus.
- Tu n'es pas Gus-Gus? Mais tu es qui, alors?
- A Sammy.
- T'es sûr? 
- Oui.

Je me tourne alors vers le vrai Samuel, pour voir s'il va jouer le jeu:

- Et toi, tu es qui?
- SamGUS-GUS! A Gus-Gus moi!


(Petits polissons)

Ils ont aussi appris à dire plein de choses mignonnes, pas du tout parce que je les pousse, ah ça non:

- C'est qui ça?
- Mamie!
- Est-ce que tu aimes mamie?
- Oui!
- Tu vas la voir et tu lui dis "je t'aime, mamie"?
- Mamiiiie! Je y'aime mamie!


(Devinez qui vient de se garantir des tartines de confiture à vie?)

Par contre, ça ne marche pas aussi bien avec tout le monde:

- Maman, cayin!
- Oh, oui, un câlin, mon joli bébé... Je t'aime, mon coeur.
- ....
- Tu dis aussi, "je t'aime, maman"?

Et là, le gosse me regarde droit dans les yeux, me fait un beau sourire, et me dit :

- Je y'aime, PAPA!


(On ne peut pas gagner à tous les coups)

Ah, et, au cas où vous vous poseriez la question : oui, ce sont bien des petits Alsaciens:


(Oh yééééééé)

Tranche de vie : la cacastrophe

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AVERTISSEMENT : L'anecdote que j'ai à vous conter aujourd'hui n'est pas pour les âmes sensibles.

(Phobiques du caca ou - plus généralement - personnes sans enfants, sachez-le, en poursuivant la lecture de cet article, vous risquez de souffrir.)

Et donc, un beau soir, j'étais seule avec mes enfants.

Professeur Flaxou m'avait envoyé son petit texto Waze qui disait "je suis en chemin, je rentre du boulot, promis je passe pas exprès par des chemins détournés pour que tu mettes les gamins au lit sans moi", et son heure d'arrivée indiquait 19h02.

J'étais allée chercher les enfants à la crèche à 18h, je leur avais donné leur repas, et ils en avaient foutu partout comme d'hab ce sont des enfants mi-porcinets mi-démonsça s'était plutôt bien passé.

Et, enhardie par ce repas quasi-idyllique (juste trois gobelets d'eau renversés sur la tartine de fromage, juge par toi-même), je me dis dans ma grande naïveté :

- Allez, Flaxou arrive dans cinq minutes, je vais démarrer le bain sans lui. Après tout, c'est que cinq minutes, ça devrait pas être bien dur à gérer!


(Un jour, je remonterai le temps juste pour aller me donner des baffes.)

Je fais couler le bain, j'attrape Samuel, je le mets tout nu, et je lui dis:

- On va prendre le bain! Va m'attendre à la salle de bains pendant que je déshabille ton frère.

Je place l'autre gamin sur la table à langer de la cuisine et commence à le déshabiller, et là, j'entends Samuel m'appeler de la salle de bains. 

Mon dialogue interne:

- Putain mais il fait chier ce môme, c'est bon tu peux gérer être seul pendant deux secondes ou il faut que je rattache ton cordon?

Mon dialogue externe:

- J'arrive, mon petit trésor! Maman sera là dans une minute avec ton frère! Sois un petit grille-pain bien courageux, d'accord?

(La faux-culserie de tous les instants qu'on a avec nos gamins, quand même.)

J'arrive dans la salle de bains, un Gus-Gus cul-nu sur les talons, et là, je vois Samuel paniqué, en train de me pointer du doigt un ÉNORME CACA qui trône sur le carrelage – caca dans lequel il avait BIEN EVIDEMMENT allègrement marché et qu'il était en train de piétiner dans tous les coins de la salle de bains.


(A ce stade de l'histoire, je devrais également te préciser, cher lecteur, que mes enfants ont une chose préférée dans la vie, et ce sont les fruits. A eux deux, en une journée, ils se boulottent deux bananes, quatre kiwis, deux poires et une grappe de raisins.)

(Je te dis juste ça pour que tu comprennes bien à quel genre de caca mou on avait affaire.)

(Ces mômes n'ont jamais fait une crotte solide de leur vie, que ce soit clair.)


(Oui, désolée encore aux sans-enfants qui liraient ces lignes, je sais que c'est dégueu.)

Moi, en panique totale, je récupère l'enfant couvert de caca à bout de bras. Je me dis que je vais le plonger dans la baignoire remplie d'eau tiède, et tant pis pour dame Nature, on fera couler un autre bain, MAIS c'est sans compter sur Gus-Gus, dont le naturel curieux n'est plus à démontrer, et qui est en train de s'approcher dangereusement de la scène du crime en pépiant "Oooooh! Caca?" et en TENDANT LES MAINS.


(On ne m'y reprendra plus à faire des mômes avec un scientifique.)

Du coup, je tourne les talons avec mon gamin crotté dans les bras, ordonne à l'autre asticot de me suivre immédiatement, et c'est direction la cuisine. 

(En semant des petites miettes de crotte sur le chemin, un peu comme le Petit Poucet le plus crado du monde.)

J'hésite un moment à mettre Sammy le cacateux debout dans l'évier et à lui laver le derche au robinet, mais l'évier est plein de vaisselle, donc je me rabats sur la table à langer, qui n'est évidemment pas la solution idéale vu que je ne peux même pas installer le gosse sur le dos (qu'il a maculé de merde, tout comme l'arrière de ses cuisses, tout comme l'arrière de ses genoux, tout comme ses chevilles et ses deux pieds).

Du coup, je plaque le gamin sur la table à langer, et je suis obligée de lui faire une quasi-clef de bras pour le maintenir un peu tranquille le temps d'essuyer à la hâte le bas de son corps avec des cotons.

Pour te donner une idée de la bande-son, tu peux t'imaginer Samuel en train de hurler de panique, et son frère en train de crier à tue-tête "MAMAN, CACA! MAMAN, CACA!"

Moi, essayant tant bien que mal de calmer le jeu, je tente de crier d'une voix douce (ce qui n'est pas un oxymore quand on est parent) :

- Oui, mon coeur, je sais, ton frère a fait caca par terre, mais n'aie pas peur, tout va bien! Maman va nettoyer tout ça et on va retourner au bain!

Je finis de nettoyer approximativement Samuel, le prends dans les bras pour le calmer, et je me tourne vers son frère.

ET LA.

JE VOIS AUGUSTE. DEBOUT. TOUT NU DANS LA CUISINE. 

A COTE D'UN DEUXIÈME CACA.


(Ah, qu'elle est belle, cette complicité gémellaire.)

Ni une, ni deux, j'attrape le reste des cotons et essuie promptement les fesses de Gus-Gus (qui avait au moins eu la bienveillance de ne pas marcher dans sa merde) et je chope un rouleau de sopalin pour nettoyer le plus gros du tas par terre avant qu'ils ne courent à travers.

Pendant ce temps, mes enfants demeurent évidemment très sages:


(Pareil, mais à poil.)

Et là.

C'est le moment où Professeur Flaxou rentre du boulot.

Petit changement de perspective : tu es Professeur Flaxou, mon époux bien-aimé.

Tu as quitté la maison aux aurores, tu as passé une longue journée au boulot suivie d'une heure de trajet dans la circulation dense de l'Alsace du Sud en fin d'aprem, et tu n'as qu'une envie, c'est de retrouver enfin ta maison, tes enfants chéris, ta femme adorée, de leur faire un gros câlin à tous, et de te relaxer avec une bière bien fraîche.

Et là, tu entres chez toi, et tu es accueilli par deux gamins en pleurs, entièrement nus. 

Le sol de l'entrée est maculé de petites crottes. 

Suivant les crottes, tu arrives dans la cuisine, et tu trouves ta femme à genoux par terre, littéralement les mains dans la merde, qui te crie NE LES LAISSE PAS ENTRER DANS LA SALLE DE BAINS!

Tu jettes un oeil à la salle de bains, et, par la porte restée grande ouverte, tu vois :

1) Une baignoire limpide et pleine d'eau pure.
2) Une tache de merde de la taille du Texas.


(Meilleur accueil du monde.)


Épilogue: le lendemain:

- Fla, tu peux m'aider à décharger les courses?
- Oui, bien sûr. C'est quoi, ces boîtes?
- Des POTS DE CHAMBRE!

(Bon, pour le moment, ils servent de siège de lecture.)

(Mais au moins, on les a.)

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Et donc on a une nouvelle venue dans la famille.

Non, calme-toi Marie-Jo, je n'ai pas fait un autre enfant. D'ailleurs, bizarrement, j'ai très peu de pression de ce côté-là:

- Han ça ma saoule quand je me prends des réflexions genre "et c'est pour quand le petit frère"?
- Grave! Moi aussi on me le dit tout le temps, mais mêlez-vous de vos culs!
- Ah? C'est bizarre, moi, on me le dit jamais. Vous pensez que c'est parce que j'en ai déjà deux?
- Ben.....
- AAAAAAAAH ! MAMAAAAAAN! GUS-GUS A TAPÉÉÉÉÉÉE !
- MAMAAAAN ! SAMMY A POUSSÉÉÉÉÉ !
- SAMMY POUSSE PARCE QUE GUS-GUS TAPE!
- MOI JE TE TAPE!
- MOI AUSSI TE TAPE!
- TAPE!
- TAPE!
- AAAAAAAAAH! MAMAAAAAAN ! 
- AAAAAAAAAAH!
- AAAAAAAAAAAAAAAAH!
- ..... Je crois que dans ton cas, même un, ça aurait déjà été de trop.

(Note à toutes les mamans qui subissent une pression externe pour refaire des mômes : en fait, la solution, c'est simplement de produire un monstre la première fois.)

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Donc non, merci, fermeture définitive des ovaires, si Professeur Flaxou veut produire d'autres clones, il va falloir qu'il prenne sur lui et qu'il les fasse tout seul cette fois-ci.

Non, quand je te parle d'une nouvelle venue dans la famille, je parle de MON CHAT.

Car oui, ça y est, après des années d'attente, J'AI ENFIN MON PETIT CHATON!

Petite piqûre de rappel pour ceux qui n'ont pas suivi ce blog de près lors des dix dernières années (comment osez-vous?) : j'ai toujours beaucoup, beaucoup aimé les chats.

Quand j'étais petite, j'ai eu trois chats à la suite : le premier est resté trois semaines, le second trois mois, le troisième seize ans (on est donc sur un moyenne pas trop mal).

Et j'ai adoré ce chat, Frimousse, je l'ai aimé de tout mon coeur et chéri comme la prunelle de mes yeux, malgré le fait que c'était un bon petit bâtard misanthrope qui voulait juste qu'on lui foute la paix et griffait dès qu'on voulait le caresser.


(Ma vie avec Frimousse, une illustration)

Bref, Frimousse est mort depuis bien longtemps déjà, et entre-temps, je suis partie en Nouvelle-Zélande où il était hors de question qu'on prenne un animal de compagnie, parce qu'on bossait tous les deux 45 heures par semaine et en plus qu'on louait un appart interdit aux animaux. 

(Et comme de toute façon, on ne savait pas si on allait rester, on ne voulait pas prendre le risque d'adopter un chat ou un chien, puis de devoir s'en séparer pour rentrer en France.) (Ou de payer un rein pour le foutre dans l'avion et le traumatiser à vie avec 30h de vol.)

Ensuite on est rentrés au bercail, on s'est installés, et je me suis dit que le temps était venu.

Mais c'était sans compter sur Professeur Flaxou le sans-coeur et sa maladie imaginaire:

- Les chats c'est de la merde.
- Mais je m'en occuperai, t'auras rien à faire!
- Et mes allergies, alors? 
- Mais est-ce que tu es bien sûr que tu es allergique aux chats?
- Evidemment! Dès que je vais chez mon frère, je me mets à éternuer!
- Alors dans ce cas, tu veux bien aller chez un allergologue et faire un test?
- .... non.


(On est d'accord que ça sentait la couille dans le potage?)

Finalement, je l'ai tellement tanné pendant des mois qu'il y est quand même allé, et là, le verdict tombe: Professeur Flaxou n'est MÊME PAS UN TOUT PETIT PEU ALLERGIQUE. 

NI AUX CHATS, NI AUX CHIENS, NI A AUCUNE AUTRE BÊTE POILUE.


(Toute une vie basée sur des mensonges!)

(Tous ces animaux que j'aurais pu avoir!)

Donc j'étais chaude comme la braise, déjà le GPS en main en train de chercher la SPA la plus proche, quand Flaxou m'a donné le coup de grâce (ou plutôt le coup de teub) et m'a foutue en cloque... AVEC DES JUMEAUX.

Donc forcément, j'ai mis de côté toutes velléités animalières pendant ma grossesse (toxoplasmose TMTC) et, une fois les bébés nés, je t'avouerais que j'étais un peu trop occupée à essayer de pas devenir zinzin pour me soucier d'ENCORE un être vivant.

Je m'étais donc résignée à attendre encore quelques années (genre, que les enfants aient 6-7 ans et qu'ils fassent eux-mêmes la demande d'un animal de compagnie) quand BOUM ! Un chaton est tombé du ciel, tout droit dans ma baraque (et mon coeur).

Et d’où vient-il, ce petit chat ? De chez mon père, et c’est une drôle d’histoire.

Flash-back : il y a deux ans, le chat de mon père est mort après dix-neuf ans (tout de même !) de services ni bons ni loyaux (car c’était un chat). J’ai demandé à mon père et ma belle-mère s’ils comptaient en reprendre un, et ils ont répondu :

- Non, maintenant qu’on est tous les deux à la retraite, on voudrait voyager, et c’est compliqué de toujours devoir penser à faire garder le chat… Non, c’est fini pour nous, les animaux de compagnie.

L’année d’après, cloués à la maison par le premier confinement, ils se sont mis à jardiner pour s’occuper ; problème, le jardin a vite été envahi de mulots.

(Mais quand je dis « envahis », c’était un gruyère suisse, le machin.)

(On ne pouvait pas faire trois pas dans l’herbe sans se péter la cheville dans un trou.)

Ma belle-mère a acheté du poison, ça n’a pas marché. Elle a acheté des pièges, ça n’a pas marché. Elle est retournée acheter un autre poison, et le vendeur lui a dit :

- Vous savez, vous pouvez continuer à venir, moi je vous vends tout le poison que vous voulez, mais honnêtement, prenez un chat, ça vous reviendra moins cher.

Une semaine plus tard, elle reçoit un coup de fil d’un ami qui venait d’avoir une portée de chatons. Elle a vu ça comme le destin, et elle a ramené un joli petit chaton tout noir, qu’ils ont appelé Riesling.


(Je persiste que « Pinot » aurait été plus juste, vu sa couleur, mais bon.)

Les mois passent, Noël arrive, et tout le monde commence à s’empâter, même le chat. Ça fait bien rire la famille (notamment parce qu’on soupçonne ma mamie de lui avoir filé tout le foie gras qu’on n’a pas fini au réveillon). Puis l’hiver continue, et on se met à remarquer un truc :

- Papa ? C’est bien un mâle, ton chat ?
- Oui oui.
- Tu trouves pas que c’est bizarre qu’il prenne du poids juste au niveau du bide ?
- …. Si.

Tu l'as compris, ce chat n’était pas du tout un mâle (heureusement que « Riesling » c’est gender neutral) et, le mois d’après, naissaient deux jolis chatons noirs et blancs.


Là, c’était à mon tour de voir des signes du destin :

- Vous allez les garder ?
- Non non, un chat, c’est bien suffisant. On va demander autour de nous s’il y a des intér….
- MOI ! MOI J’EN PRENDS UN ! MOI ! MOIIIIIII !

Et c’est comme ça que Gimli est arrivée dans nos vies.


(Pourquoi Gimli ? Parce qu'elle adore les haches.)

Alors, je dis que c’est « mon » chat, mais c’est un peu incorrect : autant elle m’a prise en affection et se sent clairement à l’aise en ma compagnie (vu qu’elle passe ses soirées couchées sur mes genoux en train de ronronner), autant, pour elle, sa maison, ça reste la maison de mon père.

(On lui ouvre la porte le matin, elle file voir sa mère, et elle reste squatter là-bas jusqu’au soir.)

(Donc mon pauvre papa, qui ne voulait plus de chat, se retrouve avec deux chats.)

(Sauf qu’il y en a un que je nourris, soigne, amène chez le véto et dont j’entretiens la litière.)

(On est d’accord que je me suis faite enfler, dans cette affaire ?)


Malgré tout, je suis ravie d’avoir enfin mon petit chat, et les enfants sont tout aussi ravis que moi :

- Bonjour mes amours ! Vous avez bien dormi ?
- Maman, j’veux sortir ! Sortir du lit !
- Oui, tout de suite. Bonjour, trésor ! Mwah !
- Non, pas bisou ! Pas bisou, maman ! Pose-moi !
- Oh, bon, d’accord….
- Mmmmmaaaaa !
- GIMLI ! C’EST GIMLI ! BONJOUR GIMLI ! CA VA GIMLI ? COUCOU MA BELLE ! FAIS CALIN ! CALIIIIIIN !


(Je me sens mal-aimée)

Gimli, c’est tout à son honneur, est d’ailleurs un chat absolument adorable avec les petits, et se laisse caresser brutalement, tirer les poils et hurler dans les oreilles avec une bravoure stoïque qui force le respect.

(Et, quand elle en a marre, elle se secoue, lèche la main la plus proche, et profite de la diversion pour s’en aller rapido pendant que le gamin affligé vient me voir en criant « GIMLI M’A CROQUEEEEEEEE ».) 

Seul Flaxou le sans-cœur reste immunisé aux charmes de Gimli, et ça, il me l’a bien fait comprendre quand on l’a accueilli chez nous :

- Moi je m’en occupe pas, de ce connard de chat. Je le caresse pas, je le nourris pas, je le fais ni rentrer ni sortir, je touche pas à sa litière qui pue, je veux même pas regarder sa conne de tête de con de chat.
- Mmmmmrou ?
- Ta gueule.

Et devine un peu.

DEVINE UN PEU.

Qui, dans ce foyer de quatre personnes, est-ce que le chat a le plus pris en affection ?

a) L’enfant qui lui parle gentiment, la suit partout, et lui demande constamment de venir sur ses genoux pour lui faire des câlins ?

b) L’enfant qui lui fait inlassablement traîner des ficelles dans l’herbe pour la faire jouer, la caresse (presque toujours) délicatement, et lui distribue ses croquettes ?

c) La personne qui l’a accueillie chez soi, l’a faite pucer et vacciner, lui donne son vermifuge et ses probiotiques, change sa litière, achète sa bouffe, l’accueille tous les matins avec une soucoupe de lait, lui achète des friandises spéciales pour chat de bourges, lui prodigue des papouilles infinies, et l’aime de tout son cœur ?

d) Le gars qui la déteste ?


EXACTEMENT !

Et donc, tous les soirs, j’amène le chat au salon pour lui faire des câlins devant la télé, et au bout de cinq minutes, elle se barre, et j’entends dans le bureau voisin :

- Gimli, putain ! Va chez Cha, elle t’aime, elle !

Pendant que ledit chat se frotte en ronronnant aux jambes de Flaxou, lui saute dans les bras, et vient amoureusement frotter sa petite frimousse contre son visage.


(Trahison, disgrâce.)

Et chez toi, lecteur/lectrice ? Est-ce que l’amour des animaux de compagnie est aussi réparti de façon cruellement injuste ?

(Lâche tes commmmzzz)

PS : Bonus pattounes: 

Pince-mi et Pince-moi rendent maman zinzin

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(Dix secondes avant cette photo : "Dis donc, qu'est-ce que les enfants sont calmes ce matin!")

(Quelques mois plus tôt : "j'ai mis mes papiers de cours dans le tiroir sous clé, ils y entreront jamais!")

(Une tragédie en deux actes.)

Les grumeaux grandissent.

Ils développent leur langage, leur caractère, et leurs passions.

Et, autant pour les passions, ils tiennent plutôt de leur papa, autant pour le caractère, ils ont malheureusement hérité de leur maman.

Je dis « malheureusement » parce que, j’ai beau être aujourd’hui une personne tout à fait délicieuse (si), quand j'étais gamine, j'avais un caractère de cochon, qui se manifestait notamment par une tendance à bouder plus ou moins constamment.


(En même temps, l’opprobre était grande, cf. comment ils me fagotaient.)

Et, trente ans plus tard, j'ai Auguste qui décide périodiquement de "bouder en vert", comme il l'appelle poétiquement. (C'est-à-dire qu'il va sur sa chaise à bouder - une chaise qu'il a lui-même élue comme meilleur endroit de boudage - et il se trouve que cette chaise a un coussin vert.)

Quand j'étais petite, je me rappelle aussi que je fuguais régulièrement (en gros, dès que mes parents me faisaient faire quelque chose que j'avais pas envie de faire) (oui, tous les jours, exactement). Je prenais ma valise Les Belles Histoires avec mon nounours dedans, j'annonçais à la ronde :

- J'en ai marre! Je vais vivre chez mamie!

Et je traversais le jardin, je montais chez ma grand-mère, et je lui disais:

- Mamie, je viens vivre chez toi. Tu me fais des beignets de pomme?

Et puis, quand j'avais fini les beignets, je disais:

- Je crois que je vais quand même revenir vivre à la maison, sinon papa et maman vont avoir trop de chagrin.

Pendant ce temps, mes parents:


Trente ans plus tard, ce sont mes enfants qui fuguent tous les matins chez celle qu'ils ont baptisé "Mamie Toc" (puisque je leur dis toujours "avant d'aller chez mamie, il faut faire toc, toc, toc"!).

- Les enfants, vous voulez quoi au petit déjeuner?
- Du PAIN!
- Du BEURRE! 
- De la FAFITURE!
- Okay, on descend manger à la cuisine?
- OUIIIII!

Et une fois en bas, les mômes s'exclament:

- La cuisine CHEZ MAMIE TOC!

Et se barrent en courant, et passent vingt minutes là-bas à se faire déposer des cuillères de confiture directement dans le gosier.

Pendant ce temps, je vais dans ma cuisine vivre ma meilleure vie pendant les seuls instants paisibles de ma journée - c'est-à dire MANGER SEULE:


(Sans personne pour m'interrompre en me demandant un bout de pain, un bout de fromage, du ketchup, plus de pâtes, ou en reversant des assiettes entières par terre.)

Mon autre trait de caractère dont mes enfants ont malheureusement hérité, c'est le côté têtu (qui est présent chez tout le monde dans ma famille, donc est-ce que c'est vraiment de ma faute? Probablement pas), et, comme pour le boudage, c'est un trait qui se manifeste plus sévèrement chez Gus-Gus, le seul gamin avec qui on a dû lutter pour lui faire essayer la CRÈME GLACÉE:

- Mais goûte! Tu verras, c'est bon!
- Veux pas!
- Regarde ton frère, comme il se régale!
- Veux pas!
- C'est sucré! C'est comme un yaourt, mais encore meilleur.
- Veux paaaaaas!

J'ai finalement réussi à ruser en lui barbouillant le nez de glace - nez qu'il s'est empressé de lécher, puis:

- Alors, c'est bon la glace, non?
- Non. Pas bon!
- Bon, je la mange, alors, parce que sinon elle va fondre.
- Donne à Gus-Gus!
- Ah, donc tu veux la manger, finalement?
- Non! Je veux donner à maman.

Puis le môme m'a donné UNE LÉCHOUILLE de glace et s'est empressé d'engloutir le reste, en m'affirmant tout du long que c'était "pas bon".


(Mais bien sûr.)

Un autre trait de caractère que les deux enfants ont piqué à leur maman chérie, c'est le côté obsessionnel quand il s'agit des œuvres de fiction. Sur ce coup, je pense qu'il doit y avoir une petite justice karmique au fait que, trente ans après avoir rendu mes parents zinzins avec mes obsessions (le livre "Yanna la petite fée" tous les soirs, le Roi Lion en boucle, etc.), eh ben c'est maintenant moi qui devient cinglée:

- Les enfants, venez changer la couche! Je vous mets un dessin animé!
- TOTOROOOOOOOOOO!
- Les enfants, j'ai une idée : et si, aujourd'hui, au lieu de regarder Totoro pour la quatre-vingt-huitième fois, on mettait un des quatre mille autres dessins animés du catalogue Netflix?
- TO-TO-ROOOOOOOO!
- Regardez celui-là ! Il y a une tortue dedans! Vous aimez les tortues! Et il y a des poissons, vous adorez les poissons!
- Poissons!
- PONYO!
- PONYOOOOOOOO!



(S'ils se mettent à chanter les génériques en japonais, je les abandonne dans la forêt.)

Après, j'avoue qu'une obsession Miyazaki, c'est pas la pire des choses, surtout que, depuis que je suis parent, je me rends compte à quel point l'offre de dessins animés pour enfants est PUTAIN DE LAIDE.

Alors pour les thèmes, je dis pas, hein : l'amitié, la diversité, le respect, l'écologie, tout ce que tu veux, super, mais est-ce qu'il faut que ce soit TELLEMENT MOCHE?

Vous avez déjà regardé un épisode de Pat'Patrouille? C'est animé avec le cul, on est d'accord? C'est un stagiaire qui a fait le background sur Paint, je vois pas d'autre explication?

(Et on ne va même pas aborder l'immondice des dessins animés "dessinés comme les enfants", style Peppa Pig ou l'âne Trotro.)


(La maison de Peppa n'a pas de gouttières, MAIS par contre elle a une antenne télé.)
(Sens des priorités)

Bref, tout ça rend plus supportable le fait de me taper quarante-cinq fois les aventures de Kiki la Petite Sorcière, son chat, et sa copine sans nom (t'sais, la lesbienne artiste qui vit dans les bois et qui parle aux corbeaux, là)


(Hashtag goals)

Même si, après, on a quand même bien l'air con:

- Allez, venez les enfants, on va faire une balade en forêt!
- OUAAAAIIIIS!
- On va chercher des glands!
- Comme Satsuki et Mei!


(La fabrique du cringe.)

Mais, comme je l'ai dit plus haut, pour leurs passions, ils tiennent plus de leur papa, notamment pour tout ce qui a trait à la vie sous-marine, cf. leur autre grande passion télévisuelle : LES REQUINS.

Ça a commencé par moi leur mettant innocemment un documentaire de Netflix sur la grande barrière de corail, en me disant "ils seront contents, ils adorent les poissons-clowns, les jolis coraux, tout ça", et finalement, ils ne voulaient regarder qu'un seul passage en boucle, celui avec les requins des récifs.

Et ça gavait tellement Flaxou de devoir retrouver le passage en question à chaque fois qu'il s'est dit "moi je suis malin, je vais leur montrer un documentaire UNIQUEMENT sur les requins".

- Mais tu l'as regardé en avance, le truc?
- Ben non, pourquoi?
- C'est sur les grands requins blancs, quand même. Si on les voit chasser, tuer des phoques ou chais pas quoi, ça va les traumatiser!
- Oh! Tu penses?

Et c'est bien évidemment à ce moment pile que le documentaire a montré des images de requins blancs en pleine chasse, ce qui n'a absolument pas déphasé nos psychopathes de têtes blondes, qui ont trouvé ça tout à fait délicieux:

- Maman! Maman, regarde, le requin il a croqué le poisson!
- Ha ha ! Maman, regarde! Il a des grandes dents, le requin!


(Moi, terrifiée : "c'est super les enfants, maman va aller se cacher deux minutes, okay?")

Faut croire que ces gamins n'ont pas peur des trucs classiques, cf. ma tentative désespérée de les faire rentrer un soir et qui a complètement backfire:

- Bon, les enfants, ça fait huit fois que je vous dis que c'est l'heure de rentrer à la maison!
- NAAAAAAAN!
- Il fait froid, c'est l'heure de manger, et il va bientôt faire nuit!
- NAAAAAAAN!
- Allez! Il va faire nuit...et les loups vont venir! Ils vont venir faire OUUUUUUH!

Silence. Doute.

- Les loups vont venir?
- Oui.
- Ils vont venir de la forêt?
- Oui.
- OUAAAAIIIS! Moi je veux rester voir les loups!


(Ça m'apprendra à faire ma maligne.)

Forte de ces expériences, j'ai décidé de les amener au zoo, en me disant qu'ils seraient ravis de voir des vrais loups, ou des vrais crocodiles (bon, okay, on n'a pas de requins, mais y'a un ours polaire alors hein), et qu'ils n'auraient pas peur.

Alors, peur, non hein, on l'a compris, mais par contre, ce que j'avais pas bien saisi, c'est qu'ils sont encore incapables de distinguer le caractère exceptionnel de certains animaux par rapport à d'autres.

Extrait de la visite:

- Regardez, les enfants! C'est l'enclos des loups!
- OUUUUUH! MAMAAAAAAAN! REGAAAAARDE!
- Oui, mon Gus-Gus, c'est des....
- REGAAAARDE Y'A DES FOURMIIIIIS! LAAAAAA!


(Et Sammy j'en parle même pas, son meilleur moment de la journée, c'est quand une mite est venue se poser sur mon sac à dos.)

(Exotisme.)

- C'était bien, le zoo, les enfants?
- OUIIIIIII!
- Racontez à papa ce qu'on a vu comme animaux!
- Des CANAAAARDS!
- Ah? Mais y'avait d'autres animaux, aussi, non? Toi, tu as vu quoi, Gus-Gus?
- Des CHÈVRES!

(Bon, on va dire qu'au moins, ils se sont bien amusés?)

(Ils se sont autant amusés à une heure de route et seize balles l'entrée que si je les avais amené voir des scarabées dans la forêt à un mètre de chez nous, mais okay.)

Bref bref.

Niveau langage, ça y est, on est sur du solide, on a des sujets, des verbes, des adjectifs, des adverbes, la compréhension est quasi totale.

QUASI.

- MAMAN, JE VEUX BITE!
- Heu...pardon?
- BITE ! JE VEUX BIIIIITE!
- Je....
- ALLEZ! BITE! POUSSE-BITE!
- Tu....AH! Tu veux que je te pousse vite!
- Oui! Bite! Très bite!

(Dois-je préciser que cette conversation s'est déroulée, non pas dans le calme feutré de notre domicile, mais EVIDEMMENT au beau milieu d'un supermarché?)

Mais bon, on va dire que pour le langage, c'est presque ça.

Pour la logique, c'est pas mal non plus, je serais même tentée de dire qu'ils en ont plus que nous, cf. cette conversation avec Sammy un matin, entrant dans la salle de bains avec sa brosse à dents et me voyant en train de mettre du mascara:

- Moi je me brosse les dents!
- C'est super, mon chou.
- Et maman, elle se brosse les yeux!


Ainsi qu'un traumatisme qui leur vaudra sûrement dix ans de psychanalyse:

- Les enfants, revenez ici! Laissez maman tranquille, elle prend sa douche!
- Mamaaaaan? Maman se lave?
- Oui, loulou.
- Maman se lave les chev-HAAAAAN!
- Quoi?
- Maman! HAAAAA! Maman elle a pas de zizi!


Sur ce, je te laisse, c'est bientôt l'heure d'aller les chercher.

Je te dis à plus dans le bus (métaphorique, je ne prends pas le bus, y'en a pas chez moi), on causera crise des deux ans, parentalité bienveillante, et livres à se carrer dans le cul. (Sens-tu comme un thème?)

Deux mille vingt-deux, l'année des rageux

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(Same)

Eh ben les potos, quelle belle année de merde.

Non, je ne parle pas de 2021 (enfin si, mais pas que), mais bien de ces quatre semaines interminables qui me paraissent déjà plus longues qu'une année complète et COMMENT EST-CE QUE JANVIER N'EST MÊME PAS ENCORE FINI???

Surtout que, clairement, on n'est pas des débiles, aucun de nous ne s'est rué en 2022 avec l'énergie "new year, new me" qu'on avait l'an dernier comme des petits bleus fragiles, et où on était tous là, jeunes et pleins d'espoir, en mode "au revoir COVID" et autres "2020 pire année ever c'est fini, 2021 année bénie".


(Womp womp)

Mais non, on a appris, on est forts de nos erreurs, même Le Monde nous dit qu'il faut plus se souhaiter la bonne année parce qu'on est tous en mode Mad Max 1 (t'sais, quand c'est pas encore tout à fait l'apocalypse, mais que ça commence à partir en couille sévère).

Et malgré ça, MALGRÉ CA, on s'est quand même fait bolosser par le mois de janvier comme des bleusailles, et ce dès le 2 janvier, juste après notre Nouvel An (qui avait été placé sous le signe du minimum syndical, parce que déjà de loin, on la sentait pas, cette année), quand j'ai reçu un coup de fil de ma copine Coralie:

- Coucou ! Qu'est-ce qu'il y a, t'as oublié un truc chez nous?
- Eh, tu veux rigoler?
- Quoi?
- J'ai le covid.


L'année commençait donc HYPER BIEN avec quatre tests dans le pif.

Heureusement, personne n'a été contaminé, et les enfants ont donc pu entrer à la crèche le premier mardi de l'an (ils avaient loupé le lundi parce qu'on attendait les résultats du labo).

Le jour même, je reçois un coup de fil:

- Bonjour, c'est la crèche. Il faudrait venir chercher Samuel, il dit qu'il a mal aux oreilles et à la gorge, il n'a rien mangé, et il pleure.

Je file chez la pédiatre, verdict : angine doublée d'un début d'otite, antibiotiques et tout le toutim.

J'étais contente que ce ne soit rien de grave, parce que, la même semaine, j'avais prévu deux jours à Paris avec ma mère et ma soeur, et les billets n'étaient pas remboursables.

Conversation avec Professeur Flaxou la veille de mon départ:

- Bon, Sammy va mieux, il pourra retourner à la crèche demain, donc le vendredi t'auras juste à les amener et les rechercher, les gérer le soir, le samedi t'as de l'aide des grands-parents, et je serai de retour le samedi soir. Ça va aller?
- Evidemment, les doigts dans le nez!

Vendredi, je me lève à 5h du matin, je prends mon train, et à 9h30, dans la queue pour le Louvre, je sens mon portable qui vibre.

Et sur l'écran, je vois "Crèche".


- Oui?
- Oui bonjour, on a eu un cas de Covid chez les grands, vos enfants sont cas contact, il faut venir les chercher immédiatement et les faire tester le plus rapidement possible.
- Alors c'est-à-dire que je suis à Paris, donc, quand vous dites "immédiatement"....

Bref, c'était le branle-bas de combat, Flaxou pose un RTT en panique, va faire tester les mômes, et annule toute aide extérieure au cas où les gamins sont contagieux.

- Tu veux que je rentre ce soir? Je peux encore changer mon billet.
- Mais t'inquiète, profite! Je gère, les enfants vont bien, tout est nickel. On se voit samedi soir!

Du coup, je tente tant bien que mal de profiter de mes congés malgré l'angoisse pour mes mômes et le temps de merde, et le samedi soir, dans le train, je reçois un coup de fil:

- Oui chérie, c'est moi, où t'as rangé le doudou de rechange de Gus-Gus?
- Il est dans le panier à linge, je l'ai pas encore lavé.
- Il est sale-sale, ou juste un peu sale?
- Juste un peu sale, pourquoi?
- OK, je vais le chercher.
- Pourquoi?
- Parce que l'autre est couvert de vomi.


(OK, univers, j'ai compris le message, je ne m'absenterai plus jamais.)

Je rentre décharger un pauvre Flaxou au bout du rouleau, et dès le lundi matin, je fonce chez la pédiatre:

- Mais on s'est pas déjà vues la semaine dernière?
- Si, mais c'est pas le même enfant.
- Ah bon! Dis donc, vous cumulez!


(Je n'vous le fais pas dire.)

Verdict : laryngite, sirop, encore une journée de crèche de loupée, mais il peut y retourner le lendemain. Et je me dis que là, quand même, on va peut-être enfin voir le bout du tunnel.

Et deux jours après, j'ai Samuel qui dégueule dans son lit.


La tête de la pédiatre en me voyant arriver pour la troisième fois en dix jours:


("Encore vous? Mais vous avez des triplés?")

Verdict:

- C'est la gastro.
- C'est contagieux à quel point?
- Énormément.
- Du coup, il vaut mieux qu'on éloigne son frère?
- Bof, non, pas la peine, c'est sûrement lui qui l'avait en premier, quand il a vomi la semaine dernière.
- Mais je croyais qu'il avait une laryngite!
- Oui, ça aussi.

(Mes enfants, ces apôtres de Nurgle.)

Je résume : nous sommes à ce moment-là le 17 janvier, et sur ces dix-sept jours, mes enfants en ont passé DEUX à la crèche.

C'est donc bien déterminée à ne rien laisser passer que, le lundi venu, je mets les deux gamins dans la bagnole pour les déposer juste avant mon cours.

Et là, juste devant la crèche, je croise un papa avec son gamin dans les bras, qui me lance:

- Bon courage! C'est fermé.


Car, devine quoi? Il y avait eu trois cas Covid en une semaine, et du coup, ils ont dû fermer la crèche pour 7 jours.

Fermer à 8h30 un lundi matin.

Alors que j'avais mon cours avec douze élèves à 9h. A dix kilomètres de là.


Bref, re-belote, re-poireautage d'une heure et demie devant le labo pour notre troisième test en deux semaines (toujours négatifs, c'est toujours ça de pris), une semaine à attendre que ça rouvre, on réorganise nos agendas comme on peut, je fais sauter tous les cours pas urgents, on appelle tous les grands-parents, et du coup tu te rappelles que ça fait maintenant vingt-trois jours que ce mois infernal a démarré et que, durant ce TRÈS COURT laps de temps :

- mes mômes ont passé deux (DEUX!) journées à la crèche
- ils ont été chez le médecin trois fois (donc plus souvent qu'à la crèche)
- ils ont eu une laryngite, une angine, une otite, et deux gastros
- ils ont été cas contact trois fois (on a donc dû leur enfoncer un bâton dans le pif à neuf reprises) (chacun)

Et avec tout ça, j'ai encore Professeur Flaxou qui ose (qui OSE!) me tenir la conversation suivante:

- Qu'est-ce que tu te fous dans les cheveux?
- C'est ma lotion pour l’eczéma.
- T'as de l'eczéma sur la tête?
- Oui, tu te rappelles, ça vient avec les pics de stress.
- Ah bon, t'es stressée? Mais à quel sujet?


(C'est son anniversaire bientôt.)

(Je vais lui acheter une pelle.) 

(Pour qu'il puisse aller déterrer ses grands morts.)

Bref, c'est la merde, ce mois de janvier de l'enfer n'est TOUJOURS PAS FINI LA PUTAIN DE SA RACE, et cette nuit l'un des gosses s'est réveillé en disant qu'il avait mal au ventre, PRIE POUR MOI, PRIE NURGLE, PRIE BELZÉBUTH puisque clairement ces enfants sont une ENGEANCE DÉMONIAQUE.

A bientôt (non) (promesse impossible) à quand j'ai un moment de libre.

Je te fais de gros bisous (non) (trop de miasmes) je t'envoie des pellicules d'eczéma. 

Terrible twos (by two)

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(Cette photo s'intitule "le câlin deux secondes avant la bagarre")

(J'en ai une comme ça pour tous les jours de l'année.)

Et donc mes gosses ont eu deux ans.

Alors c'était l'été dernier, certes, mais j'ai été pas mal occupée entre-temps.

Parce qu'ils ont fait la fameuse CRISE DES DEUX ANS.

(Ou "terrible twos", comme on l'appelle chez nos amis outre-Manche.)

(Et du coup, comme j'ai deux gamins en même temps qui font leur "terrible twos", est-ce que j'appelle ça "terrible twos by two"? Ou cash je fais ma multiplication et je dis "terrible fours"?)

(Tant de questions, si peu de réponses.)

Les terrible twos (pour ceux et celles d'entre vous qui auraient la joie de ne pas savoir ce que c'est) c'est un âge de merde sensible, où le gamin est confronté à une poussée d'hormones et une explosion de ses capacités motrices, MAIS où il a encore du mal à s'exprimer verbalement. Tout ça crée pas mal de frustration, et donc le môme se comporte comme une sale petite ordure entre dans une période de contestation.

En gros, ton gamin te fait une mini-crise d'adolescence, à base de "je fais c'que j'veux c'est pas toi qui décides J'TE DÉTESTE"(mais avec moins de drogues et de musique emo, et plus de roulages par terre).


(Mes gamins quand je leur dis "mets tes chaussures")

Donc voilà, on a eu un très joli avant-goût de ce que ça va donner d'avoir deux crises d'adolescence en même temps dans la même maison, et laisse-moi te dire qu'on a GRAVE HÂTE. 

La petite consolation, c'est qu'on n'était pas les seuls à être au bout de notre vie avec nos mômes, cf. les transmissions de la crèche tous les soirs (propos véridiques):

- Ils ont été.... plutôt taquins. 
- On sent....on sent qu'ils sont vraiment en recherche de cadre, hein. 
- L'ambiance était vraiment.... électrique.
- Eh bien.... Disons que je vous souhaite d'avoir une soirée plus agréable que la journée qu'on a eue.

(J'adore les euphémismes de crèche pour éviter de te dire tout de go "J'en peux plus de tes connards de gosses".)

Bref, tu l'as compris, les grumeaux étaient pénibles

Tous les jours, c'était la bagarre pour la moindre chose : ils refusaient de s'habiller, de manger, de mettre leurs chaussures, de se mettre dans la voiture, bref, chaque geste du quotidien était prétexte à des crises de rages et des hurlements.

On en était à un stade où les autres parents de la crèche avaient arrêté de simplement me regarder avec de la pitié dans les yeux, et me plaignaient carrément à voix haute:

- SAMUEL ! VIENS METTRE TES CHAUSSONS! AUGUSTE! NE TOUCHE PAS A CA! VIENS ICI! LAISSE CE CASIER TRANQUILLE! JE COMPTE JUSQU’À TROIS ET JE TE METS LES CHAUSSONS DE FORCE! ET TOI, ENLÈVE CE BONNET! ET TOI, LÂCHE CETTE CHAUSSURE! UN...
- Oh là là, je l'admire, dis donc!
- Oui, moi aussi! C'est sûr qu'avec deux, ça doit pas être facile.
- DEUX....TROIS! MAINTENANT CA SUFFIT LES CAPRICES! JE M'EN FICHE SI TU ES PAS D'ACCORD C'EST MOI QUI DÉCIDE! ET TOI TU ARRÊTES DE LÉCHER CE TAPIS!
- Quel courage!
- Ah ça oui!


(Un très joli sentiment, mesdames, mais c'est pas vraiment comme si j'avais eu le choix, hein.)

(Flaxou m'avait bien suggéré de les abandonner dans la forêt, mais honnêtement, ça leur aurait trop fait plaisir.)

Bref, j'étais devenue la meuf que les autres mères regardaient en se disant "comme quoi, je me plains, mais ça pourrait être pire".

(En gros, j'étais devenue Lois dans "Malcolm".)

Et je désespérais de faire obéir ces enfants monstrueux, parce que rien ne marchait : ni les menaces, ni les cajoleries, ni les punitions, et ON N'A PLUS LE DROIT DE LES TAPER, PUTAIN!
 
(Et, autant je comprends à quel point c'est important d'éduquer ses enfants sans violence, autant je me dis que les générations d'avant avaient quand même drôlement la paix par rapport à nous.)

Dans mon désespoir apparent, une gentille dame de la crèche a cru bon de me jeter une bouée de sauvetage en me disant:

- Vous avez lu Filliozat? C'est très bien expliqué et plein de solutions pratiques pour gérer cet âge sensible entre 18 mois et 3 ans.

Et, même si, d'ordinaire, j'évite les livres sur l'éducation des enfants et je préfère y aller au feeling, là, j'ai immédiatement acheté le bouquin.

(Parce que mon feeling, là, me disait "une fessée et au lit", donc clairement j'allais pas l'écouter.)

Et té-ma comme même la couverture te vend du rêve dès le départ:


(Featuring un enfant en larmes au premier plan, super Hubert.)

Et, alors, je trouve le livre super utile pour les bébés et les très jeunes enfants (j'ai par exemple appliqué avec succès le truc de dire "stop" plutôt que "non", ou bien d'utiliser des instructions avec des phrases affirmatives plutôt que négatives ("laisse les pâtes dans l'assiette" plutôt que "ne jette pas les pâtes par terre"), et ça marche vraiment bien).

Par contre, pour les grands (2 ans et plus), j'ai quand même l'impression que l'autrice essaye de nous la faire à l'envers:

- Votre enfant demande toujours à choisir? C'est normal, il acquière un sens de l'autonomie. Lui laisser le choix, c'est bon pour son développement!
- Ok, super, je le laisse choisir.
- Par contre, ne vous attendez pas à ce qu'il fasse réellement un choix!
- Comment ça?
- En fait, à cet âge, votre enfant n'a pas réellement de critère de choix, parce qu'il est incapable de conserver des images dans sa tête pendant longtemps : il ne vit que dans l'immédiat. 
- Donc je le laisse choisir?
- Oui! 
- Mais il saura pas choisir.
- C'est ça.
- Donc il va se frustrer tout seul et me faire perdre quarante minutes?
- Exactement!


(Et puis le coup de "votre enfant ne sait pas conserver des images dans sa tête", tu me la referas quand tu les verras me faire les dialogues complets de "Totoro" dans la bagnole quand ils écoutent la B.O du film.)

Globalement, j'ai quand même l'impression que l'autrice bascule vachement entre "l'enfant est incroyablement intelligent" et "l'enfant est con comme une planche". 


Genre, faut pas féliciter un enfant quand il fait un truc bien (?) parce que ça souligne que l'action aurait pu être mal faite, et du coup, ça va générer de l'anxiété dans son petit cerveau et créer une peur de l'échec.

Okay, donc mon gamin de deux ans peut faire des déductions poussées de ce genre ("si c'est bien fait, ça peut être mal fait") avec des conditions hypothétiques et tout, mais par contre, il est trop con pour comprendre une instruction comme "attends deux secondes, c'est pas ton tour"?


(Ben meuf, dis à mes mômes qu'il arrivent pas à se représenter un futur proche, quand tous les jours ils me demandent "on mange quoi ce soir" ou "on va chez qui demain".)

Pour un peu tout le reste, on est quand même sur du constat "c'est pas sa faute s'il fait n'importe quoi, votre enfant est très très teu-bé, à vous de vous armer de patience jusqu'à ce qu'il soit un tout petit peu moins con".


En gros, c'est à nous de devenir des parents qui ont toujours le temps et l'énergie pour passer trois plombes à décrire les situations et à mobiliser le cortex préfrontal de leurs enfants:

- Ce n'est pas constructif de dire "ne tape pas ton frère"! A la place, essayez plutôt la méthode suivante, qui ne prendra que douze à quarante-cinq minutes. D'abord, décrivez la situation en disant "je vois", puis demandez à l'enfant en tort s'il comprend pourquoi l'autre pleure. (Souvent, il ne comprendra pas que les pleurs ont été causés par lui, car rappelez-vous, il est con comme une chaise!) Puis demandez à l'autre enfant d'exprimer son ressenti, et enfin, demandez au premier comment il pense qu'il faudrait faire pour consoler celui qui pleure. Et voilà! Problème résolu! 


Eh ben laisse-moi te dire que ça a marché DU TONNERRE.

- Qu'est-ce qui se passe ici? Sammy! Lâche ton.... attends, non, c'est vrai, je dois... hmm... euh... JE VOIS un petit garçon qui est accroché à la joue de l'autre comme un Rottweiler et en train de le mordre jusqu'au sang ...

(Ah oui, c'est une méthode qui marche particulièrement bien dans les situations critiques, hein.)

Et même pour les petites disputes, cette méthode n'a jamais fonctionné.

- Auguste, regarde ton frère, qu'est-ce qu'il fait?
- Il pleure.
- Tu sais pourquoi il pleure?
- Oui, c'est parce que je l'ai tapé parce qu'il avait piqué mon train.
- Et qu'est-ce que tu penses qu'il faudrait faire pour qu'il aille mieux?
- Qu'il arrête de piquer mon train.
- ....


(Non mais la logique est là, hein!)

Et ça, c'est les fois où leur complicité gémellaire ne vient pas carrément interrompre mon laïus:

- Pourquoi tu pleures, mon cœur?
- SAMMY A TAPÉÉÉÉÉÉ!
- Samuel, viens ici. Je ne suis pas contente, tu as fait une grosse bêtise. Viens t'excuser tout de suite auprès de ton frère.
- Pa'don Gus-Gus! Câlin Gus-Gus!
- Tu sais, Samuel, tu as le droit de ne pas être d'accord avec ton frère, mais tu es un grand garçon maintenant, et tu sais parler, donc si tu as un problème, tu peux utiliser tes mots et dire...
- C'est bon maman! Mon frère il a dit pardon! On peut aller jouer maintenant!


(Qu'est-ce que tu veux faire quand même la victime est du côté du bourreau?)

Et je passe sur les autres enseignements que je n'ai même pas voulu mettre en place, parce que juste non:

- C'est vrai que ça peut être frustrant quand l'enfant vous fait perdre du temps le matin, mais rappelez-vous que sa conception du temps est radicalement différente de la vôtre! Il ne comprend pas la notion d'horaires, ni de retard, il vit uniquement dans l'instant présent, et quand vous le forcez à laisser ses jouets et le mettez dans la voiture de force, il vit ça comme un acte d'une grande violence. C'est nier son existence en tant que personne, et sa capacité décisionnelle. Au final, ce sera beaucoup plus productif de lui laisser prendre son temps pour décider de lui-même qu'il faut y aller... et puis, quelques minutes de retard, ce n'est pas la fin du monde!

Okay, donc clairement, ce livre n'a pas été écrit par un Alsacien.

L'HEURE C'EST L'HEURE MA PETITE MADAME.

QUAND C'EST L'HEURE ON Y VA ET PUIS C'EST TOUT, GOTT VERDAMMI!


Toi tu iras expliquer à mes élèves que je les ai fait poireauter quinze minutes dans le froid devant la salle de cours parce que "Mon enfant n'avait pas fini de jouer aux petites voitures, et voyez-vous, je ne voulais pas mettre un frein à sa capacité décisionnelle."

Plus sérieusement, je me demande à quel point c'est bon pour une famille quand le parent s'efface au point que son gamin a une priorité constante sur chaque aspect de sa vie. Parce que là, dans tout le bouquin, il n'y avait que ça : "voilà ce que telle situation fait à votre enfant", "voilà ce que cette réaction suscite chez votre enfant", mais à un moment donné, on en parle, du parent, ou bien ça y est, on n'existe plus du tout en tant que personne, on est juste la béquille de notre môme jusqu'à sa majorité?

Au final, j'ai quand même glané quelques bons conseils du livre (notamment le fait de donner des consignes plutôt que d'interdire, qui marche très bien parce que mes enfants ont hérité de l'esprit de contradiction de leur père), mais clairement, y'a pas mal de pages dans le bouquin que j'ai juste survolé en levant les yeux au ciel.

Bref, c'est pas bien grave, on est sortis de la période chiante compliquée sans trop de casse, on a trouvé un moyen de récompenser les bons comportements plutôt que de punir à tout va (via les sacro-saintes gommettes) (oui, on donne des bons points à nos enfants comme dans les années 50, comme quoi, y'a des recettes qui marchent encore) et maintenant, on est entrés dans un rythme sympa, et je dirais même qu'on se marre bien:

- Maman, je veux du chocolat!
- Il manque le mot magique.
- Le mot magique?
- Oui, c'est quoi le mot magique?
- C'est.... LA CIGOGNE!
- Que...
- AHAHAHAAHAH
- Quoi?
- Je te fais une blague! C'est une blague, maman! 


(C'est bon, pas besoin de test ADN, c'est sûr, ils ont l'humour de leur père.)

Un long week-end à Dublin

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Et sinon je suis partie en long week-end à Dublin.

(Eh non, y'a pas que mes enfants dans ma vie!)

(Ils ne représentent QUE 95% de mon temps de cerveau disponible, okay?)

Avec mes copines Sarah et Lucie, on a décidé de se faire un petit break sans mômes et sans mari, le week-end de la liberté, le week-end des FOLIES FURIEUSES:

- Alors vous allez genre, sortir en boîte?
- Mieux! On va faire des MUSÉES!

(Oui, ça reste des week-ends entre intellos, hein.)

(Mais ça reste un truc qu'on ne peut pas faire avec des enfants en bas âge!)

(Liberté tout de même.)

(Au fait, je précise qu'on est parties en avril, mais je publie cet article en août, ça te donne une idée de mon temps libre.)

Et donc on est parties à Dublin avec un planning de folie, merci aux talents de Lucie la prof:

- Mercredi c'est la journée en bus à Galway, voici vos billets, NE LES PERDEZ PAS! Jeudi on a le rendez-vous à 9h30 pour la prison de Kilmainham, j'ai regardé l'itinéraire en amont, on a 32 minutes de tram et 16 minutes de marche, donc mettez vos réveils à 7h30, toi Charlotte 7h15 parce que je sais que tu prends ta douche le matin. Si jamais on se perd à n'importe quel moment du séjour, le point de rendez-vous c'est le salon de thé. On synchronise nos montres tout de suite?

(Tu la sens, la meuf qui est habituée aux voyages scolaires?)

Et autant te dire que l'ambiance était plutôt "hop hop" que "cool zen", parce qu'on est toutes mamans et qu'on sait bien que c'est pas tous les jours qu'on a des vacances où on peut faire ce qu'on veut sans boulets aux pieds nos adorables chérubins à prendre en compte.

Donc on a commencé fort, avec un voyage en bus pour les falaises de Moher et la petite ville côtière de Galway - voyage que Professeur Flaxou avait du mal à appréhender:

- C'est loin de Dublin?
- Ben c'est de l'autre côté du pays, sur la côte Ouest, donc c'est quatre, cinq heures de route.
- Donc vous allez passer huit heures dans le bus? En une journée? C'est de la merde!

Oh oui dis donc, quel cauchemar! 

Huit heures assise avec rien d'autre à faire que parler à mes amies, lire mon livre, ou écouter des podcasts sans interruption! Avec la possibilité de grignoter autre chose que des Dinosaurus pré-mâchés! 

(Huit heures de bus c'est pas un cauchemar, mec. Huit heures de bus, c'est plus de temps libre que j'en ai sur une semaine entière.)

(Bref.)

Un voyage pas regretté du tout, donc, vu que les falaises de Moher c'est plutôt incroyablement magnifique:



(Et en plus y'avait des boutiques et j'ai trouvé des peluches de macareux pour mes enfants.)

(Mes enfants que je m'étais juré de ne jamais laisser approcher d'une télé avant leurs trois ans, et qui ont saisi leurs peluches dans leurs petites mains en criant "C'est Oona et Baba! Comme dans Puffin Rock!".)

Et puis c'était direction Galway, en passant par Burren, un paysage lunaire complètement ouf:



Et par une très jolie campagne parsemée de lapins sauvages et de châteaux forts:



Pour finalement arriver à Galway et se rendre à l'endroit le plus important de la ville:

- On fait quoi, on va au port, à la cathédrale, ou...
- BOOKSHOP!!!!


C'était le grand dilemme du séjour : quel est le nombre maximum de livres qu'on se donne le droit d'acheter, sachant qu'on doit rentrer avec uniquement un bagage à main (bagage à main déjà quasi-plein à l'aller, au demeurant)? 

Ce nombre variait selon notre degré de bon sens : pour moi, c'était deux ; pour Sarah, trois; et pour Lucie, sept ("mais en fait juste quatre parce que l'un des bouquins c'était une trilogie mais regroupée en un seul toooome" OK mais qui a dû prendre un sac en plus juste pour caser ses bouquins de la taille d'une Bible, hm?)

Mais sinon Galway c'était joli hein:





Le lendemain, c'était direction Kilmainham Gaol, une prison qui commençait déjà avec un potentiel bien glauque:



(Rappelle-moi ce que je fous ici?)

Où on s'est pelé les miches pendant des heures:

- Et pensez qu'aujourd'hui, on a des vitres en verre et vous êtes bien habillés; alors imaginez la température pour les hommes, femmes et enfants qui étaient emprisonnés ici à l'époque.
- Excusez-moi? Vous avez dit "enfants"?
- Oui, en général des adolescents qui étaient condamnés pour vol ou mendicité, mais d'après les archives, il y a eu des enfants emprisonnés dès l'âge de 6 ans.
- Mais c'est terrible!
- Enfin c'était plutôt leur rendre service, parce que c'était l'époque de la Famine, donc au moins, quand ils purgeaient leur peine de prison, ils étaient nourris une fois par jour pendant quelques semaines...


(Su-per.)

On était bien contentes d'arriver dans la partie moderne de la prison:


Puis dans la cour extérieure, où on a même eu droit à un rayon de soleil:


Même si, évidemment:

- Et c'est dans cette cour que les rebelles de la guerre d'indépendance ont été fusillés au petit matin. Juste contre ce mur, là-bas! Vous trouverez leurs lettres d'adieux à leurs familles dans la dernière salle du musée.

Et donc on s'est dit "tiens, on a parlé que d'histoires glauques toute la matinée, et si on allait chialer un bon coup?"




(Je re-chiale en uploadant ces fichiers, pas merci mon SPM.)

On est sorties de là drainées et tristes, et on s'est dit, comment est-ce qu'on pourrait se remonter le moral cet après-midi? Et la réponse était plutôt évidente:


(DES LIIIIVRES)

Direction Trinity College, donc, et leur bibliothèque qui renferme l'incroyable Livre de Kells, un bijou médiéval incomparable et chef-d'oeuvre de l'art Anglo-Saxon, avec ses enluminures complètement gue-din:


Extraordinairement bien préservé pour un truc écrit sur du vélin, le livre est tellement protégé qu'on ne peut le voir que sous atmosphère contrôlée et dans une pièce tamisée, où il est présenté comme un truc du Da Vinci Code:


(Tellement envie de planifier un casse élaboré pour le voler tel Benjamin Gates.)

(Pour les curieux : ils tournent une page de temps en temps, c'est pas tout le temps la même.)

Et on aurait pu penser que c'était le clou de la visite, mais même pas!

- Non mais déjà, t'as payé une visite spéciale juste pour aller voir un vieux livre moisi, où t'as pu voir qu'une seule page parce qu'il est sous verre, j'espère bien que c'était pas ça le clou de la visite!

(Flaxou ne peut pas comprendre.)

Le clou de la visite, disais-je, c'était évidemment la "Long Room", l'iconique bibliothèque de Trinity College:


Cette splendeur!


Cette beauté!


(Cette ref)

Et encore, là, y'a pas cette extraordinaire odeur de vieux livres, faut se l'imaginer, mais vraiment c'est merveilleux. De loin mon moment préféré de tout le séjour, d'ailleurs c'est facile à juger, té-ma cet air béat et niais:


(Best. Day. Ever.)

- Ah okay, donc t'as passé l'aprèm à regarder de loin des livres que t'avais pas le droit de toucher, et ça, c'était ton moment préféré de tout le séjour?

(Professeur Flaxou ne comprendra jamais.)

Dans la Long Room, on trouvait aussi une sublime harpe en bois, appelée"la harpe de Brian Boru" (un roi de l'Irlande unifiée en l'an mille, et fondateur de la dynastie des O'Brien, un clan de nobles qui existe encore aujourd'hui) mais qui en fait n'est absolument pas la harpe de Brian Boru, puisqu'elle a été fabriquée vers le 14è-15è siècle. 


Les plus alcooliques d'entre vous auront sûrement reconnu la harpe, non pas pour son histoire de fake news, mais pour sa similarité avec le logo d'une célèbre marque de bière dégueulasse et amère comme l'anus de Satan très prisée dans le monde entier pour une raison qui m'échappe totalement.


C'est aussi cette harpe qui a servi de modèle pour les armoiries de l'Irlande (et qu'on trouve sur les passeports irlandais), mais ça, personne ne s'en est rendu compte, hein, bande de poivrots?



Une fois la visite terminée, c'était direction un autre musée:

- Eh attendez y'a une boutique!!!
- Ouiiiii la boutique!
- LA BOUTIQUE! LA BOUTIQUE!


(La meilleure partie du musée)

Une fois qu'on avait acheté des sacs, des porte-clefs, des stylos et des T-Shirts, donc, c'était direction Dublinia, le musée des Vikings.



Oui oui, j'ai bien dit "le musée des Vikings" en Irlande, ce n'est pas une erreur.

En fait, même si on a tendance à associer l'Irlande avec la culture celtique (et c'était bien le cas pendant des siècles), les Vikings ont envahi l'Irlande très tôt (dès le 9è siècle) et ont joué un grand rôle dans la création de villes (ils ont notamment fondé Dublin) et l'établissement de routes commerciales avec le reste de l'Europe. L'histoire de l'Irlande est pleine de batailles territoriales, alliances et trahisons entre Celtes et Vikings, jusqu'à ce que finalement ils se fassent tous poutrer la gueule par les anglo-normands (plus précisément par Henry II, roi d'Angleterre et duc de Normandie, et l'arrière-petit-fils de Guillaume le Conquérant).

Du coup, si on parle d'histoire de Dublin, on va en fin de compte parler plus des Vikings que des Celtes, parce que la ville n'existait pas avant l'arrivée des Vikings (c'était, comme un peu partout en Irlande, un grand marais).

Au musée de Dublinia, on suit l'histoire de la ville dans l'ordre chronologique, avec un côté très ludique, comme cet adorable petit cabinet d'apothicaire qui nous explique les remèdes courants aux maux du Moyen Age:


Et puis c'était l'heure de retourner faire un peu de shopping dans les meilleures boutiques de la ville:


(C'était fermé, tristesse infinie.)

Et puis d'aller boire une pinte en écoutant de la musique live (ce qui apparemment à Dublin veut dire "l'intégrale des Cranberries") (ça me va).



Le lendemain, après un appel à la maison pour m'assurer que tout allait bien:

- Ça va, les petits ne me réclament pas trop?
- Ecoute, ils ne t'ont pas mentionnée une seule fois, donc je pense que ça va. Les enfants? Vous voulez parler à maman?
- Heuuuu non on zoue là!
- Il dit qu'ils peuvent pas, ils jouent.


Le dernier jour, donc, c'était direction EPIC, le musée de l'immigration irlandaise, qui retrace toute l'histoire de l'énorme diaspora irlandaise et ses causes : la famine évidemment, mais aussi la pauvreté, la persécution religieuse, et pas qu'un peu les missions catholiques (parce que quel meilleur moyen quand on est persécuté pour sa religion que d'aller à son tour persécuter des gens en leur lavant le cerveau pour leur faire accepter des croyances qu'ils n'ont jamais demandé à connaître?) (BREF).

La plus grande partie du musée était surtout consacrée à l'influence de la diaspora irlandaise, principalement en Amérique, et la contribution des immigrants Irlandais à la politique, la diplomatie, la musique, l'art, l'écriture, le cinéma, etc.


Une pièce entière est d'ailleurs consacrée à une fresque réunissant tous les Irlandais célèbres issus de la diaspora : des immigrés de première génération, comme l'écrivain Oscar Wilde, l'explorateur Ernest Shackleton ou les acteurs Liam Neeson et Peter O'Toole, ou encore des immigrés de seconde et troisième génération, comme Grace Kelly, ou encore Ronald Reagan (celui-là je sais pas pourquoi vous essayez de vous l'approprier, c'est le roi des salauds au pays des trous du cul, laissez-le aux Américains, honnêtement).

Là où c'est rigolo, c'est que les gars ont clairement vu large quand ils ont pensé "Irlandais", parce qu'on trouvait dans ce musée les accomplissements de personnalités comme John Kennedy, dont la famille était Américaine depuis quatre générations (il faut remonter à son arrière-grand-père pour trouver un gars né ailleurs qu'à Boston). Mais bon, soit, la famille Kennedy est connue pour avoir clamé leur héritage culturel haut et fort à une période où il était de bon ton de le cacher, donc je comprends qu'on les intègre dans la culture irlandaise.

Par contre, je t'avoue que j'étais un peu perplexe quand j'ai vu qu'ils avaient dans leur collage Barack Obama ou même notre de Gaulle national, et accroche-toi pour les justifications, tu vas voir que c'est un travail de généalogie presque paléontologique:

Barack Obama, c'est son arrière-arrière grand-père du côté de sa mère qui a émigré aux Etats-Unis en 1850 (on dira donc qu'il a eu sur le jeune Barack une influence.... pas ouf).

Pour notre bon Général, c'est son arrière-arrière-grand-père du côté maternel qui était (déjà) militaire dans la brigade irlandaise, des mercenaires servant l'armée française sous l'Ancien Régime. 

Donc on est clairement là, OKLM, en train de revendiquer l’identité d'un gars dont 1) les racines irlandaises remontent à avant la Révolution Française et 2) qui était probablement le Français le plus chauvin que la terre ait jamais porté? Vous êtes souples, hein, les potes.

("Oui mais on a un très grand musée et on a besoin de monde pour le remplir, okay?")

Ils avaient tellement besoin de monde qu'ils ont même parlé des criminels et hors-la-loi:


("Oui okay, c'était un voleur et un meurtrier, mais c'était un Irlandais! Wouhou!")


(Putain et même lui c'était un deuxième génération mais les gars JPP de vous.)

Après, on dira ce qu'on voudra, mais ça montre une certaine ouverture d'esprit de revendiquer des gens qui sont loin d'être des Irlandais de souche. (Alors que chez nous, pour Chopin et Marie Curie, on a eu aucun mal à dire "c'est bon ils sont à nous", mais pour qu'on accepte Zizou il a dû gagner une Coupe du Monde, je me demande à quoi c'est dû.) 

Et après encore un déjeuner hautement gastronomique:


(Oui mais chaque musée c'est genre 20 balles hein)

C'était direction le dernier musée de ce long week-end : le musée de l'archéologie.

Et là, clairement, les filles m'ont perdue.

Parce que non seulement le musée est GIGANTESQUE:


Mais en plus il est plein de trucs incroyables, comme des objets d'art de la période Viking:


Des myriades de colliers et torques en or datant de l'âge de Bronze:


Une pirogue de 4500 ans creusée dans un tronc évidé et fossilisée dans les marais:


Et plein d'autres trucs en état incroyable retrouvés dans les marais (qui étaient partout, je le rappelle), notamment des corps humains sous vide qui ont visiblement mis les archéologues en émoi, cf. cette vidéo du musée qui montrait un expert tentant tant bien que mal de maîtriser son enthousiasme morbide:

- C'est une découverte absolument incroyable! Rendez-vous compte, on a un cadavre qui date de l'Age de Pierre, deux mille ans avant Jésus-Christ, donc un corps vieux de plus de quatre mille ans! En temps normal, on aurait quelques dents, des morceaux d'os si on a de la chance, et là, là, là! On a tout!! Pas juste des restes fossilisés de fibres textiles, mais des vêtements entiers ! Des cheveux! De la peau! Des ongles, des empreintes digitales, même des ORGANES VITAUX! On a même pu analyser le contenu de son estomac et voir ce qu'il avait mangé juste avant sa mort !!! C'est fabuleux!!

(Y'a rien de plus mignon qu'un scientifique qui est trop heureux d'un truc complètement nul pour le commun des mortels.)

En vrai, j'avoue que cet enthousiasme était contagieux, parce que moi aussi j'ai passé une-demi heure devant les momies des marais en mode:

- Nan mais c'est trop cool, vous avez vu ses yeux? Ils sont encore là! 
- C'est un peu dégueu quand même.
- Et il a même encore des poils de barbe, c'est fou!
- Dégueu.
- Regarde là, on voit même un bout d'entraille qui dépasse!
- Je me casse.
- A toute!

Pour les curieux, ces momies des marais seraient apparemment des sacrifices humains, probablement des rois ou des princes, dans la croyance que, les rois étant liés à la terre, leur sacrifice apaiseraient les dieux lors de périodes de mauvaises récoltes. Le dernier repas de chaque victime consistait en un mélange de céréales et de lait ou de beurre, encore une fois une histoire de symbole liée à la fertilité de la terre. D'ailleurs, on a retrouvé plusieurs centaines de kilos de beurre enterré un peu partout dans les marais irlandais, apparemment c'était une offrande. 


(La main momifiée de "Old Croghan Man", l'un des corps retrouvés récemment)

(Ils ont aussi retrouvé des tonnes et des tonnes d'objets en or enterrés un peu n'importe où, et ils savent pas vraiment si c'était des offrandes, des cachettes en cas de périodes de guerre, ou si juste les Irlandais étaient des genres d'écureuils dont le premier réflexe quand ils recevaient un truc précieux était de l'enfouir dans le sol.)

Après toutes ces émotions, c'était l'heure d'une pause-goûter dans le très prout-prout café Queen of Tarts:


- T'as vu comme le serveur il a direct donné la jolie fourchette à Sarah?
- C'est parce qu'il a reconnu sa qualité intrinsèque de princesse!
- Enfin, je mange plutôt comme une princesse... des égouts.

Puis on s'est dit que ce serait quand même abusé de visiter Dublin sans aller dans une église, donc on a fait un petit crochet par la cathédrale St Patrick:



Avant de retourner à l'auberge de jeunesse, les pieds en compote:

- P'tain en plus j'avais une super crème pour les pieds de l'époque où je bossais chez Lidl et où je faisais dix bornes par jour.... Et j'ai oublié de l'emmener.
- Honte sur toi, Sarah!
- Ouais, t'as oublié d'où tu viens!
- DES ÉGOUTS!

(On aura quand même marché 43 bornes sur l'intégralité des trois jours.)

(Et sans crème pour les pieds.)

Et ce fut le retour triomphant au bercail:

- Mes amours! Vous m'avez manqué!
- Faites un bisou à maman, et ensuite on va au lit.
- Oui, et il faut faire un gros dodo, parce que demain, on a une grosse journée!
- Demain tu repars en vacances?
- Haha! Mais non, mon chéri, je suis rentrée, ça y est.
- Ah donc demain y'aura pas de cadeaux?

(On est peu de chose.)

Des nouvelles de Romulus et Rémus

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Et sinon les grumeaux ça va toujours bien.

(Et non, y'a toujours rien d'autre dans ma vie à part mes enfants, merci d'avoir espéré pour moi, c'est gentil mais illusoire.)

Ça va toujours bien mais clairement c'est pas grâce à eux, vu que, si on les laissait aux manettes plus de trois minutes, ils seraient déjà morts mille fois.

(Merci la pédagogie Montessori de favoriser l'initiative personnelle, mais je pense qu'on va attendre un peu.)

Morts de quoi, tu me diras? Ah ben de plein de choses : électrocutés, tombés du balcon, écrasés par des voitures, tombés dans des précipices, bouffés par des chiens... le fun semble se trouver dans la variété du type de suicide.

Et on ajoutera aussi à cette catégorie "morts de faim", puisque les grumeaux semblent bien déterminés à bouffer pas grand-chose à part de la soupe à la grimace.

En fait, si on les écoutait, ils se nourriraient uniquement de pâtes à l'huile et de charcuterie (mais on a quand même une variation : l'un est plutôt jambon, l'autre plutôt cervelas) (qu'on ne vienne pas me dire que les jumeaux sont toujours pareils).

Avec Professeur Flaxou, on en avait tellement marre de passer des heures à se battre à chaque repas qu'on a même sorti le grand jeu : un livre P'tit Loup.


(Un tout petit échantillon de notre imposante collec)

P'tit Loup, si tu ne connais pas, c'est THE grosse vedette des livres pour 2-3 ans (ex aequo avec Tchoupi et Petit Ours Brun) (Oui, je sais, moi aussi j'étais surprise que ça existe encore, Petit Ours Brun). Il existe actuellement une bonne trentaine d'albums (mais y'en a un nouveau qui sort tous les 3 mois, c'est un rythme de production absolument dingue) et chaque album aborde un thème cher à cette tranche d'âge : P'tit Loup jardine, P'tit Loup fait une colère, P'tit Loup sur le pot, P'tit Loup n'aime pas ranger, etc.

Je suis tombée sur "P'tit Loup n'aime que les pâtes" et évidemment c'était du pain bénit. 


On leur a lu l'histoire plein de fois pour qu'ils comprennent bien qu'à la fin, P'tit Loup essaye les lasagnes aux légumes et il aime beaucoup ça, et que c'est important de goûter à tout, et tout le toutim.

(Le livre finit quand même sur P'tit Loup qui dit "les légumes, c'est bon pour ma santé", je pense que c'est plutôt clair.)

Et le même jour, quand Auguste va chercher le bouquin pour son "temps lecture" du soir, je l'entends se conter le truc :

- Maman dit "il faut goûter". Petit Loup dit "moi c'est les pâtes que je préfère". Mmmmm, c'est bon les pâtes! Fini!


(En fait le gosse réécrit ses propres fins.)

(Il fait de la fanfiction OKLM.)

Au final, on a quand même réussi à les persuader à goûter à tout ce qu'on leur présente, grâce à un trait de génie qui m'est venu tout droit des mamies:

- Je peux avoir une tartine de Kiri?
- T'as pas touché à tes légumes. Il faut les goûter pour avoir le droit de passer à la suite. 
- Mais je veux paaaaaas!
- Dis-moi, tu as quel âge?
- Euuuuh deux ans!
- Alors il faut manger deux cuillères, comme tu as deux ans. Tu y arrives?
- Oui!
- Oh, et dis-moi, c'est bientôt ton anniversaire, non?
- Ouiiiii!
- Et tu auras quel âge?
- Euuuuh TROIS ANNNNS!
- Ah ! Alors, dans ce cas, est-ce que tu penses que tu es assez grand pour manger déjà TROIS cuillères? 
- Ouiiiiii!


(Heureusement qu'ils sont pas fute-fute, sinon on gagnerait jamais.)

En parlant de gagner, y'a un grand perdant dans cette grande aventure de l'éducation, et c'est mes principes.

(Je dirais bien "nos principes" mais Professeur Flaxou, contrairement à moi, ne s'est jamais fait beaucoup d'illusions.)

J'ai plutôt bien géré le "pas d'écrans avant trois ans" que recommandent tous les spécialistes de la petite enfance, et quand je dis "j'ai plutôt bien géré"ça veut dire que j'ai tenu presque deux ans avant de laisser tomber.

Maintenant, les gamins se tapent une-demi heure de dessins animés par jour, et ça c'est en semaine, parce que le week-end ils vont manger chez mamie et c'est open bar:

- Mamie tu mets la téléééééé?
- Bien sûr, mon lapin.
- Bon, je vais prendre une douche vite fait, et je reviens.
- Mais tu sais Charlotte, tu peux les laisser tout le temps que tu veux! Ils sont tellement sages! Moi ça ne me fait pas de travail du tout! Laisse-les toute la matinée même, si ça t'arrange, moi je suis tellement contente de les avoir! Regarde comme ils sont sages et comme ils se tiennent bien!

Les enfants:


(Ah, ça pour être sages.)

Ce qui nous sauve un peu pour le moment, c'est que, comme on n'a pas la télé à la maison (ils regardent leurs dessins animés sur Netflix via le PC ou mon téléphone) c'est facile de leur faire croire que le choix de dessins animés est beaucoup plus limité à la maison:

- Allez, on sort du bain! On va s'habiller en regardant Puffin Rock.
- Tu peux mettre Peppa Pig?
- Ah non désolée mon chou, Peppa Pig c'est que chez mamie, et c'est que le matin. Le soir chez mamie la télé ne marche pas.
- Ah d'accord.


(J'en profite tant que ça dure.)

(Avec un peu de chance, d'ici à ce qu'ils flairent l'arnaque, ils seront trop grand pour cette abomination qu'est Peppa Pig.)

(Et avec beaucoup de chance, on pourra peut-être naviguer l'écueil de la Pat'Patrouille en prime.)

(Laisse-moi rêver.)

J'ai également réussi à tenir jusqu'ici sans les taper (même si, des fois, le p'tit taquet à l'arrière de la tête me démange sa mère) mais clairement, pour l'éducation bienveillante, on repassera:

- Mets tes chaussures.
- Je veux pas mes sandales! Je veux mettre mes baskets!
- Il fait 39 degrés, tu mets tes sandales, sinon tu vas avoir trop chaud aux pieds.
- Mais non j'aurai pas chaud!
- Mais si t'auras chaud! Mets tes sandales!
- Nan!
- Bon tu sais quoi, je m'en fiche, mets-les tes baskets, mais alors va chercher tes chaussettes.
- NAAAAN! JE VEUX PAS DE CHAUSSETTES! 
- Alors mets tes SANDALES!
- NAAAAN!

Et là normalement, selon l'éducation bienveillante, on est censés emprunter l'un des chemins suivants :

1. On prend le temps de se calmer et de discuter de la situation à tête reposée, en expliquant bien à l'enfant le raisonnement derrière notre décision afin qu'il arrive lui-même à la même conclusion que nous.

2. On le laisse mettre ses baskets sans chaussettes, et tant pis s'il a des ampoules, la prochaine fois il comprendra.

Ou alors, on fait comme moi et on gueule:

- BON MAINTENANT CA SUFFIT LES CAPRICES TU TE TAIS ET TU ME DONNES CE PIED! J'EN AI RIEN A FAIRE C'EST MOI QUI COMMANDE ET SI T'ES PAS CONTENT C'EST LA MÊME CHOSE! ET TOI LA-BAS TU ARRÊTES DE JOUER AVEC TON ZIZI PENDANT QUE JE GRONDE TON FRÈRE! MAINTENANT TOUT LE MONDE DANS LA VOITURE ET ON VA ALLER PASSER UNE SUPER JOURNÉE A CIGOLAND!

(Oui, une fois que la gueulante a commencé, il faut un temps avant que le volume redescende.)

Et pour celles et ceux qui se disent à cet instant "Heu, on en parle de cette phrase avec le zizi, ou bien?" eh bien c'est simplement parce que, depuis que mes gamins n'ont plus de couches, ils se tripotent constamment.

Déchirée entre ma peur de les complexer et d'en faire des frustrés et des pervers, et mon envie de ne me pas me taper la honte en public rien qu'une seconde de ma vie, j'ai quand même posé quelques principes de base:

- Ce n'est pas poli de se toucher le zizi devant les gens. On peut le faire quand on est tout seul à la maison, mais c'est tout.
- Mais moi je trouve que c'est rigolo de faire un tout gros zizi!
- Ben t'es bien le fils de ton père.
- Quoi?
- Rien. Je t'aimerai pour toujours. Même si tu deviens chelou.

Par contre, dans le cadre de l'acquisition de la propreté, ils ont passé l'essentiel de l'été dehors en slip ou cul-nu, et ça a créé des situations que j'avais honnêtement jamais vu venir:

- Quelle bonne idée d'avoir acheté cette petite pataugeoire!
- Ouais, au moins on peut se rafraîchir un peu pendant la canicule.
- Papa, regarde! Mon zizi a disparu!
- Qu'est-ce que.... SORS TON PÉNIS DE CET ESCARGOT TOUT DE SUITE!


(C'était juste une coquille vide.)

(Dieu merci, c'était juste une coquille vide.)

(Non parce que si déjà je dois commencer à économiser pour dix ans de thérapie, j'aimerais ne pas avoir à dédommager l'escargot en sus.)

Donc sinon, à part les incidents zizi, les enfants sont à peu près propres, s'habillent seuls, se lavent seuls, dorment dans un lit de grand, enfin bref, ils ont complété leur transition et ne sont officiellement plus des bébés.

Sauf quand ça les arrange, évidemment.

- Maman, tu poooooortes!
- Mais enfin Sammy, je ne vais pas te porter dans les escaliers, tu es beaucoup trop lourd! Et puis tu es grand maintenant.
- Mais non... Ze suis ton petit bébé. 

Moi:


- Oooooh mais bien sûr, viens dans mes bras tout de suite mon petit bébé d'amour.

Fla qui contemple la scène:


J'y peux rien, ces enfants ne sont pas vraiment expressifs dans leur affection. (Ce qui est le comble vu leur papa qui me répète que je suis belle et qu'il m'aime dix fois par jour.) (J'adore comme j'écris ça en mode ça me saoule, comme une sale connasse.) ("Oh nan, mon mec est beaucoup trop démonstratif! Tout le temps en train de me faire des bisous, de me prendre dans ses bras, de me dire à quel point je suis géniale, nan mais au s'cours".)

Bref, je dis à mes gosses que je les aime tous les jours, et en trois ans, ils ne me l'ont pas dit une. seule. fois.

(Tout juste avais-je droit à un petit "moui" du bout des lèvres quand je partais à la pêche en mode "Je t'aime, mon petit chou. Et toi, tu aimes ta maman?" comme une crevarde.)

Et je m'étais résignée à ce que leur affection ne soit délivrée que sous la forme d'un petit câlin mollasson et d'un bisou mouillé de temps en temps, quand un jour, sorti de nulle part, le miracle:

- Maman, je veux encore du ketchup!
- Il manque le mot magique.
- S'il te plaîîîîît!
- C'est bien. Voilà du ketchup.
- Merci! Tu sais maman moi je t'aime très fort.

Moi:


Et maintenant, ça les prend de temps en temps de le dire aux moments les plus aléatoires : pas quand on fait un câlin, pas quand je leur dis bonne nuit, mais par contre j'ai eu droit à des "maman je t'aime" en faisant les courses, au milieu d'un repas, en voiture, ou même pendant qu'ils étaient en train de pisser sur leur pot.

(Je prends ce qu'on me donne.)

Sinon, une question qu'on me pose souvent concernant mes enfants, c'est"qui est le meneur?"

(Pas "est-ce qu'il y a un meneur?", tu noteras.)

Je suppose que c'est une question qu'on se pose plus avec les jumeaux, vu qu'avec les enfants d'âge différents, on part du principe que l'aîné est le leader (ce qui est déjà un postulat merdique). Perso, je trouve ça tout aussi merdique de penser qu'il y a forcément un meneur et un suiveur dans une paire de jumeaux, et ça m'agace encore plus quand les gens me disent comme une évidence:

- Ha, ce Auguste, on voit que c'est le meneur, hein! Il a un sacré caractère!

(Malus x1000 : quand les gens me disent ça DEVANT les mômes.)

(Prophéties auto-réalisatrices, tout ça.)

Alors, que ce soit dit: oui, certes, j'ai un enfant qui a un caractère de cochon.

(Quelle idée aussi de lui donner un nom d'empereur.)

("Mais c'était un des bons empereurs!" Bah heureusement hein, tu voulais pas qu'on l'appelle Caligula quand même?)

Et oui, c'est vrai, Samuel est une assez bonne pâte avec son frère, et a tendance à céder à ses caprices pour lui faire plaisir (ou simplement le faire taire) avec une facilité déconcertante, et, souvent, malgré notre intervention.

(Genre quand Samuel chope le dernier yaourt à la framboise, qu'Auguste pète une pile, qu'on lui rappelle que la dernière fois c'est lui qui a eu le dernier et qu'il faut partager, et d'un coup, Samuel nous dit "en fait moi je voulais le yaourt à la fraise, j'ai changé d'avis, tiens Gus-Gus tu peux prendre le mien".)

Et on pourrait croire, de prime abord, que mon Sammy est une pauvre victime qui se fait constamment bolosser par son frangin tyrannique, mais ce serait bien mal connaître ces gosses.

(D'autant que, même à moi, il y a plein de choses qui m'échappent dans leur dynamique.)

Quoi qu'il en soit, c'est hyper réducteur de faire d'Auguste le leader de facto, quand tous les jours, j'ai droit à ça:

*au réveil, immédiatement* Il est où Sammy?

*au moment de mettre les chaussures*
- Tu veux tes Crocs ou tes sandales?
- Il a quoi, Sammy?

*au moment du goûter*
- Tu veux une tartine de confiture ou de chocolat?
- Il prend quoi, Sammy?

Et ainsi de suite, et ainsi de suite.


(Auguste quand son frère va pisser.)

Pour résumer : y'a pas de meneur, ils s'influencent tous les deux l'un l'autre, et pour ma part, je retrouve la configuration que j'avais prévue dès le début: un Président charismatique qui fait croire à tout le monde qu'il est confiant et décideur, et une éminence grise qui conseille dans l'ombre. 

(Ce sera un peu les Sarkozy et Patrick Buisson, mais sans le côté facho) 

(Ou bien les jumeaux Kaczynski, mais.... aussi sans le côté facho.)

(Bon, ou alors comme un Miterrand et François de Groussouvre.... mais sans le côté facho.)

(Okay okay, alors ce sera comme Nixon et Henry Kissinger, mais....okay tu sais quoi, oublie.)

(Je vais laisser Professeur Flaxou en faire des scientifiques, finalement.)

Le blog : la résurrection

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Et donc j'ai rien écrit depuis août mais c'est normal.

Vous pouvez arrêter de me stresser avec vos commentaires super gentils:

- Bon, il semblerait que le blog soit fini, c'est triste mais compréhensible, merci pour ces belles années....

WOW WOW WOW, du calme Lucky Luke!

Alors ça y est, parce qu'on poste pas en six mois, le blog est mort??!

Bah bravo, non mais ça c'est les millenials, il leur faut tout, tout de suite, j'ai fait quatre articles en un an et ça y est, le blog est "mort", non mais j'vous jure.

Donc non, le blog est.... disons semi-vivant.

J'ai envie de l'alimenter, juste pas trop de temps pour le faire.

D'abord parce qu'on pourrait croire que le fait que mes enfants aient commencé l'école me donnerait plus de temps libre, mais en fait GRAVE PAS, cf. cette conversation avec Flaxou juste avant la rentrée:

- .... et du coup, j'ai réussi à avoir mes mercredis de libre, et avec mon père qui les prend le jeudi et ma mère le vendredi, ils ne vont au périscolaire que deux jours dans la semaine.
- Trop bien!
- J'ai pas encore fait l'organisation pour les vacances, mais je pensais prendre une semaine sur deux à chaque congé scolaire, et les mettre au péri ou chez les grands-parents la seconde semaine.
- Mais n'oublie pas qu'avec mon nouveau boulot, j'ai tout plein de RTT, donc je peux sûrement gérer les vacances si tu préfères bosser.
- T'as assez de RTT pour couvrir, genre, seize semaines?
- Ha ha ha! Non mais sans rire, je pense que je peux couvrir les congés scolaires.
- Donc seize semaines.
- Non, mais c'est quoi le vrai chiffre?
- ...
- J'veux dire, ils sont pas VRAIMENT en vacances SEIZE semaines sur cinquante-deux! 


(La transition crèche - école est rude.)

Ensuite, j'ai peu de temps libre parce que j'ai plein de boulot, rapport au fait que l'Etat Français a fait passer une réforme massive des organismes de formation en 2022 et a forcé la main à pas mal de petites structures pour qu'elles ferment leurs portes. Résultat, dans la région, je suis subitement devenue une denrée rare, et je me retrouve même à refuser des offres tellement j'ai de boulot.

- Bonjour, je vous appelais pour avoir des infos sur vos cours d'anglais.
- Merci de votre intérêt, mais je vous le dis tout de suite, mon agenda est plein jusqu'en février, donc si vous cherchez à démarrer tout de suite, je vous conseille de contacter un autre organisme.
- Ah d'accord. Non mais du coup c'est bon, je vous recontacterai en février.
- C'est pas urgent?
- Ben si, mais tous les autres m'ont aussi dit qu'ils étaient pleins, donc....

(Quelle bonne idée, cette réforme du CPF.)

(Enlever la moitié des organismes de formation compétents, les trois quarts des certifications, MAIS ne rien faire pour contrer les arnaques massives, alors là, chapeau l'artiste.)

(En attendant, je reçois encore cinq à six coups de fil par jour de call centers qui veulent m'arnaquer de mes sous CPF.)

(Et ce alors que JE N'AI PAS DE COMPTE CPF!)

Ma charge de travail devenait tellement critique que je suis même allée trouver Professeur Flaxou pour lui dire qu'il était temps de redistribuer les tâches ménagères:

- Attends mais tu déconnes, tu travailles pas à temps plein quand même?
- Ben quasiment, étant donné que je bosse seulement quatre jours dans la semaine.
- Ouais mais ça fait pas 39 heures.
- Ça fait pas 39 heures de boulot, mais si tu rajoutes toutes les tâches ménagères, je bosse quand même vachement plus que toi.
- Ah ouais? T'es sûre?


(Non trouduc, je te vois continuellement glander pendant que je bosse, mais je suis pas sûre.)

- Je vais te donner un exemple:  le soir, après qu'on ait couché les gamins, tu fais quoi?
- Bah je joue sur mon PC.
- Et moi, je fais quoi?
- Bah j'en sais rien, puisque je suis sur le PC!


- Eh ben, moi, le soir, je prépare mes cours du lendemain, je fais de la veille pédagogique, je prépare les sacs d'école des enfants, je suspends les lessives, je fouille sur Vinted pour acheter des chaussures ou des vêtements neufs aux gamins, je cherche des nouvelles recettes, j'élabore les menus pour la semaine, je mets à jour la liste des courses, je fais les virements au périscolaire, je prends les rendez-vous médicaux sur Doctolib....
- Oui mais tu fais ça PENDANT que tu regardes des séries! Donc c'est comme des loisirs.


Face aux Olympiades de la Mauvaise Foi, j'ai sorti les grands moyens (et les tableurs Excel) et on a tous les deux fait le décompte de notre temps de travail hebdomadaire moyen (en comptant tout : le travail, le temps passé dans les transports, et les travaux ménagers).

- Tu vois? 69 heures par semaine pour moi, et 50 pour toi. Tu trouves ça normal?
- Nan mais je t'ai toujours dit que tu passais trop de temps à préparer tes cours. T'as qu'à les faire à l'arrache, et hop, voilà, dix heures de libérées!
- Même en prenant en compte cet argument merdique, je bosse quand même dix heures de plus que toi.
- Mais heuuu... Chais pas, on a vraiment besoin de faire AUTANT de lessives? Parce qu'au final, qui fait vraiment attention aux habits sales? Personne, en fait! 
- ....
- Ou juste, on laisse plus les enfants sortir, comme ça on est sûrs qu'ils ne se salissent pas!
- ....
- Et puis les jours où je suis sur site, je ramène un Mac Do, et hop, voilà, c'est bon, moins de cuisine et de courses à faire, on a égalisé les heures de travail ne me remercie pas si tu me cherches je serai sur le PC bisouuuuu!


Blague à part, Flaxou a finalement réussi à devenir une petite fée du logis, malgré des débuts, disons, houleux:

- Fla, n'oublie pas que c'est ton job de faire les lessives maintenant.
- Oui oui. Pourquoi, il faut en faire?
- Ben, le panier déborde...
- Oui okay, j'en lance une aujourd'hui, je suis en télétravail.
* le soir *
- Fla, t'as toujours pas fait de lessive?
- Ha putaiiiin j'ai oublié! J'y vais.
* le lendemain *
- Fla, la lessive?
- Ha putaiiiiin j'ai oublié de l'étendre!


(Donc on répartit les tâches, mais c'est quand même moi qui pense à tout constamment?)

(Y'a comme un parfum d'arnaque dans l'air, tu trouves pas?)

Mais après quelques semaines, force est de constater que les habitudes sont prises:

- Fla, je vais me coucher. Tu n'oublieras pas la lessive?
- C'est déjà fait, je l'ai suspendue.
- Et celle qui séchait là avant?
- Elle était sèche, je l'ai décrochée.
- Je comprends pas.... où est le linge?
- Eh ben, c'était sec. Donc je l'ai plié, et je l'ai rangé. 


(Rien de plus sexy qu'un homme qui fait les corvées sans qu'on lui demande.)

(Je suis officiellement une daronne.)

A part ça, les grumeaux vont toujours bien, en tout cas, on les garde en vie, et on ne les a toujours pas tapés, ce qui relève un peu du miracle en ce moment.

Parce que je tiens à dire que moi, on m'avait dit que l'âge de l'opposition, tout ça, ça durait de deux à trois ans. Mais là, ils ont trois ans et demi, alors POURQUOI CA DURE TOUJOURS???!

Clairement, j'ai enfanté des anarchistes qui ne se complaisent que dans le chaos et l'entropie, cf. les négociations surréalistes de ces machines à opposition:

- C'est l'heure de l'école.
- Nooooooooon! Je veux pas y aller!
- T'es obligé. Va mettre tes chaussures.
- Nooooooooon!
- Va mettre tes chaussures.
- Nooooooooon!
- VA METTRE TES CHAUSSURES OU TU SERAS PUNI!
- ..... Je mets UNE chaussure.


En gros, chaque jour, il faut se battre pour TOUT : les lever du lit, les habiller, les faire manger, les préparer pour l'école, les faire sortir de la maison, les faire rentrer à la maison, les changer, les coucher, c'est constamment la bagarre - quand ils ne se battent pas tout simplement entre eux:

- MAMAAAAAN ! SAMMY IL M'A GRIFFÉÉÉÉÉ! 
- Oh non, tu saignes! Pourquoi tu l'as griffé, Samuel?
- Bah... parce que j'avais envie!


(Okay, psychopathe)

Et je te passe les caprices, les colères et les crises infinies pour les raisons les plus connes du monde:

- Maman, je veux un sirop!
- Moi aussi maman! Un sirop, s'il te plaît!

Moi, voulant leur faire plaisir, je décide de céder:

- Bon d'accord, je vous en donne - juste un verre, hein! Voilà, mes amours!
- NAAAAAAAAN!
- Mais... je... quoi?
- JE VOULAIS PAS LE SIROP DANS CE VERRE ! JE LE VOULAIS DANS MA PETITE TAAAAAAASSE!
- Non mais t'es pas bien? Tu....
- AAAAAAAAAAH!
- Et toi, t'as quoi?
- MOI NON PLUS JE VOULAIS PAS LE SIROP DANS UN VERRE! JE VEUX LE SIROP DANS LA SERINGUE DU DOLIPRAAAAAANE!
- AAAAAAAAAH!
- AAAAAAAAAAH!


(Pour le fin mot de l'histoire : j'ai dit "alors vous aurez rien" et bu les deux verres de sirop devant eux, et du coup ils se sont vénère encore plus.)

(Du coup j'ai ouvert leur calendrier de l'Avent et mangé leur chocolat.)

(Foutu pour foutu.)

Ils étaient tellement infernaux tout le mois de novembre-décembre que j'ai même annulé leur Saint-Nicolas, en leur disant que Saint Nicolas était repassé et avait repris leurs friandises pour les distribuer à des enfants plus sages. (Ensuite je les ai bouffées quand ils dormaient.)

(Non mais c'est génial, comme ça je suis stressée ET grosse, fabuleux.)

Et on aurait pu croire que la proximité de Noël allait les calmer un peu, mais que nenni! Parce qu'il y a quelques jours à peine, le jour où on fêtait Noël en avance chez mon père, je les ai laissés seuls DIX MINUTES le temps d'emballer des cadeaux, et je les ai retrouvés en train de minutieusement déchiqueter les rideaux de ma chambre avec des ciseaux.


Evidemment, on a eu droit à diverses remarques de notre famille:

- Mais en même temps, quelle idée de les laisser seuls avec des ciseaux!

Ah mais non cousine, ils sont allés CHERCHER les ciseaux au fond du tiroir de la cuisine! Avec leurs petits tabourets et tout! 

- Mais t'aurais dû leur dire de rester dans le coin, les surveiller du coin de l'oeil!

Je l'ai fait, tonton! Ils ont profité d'un moment d'inattention, se sont faufilés subrepticement dans la cuisine, puis dans ma chambre, avec la discrétion d'un chat, en LAISSANT TOURNER UNE HISTOIRE DANS LA CHAMBRE pour que je pense qu'ils étaient en train de l'écouter!


Je voulais quand même savoir la cause de toute cette rage (puisque c'était clairement pas un crime d'opportunité, mais une action préméditée) et je suis allée parler au doudou de mon fils.

(Oui, mon fils Auguste fait ce truc où il prend une autre voix et il fait parler son doudou, et en général, quand Auguste ne veut pas me parler, Doudou, lui, me balance tout.)

- Dis-moi, Doudou, tu sais pourquoi Samuel et Auguste ont découpé les rideaux?
- Oui! Auguste était fâché.
- Donc c'était l'idée d'Auguste?
- Oui.

(Je m'en doutais, mais c'est toujours bien de confirmer.)

- Et pourquoi Auguste a voulu découper le rideau?
- Parce que maman l'a puni hier et ne lui a pas donné son chocolat du calendrier.
- Donc Auguste voulait se venger?
- Oui.
- Mais Auguste n'a pas réalisé que s'il faisait encore une grosse bêtise, il serait encore plus puni?
- Auguste pensait pas que maman le verrait.


(Donc tu pensais que je ne verrais rien, et que j'allais juste me dire que les rideaux s'étaient déchiquetés tout seuls?)

(J'arrive sincèrement pas à comprendre comment cet enfant peut être simultanément si malin et si débile.)

J'ai raconté le dialogue à Professeur Flaxou, qui a résumé la chose de la manière la plus geek possible:

- En fait, tout ce temps, je pensais qu'ils étaient "chaotic evil", mais c'est juste Sammy. Gus-Gus, il est carrément "lawful evil".
- On est d'accord que ça reste du domaine du "evil"?
- Ah, ça oui.

(Les seuls parents de l'univers qui écopent de DEUX jumeaux maléfiques.)

Du coup, on a planqué leurs cadeaux ce jour-là, et on leur a dit que le Père Noël en avait apporté pour leurs cousines, mais pas pour eux, et là, LA, on dirait que ça a enfin imprimé dans leurs têtes de bois, parce que depuis, ils se tiennent à carreaux.

(Pourvu que ça dure.)

Il reste juste à composer avec Auguste "Loophole" Elias Charles, l'enfant qui te donne constamment l'impression de marchander avec un tout petit avocat de la défense:

- Auguste, attention, ça c'est une bêtise! Si tu veux ton chocolat, tu dois être sage toute la journée!
- Mais maman, j'ai été sage toute la journée! Maintenant, il fait nuit.


Et il m'en sort TOUT LE TEMPS des comme ça:

- Tu promets d'être sage?
- Oui, plomis!
* 5 minutes plus tard *
- Gus-Gus, c'est quoi ce bazar? Tu m'avais promis d'être sage!
- Mais papa, j'ai pas dit "promis", j'ai dit "plomis"!


(Marche aussi avec "voui"à la place de "oui".)

Maintenant, je fais des deals avec cet enfant, et j'ai l'impression de passer un contrat avec les Fae:

- Tu promets de ne plus taper ton frère? Non, attends, promets-moi de ne plus FAIRE MAL à ton frère. Regarde-moi dans les yeux et dis "'Oui maman, je promets de ne pas faire mal à mon frère." EXACTEMENT EN CES TERMES!

(Non parce que ça aussi, j'y ai eu droit.)

("J'avais promis de pas taper, mais là j'ai pas tapé, j'ai mordu.")

Bref, je te laisse sur ces galères parentales, et je te souhaite de belles fêtes de fin d'années! Vin chaud et pain d'épices sur toi et tes proches, et à une prochaine.

(Dans longtemps, certes, mais je reviens, promis!) (Pas plomis.)

La perle des enfants!

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Comme tu le sais si tu suis ce blog depuis longtemps.... je précise ça à chaque fois, mais en vrai, vu ma fréquence de post, ça me paraît plutôt évident qu'on est entre vieux de la vieille ici.

Recommençons:

Les douze personnes qui me suivent encore, vous étiez déjà là en 2009, on est d'accord?

Okay, donc on est entre nous, c'est cozy, je vais pas m'amuser à expliquer le lore de ce blog, hein.

Donc LA PERLE DU MOIS! Tu te rappelles de la perle du mois? C'était rigolo! 

On était jeunes, on était fous, on buvait des demi-pêches aux Incorruptibles le samedi soir, on avait encore une vie sociale, et j'amenais partout avec moi mon petit carnet et stylo (#analogue) pour noter les conneries de mes amis.

Bon, et puis, le temps aidant, on a arrêté de sortir, ensuite on est toutes tombées enceintes et on a arrêté de boire, et ensuite on a eu des mômes et on a plus ou moins laissé tomber l'idée d'une vie sociale pour les dix prochaines années.

MAIS je suis quelqu'un qui a de la suite dans les idées, et, du moment que mes enfants ont commencé à parler, je suis allée fouiller dans mes placards pour en ressortir avec fierté un carnet vierge:

- C'est quoi, ça?
- C'est le carnet à conneries des enfants!

Depuis quelques mois, ce carnet recense donc les perles, traits d'humour et autres cocasseries de la chair de ma chair, et c'est peut-être pas du niveau de mes potes, mais ça a son charme.

J'ai donc l'honneur de te présenter la première édition de la perle du mois spéciale enfants!  

(On verra si on arrive à tenir un rythme mensuel, mais c'est pas dit.)

(Y'a vraiment qu'en traînant avec Sarah tous les jours que j'avais suffisamment d'eau pour faire tourner ce moulin, on va pas se leurrer.)

Le principe, c'est comme au bon vieux temps : tu votes en commentaires pour ta ou tes préférées (je vais pouvoir redire "lâchez vos comms!") (jubilation), et le gagnant gagne... rien (il ne sait pas qu'il est sur Internet) (il ne sait pas ce qu'est Internet).


UPDATE : et nous avons deux gagnants ex aequo! Chacun des jumeaux a donc droit à sa perle (ils sont vraiment égaux jusque dans l'humour), et les voici:

10) Moi: Tiens Sammy, tu as droit à un petit verre de sirop.
Samuel: *boit* Encore un peu!
Moi: Encore un peu, quiiii?
Samuel: Encore un peu, CAMARADE!

16) Ma mamie (accueillant les enfants chez elle pour le petit-déjeuner) : Bonjour Samuel! Tu es déjà réveillé?
Auguste: Oui mamie, mais toi t'es pas bien réveillée par contre, parce que je suis Auguste.



Et les autres ci-dessous. Merci pour votre participation!

1) Fla: Bon les enfants, vous avez intérêt à être sages, parce que papa est tout seul ce soir, alors il faut bien m'écouter.
Auguste: Mais mais mais.... mais non! T'es pas tout seul! On est là, nous!

2) Moi: Samuel, tu arrêtes de faire des bêtises avec ton gobelet d'eau! Oh, mais décidément vous êtes pas possibles aujourd'hui!
Auguste : Mais non maman, c'est Sammy qui est pas possible! Moi... moi je suis très possible!

3) Moi : Allez, c'est parti mes kikis!
Samuel : Mais non maman, on n'est pas des kikis!
Auguste : C'est PAPA le petit kiki!

4) Moi: Vous êtes des petits cra-cra!
Sammy: Mais non, on n'est pas des cra-cra, on est des jumeaux!

5) Samuel, dans un magasin: Maman, c'est quoi ça?
Moi: C'est un mannequin.
Auguste: Mais non! C'est un épouvantail!


(Mes enfants, ces ploucs)


6) Auguste : Je veux pas dormir, j'ai pas sommeil!
Moi: Alors allonge-toi dans ton lit, et compte les moutons.
Auguste: Mais moi je veux pas compter des moutons! Je veux compter des TIIIIREX!

Le lendemain de cette conversation:

7) Moi: Auguste, c'est la nuit, il faut dormir!
Auguste : Je voulais compter les moutons.... mais ils se sont enfuis.
Moi : Ah bon?
Auguste : Oui. Les T-Rex voulaient les manger.

(Il a de la suite dans les idées.)

8) Samuel : Y'a quoi dans le mille-feuille?
Fla : Du gâteau, des framboises, et de la crème pâtissière.
Samuel : Mmmmmmm! C'est bon la crème solaire!

9) Moi: On chante "joyeux anniversaire" en anglais maintenant?
Samuel : ♬♪ Papy Dédé to youuuuu ♫

11) Fla : Auguste, tu comptes les cailloux avec moi?
Auguste: neuf...
Fla : Mais non, il faut commencer par "un"!
Auguste : Mais ce caillou il a une tête de n'oeuf!

12) Moi: C'était bien ces petites vacances, les enfants? Vous racontez à mamie ce qu'on a fait?
*silence*
Moi: Mais si, rappelez-vous! On a fait du.... baaaa....
Samuel : ...ZAR!

(Le mot recherché était "bateau")

(Mais "bazar"était vrai aussi.)

13) Auguste: Je veux Hakuna Matata dans la voiture!
Moi: Comment on demande gentiment?
Auguste: S'il te plaît, voiture!
Moi, hilare: Mais non! S'il te plaît... qui?
Samuel: S'il te plaît, voiture CHÉRIE!

14) Moi : tu veux de l'eau plate ou gazeuse?
Auguste (un vrai Alsacien) : GAZEUUUUUSE! Tu sais maman, moi j'adore me faire piquer... Mais par l'eau gazeuse, pas par les rosiers!

15) Samuel (m'aperçevant sans chaussures) : Oh! Maman! T'as les pieds cul-nu!

Et je termine avec la participation spéciale d'un autre enfant:

17) Sarah, à sa fille: Charlie, essuie tes mains, elles sont crado crado!
Charlie: Crado comme les cousins?


(Une réputation bien méritée.)

A VOS VOTES!

Yes, they speak English, but definitely not Wall Street English

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Et donc j'enseigne l'anglais à mes enfants.

Clairement beaucoup moins que ce que pensent les gens, cf. les discussions avec mes élèves depuis que les enfants sont nés:

- Ah ils ont de la chance vos petits, ils vont être bilingues!
- Oh ben je leur parle pas en anglais pour le moment.
- Ah bon? Mais pourquoi pas? C'est maintenant qu'il faut commencer!

Alors déjà Marie-Chantal t'es sympa, mais d'une, c'est pas à toi de me dire comment élever mes enfants, et de deux, je suis bien placée pour savoir que, même si c'est effectivement cool d'apprendre les langues jeunes parce que le cerveau assimile mieux, ça n'est pas non plus VITAL de démarrer dès la petite enfance.

Et comme l'anglais n'est pas ma langue maternelle, je me voyais mal la parler au quotidien avec mes enfants, ça me paraissait trop artificiel.

(Bizarrement, c'était plus naturel de leur dire des trucs en alsacien, alors que je le parle vachement mal.)

(Bon, je rigole moins maintenant que je me tape la honte avec les enfants à l'école quand l'ATSEM leur dit "Tu mets tes chaussons" et qu'ils répliquent "C'est pas des chaussons, c'est des SCHLOOOOOPA!")

Bref bref.

Maintenant que mes enfants vont à l'école, j'ai commencé à leur introduire des petites notions d'anglais, d'abord en leur expliquant le principe d'une langue étrangère (mais étant donné qu'on est frontaliers, c'est un concept plutôt concret) puis en leur expliquant ce qu'était mon métier:

- Et donc, vous voyez, quand je pars de la maison, c'est pour aller voir des gens et leur enseigner l'anglais. Je leur montre des vidéos, on lit des livres ensemble, et on discute en anglais.
- Et à la maison, tu travailles sur ton ordinateur!
- Oui, c'est ça.
- Comme papa! Papa il travaille sur son ordinateur avec des poissons et des graaaaandes baleines!
- De... quoi? C'est quoi cette histoire de poissons? Fla?


(La tête du gars qui s'est dit que ça passerait crème de jouer à Subnautica en disant à ses gamins "papa travaille".)

Bref bref Brejnev.

J'ai donc commence à leur enseigner des petits mots de base à droite à gauche, et ils savent dire "hello", "bye-bye", "please", "thank you", et demander quelque chose en disant "Can I have...", ce qui donne lieu à du franglais magnifique au moment du dîner:

- Maman, je veux une biscotte!
- On ne dit pas "je veux". Demande-moi poliment.
- Je voudrais une biscotte s'il te plaît!
- Bien! Et tu sais le dire en anglais?
- Please can I have some... euh... biscotte!
- Haha ! Il est mignon.
- Heu, Cha?
- Oui?
- En vrai, moi non plus je sais pas comment on dit "biscotte" en anglais.

Et c'est bien normal, mon petit père!

(C'est "rusk", mais t'es pas obligé de le retenir, la majorité des anglophones ne connaissent pas ce mot non plus.)

C'est tout le problème de manger comme des bons français : on a plein de mots qui sont compliqués à traduire, parce que c'est pas qu'ils existent pas, c'est juste que ça ne fait pas du tout partie du langage courant.

On a le même souci avec "compote" et "sirop" : des mots qui existent techniquement en anglais ("applesauce" et "cordial") mais ne font pas partie de la consommation courante dans les pays Anglo-Saxons.

(La compote en gourde est un peu plus présente aux USA depuis que Materne est allé s'installer là-bas avec leur marque GoGo Squeez (l'équivalent US de la Pom'Pote), mais ça reste marginal comparé à l'immense marché de la compote en France.)

Et je te passe le casse-tête quand je dois traduire des trucs VRAIMENT franchouillards:

- Maman, please can I have some comté?
- Et moi, et moi, je veux aussi du fromage! Please can I have some Brebiou?
- ... Non mais vous pouvez juste me dire "Can I have some cheese", ça ira bien.
- Mais je veux pas du Ficello, moi! Je veux du comté! 
- C'est aussi "cheese".
- Non, hier je voulais du Ficello et tu m'as dit de dire "cheese"! Mais là c'est pas du Ficello que je veux! Alors can I have some COMTÉ!


(Il a pas tort)

Mais bon, même avec les enfants les plus pointilleux du monde, on progresse quand même, et les enfants connaissent maintenant une poignée de mots en anglais (principalement de la bouffe, on va pas se leurrer) et deux-trois expressions toutes faites, merci aux dessins animés en VO qui leur ont appris des choses comme "let's go" ou "come on" de manière organique.

Et ils ont eu tôt fait de comprendre qu'on pouvait changer la langue des dessins animés sur Netflix, ce qui donne lieu à des débats que j'avais carrément pas vu venir, parce que, naïve que j'étais, je pensais qu'ils se contenteraient de regarder chaque dessin animé dans une langue de préférence.

Et c'est le cas pour certains (par exemple, Petit Ours Brun, c'est - forcément - en français) mais pour les autres, c'est très volatile.

Ainsi, j'ai eu le malheur d'essayer de mettre Sam le Pompier en anglais, après m'être résignée au fait que j'allais bien devoir me farcir ce dessin animé daubé du cul.

(C'est laid comme pas permis, c'est animé avec les pieds, et toute la série est basée sur le scénario ridicule d'une ville de huit habitants qui ont inexplicablement la caserne de pompiers au budget le plus pharaonique de l'univers.)

(Non, pardon, c'est pas tellement inexpliqué : ils ont régulièrement l'occasion d'utiliser leurs équipements de malade - hélico, bateau, jet-ski, quad, radio sonar et j'en passe - pour aller tout le temps sauver LE MÊME GOSSE qui se fout constamment dans la merde et reste pourtant toujours sans surveillance.)

Mais bon, après, je me doutais bien que j'allais pas pouvoir rester dans ma bulle de Miyazaki, Nico Nickel et Bluey pour toujours, et qu'on allait bien devoir se farcir de ces programmes allant du médiocre au franchement mauvais et qui sont inexplicablement plébiscités par nos chères têtes blondes.

(Je m'estime encore heureuse parce qu'on a réussi à éviter les écueils Peppa Pig, Pat'Patrouille et autre Âne Trotro.)

Et je m'estime surtout heureuse qu'ils ne savent pas encore chercher dans le catalogue Netflix, et qu'ils soient encore assez jeunes pour être des bons jambons:

- Maman, je veux regarder les Pyjamasques!
- Ah mais ça c'est pas possible chez nous, les Pyjamasques c'est que sur la télé de mamie.
- Oh non!
- Ah ouais, c'est la tuile hein. Dis donc. J'en suis tellement peinée.


Bref bref Brejnev.

Les enfants ont donc capté que Sam le Pompier était dispo sur Netflix (PAS MERCI L'ALGORITHME qui me l'a mis en GRAND en page d'accueil) et je me suis dit "allez, si déjà on doit se farcir cette daube, autant le mettre en anglais, comme ça on pourra dire que c'est vaguement éducatif".

Et là.

La stupeur.

L'ébahissement.

Le doublage, qui n'était pas reluisant en français (mais restait acceptable) est simplement abominable en anglais.

Tous les adultes se tapent un accent du pays de Galles de derrière les fagots, le doubleur d'Elvis semble vouloir parler au ralenti pour aucune raison logique, mais le pire, c'est que la quasi-totalité les enfants sont doublés par des hommes adultes, qui prennent des voix aiguës, et je te jure que j'arrive pas à regarder un épisode sans penser aux sketchs des Monty Python quand ils jouent des ménagères. 

Ajoute à ça le fait que quasiment tout le monde a vu son nom changer en VF pour.... une raison? (Penny est renommée Julie, Mike est renommé Max, Trevor devient Tristan, Norman devient Nicolas, etc.) 

(On pourrait se dire que c'est une volonté de franciser, mais alors pourquoi ne pas aller au bout du truc et avoir gardé Elvis, Jodie, Malcolm, Jerry, Joe, Lizzie, et plein d'autres noms anglophones?)

Bref, c'est la confusion totale, j'ai aucune idée de comment les gamins peuvent passer d'une langue à l'autre à chaque épisode sans broncher, et sans que ça ne semble perturber leur compréhension du truc.

Ah oui, parce qu'on fait du code switching à chaque épisode dans cette maison,car vois-tu, il semblerait qu'on ait affaire à des puristes, et du coup, tous les jours, c'est la bagarre VF/VO entre Sammy le franchouillard et Gus-Gus l'anglophile. 

(Ne me demande pas pourquoi, mais bizarrement, j'aurais plutôt vu l'inverse.)

On a donc mis en place le compromis "un épisode en chaque langue", ce qui marche bien, MAIS ça c'est si on a le temps de regarder deux épisodes. Quand je suis en mode"je vous soudoie parce qu'on doit partir à l'école dans huit minutes, vous lambinez exprès, j'ai pas envie d'être en retard et j'ai pas le droit de vous taper", là, il faut faire des choix. 

J'ai donc instauré le protocole "un choisit ce qu'on regarde, et l'autre choisit la langue", ce qui était au départ un lot de consolation pour éviter les crises ("MAIS MOI JE VOULAIS QUE C'EST MOI QUI CHOISIS!") 

(ainsi que sa suite acclamée, "OUI JE SAIS C'EST MOI J'AI CHOISI HIER MAIS JE VOULAIS CHOISIR AUJOURD'HUI AUSSI! JE VEUX TOUT DÉCIDER TOUT SEUL TOUS LES JOURS JUSQU’À LA FIN DES TEMPS C'EST QUAND MÊME PAS COMPLIQUÉ COMME REQUÊTE")

Et alors, j'avais pas vu venir le truc, mais la langue est devenue tellement importante pour eux qu'ils se battent pour NE PAS choisir le dessin animé:

- On a le temps pour un dessin animé pendant que je vous brosse les dents. Auguste, c'est ton tour de choisir.
- Okay, je veux Puffin... En fait, je vais laisser Samuel choisir.
- Okay! Je veux Sam le Pompier.
- En ANGLAIS!
- Non, en français!
- Mais toi t'as choisi Sam alors c'est moi qui choisis la langue alors on regarde Sam le Pompier en ANGLAIS!



(Samuel réalisant qu'il a été dupé, une illustration.)

- ..... J'ai changé d'avis. Je veux Petit Ours Brun. Auguste, tu peux choisir la langue! 
- ....
- Sauf qu'en fait tu peux pas, y'a que en français! Ha ha!


(La contre-offensive ultime.)

Et j'avoue que je devrais probablement y mettre un terme et décider à leur place, mais je trouve ça vraiment trop intéressant d'observer leurs petits cerveaux en train de cerner les rudiments de la négociation.

Et, évidemment, tu auras deviné que Professeur Flaxou est AU COMBLE DE LA HYPE d’assister à ces délibérations:

- Cha! Non mais tu réalises ce que ça veut dire??! Ils font de la STRATÉGIE! Et t'as vu ce revirement de Sammy? Il a élaboré une nouvelle stratégie en temps réel! Cha! C'était du RTS!
- Non....
- ON VA POUVOIR JOUER A STARCRAFT!!!


(Comme si ces gamins n'allaient pas devenir des footeux juste pour nous emmerder.)

La perle de l'année!

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Hey tu sais quoi c'est l'été, j'ai envie de rigoler, j'ai envie d'écrire des choses rigolotes pour le blog mais pas (encore) le temps de le faire (je suis une aoûtienne TMTC) donc j'te fais un petit kif vitef : la perle de l'année!

Oui, il fut un temps, c'était la perle du mois. Mes amis ne sont pas moins drôles, juste, on se voit une fois toutes les deux semaines au lieu de passer chaque instant de notre vie ensemble, donc forcément, ça réduit la voilure sur la rigolade.

Aussi le fait qu'une conversation sur deux a pour thème:


(Donc si vous pouviez demander aux ultra-riches d'aller se guillotiner d'eux-mêmes, ce serait bien, parce qu'ils nous pourrissent un peu notre groove.)

Bref, un peu de rigolade dans ce



Et n'oublie pas de voter!


1) "Je suis prête : ceinture et bretelles, tampon et serviette, c'est parti!" moi

2) "Moi j'aime juste pas les gens! Peu importe leur nationalité ou leur couleur de peau. Je suis pour l'égalité de la haine!" Lucie

3) "Toute mon éducation en sciences c'était "il était une fois la vie". Moi pendant des années j'ai cru que les globules rouges portaient des sacs à dos." Sarah

4) "Dans les romances, j'aime que les mecs ténébreux. Clairement, s'ils sont joyeux, ça me repousse. Qui t'a demandé d'être heureux?" Sarah

5) "Nous on est là à critiquer les Miss France, alors qu'on est des rats d'égout." Sarah

6) "Je comprends pas pourquoi les hommes ont des mentons. Cachez-les. On veut pas les voir." Sarah

7) "Fla il est pas beau, il est pas moche... Il est là, quoi." Sarah

8) "Toi t'es obligée de mettre des grands maillots pour te protéger du soleil. T'es tellement blanche comme un cul, il te faudrait un burkini." Sarah

9) "C'est un conseil d'amie : va te cacher." Sarah


10) - Cha elle a pleuré devant Wall-E alors que c'était même pas triste. (Sarah)
- C'était super triste! Moi aussi j'ai pleuré. (Lucie)
- Ah! Au moins Lucie se serait pas foutue de ma gueule au ciné, ELLE! (moi)
- Vous avez besoin d'une personne comme moi. Faut un roc entre deux guimauves. (Sarah)

11) - Faut que je fasse comme les Irlandais de l'Age de Bronze et que j'aille enfouir mes possessions précieuses dans un coin de marais. (moi)
- Dans un coin de ta raie??! (Sarah)

12) - Moi je suis chômeuse... Enfin, auto-entrepreneur à temps partiel. (Sarah)
- T'es auto-entrechômeuse. (Lucie)

13) - Les mouettes c'est que sur la mer, et les goélands ça a du rouge en-dessous du bec. Donc ça on pense que c'est des mouettes, mais en fait, c'est des goélands. (Lucie)
- C'est Lucie Ornithologue, comme dans Pokémon. (Sarah)

14) - Demain c'est la fête de la sorcière. (moi)
- Ça veut dire que je vais devoir t’offrir un cadeau? (Fla)

15) - J'ai un super gros nez. (Sarah)
- C'est parce que dieu savait qu'il te fallait plus d'oxygène que les autres. A force de soupirer. (Lucie)

16) - Elle est vraiment pas terrible cette chanson. (Fla)
- Ah? Moi je l'adore! Tu insinues que j'ai des goûts de chiotte? (moi)
- Ben non, c'est moi qui ai des goûts de chiotte, puisque je t'ai épousée. (Fla)

17) - Flo, tu déteins sur moi... Pourquoi moi je déteins pas sur toi? C'est pas juste! (Sarah)
- Moi je trouve que tu déteins sur lui. (Fla)
- Ah bon? En quoi? (Sarah)
- Chais pas... Il est chiant. (Fla)

18) - C'est un jeu avec une équipe de mercenaires. C'est comme des Pokémon, sauf qu'ils ont tout le temps faim et qu'ils te demandent tout le temps de l'argent. (Flo)
- T'as pas déjà une femme pour faire ça? (Fla)

19) - Moi j'aime bien vanner Fla. (Sarah)
- En même temps, il a du répondant, c'est bien. (Lucie)
- Oui enfin je préfère quand même quand il ferme sa gueule. (Sarah)


A vos votes, les amis!

Et rendez-vous en août :)

Pince-mi et Pince-moi passent l'été dans les bois

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Wesh camarade, c'est l'été!

Et je suis en vacances tout le mois d'août!

A moi les grasses matinées, les aprèms à bronzer dans le jardin, un livre dans une main et une Tourtel dans l'autre, et les longues soirées à geeker sur le PC en me refaisant l'intégrale des jeux vidéo Witcher.

(La série était tellement décevante que même le jeu de 2008 est plus agréable.)

(Alors qu'il est méga cheum et, avouons-le, un poil chiant.)

(Mais tout de même MOINS CHIANT QUE TA SAISON 3, NETFLIX DE MES COUILLES.)

(Henry Cavill a bien fait de se casser.) (Ce projet ne le méritait pas.)

Bref bref.

En fait tout ça c'était pour déconner, parce que TMTC j'ai des enfants en bas âge.


Donc, pour décrire plus correctement mon mois d'août, il faudrait plutôt dire:

A moi les réveils à 7h du matin au doux son de petits pieds dévalant les escaliers, suivi d'un "AAAAAAAH NE ME LAISSE PAS TOUT SEEEEUUUUUUL!" de vingt mille décibels. 

A moi les aprèms à bronzer dans le jardin, un livre à la main que je repose toutes les deux minutes pour:

a) chercher une voiture télécommandée sous le tas de bois
b) chercher un planeur en polystyrène dans le jardin du voisin
c) chercher le ballon de foot dans le buisson à araignées (pas merci)
d) chercher la flèche SUR LA PLUS HAUTE BRANCHE DU PLUS HAUT ARBRE mais sérieux comment vous avez fait ça??!
c) installer le bac à sable
d) nettoyer le sable inévitablement jeté dans les yeux
e) installer le trampoline
f) soigner l'enfant qui s'est pris un pied dans le pif
g) remplir la pataugeoire
h) engueuler les enfants qui vident la pataugeoire dans le bac de terreau de papy pour "faire une piscine de boue"
i) rentrer dans la maison avec un petit golem hurlant sous chaque bras et les passer au Karcher.


(Mes enfants jouant dans le jardin, une illustration)

Bon, en revanche, les soirées, c'est toujours le domaine de la geekitude, ça ne change pas.

(Sauf que je vais me coucher à 23h, mais je vais être honnête avec toi, je faisais déjà pareil bien avant d'avoir mis bas.)

Donc on va dire que je n'utiliserai pas le terme de "reposant" pour désigner ces vacances, mais au moins je profite bien de l'air frais, vu que la seule manière de canaliser mes mômes est de leur dire "Venez, on va en forêt ramasser des mûres" (ou sa variante "venez, on va en montagne ramasser des myrtilles").

Sans déconner, y'a rien qui ne motive ces enfants plus que la perspective de passer leur journée à fouiller la forêt à la recherche de quelque chose à manger.

Ils sont devenus tellement forts en cueillette sauvage que je commence à me dire que l'univers m'envoie un message, et que ce message est "Franchement, Charlotte, un scénario à la Petit Poucet...ça s'envisage, non?"

(Là, je sais que tu me juges, lecteurice.)

(Mais tu les as pas vus! Ils sont tellement heureux en forêt, juré ils calculeraient même pas que je suis partie.)

(Et puis je reviendrais les chercher, hein, je suis pas comme ça.)

(D'ici deux, trois jours.)

Donc, pour ceux et celles qui se demandaient si mes enfants sont moins des terreurs maintenant qu'ils sont grands, la réponse est "MOI AUSSI J'ATTENDS TOUJOURS QU'ILS SE CALMENT".

Moi aussi, j'attends toujours le jour où je pourrai sortir en public avec mes enfants sans qu'ils ne décident subitement d'aller ramper sous les voitures du parking "parce que c'est là que le lapin de Pâques est allé cacher ses oeufs."


(Oui, le lapin de Pâques est passé, en août, sur le parking du Cora. Tout à fait.)

Sans rire, je trouve qu'ils ont fait beaucoup de progrès ces derniers temps (moins de bêtises, moins de colères, moins de caprices) mais on a clairement encore un long chemin à faire, cf. les réactions horrifiées d'une copine découvrant la fiche de bonne conduite posée sur la table de ma cuisine:

- Mais qu'est-ce que c'est que ce truc?
- Ah, c'est une fiche de bonne conduite. Tous les soirs, après le dîner, on évalue leur comportement de la journée, et on leur donne des bons points. S'ils ont assez de bons points, ils sont récompensés par un épisode de leur dessin animé préféré.
- Non mais ça j'avais compris, mais C'EST QUOI CES CATÉGORIES? 
- Ben, c'est les points sur lesquels on veut qu'ils travaillent le plus.
- "N'a pas griffé / tapé / mordu"?
- Ah oui, faut que je rajoute "pincé", Gus-Gus a profité du loophole l'autre jour.
- "A utilisé ses couverts"? "Ne s'est pas essuyé sur ses habits"?? Mais... je... ça va pas de soi, ça?
- Ha! On pourrait le croire, pas vrai?
-"NE S'EST PAS TRIPOTÉ LE ZIZI EN PUBLIC" ????!
- Oui, y'a une récompense spéciale pour celui-ci!
- ....
- Mais bon, ils l'ont encore jamais eue.


("J'aime bien venir chez toi, c'est comme d'être dans un épisode de Strip-Tease".)

Alors SOI-DISANT que cette fiche de bonne conduite semble "moins adaptée pour un enfant de quatre ans, et plus pour un petit primate qu'on a trouvé dans la jungle et qu'on essaye d'habituer à la captivité".

Ben ouais mais les gars, faut comprendre! Nous, les quatre premières années de la vie de ces enfants, on était en mode survie!

Tu crois qu'on avait le temps de leur enseigner à pas s'essuyer sur leurs fringues quand ils passaient leurs journées à essayer de se suicider ou de se trucider? 

A un moment donné, faut choisir ses batailles, et nous, on avait choisi "les garder en vie". 

Donc on n'avait pas trop le temps d'enseigner les bonnes manières à des gamins qui passaient leur temps à tenter de se jeter sous les roues des camions.


(Arrête de courir partout, Indiana Jones, et pose ce couteau.)

Et maintenant qu'on est dans une vibe plus apaisée, maintenant qu'ils ne touchent plus aux ciseaux ou aux allumettes, maintenant qu'ils ont arrêté de se lancer des pavés dans la gueule et de se planter des fourchettes dans le visage, maintenant qu'ils ne se barrent plus en courant à deux kilomètres dès qu'on sort en public, et qu'ils ont compris qu'il faut attendre un adulte avant de traverser la route, là, maintenant, on peut passer aux politesses.

Donc si dans l'intervalle, tu me vois dans un supermarché en train de crier "SAMUEL ! ENLÈVE TES MAINS DE TON SLIP!" avec le gamin qui réplique "MAIS MOI JE VEUX ME FAIRE UN GROS ZIZI!!", ne me plains pas! Dis-toi qu'au moins, maintenant, le gamin reste à côté de moi.

Dis-toi qu'il y a huit mois, j'étais dans le même supermarché, la veille de Noël, en train de pousser mon caddie au milieu de la foule en criant: 

- SAMUEL! Vous avez pas vu mon fils? Il est comme celui-ci, mais en bleu. MAIS POUSSEZ-VOUS!

Avec l'autre gamin debout au milieu du caddie en train de hurler"TAMMY ! TAMMMMMYYYYYY!"

(Véridique.)

(Je l'ai retrouvé au rayon frais, en train d'essayer d'ouvrir une bouteille de Yop.)

Donc tu peux bien me croire que plus rien ne me fout la honte.

La plupart du temps, ils me font même plutôt marrer, ces petits enfants sauvages.

Par exemple, j'essaye de leur faire comprendre qu'il ne faut pas se secouer la nouille après avoir fait pipi quand ils sont à la maison (parce qu'ils en foutent partout), mais qu'à la place, ils doivent s'essuyer avec une feuille de papier toilette.

Et l'autre jour, j'ai Auguste qui m'appelle en me disant suspicieusement :

- Maman, tu peux m'aider à remettre mon pantalon? J'ai fait pipi... MAIS HEU J'AI ESSUYÉ!

(Clairement un ajout de dernière minute.)

Et quand j'arrive, je vois son regard paniqué, parce qu'il venait de réaliser qu'il n'y avait pas de papier dans la cuvette et que j'allais capter qu'il avait menti.


Essayant de sauver la mise, il me lâche nerveusement:

- Heuuu j'ai essuyé, MAIS j'ai déjà tiré la chasse, ET DU COUP c'est pour ça qu'il y a pas de papier!

Et je vois son petit visage soulagé de son rattrapage. Jusqu'à ce qu'il réalise que LE PIPI EST ENCORE DANS LA CUVETTE et que du coup son argument tient encore moins la route!



(Vas-y champion, prends ton temps)

Et là, le môme me regarde droit dans les yeux, et me lance:

- HEUUU et quand j'ai tiré la chasse, ça a fait partir que le papier, pas le pipi, ET DONC c'est pour ça qu'il y a encore du pipi!


Franchement, il était si fier de son mensonge, je l'ai même pas allumé. Je me suis dit qu'après autant d'efforts, il méritait bien un win.

(Et maintenant tu comprends mieux pourquoi ça chie au niveau de l'éducation.)

Bref, on s'amuse bien, je profite de l'été, je te fais des bisous, et je te dis à fin août pour te conter mes vacances en famille en Normandie où je vais probablement finir au bout de ma vie.

(Quel enfant finira par tomber dans le port? Quel enfant tentera de se noyer dans une bolée de cidre? Suspens.)
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