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L'Instant Kiwi: les journaux

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Je te l’avais déjà dit, les journaux Kiwis sont assez fun.

Pas foncièrement fun dans leur langage ou leurs articles (ça c’est plutôt pour les pubs, j’en reparlerai une autre fois) mais surtout dans leur conception de ce qui constitue des nouvelles.

On va le rappeler parce que ça ne fait pas de mal, mais on a affaire à un pays qui compte 4 millions et demi d’habitants. Soit très exactement la population de la Bretagne, répartie sur une aire un poil plus grande que le Royaume-Uni.

(Et quand je dis « exactement », c’est « au Breton près » : 4,471 millions contre 4,475).

(Donc en fait y’a techniquement plus de gens en Bretagne que dans toute la Nouvelle-Zélande.)

(Un chiffre à méditer.)

Ajoute à ça qu’on vit dans un pays du Premier Monde, et qui plus est un pays de gros Bisounours, et donc tu comprendras qu’en matière de nouvelles, on traite n’importe quelle info comme un truc très croustillant.

Rien de bien choquant, me diras-tu.

Ouais, sauf que ça atteint des sommets assez inimaginables en termes de traitement des sujets.

Car le journaliste Kiwi, semble-t-il, ne se pose jamais la question de « Est-ce que ça mérite un article d’une page entière ? ».

(Ou alors il se la pose, et la réponse est toujours « OUAIS CARRÉMENT ET MÊME DEUX PAGES PEUT-ETRE !! »)

Du moins, c’est la seule explication que j’aie trouvée en voyant les gros titres du journal local de cette semaine :



Bon, j'ai vu le titre, et je me suis dit "Okay, donc il a dû y avoir un prisonnier qui s'est échappé de Mount Eden et vient d'être recapturé", mais ça me semblait un peu incroyable qu'un gars s'échappe de prison à Auckland et que j'en entende parler que maintenant.

Et j'avais raison de me méfier, parce que voici la photo qui accompagnait l'article:


(Swag)

Non, c'est pas une blague, le journal a vraiment fait sa une sur un perroquet qui s'était échappé de sa cage et qui a été retrouvé.



(Ah mais quand je dis qu'il se passe pas grand-chose dans ce pays, c'est pas de la blague, hein.)

L'article conte donc l'aventure fabuleuse de Cherie, une perruche qui s'était échappée du jardin de ses vieux (car oui, en Nouvelle-Zélande comme en France, avoir des perruches est vraiment un truc de vieux). Les deux petits vieux ont donc passé des jours à la chercher éperdument, mais Cherie a finalement été retrouvée par une classe de CM2, a plus de six kilomètres de sa maison.

Alors pardon mais je trouve que c'est un peu pourri pour un oiseau de mettre des semaines à faire six kilomètres. Même moi avec mes jambes molles je peux facilement faire six kilomètres en moins d'une journée, et Cherie c'est pas pour enfoncer le couteau mais T'AS DES AILES!

Mais bon, mon passage préféré de l'article reste quand même l'histoire de George, le compagnon de Cherie, puisque sache-le, les perroquets se mettent en couple pour la vie (comme les Catholiques).

Eh ben George, d'après ses vieux gâteux, était "traumatisé" en apprenant la disparition de Cherie. Sauf qu'on dirait qu'il a pas mis trop de temps à se remettre, puisqu'au retour de sa dulcinée, il était pas ravi-ravi:


Quelque chose me dit que George n'était pas si "inconsolable" que ça au final.


(George, tu te sens bien?)

Bon, du coup je sais pas toi, mais perso je suis bien déprimée par cette histoire. Genre on entend partout des anecdotes sur les perroquets inséparables qui meurent en même temps et tout, et là carrément pas, Cherie fait ses bagages et George fait la fête, et quand elle revient il lui fait la gueule.

(Paye ton amour éternel quoi.)

Bref, des nouvelles passionnantes, comme tu peux le voir.

Et bon, je te vois venir.

Tu vas me dire « Attends Charlotte t’es de mauvaise foi, tout le monde sait que les journaux locaux traitent les informations les plus ridiculement minuscules, si t’épluches l’Alsace tu trouves les mêmes histoires. »

Et bon, soit, pour un journal régional, ça peut sembler normal.

Mais alors va quand même falloir qu’on m’explique que le New Zealand Herald, le journal NATIONAL, titre ses éditions avec des nouvelles de ce genre :



Son lapin en PELUCHE.


(Parfaitement.)

Donc c’est six paragraphes sur l’histoire de la gamine qui a perdu son doudou, et la maman qui a fait tourner une petite annonce sur le net pour le retrouver, et puis une dame l’a retrouvé, et c’est la fin.

(Tant de palpitations, c’est inouï.)

En gros, le truc le plus informatif dans l'article, c'est que j'ai appris que Darcey pouvait être un nom féminin (et pas juste un nom méga moche).

J’adore quand même comme la journaliste te glisse des morceaux de suspense dans l’article, genre à un moment la maman va chercher le doudou égaré, mais en fait on sait pas trop si c’est bien lui (alors qu’en fait si, on sait vu que c’est dans le titre) (chuuut) et puis elle donne le doudou à sa fille pour inspection et après moult et moult dubitations, il s’avère que c’est bien lui.



(Tu peux te remettre à respirer.)

Alors je sais pas toi, mais perso je sens l’arnaque à plein nez, parce que la gamine a trois ans et demi, et au cas où tu connais pas trop d’enfants de trois ans et demi, laisse-moi t’expliquer : c’est pas les ampoules les plus brillantes du lustre, si tu saisis c’que j’veux dire.

(C’est des teu-bé.)

Donc je flaire quand même le coup des parents qui filent un vieux doudou de la Croix Rouge en loucedé à la gamine en lui disant :

- Oh regarde, Bunny est revenu ! Oui, il est beige au lieu de gris maintenant, mais c’est… parce qu’il a vécu plein d’aventures !

Parce que ce genre de conneries, les mômes, ils les gobent toutes crues.

Saluons au passage l’information CAPITALE de fin d’article qui nous indique que Bunny va devoir passer à la machine, mais il faudra le faire en secret, parce que la petite fille ne veut pas qu’on lave son doudou.

(Je te lui mettrais une tarte derrière l’oreille, à cette petite crado, ce serait vite vu.)

Bref, un nouveau jour glorieux au pays des nouvelles cruciales.

Bientôt, on parlera du référendum sur le drapeau, tu vas voir ça va être grandiose en termes de nouvelles cruciales.

A plus dans le bus!

Brève maritale

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Dans la catégorie "cet homme m'étonnera toujours", Professeur Flaxou se pose là.

Même si ça fait neuf ans qu'on est ensemble, j'apprends régulièrement des choses sur lui.

Par exemple, l'autre jour, je revenais du boulot, et je trouve ça sur le bureau:




Et quand je dis à Flaxou "Ouah, quel beau bouquet, mais en quel honneur?", il me répond:

- Ah, il te plaît? C'est moi qui l'ai fait.

OKAY.

Car effectivement, il s'avère que:

- Mon collègue a un grand jardin et il a ces fleurs qui poussent de partout, alors il les a toutes coupées pour faire de la place et les a amenées au boulot. Du coup j'ai fait des bouquets pour tout le monde au travail.

Bon.

Bon bon bon.

On va laisser de côté le fait que le collègue a des putains de fleurs exotiques qui poussent dans son jardin dans tous les sens et qu'il choisit de les couper comme des mauvaises herbes parce que "ça ne fait pas soigné".

(La culture Britannique, j'te jure.)

On va laisser ça de côté, donc, et se poser deux minutes pour absorber la nouvelle que MON MARI EST UN GÉNIE DE L'ARRANGEMENT FLORAL.

Et là, je te vois venir : Han Charlotte t’es trop réac, c’est bon on est au vingt-et-unième siècle, les hommes ont le droit d’aimer les fleurs.

Et je suis d’accord.

Ce qui me choque, c’est que Flaxou n’aime PAS les fleurs !

C’est la personne la plus prosaïque de l’univers, et il déteste tout ce qui n’a pas une utilité bien définie. Même pour le PC, l’amour de sa vie (j’aimerais dire « le second amour de sa vie », mais ne nous voilons pas la face), il favorise les appareils compétents mais pas flashy.

(Ça veut dire « pas de néons sur l’unité centrale ».)

(Dieu merci.)

Donc j’ai du mal à comprendre comment quelqu’un qui n’aime pas les fleurs puisse créer des compositions d’un goût exquis comme si de rien n’était :

- Mais t’as dû y passer des heures si t’as fait des bouquets pour tout le monde !
- Oh non, ça m’a pris, quoi, une-demi-heure.
- Pour faire huit bouquets ?
- Neuf.
- Neuf ?
- Y’en avait un en rab, alors je l’ai mis dans la cuisine. Je me suis dit que ça ferait plaisir à Maria, elle aime bien les conneries de ce genre.

(Cet homme est un mystère.)

Et puis deux jours après, Flaxou et moi, on parlait avec sa maman sur Skype, et je lui montrais le bouquet en mode « Non mais on est d’accord que ton fils a complètement raté sa vocation ? », et elle me dit :

- Ah oui, les fleurs, je sais, c’est un don chez lui. Depuis tout petit. J’aimais bien avoir des fleurs à la maison, et dès que je ramenais un bouquet, il me faisait un arrangement.
- Sérieusement ? Fla, sérieusement ?
- Ouais, j’aime bien. Ça me détend.

(Décidément, c’est un être plein de surprises.)

Et sa maman de continuer :

- Tu sais, entre les compositions florales et son goût inné pour choisir les bijoux, je t’avouerais que j’étais un peu surprise quand il t’a ramenée à la maison, parce que pour tout dire, je m’attendais à un mec.

Ah oui, parce que le truc des bijoux, parlons-en.

Car non seulement Professeur Flaxou est prosaïque, mais en plus, c’est un scientifique. Or, qui dit « science » dit « pas de bijoux sur sa personne » (à cause des risques de contamination et tout le schmilblick). Du coup, il n’en porte jamais.

C’est d’ailleurs un combat de tous les instants pour lui faire porter son alliance, alors que ça fait quand même deux ans et demi qu’on est mariés :

- Mais elle me serre !
- Rigole pas, y’a plein de place.
- Mais je la sens sur mon doigt et ça me gêne, c’est horrible !
- Okay, si vraiment c’est si terrible, tu peux l’enlever….
- Youhou !
- …Mais seulement à condition de la porter sur une chaîne autour du cou.
- ….
- Et si je me faisais tatouer une alliance ?

Mais, paradoxalement, il est hyper doué pour choisir des bijoux pour les autres gens.

Depuis le début de notre relation, j’ai reçu une bague de fiançailles, un collier, deux bracelets, et trois paires de boucles d’oreilles, il a toujours tout choisi lui-même, et c’était toujours dans le mille Émile

Les parures parfaites, de la part du mec qui déteste les bijoux, on est d’accord que c’est un peu chelou quand même ?

(Et puis toujours des trucs d’un goût ravissant, alors qu’on parle d’un mec qui fait du shopping une fois tous les trois ans.) 

(Et que son idée du shopping consiste à aller chez Décathlon et à acheter dix T-Shirts noirs et six paires de chaussettes.)

Je finirai cette analyse par le fait que Flaxou fait les emballages cadeaux les plus charmants du monde (et que depuis que je le sais, je l’exploite allègrement à chaque Noël, parce qu’il a la technique pour replier le papier en origami et faire le p’tit nœud avec le p’tit ruban) (sérieusement, des chefs-d’œuvre).

Donc maintenant, il ne reste plus qu’à tester ses techniques de repassage et de couture, et si on était dans les années 50 j’aurais eu la femme parfaite.

(Même si bon, pour le ménage, on repassera.)

(Mais on ne peut pas tout avoir dans la vie, et en attendant j’ai des belles fleurs à la maison.)

PS culcul : Histoire de te convaincre que j'ai vraiment le meilleur mari de l'univers, voici une petite anecdote sirupeuse (accroche-toi, c'est du lourd):

La semaine dernière, je textais à Flaxou la liste des courses, et comme j'ai toujours cette angoisse que l'un de nous deux meure à n'importe quel instant, je fais bien attention de ne jamais finir mes messages sur un truc genre "achète du jambon" parce que laisse tomber comment ce serait les pires dernières paroles de tous les temps.

(Bref.)

Je texte donc la liste des courses, et pour rigoler, je finis par "et ramène des bisous, s'il en reste".

Eh ben en rentrant du boulot, j'ai trouvé ça sur mon bureau:



(Épouser ce mec: meilleure décision du monde.)

L'Instant Kiwi: le drapeau

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Comme tu le sais sans doute, en Nouvelle-Zélande, on a un drapeau.

(Ça va, jusqu’ici c’est pas trop compliqué à suivre, je pense.)

La chose que tu ne sais peut-être pas, c’est que c’est un drapeau très controversé.

Quand je suis arrivée dans ce pays, ça faisait déjà grosso modo vingt ans qu’environ une fois par an, un gus du Parlement venait remettre la question du drapeau sur le tapis, et quasiment vingt ans que tout le monde répondait « Rha mais ta gueule Richard on s’en fout de ton drapeau moisi, on a des trucs important à voter, y’a des quotas de pêche à trafiquer éhontément pour pas se manger Greenpeace sur le dos, alors tu vas la boucler deux minutes, t’es gentil ».

Et donc la question était reléguée à plus tard, et le gouvernement pouvait continuer ses activités cruciales, comme par exemple pêcher tous les poissons empereursde l’océan:

- Haaaan mais on avait pas vu qu’ils se reproduisaient si lentement, ces cons! Bah ouais mais vous êtes marrants, ils vivent tout profond, nous on voit pas comment ils se reproduisent, c’est tout noir là en bas. Nous on remonte tout dans les chaluts et on pose pas de questions. Ouais mais sinon comme ça se vend super bien, on peut continuer à les pêcher quand même ? 
Okay, on va dire que vous pouvez continuer à pêcher mille deux cent tonnes par an. Ça devrait suffire pour rapporter du pognon une dizaine d’années avant que toute l’espèce ne soit éteinte.
- Super ! Trop sympa !
- De rien !
- Allez, salut, et le bonjour chez vous !
- Bisous bisous !

(Tout ceci est vrai, d’ailleurs.)

(Probablement même le truc des bisous aussi.)

(Et pour les curieux qui se demandent ce que c’est que le poisson empereur et si c’est vraiment bon, la réponse est : il paraît que oui, mais comme il est tout bourré de mercure, si t’en manges un filet de trop tu t’empoisonnes, et après ta peau part en lambeaux comme Gollum.)

(Miam, donc.)

Bref, je m’égare.

Le drapeau.

En entendant qu’il y avait une controverse entourant le drapeau Néo-Zélandais, j’ai tout naturellement pensé qu’il s’agissait de la présence de l’Union Jack (le drapeau britannique) dans le coin gauche. Parce qu’en bonne Française, j’ai tout de suite présumé que le problème, c’était la présence de l’ancien pouvoir colonial dans le drapeau d’une nation indépendante de la couronne depuis bien longtemps.

Oui, mais ça, c’était avant que je ne découvre que les Kiwis sont des super fans de la monarchie anglaise, et que d’ailleurs ils n’ont pas de date d’indépendance à proprement parler, parce qu’en fait ils n’ont jamais vraiment cessé d’être une colonie anglaise.

Non, vraiment.

En 1901, ils sont passés de colonie à « dominion », soit la même chose qu’une colonie, mais où on te laisse faire des trucs dans ton coin pour te faire plaisir. (En gros, tu peux gérer les affaires internes tout seul comme un grand dans ton pays de sauvages, mais pour ce qui est des affaires étrangères, pousse-toi de là gamin, c’est Maman qui s’en occupe.) Et puis en 1931, le Royaume-Uni a signé un papier pour dire qu’il arrêtera de mettre son nez dans les affaires des dominions, mais la Nouvelle-Zélande était tellement pas pressée d’être indépendante qu’elle a attendu jusqu’en 1947 pour ratifier le traité. 

(Sérieusement, les gars.)

Et puis depuis, eh ben, ils sont techniquement indépendants, mais bon, tous les gens nés avant 1978 ont la double nationalité Néo-Zélandaise et Britannique, les Kiwis ont droit de résidence permanente au Royaume-Uni, et la Reine Elizabeth est toujours souveraine officielle de la Nouvelle-Zélande, alors si ça c’est pas une colonie je sais pas ce que c’est.

(Vous faites saigner mon petit cœur de républicaine.)

Bref bref.

Le drapeau.

Ce qui embête les Kiwis avec le drapeau néo-zélandais, si c’est pas l’Union Jack, alors c’est quoi ?

Eh bien comme une petite image vaut mieux qu’on long discours, laisse-moi te présenter la chose visuellement : voici le drapeau de l’Australie :


Et maintenant, voici le drapeau de la Nouvelle-Zélande :



Est-ce que tu vois l’énorme couille dans le potage ?

(C’est comme le jeu des 7 erreurs le plus nul du monde.)

Donc les Kiwis, ces génies du bocal, au moment de créer leur drapeau, je crois que ça s’est passé un peu comme ça :

- Mais t’as carrément copié mon drapeau !!
- Même pas vrai, eh l’aut’.
- Si, t’as carrément copié !
- Mais non hein, mes étoiles elles sont rouges, steuplaît, rien à voir quoi.

Et là, on rigole, on rigole, mais ça fait des dizaines d’années que ces teu-bé ont le même drapeau que l’Australie, et puis hein faut pas déconner, toi et moi on sait très bien que c’est pas l’Australie qui va risquer qu’on la confonde avec la Nouvelle-Zélande, donc c’est pas elle qui va s’emmerder à changer son design.

Cette similitude donne donc lieu à des confusions gênantes depuis des années, et donc monsieur le Premier Ministre John Key, après une énième réunion de l’ONU où on l’avait assis à côté d’un petit drapeau Australien, a décidé que quand y’en avait marre y’avait Malabar et que hein, les conneries ça va bien deux minutes mais maintenant c’est plus rigolo.

Du coup il s’est fâché tout rouge et il a dit :

- Maintenant ça suffit, on va changer de drapeau une bonne fois pour toutes, hop je te colle un référendum vite fait bien fait et le monde arrêtera enfin de se foutre de notre gueule.

Ce qui pourrait être une bonne idée, si le coût du projet n’était pas deVINGT-SIX MILLIONS DE DOLLARS.




(C'est quand même pas rien.)

Pourquoi si cher ? Parce que John Key a décidé de payer un panel de professionnels pour sélectionner les visuels, puis de faire un référendum en deux tours. Donc forcément, ça revient cher.

Le projet a été vivement critiqué, et certains parlementaires ont même accusé John Key d’utiliser le sujet du drapeau pour distraire l’opinion publique des problèmes de logement et de transports dans le pays.

(Ils sont mignons, ils s’indignent encore pour des trucs de ce genre.)

(C’est pas comme si c’était le plus vieux tour de passe-passe de l’histoire de la politique.)

Bref, parlons un peu des visuels parmi lesquels nous allons choisir.

L’une des premières suggestions a été celle de la Silver Fern :


 Classique, simple, élégant, reconnaissable, déjà utilisé comme symbole de la Nouvelle-Zélande par les administrations officielles, et en plus le fond noir ça fait un peu pirate sérieux ça pète la classe on est d’accord ?

Eh ben non.

Figure-toi que ces mous du gland de Kiwis, alors qu’on leur présentait le visuel, ont tous agrippé leurs colliers de perles et leur monocle en hurlant :

- Naaaaaan mais où est l’Union Jaaaaaack ?
- Comment le monde va-t-il savoir qu’on fait partie de la Couronne Britanniiiiiique ?
- Mais que va dire Sa Majestéééééé ?

Et donc, pour calmer les crises d’apoplexie, un génie du graphisme nous a pondu la merveille suivante:


(On dirait l'UMP pour les végétariens.)

(Arrache-moi les yeux tout de suite.)

D’autres propositions sont en considération en ce moment, et sont toutes plus ou moins à base de fougères :


(Fougère réaliste)


(Fougère un peu stylisée)


(Fougère un peu plus stylisée)


(Fougère qu'on peut distinguer si on a beaucoup d'imagination)

Et puis on a aussi eu droit à notre dose de blagounettes, parce qu’un gus a aussi proposé le drapeau Maori.

Oui, les Maoris ont leur drapeau - il s'appelle Tino rangatiratanga, ce qui se traduit en gros par "souveraineté absolue", et c'est une référence à la manière dont les Maoris se sont fait enfler par les colons au moment de la signature du Traité de Waitangi.

Le Traité de Waitangi, pour rappel, est le document fondateur de la Nouvelle-Zélande, et marque la fin de la guerre entre les Maoris et les colons. Le problème, c'est que certains éléments du traité sont différents en anglais et en maori - et notamment un point qui coince toujours aujourd'hui, celui de la souveraineté.

En gros, le Traité dit (en maori) que les tribus maories conserveront souveraineté absolue sur leurs terres, alors que la version anglaise dit que les Maoris céderont leur souveraineté à la couronne anglaise. C'est encore une question épineuse et longuement débattue aujourd'hui, car les Maoris pensent que l'utilisation du terme était volontaire (pour amener les autochtones à signer plus facilement), et les Pakehas jurent que c'était un problème de traduction uniquement.

(Perso, je conçois tout à fait que la traduction de concepts purement Européens dans une culture radicalement différente, c'était pas du gâteau - surtout qu'il fallait utiliser des termes facilement compréhensibles par toutes les tribus - mais quand même, ça me semble être une erreur beaucoup trop avantageuse pour les Anglais pour ne pas la prendre avec des pincettes.)

Bref.

Le drapeau Maori, donc, c'est celui-ci:



Il a été créé en 1990, en plein mouvement de revendication de la culture Maorie, et son design symbolise le mythe fondateur de la terre (avec Rangi et Papa, la terre et le ciel). Il est un symbole de ralliement pour les Maoris, et on peut le voir régulièrement flotter dans les jardins Kiwis (ou, beaucoup plus communément, dans les champs de patates douces).

Le Premier Ministre, en geste symbolique, a fait placer le drapeau Maori à côté du drapeau de la Nouvelle-Zélande au-dessus du Parlement, lors de la commémoration de Waitangi Day en 2010. (Deux peuples unis, amitié, tout ça.) Mais cette seule action a été tellement décriée par les Kiwis qu'elle ne s'est plus jamais reproduite, et aujourd'hui, dans les lieux officiels (y compris à Waitangi), c'est uniquement le drapeau Kiwi que l'on voit flotter.

Et si tu trouves que ça c'est choquant, franchement t'as encore rien vu.

Parce que récemment, donc, un gus a proposé qu'on utilise Tino rangatiratanga comme nouveau visuel pour toute la Nouvelle-Zélande.

Suite à quoi tous les Pakeha de Nouvelle-Zélande ont bien rigolé pendant une petite minute, et puis lui ont gentiment dit d’aller se faire foutre, lui et sa tribu de sauvages, non mais et puis quoi encore, mettre des symboles des premiers habitants de ce pays sur NOTRE drapeau, sérieusement ils se croient trop chez eux ces parasites, allez mate, c’était bien marrant, mais maintenant retourne toucher tes allocs et battre tes douze mômes, et laisse les gens de bien s’occuper des choses sérieuses.

(C’est triste, mais franchement, c’est à peine exagéré.)

(Non mais sincèrement, la violence des propos des Pakeha contre les Maoris me choquera toujours - surtout quand on la compare à leur coolitude pour toutes les autres facettes de la vie.)

Bref bref Brejnev.

Flaxou et moi, on va donc bientôt voter pour le nouveau drapeau (dans ce qui sera notre première élection en Nouvelle-Zélande). Et laisse-moi te conter le processus de référendum, tu vas voir que c’est pas de la pavlova :

En gros, y’a un comité sélectionné par le Premier Ministre, formé de "respected New Zealanders"- des hommes d'affaire, des académiciens, un écrivain, un militaire, une athlète professionnelle, une productrice de télé-réalité (ooookay), un ancien maire, un Maori pour les quotas, et comme on est en Nouvelle-Zélande, forcément, l'ancien coach des All Blacks.

(La crème de la crème, donc.)

Tout ce beau monde va sélectionner plusieurs visuels. Puis on aura un premier référendum fin 2015, qui nous fera choisir entre ces visuels.

Une fois le premier référendum passé, il y en aura un second, en 2016, où on devra choisir entre le visuel original retenu et…. Le drapeau existant.

Non.

Mais non.

Mais bande de mous du bulbe, si vous voulez changer votre drapeau, ne donnez pas aux gens l’option de garder l’ancien !

Ou alors, donnez l'option de garder l'ancien drapeau dans le PREMIER référendum, histoire qu'on n'ait pas à dépenser trop de sous!

Surtout que TOUS les sondages montrent que les Kiwis sont massivement contre l’idée de changer le drapeau, alors pardon mais là c’est vraiment tendre le bâton pour se faire battre.

(Tu vas voir que ces tanches vont tous voter pour garder le drapeau existant, et on pourra se carrer vingt-six millions dans le fondement.)

Bref, pour le moment les visuels n’ont pas été officiellement sélectionnés, donc rendez-vous en fin d’année pour voir comment le schmilblick va se passer.

En attendant, je te laisse avec l’excellent John Oliver, qui se fout un peu de la gueule des Kiwis mais bon, au moins il ne les confond pas avec l’Australie.



(Merci John.)

Brève immobilière

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(Mon idée de "faire les cartons")

Et donc nos colocs attendent un heureux événement.

(Ça veut dire "un bébé".)


(Apparemment, quand tu as passé 30 ans, avoir un bébé est un truc qu'on félicite, et "Haaan ça craint!" n'est plus une réponse acceptable à la nouvelle.)


(Prenez note.)


Donc on a décidé de partir, parce qu'on pressent un sacré bouleversement dans le rythme de vie de la maisonnée. Ce qui est normal, en soi, puisqu'un qu'un bébé, ça change tout.


Sauf que le changement, tu le supportes beaucoup plus facilement quand c'est TON gamin.

Et en discutant avec Maria, j'ai vite compris que ce ne serait pas possible de rester longtemps. Surtout au moment où j'ai entendu le mot"couches lavables":


- Mais pourquoi les couches lavables, au fait?
- Parce que l'être humain naît avec un dégoût naturel de la saleté. Seulement, avec les couches en plastique, les bébés marinent dans leur pipi et leur caca, et ils s'habituent. Du coup, après, c'est plus difficile de leur apprendre à être propres.
- Admettons, mais en quoi les couches lavables vont changer ça?
- Parce que je ne vais pas utiliser des couches. Je vais utiliser des langes en tissu.
- Ah. A l'ancienne, quoi.
- C'est ça. Du coup, dès que le bébé fera pipi, le lange va fuir.

OOOOKAY.


- Mais c'est pas très pratique, non?
- Ben justement, ça va nous motiver à changer le bébé tout de suite, comme ça il ne restera jamais mouillé.

C'est une idée.

(Je sais pas pour toi, mais moi je leur donne deux semaines.)


Et avant d’aller plus loin, je tiens à préciser: je m'en fous de comment les autres gens élèvent leurs gamins. Ça ne regarde qu'eux et c'est leur prérogative en tant que parents.


Seulement, c'est plus difficile d'être détaché des décisions éducatives desdits parents quand tu dois partager une maison avec eux.


Alors, quand j'ai entendu que Richard et Maria avaient décidé de vivre sans babyphone (parce que c'est pas naturel, donc ils laisseront la porte de la chambre ouverte en permanence), que le bébé aurait un lit sans barreaux (parce que ça le traumatiserait trop de vivre dans une prison) et qu'ils avaient pris la décision de caler leur rythme de vie sur celui du nouveau-né (aller se coucher dès qu'il dort, rester éveillé tant qu'il est éveillé), je me suis dit: ouais mais non mais là ça va pas le faire, les gars.


Donc, comme on n'avait pas super envie de vivre dans une maison avec des couches qui sèchent partout, des fuites de pipi sur la moquette, et où tout le monde va se coucher à dix-huit heures trente, on a décidé de trouver un appart juste pour nous deux, où on pourra encore faire des grasses matinées sans être réveillés par des pleurs, et regarder des films non éducatifs à la télé.

(De toute façon, d'ici à ce que le bébé soit né, dans la maison, il n'y aura plus de télé. Ni de micro-ondes. Ni de couteaux. Et tous les coins seront matelassés.)


(Maria a déjà fait déménager l’ordi de Richard dans le salon, parce qu’elle est persuadée que les câbles USB sont dangereux pour le fœtus.)


(Véridique.)


Et puis, déjà que je dois me contrôler pour ne pas faire de commentaires à Richard et Maria sur l'éducation de leur chien, je pense qu'il vaut mieux pour ma santé mentale (et notre amitié) qu'on se casse avant qu'ils aient le temps de mettre leurs méthodes d'éducation enfantine en application.


- Tu sais, ici en Nouvelle-Zélande, les gens ont une mentalité très anglaise. Ils disent toujours "il faut éduquer", "il faut faire obéir les enfants". Alors qu'il n'y a pas besoin!
- Pas besoin de quoi? D'éduquer ses enfants?
- Non, il suffit de les aimer.


(ALERTE BABA COOL)

- Tu sais, les enfants terribles, ils désobéissent parce qu'ils sont malheureux. Si les parents imposent trop de choses, les enfants sont mal dans leur peau, et c'est pour ça qu'ils sont difficiles. Tandis que si on aime ses enfants, si on les laisse s'épanouir et être heureux, alors ils seront obéissants d'eux-mêmes, puisqu'ils n'auront pas de raison de se rebeller.

Effectivement, c'est un raisonnement qui tombe sous le sens.


En plus c'est bien connu que tous les enfants sont des êtres de logique pure et abstraite, donc je ne vois pas comment ça pourrait mal tourner.


(Oui, parce qu'avec un raisonnement pareil, on peut dire n'importe quoi. Y'a plein de choses dans le monde qui fonctionneraient super bien si tout le monde y mettait du sien.)


(Tu me donnes deux heures avec une humanité pleine de bon sens et de logique, on éradique la pollution et la guerre et on fait marcher le communisme, à ce moment-là.)


Du coup, malgré mon inexpérience totale en la matière, je sens quand même un peu venir la couille dans le potage:


- Donc, ton enfant, tu ne vas rien lui interdire?
- Ah si, quand même. Mais rien qui nuise à son épanouissement. Toutes ces choses qu'on impose aux enfants, comme rester assis à table....
(Ouais, pourquoi pas)
- Ou les forcer à manger ce qu'ils n'aiment pas....
(Mouais, enfin bon...)
- Ou leur imposer une heure pour aller se coucher....
(Attends, quoi?)
- C'est ridicule! Tu n'imposerais jamais ça à un adulte!

Non, effectivement, je n'imposerais jamais ça à un adulte.


Principalement parce qu'il est déjà passé par le stade où on lui imposait des trucs, puisque que c'est ça la différence entre un enfant et un adulte.


Bref bref.


Tu vois que je commence déjà à me chauffer alors que cet enfant n'est même pas né, donc je pense vraiment qu'il faut qu'on s'en aille avant que Richard et Maria ne deviennent des parents slash esclaves et se retrouvent emmurés dans leur maison à manger du jambon et de la purée au ketchup.


Bref bref Brejnev.


Du coup, on cherche un appartement à louer pour juste nous deux.


Enfin, techniquement, on cherche une petite maisonà louer pour juste nous deux, rapport au fait que les appartements, à Auckland, existent peu ou prou, puisque les Kiwis sont terrifiés à la seule idée de vivre dans moins de soixante mètres carrés d'espace vital par personne.

(Ces gens sont des paysans.)


Cela fait donc quelques semaines que l'on goûte aux joies de l'immobilier à Auckland, un calvaire auquel on avait échappé quand on est arrivés dans le pays, puisqu'on avait cherché une coloc, et que dans les colocs, tu avises directement avec les locataires (et éventuellement les propriétaires).


AVERTISSEMENT : Contrairement à la majorité de mes billets, la suite de cet article ne va pas du tout te vendre du rêve sur la Nouvelle-Zélande. Te voilà prévenu.


(On a beau vivre chez les Bisounours, c’est quand même pas la terre de lait et de miel, hein.)


Faut savoir en premier lieu qu’Auckland est clairement un marché de demande et pas d’offre, du coup, les gars, ils se font bien plaisir. Déjà au niveau des prix des locations, qui sont UN PEU RAIDES.

Comprends par ça que, pour un appartement (ou une petite maison jumelée) avec une chambre double, une chambre simple et un salon, il faut compter entre 350 dollars (ça c’est pour les taudis dans les quartiers moches et éloignés, aux murs suintant le moisi, à la moquette qui pue et aux fenêtres qui ne ferment pas) et 600 dollars (pour les trucs rénovés dans les quartiers chicos). Et après, ça va encore plus haut, genre 650 dollars si on veut être au centre-ville, ou 700 dollars si on veut une vue sur la mer.


Et si tu te dis « bah ça va c’est pas cher », dis-toi que c’est le loyer pur et simple, sans charges, eau ni électricité.


Ah ouais et peut-être que je l’ai pas précisé mais les montants ci-dessus, c’est le prix du loyer PAR SEMAINE.

(Ah ouais, tout de suite ça rafraîchit, hein ?)


Donc, pour te mettre ça dans le contexte, nous, on cherche une petite maison en location dans un quartier pourri (parce que les quartiers pourris à Auckland ne sont pas craignos, juste moches, et on s’en fout de vivre dans un endroit moche vu qu’on sort jamais sauf pour aller en forêt) et on voudrait un truc pas trop moisi, mais après si c’est pas tout neuf on s’en balek, on a tous les deux vécu dans des trous à rats par le passé, donc on a l’expérience.


(Big up à mon studio de Strasbourg aux fenêtres qui ne fermaient pas, et à l’appart de Flaxou aux murs couverts de graisse et qui sentait la pisse de chat – alors qu’il n’y avait pas de chat.)


Eh ben, avec ce genre de souhaits, on doit taper dans les 400 dollars par semaine en moyenne, ce qui fait 1272 Euros par mois de loyer.


MILLE DEUX CENT SOIXANTE DOUZE EUROS.

(Et là, si tu te dis « Ouah mais les salaires doivent être super élevés à Auckland, du coup ! », sache que la réponse est « LOL ».)


Mais bon, après tout c’est vrai qu’on vit dans la capitale économique du pays, donc c’est peut-être triste, mais c’est quand même compréhensible que le prix de l’immobilier soit très cher.


Le problème principal auquel on est confronté, c’est qu’à Auckland, les propriétaires ne prennent presque jamais les locations en charge eux-mêmes.


Ça veut dire qu’on a affaire à des AGENCES.


(Tremble, vil manant.)


Et les agences sont redoutablement efficaces. Tellement efficaces qu’une fois sur deux, quand je les appelle, ça donne ceci :


- Oui bonjour, j’appelle pour arranger une visite sur la maison en location listée hier.
- Ah non mais ça c’est déjà loué.
- Ah. Est-ce que vous avez d’autres maisons du même type dans le coin ?
- Oui, il y en a une similaire en bas de la rue, elle est libre à partir du mois prochain. 
- Super ! On peut la visiter ?
- Oui, c’est possible, demain mercredi, entre 14 heures et 14 heures 15.
- Ah…Et il y a d’autres horaires de visite ?
- Non. Au revoir !


(Ceci n’est pas une exagération.)


Eh oui, puisque, comme les maisons partent comme des petits pains, les agences réservent les horaires de visite des endroits bien à des heures complètement impossibles, histoire de s’assurer que seuls les gens hyper motivés viennent visiter.


(Ceux qui prennent la peine de poser un congé, en gros.)


Et pour les plébéiens comme Flaxou et moi, il reste les logements qu’on fait visiter les samedis, à savoir : les taudis.

Mais malgré la compétition féroce, Flaxou et moi disposons d’un avantage considérable sur le reste de la population d’Auckland : on est blancs. Et sur ce marché, il semblerait que ça joue malheureusement un grand rôle.

J’en tiens pour preuve le commentaire que j’ai reçu d’un agent lors d’une visite où on était les seuls Européens parmi les potentiels locataires, et où, au moment d’aller chercher ma fiche de demande, l’agent m’a fait signe d’attendre, a regardé autour de lui, puis, au lieu de me donner un feuillet rose comme aux autres, a pioché un feuillet vert de derrière sa chemise en carton, et me l’a tendu avec un clin d’œil en disant :


- Attendez. A vous, je vous donne le VRAI formulaire. 

Donc moi j'étais en mode ARE YOU DECONNING:


(Charmant.)


(Décidément, je vends du rêve avec cet article.)

(« Venez vivre à Auckland ! C’est cher, mais le racisme est gratuit ! »)


Mais rassure-toi, j'ai fait une sortie fracassante de la maison des connards, et je m'en suis allée comme un prince:


(GIF jeu de mots!)

Bref.


Ce qui est quand même assez fun, c’est que comme toutes les propriétés se vendent ou se louent en une minute et qu’en plus on est en Nouvelle-Zélande, AKA la terre des gens honnêtes, les agents se foulent pas trop en compliments dithyrambiques quand ils te détaillent les merveilles du truc qu’ils veulent vendre :

- Alors, vous êtes intéressés ?
- Oui, pourquoi pas. Mais je voudrais savoir, la porte d’entrée ne semble pas bien fermer….
- Ah oui, ça c’est parce que l’hiver approche, donc avec l’humidité, le bois gonfle. C’est très courant par ici, comme problème.
- Donc vous êtes en train de me dire qu’elle ne fermera pas de tout l’hiver ?
- Oui, c’est ça.
- ….
- Mais en été, elle ferme très bien !

Ah ben trop merci Jean-Georges, heureusement que t’as pris des cours de vente dis donc.

Et je passe les agents qui ont cessé tout effort :


- Vous voulez le formulaire de demande ?
Ça dépend. Les murs sont sales et pleins de moisi, est-ce qu’il sera possible de repeindre avant de s’installer ?
- Non.
- Même si c’est à nos frais ?
- Oui. Tout doit rester dans l’état. D’autres questions ?
- La moquette est pleine de taches, est-ce qu’il sera possible de négocier avec le propriétaire pour la faire nettoyer ?
- Non. 
- Même si c’est à nos frais ?
- Oui, parce qu’en fait la moquette n’adhère presque plus au sol, donc si vous voulez la nettoyer avec un appareil professionnel, tout va se déchirer.
- ….
- Bon, vous voulez le formulaire ou pas ?

(Je ne sais pas ce qui est le pire dans cette histoire : le fait qu’on ait posé une candidature quand même, ou le fait qu’on ait été refoulés.)


(Ça s'annonce bien, les petits gars.)

Allez, souhaite-nous bonne chance, on a jusqu’à septembre pour trouver un chez-nous.


(Et dans le pire des cas, j’ai fait un stock de boules Quiès.)


(Une dans chaque oreille, une dans chaque narine, et je suis parée pour la venue de bébé.)


(Ramène tes couches lavables, tu peux pas me test.)


Le Hobbit - The Battle of the Five Armies

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On finit enfin cette trilogie de la daube qu’est Le Hobbit avec le troisième et (dieu merci) dernier volet du plus gros gonflage aux hormones de l’histoire du cinéma.

Car oui, c’est devenu la norme à Hollywood de séparer le dernier tome de chaque série de romans en deux films histoire de faire le plus de thunes possible heum pardon, de « rendre hommage comme il se doit a la complexité du livre ». (C’TE BLAGUE)

(Dis ça à Harry Potter et les Reliques de la Mort volume 1, où tout le monde fait que glander dans la forêt)

(Bref je m’arrête là sinon je vais déjà m’énerver alors qu’on a même pas entamé le Hobbit).

Je disais donc, c’est devenu normal d’essorer les films à succès jusqu’à la dernière goutte, mais faut pas déconner, un livre de 300 pages sur neuf heures de film, voilà quoi.

Avait-on vraiment besoin de scènes étirées jusqu’à l’os de visites chez les gobelins et de tournages aquatiques dans des tonneaux façon Parc Astérix ?  Était-ce bien nécessaire de rajouter un million de personnages inventés de toutes pièces à l’intrigue (Tauriel, Orc Moche numéro 1, Orc Moche numéro 2, l’assistant du Bourgmestre et j’en passe), en plus d’avoir déjà ajouté plein d’autres personnages du Seigneur des Anneaux (Legolas, Frodon, Galadriel, Elrond, Saroumane) juste pour faire genre on te vend du bon film ?

NON.

Rien de tout cela n’était nécessaire. Rien de tout cela n’était utile.


Tout ce processus sent le racle-piécettes à plein nez, assorti d’une ambition dantesque de vouloir faire une seconde trilogie « Seigneur des Anneaux ».

Mais le problème, avec Le Hobbit, c’est que, même si le livre est du même auteur et se passe dans le même univers, il n’a strictement rien à voir avec le Seigneur des Anneaux. Parce que le Hobbit est un livre pour enfants.

Dans le Seigneur des Anneaux, on a une profondeur et une noirceur qui manquent totalement dans le Hobbit. Le Seigneur des Anneaux a une dimension épique, des personnages fouillés, des intrigues complexes. Le Hobbit, c’est plus ou moins juste une comptine sur un mec qui va chercher un trésor avec des Nains et un magicien, il lui arrive des aventures, et pis il rentre à la maison bien content. 

À côté du Seigneur des Anneaux, le Hobbit, c’est Dora l’Exploratrice, disons-le tout de suite.

Le problème, c’est que Jackson et compagnie sont partis du principe qu’ils pouvaient adapter le Hobbit exactement de la même manière que le Seigneur des Anneaux, et ça, c’est une idée qui pue franchement la merde. C’est exactement comme de dire :

- On va adapter Winnie l’Ourson au cinéma. Ce sera un film noir et viscéral, y’aura des grandes batailles avec des Uzi, des flics, des putes, du sang et des larmes.
- Et l’histoire, on la change aussi ?
- Non, on garde la trame originale : « Winnie a perdu son pot de miel et il va le chercher dans la vallée enchantée, puis il rentre à la maison très heureux et satisfait ».
- ….
- Mais on va mettre des affrontements avec des punks et des néo-nazis entre sa maison et la vallée enchantée.
- Ça va être ÉNORME !

Bref, trêve de digressions, revenons au vif du sujet et reprenons où on s’était arrêtés :

D’abord, en tant que spectateurs Néo-Zélandais, on a quand même eu droit à un petit prologue spécial juste pour nous au cinéma,dans lequel Peter Jackson nous a tous remerciés d’être les meilleurs gens du monde :



(Pour les gens que ça intéresse, la vidéo est ici.)

Bref, c’est le moment de disséquer le film :

On reprend donc à la coupure la moins naturelle de l’histoire du cinéma, alias l’attaque de Smaug sur Laketown, qui dure en tout et pour tout dix minutes et puis Smaug meurt.

(Ça valait trop le coup.)

Mais rassure-toi, dix minutes, même dans un film poussif de deux heures et demie, ça nous laisse le temps de faire plein de n’imp.

Rappelons tout d’abord ce qui se passe dans le livre : Smaug, énervé par les Nains, décide d’aller cramer Laketown parce qu’on sait pas, c’est un peu un bâtard. Il brûle la ville malgré les efforts des villageois, et notamment de Bard, le chef des archers. Il est sur le point d'abandonner tout espoir, quand un passereau vient se poser à côté de lui et commence à lui causer.

(Ah ouais mais c'est un conte pour enfants, hein, donc oiseaux qui parlent et tout, y'a pas de malaise.)

L'oiseau indique à Bard le point faible de Smaug, et Bard utilise sa dernière flèche : la flèche noire, la meilleure, celle qu'il retrouve toujours, celle qui ne l'a jamais déçu, qu'il tient de son père et de son père avant lui, et qui avait été forgée sous la Montagne. Il la tire pile dans le point faible, et Smaug tombe dans le lac et meurt.

Après, ça, Bard envoie des messagers à Thranduil, et les Elfes viennent aider les Hommes à rebâtir leur ville (car ils sont comme cul et chemise, rapport au commerce florissant entre les deux royaumes). Pendant que les Hommes font des plans pour bâtir une nouvelle ville, Bard, des Hommes et des Elfes partent à Erebor, car ils sont persuadés que Thorin et Compagnie sont morts, et donc que le trésor est ouvert à tout le monde.

Pendant ce temps, Thorin et les Nains apprennent la mort de Smaug grâce à un corbeau qui vient leur raconter (décidément c'est une manie de parler aux animaux) (vous vous croyez chez Blanche-Neige les mecs?). Quand Bard approche pour demander une partie du butin, Thorin l'envoie péter en disant que les Hommes du Lac ont, certes, droit à une compensation matérielle pour avoir apporté leur aide aux Nains, mais que les Elfes n'ont rien à faire dans l'histoire. Il leur tient à peu près ce langage:

- Dégagez cette racaille végétalienne de devant ma porte, et on reparlera de paiement quand vous reviendrez seuls et sans armée.

Sauf que Bard est moyen d'accord de demander à Thranduil de tailler la route, vu que c'est Thranduil qui lui a prêté main-forte après la destruction de sa ville. Les Elfes et les Nains déclarent alors qu'Erebor est en état de siège: ils n'attaqueront pas directement, mais ne laisseront pas Thorin ou les Nains sortir de leur Montagne tant qu'ils ne seront pas résolus à leur donner une part du trésor. Throrin appelle alors son cousin Dain des Collines de Fer pour leur prêter assistance en brisant le siège.

Bilbo est bien emmerdé par tout ceci, déjà parce qu'il craint beaucoup de morts pour rien, mais aussi parce que c'est un Hobbit et qu'il a déjà loupé genre cinq petit-déjeuners, et il apporte donc l'Arkenstone aux Elfes, en utilisant l'Anneau pour se faufiler jusqu'au camp de Thranduil sans être vu.

Quand Bard vient négocier le lendemain avec l'Arkenstone, Thorin jette Bilbo hors de la Montagne et refuse toute négociation. Dain et son armée arrive, prêts à en découdre, et, dans le même moment, arrivent en force une armée d'Orcs menée par Bolg (le fils d'Azog) (puisqu'Azog est mort il y a plusieurs années, tué par Dain, justement). Et c'est le début de la Bataille des Cinq Armées.

Maintenant, revenons au film:

Le film s’ouvre sur le bourgmestre véreux qui s’échappe avec tout son or, tandis que les villageois désespérés entassent des trucs dans des paniers et que Tauriel fait des trucs d’Elfes, comme regarder dans le vague avec un air pensif :


(D’ordinaire une prérogative de Legolas – tu te rappelleras de magnifiques tirades sur un soleil rouge qui se lève et des étoiles voilées, j’en suis sûre.)

Puis elle vient dire aux Nains et aux enfants de Bard qu’il faut partir tout de suite parce qu’il n’y a pas de temps (c’est marrant, pourtant t’avais plein de temps pour ton air pensif y’a deux minutes, mais passons), et tout ce beau monde se prépare pour l’évacuation.

Pendant ce temps, Bard est dans le pétrin, car il est enfermé dans une prison qui ressemble vachement au cachot de Pirates des Caraïbes (ce qui est assez rigolo puisque l’acteur qui joue Bard ressemble tellement à Orlando Bloom que même Orlando Bloom a moins l’air d’Orlando Bloom.)

(Tu suis toujours ?)

Sauf que, comme dans ce film-là, il n’y a pas de chien avec un trousseau de clefs, Bard doit faire avec les moyens du bord, à savoir : faire péter les barreaux de sa prison avec un plan pas piqué des vers : il tresse une corde avec sa couverture (qui avait l’air King Size, à en juger par la taille de la corde finale).


(Et je pense qu’on ne mentionnera pas le fait que Bard ait réussi à tresser une corde de six mètres de long en moins de deux minutes montre en main.)

(Car n’importe quel clampin peut se battre, mais faire des tresses : ça c’est un truc pour les vrais bonhommes.)

Bref, il balance sa corde pile sur le bourgmestre qui passait justement par là sur sa barque, en mode Titanic (« Hop cassez-vous les gueux, vous faites couler mon or »).

(Ouais, parce que c’était pas un personnage assez caricatural avant.)

La pression exercée par la barque du bourgmestre suffit donc à arracher un pan entier du mur de la geôle (qui gagne dès aujourd’hui le titre de geôle la plus pourrie du monde) et Bard rentre chez lui prendre son arc et ses flèches, et sort en pétant le toit (décidément c’est pas solide les maisons par ici), pour aviser son perchoir : un beffroi qui est miraculeusement épargné par les flammes.


Alors bon, je ne vais pas m’attarder sur le fait que cette tour est mystérieusement ignifugée alors qu’elle est manifestement en bois et que tout est manifestement en feu tout autour, mais je voudrais prendre deux minutes pour dire ET LA BALISTE, BORDEL ?

Sérieusement, personne ne se rappelle de la baliste ? Celle qu’on avait bien vue dans le deuxième film et qui avait été construite spécifiquement pour lancer les grosses flèches noires anti-dragons ? 



(Non ? Personne?)

Parce que moi, j’aurais accepté que le film me dise « Ah c’est con, la tour avec la baliste a cramé, donc Bard va devoir se débrouiller avec son arc », et dans ce cas-là t’aurais pu faire un plan de deux secondes sur la tour qui s’effondre, pour qu’on comprenne.

Mais là, c’est genre chuuuut, cela n’a jamais existé, on n’en parle pas.

(C’est ironiquement ma phrase fétiche quand je mentionne toute cette trilogie.)

Bref, Bard se dirige vers le beffroi en sautant de toit en toit tel un Spider-Man en très mauvaises images de synthèse, et son fils vient le rejoindre, parce que ce gosse est le seul type pas trop consanguin dans ce village et que c’est le seul pékin qui s’est rappelé de la flèche noire anti-dragons.

(Alors que Bard, dans le film précédent, nous avait fait un monologue de dix minutes en disant « Nous avant à Laketown on avait des flèches spéciales pour les dragons, même que mon ancêtre il en avait tiré tout plein sur Smaug, et même qu’il nous en reste une à la maison, dis donc ! »)

(ET T’AS PAS PENSÉ A LA CHOPER QUAND T'ÉTAIS CHEZ TOI, ESPÈCE DE TÊTE DE CHIBRE ?)

Bref, prépare-toi, c’est le moment du dialogue le plus pénible de cette trilogie, puisque Smaug rentre en mode full « Méchant de James Bond » et décide de parler à Bard pendant un million de minutes au lieu de le cramer :

- Aha, tu es fait comme un rat, humain !
- Atta, je chope mon arc…
- Tu vas mourir !
- Ah zut il est cassé. Deux minutes…
- Ton fils va mourir !
- Alooors, je plante un bout d’arc iciiii….
- Je vais semer la mort et la désolation !
- Et un bout d’arc lààà…..
- Je vais réduire ton pays en cendres !
- Fiston, mets-toi là, je vais poser la flèche sur ton épaule et ça te décapiterait probablement si on était dans un film réaliste….
- Je suis foooort ! Je suis graaannnd ! Je vais te tueeer très bientooooot !
- Deux secondes, tu peux me laisser le temps de viser steuplait ?
- Ah mais oui bien sûr pas de lézard mon coco.
- Merci. Hop, c’est bon, je suis prêt à tirer !
- D’accord, tu veux que je mette mon point faible en avant, comme ça ?
- Parfait !

Et c’est la mort de Smaug.


(Oui, ça valait TOTALEMENT le coup de garder ça pour le troisième film, franchement.)

Une fois le jour levé, on retrouve les villageois de Laketown rescapés, en train de compter leurs morts, et évidemment l’assistant du bourgmestre, le Jar-Jar Binks de cette trilogie, a survécu.

Sérieusement, chaque apparition de ce gars m’énerve. Chaque parole qui sort de sa bouche est une offense à l’intelligence la plus basique, et son jeu d’acteur se résume à un cabotinage tellement grotesque qu’il aurait sa place d’honneur chez Nanarland.

En somme, tout ce personnage sent la tentative ratée de faire rire un public enfantin. En présupposant que les enfants sont tous des gros débiles.

(C’est littéralement Jar-Jar Binks.)

Bref, Bard devient le leader des hommes du lac parce que le Bourgmestre est mort écrasé par Smaug, et il empêche la foule en colère de lyncher Jar-Jar parce qu’il est noble et pur.

(Franchement, quand on voit la suite du film, ils auraient mieux fait de le buter tout de suite.)

Bard décide alors d’aller s’établir dans les ruines de Dale, l’ancienne ville humaine en face d’Erebor, et compte bien réclamer l’argent que Thorin leur a promis pour reconstruire leurs maisons.

Pendant ce temps, les Nains qui restaient à Laketown (Fili, Kili, et deux autres, on s’en fout) regagnent Erebor, et on a juste le temps pour une scène d’adieux entre Tauriel et Kili qui brise mon petit cœur d’artichaut.



(Je l’avais déjà dit et je le redis, je suis Team Kiliel, et même si cette romance n’a rien à faire dans l’histoire, je ne dirai rien de méchant dessus, parce que vive l’amour. Voilà.)

Tauriel apprend à ce moment qu’elle a été bannie du royaume de Thranduil pour avoir désobéi aux ordres (alors que Legolas non, han le piston quoi). Legolas, écœuré par tant de népotisme, décide alors de fuguer loin de l’autorité paternelle (car il n’est jamais trop tard chez les Elfes pour faire sa crise d’adolescence), et part avec Tauriel enquêter à Gundabad, ou ils découvrent une armée d’Orcs et de Chauves-Souris géantes en marche vers Erebor, et ont des dialogues profonds :

- Ces Chauves-Souris ont été créées dans un seul but.
- Lequel ?
- ……
- ……
- LA GUERRE !

(Bah oui la guerre, ducon.)

(T’élèves pas des chauves-souris géantes pour enfiler des perles.)

Pendant ce temps, Fili et Kili arrivent à Erebor pour trouver que Thorin est devenu roi de la montagne, et est aussi devenu COMPLÈTEMENT FRAPPADINGUE.

Il a attrapé la fièvre de l’or et devient complètement parano au sujet de l’Arkenstone, le joyau légendaire qui ressemble à un des joyaux magiques de la Princesse Starla :


(Par le pouvoir du filtre Photoshop !)

Donc Thorin se confie à Bilbo en mode « Haan tout le monde est après moi et tout le monde veut garder l’Arkenstone pour eux tout seuls », et annonce qu’il ne fait confiance qu’à Bilbo.

Ce qui est très con, parce que quand même au départ il l’a engagé comme cambrioleur, et puis surtout parce que c’est Bilbo qui a l’Arkenstone. 

Et ça, je le sais parce que le film a fait de gros efforts pour me le rappeler, non seulement à grands coups de flash-backs du film précédent (comme si j’avais envie de revivre ce moment), mais en plus en faisant dégainer le joyau par Bilbo en plein jour au milieu de la forteresse des Nains, en mode « YOUHOU C’EST MOI QUI AI L’ARKENSTONE LE PUBLIC T’AS COMPRIS ? ».


(Saoûlant)

Pendant ce temps, Gandalf et Radagast sont prisonniers de Sauron à Dol Guldur, et se font libérer par tout le casting du Seigneur des Anneaux qui veut son cachet pour les trois films : Elrond et Saroumane se pointent donc pour tataner du Nazgul (on notera que l’épée d’Elrond peut transpercer des fantômes – la puissance des lames elfiques, c’est ouf quand même), pendant que Galadriel fait des ondes de choc et de la lumière.

(Et puis elle soigne Gandalf avec un bisou magique, aussi.)

(Oui oui, comme on fait avec les enfants de trois ans, parfaitement.)


(« Hop, bisou qui soigne ! Et ensuite je souffle sur le bobo et il s’envole ! »)

Et puis l’œil de Sauron se pointe de nulle part et Galadriel fait son numéro où elle devient toute verte comme dans la Communauté de l’Anneau, et elle bannit Sauron.

Et là, tu vas pas me croire, mais je n’ai rien de méchant à dire contre ce passage, parce qu’en fait c’est l’un des rares moments du film qui est  fidèle à Tolkien. Certes, ce n’était pas dans le Hobbit, mais dans la chronologie de la Terre du Milieu, il y a bien une attaque sur Dol Guldur par le Concile Blanc. Et cette attaque a bien lieu pile au moment de l’arrivée des Nains à Erebor, car Gandalf voulait s’assurer que Sauron et Smaug ne se prêteraient pas main-forte entre eux. Et c’est à ce moment que Sauron est forcé de fuir sa forteresse et prend refuge au Mordor, d’où il lancera ses assauts quelques années plus tard, au moment du Seigneur des Anneaux.

Donc là, non, franchement, dans l’esprit c’est une bonne idée, allez, un bon point pour toi Peter.

Revenons à nos moutons : Bard et les survivants de Laketown arrivent à Dale et se rendent compte que les Nains ont survécu,et ATTENTION MIRACLE, c’est le seul moment du film où Jar-Jar va dire un truc intelligent :

- Vous voulez dire qu’il y a un tas de Nains enterrés dans la montagne avec tout cet or ? Eh ben mon vieux on est bien marrons.

Mais Bard lui rétorque :

- Han vas-y Jar-Jar comment t’es trop raciste ! Alors ça y est, parce que c’est des Nains, forcément, ils sont avares, non mais le ringard quoi.

(Et Bard n’a pas tort, mais bon de toute évidence il ne connait pas bien les Nains.)

(Les Nains de Tolkien hein, pas les personnes de petite taille.)

(Si j’avais voulu faire des blagues désobligeantes et vaseuses, j’aurais fait un calembour antisémite.)

Bref, Bard se réveille le lendemain matin et se rend compte qu’une armée d’Elfes est entrée dans la ville durant la nuit, et s’est mise en rangs d’oignon et au garde-à-vous en attendant que quelqu’un se pointe dehors.


(Ben dis donc, les gars, vous auriez pas pu envoyer un pékin dans le bâtiment au lieu de rester plantés dehors dans la neige comme des poireaux ?)

(Les Elfes sont des Shadocks – ils ne font jamais simple quand ils peuvent faire compliqué.)

C’est donc Thranduil qui vient faire un petit coucou sur son RENNE GÉANT – attends, quoi ?


(Ah mais décidément ils avaient vraiment fumé la moquette quand il s’agissait de choisir les modes de transport pour ce film.)

Bref, Thranduil vient voir Bard et se la pète grave, bon rien de neuf, c’est un Elfe :

- Salut le gueux. Il parait que toi et tes manants vous crevez la dalle, ben t’sais quoi, tellement chuis sympa, je vous ramène à grailler, allez, c’est cadeau, profitez bien, y’a des légumes et de l’hydromel et puis encore des légumes, faites-vous plaiz.

Sérieusement, vas-y les connards d’Elfes qui viennent sauver des gens qui meurent de faim et leur apportent des BLETTES.

(A ce compte-là autant mourir tout de suite, hein.)

Parce que oui, Terre du Milieu ou pas Terre du Milieu, ça, là :


C’est des blettes :


AKA le légume le plus dégueulasse de l’histoire que tellement il est dégueulasse même son nom donne pas envie de le manger.

(« Potimarron », ça donne envie ça ! « Tomate », « Chou », tout ça ça sonne bien, et puis au milieu tu as « Blette ». Un légume nommé d’après le bruit d’une personne en train de vomir.)

(Au moins c’est très réaliste.)


(« Oh oui, donne-moi encore plus de blettes ! » SAID NO ONE EVER.)

Mais en fait, dans le film, Thranduil n’est pas là juste parce qu’il avait des légumes dégueu en rab. 

Non, pas d'altruisme et de gentillesse dans ce film, ici Thranduil est là uniquement parce qu’il veut récupérer sa tiare de Miss Périgord TA 2941 coincée dans la montagne, et si tu crois que j’exagère mate un peu la gueule de l’engin :


(Même Thorin semble dire « Ha ha les Elfes, quelle bande de précieuses ».)

(Et ça, c’est de la part du gars qui cherche le joyau de Princesse Starla.)

Et Thranduil est prêt à faire la guerre pour récupérer son diadème parce qu’on dirait qu’il a sérieusement rien de mieux à foutre, mais Bard le convainc de patienter un peu et montre à nouveau sa méconnaissance totale des Nains en se disant qu’il va tenter de les raisonner.

(Je répète : il veut raisonner avec des Nains pour qu’ils lui donnent de la thune.)

(HA HA.)

Bien évidemment, Thorin envoie péter tout le monde (on s’en doutait) et s’emmure dans la Montagne, et tout le monde se prépare pour la Bataille des Cinq Armées.

Et là, c’est normalement le moment où tu comptes les armées et où tu fais « Hu ? ». Parce que les Nains, les Hommes, les Elfes, et les Orcs, ça fait quatre. Si on compte les autres participants à la Bataille (les Aigles, les Wargs, les Chauve-Souris, et Beorn) ça fait huit.


En fait, c’est parce que Tolkien avait dit que la cinquième armée était celle des Aigles, et que les Wargs et les Chauve-Souris comptaient comme des Orcs, mais excuse-moi, si une chauve-souris ça compte comme un Orc, alors un aigle ça peut bien compter comme un Elfe.

(Bref, je pinaille.)

Pendant que tout le monde se prépare à la grosse bataille, Thorin part complètement en couille et fait plein de ralentis très relous (ah pardon, ça c’est juste le réalisateur). Alarmé, Bilbo décide alors de trahir Thorin et amène l’Arkenstone aux Elfes.  

Lorsque Thranduil et Bard montrent à Thorin qu’ils ont l’Arkenstone, bon, on s’en doute, il est bien vénère, et Bilbo se casse bien vite avant d’être jeté du rempart. Mais on n’a pas trop le temps de digérer tout ce drama, puisque voici qu’arrivent les renforts Nains, avec à leur têteDain Ironfoot sur son COCHON GÉANT WHAT THE FUCK ???!!!


(Mais là les gars, mais vous êtes partis trop loin, plus personne ne peut vous suivre.)

Mais avant que la bataille s’engage, un grondement se fait entendre : ce sont les Orcs avec LES VERS DE DUNE OH PUTAIN MAIS SÉRIEUX MAIS QUOI ???!!!!


(Han mais les mecs, mais naaaaan.)

Alors parlons un peu des vers de Dune were-worms (et essayons d’oublier le fait que ces créatures sont mythiques dans le monde même de la Terre du Milieu et que donc elles N’EXISTENT PAS) et concentrons-nous sur le plan des Orcs :

Le plan des Orcs, c’est d’avoir des énormes vers géants comme alliés pour creuser des tunnels pour faire passer leurs arméeset….c’est tout.

Sérieux, mec ? T’as réussi à convaincre les were-worms de venir participer à ta bataille, mais pas de creuser juste sous tes ennemis, par exemple ?

(Là, je dis non.)

Bref.

Et c’est le début de la bataille en CGI la plus moche du monde après Le Roi Scorpion. 

(Et ceux qui ont vu le Roi Scorpion savent de quelle échelle de mocheté on parle.)

Et vraiment, ça me fait mal au cœur, parce que le Seigneur des Anneaux est quand même une trilogie réputée dans le monde entier pour ses effets spéciaux hors normes et ses techniques révolutionnaires (évoquons simplement Gollum, alias le premier vrai bon résultat de la motion capture).

Et là, mais qu’est-ce qui s’est passé Peter ? T’avais tout ce qu’il fallait ! T’avais le budget, t’avais la fine équipe, alors qu’est-ce qui t’a pris ? Quel Grima Wormtongue a empoisonné ton esprit en te murmurant à l’oreille :

- Tu sais ce qui serait chouette ? Un filtre Photoshop dégueulasse sur TOUTES LES IMAGES !

Parce que c’est la seule explication que j’ai trouvée à cette sorte de patine chelou qui recouvre toute la péloche d’un genre de film brillant.






(Et puis alors le ciel, je pense qu’on n’a même pas besoin d’en parler.)

Et puis merde, Peter, t’avais la Nouvelle-Zélande, c’est un pays qui est magnifique sans efforts ! Dans le Seigneur des Anneaux, tu l’avais bien compris ! Un hélicoptère, une caméra, des acteurs, et en voiture Simone !

Mais là, même la Comté a été passée au filtre à rayons gamma fluo :



(Oh oh oh oh oh, I’m radioactive, radioactive….)

Franchement, tu trouves pas ça malheureux que mes photos de Hobbiton prises avec mon appareil Nikon de 2009 rendent mieux qu’un film à plusieurs millions de dollars de budget?


(Moi je trouve ça triste.)

Et le pire dans cette bataille, c’est que c’est pas seulement les décors qui ont l’air moche : non, c’est que tous les combats ont clairement l’air super fake. Et ça aussi ça me fait mal, parce qu’encore une fois, le Seigneur des Anneaux (DIX ANS PLUS TÔT) avait également été acclamé pour ses scènes de bataille réalistes.

(Genre ils avaient un logiciel pour générer des chevaux qui ne couraient pas au même rythme, pour éviter l’impression « copier/coller ».)

Et là, dès qu’on s’éloigne des gros plans, on dirait un projet de fin d’année d’un étudiant en modélisme.



(Mon cœur saigne.)

(Et avant que tu viennes me dire « Ouais mais c’est les Elfes, c’est normal qu’ils avancent tous en même temps, c’est parce qu’ils sont disciplinés », okay, mais est-ce que c’est normal qu’ils aient TOUS EXACTEMENT LA MÊME TAILLE ?)

Bref, la bataille s’engage, mais tu te doutes bien que Peter Jackson n’allait pas s’en tenir au bouquin. Et d’ailleurs, dans un sens, on ne peut pas le blâmer, puisque de 1 les scènes de bataille c’est le dada de Jackson, et de 2 les scènes de bataille c’est la grande hantise de Tolkien.

D’ailleurs, voici comment se déroule la bataille dans le livre (attention, ça va vite) :

Tous les gentils se rallient contre les méchants: les Elfes prennent position au Sud, les Hommes et les Nains à l'Est. (Les Orcs viennent de Gundabad, au Nord.) Les Elfes chargent en premier, et, juste quand les Orcs se remettent de la première vague, les Nains et les Hommes chargent et les massacrent. Les Orcs se replient tant qu'ils peuvent et lancent une seconde offensive, avec cette fois-ci les Wargs et les Chauve-Souris. Au milieu de la mêlée, Thorin se joint à la bataille, et tous les Nains se rallient à lui et se battent avec une ardeur renouvelée. Mais les hordes d'ennemis sont trop nombreuses, et ils sont peu à peu acculés par les Gobelins.

Bilbo regarde tout le spectacle en mode invisible (il a mis l'Anneau dès le début de la bataille) et commence à se dire que tout le monde va mourir, quand soudain, il voit les Aigles arriver à la rescousse! Puis une pierre lui tombe sur la tête et il s'évanouit, et quand il se réveille, la bataille est finie, Fili et Kili sont morts, et Thorin a juste le temps de lui demander pardon avant de mourir lui aussi.

Bilbo apprendra plus tard que, même avec les Aigles, la bataille était perdue, et que c'était finalement Beorn qui avait sauvé le cul à tout le monde en entrant dans la bataille comme un énorme Berserker et en tuant quasiment tous les Gobelins à lui tout seul.



(Badass.)

Bref, dans le film, c’était donc normal d’étoffer la bagarre un peu.

Un peu.

On a dit « un peu », Peter.

Comment ça, les Orcs décident d’attaquer Dale ? Attends, y’a deux batailles maintenant ? Avec des civils? Mais….

Comment ça, ils ont des Trolls ? Mais ça suffisait pas les Wargs et les Chauve-Souris ? Je….

Comment ça, plus de scènes avec Jar-Jar Binks ?


Bon, ben voilà, on aurait pu avoir une bataille de vingt minutes bien rythmée (même si très moche), mais non, maintenant on doit se farcir presque une heure de va-et-vient entre la vraie bataille et l’attaque sur Dale. Et d’ailleurs laisse-moi te conter l’attaque sur Dale, tu verras que niveau scénar, c’est du lourd.

En gros, Bard retourne à  Dale chercher ses enfants (tu te rappelleras que, dans le livre, tous les civils sont super loin de la bataille) (d'ailleurs on sait même pas si Bard a des gosses ou pas) (en fait on s'en fout).

Bref, Bard est informé par les passants les plus utiles du monde que petit 1 ses enfants sont au marché et que petit 2 les Orcs ont envahi le marché. Il vole donc à leur rescousse et les aperçoit au bout de la rue juste quand un Troll leur fonce dessus. Il saute alors dans une charrette et dévale la rue pour les rejoindre.

Et là, le troll qui vient tuer les enfants de Bard décide de Smauger pendant quarante minutes pour ABSOLUMENT AUCUNE RAISON si ce n’est l’envie explicite que Bard vienne le buter.

(Deux fois dans un seul film, ça commence à faire lourd.)

En effet, quand Bard grimpe dans la charrette, les enfants et le troll sont à l’autre bout de la rue :



(Et on voit clairement que le troll est déjà sur eux.)

Puis le troll lève sa massue, et s’arrête pour regarder Bard :


Alors que Bard est encore SUPER LOIN !


(T’avais le temps de les tuer trois fois et il te restait encore le temps  de te pousser du chemin tranquillement, gros.)

Mais non, à la place, il reste juste planté là comme une asperge et il attend de se faire tuer sagement.

(Oye oye oye.)

Puis Bard confie ses enfants à Jar-Jar alors qu’il sait très bien que c’est un lâche et un couard (médaille d’or du meilleur des papas) et Jar-Jar abandonne évidemment les enfants et pousse les vieux pour aller se réfugier, et là tu te dirais qu’on a eu droit à tous les clichés possibles et imaginables sur ce mec, mais ensuite on le retrouve déguisé en femme avec des faux nichons qui sont en fait des pièces d’or et PARDON MAIS EST-CE QUE PETER JACKSON VIENT DE PLAGIER ROBIN DES BOIS ?



(Ah ouais, dis donc, pfiou.)

Enfin bon, pendant ce temps, la bataille fait rage et Thorin fait le fifou tout seul au milieu de son trésor et il voit des dragons nager dans l’or liquide :


(Fais tourner l’adresse de ton dealer, Oakenshield.)

Et puis après un petit bad trip, il décide d’aller se tataner quand même, et, après force ralentis pour avoir l’air épique, il monte une expédition pour aller tuer Azog, avec Fili et Kili (et un autre Nain, franchement me demande pas son nom).

Ils enfourchent donc tous des bouquetins QUOI MAIS QUOI MAIS ATTENDS WHAT THE FUCKING FUCK ?


Alors on ne va même pas commencer à parler de montures ridicules, parce que bon voilà, visiblement c’était le but de ce film de faire n’importe quoi avec les modes de transport de la Terre du Milieu.

Par contre, j’aimerais bien savoir d’oùsortent ces bouquetins.

Nan parce que là, dans le film, Thorin fait « On va tuer leur meneur », et hop il saute sur un bouquetin qui était là, au milieu du champ de bataille, sellé et tout. Sauf qu’avant, on a vu l’armée de Dain avancer, et excusez-moi du peu mais, à part Dain et son cochon, TOUT LE MONDE ÉTAIT A PIED !


(Tu vois des bouquetins, là ?)

(Moi je vois un cochon et ce qui semble être deux poneys.)

(Et même en admettant que ce sont des bouquetins, ça fait un total de deux, pas quatre.)

Et bon d’accord, c’est un détail, mais franchement, est-ce que ça aurait été si difficile de caser quatre bouquetins en images de synthèse dans un ou deux plans d’ensemble, au début de la bataille ?

Là, non, on dirait que tout le monde s’en fout.

- Et la, Thorin et les trois autres Nains enfourchent des bouquetins !
- Super ? Ils viennent d’où ?
- ON S’EN BRANLE !
- Okay, génial ! Un autre rail de coke ?


Bref, tout ce petit monde part à l’assaut d’Azog, mais forcément c’est un piège tendu par l'Orc. Bilbo décide d’aller les prévenir avant qu’il ne soit trop tard, et tombe au milieu de plein d’ennemis, mais fort heureusement pour lui, il semblerait que les adversaires dans les films du Hobbit soient étalonnés avec le level du personnage, du coup, il a de la chance, il tombe que sur des gobelins  lvl 1 qu’il tue avec des pierres.

Si si.

Il TUE des GUERRIERS GOBELINS avec des CAILLOUX.


(Alors que franchement, même dans les RPG level 1, on te file au moins une épée en bois.)

Mais bon, il finit quand même par se faire assommer par un des guerriers (qui aurait parfaitement pu utiliser sa lame, mais décide d’utiliser le manche de son arme, car il est très respectueux des personnages principaux), et Bilbo tombe gentiment dans les vapes.

Pendant ce temps, Legolas et Tauriel se ramènent dans la partie et décident d’aller aider Thorin et compagnie, et c’est parti pour le festival des Legolades :

On a d’abord cette scène SUBLIME où Legolas s’accroche à une chauve-souris géante pour rejoindre le lieu de la bataille, ce qui nous fait ajouter un animal de plus dans la très longue liste de modes de transports improbables :


(Les ascenseurs chauve-souris, les ascenseurs du futur !)

Puis s’ensuit une bagarre très pénible entre Legolas et Orc Moche Numéro Deux, où, comme dans le second volet, il n’y a aucune tension, puisqu’on sait très bien que c’est Legolas qui va gagner et qu’il va s’en sortir indemne.

(La seule bonne idée de cette scène étant de montrer Legolas à court de flèches – ça, j’avoue, c’était pas mal.)

D’ailleurs, je ne mentionnerais même pas la bagarre si elle n’avait pas été prétexte à la scène la plus tragiquement mémorable de ce film, à savoir celle de Legolas faisant un gros doigt aux lois de Newton.


(It's time to try, Defying gravityyyy. I think I'll try, Defying gravityyyyy…)

Et là, on aura beau me parler de la qualité des Elfes qui peuvent marcher sur la neige sans s’enfoncer dedans et tout le toutim, pardon, mais quand je vois cette scène, ça me fait penser à un jeu Mario. Toute la bataille a d’ailleurs furieusement des allures de jeu vidéo, type duel entre le personnage principal et le boss de fin de niveau sur un pont suspendu :


(Round 1, FIGHT !)

Bref, il tue le méchant, tu t’en doutais.

Et sinon, Azog chope Fili dans son piège et l’exécute en mode « Mafioso » devant Thorin, qui, enragé, se lance dans un duel avec l’Orc sur un lac gelé. Pendant ce temps, Tauriel vole au secours de Kili, mais bon voilà, tout ça ça dure des plombes, alors je vais te l’abréger : bagarre, bagarre, Kili meurt, Tauriel pleure.

Entre-temps, c’est l'affrontement acharné entre Azog et Thorin, et finalement ce dernier arrive à piéger l’Orc sous la glace.

Et là on pourrait croire qu’Azog est mort, mais non ! Non non non ! Il entre en mode full « Souviens-toi l’été dernier » et revient après cinq minutes en apnée sous la glace pour pourfendre Thorin :


(« Surpriiiiise ! »)

Bon bref, je vais pas te faire un dessin, chacun plante l’autre, tout le monde meurt.

(On dirait le résumé d'un épisode de Game of Thrones.)

A ce moment, Bilbo se réveille et se rend compte que la bataille est en train d’être gagnée, puisque comme dans tout bon Tolkien, les Aigles sont venus tout arranger

(Par contre, presque aucune mention de Beorn, je suis super déçue.)

(Le budget CGI avait dû être bouffé par les filtres Intagram sur les levers de soleil.)

Bilbo retrouve Thorin mourant et ils ont une jolie discussion sur le foyer, les arbres, et le pouvoir de l’amitié, puis Thorin meurt.

C’est la fin du film, et c’est le moment des conclusions pour tous les personnages. 

Dans le livre, Bilbo prend congé des Nains et repart vers la Comté avec Gandalf, non sans s'arrêter au passage chez Elrond le temps de réciter vingt-huit pages de poèmes.

(Ah ben ça, ça reste du Tolkien.)

Le livre s'achève sur une visite de Gandalf et Balin quelques années plus tard (Balin est alors seigneur de la Moria), et ce dernier apprend à Bilbo que la nouvelle ville des Hommes est prospère et que tout le monde est heureux, et c'est la fin.

Dans le film, on a quelques additions à cette trame, notamment Legolas qui reçoit des avis lourdingues de son père :

- Va vers le Nord et trouve les Dunedain. Il y a un jeune rôdeur parmi eux (WINK WINK), le fils d’Arathorn (NUDGE NUDGE), qu’on appelle Grand-Pas (WINK WINK). Quelqu’un qui va devenir très important (NUDGE NUDGE).
- Et comment s’appelle-t-il ?
- Ben c’est AragaoAH PARDON, hm…. Tu devras découvrir son nom par toi-même, clin d’œil, clin d’œil.


(Oh putain que c’est pénible.)

Les Nains prennent chacun leur chemin, Bilbo rentre chez lui, et Gandalf part enquêter, parce qu’il est persuadé que Bilbo a récupéré un anneau de pouvoir lors du voyage.

(Et Tauriel ? Rien, elle pleure, c’est tout.)

Le film s’achève sur Bilbo vieux (joué par Ian Holm, comme dans le Seigneur des Anneaux), enfermé chez lui juste avant sa grande fête d’anniversaire, quand Gandalf toque à la porte. La boucle est bouclée.

Générique.

(Fiou.)

Alors, en rétrospective, qu’y-a-t-il donc à tirer de cette Trilogie du Hobbit ?

Les trois chansons des troisgénériques, qui sont franchement toutes très cool (la musique de la Trilogie en général est aussi très bien), et la performance magistrale de Martin Freeman qui excuse beaucoup de choses dans ce film.


(Gros gros love sur Martin Freeman)

Et à part ça ?

RIEN.

Ces trois films n’étaient pas justifiés et ne méritent pas d’exister.

Je propose qu’on les mette dans le trou noir où on a jeté Star Wars : La Menace Fantôme et qu’on n’en parle plus jamais.

Et je vote pour qu’on dise tous à nos enfants que le Seigneur des Anneaux est une Trilogie, point barre.

Deal?

Deal.

(De toute façon on va déjà leur mentir pour le Père Noel et le lapin de Pâques, on n’est plus à ça prêt.)

L'instant Kiwi: Auckland, Livre I

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(One Tree Hill, Auckland)

Penchons-nous un peu sur la capitale officieuse de la Nouvelle-Zélande pour cet instant Kiwi.

Je dis « officieuse », car quelqu’un d’aussi éduqué que toi sait naturellement que la vraie capitale de la Nouvelle-Zélande, c’est Wellington. Mais (comme chez nos voisins Aussies, dont la capitale est Canberra – alias la ville dont t’as jamais entendu parler) c’est facile de se tromper, étant donné qu’Auckland est de loin la plus grande ville du pays (avec plus d’un million d’habitants de plus que Wellington – 1,5 millions contre quatre cent mille) et en est aussi le centre économique majeur.

D’ailleurs, Auckland était la première capitale du pays, bien que brièvement (pendant vingt-quatre ans seulement) et à une époque ou y’avait plus de forêts que de maisons sur le territoire d’Auckland (entre 1841 et 1865). (En 1865, Wellington a été nommée capitale parce que plus proche de l’Ile du Sud.)

Il n’empêche que, même si Auckland n’est pas la capitale officielle du pays, c’est quand même elle qui gère tout ce qui touche aux affaires et à la finance, ce qui n’est pas rien.

Alors okay, Wellington, elle a les administrations, le siège du gouvernement, les arts, la culture, l’urbanisme, et les transports en commun.

Oui mais nous on a le POGNON !


(Les Aucklandais, une illustration.)

Bref.

J’ai décidé de t’instruire un peu la mouilleà grands coups de statistiques très objectives et de mes impressions absolument pas objectives, pour te peindre un portrait de cette ville où je vis.

Et la première partie sera consacrée à répondre à la question qu’on m’a beaucoup posée :

- Si je visite la Nouvelle-Zélande, combien de temps est-ce que je dois consacrer à Auckland ?

La réponse est très simple : ZERO.

Si tu viens en Nouvelle-Zélande, ne passe pas une seule minute à Auckland. Sérieusement. Sors de ton avion, loue ta bagnole, et mets la gomme.

Et je sais que c’est très dur à suivre comme conseil, parce qu’en tant qu’Européens, quand on part en voyage, on ne passe pas par une ville sans s’y attarder au moins une-demi-journée. C’est presque une question de politesse.

Mais là, je te demande de me faire aveuglément confiance, comme Jasmine avec Aladdin : 


Refoule tes instincts Européens. Ne passe pas « juste une journée pour faire le centre-ville. » 

NON. CASSE-TOI TOUT DE SUITE, ET NE TE RETOURNE PAS.

Tiens, tu sais quoi, je vais t’épargner le doute et l’anxiété en te montrant ce que tu loupes. Tu veux voir le centre-ville d’Auckland ? Le voilà :


(Ah ouais, ça aurait été bête de louper cette rue avec ces magasins Chinois dessus, dis donc.)

Si vraiment tu y tiens, fais une petite pause pipi après avoir passé le pont lors de ta route vers le Northland, et prends une jolie photo de la skyline :


Maintenant, c’est bon, t’as le meilleur souvenir d’Auckland qu’on puisse avoir, parce que c’est littéralement la seule chose à voir.

Et là, à m’entendre, tu dois être en train de te dire que je suis une vieille aigrie qui déteste Auckland. Mais en fait, non. J’adore habiter à Auckland.

C’est vrai que les logements sont chers, mais en contrepartie, toutes les maisons sont grandes et ont des jardins, et t’as jamais de voisins au-dessus de ta tête.

C’est vrai que les transports en commun sont inexistants, mais pour une si grande ville, le trafic est remarquablement fluide, et les Aucklandais sont super courtois au volant.

C’est une ville propre, sans pollution, le climat est agréable, on trouve du travail facilement, la criminalité est quasi-inexistante, tout le monde est super gentil, y’a plein de bouffe indienne et thaï partout, et on n’est jamais à plus de vingt minutes de la plage.

Donc, en somme, Auckland est une ville agréable et où il fait bon vivre. Et c’est pas moi qui le dit, c’est tous les classements des « meilleures villes où habiter », où Auckland est en général toujours dans le top 5, quelque part entre Oslo et Copenhague.

Par contre, ben, en tant que touriste, c’est zéro.

Il n’y a rien à voir, il n’y a rien à faire.

Pas de centre historique, pas de musées, pas de shopping intéressant, pas d’architecture novatrice, pas de petits cafés sympas dans des jolies petites rues piétonnes. 

RIEN.

Y’a des hôtels hors de prix, des restaurants prétentieux et des gargotes innommables, si ça te chante. Y’a aussi des magasins de souvenirs made in China à la pelle, si c’est ton truc.

Et sinon, niveau shopping, on vient d’ouvrir un Topshop sur Queen Street. Voilà. C’est tout. C’est le seul magasin potable.

Et je ne déconne pas.

Tous les autres magasins d’Auckland se divisent en deux catégories :

1. Vêtements de bureau pour dress code des années 50 → fringues incroyablement chères et immensément austères (pense « cinquante nuances de gris anthracite »).

2. Vêtements de tous les jours avec deux mots-clés : pratique et confortable → LA FÊTE DU MOCHE.

Sincèrement, tu n’as pas réalisé ta chance tant que tu n’as pas navigué dans cet océan de gilets en mérino, de parkas coupe-vent et de pantalons imperméables.

(Ça fait deux ans que j’ai pas vu un vêtement près du corps.) 

(Ici, tout est taillé pour flotter sur ta personne ; comme si tu étais un majestueux voilier humain.)

(Après, j’avoue que c’est confortable, mais bon : des vêtements flottants, quand on fait un mètre cinquante-sept, on a UN PEU l’air sphérique.)

Bref bref.

Tout ça pour dire : visiteur de passage en Nouvelle-Zélande, fais-moi confiance, et passe ton chemin sur Auckland. N’écoute pas ton Routard ou ton Futé, ils sont payes à inventer des trucs intéressants. Auckland, ce n’est PAS intéressant. Tout ce qui peut être vaguement attirant pour un touriste à Auckland, tu le retrouveras ailleurs, en mille fois mieux.

(Les paysages : mille fois plus beaux. Les attractions : mille fois plus cool. Les restaurants : mille fois moins chers. Les bibelots : mille fois plus authentiques.)

(Et si vraiment tu aimes visiter les villes : change de pays.)

C’est bon, je crois que le message est passé, non ?

(Bon, après, si jamais tu décides de faire un tour au bout du monde, comme Clem’, Sarah ou Audrey, n’hésite pas à me faire un coucou quand même.)

Mais finalement, si Auckland c’est la ville la moins touristique du monde, qu’est-ce qu’on y trouve ?

La réponse est : des gens. Plein de gens.

Et c’est d’eux qu’on va parler dans le prochain article. 

Reste en ligne !

L'Instant Kiwi: Auckland, Livre II

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Je t’ai déjà dit qu’Auckland compte un million et demi d’habitants, et tu t’es peut-être dit « ah ouais, c’est assez grand ». Mais en réalité, sur l’échelle du pays, c’est ÉNORME.Ça fait un tiers de la population du pays entier.

(Proportionnellement, c’est comme si Paris comptait 22 millions d’habitants.)

Du coup, dans les nouvelles nationales, c’est quand même très souvent Auckland qui tient le crachoir (surtout dans les rubriques « Économie », « Business », « Sports » et « Faits divers »). Et le reste de la population a de plus en plus tendance à mépriser les Aucklandais, cf. la recrudescence ces dernières années du terme « JAFA », acronyme pour « Just Another Fucking Aucklander ».

Pourquoi tant de haine ? C’est simple : comme tout habitant des grandes villes, les Aucklandais ne se sentent pas pisser.

Du coup, vas-y que je te bloque toutes les routes du pays à chaque départ en vacances, vas-y que je me ridiculise auprès des Kiwis ruraux parce que j’ai jamais mis les pieds dans un champ de patates douces, et vas-y que je te rabaisse les locaux sans même m’en rendre compte à coups de « C’est mignon chez vous en province, c’est champêtre ».Bref, des grands classiques.


À ceci près que la dichotomie monde urbain/monde rural est quand même beaucoup moins marquée qu’en Europe, parce que, les Aucklandais ont beau vivre en ville, et certains d’entre eux ont beau essayer de toutes leurs forces de vivre un « urban lifestlye »,
ça reste quand même des bons gros ploucs.

(Sophistiqué mes couilles oui, CES GENS NE METTENT PAS DE CHAUSSURES.)

(À quel moment est-ce qu’on peut se voiler la face suffisamment pour s’imaginer être quelqu’un de branché, quand on fait partie des gens qui vont faire leurs courses pieds nus, escortés de mômes en pyjama ?)



(Les Aucklandais au supermarché, une illustration.)

Bref.

Toujours est-il que, quand Flaxou et moi on part crapahuter dans le bush, on privilégie l’aspect « On est des Français » plutôt que de dire « On vit à Auckland », ça évite qu’on se fasse traiter de JAFAs derrière notre dos.

(Car, gros avantage, les Français ont le droit d’être prout-prout.)

(Limite ils seraient déçus s’ils apprenaient qu’on fait aussi nos courses en pyjama, comme tout le monde.)

J’avoue qu’au départ, j’étais étonnée de la manière dont les Aucklandais sont perçus dans le reste du pays, parce qu’on parle quand même du tiers de la population totale, donc est-ce que ce n’est pas un peu se tirer une balle dans le pied que de détester en bloc un tiers de ses compatriotes ?

Et puis ensuite, j’ai vu le terme JAFA utilisé à Auckland. Genre, y’a une entreprise de taxis qui s’appellent JafaCabs, un bar qui s’appelle JAFA pub, et le New Zealand Herald (dont les bureaux sont basés ici) utilise souvent le terme comme synonyme d’ « Aucklandais » (sans connotation négative). Donc là, j’étais encore plus étonnée, jusqu’à ce que l’on m’informe que les Aucklandais avaient décidé de se réapproprier le terme JAFA, et d’en fait l’acronyme de « Just Another Fantastic Aucklander ».

Sérieusement ?

C’est un peu le coup du môme rejeté à l’école que personne n’invite aux anniversaires et à qui ses parents disent « C’est parce que tu es trop intelligente, tu intimides les autres enfants, mais en vrai tout le monde t’aime, Charlotte ».

(Flash info : ceci était une anecdote réelle.)

(Autre flash info : les parents sont des gros menteurs.)

Et donc, les Aucklandais ont décidé de se renommer « gens les plus géniaux et les plus cools du monde », parce qu’ils sont intimement persuadés que l’inimité ressentie à leur égard dans le reste du pays est en fait de l’envie, parce que tous les autres Kiwis sont jaloux de ne pas avoir le privilège de vivre à Auckland.

Donc maintenant je comprends un peu mieux pourquoi tout le monde les déteste.




(Bloody JAFAs.)

Il faut dire aussi qu’Auckland est une ville à part du reste de la Nouvelle-Zélande, et cette culture spécifique y est surement pour beaucoup dans son rejet.

Déjà, Auckland, c’est au Nord. Très au Nord. Donc rien qu’au niveau géographique, je conçois que ça puisse être assez balèze pour un gus de l’Ile du Sud de se sentir culturellement proche de gens qui vivent, non seulement a mille bornes, mais en plus sur une autre île, et même carrément dans un autre climat.

(Difficile pour le mec qui vit à Queenstown sous dix mètres de neiges éternelles de se farcir le JT National qui répète en boucle que l’autre jour, ouah dis donc, y’a eu un millimètre de grêlons à Auckland et même qu’ils ont mis au moins dix minutes avant de fondre complètement, zyva la panique totale.)

(Un peu comme toi et moi on rigole quand on voit le JT Français l’hiver, qui nous montre des Parisiens terrifiés par deux flocons de neige.)

Et l’autre facette de cette culture à part, c’est les habitants d’Auckland. Avec 40% de sa population née à l’étranger (contre 25% dans le reste du pays), Auckland concentre la quasi-totalité des immigrants en Nouvelle-Zélande– ce qui est logique, vu que c’est l’endroit où l’on trouve du travail le plus facilement : Wellington concentre majoritairement des emplois de la fonction publique (occupés par des citoyens uniquement) et Christchurch souffre toujours du contrecoup du tremblement de terre de 2011, et donc, à part les gens qui bossent dans la construction, plus personne ne veut y aller.

(En plus Christchurch c’est plein de skinheads, alors le choix est vite fait.)

Du coup, c’est pas étonnant que la majorité des gens immigrant en Nouvelle-Zélande se retrouvent à Auckland (fun fact : Auckland est la plus grande ville polynésienne du monde, en nombre d’habitants).

Et les Kiwis sont bien rapides à s’écrier que leur identité nationale complètement volée aux Anglais dès le départ se perd dans cet infâme melting pot… en oubliant que, la première source d’immigration à Auckland, ça reste les Kiwis eux-mêmes : parce que oui, rappelons-le, plus de 50 Néo-Zélandais déménagent à Auckland chaque jour, des étoiles plein les yeux et la tête pleine de rêves à l’idée de goûter enfin ce doux rêve urbain.



(Han, qu'est-ce que j'ai hâte de chausser mes bottes en caoutchouc pour marcher dans des rues pavées!)

Pour résumer : Auckland a un attrait paradoxal dans le reste du pays : d’un côté, les Aucklandais ont une super mauvaise réputation : on les juge hautains (alors que franchement pas), désagréables (alors que c’est les Bisounours les plus gentils du monde), et trop sophistiqués (LOL).

J’ai aussi entendu qu’il y a un cliché comme quoi les Aucklandais seraient de mauvais automobilistes, et tout ce que je peux dire là-dessus, c’est : sérieux, ne viens jamais en France.

(Rappelons que je n’ai toujours pas entendu le son d’un klaxon dans ce pays.)

(Pourtant je sais qu’ils existent, un jour j’ai utilisé le mien.)

(C’était par erreur, j’ai appuyé dessus en faisant une manœuvre pour entrer dans le garage.)

(Et j’ai failli mourir d’une crise cardiaque tellement je suis plus habituée à ce son.)

Bref.

Mais malgré cette mauvaise image, les Kiwis continuent de déménager en masse vers Auckland, principalement pour trouver du boulot (et arrêter de se geler les miches dans des maisons pas isolées au milieu de la neige, et/ou arrêter de se prendre des séismes sur le coin de la gueule).

Donc au final, Auckland, c’est une grande foule bigarrée, composée principalement de Néo-Zélandais, de Polynésiens, et d’Asiatiques. Et j’ai vanné les Aucklandais pour leur côté campagnard, mais on ne peut pas nier qu’Auckland a un aspect très urbain comparé au reste du pays : on trouve quand même des appartements en ville (une hérésie pour tout bon Kiwi qui se respecte) et il faut bien avouer que les divertissements sont plus à base de « Concert en plein air » et « Festival de cinéma » que « Concours de pêche à la truite » ou « Championnat de lancer de botte en caoutchouc ».

(Si si, ça existe → plus de détails sur ce beau sport ici)

(Y’a même le championnat du monde cette année en Italie, la vie de ma mère c’est vrai.)

(Et ici, c’est retransmis à la télé en live.)

(Les gens se lèvent au milieu de la nuit pour voir des paysans lancer des bottes dans un champ.)

(Ce pays, non mais sérieux.)

Alors, ça c’est pour le résumé des Aucklandais.

Mais au final, Auckland, ça ressemble à quoi ?

Eh ben c’est comme plein de petits villages tous collés les uns aux autres, et c’est d’eux qu’on va parler dans le prochain article.

Reste à l’écoute !



PS: Au fait, j'ai un compte Twitter maintenant! Bon, pour le moment, y'a rien dessus, parce que je suis encore en train de chercher à comprendre comment fonctionne Twitter (3615 vieille dame). Mais une fois que j'ai compris le schmilblick, je mettrai des liens vers les nouveaux articles, et des fois je t'écrirai des mots doux - si j'arrive à respecter la limite de caractères, et vu mon penchant pour l'épanchement, c'est pas dit.

Bisous sur ton chat!


(Et, si t'as un chien, gratouillage de derrières les oreilles sur ton chien.)

(Mais pas de bisous.)

(Les chiens ça pue.)

L'Instant Kiwi: Auckland, Livre III

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Bon alors on cause, on cause, mais avec tout ça, je t’ai même pas encore parlé d’Auckland même.

Alors tout d’abord, des bases de géographie : Auckland, c’est ici :


C’est donc au Nord de l’Ile du Nord, dans le golfe de Hauraki (prononcer « Hha-ou-ra-ki » en roulant un peu le R pour les puristes du Maori, ou « Hha-ra-kee » si vous êtes un Kiwi qui s’en fout). Le mot signifie « Vent du Nord » et c’est bien normal, parce qu’on a le vent du Nord qui souffle presque tout le temps, ce qui garantit un climat doux.

(Ah ben ouais, tout est à l’envers ici, donc le vent du Nord, c’est celui qui est chaud.)

Auckland était déjà une région habitée quand les colons sont arrivés, puisque les Maoris y vivaient depuis le XIVe siècle. La région était moins froide que les plateaux du Sud et était super fertile, ci-mer les trois mille volcans qui entourent Auckland (et qui sont toujours techniquement actifs).


(Le Mont Wellington, juste à côté de ma maison, eh ben c’est un volcan.)

(On cherche pas la merde du tout.)

Étymologiquement, Auckland, comme presque toutes les grandes et moyennes villes de Nouvelle-Zélande (Wellington, Christchurch, Queenstown, Gisborne, Napier, Hamilton, New Plymouth, etc.) a un nom anglais, et non pas un nom maori. Pas tellement dans un effort de la part des colons de supprimer la toponymie maorie (la grande majorité des lieux en Nouvelle-Zélande porte les noms d’origine), mais plutôt parce que c’était le summum du lèche-cul à l’époque de renommer les villes coloniales d’après ses supérieurs hiérarchiques, histoire de se faire mousser.

(Un peu comme si aujourd’hui, le maire de Paris décidait de renommer la ville Hollandsbourg, pour cirer les pompes du président.)

Auckland, donc, a été nommée par le Gouverneur de l’époque d’après un mec qui s’appelait George Eden, Comte d’Auckland, et était à ce moment-là Gouverneur général des Indes. Aucun rapport a priori, sauf que le Gouverneur de Nouvelle-Zélande le connaissait bien, et chais pas trop, peut-être que c’était son pote et qu’il voulait lui donner un p’tit kif genre "Eyyyy bro I named my new city after you, eh ?", ou peut-être qu’il voulait une promotion mais qu’il était pas d’accord pour sucer, le mystère reste complet. 

En tout cas, ce qui est sûr, c’est que la ville est maintenant nommée Auckland, d’après un type qui n’y a jamais mis les pieds.

(Petit aparté : un quartier d’Auckland s’appelle Mount Eden, encore une fois nommé d’après George Eden.) 

(Vas-y mollo sur le cirage, monsieur le Gouverneur, ça va se voir.)

Niveau climat, j’en ai déjà parlé moult et moult fois sur ce blog donc je ne vais pas m’attarder dessus, mais les deux mots à retenir, c’est « doux » et « humide ». On est en effet en pleine zone subtropicale, ce qui n’est pas aussi exotique que le nom pourrait l’indiquer parce qu’en gros on se tape le même climat qu’en Normandie.

(Glamour.)

À Auckland, donc, le mot d’ordre, c’est la constance → comprendre : il fait 15 degrés toute l’année et il s’arrête jamais de pleuvoir.Ce qui est super quand on veut faire du jardinage, mais moins super quand on est un être humain qui aime le soleil.

(Flaxou le vampire, en revanche, est comme un coq en pâte.)

Bon, évidemment, je force un peu le trait, mais pour quelqu’un comme moi, qui a grandi dans le climat semi-continental de l’Alsace, c’est un peu raide de devoir d’un seul coup affronter des hivers super doux (on ne descend jamais au-dessous de 10 degrés – et y’a pas de neige), des étés hyper frais (tu peux espérer 26 degrés en journée – journée pendant laquelle les Aucklandais passeront leur temps à geindre et à pousser la clim’ à fond les ballons, car le Kiwi est à l’aise seulement entre 15 et 20 degrés) et, surtout, des barils et des barils de pluie.

(On a quand même régulièrement des week-ends où il pleut l’intégralité d’un mois de novembre à Strasbourg.)

Donc, en résumé, le climat d’Auckland : ma santé lui dit merci pour les hivers sans gel, ma peau lui dit merci pour son hydratation tip top, ma garde-robe lui dit pffff parce qu’on s’habille pareil tout l’année, et mes cheveux lui font un GROS DOIGT.



(Illustration : moi, tous les jours, toute l’année.)

Géographiquement, la région d’Auckland est plutôt plate, sauf pour les volcans qui pointent leur nez un peu partout. J’ai dit trois mille plus haut en figure de style, mais en vrai, y’a quand même une cinquantaine de volcans repartis sur toute la zone constructible de la ville. Fun fact, Auckland est d’ailleurs la seule ville au monde bâtie sur un champ volcanique basaltique encore actif. En gros, même s’il n’y a pas eu d’explosion récente, ça peut péter n’importe quand dans les cent millénaires à venir. 

(Après  ça, normalement, on sera tranquilles.)

Et quand je dis qu’il n’y a pas eu d’explosion récente, faut le prendre avec des pincettes, parce que, par exemple, l’ile de Rangitoto (juste au Nord de la city) est en fait un volcan qui a surgi du sol y’a à peine mille ans, ce qui est absolument peanuts en années géologiques.

Mais tu crois que ça ferait peur aux Aucklandais ? Que dalle !

Les gars ont quand même créé un tout nouveau quartier résidentiel, le bien nommé Stonefields, en creusant direct dans un ancien flot de lave solidifié au pied du volcan Maungarei (Mount Wellington).


(C’est peut-être des ploucs, mais ils sont couillus.)

Niveau logement, j’ai déjà évoqué sur ce blog qu’à Auckland c’est complètement ‘port nawak, donc je ne m’attarderai pas plus sur le sujet. Je te laisse juste avec un petit comparatif de prix : pour acheter une maison en Nouvelle-Zélande, il faut compter en moyenne cinq cent mille dollars pour une maison en ville, et 25% à 50% moins cher en campagne (le prix varie selon la paumitude de l’endroit dans lequel tu vas t’enterrer). 

À Auckland, le prix moyen d’une petite maison (deux-trois chambres, une salle de bains), c’est UN. MILLION. DE. DOLLARS.

Donc quand t’es millionnaire en France, t’as des putes et de la coke. Et quand t’es millionnaire à Auckland, t’as… une petite maison.


Et puis bon, je ne m’attarderai pas sur les transports à Auckland parce que j’en ai déjà parlé ici et là.

Entrons maintenant dans le vif du sujet : chausse tes lunettes et fais bien attention, on va parler des suburbs.

Les suburbs (en anglais « banlieues ») (prononcer "seu-beurbe") désignent les différents quartiers qui composent Auckland, et c’est le cauchemar de tout nouvel habitant.

Pourquoi ? Deux raisons : 

D’abord, parce qu’Auckland étant composée majoritairement de maisons individuelles, la ville s’étend sur une très, très grande surface : plus de mille kilomètres carrés (soit à peu près la moitié de l’aire de Paris).

Et le problème numéro deux, c’est qu’un « suburb » Aucklandais est ridiculement petit.

Genre, t’as deux rues ? T’as un magasin ? Félicitations, tu es un suburb.

Résultat, les conversations avec les Aucklandais, ça donne souvent ça :

- Tu connais un bon restau indien près de Panmure ?
- J’en connais un bon sur Penrose, mais si tu n’as pas peur d’aller plus loin, y’en a un super a Henderson !
- C’est ou déjà, Henderson ?
- Tu vois Hobsonville ?
- Non.
- Tu vois New Lynn ?
- Non.
- Tu vois Glen Eden ?
- Non.
- Tu vois Waitakere ?
- Oui.
- Ben c’est à côté. Juste au Sud de Lincoln, et au Nord de McLaren Park.
- Vers Sunnyvale ?
- Non, juste avant. Juste après Western Heights.
- Aaaaaah, okay, je vois !




(Pendant ce temps-là, le reste du monde)

Et tout ça, c’est dans une zone de dix bornes de long! Et je n’ai nommé qu’une infime partie d’Auckland Ouest!

Moi, par exemple, j’habite à Panmure, je fais mes courses à Pakuranga, je vais à la gym à Glen Innes, et, quand je veux prendre le bus, je marche jusqu’à Mount Wellington. 

Mais c’est ridicule ! 

POURQUOI s’amuser à donner des noms à chaque pâté de maison, et ensuite se donner la peine de RETENIR tous ces noms ? Est-ce qu’on ne pourrait pas faire comme tout le monde et dire « A côté du cinéma » ou « Deux rues après le concessionnaire Ford » ?

Eh bien figure-toi que ça me dérangeait tellement, cette histoire, que, le jour où on m’a présenté une fille qui bosse chez NZ Post, je lui ai sauté à la gorge en disant :

- LES SUBURBS, POURQUOI LES SUBURBS, IL ME FAUT DES RÉPONSES !



Et comme elle était sympa, elle m’a répondu très simplement :

- Bah, si on n’avait pas les suburbs, on saurait jamais où livrer le courrier !

Et j’allais répondre « Tu te fous de ma gueule Micheline, les noms de rue c’est pas fait pour les poules », quand soudain, je me suis rappelé d’un truc :

TOUTES LES RUES ONT LE MÊME NOM.

Sans déconner, j’avais dit une fois sur ce blog que, question toponymie, les Maoris n’étaient pas les gens les plus imaginatifs du monde (rapport au fait que tous les noms de lieux se traduisent en choses comme « la rivière qui va vite », « l’endroit où y’a plein de vent », et autres « la forêt où il pleut la nuit »). Bon. Soit.

Mais au moins ils étaient logiques dans leur démarche !

Parce que les Kiwis, ils ont appliqué leur système vu plus haut pour TOUT !

Et comme c’est tous des monarchistes dégénérés, ce qui devait arriver arriva : à Auckland, on a cinq Queen Street, trois Queens Road, un Queens Drive, et un Queens Avenue. (Idem pour Kings Road, Kings Street, et King Avenue.) Donc vas-y pour t’y retrouver là-dedans si t’as pas le nom du suburb.

Et je ne parle même pas de Great South Road et Great North Road, les cauchemars des postiers.

Allez, si, j’en parle vite fait.

Great South Road et Great North Road sont, comme leurs noms indiquent, deux grandes rues qui, comme leurs noms indiquent pas du tout, traversent Auckland en partant du centre-ville et en allant respectivement vers l’Est et vers l’Ouest. Les routes ont été construites en même temps que la ville, et Great South Road était notamment un projet pour relier Auckland et Hamilton, avant que les autoroutes ne soient construites.

Bon tout ça c’est bien beau, mais ça ne t’explique pas le problème.

Le problème, c’est que Great South Road, par exemple, fait 100 kilomètres de long. Et que, sur ces cent kilomètres, les gens n’ont pas suivi l’ordre normal pour les numéros de rue ! Au lieu de dire« Bon, ici c’est le numéro 1, on continue jusqu’à la fin de la route et ce sera le numéro 3546 » (à l’américaine), à la place, ils ont fait « Non non ! Moi je veux que ma maison elle soit numéro 1. Donc on dit que d’ici à là c’est 1 jusqu’à 325, et puis ça redevient le numéro 1, et on recommence. »


(Ces gens sont des malades mentaux.)

Et comme une petite image vaut mieux qu’un long discours, voilà une petite illustration de l’utilité des suburbs :


(Par contre, j’ai toujours pas compris pourquoi c’est jugé utile de s’y référer constamment à l’oral.)

Je ne vais donc pas te détailler tous les suburbs d’Auckland, sinon on y sera encore dans trois jours, mais je vais quand même te résumer les quartiers principaux qui font toute la saveur de cette ville.

Et ça, ce sera dans le prochain (et dernier) article de la série !

À bientôt !

L'instant Kiwi: Auckland, suite et fin

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Je finis enfin cette série d’articles (qui s’est avérée vachement plus longue que prévue), pour te donner un aperçu d’Auckland via les suburbs qui la composent.

Voici donc mon top 10 des quartiers les plus importants :

1. Le CBD


Le CBD (acronyme pour Central Business District), c’est le centre-ville. On y trouve des magasins, l’université, le jardin botanique, le musée, le théâtre, et surtout plein, plein de bureaux, car c’est le quartier des affaires. 

Le fleuron du CBD, c’est évidemment la Sky Tower, une tour de 328 mètres de haut, et, comme chaque Kiwi ne manquera pas de te le rappeler :

- La plus haute structure érigée par l’homme de tout l’hémisphère Sud ! Et toc les Aussies !

La Sky Tower est relativement récente, vu qu’elle a été ouverte en 1997, et contient des plateformes d’observation, un restaurant panoramique qui tourne, l’obligatoire plateforme de bungee jumping, et… c’est tout.

En fait, on dirait pas à la voir comme ça, mais la Sky Tower est super fine, et dans toute la partie pilier, y’a en fait de la place que pour les ascenseurs.


(C’était bien la peine de construire un truc aussi haut pour ça.)

Bon, après, je suis mauvaise langue, parce que la Sky Tower est aussi un émetteur radio géant, et c’est grâce à elle qu’on capte la radio jusqu’à Bombay.

(Bombay à Waikato, hein, pas Bombay en Inde.)

2. Le North Shore


Au Nord du CBD, on passe un grand pont, et on arrive au North Shore, une aire très vaste et en plein boom de développement, car bien moins chère que le reste d’Auckland.

Comment savoir si un Aucklandais vit au North Shore ? Attends environ trente secondes de conversation, et si tu entends les mots « bridge » et « traffic », c’est le bingo ! 

Car oui, le sujet de conversation numéro 1 au North Shore est celui du transport (qui est de base l’un des sujets favoris des Aucklandais, avec le rugby et la météo). Parce que le North Shore est complètement coupé du reste d’Auckland par la mer. 

Pour se déplacer vers le Sud, TOUS les habitants doivent donc passer par le MÊME pont. 


(Je te laisse donc imaginer le plaisir de prendre ce pont un lundi à 7h30 du matin.)

Comble de malheur, les transports en commun déjà bien maigres dans le reste de la ville ne s’étendent pas jusqu’au North Shore (pas de trains, très peu de ferrys, et des bus qui restent bloqués sur le pont avec les voitures). Ça fait des années que la ville d’Auckland promet de trouver une solution, et notamment d’étendre le réseau de trains, mais pour le moment, aucun changement.

Les gens au North Shore vivent souvent avec un rythme décalé, pour éviter les problèmes de bouchons. Si tu bosses à Auckland centre, tu reconnais donc facilement tes collègues du North Shore : c’est ceux qui sont déjà là quand tu arrives, et qui partent à 15h30 en faisant « Han nan putain ça va déjà être l’heure de pointe merde merde merde ».

Pour résumer, il y a deux avantages à vivre au North Shore : 1. Le logement est moins cher, et 2. Aucun patron ne va jamais contester ton excuse quand tu te pointeras avec une heure de retard. 

3. West Auckland/Waitakere


Les habitants de West Auckland sont appelés « Westies », et j’ai toujours pas réussi à comprendre si c’est une insulte ou non. Au départ, c’était clairement péjoratif : le terme « Westie » s’utilisait comme un synonyme de « beauf », pour désigner une tranche de la population relativement bas sur l’échelle sociale, peu éduquée, et vulgaire. (Pense « Joggings Adidas et leggings léopard ».) Ceci parce que West Auckland était une zone où vivaient principalement des ouvriers. Mais avec la hausse des prix, la démographie du coin a changé, et les gens s’appellent maintenant « Westies » sans qu’il semble y avoir de connotation négative. 

À West Auckland, tu trouveras aujourd’hui surtout des militaires (les bases de la Royal Air Force sont toutes proches) et des sportifs, attirés par la proximité de Waitakere Ranges, un grand parc naturel super chouette.

(Le genre de personnes qui font que manger du granola et qui mettent des T-Shirts avec soutif intégré.)

4. Manukau/South Auckland


D’après les Kiwis, le quartier craignos ; d’après les gens normaux, le quartier pauvre.

Je l’ai déjà dit et je le répète : les Kiwis sont bien mignons dans leur monde de gentils Ewoks, mais ils n’ont strictement aucune idée de ce qui « craignos » signifie vraiment. Ils pensent qu’ils savent, mais ils savent pas. Toutes leurs notions d’insécurité sont basées uniquement sur le type de population vivant à un endroit donné (si x=pauvres et y=basané, alors z=danger).

Je ne compte plus le nombre de fois où on m’a dit de verrouiller ma voiture si je traversais Manukau (genre c’est Walking Dead, les gens vont se jeter sur ta caisse pendant que tu roules) ou de ne pas marcher de nuit à Otara (c’est quoi le deal, c’est comme Minecraft ? si je reste dehors après la tombée du jour, y’a des squelettes qui viennent me taper ?) et à chaque fois je leur dis STOP, arrête-toi de parler tout de suite Micheline, tu jettes l’opprobre sur ta personne à chaque seconde qui passe. 

Parce que ces quartiers ne sont PAS craignos. C’est des pavillons un peu moches et des jardins pleins de pièces détachées. C’est tout. Pas de graffitis, pas d’abribus vandalisés, pas de poubelles cramées. Personne qui t’agresse, personne qui te rackette, personne qui t’insulte, personne qui te bouscule, personne qui crache des mollards glaireux juste à tes pieds quand tu passes dans la rue. 

(Y’a des quartiers respectables à Strasbourg qui sont loin d’afficher ce degré de sympathie.)

Mais les bons Kiwis bien obtus évitent encore et toujours South Auckland, par peur, sans doute, de se faire égorger et manger en rôti s’ils restent sur place plus d’une-demi seconde.

(Les mecs, tu les emmènes en banlieue parisienne, ils vont se croire à Beyrouth.)

5. Newmarket


Le quartier chic et branché pour jeune cadre dynamique pété de fric.

Situé pas très loin du CBD (mais assez loin quand même pour que ce ne soit pas trop la galère d’y accéder), Newmarket concentre tout ce qu’Auckland arrive à fournir en matière de classe et de sophistication.

Donc, si tu cherches des meubles design importés du Danemark ou des restaurants nouvelle cuisine fusion, ou simplement si t’as un million de dollars sous la main et que tu irais bien t’acheter la nouvelle Mini Cooper, c’est là qu’il faut aller.

6. Ponsonby


Le quartier bobo/hipster pour tattoo artist à succès ou retraité cosmopolitain qui ne sait pas quoi faire de sa thune.

Situé juste à côté du CBD et à l’exact opposé de Newmarket, Ponsonby est LE quartier le plus cher de toute la ville, et d’ailleurs de tout le pays (compte un million et demi de dollars en moyenne pour une maison). 

C’est aussi LE quartier branché par excellence, et c’est facile à reconnaître : c’est le seul endroit de la ville où il y a de l’animation passé 20h30. On y trouve des boutiques de designers locaux, des créateurs de mode, des salons de tatouage, des studios de peinture, des galeries d’art, et à peu près cinq mille restaurants ambiance cantine rétro où tu raques cent boules pour manger des frites dans des petits seaux en étain.

Le Ponsonbien par excellence est donc riche, branché, bobo, fêtard, et bien souvent étranger (vu qu’un Kiwi fêtard, c’est un peu comme un Allemand en retard : une aberration de la nature). 

Donc, si tu veux rencontrer des artistes Brésiliens ou des tatoueurs Américains, direction Ponsonby !

7. Parnell


Alias la Foire aux Français. Également l’un des quartiers les plus beaux et les plus anciens (et les plus chers) d’Auckland. 

Situe à équidistance entre Newmarket et le CBD, Parnell est un quartier calme et paisible, et surtout hyper joli. Chaque maison du coin est estampillée bâtiment historique (parce qu’elle date d’avant 1950) (ils sont tellement mignons) et on y trouve environ huit millions d’antiquaires.

Parnell est également l’endroit où se tient tous les week-ends le marché français, véritable institution d’Auckland, et qui explique pourquoi la majorité des Français riches vivent dans le coin (parce que c’est eux qui vendent les produits au marché.)

(Et si tu te demandes comment on peut devenir riche en vendant du fromage sur un marché, viens jeter un œil aux prix et tu comprendras vite.)

8. Remuera


(Si t'as pas de piscine à Remuera, t'as raté ta vie.)

(C'est une blague.)

(Parce que c'est impossible de trouver une maison sans piscine à Remuera de toute façon.)

Remuera n’est étonnamment pas le quartier le plus cher d’Auckland (même s’il reste dans le top 5), mais son nom est passé dans la culture populaire comme synonyme de la haute bourgeoisie, ou du moins ce qui s’en approche dans un pays sans classe (dans tous les sens du terme).

C’est un quartier très beau, avec des maisons qui tiennent plus du manoir qu’autre chose, et c’est rempli de gens dont tu voudrais usurper l’identité.

(Si si, crois-moi.)

Petite anecdote marrante : le reste de la Nouvelle-Zelande se réfère aux 4X4 urbains (grosse grosse passion à Auckland) comme de « Remuera tractors », ce qui me fait beaucoup rigoler.

9. Howick


AKA « Chinatown ». Howick et les quartiers alentour (Pakuranga, Botany) concentrent la majorité de la population Chinoise d’Auckland, donc, si tu cherches du tofu soyeux ou que tu as l’envie soudaine d’acheter un sac de onze kilos de pousses de soja, c’est par là qu’il faut aller.

(J’ai aussi vu des sacs de 50 kilos de riz dans les supermarchés chinois, et je cherche encore qui peut bien acheter ça.)

(« Oh chérie, regarde ! Si on achète ça d’un coup plutôt que cinquante paquets individuels sur trois ans, on économise presque deux dollars ! »)

Howick est aussi le siège du village historique, un genre d’Écomusée en moins bien (ils ont pas de canards). Donc, si tu as un enfant qui va à l’école à Auckland, il va forcément y faire au moins une sortie par an, et s’y faire chier à mort.

(C’est un genre de rite de passage.)

(Comme les sorties scolaires en Alsace, mais avec moins de camps de concentration.)

10. Mount Eden 


Le seul quartier à abriter à la fois un volcan, une prison, et un stade de rugby. (Et tout ça sur seulement cinq pâtés de maison !)

Aussi connu comme le quartier où tout le monde déteste habiter, puisque c’est là que se situe Eden Park, le plus grand stade du pays (capacité : cinquante mille personnes - soit 1% du pays entier, quand même) et que c’est notamment ici que jouent les All Blacks. Donc, si jamais tu viens d’arriver à Auckland et que tu te dis :

- Dis donc, c’est vraiment raisonnable, les loyers sur Mount Eden ! En plus c’est pas loin du CBD, c’est chouette !

Dis-toi que si une offre a l’air trop belle pour être vraie, c’est qu’elle l’est probablement.

(En gros : prépare-toi à t’emmurer chez toi avec des boules Quiès les soirs de match.)

Bonus : Waiheke Island


Bon, techniquement, Waiheke ne fait pas partie d’Auckland, parce que c’est une île. Mais je la mets quand même dans le tas, parce que c’est très proche du CBD (une-demi-heure en ferry).

La particularité de Waiheke, c’est donc qu’elle n’est donc accessible qu’en bateau… ou en hélicoptère, pour ceux qui en ont les moyens. Et, disons-le tout de suite, pour t’acheter une villa sur Waiheke, on part du principe que tu possèdes déjà un hélicoptère, parce que c’est MEGA CHER.

Sauf que Waiheke, non seulement c’est cher, mais en plus c’est hyper galère pour y aller : il n’existe que deux routes de ferry, situées à chaque extrémité de l’ile, et attention c’est là que ça devient fun : du côté Ouest, c’est UNIQUEMENT un ferry passagers, et du côté Est, c’est UNIQUEMENT un ferry véhicules. Ajoute à ça que les ferrys ne tournent que de 7h à 22h en semaine, et de 7h à 18h30 (sérieusement ?) le week-end, et tu comprendras que c’est légèrement chaud de vivre sur Waiheke si on travaille à Auckland.

Du coup, Waiheke est peuple de trois catégories de gens :

1. Des millionnaires qui ont leur résidence secondaire ici, et qui viennent en hélico (ou avec leur yacht).
2. Des viticulteurs qui bossent sur place, car Waiheke est réputée pour ses vins.
3. Des retraités reconvertis en artistes du dimanche ou artisans, et qui vendent leurs céramiques moches ou leurs savons à la papaye aux touristes sur le marché du samedi matin.

J’ajouterai enfin que Waiheke est inexplicablement le lieu le plus prisé des Aucklandais pour les mariages, et je dis « inexplicablement » parce qu’organiser son mariage là-bas, ça équivaut à dire :

- Nan, organiser un mariage, c’est pas une tâche suffisamment chiante. 
- Et si on l’organisait sur une ile où aucun des invites ou des prestataires n’habite ? Comme ça on les ferait tous venir en même temps sur un minuscule ferry qui part une fois l’heure, puis on les ferait marcher et/ou louer des voitures jusqu’à la réception, et on arrêterait arbitrairement les réjouissances à 17h30 pour qu’ils puissent repartir avec le dernier bateau.
- Impec !

(Ces gens sont des malades mentaux.)

Voilà, on a fait le tour d’Auckland. 

Le TL ;DR pour les paresseux : Auckland, c’est nul à visiter, mais c’est bien pour y habiter. 

Sincèrement, Auckland est une ville que j’aime beaucoup (même si je lui ai cassé pas mal de sucre sur le dos dans cette série d’articles) ; j’aime avoir mon jardin, j’aime ne pas avoir de voisins au-dessus de ma tête, j’aime conduire sur ces routes assez larges pour faire passer des tanks, j’aime le fait que je trouve toujours une place de parking et que j’ai pas fait de créneau depuis 2012, j’aime avoir la plage juste à côté même si en vrai j’y vais genre deux fois l’an, juste parce que des fois le matin je sors de chez moi et ça sent les embruns et sérieusement c’est un truc qui me tue mais cette ville sent toujours BON.

Du coup, j’espère qu’en plus de t’instruire, cette série d’articles t’a aussi donné envie de venir habiter ici.

(Et si jamais tu viens t’établir, amène-moi des Kinder et du chou à choucroute.)

Au final, si je devais noter Auckland sur une échelle de 0 à 10, je lui mettrais un 8.

(Un point un moins pour le manque de transports en commun, et un point parce que ça manque tout de même furieusement de fromage.)

Bon, et comme je vais pas tout faire toute seule non plus, maintenant c’est ton tour : si tu devais évaluer la ville/le village où tu habites, tu lui mettrais quelle note ?

Lâche tes com’s !

Brève de vieille dame

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Et sinon j’ai décidé de me mettre au jardinage.

J’ai donc officiellement mille ans.


Ajoute à ça que l’autre jour je suis allée à la gym – oui la gym ça se passe bien, merci de demander – et comme j’étais en avance pour la zumba, je me suis dit que j’allais tester un des nouveaux cours, comme ça, pour le fun.

Le cours s’appelait « Kickboxing crossfit », et si le titre n’avait pas suffi à me mettre la puce à l’oreille, l’instructrice au gabarit d’haltérophile est-allemande aurait certainement dû le faire.

(La meuf avait des biceps qui faisaient la taille de mes cuisses.)

Sauf que j’étais déjà entrée dans la salle et je voulais pas repartir comme une chochotte. 

Donc je me suis tapée l’entrainement des Navy Seals pendant une heure juste pour pas perdre la face, pas merci mon ego.

(La meuf nous a fait faire des élongations tout en portant des poids de 12 kilos, et des pompes.)

(DES POMPES !)

(Je suis une femme, pas un Viking.)

En plus l’instructrice était un peu chelou, elle nous faisait taper dans le vide, mais on aurait dit qu’elle, elle voyait des gens qu’il fallait attaquer :

- Donnez un grand coup de pied en arrière ! Mieux que ça ! Tapez dans les couilles ! Celles qui peuvent pas taper assez haut c’est pas grave. Tapez vers le bas, bien fort, et NIQUEZ-LUI LE GENOU A CE FILS DE PUTE !



(Mais, mais enfin, pourquoi j’irais taper des gens comme ça ?)

(Je suis une enfant de hippies moi, je ne suis qu’amour !)

- On donne un grand direct droit ! Prenez bien de l’amplitude, sinon vous lui ferez pas mal, au gars ! Emily, tu le touches à peine, là ! Donne un grand coup, paf ! Comme ça ! Droit dans son estomac de connard !

(Non mais Madame, si vous avez des comptes à régler avec la gent masculine, c’est votre problème, mais si vous pouviez arrêter de me dire de taper des mecs qui n’existent pas, ça m’arrangerait, merci.)

(Bon, j’ai appris par la suite que c’est la même nana qui donne les cours d’auto-défense, du coup, c’est tout de suite plus logique.)

Donc voilà, j’ai fait une heure de sport et j’ai marché comme une limace arthritique pendant huit jours.


(Bah oui mais faut pas trop m'en demander non plus)

En plus c’était mon jour de chance, c’était « Legs and Abs Day », donc youpi les courbatures jusque dans les fesses.

(Pour la plus grande joie de Professeur Flaxou, qui s’est amusé à me pétrir les miches pendant des jours, sous le prétexte que « Nan mais c’est pour t’aider, c’est pour détendre les muscles ».)

(Bizarrement, quand j’ai des courbatures aux mollets, il est vachement moins altruiste.)

Bref.


Du coup, je me comporte déjà comme une petite vieille dans tous les aspects de ma vie, et en plus aujourd'hui c'est mon anniversaire et mon dieu j’ai VINGT-SEPT ANS (laisse tomber la neige comment je suis une vieille pomme).



Du coup, je me suis dit que j’allais aller au bout de ma démarche de momification, et je me suis mise au jardinage.

Au départ j’y suis allée avec vachement d’enthousiasme, déjà parce que c’est la première fois de ma vie que j’ai un jardin rien qu’à moi, et d’autre part parce que quand j’étais petite, une de mes activités favorites chez mes grands-parents – en dehors de tirer à la carabine dans le grenier - c’était m’occuper du potager avec mon papapa.

Et sincèrement, on s’amusait comme des petits fous dans le potager. On bêchait la terre (super fun), on cherchait les miserla en fouillant dans la terre avec les doigts (ultra fun), on mettait de l’eau partout avec l’arrosoir (hypra fun), et quand je faisais trop n’importe quoi, papapa me disait qu’il allait me mettre dans le trou où il mettait les carottes pour l’hiver (un baril enfoncé dans le sol, rempli à moitié de sable, et avec un couvercle pour le fermer, autant te dire que le tout avait une vibe très « Silence des Agneaux »), et je savais bien qu’il le ferait jamais alors c’était le truc le plus fun du monde.

Donc j’avais de bons souvenir du jardinage, et je m’imaginais déjà croulant sous les fleurs et les fruits, notre coin de gazon un perpétuel jardin d’Eden.

Et bon, ben, disons qu’on est en chemin.




(Featuring Flaxou le serf.)

On a planté des fleurs dans le jardin de devant (ah ouais, c’est la classe, on a DEUX jardins !) et pour le moment c’est pas trop mal, y’a juste un plant de fleurs qui a crevé (et c’était celui à 99 cents – je ne suis pas étonnée). Et comme on avait des pierres volcaniques qui traînaient dans un coin, on les a alignées pour faire une bordure et éviter que le mec qui tond la pelouse ne nous sabote tout notre travail.

(C'est si difficile de gérer les domestiques.)

(Je comprends tellement mieux les problèmes de Downton Abbey maintenant.)

J’ai donc désormais dans mon jardin un plant de fleurs violettes, un plant de fleurs oranges, une plante native qui pour le moment n’a pas de fleurs mais parait-il que dans six mois elle en fera des très jolies, une bande de tulipes sans tête (juste des feuilles, en fait) et des graines de tournesol que j’avais amoureusement reparties à intervalles réguliers, et qui ont toutes décidées de germer en tas a un seul endroit.



(Du coup maintenant j’ai vingt pousses de tournesol sur dix centimètres d’espace, et un mètre de terre vide.)

À l’arrière, je me suis fait un potager aux petits oignons (d’ailleurs j’ai planté des oignons) (BLAGUE JARDINAGE).

D’abord j’ai dû arracher tout un carré de gazon pour accéder à la bonne terre en dessous (ci-mer le volcan au pied duquel on habite), c’était plutôt fun, j’avais un peu l’impression d’être dans Minecraft - en plus salissant.



(Le monde réel, cet étrange endroit.)

Et puis j’ai récupéré une palette sur le bord du chemin (on habite à côté de la zone industrielle, donc y’a tout le temps des palettes qui traînent), je l’ai cassée en petits morceaux, et j’ai mis les morceaux par terre pour diviser le potager en sections.




(Évidemment ce sera pourri dans trois semaines, mais en attendant, ça a de la gueule.)


Et bon, ça fait un mois, mes patates sont encore six pieds sous terre, et les graines d’oignons et d’épinards semblent avoir été bouffées par les oiseaux (paye ton pays sans mammifères). Mais la salade était sortie et avait une bonne gueule, donc j’étais quand même optimiste.

Jusqu’à ce que débarquent les LIMACES.

Parce que ouais, c’est dingue hein, mais dans un pays qui est en permanence à 90% d’humidité, y’a des limaces.

(C’est fou ce qu’on apprend quand on passe du temps a l’air libre.)

Du coup les salopes m’ont bouffé le seul machin qui était sorti de terre, alors au lieu d’avoir trois carrés de terre vide et un carré de salade, maintenant, j’ai quatre carrés de terre vide et une boîte de poison pour limaces.


Mais c’est pas grave, j’ai planté d’autres légumes pour voir s’ils pousseront mieux, et en attendant, je fais les trucs qu’on est censé faire quand on jardine : je hume l’odeur de la terre fraîchement retournée, j’enlève les mauvaises herbes, je case mon nouveau hobby dans les conversations pour pas qu’on pense que je suis une grosse otaku (genre tavu je passe du temps dehors et tout, je suis une vraie adulte responsable et saine) et, surtout, je scrute le ciel quinze fois par jour pour vérifier si y’aura besoin d’arroser les plantes.

(J’avais pas autant regardé le ciel depuis mon marathon Skyrim.)




(Pour ceux qui se demandent : c’est beaucoup moins joli IRL.)

Et sinon c’était aussi récemment nos trois ans de mariage avec Professeur Flaxou (laisse tomber comment on est trop des ancêtres). Je voulais donc fêter dignement nos noces de Froment (pire nom d’anniversaire de mariage au monde) (sérieusement, avant 20 ans c’est que des noms de merde dans ce genre) (« noces de crêpe » passe encore, c’est pas si mal, c’est bon les crêpes, mais « noces de cire », non mais fous-toi de ma gueule directement ça ira plus vite).

Bref, pour fêter nos noces de Froment avec toute la solennité que le nom requiert (pas), je suis allée au magasin d’alcool (car en Nouvelle-Zélande, y’a des magasins spéciaux qui vendent que de l’alcool, tu peux pas tout acheter au supermarché) et j’ai dégoté un pinot gris vendanges tardives d’Alsace, parce que hein, quand même, faut se faire plaisir de temps en temps, et c’est pas tous les jours qu’on fête ses noces de Froment.

(Laisse tomber, je m’y ferais jamais à ce nom.)

Et puis quand je suis rentrée à la maison, Flaxou est venu m’aider à décharger les courses, et il était tellement heureux d’avoir du vin d’Alsace qu’il est parti en courant vers la maison pour la déboucher, qu’il a glissé, et qu’il a explosé la bouteille juste sur le montant de la porte d’entrée.



Autant dire que, niveau mauvais présage, ça se posait quand même là.

Mais bon, je savais déjà que c’était un klutz le jour où je l’ai épousé, on a dit « pour le meilleur et pour le pire », et pour le moment c’est que ce que j’ai vu de pire, alors je pense qu’on est bons pour tenir au moins jusqu’aux noces de potasse (oui, ça existe).

- Ça se passe bien le jardinage, ma chérie ?
- Bof. Ça pousse trop lentement. Dans les jeux vidéo ça va tellement plus vite. Je sais pas pourquoi je me fais chier à essayer de faire pousser des trucs IRL pendant des semaines, sur Minecraft ça met genre dix minutes.
- La transformation est complète.
- Quoi ?
- T’es la femme parfaite.

(La définition d’une femme parfaite selon Flaxou, faut le savoir, c’est : quelqu’un avec des nichons, qui ne veut jamais sortir, qui veut que vivre dans le noir et jouer aux jeux vidéo en mangeant de la pizza, et qui fait tout ce qu’on lui demande.)

- Tu vas me chercher une bière ?
- Va la chercher toi-même, j’ai des dragons à chasser.
- … Bon, t’es PRESQUE la femme parfaite.

(Je pense que c’est les nichons qui me sauvent.)

Brève carriériste

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J’aime mon nouveau boulot, mais il y a un truc, un seul, qui me manque de mon ancien job: les collègues.

Attention, ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit : je ne regrette absolument pas Ploc, la limace des enfers (ma tension a chuté depuis qu’il est parti, un truc de fou). Mais la globalité de mes collègues à mon ancien boulot étaient sympas, fun, et surtout, JEUNES.

Parce que mon nouveau travail, bon, je vais pas dire que c’est des vieux, mais en fait si carrément ils sont tous incroyablement vieux.

En gros, on est quatre dans la boîte, et je suis la seule personne de moins de soixante ans, ça te donne une idée je pense.

Aparté : la tu te demandes peut-être pourquoi ces gens travaillent encore, mais faut savoir que déjà, dans ce pays, l’âge minimum légal de départ à la retraite, c’est 65 ans, et puis en sus, le système de retraites est très différent du nôtre (où une génération paye pour la retraite de la génération d’avant). Ici, c’est chacun sa gueule : chaque personne choisit de mettre de côté un pourcentage de son salaire (entre 3% et 8%, selon ce qu’elle peut se permettre) sur un compte d’épargne qui est bloqué jusqu’à ses 65 ans. L’employeur ajoute 3% du salaire sur le compte, et l’État ajoute la même somme. (Du coup, chaque mois, tu mets de côté une somme allant de 9% à 14% de ton salaire mensuel). Et c’est cet argent qui constitue ta retraite. Donc en gros, les sous que tu mets de côté sont proportionnels à ce que tu gagnes. 

C’est cool, hein ? Ça parait bien juste et égalitaire, comme ça, sur le papier, non ?

Sauf qu’en fait, c’est cool uniquement pour les classes moyennes et supérieures qui ont des boulots stables et ininterrompus, mais ça pue un peu du cul pour les smicards ou les intermittents– qui ne peuvent souvent pas se permettre d’ouvrir un compte, et doivent donc bosser grosso modo jusqu’à la mort. Et même ceux qui peuvent se permettre de mettre de l’argent de côté prennent rarement leur retraite a 65 ans. Parce que si tu fais des études ou que tu as une période d’inactivité prolongée (c’est-à-dire, si tu décides d’avoir des gamins) (puisqu’ici il n’y a pas de crèches publiques et que le congé maternité c’est genre trois mois), t’auras pas assez mis de côté une fois arrivé a 65 ans et tu devras continuer à travailler. Résultat, ici, c’est assez normal de bosser jusqu’à 70 ou 75 ans, surtout pour les femmes.

(TL;DR : pas de retraite pour les p’tits vieux.)

Bref, je bosse avec des vieux, et laisse-moi te dire que c’est pas de la tarte.

Déjà, je me sens quelque peu ostracisée au milieu des conversations qui portent toutes sur les cinq mêmes sujets en boucle :

1. Les petits-enfants, ces merveilles 
2. Les enfants, ces gros ingrats
3. Tous les gens qu’on connait qui sont en train de mourir de cancer 
4. Tous les endroits du corps qui font mal (suivi par un chœur de conseils et de remèdes, tous à teneur plus ou moins chamanique)
5. Le rugby (Bon ça c’est pas spécifique aux vieux, mais ça reste hors de ma zone de compétences)

Surtout que c’est une incompréhension qui va dans les deux sens :

- Alors Charlotte, qu’est-ce que tu as fait ce week-end ?
- Pas grand-chose, vendredi soir on est allés chez des amis, on est rentrés tard du coup on a dormi jusqu’à midi, et puis après, j’ai plus ou moins passé le week-end à regarder des séries et à jouer au PC.
- ….Ah.



Et encore, l’autre jour j’ai voulu me rattraper en disant que j’étais allée au cinéma (une activité indémodable), et puis je me suis rappelée in extremis que le film qu’on était allés voir s’appelait Deathgasm et que c’était un film gore avec des démons et du metal et qu’il y a quand même une scène où un démon se fait trépaner avec des godemichés.

(Donc niveau “intergénérationnel”, je pense qu’on repassera.)

(NB : « Deathgasm » est quand même un film absolument mirifique et fabuleux. Va le voir.)

Mais bon, si c’était seulement une question de « small talk », ce ne serait pas vraiment problématique.

Nan, le gros souci de bosser avec des vieux, c’est qu’ils peuvent être juste un poil RIGIDES.

J’en veux pour preuve la méthode de com de l’association, qui se résume à « On a toujours fait comme ça » :

- Et si on proposait une réduction pour les gens qui achètent un lot de 10 sièges ? Ça augmenterait les ventes.
- Non, non, on a toujours fait de la vente au détail, les membres vont être trop confus.



(Trop confus par un procédé qui existe PARTOUT ?)

- Si on remplaçait les liens par des boutons, on aurait plus de clics. C’est plus visible.
- Non, les liens c’est bien, on a toujours fait comme ça. En plus le lien, on sait où on clique, on sait ce que c’est. Tandis que les boutons, c’est dangereux, on sait pas où on va aller. En plus des fois c’est des virus.



(Evidemment.)

Et je te passe le texte des emails qui, quand je suis arrivé, consistait en un copier-coller exact de la PAGE ENTIÈRE correspondante du site web.

- La majorité des gens lisent leur email sur mobile, donc je pense que ce serait plus judicieux de limiter le texte et d’agrandir les images.
- Mais comment ils auront toutes les infos s’ils n’ont pas de texte ?
- Ben on met un lien vers la page de notre site.
- Oui mais non. Moi quand je reçois un email, je veux avoir toutes les infos dessus. Je veux pas cliquer et lire des choses sur un site. Nos membres c’est pareil.
- Et pour les images ?
- Pas d’images, ça sert à rien, ça s’affiche pas.
- Comment ça, ça s’affiche pas ?
- Oui là, dans Outlook, quand je reçois un email avec des images, ça me fait juste une croix. 


- C’est simplement parce que vous n’avez pas configuré Outlook pour qu’il affiche les images. Il faut juste aller dans le menu, ici, et cocher la case, là.
- Oh là là, mais personne ne sait faire ça ! Non non, pas besoin d’images. Juste un grand pavé de texte bien long et détaillé. Comme on a toujours fait. Nickel. 



(Le procédé com de ma boîte, un résumé.)

Et dans le genre « rigide », la palme va sans aucun doute à la collègue de mille ans avec qui je partage mon bureau, et qui pousse le « On a toujours fait comme ça » à des sommets incroyables, par exemple quand on se partage le boulot sur des événements et qu’elle me sort des trucs du genre« il faut aligner les badges par ordre alphabétique, mais de bas en haut, pas de haut en bas. » C’est-à-dire qu’au lieu de les aligner comme ça :

A         D         H
B         E          I
C         F          J

Elle les aligne comme ça :

C         F          J
B         E          I
A        D         H

Alors qu’on est d’accord que c’est l’ordre le plus n’imp nawak du monde, oui ?

Sauf que quand je lui ai fait la remarque, elle m’a répondu :

- Non mais ne t’inquiète pas Charlotte, tu es étrangère, tu ne connais pas encore bien ce pays, mais ici, chez les gens civilisés, on lit de bas en haut.

J’avais un peu envie de lui dire « Et tes romans, Simone, tu les lis de bas en haut aussi ? Et tes listes sur Excel, elles sont de bas en haut ? Tu te foutrais pas un peu de ma gueule par hasard ? ». Mais comme je suis bien élevée et que c’était genre mon troisième jour dans la boîte, j’ai rien dit.

Mais à la réunion pour l’événement d’après, j’ai quand même suggéré que peut-être on pourrait mettre les badges dans l’ordre normal des humains qui ne sont pas des malades mentaux. Chose à laquelle la patronne a répondu :

- Hein ? mais évidemment, qui voudrait les aligner de bas en haut, ça n’a pas de sens ! 


Ce à quoi madame Micheline a pondu toute une rhétorique comme quoi c’était les membres qui s’étaient plaint il y a genre huit mille ans, rapport que c’était trop difficile de trouver leur nom en lisant de haut en bas comme des gens logiques, et du coup c’était son initiative de changer l’ordre mais uniquement pour le bien commun et servir la cause de l’association.

(Le tout sur ton le plus condescendant possible qu’on puisse imaginer.)

(À mi-chemin entre un patron du Medef et un militant meniniste.)

Bref, la big boss a tranché pour l’ordre alphabétique standard. Mais l’autre Ginette, à l’événement d’après, elle est quand même venue me voir en loucedé pour me dire qu’il fallait les aligner dans l’autre sens ! 

(Palme du lâcher prise.)

Et quand je lui ai dit non, elle a serré la bouche comme si elle avait avalé un citron de travers, et elle m’a fait :

- D’accord. Très bien. Eh ben t’as qu’à t’en occuper toute seule, si c’est comme ça !
- Okay.
- …..
- Normalement c’est à moi de faire les badges, mais si tu insistes pour en faire qu’à ta tête, t’as qu’à le faire.
- Pas de problème.
- …..
- Je vais aller aider la patronne à installer la salle, alors.
- C’est ça.
- …..
- Tu sais que normalement c’est à toi de faire ça, mais bon enfin je dis ça je dis rien, vu qu’apparemment t’as décidé de faire les badges, eh ben ma foi fais donc les badges, à ta guise. Enfin bon normalement c’est à toi de faire la salle, voilà, on verra ce que la patronne aura à dire de tout ça, moi apparemment c’est pas ma place de juger, hein.



Han Lucienne dis donc tu m'fous les miquettes, c'est palpable. 

Bon maintenant tu la bouges ta prothèse ou t'attends que j'te pousse?

Conclusion pour ceux qui se posaient la question : les gens n’étaient pas perturbés par l’ordre alphabétique, vu que, pour le coup, il était vraiment dans l’ordre.

(Dis donc j’ai une de ces vies passionnante, moi.)

Sur ce, je te laisse, je dois aller me coucher parce que là j’ai fini ma camomille et avec tout ça il est bientôt 21 heures.

(Allez, un peu de jus de pruneaux, et au lit.)

Superstitions: Kiwis et Froggies

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(Article à écouter avec cette bande-son)

C’est uniquement avec l’expérience de la Nouvelle-Zélande que j’ai réalisé à quel point les Européens étaient superstitieux.

Avant ça, j’avais habité en Angleterre, où les gens ont à peu près le même degré de superstition que les Français (et pour les mêmes trucs en général : les chats noirs, les échelles, tout ça). Et j’avais passé quelques mois à Moscou, où les gens sont ULTRA superstitieux (et prennent ça hyper au sérieux).

Du coup, comparé aux Russes, je me disais qu’en France, quand même, on était bien au-dessus de toutes ces vieilles croyances de paysannes, qu’on était un peuple moderne et éclairé par les lumières de la science et de la raison.

Sauf qu’en fait trop pas.

Trop pas, parce que même moi, qui ai été élevée dans une famille très peu superstitieuse, je me fous constamment la honte auprès des Kiwis en leur sortant sans même m’en rendre compte des trucs incroyablement neuneus :

- Santé, Richard !
- Santé, Charlotte.
- NON ! DANS LES YEUX !
- Hein ? Quoi ?
- Les yeux! Tu m’as pas regardée dans les yeux en trinquant! Maintenant faut qu’on recommence.
- Mais… pourquoi ?

Mais c’est vrai, ça ! Pourquoi ?

Pourquoi est-ce que j’ai été conditionnée à ce point à regarder les gens dans les yeux en trinquant, au point que maintenant, l’idée même de trinquer avec des Kiwis me met d’avance mal à l’aise parce que je sais qu’ils vont pas le faire ?

C’est clairement de la vieille superstition moisie à base de « sept ans de malheur sexuel » ou je ne sais quelle autre absurdité absconse qu’on balance à tours de bras de par l’Hexagone.

Et depuis que je suis ici dans le Nouveau Monde,  j’ai réalisé que, même si ma famille n’était pas superstitieuse comme celle de, disons, ma copine Sarah (exemple totalement pas hasardeux, Sarah est la personne la plus superstitieuse que je connaisse – j’ai encore des séquelles de la fois où j’ai malencontreusement posé le pain à l’envers sur sa table), et que même si on n’avait rien contre les vendredi 13 ou renverser le sel sur la table, y’avait quand même pas mal de comportements qui avaient zéro sens logique dans notre maisonnée.

Et depuis que je vis parmi les Kiwis, ces erreurs de logique ne pardonnent pas.

Par exemple, je ne compte plus le nombre de fêtes d’anniversaires où j’ai dit aux gens :

- Bon, je te le souhaite pas, c’est dans deux jours.
- De quoi ?
- Ton anniversaire.
- Et alors ?
- Ben je peux pas te souhaiter bon anniversaire avant la date !
- Pourquoi pas ?
- …..Non, pour rien.

(Variante : je souhaite bon anniversaire à une personne, on me répond « Merci, en vrai c’est demain » et je tombe à genoux en hurlant« NAAAAAN, PARDOOOOON, QU’AI-JE FAIIIIIIT ! » pendant qu’ils me regardent d’un air légèrement paniqué.)

Bonus : le concept des« baby showers » en Nouvelle-Zélande (des fêtes organisées par de futurs parents avant la naissance de leur bébé, où tout le monde offre des cadeaux pour l’enfant à naître) me dépassent complètement, parce que je passe en général toute la fête à me dire « Malheur ça porte trop malheur ces gens sont fous elle est enceinte de six moins mais quelle bande de malades vous pouvez pas fêter l’arrivée d’un bébé avant sa naissance ça porte tellement malheur bordel mais laisse tomber comment ce bébé il va naitre avec huit doigts et douze orteils putain je le sens trop mal ».

Imagine, j’étais invitée à la « baby shower » de mes colocs, où tout le monde offrait un cadeau, du coup pour pas avoir l’air malpolie j’ai dû acheter un cadeau pour le bébé alors qu’il était même pas là, j’te jure je me sentais sale en leur offrant, j’avais l’impression que j’étais en train de les maudire sur huit générations.

- Oh, et là on a le cadeau de Charlotte et Flavien ! Merc…
- C’EST PAS MA FAUTE VOUS M’AVEZ OBLIGÉE !
- …ci.

(Update pour ceux que ça intéresse : le bébé est désormais là, il a dix doigts, dix orteils, et zéro oreilles d’ânes ou queues de cochon. Je respire.)

Mais c’est loin d’être les seules superstitions cheloues que j’observe.

Y’a aussi le fait que, si je mentionne la mort putative d’un des membres de ma famille, je suis dans l’obligation juridique de toucher du bois, sinon sans dec’ ils vont totalement mourir foudroyés et ce sera carrément super ma faute.

Tu peux donc imaginer l’hilarité de mes colocs un jour où on parlait d’héritage, et où j’ai dit : « Moi, le jour où mon père…. » avant de m’arrêter brusquement, de regarder autour de moi d’un air paniqué, puis de sortir de la pièce pour aller toucher une étagère dans le salon, et de revenir finir ma phrase comme si de rien n’était.

(Ci-mer les cuisines en formica.)

Et je passe sur le fait que je croise mes doigts de pieds dans mes chaussures à chaque entretien d’embauche, parce que tu sais pas, des fois que ça marche, je préfère mettre toutes les chances de mon côté.

Et je pense que je ne vais même pas mentionner le fait que, quand je suis en voiture, je souffle sur les feux rouges pour qu’ils passent au vert plus vite.

(Franchement, cherche pas.)

Donc je t’avouerai qu’après quelques mois en Nouvelle-Zélande, je me sentais un peu comme une vieille qui cloue des fers à cheval devant sa porte et qui crache cinq fois vers le Nord quand elle renverse du grain, ou chais pas quoi.




(La vie en France, imaginée par mes amis Kiwis.)

Mais fort heureusement, j’ai réalisé après quelque temps passé ici que les Kiwis ne sont pas entièrement dépourvus de superstitions. C’est juste qu’ils en ont beaucoup moins que nous, et que ce ne sont pas les mêmes.

En gros, les superstitions Kiwies se divisent en trois catégories :

1. Les superstitions importées d’Angleterre (chiffre 13, chat noir, échelle, ouvrir un parapluie à l’intérieur, tout ça) – mais elles ne sont suivies que par très peu de gens, principalement des vieux, ou bien des Anglais de première ou seconde génération.

2. Les superstitions Maories, qui sont légion mais ne sont pas observées par tout le monde - la culture traditionnelle maorie, il faut le savoir, c’était une culture empreinte de tabous. Tellement empreinte de tabous que même le mot « tabou » vient de chez eux (donc chais pas ce qu’il te faut). Mais ça, c’était principalement pré-colonialisme, et la majorité des croyances d’antan sont aujourd’hui abandonnées (ci-mer l’évangélisation de masse).

3. Les superstitions marines – on est sur une île ou chaque pékin a son propre bateau, donc ça tombe un peu sous le sens.

J’enlève de cette liste les légendes urbaines, parce qu’il n’y a pas d’urbanisation dans ce pays (lolilol). Non, en vrai, y’a bien quelques croyances improbables, mais c’est pas lié au surnaturel ou au mauvais œil, donc je ne les compte pas.

Et donc, comme j’ai pas envie d’être la seule à faire des trucs stupides, je te livre ici mes 4 superstitions préférées de Nouvelle-Zélande :

1. L’hôtel hanté de Waitomo Caves



Waitomo Caves, je t’en ai déjà parlé, c’est l’un des lieux touristiques incontournables de l’Ile du Nord : un réseau de grottes éclairées par des millions de vers luisants, ambiance « bienvenue dans un monde de féerie et de magie ». Mais parmi les locaux, on murmure que l’hôtel qui se trouve juste à côté des grottes est en fait… hanté.

(Ouuuuuuuuh.)

L’hôtel a été construit en 1908, ce qui en fait l’un des plus vieux bâtiments du pays (AHAHAHAH trop mignon). Dans le plus pur style victorien, il a été bâti sur une colline surplombant les grottes au moment où les visites ont commencé, et agrandi quelques années plus tard à cause de la popularité croissante de Waitomo Caves.

Seulement, voilà : toute la zone entourant les grottes de Waitomo est tapu chez les Maoris, et pour cause : c’était un immense cimetière. Aujourd’hui, le gouvernement essaye tant qu’il peut de faire gaffe, et il a interdit aux développeurs de travailler dans les zones où il est censé y avoir des sépultures. Seulement, quand les grottes ont été découvertes au début du XXe siècle, tu t’imagines bien que ça c’est pas passé de la même manière. Pendant les travaux effectués pour aménager les grottes pour le public, des centaines d’anciens ossements Maoris (certains vieux de plusieurs centaines d’années) ont été exhumés… et promptement jetés dans la rivière en contrebas, parce que hein, bon, y vont pas nous niquer notre commerce les basanés là ho.

Dis donc, ça sent pas un peu le cliché poussiéreux à la Indiana Jones du peuple primitif qui jette une malédiction sur les colons qui dérangent le sommeil de leurs ancêtres, tout ça ? Les cimetières Indiens, les momies Incas, tout ça ?

Mais si, carrément !

Et forcément, ce qui devait arriver arriva : Waitomo Hotel est maintenant réputé pour être l’un des endroits les plus hantés de Nouvelle-Zélande, ambiance « sens la fureur de mes ancêtres injustement profanés ».



(Spooky)

Les témoignages vont du très soft « ambiance glauque » au moyen soft « lumières qui clignotent/ pièce qui se refroidit soudainement/ le bruit d’un chariot de femme de chambre dans le couloir en pleine nuit » en passant par les gens qui voient carrément des apparitions (une princesse Maorie qui se balade dans les couloirs de l’hôtel la nuit) et les plus pétés du casque qui racontent qu’ils ont vu du sang s’écouler des murs ou sortir des baignoires.

(Ça donne envie de payer cent balles la nuit, tiens.)

(J’espère qu’ils ont au moins des chocolats sur les oreillers.)

Même le réputé maître de l'horreur Guillermo del Toro a clamé que l'hôtel était hanté... et lui a même inspiré son dernier film d'horreur, Crimson Peak.



(Rassurant.)

Et Waitomo Hotel n’est pas le seul lieu de ce type : en gros, chaque endroit de Nouvelle-Zélande où des Maoris ont été injustement tués/exhumés (50% du territoire, en gros) est réputé comme un lieu hanté par des esprits criant vengeance.

(Faut avouer que ça a quand même plus la classe que la Dame Blanche.)

(« Ouh là là je mène les automobilistes à leur perte parce que je suis morte sur le bord d’une route ou machin » PFOU LA MOTIVATION POURRIE QUOI)

(Viens en Nouvelle-Zélande, là on a du bon esprit vengeur bien comme il faut, à base de colère des dieux anciens tavu.)


2. Renommer un bateau



Comme je l’ai indiqué plus haut, les superstitions marines sont légion de par le monde, et quelques-unes subsistent encore chez nos amis les Kiwis – normal, en même temps, on est sur une île, et les Néo-Zélandais KIFFENT LEUR RACE le bateau. Tous les enfants apprennent à faire de la voile, la pêche c’est THE loisir national, et on comptabilise presque un bateau par personne dans tout le pays.

(Après, « bateau », t’attends pas à du yacht non plus, c’est souvent juste des petites barques à moteur.)

Mais n’empêche : ici, on aime naviguer.

(Ohé ohé.)

Comme on est quand même dans un pays moderne, la majorité des superstitions marines ne sont plus d’usage (pas très facile de faire des week-ends de pêche en famille si on ne peut pas emmener de femmes à bord). Il en reste néanmoins deux-trois  qui sont encore d’usage : par exemple, si tu embarques avec des Kiwis pour un pique-nique en mer, ne ramène surtout pas de bananes – elles sont formellement interdites sur les bateaux. 

(Il parait que c’est parce que, dans les temps anciens, si on amenait des bananes à bord pour un long voyage, elles faisaient mûrir tous les autres fruits, et l’équipage se retrouvait avec des fruits pourris au bout de cinq jours en mer.)

Et il reste surtout une grande superstition qui persiste et signe : en Nouvelle-Zélande, on ne rebaptise jamais, JAMAIS un bateau.

Comme presque tout le monde possède un bateau, le marché de l’occasion est énorme, mais la tradition veut que, même si un bateau change de propriétaire, il doit A-BSO-LU-MENT garder son nom d’origine, sinon, ça porte malheur, et donc, il va couler.(Comme ça, pouf.)

Du coup, si t’achètes un bateau d’occase, tu risques aussi bien de te retrouver avec un traditionnel Old Boy ou Paradise qu’avec un Doing your mum ou Beer 4ever de bon goût. Mais, comme te le répéteront tous les Kiwis, si t’aimes pas le nom de ta barque, tant pis pour ta gueule, il va falloir assumer.

(Alors qu’un tout petit coup de peinture…. Non ?)

(Non.)

Le revers intéressant, c’est que les gens qui achètent des bateaux neufs choisissent souvent un nom…bateau (PAH-DUM TSSS), histoire de pouvoir le revendre plus facilement. Donc, un conseil si jamais tu veux acheter une barque par ici : oublie le nom de ta femme ou tes mômes, et baptise-la Meilleur bateau du monde entier qui ne coulera jamais promis juré c’est garanti.



3. Siffler après minuit



Un exemple d’une superstition Maorie qui est entrée dans la culture populaire : ne jamais siffler après minuit, ou les kehua (les esprits des morts) siffleront en retour.

Selon les croyances maories (pré-christianisme), quand une personne meurt, son esprit quitte son corps et devient un kehua : une spectre invisible aux yeux des humains. La plupart des kehua ne restent sur le plan terrestre que quelques jours, et, une fois les cérémonies funéraires terminées, s’en vont dans l’au-delà (un monde des esprit, situé sous terre, mais semblable au nôtre en tout point – avec de la lumière, des arbres, des maisons, etc.). Mais certains esprits restent près de l’endroit où ils ont vécu – souvent pour veiller sur leur famille, mais des fois juste parce que c’étaient des connards de leur vivant et qu’ils ont envie de rester sur terre pour pourrir la vie des gens.

(Sympa.)

Les kehua sont invisibles, mais ils voient et entendent ce qui se passent autour d’eux, et peuvent manipuler la matière (et d’ailleurs, ils mangent et boivent comme les vivants). Ils craignent la lumière du soleil et ne sortent que la nuit. Ils ne peuvent pas parler, mais s’adressent aux humains dans un son à mi-chemin entre un chuchotement et un sifflement. La superstition est qu’un kehua ne peut pas s’adresser à toi tant que tu ne l’y a pas invité : siffler après minuit, c’est donc une invitation à entrer en communication avec les esprits... et la possibilité de les énerver et de se faire jouer des tours (ou carrément de se faire buter, selon le degré de méchanceté du kehua).

Bref, beaucoup de gens aujourd’hui, Maoris ou non, observent cette superstition, « juste au cas où ».

Et ça reste évidemment un jeu incontournable chez les ados en mal de frissons pendant les soirées pyjama.

(Une version Kiwie de « Bloody Mary », en gros.)



4. Un fantail dans la maison

Le fantail, c’est un petit moineau endémique à la Nouvelle-Zélande, et qu’on trouve un peu partout :


Il est mignon, hein ?

EH BEN NON MA COUILLE

CE PETIT OISEAU CHOUPI, C’EST LE MESSAGER DU TRÉPAS !


Car oui, selon une croyance populaire (Maorie à l’origine, mais qui s’est répandue chez tous les Néo-Zélandais), si un fantail entre dans ta maison, c’est signe que quelqu’un va mourir. Et les gens prennent ça très au sérieux – j’ai déjà vu des Kiwis fermer les fenêtres après avoir aperçu un fantail dans leur jardin, « juste pour être tranquilles ».

(Nan mais vous avez raison les gars, y’a quand même le risque non négligeable de se faire picorer le crâne jusqu’à ce que mort s’ensuive.)

(En plus c’est un oiseau qui fait genre trois millimètres cube, t’imagines le temps que ça prendrait.)

D’après mon expérience, c’est la superstition la plus répandue dans le pays, et celle qui cause le plus de témoignages spontanés quand on en discute – en mode« Mon pote Richard avait un collègue dont le frère avait une belle-sœur qui a fait une fausse couche après avoir vu un fantail dans sa cuisine. C’est pas anodin quand même ! » et autres « Un jour y’a un fantail qui est entré dans notre salon, et six mois après, boum, le chien mourait de vieillesse. Tu te rends compte, ça aurait pu être moi ! »

Ouh là là Ginette, tu es si brave d’avoir affronté la mort en face.

Sous les traits d’un petit oiseau.




(Tremble, vil manant)

Voilà, c'étaient les plus grosses superstitions néo-zélandaises.

Et vu le sujet de cet article, ne crois pas t’en tirer avec un commentaire « LOL » - je veux des témoignages, je veux des contributions, BREF : donne-moi du grain à moudre et raconte-moi toutes tes superstitions cheloues.

(Alternative : si tu es un être de raison et de logique pure – grand bien t’en fasse – je te donne une occasion en or de balancer tes proches, fais-toi plaiz’.)

Le vainqueur de la superstition la plus absurde gagne un voyage en Nouvelle-Zélande pour se mettre du plomb dans la tête.

Nan j’déconne.

(J’arrive déjà à peine à me payer des billets d’avion pour ma pomme, t’as cru j’étais Rothschild ou quoi ?)

Par contre si tu veux je t’envoie une carte postale.

(Ça c’est pour moi, ça me fait plaisir.)

Allez hop, au boulot les grands-mères paysannes !

Bisous sur vos chats noirs.



EDIT: wouah, c'est l'explosion de superstitions dans les commentaires! Je suis ravie de voir que plein de gens touchent du bois sans savoir pourquoi, et que tout le monde déteste mettre le pain à l'envers (Sarah se sentira moins seule). 

La palme de la superstition revient à Céline avec son histoire de "touche de la peau de singe", juste parce que ça m'a fait super rigoler (sans déconner c'est quoi cette expression??).

Mais en fait, j'ai tellement kiffé ma race à lire tous vos commentaires que j'ai envie de récompenser tout le monde (heureusement que je suis pas devenue prof, laisse tomber comment j'aurais des classes entières de 20/20). 

Du coup, voilà ce qu'on fait: chaque personne qui a partagé une superstition gagne une carte postale. Envoie-moi ton adresse à tindomerel@hotmail.fr et je m'occupe du reste. Et comme Céline c'était ma préférée, elle gagne une carte postale + un bonus surprise (enfin ce sera genre un stylo ou un magnet hein) (t'attends pas à une Rolex non plus).

Merci à tous pour votre participation!

L'instant Kiwi: les idées reçues au pays des fougères

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Comme tu le sais, en Nouvelle-Zélande, on est sur une île.

(Si tu ne le sais pas encore, je ne sais plus quoi faire de toi.)

Et non seulement c’est une île, mais elle est paumée en plein milieu du Pacifique, avec pour seuls voisins… personne, en fait.

Petite leçon de géographie : les voisins les plus proches de la Nouvelle-Zélande sont, respectivement : à l’Ouest, l’Australie (2150 kilomètres) ; au Nord, la Nouvelle-Calédonie (2300 kilomètres) ; à l’Est, le Chili (9000 kilomètres) et, au Sud, ben, le Pôle Sud (5000 kilomètres).

Donc je pense qu’on est en droit de dire qu’on estlégèrement isolés.

Cette isolation fait que les Kiwis ne sont pas tout à fait au point sur le monde qui les entoure. Et comme, en plus, ils sortent rarement de chez eux (rapport au fait que n’importe quel voyage au-delà de la frontière implique au minimum quatre heures d’avion), ils ont développé une conception du reste du monde un peu….spéciale.

Parce que isolation + culture britannique coloniale (c’est nous les plus forts, c’est nous les plus meilleurs) = désillusion énorme quant à la place qu’occupe la Nouvelle-Zélande dans le monde.

Les Kiwis sont en effet persuadés que leur pays est un acteur majeur dans la communauté internationale. Alors qu’en fait, il sert plus ou moins juste à produire du lait et de l’agneau, et éventuellement à meubler deux minutes loufoques à la fin d’un JT américain.

(« Sans transition, la Nouvelle-Zélande, où une retraitée vient d’entrer au Guiness Book pour avoir tricoté le plus grand pull en laine du monde. À vous les studios ! »)

Si un jour tu viens par ici, tu vas donc été abreuvé(e) d’infos locales qui vont te faire penser « Mais c’est vrai, ça ? ». Et la réponse sera dans la majorité des cas : NON.

Donc comme je suis sympa, je t’ai concocté un petit top des idées reçues que tu peux entendre en Nouvelle-Zélande. Comme ça t’es rodé.

On commence avec la plus célèbre :

« En Nouvelle-Zélande, on a l’une des 10 plus hautes tours du monde ! »

NOPE.




Même en étant sympa et en ne comptant que les tours à proprement parler (excluant du coup les gratte-ciels comme le Burj Khalifa, les Petronas Twin Towers ou l’Empire State Building), la Sky Tower d’Auckland n’atteint quand même que la 26ème position mondiale. Faut dire qu’elle fait même pas la moitié de la hauteur d’un monstre comme le Burj Khalifa (mais après, on n’a pas le budget des Émirats non plus, hein.) (Ici on a des moutons à la place du pétrole, alors on fait comme on peut.)

Petit lot de consolation quand même : la Sky Tower n’est pas dans le Top 10 des plus hautes tours du monde, MAIS elle reste quand même un poil plus grande que la Tour Eiffel (plus haute de 4 mètres, pour ceux qui veulent tout savoir).


(Et toc les Froggies.)

Dans la même catégorie, mais en beaucoup plus énervant, on trouve aussi :

« En Nouvelle-Zélande on a le plus grand centre commercial de toute l’hémisphère Sud ! »



J’ai beau n’avoir pas visité beaucoup de pays dans l’Hémisphère Sud, j’ai quand même dû étouffer un pouffement la première fois qu’un Kiwi m’a sorti cette énormité (d’un air très sérieux, précisons-le).

Parce que je connais pas super bien l’Hémisphère Sud, mais en revanche, le centre commercial Sylvia Park, je connais bien.C’est juste à côté de chez moi, j’y fais les courses tout le temps, et c’est MI-NUS-CULE. Y’a qu’un seul étage et genre cinquante magasins, c’est complètement ridicule. Tu mets ça n’importe où en Europe, et c’est le centre commercial d’une ville de taille moyenne.

Donc la première fois que j’ai entendu ce « fun fact », j’ai juste rigolé dans ma barbe et j’ai passé mon chemin.

Sauf qu’ensuite, tout le monde s’est mis à me dire la même chose !

Sans déconner, aujourd’hui encore, quand je mentionne à un Kiwi que j’habite à côté de Sylvia Park, on me balance le coup du « plus grand centre commercial de l’Hémisphère Sud » UNE FOIS SUR DEUX.

(À croire qu’on leur fait apprendre par cœur à l’école primaire, j’te jure c’est pas possible autrement.)

On me l’a sorti tellement souvent que j’ai fini par aller googler « plus grands centre commerciaux au monde » et a noter TOUS CEUX DE L’HEMISPHERE SUD, juste pour vérifier que c’était pas moi qui avais tort.

Réponse : évidemment que non, je n’ai jamais tort, c’est tous les Kiwis qui font encore leurs Kiwis et nous sortent un cas classique de « La Nouvelle-Zélande = l’Hémisphère Sud ».

En effet, il faut savoir que les Néo-Zélandais arrondissent volontiers leur pays à l’Hémisphère Sud toute entière, parce qu’ils sont un peu des couilles en géographie et que, pour eux, Hémisphère Sud = la Nouvelle-Zélande (le plus grand et le plus génial des pays) + l’Australie (bouuuh ces péteux on les aime pas t’va voir comment on va trop les défoncer au rugby) + l’Afrique du Sud (lolilol ils ont des accents rigolos).

(Oui, l’Afrique du Sud est à la Nouvelle-Zélande ce que le Québec est à la France.)

Du coup, ils sont à peu près persuadés qu’ils sont le seul pays développé dans toute leur moitié du monde.

(C’est presque mignon, dans un sens.)


(« Oooooh, mais oui mon poussin tu es une nation industrialisée ! Oh là là, quel grand centre commercial tu as ! »)

Redressons donc les torts une fois pour toute : OUI, Sylvia Park est effectivement le plus grand centre commercial de Nouvelle-Zélande, avec une surface de 71,000 m².  NON, ce n’est pas le plus grand centre commercial de l’Hémisphère Sud. 

Le plus grand centre commercial de l’Hémisphère Sud, c’est Le Mall Taman Anggrek à Jakarta (Indonésie), et il fait 360,000 m2.

(Hop, un bout de culture générale impossible à caser en soirée.)

(Ne me remercie pas, c’est cadeau.)

Et si le Kiwi te répond :

- Ouais bon d’accord on n’est pas LE plus grand, mais on est quand même facilement dans le Top 5 !

Tu peux t’amuser a le bombarder de données qui le feront pleurer sa mère, en commençant par :

NON, face de cul !

Arrête de croire que ton petit supermarché ridicule est un grand centre commercial ! C’est rien ! C’est une crotte de mouche sur le plateau géant du consumérisme global !

En Afrique du Sud, à São Paulo, à Buenos Aires, à Santiago du Chili, et même juste à côté de chez toi, chez tes voisins honnis les Aussies, on trouve des centres commerciaux qui font tous MINIMUM mille mètres carrés de plus que ton petit Sylvia Park tout moisi. 

Et c’est sans compter le fait qu’ils ont tous des étages (parce qu’il y a que la Nouvelle-Zélande pour bâtir des centres commerciaux uniquement sur un rez-de-chaussée) et qu’ils comptent donc tous des CENTAINES de magasins en plus ! 

Alors stop maintenant avec ce fun fact sorti du trou du cul d’une poule. 

STOP. 

STAAAAAAHHHP.

(Non mais pardon, je sais que je m’énerve, mais t’as pas idée du nombre de fois où j’ai dû réfuter cette idée reçue.)

En fait, si j’ai le seum, c’est surtout parce que ça me rend triste de voir à quel point les Kiwis font des efforts pour nous faire croire qu’ils sont au top de l’urbanisation, alors qu’il y a plein de trucs cools pour lesquels ils sont vraiment au top : par exemple, la Nouvelle-Zélande a l’un des plus haut pourcentage de terres protégées au monde (24% de la surface du pays - rep à sa Yellowstone), l’une des plus grande variétés au monde d’espèces d’oiseaux endémiques, et puis est-ce que je dois rappeler que ce pays est le seul au monde à avoir un arbre aussi massivement cool que le kauri, et un oiseau aussi incroyablement mignon que le kiwi ?


(J’veux dire, des kiwis quoi ! Le machin c’est comme une grosse poule qui bouffe que des fruits et qui a réussi à survivre alors qu’il sait pas voler, c’est pas rien quand même !)

Mais tous ces trucs-là, les Néo-Zélandais refusent de les revendiquer, parce que ça fait trop plouc, nan ce qui est glamour, tu vois, c’est l’industrialisation.

(Mec, viens dans une nation vraiment industrialisée, tu seras vite heureux de revenir à tes verts pâturages et tes forêts sauvages.)

Bref bref.

Du coup je propose une règle d’or : si tu entends une phrase qui commence par« La Nouvelle-Zélande possède le plus grand… » ou « La Nouvelle-Zélande est à la pointe de… », c’est presque certain que ce qui va suivre sera faux. (à moins que la phrase ne se termine par « la tonte de moutons » ou « le lancer de bottes en caoutchouc ») (là, c’est tout juste).

Sur ce, je te dis à bientôt pour la suite des idées reçues chez les Kiwis, qui se concentrera sur des exemples de bon vieil ethnocentrisme de derrière les fagots.

(Le teaser de ouf.)

(Tous les sociologues sont À DONF.)

L'instant Kiwi: les idées reçues au pays des fougères II

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On continue le tour des idées reçues les plus répandues chez les Kiwis, et c’est le bon moment pour te parler de l’ethnocentrisme.

L’ethnocentrisme désigne le fait de « voir le monde et sa diversité à travers le prisme privilégié et plus ou moins exclusif des idées, des intérêts et des archétypes de notre communauté d'origine, sans regards critiques sur celle-ci ». En gros, c’est la tendance d’un peuple à établir sa culture comme mètre étalon des autres : cf. ma mamie qui regarde des photos de mon tonton au Japon, et qui, en voyant des gens manger assis sur des coussins par terre, s’écrie :« Mon dieu ! Ils sont si pauvres ! Ils n’ont même pas de quoi se payer des chaises ! »

(Il a quand même fallu la dissuader d’envoyer un chèque aux gens de la photo, « pour qu’ils puissent enfin arrêter de manger par terre comme des animaux ».)

(Véridique.)

Et les Kiwis, en fait, c’est un peu comme ma mamie : ça ne part pas d’une volonté consciente, mais ils ont une grosse tendance à rabaisser les autres cultures, même celles qui sont présentes en masse sur leur territoire.

Cela vient en partie d’un manque de perméabilité entre les cultures (chacun fait sa vie dans son coin, et quasiment personne ne fait l’effort d’aller vers un autre groupe ethnique) et d’autre part de la culture coloniale britannique - car même si la colonisation de la Nouvelle-Zélande s’est faite sans trop de sang versé (comparativement aux massacres qu’on a pu observer en Australie, par exemple), de un, ça ne veut pas dire que c’était bien vu de fraterniser avec les indigènes, et de deux, les Kiwis « de souche » ont quand même l’idée ancrée en tête que la culture britannique c’est la meilleure et la plus géniale du monde, Rule Britannia et God Save the Queen.

Bref.

J’ai donc entendu pas mal de clichés de la part de certains Kiwis, mais somme toute assez semblables à ceux que l’on peut trouver partout de par le monde chez les gens moyens ouverts d’esprit.

Par contre, il y a deux idées reçues, concernant respectivement les Samoans et des Maoris, qui sortent du lot des clichés communs, en ce sens que la grande majorité des gens y croient dur comme fer – notamment parce que ces idées reçues sont en partie basées sur des faits établis, ce qui les rend d’autant plus pernicieuses.

On commence avec celle qui m’a fait écarquiller les yeux : les Fa'afafine.

Alors, tout d’abord, il va falloir faire un petit cours de civilisation, parce qu’on va se pencher sur une culture complètement inconnue en Europe : les Samoans.

Les Samoans sont les habitants de Samoa (ça va, jusqu’ici c’est facile), une île perdue dans le Pacifique.


(À ne pas confondre avec American Samoa, qui est juste à côté, mais qui est un territoire des États-Unis.)

Samoa était au départ une colonie allemande, mais après la Première Guerre Mondiale, la Ligue des Nations a confisqué la colonie aux Allemands, et la Nouvelle-Zélande a repris le contrôle de Samoa. Samoa était donc une colonie néo-zélandaise de 1914 à 1962, parce qu’apparemment ça leur avait pas servi de leçon aux Kiwis d’être eux-mêmes une colonie.

Aujourd’hui, Samoa est un État indépendant, mais bénéficie de liens très forts avec la Nouvelle-Zélande, notamment au niveau de l’immigration, puisque les Samoans reçoivent instantanément la nationalité Néo-Zélandaise s’ils en font la demande.

Et comme à Samoa, y’a que trois mille kilomètres carrés de terres (qui reculent de jour en jour sous la montée des eaux), que le PIB est l’un des plus bas au monde, et que la seule économie du pays, c’est la culture des racines, tu te doutes qu’il y a pas énormément de perspectives d’avenir sur l’île.

Du coup, il y a aujourd’hui 200 000 Samoans qui vivent a Samoa, et 130 000 qui vivent en Nouvelle-Zélande. Et les projections démographiques estiment que, d’ici 20 ans, il y aura plus de Samoans en Nouvelle-Zélande qu’à Samoa.

Et les Fa'afafine, c’est un exemple flagrant du manque de communication qui existe entre les Kiwis « de souche » et leurs populations immigrées – même quand elles sont aussi nombreuses que les Samoans.

Bref. Les Fa'afafine, qu’est-ce que c’est ?

Eh bien, si tu demandes à un Kiwi, il va te dire ça :

« Les Fa'afafine sont des garçons Samoans que leurs parents élèvent comme des filles pour qu’ils puissent s’occuper des tâches ménagères. »

Et je t’avoue que quand on m’a dit ça comme ça, à froid , j’ai failli m’étrangler avec ma pavlova.

Parce qu’on est d’accord que l’idée d’une culture où les parents décident de faire changer de sexe à leurs enfants pour qu’ils puissent passer l’aspirateur, c’est un poil chelou, non ?

- Poussin, tu peux m’aider a décharger les courses ?
- Ben non, je suis un garçon.
- Ah oui, suis-je bête. Enfile une robe et viens m’aider.
- Hein ?
- T’es une fille maintenant.
- Mais je…
- Ta gueule.
- …
- Va faire la vaisselle.

Piquée par la curiosité, j’ai donc fait mes petites recherches, et la réalité, tu t’en doutes, est un poil plus complexe.

Effectivement, les « Fa'afafine » sont des Samoans nés de sexe masculin, mais qui ont des comportements considérés majoritairement comme féminins. Les Fa'afafine ne sont cependant pas des transsexuels : ils restent biologiquement des hommes, même si la société Samoane ne les considère pas comme tels. Cependant, elle ne les considère pas comme des femmes non plus -  les Fa'afafine sont en fait un troisième sexe.

Concrètement, les Fa'afafine s’habillent généralement avec des vêtements féminins, ont les cheveux longs, mettent du maquillage, et remplissent souvent les rôles sociaux des femmes (notamment s’occuper des tâches ménagères – d’où le cliché Kiwi), même s'ils peuvent aussi occuper des rôles plus "masculins".

Quelques Fa'afafine célèbres:


(Fuimaono Karl Pulotu-Endemann, un juge de paix et professionnel de la santé, qui a notamment beaucoup œuvré pour développer le traitement des troubles de la santé mentale chez les Polynésiens de Nouvelle-Zélande.)


(Jaiyah Saelua, joueuse de football professionnelle pour l'équipe nationale d'American Samoa, et la première personne transgenre à jouer pour une équipe masculine dans une Coupe du Monde de la FIFA.)


(Brother Ken, un personnage fictif qui joue le principal d'un collège dans la série néo-zélandaise Bro'Town.) (Un genre de South Park avec des Polynésiens.) (Tu peux trouver tous les épisodes sur Youtube, mais je te conseille de t'accrocher, parce que les accents sont coriaces.)

Les Fa'afafine sont plutôt bien acceptés dans la société Samoane, même si l’influence des groupes chrétiens radicaux a eu des conséquences très négatives ces dernières années (tiens donc, l’Église n’est pas fan des LGBT, comme c’est étonnant.) Mais ils sont généralement bien acceptés au sein de leur famille – dans une étude, 80% des parents de Fa'afafine déclarent qu’ils n’ont pas tenté de pousser leurs enfants vers des attitudes plus masculines. Avoir un enfant Fa'afafine est d’ailleurs souvent une bonne nouvelle pour les parents niveau plan retraite, parce que les Fa'afafine restent majoritairement au foyer à s’occuper de leurs aïeux, vu qu’ils ne peuvent pas se marier ou avoir d’enfants – à Samoa, le mariage est autorisé uniquement entre un homme et une femme, et les Fa'afafine, rappelle-toi, ne sont techniquement ni l’un ni l’autre.

Alors je pense comprendre comment la réalité a été tordue de manière à ce que l’on arrive à l’énormité que j’ai entendue, mais qu’on mette les points sur les I : ce ne sont pas les parents des Fa'afafine qui décident, comme ça, « tiens, on va élever notre garçon comme une fille ». Et, mine de rien, ça fait quand même une grande différence : parce qu’accepter le changement de sexe de son enfant, c’est de la tolérance, mais forcer son enfant à changer de sexe pour le transformer en esclave personnel, c’est de la maltraitance.

(En plus en général ça finit mal ces histoires d’enfants esclaves, t’as jamais lu Cendrillon ou quoi ?)

(Laisse tomber comment tu vas finir avec les yeux crevés et des morceaux de pied en moins.)

(Franchement, passe le balai toi-même, t’auras moins d’emmerdes.)

Bref, tout ça pour dire : les Fa'afafine ne sont PAS des garçons que l’on transforme en filles contre leur gré ; ce sont des garçons qui n'ont pas envie de remplir les idéaux (ultra exigeants) de masculinité à Samoa, et choisissent donc (CHOISISSENT) de remplir des rôles sociaux féminins.

Bref, je pourrais en écrire des pavés pendant des heures, parce que je trouve ce concept de troisième sexe fascinant, et je pense que la notion a certainement un rapport avec le fait que la société Samoane est hyper intolérante sur la question de l’homosexualité (l’homosexualité entre hommes est interdite par la loi, et passible de sept ans de prison, quand même). Du coup je pense que ce n’est pas un hasard que les Fa'afafine soient généralement attirés par des hommes – parce qu’une relation entre un homme et un Fa'afafine, ce n’est pas considéré comme de l’homosexualité. (Hop, pirouette sociétale.)

Bref bref Brejnev.


(Mais non, c'est juste une expression, enfin!)

Changement de culture, on va aller du côté des Maoris, et s’aventurer en terrain glissant en abordant le sujet de la légitimité du peuple Maori.

Il faut savoir que les iwi (tribus) maories sont assez actives dans leur bataille avec le gouvernement néo-zélandais, pour qu’on leur restitue les terres qui leur ont été prises à l’époque de la colonisation. Tout cela peut être résumé au gros quiproquo du Traité de Waitangi (que j’ai déjà évoqué sur ce blog) : en gros, le gouvernement dit que les Maoris ont cédé leurs terres de plein gré, et que du coup c’est trop tard pour se la ramener maintenant, et les Maoris disent qu’ils ont été dupés sur la marchandise, parce que le Traité disait qu’ils pourraient conserver leur souveraineté – ce qui n’a pas été le cas.

L’argument principal des Maoris dans leur bataille pour la souveraineté, c’est évidemment le fait qu’ils étaient là les premiers – et que, du coup, la couronne britannique leur avait pas exactement volé leurs terres, mais les avait bien arnaqués quand même.

Et, un beau jour que je discutais de ça avec des amis Kiwis et étrangers, un Kiwi nous a répondu:

- Mais de toute façon c’est des conneries cette histoire de qui était là en premier. Ça n’a pas sa place dans le débat, vu que les Maoris n’étaient pas le premier peuple à être arrivé en Nouvelle-Zélande.

La, y’a eu un moment de WTF général, parce que, parmi les étrangers, on avait tous lu dans nos petits guides touristiques que les premiers sur place, bah, c’étaient les Maoris.

Et notre Kiwi de continuer :

- On dit que les Maoris étaient les premiers parce que c’est eux qui étaient la quand les britanniques sont arrivés. Mais, en vrai, il y avait un autre peuple autochtone avant : les Moriori.

Là, on était encore plus perturbés, parce qu’on n’avait jamais entendu une seule mention de ce peuple. L’explication n’a pas tardé :

- Les Moriori étaient un peuple pacifique et ils ne savaient pas se battre. Du coup, quand les Maoris ont débarqué, ils les ont massacré jusqu’au dernier. Donc qu’on ne vienne pas me dire que c’est eux qui ont été injustement colonisés ! C’étaient déjà des colonisateurs ! Les Britanniques étaient juste la deuxième vague ; et ils ont été vachement plus cléments.

Là, je t’avouerai que j’étais intriguée. Donc j’ai fait mes recherches, et ce que j’ai découvert n’était pas joli-joli.

Les Moriori sont un peuple qui a vraiment existé sur les Iles Chatham : un archipel néo-zélandais situé à 800 km à l’Est de la Nouvelle-Zélande, et où on trouve des cailloux, et voilà. (Sans déconner, le truc c’est trois rochers empilés au milieu de l’océan, avec un vent glacial et une humidité permanente.) (En gros, faut être motivé pour vivre là-bas.)


Aujourd’hui, il y a 600 habitants sur les Iles Chatham, dont une toute petite poignée de descendants Moriori. Mais il y a quelques siècles, il y en avait beaucoup plus…

...avant qu’ils ne se fassent quasiment tous exterminer par les Maoris.

« Ah mais en fait c’est vrai cette histoire ?? », t’exclames-tu.

Eh ben, oui et non. Mais commençons par le commencement.

Au XIXè siècle, des archéologues et ethnologues britanniques découvrent des ossements de moa à côté d’outils de chasse qu’ils estiment dater du Paléolithique.


(Pour rappel, le moa, c'est ça.)

Ayant déjà daté l’arrivé des Maoris au XIIIe siècle, les scientifiques se disent que ces traces proviennent d’une civilisation antérieure.

Leur théorie est reprise par S. Percy Smith, un ethnologue dont le boulot était de découvrir la date d'arrivée des Maoris en Nouvelle-Zélande. En "arrangeant" les témoignages de tradition orale maorie dans l'ordre chronologique, il identifie pas mal de trous, qu'il bouche avec un peu tout ce qui lui passe sous la main. Et les os datés du Paléolithique lui donnent un super point de départ pour sa théorie de la « Great Fleet », selon laquelle les premiers habitants de la Nouvelle-Zélande étaient les Moriori, un peuple de chasseurs-cueilleurs pacifiques de race mélanésienne (donc plus noirs que les Polynésiens - tu verras que ça aura son importance), et qui aurait été chassé sur les Iles Chatham par les Maoris en 1350.

Cette hypothèse devient super en vogue chez les Anglais et est très vite élevée au rang de fait, puisqu'elle démontre deux choses: 1. Que les Anglais ne sont que la vague de colonisation suivante, pas la première, et 2. que la race blanche est supérieure aux autres, puisqu'on a une preuve historique qu'à travers les siècles, une civilisation plus blanche et plus avancée vient à chaque fois supplanter les sauvages noirs et stupides.

Et comme en plus on est en plein boom des théories Darwiniennes, tu lances une pincée de "survie du plus fort" là-dedans, et tu as une magnifique justification pour la colonisation.

C'est marrant comme tout s'arrange à pic, hein?

Sauf qu’en fait c’était totalement faux.

Déjà, parce que les Moriori sont des Polynésiens, pas des Mélanésiens, donc techniquement eux et les Maoris font partie de la même « race » (selon la pensée du XIXè siècle et de Nadine Morano).

En fait, on pense aujourd’hui que les Moriori étaient à l’origine des Maoris, qui ont émigré de Nouvelle-Zélande et se sont installés sur les Iles Chatham vers le XIVè siècle. Une fois sur place, ils ont développé une langue et une culture à part, jusqu’à former un peuple bien distinct.


(Moriori en 1877.)

Notamment, les Moriori étaient rigoureusement pacifistes et avaient banni toute forme de conflit armé de leur société – à l’exact opposé des Maoris, qui étaient moins connus pour leur penchant à faire des câlins et des guilis, et un peu plus connus pour leur penchant à faire la guerre et à manger leurs ennemis en se baignant dans leur sang.

(Les Vikings du Pacifique, je te rappelle.)

Bon mais alors c’est vrai ou c'est faux, au final, cette histoire de massacre ?

En fait, non, y’a bien eu un massacre, mais c’était beaucoup plus tard, et (en partie) motivé par les colons britanniques.

Dans les années 1830, en pleine guerre coloniale, ça commençait à sentir mauvais pour les Maoris, qui enchaînaient les défaites contre l’armée britannique. Un iwi Maori a alors décidé que maintenant y’en avait marre et que c’était à leur tour d’aller coloniser des gens. Une tribu d’environ 500 guerriers a donc débarqué sur les Iles Chatham en 1835, armés de haches et de mousquets, et ont informé les Moriori ébahis que « Maintenant c’est chez nous ici, vous êtes nos vassaux ».

(On sent d’où leur est venue l’inspiration.)

Les chefs Moriori se sont réunis et ont décidé de ne pas se battre car c’était contraire à leurs principes… puis se sont faits promptement égorger et cannibaliser par les Maoris.

(On dirait la morale d’une fable horriblement cruelle.)

(Jean de la Fontaine approuve.)

On estime qu’environ 10% de la population a été massacrée sur-le-champ dans un rituel de victoire, et les hommes, femmes et enfants restants réduits en esclavage. En 1862, même pas 30 ans après la première incursion, il ne restait qu’une centaine de Moriori sur une population de 2000 avant l’invasion.

(Pour en savoir plus, tu peux te rendre sur la super mine d'informations qu'est Te Ara Encyclopedia.)

Donc, le génocide des Moriori aux mains d’une tribu Maorie, c’est vrai, MAIS les historiens de l’époque se sont plantés sur la date de plusieurs centaines d’années.

Et ça peut sembler être juste un petit détail chronologique, mais les colonialistes anglais ont utilisé tout au long du dix-neuvième et vingtième siècle l’argument que finalement leur colonisation était super justifiée parce que les Maoris déjà c’étaient pas les premiers, et puis on a le droit d’être des connards parce qu’eux aussi étaient des connards avant.

(L’argument zéro de l’humanité.)

Cette vision était d’ailleurs tellement populaire que les autorités britanniques étaient plus ou moins persuadées à l’époque que le peuple Maori vivait ses derniers jours, et ça leur posait zéro problème (au contraire). L’artiste Charles Goldie s’était d’ailleurs spécialisé dans les portraits de Maoris songeurs, contemplant et acceptant leur extinction proche avec nostalgie.


(« Ah, si seulement je pouvais encore manger la chair de mes ennemis vaincus. Mais bon tant pis, j’vais juste me suicider. »)


(« Han chuis trop deg, Darwin avait raison depuis le début. »)


(« L’homme blanc nous a vaincus, on n’a plus qu’à crever maintenant. GG les Anglais, AFK »)

La théorie de l’extinction des Moriori a été publiée dans les livres d’école en 1934, et a ainsi été enseignée à plusieurs générations d’enfants Kiwis. Ce qui est intéressant, c’est que l’accent n’était pas tant mis sur la cruauté (réelle) des Maoris, mais sur la stupidité (imaginaire) des Moriori. Ils sont notamment décrits comme paresseux, laids, et très, très noirs (forcément, ça va ensemble, hein Gérard ? Ah ah ah c’est tellement fun le racisme).



(V’la la bonne ambiance dans les salles de classe.)

Alors bien sûr, avec le temps, la Couronne Britannique a tout de même mis de l’eau dans son vin rapport au racisme, mais il n’empêche que la théorie des Moriori a été enseignée aux enfants Kiwis jusque dans les années 1970, quand des archéologues ont découvert ce que l’on sait aujourd’hui (à savoir, que les Maoris étaient réellement les premiers en Nouvelle-Zélande).

Le souci, c’est que peu de Kiwis se soucient suffisamment de leur histoire pour se renseigner sur le sujet. Résultat, plusieurs dizaines d’années après preuve du contraire, énormément de Kiwis pensent encore que les Maoris n’étaient pas les premiers en Nouvelle-Zélande, et que donc les Britanniques n’étaient pas des colons envahissant des indigènes, mais simplement la vague suivante d’immigration.

Et là tu vas peut-être me dire « Ouais, d’accord, mais les Maoris sont pas vraiment la figure du peuple innocent – j’veux dire, ils ont quand même commis un génocide, on est d’accord ? »

On est d’accord, mais la question n’est pas là.

Si la question était « Est-ce que les Maoris étaient des enfants de chœur », le massacre des Moriori serait un excellent argument en faveur du non.

Mais dans la question « Les Maoris ont-ils colonisé la Nouvelle-Zélande avant les Anglais ? », la réponse est clairement : non.Les Maoris n'ont pas colonisé la Nouvelle-Zélande, ils s'y sont installés quand il n’y avait personne dessus.

Après, on peut arguer qu’ils ont colonisé les Iles Chatham, ça, je dis pas. Mais tout porte à penser que l’invasion des Iles Chatham n’aurait probablement pas eu lieu s’il n’y avait pas eu la colonisation britannique. Parce qu'avant l’arrivée des Anglais, les Maoris étaient bien trop occupés à se faire la guerre en permanence pour penser à s’étendre sur d’autres territoires.

(Surtout que, les rares fois où ils étaient pas en guerre les uns avec les autres, ils devaient s’occuper à trouver de la bouffe (pour avoir de l’énergie pour faire la guerre plus tard) et à faire des mômes (pour qu’ils puissent assurer la prochaine guerre).)

(Ah oui ben j'avais prévenu que c'étaient pas des enfants de chœur.)

Et même si l'histoire des Moriori avait été vraie, elle n'aurait quand même pas sa place dans le débat d’aujourd’hui sur la légitimité de la colonisation. C'est franchement limite de comparer une invasion qui aurait eu lieu au Moyen Age avec une invasion qui a eu lieu au XIXè siècle en disant que c'est la même chose. C'est pas la même chose. On n'est plus la même civilisation. Juste parce qu'on se comportait comme des barbares y'a des centaines d'années, ça n'excuse pas le fait qu'on se comporte comme des barbares dans le monde moderne.

Donc, si un jour tu entends un Kiwi ressortir l'histoire de "Les Maoris c'étaient pas les premiers gna gna gna j'vois pas de quoi ils se plaignent", tu sais quoi répondre:

- TA GUEULE. Cet argument vaut littéralement double zéro. Premier zéro, c'est pas vrai. Deuxième zéro, même si c'était vrai, ce serait un argument de merde quand même. Arrête d'essayer de démontrer que la colonisation c'est super duper, sincèrement le monde entier a déjà tranché que c'était pas bien, ça fait genre au moins soixante ans que tout le monde est d'accord là-dessus et ça fait pitié de voir à quel point t'es à la ramasse.


Bon, après, je dis pas que tu te feras des tonnes d'amis si tu parles aux gens sur ce ton, mais au moins tu seras détenteur de la Vérité comme Socrate.

(Et puis tu peux faire une sortie badass.)

(C'est pas tous les jours qu'on te donne des occasions comme ça.)

(Ne me remercie pas.)

3615 ma vie super saine

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Et donc il y a quelques jours j’ai réalisé que je rentrais en France dans huit semaines, et j’ai légèrement paniqué.

- Haaaaaa putain mais je suis trop grosse ma mère elle va m’tueeeer !

(Juste légèrement.)

Parce que j’ai beau aller à la gym trois fois par semaine, quand on mange des burgers et des gâteaux le reste du temps, bizarrement, ça suffit pas.

(C’est trop moche la vie.)

En plus, comble de malheur, je m’étais mise à faire du vélo d’appartement à fond les ballons parce que j’étais hyper supra motivée (normal, c’était la seule option pour faire du sport en sloup tout en binge-watchant des séries Netflix – le compromis parfait entre être une personne saine et être une personne heureuse). Résultat, maintenant j’ai des jambes comme des poteaux, je rentre plus dans aucun de mes pantalons, et mes cuisses sont tellement grosses que j’arrive même plus à serrer les genoux.

Mais en revanche c’est des cuisses musclées.

Elles ont le gabarit d’un jambon de Bayonne, mais elles sont musclées.

(Ça me fait une belle jambe.)

(JEU DE MOTS AHAHAHAHA)

Donc j’étais un peu flippée à l’idée de devoir apparaître devant mes proches en mode« Coucou j’ai la circonférence de Saturne » - d’autant que c’est pas comme si je rentrais à la maison à un moment anodin.

Nan.

Je rentre à NOËL.


NOËL en ALSACE.


Quand tu penses que la dernière fois que j’étais à la maison pour les vacances, j’ai pris cinq kilos en quatre semaines, et c’était juste un mois d’octobre normal !

Et en plus on a fait des balades en montagne et j’ai fait du développé couché en portant ma nièce et tout, c’était un minimum physique. Là, il fera trop froid, on sortira juste le temps d’aller se balader au marché de Noël (en avalant des litres de vin chaud tout du long).

Alors imagine quatre semaines de sédentarité complète, assorties non seulement du gavage intensif obligatoire pendant les trois jours de Noël (un jour chez ma mère, un jour chez mon père, un jour chez les beaux-parents), mais avec en sus tous les repas que ma mamie va me préparer avec amour parce qu’elle les retient depuis un an, plus toutes  les autres petites choses délicieuses qu’on s’engouffre dans le gosier en Alsace entre novembre et janvier (et qui sont toutes approximativement 30% beurre, 30% sucre et 30% cannelle), et tu comprendras que j’en mène pas large.

(Ceci est l’article le plus « First World Problems » du monde.)

(« Han, je passe mes congés payés au milieu de ma famille et de mes amis, et j’ai trop de choses succulentes à manger ! Ma vie est un enfer ! »)

Alors tu vas me dire, la solution facile serait de tout simplement faire attention à ce que je mange durant mes vacances.

MAIS LOL.


J’AI AUCUNE VOLONTÉ JEAN-MICHEL.


Tu crois vraiment que je vais réussir à dire non quand on va me pavaner du foie gras sous le nez ? Du saumon fumé ? Des bredalas ? Des mannala? Du pain d’épices? Les bouchées à la reine de ma maman? La tarte aux quetsches de ma mamie?

Genre c’est un scénario plausible. J’avais déjà la bouche pleine de salive en écrivant « gras », c’est mal barré mon pote.



(« Ha non merci, j’ai pas assez faim pour des bredala » SAID NO ONE EVER.)

Donc laisse tomber la neige, je sais à l’avance que je vais passer un mois la gueule ouverte en attendant qu’on fourre de la bouffe dedans, tel un oisillon obèse qui n’aurait jamais quitté le nid.

(D’autant qu’on ne parle pas seulement de bouffe de Noël – je te rappelle que j’ai pas eu un morceau de fromage ou de charcuterie digne de ce nom depuis 2014.)

(Faites péter la bidoche et la fondue savoyarde !)

Du coup, ma seule solution pour ne pas finir toute sphérique et enflée comme si j’avais été punie par Willy Wonka, c’est de mener une vie ultra saine avant de partir en France.

Sauf que, comme je suis un génie de la vie et que toutes les réflexions ci-dessus n’ont atteint mon cerveau que la semaine dernière, je me retrouve à devoir mener la vie plus saine que j’ai jamais vécue, à savoir : je fais du sport ET Weight Watchers EN MÊME TEMPS.

(Sans déconner, c’est de la folie pure.)

Nan mais attends, on va recommencer, parce que j’ai pas l’impression que tu saisisses l’énormité de la chose :

Je fais du SPORT.

Et je fais attention à ce que je mange.


EN MÊME TEMPS !


C’est-à-dire que je vais à la gym, je cours sur le tapis roulant, je fais du vélo, je fais la machine de Gattaca et tout, et après je rentre chez moi et je mange de la SALADE !

(Et les jours ou je me sens un peu fofolle, je bois un-demi verre de jus de fruits en accompagnement.)

Donc voilà, je suis officiellement la personne la plus saine de l’univers.

(Je pense pas qu’il puisse y avoir un degré au-dessus.)

(À part peut-être les gens qui mangent uniquement des trucs raw-gluten-free-paleo mes couilles.)

(Mais je suis quasi certaine que c’est des pas vraiment des gens. Juste des profils Instagram.)

(C’est comme les meufs qui ont un thigh gap ; t’en as déjà vu dans la vraie vie ? EXACTEMENT.)

Alors j’ai bien envie de te raconter à quel point je hais ma vie et l’univers entier maintenant que j’ai le mode de vie le plus sain et le plus chiant du monde, mais en fait comme j’ai juste commencé, je suis encore en plein boost endorphinien, et je vis perpétuellement en mode « Je vaux mieux que toi, j’suis number one au top du top et je parle franglais parce que chuis cool baby ».

(C’est pas gonflant du tout pour mon entourage, c’est ça qui est bien.)

Je suis tellement pleine de bonne volonté et d’énergie que j’ai même commencé à faire du rameur à la gym – alias la machine dont je m’approchais même pas à dix mètres, parce que quand tu vois le genre de truc que c’est, forcément, tu te dis que t’es pas encore prêt.


(Sensei, je ne suis pas digne de l’ergomètre.)

Mais maintenant que j’ai franchi le pas, je suis pas peu fière :

- FLA ! Regarde mes mains !
- Ben… c’est des ampoules ?
- C’est les ampoules de la VICTOIRE !

Bon, quand je lui ai expliqué que j’avais chopé des ampoules après avoir fait dix minutes de rameur, mon illusion badass s’est quelque peu effondrée sur elle-même comme un soufflé trop cuit.

Mais c’est quand même bien cool, en plus entre-temps j’ai découvert que je ramais beaucoup plus vite si je mettais de la musique de Vikings dans mon MP3 :


(« En avant, compagnons ! Ramons jusqu’à Valhalla ! »)

(Ça marche aussi avec la B.O. de Skyrim, pour ceux que ça intéresse.)

Bref, tout ça pour dire que j’ai quand même hâte d’être en France avec mon foie gras ma famille pour pouvoir leur montrer comme je mène une vie saine, et pouvoir subséquemment me faire noyer dans la graisse et le vin.

(Ça va être un beau Noël.)

Un long week-end dans l'Est

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Et donc en Nouvelle-Zélande on avait un long week-end, parce que le dernier lundi d’octobre, c’est la fête du travail.

(En souvenir du 28 octobre 1890, qui était la première fête du Travail en Nouvelle-Zélande, et le premier anniversaire du Maritime Council – une organisation regroupant les tout premiers syndicats du pays.)

Bref, depuis, on a un long week-end à chaque fin octobre, et c’est cool parce que c’est presque l’été.

Donc, avec Flaxou, on s’est dit que c’était bien beau de vivre emmurés sous la pluie depuis juin, mais que maintenant, c’était reparti pour la saison des road trips.

Donc on est partis en direction d’une région qu’on n’avait jamais visitée avant : la région de Gisborne, aussi appelée « Eastland ».



(Les routes sont en rouge et jaune, les chemins de terre battue sont en blanc.)

Cette région, comme son nom l’indique, est située tout à l’Est de l’Ile du Nord, et elle est connue des néo-zélandais principalement pour les choses suivantes :

Le bon vin
Le micro-climat ensoleillé
Le décor de tous les films ou séries qui se passent chez les Maoris en milieu rural (on peut citer Boy ou encore Whale Rider - deux excellents films, soit dit en passant)
Le dicton selon lequel cette région est « la première au monde à voir le soleil tous les matins » et qui m’a fait hausser les sourcils jusqu’au plafond,parce que pendant un moment j’ai sincèrement cru que les Kiwis n’avaient pas saisi que la terre était ronde, mais fausse alerte, en fait ils parlaient juste des fuseaux horaires (sauf qu’en fait, même là, Samoa ou Fidji voient techniquement le soleil se lever avant eux, mais bon, tu as maintenant l’habitude du raccourci Nouvelle-Zélande = le monde entier.)

Et bien entendu, aucune région côtière de Nouvelle-Zélande ne serait complète sans son phare tout moisi qui est inexplicablement super important.




(Ceci est une photo Google – on n’y est même pas allés.)

(C’était deux heures et demie de route sur une voie non goudronnée pour voir un phare de deux mètres de haut, alors merci bien, on s’est fait rouler une fois, mais pas deux.)

La région Est telle qu’on l’a expérimentée est un endroit beau, grand, et très rural – la moitié du territoire, c’est des parcs naturels, et l’autre moitié, c’est des pâturages pour vaches et moutons.

Un résumé rapide des caractéristiques typiques de la région Est :

Des petites routes qui serpentent au bord de la côte et/ou dans des gorges

Plein de marae (maisons de rassemblement pour les communautés maories)

Plein de bétail et d’animaux domestiques qui se baladent au bord des routes (non seulement des vaches et des moutons, mais aussi des poules, des chevaux, des dindons, des chiens, et même des paons) 



(Sérieusement ? Des paons ?)

Des boîtes aux lettres qui sont en fait des micro-ondes.



Ça doit être une tendance de la côte Est, je sais pas comment te l’expliquer, mais y’en a littéralement tous les kilomètres.

On en a tellement vu qu’on en a fait un jeu de voiture avec Flaxou, dont je te livre ici les règles en exclusivité : le but est d’arriver à dix points pour gagner la partie. Si tu es le premier à repérer la boîte aux lettres/micro-ondes, tu dois crier « MICRO-ONDES ! » et tu gagnes un point. Par contre, si tu te prononces trop tôt et qu’il s’avère que c’était pas un micro-ondes, mais une boîte aux lettres normale, tu perds deux points.

(On s’est quand même arrêtés une fois en plein milieu de la route pour double-checker ce qui s’est avéré être un mini-four-boîte-aux-lettres.)

(On a décidé que le point serait accordé quand même.)

Bref, voici venu le moment de te détailler nos aventures.

On est partis vendredi soir et on a fait les 5 heures de route jusqu’à Whakatane assez pépères. Arrivés à l’hôtel passées 22h, évidemment, la réception était fermée, mais comme j’avais appelé pour dire qu’on arriverait tard, ils nous avaient laissé les clefs dans un dispositif super sécurisé : dans une enveloppe devant la porte d’entrée.

(Je rigolerais bien si je ne savais pas pertinemment qu’aucun Kiwi – fût-il un brigand mal intentionné – n’irait jamais ouvrir une enveloppe si elle n’est pas à son nom.)

(Y’a des choses qui sont au-delà du tolérable même pour les gangsters.)

Bref, le lendemain matin, on a embarqué sur le petit bateau d’une compagnie de tourisme locale, direction White Island, une île volcanique située à 48 kms des côtes.

Et 48 kilomètres en pleine mer sur un petit bateau, c’est long. Deux heures, pour être précise.

Et deux heures, quand il fait moche et que le bateau tangue, c’est looooooong.

Bref : tout le monde a vomi partout.

(Tout le monde sauf Professeur Flaxou, sans doute protégé par l’aura de son quart d’ADN breton.)

Y’en a qui ont vomi par-dessus bord, y’en a qui ont vomi dans les toilettes, y’en a qui ont eu pas de bol et ont vomi sur le pont, et y’en a qui ont eu encore moins de bol et ont vomi dans le bateau – ce qui a fait vomir les rares gens qui vomissaient pas déjà.

(Oui je sais, j’ai beaucoup dit « vomi » dans ce paragraphe, mais y’en avait vraiment beaucoup.)

Moi j’ai tenté d’être brave, et je suis restée presque tout le voyage à serrer les dents et les poings, les yeux fixés sur l’horizon, en me répétant « Tout va bien. Tu n’as pas la gerbe. Tu te sens super. Tu es une Viking. »

Et puis, alors qu’on approchait tout juste de l’ile et que je me disais« Ouf, ça y est, on est arrivés, bien joué championne ! », y’a un type dans le bateau qui a renversé son petit sac en papier, et là, mon cerveau s’est mis en mode « survie primale » :

- Ça sent le…vomi? VOMI! OH MON DIEU QUELQU’UN A VOMI! ON EST TOUS EMPOISONNES ! ON VA TOUS MOURIR ! AZY GERBE !
- Mais c’est juste le mal de mer…
- GERBE J’TE DIS !
- Mais on a même pas mange la même cho…
- MAINTENANT ! ET QUE CA SAUTE!

Et donc j’ai dégueulé tout mon petit-déj dans le sac à vomi le plus minuscule du monde (mais j’ai réussi à pas en mettre une goutte à côté malgré le tangage de compète du bateau, j’étais super fière) et ensuite mon cerveau était très content :

- Aaaaah ben voilà ! On se sent mieux maintenant, pas vrai ?
- Ben….oui.
- C’est parce qu’on avait mangé un truc empoisonné. Maintenant c’est sorti de notre système. Je nous ai sauvé la vie.
- Mais pas du tou…
- TU VAS MIEUX OU TU VAS PAS MIEUX ?

(Les instincts de conservation, ces gros trolls.)

Bref bref.

Une fois que tout le monde avait pris un chewing-gum Emile (références de 1994 bonjour), on a enfin débarqué sur le plancher des vaches, ou plutôt le plancher des cailloux et du magma en fusion, qu’est White Island.


White Island, c’est une île qui est en fait pas vraiment une île, mais un petit volcan. 



Et il est plutôt incroyablement actif, ce qui est super cool si on a pas peur de jouer avec le destin :

- Et autour de vous, vous pouvez voir les cratères de la dernière grosse éruption.
- C’était il y a combien de temps ?
- Oh, ça fait longtemps. Au moins… un an.
- …
- Peut-être même un an et demi.

AH BAH TU ME RASSURES VACHEMENT, HAROUN TAZIEFF, DIS DONC.

- Alors, on vient de me signaler que les sismographes ont détecté une activité volcanique élevée durant les trois dernières heures.
- Alors quoi, on doit évacuer l’ile ?
- Oh bah nan, on va quand même finir le tour. On va juste s’approcher un peu moins près du gros cratère de soufre en fusion.

(La bonne idée de l’année.)

Mais malgré le fait qu’on aurait pu mourir, c’était quand même super fun. 


On a vu plein de trous qui fument et qui sentaient l’œuf pourri, on a fait coucou à un immense cratère de boue en ébullition (mais qu’on n’a pas vraiment pu voir, rapport à toute la vapeur), on a toussé nos mères dans les nuages de soufre, et on a bu de l’eau pleine de métal :

- Voici la seule source d’eau potable de l’ile. Allez-y, goûtez. Ça a quel goût?
- C’est salé, et… ferreux.
- C’est parce que cette eau contient énormément de minéraux. Beaucoup trop pour les êtres humains, d’ailleurs – surtout parce qu’il a plein de métaux lourds : du fer, de l’or, du mercure, du plomb…

SUPER JEAN-MI, TROP SYMPA DE ME DIRE CA UNE FOIS QUE JE L’AI BUE.

(Mon estomac plaqué or ne te dit pas merci.)

White Island a autrefois été occupée par une compagnie minière, et les mineurs habitaient dur l’ile pendant huit mois d’affilée et minaient le soufre sur les parois de la montagne. 



C’était pas particulièrement mauvais pour la sante d’être sur White Island, parce qu’ils minaient à l’air libre et que le soufre n’est pas mauvais pour les poumons (donc ils avaient moins de problèmes de sante que les mineurs de charbon, par exemple). Par contre, ils devaient se brosser les dents dix à douze fois par jour, parce que le soufre rongeait l’émail de leurs dents.

(Mais bon, à choisir entre des dents pourries et un cancer du poumon, c’est vite vu.)

Le seul problème, c’est qu’ils se retrouvaient souvent à bosser à moitie à poil, parce qu’ils devaient attendre le bateau de ravitaillement pour leur apporter des nouvelles fringues, mais l’acidité de l’air et de la terre rongeait tous les textiles super vite.

(On peut donc dire que White Island était la première île naturiste de Nouvelle-Zélande.)


(Pourtant ça avait l'air super, y'avait des bains de boue thermaux et tout.)



(Tu payes une blinde en thalasso pour un truc pareil.)

Bon, aujourd’hui, il n’y a plus de mineurs, parce que l’exploitation de soufre est devenue graduellement de moins en moins rentable, et l’ile a finalement été laissée à l’abandon, avant de devenir un lieu touristique. Mais on a quand même pu visiter des débris de l’usine de soufre – du moins ce qu’il en reste après quarante ans d’explosions volcaniques :









(On a essayé de me faire croire que c’étaient des pièces de fonderie, mais je reconnais un mécanisme Dwemer quand j’en vois un, va pas me la faire à l’envers.)

Et puis c’était le moment redouté du retour, qui en fait s’est très bien passe parce que la mer s’était calmée entre-temps.

(J’ai quand même attendu d’être sur la terre ferme pour manger le sandwich qu’ils m’avaient filé.)

(Courageuse mais pas téméraire.)

C’était donc un samedi super fun, même si toutes nos fringues, nos cheveux et la voiture ont senti le soufre pendant trois jours, on avait l’impression d’avoir fait un brunch avec Satan, c’était formidable.

On a passé l’essentiel du samedi soir et du dimanche matin sur la route, avec un court arrêt pour la nuit dans un motel qui sentait bon le formica et la naphtaline – ce qui était quand même trop de confort pour Professeur Flaxou le prolo :

- Tu nous a pris une chambre pour la nuit dans un motel ! Un MOTEL ! Alors qu’on aurait pu se garer sur le bord de la route et dormir dans la voiture !
- Mais on peut se permettre de dormir dans des motels maintenant : on a du boulot, on gagne notre vie.
- On se RAMOLLIT, oui !

Car oui, Flaxou a beau avoir 30 balais, dans sa tête, il est toujours étudiant.

- Normalement, en vacances, on va pas dans des hôtels. C’est des trucs de prout-prout, ça. En vacances, on se lave dans les rivières, on dort sur la plage dans un sac de couchage, et on mange des pâtes à l’eau.
- T’as mangé du steak littéralement à chaque repas depuis avant-hier.
- Ah ! C’est ta bourgeoisie qui me contamine !

(Et encore, ça c’était avant qu’on arrive. Quand il a vu qu’on avait une salle de bains incluse, j’ai cru qu’il allait faire une syncope.)

Dimanche matin, on s’est mis en route pour Gisborne, avec un petit passage à Te Araroa pour aller faire un petit coucou à Te Waha o Rerekohu, le plus grand pohutukawa du monde :




Et puis on s’est dirigés vers Tatapouri, un lieu-dit dans les environs de Gisborne, où il y a une plage et un camping et c’est à peu près tout. Mais ça tombait bien, on était justement là pour la mer, et surtout pour ce qu’il y avait dedans. Parce qu’on est arrivés chez Dive Tatapouri, on a enfilé les pantalons en caoutchouc les plus glamour du monde :


(Bonjour, je fais huit mille kilos.)


Et on est partis faire coucou à des raies.

En effet, il y a pas mal de raies en Nouvelle-Zélande, mais étonnamment, personne ne les pêche – les Kiwis trouvent que c’est pas bon (les rustres). Du coup, les raies sont plutôt peinardes avec les humains, et craignent surtout les prédateurs marins (type orques ou requins). Donc, la plupart du temps, elles vivent très près du rivage, là où les orques ne peuvent pas les chasser. On peut donc les observer de très près.


De très très près.


Genre elles viennent se coller sur ta jambe, ce genre de près.


(« Hey, qu’est-ce que s’up ? »)


Pour moi qui ai la trouille de n’importe quel poisson de plus de dix centimètres, tu te doutes que c’était une sacrée expérience. Mais en fait les raies étaient très sympa : elles venaient nager près de nous, tranquillement, et on pouvait leur faire des câlins :


(C’est tout doux !)


Et, clou de l’excursion, on nous a filé des morceaux de poisson cru, et les raies sont venues manger DANS NOTRE MAIN !

Bon, j’avoue que ça me foutait un peu la trouille, alors j’ai lâché mon bout de poisson dans l’eau genre huit fois avant de réussir à le garder dans ma main tremblotante quand la raie s’approchait, parce que j’avais peur qu’elle me morde. (Alors que les raies ça a pas de dents, mais bon, cherche pas la logique.)

Mais finalement j’ai rassemblé mon courage, la raie est venue se poser au-dessus de ma main, ça a fait PPPHHHWOM comme un aspirateur, et j’avais plus de poisson, mais encore toute ma main.


(Parfait.)

Et si c’était une journée fun pour moi qui ai peur des poissons, je te laisse imaginer l’extase de Professeur-Flaxou-j’aime-tout-ce-qui-va-dans-l’eau, qui a bombardé le guide de trente millions de questions :

- Combien d’espèces différentes de raies est-ce qu’il y a en Nouvelle-Zélande ? Combien de temps ca vit en moyenne ? Vous les nourrissez tous les jours ou bien elles chassent ? Y’en a combien dans la crique environ ?Vous arrivez à les reconnaitre ? Pourquoi vous partez ? Ah c’est fini ? Je peux vous poser encore des questions?


(Allez, un dernier câlin, et on plie bagages.)

Bref, après cet intermède « Meilleur jour de ma vie » pour Professeur Flaxou, on est allés se balader dans les gorges de Waioeka :





Sauf que le guide n'avait pas précisé que la fin de la balade serait,
disons, sportive, car voici où on s'est retrouvés à la fin de la rando:


Devant nous, c'est donc où on devait aller, et au milieu coule une rivière.

(Dis donc, c'est la journée de références des années 90, aujourd'hui.)

Tu noteras les câbles en travers de la rivière, pour les athlètes qui voudraient faire les malins et traverser comme des surhommes en se tractant à la force de leur bras.

Donc évidemment, confrontée à une épreuve pareille, j'ai noué mes chaussures autour de mon cou et j'ai traversé à gué.


(Mais ça va, il faisait chaud.)

Et puis on s’est arrêtés pour la nuit dans le village de Matawai et son unique hôtel/restaurant, un endroit charmant si on n’a jamais vu de film d’horreur.


(Ambiance « Chaque pièce est pleine de portraits de gens de l’ancien temps qui te suivent des yeux » et « On a accroché plein d’objets en fer rouillé aux murs parce que ça fait terroir, mais en fait on dirait juste des instruments de torture ».)

Ah oui et est-ce que j’avais mentionné que la fierté de l’hôtel, c’était un agneau à deux têtes empaillé depuis 1930 ?


(Ça vous pose une ambiance, tout de suite.)


(PS: Ceci est une photo Google, j'avais pas mon appareil sur moi.)

Mais bon, pour un hôtel de film d’horreur, il était propre, de bonne qualité et confortable – même si on était les seuls dedans à part l’hôtelière et c'était un peu chelou:

- Vous voulez manger vers quelle heure ?
- Heu… je sais pas, d’ici une heure ?
- Parfait. Ce soir, on a du steak.
- Et… y’a d’autres options ?
- Oui : steak aux champignons et légumes, ou steak avec salade et frites.

(Heureusement qu’on n’est pas végétariens.)

(Et puis ça ne faisait que le sixième steak de Flaxou en trois jours.)

Bref, après une nuit super Kiwie où on s’est écroulés comme des loques à 21h pour se réveiller frais et pleins d’entrain à 6h30 du matin (sans déconner, je me lève plus tard que ça quand je dois aller bosser), on s’est mis en route pour notre dernière rando avant de rentrer : Motu Falls.

Une balade qui se méritait, vu qu’on a dû se farcir une-demi-heure de route sur un chemin de terre pour y arriver, mais ça valait le coup :



(Grosse pensée pour mon poto Indiana Jones.)


Et puis c’était le départ pour les six heures de route jusqu’à Auckland, avec Flaxou préposé au volant et moi préposée aux photos floues prises de la route :







Et après toute cette route, on était quand même soulagés de revenir à la maison.

- Y’a pas grand-chose dans le frigo, tu veux que je décongèle un truc pour le dîner ?
- Ouais, j’me ferais bien un steak.
- …..
- Quoi ? C’est encore le week-end!

Ce week-end sera donc désormais connu dans notre famille sous le nom de « Le week-end où on a toussé dans un volcan, j’ai vomi dans un bateau, on a fait des câlins à des raies et Flaxou a mangé huit steaks ».

(J’ai pas plus court pour le moment.)

Vis ma vie avec Professeur PC

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Et sinon Flaxou et moi on a déjà décidé quels cadeaux on allait s’offrir pour Noël.

(La romance meurt quand le compte commun s’ouvre.)

Et non seulement on est un vieux couple qui s’achète soi-même ses propres cadeaux, mais en plus on a décidé de se faire des cadeaux assortis,à savoir : mon cadeau c’est un nouveau PC, et le cadeau de Fla c’est un nouvelle carte graphique.

(3615 le Noël des geeks.)

Mais bon, faut savoir que c’était entièrement l’idée de Flaxou, et je l’ai combattue tant que j’ai pu :

- Un nouveau PC ? J’ai pas besoin d’un nouveau PC ! Celui-là il est quasi neuf, je l’ai depuis même pas un an !
- Mais c’est moi qui te l’ai donné quand j’ai upgradé le mien. Ton PC, il a déjà presque quatre ans.
- Quatre ans ! Mais c’est rien quatre ans !
- …
- Regarde un enfant de quatre ans, il est pas vieux !
- Ouais, mais un hamster de quatre ans, il est très très vieux.
- … donc tu dis que mon PC est un hamster ?
- En tout cas c’est pas un enfant.

Et là, on touche à l’un des plus grands clivages de notre couple.

Petit rappel des plus grands clivages de notre couple, dans l’ordre d’importance :

4. Politiquement, Flaxou est plutôt au centre et moi plutôt à gauche (mais tant qu’il devient pas un partisan du grand patronat, ça va).

3. Flaxou préfère les bonbons et moi je préfère le chocolat.

2. Flaxou dit que l’homéopathie c’est de la merde, et moi je pense que des fois ça marche si on y croit vraiment et qu’on a le cœur pur et qu’on fait un vœu sur une étoile filante. (Non, mais honnêtement, pour les petits trucs genre les aphtes ou les bleus, je pense que ça marche vraiment.)

1. Flaxou aime le céleri alors que c’est l’aliment du démon.

(Fort heureusement, on déteste tous les deux le concombre avec la même hargne, alors ça rattrape.)

Et on peut ajouter à cette liste notre idée très différente de la péremption des objets électroniques.

(Pas la péremption des trucs mangeables – là y’a pas de soucis, on vit tous les deux selon le principe de « Si ça pue pas trop, on le fait bien cuire, et roulez jeunesse ».)

(Alors oui, certes, des fois on s’empoisonne, et oui, certes, peut-être qu’un jour on aura la salmonellose, mais en attendant, on se construit une immunité du feu de Dieu.)

(Amène-moi ton virus des zombies quand tu veux, moi  je mange des yaourts périmés de trois semaines, j’ai pas peur.)

Bref.

Pour Flaxou le technophile, un objet électronique qui a plus d’un an, il est vieux. Alors pour les téléphones portables il s’en fout un peu, parce qu’il les utilise juste pour le boulot (son téléphone a donc trois fonctions : téléphone, réveille-matin, et agenda). Mais le PC sur lequel il passe sa vie, tu peux être sûr qu’il va le pimper jusqu’à la moelle.



(Restez en ligne pour notre prochain épisode de Confessions Intimes: "Je vis avec un jacky des ordinateurs".)

Dans un monde idéal, Flaxou changerait de PC tous les six mois. Dans le monde véritable des gens qui ne font pas caca des lingots d’or, il se contente d’upgrader un morceau de PC tous les trois mois : nouvelle barrette de RAM, nouveau clavier rétro-éclairé, nouvelle souris tactique avec mille boutons, nouveau tapis de souris avec le petit coussin pour pas se fatiguer le poignet, nouveau casque anti-bruit avec le micro ultra-puissant qui capte les conversations des voisins à travers le mur, etc.

Et, au bout de deux-trois ans, quand même les nouveaux équipements ne peuvent plus le distraire de l’obsolescence honteuse de sa machine, il s’achète une toute nouvelle tour et un nouvel écran, moi je reçois les vieilleries, et tout le monde est content.

En gros, ça fait bientôt dix ans que j’ai jamais eu à acheter un seul truc pour mon ordinateur. Je reçois constamment des trucs high-tech alors que j’en ai même pas besoin – par exemple, en ce moment, j’utilise une souris pour gamer à la sensibilité au poil de cul, qui a pas moins de SIX boutons auxquels je n’ai jamais touché, et qui est tellement tactique qu’elle a des POIDS qu’on peut changer pour qu’elle soit plus ou moins lourde. Et je m’en sers principalement pour… aller sur Facebook.

(UTILITAY)

Mais moi, en matière de technologie, je suis plutôt de la vieille école. Comme je dépensais toujours tout mon argent de poche en bouquins, j’ai toujours fait dans le bas de gamme pour mes engins électroniques, et je suis une adepte du bon vieux principe de mamie« J’en achèterai un neuf quand celui-ci sera cassé ».

C’est notamment la raison principale pour laquelle je me trimballe un Nokia à clapet depuis 2007.



(Glamour)


Alors il y a quelques années, j’avais juste l’air d’une plouc et j’étais tranquille. Mais depuis un ou deux ans, pour ma plus grande horreur, je suis devenue vintage

J’ose même plus consulter mes SMS en public, parce qu’à chaque fois, je me fais assaillir par des hordes de hipsters en train de piailler :

- Hi hi hi, ce clapet qui protège ton écran ! Trop rétro !
- Han, ce clavier à touches ! Tellement vintage !
- Oh là là, ce format compact, mais c’est tellement chou !

STOP. Arrêtez de faire genre vous en avez jamais vu, vous avez le même âge que moi, on utilisait tous ça y’a dix ans.

Et juste pour le fun, voici quelques morceaux de conversations VÉRIDIQUES que j’ai eues avec des gens de ma génération à la vue de mon téléphone portable, assortis comme il se doit de GIFs illustrant ma réaction auxdits commentaires :

- Ouaaah et y’a même pas de caméra sur ton machin, tu peux même pas prendre de photos !
- Non, j’ai un appareil photo pour ça.
- Nan mais j’veux dire, tu peux même pas prendre de selfies !




(Est-ce que ce monde est sérieux?)

- Wooo mais ton truc il a même pas accès à Internet ! Comment tu fais ?

- Ben je vais sur Internet à la maison.
- Mais quand t’es pas chez toi ? Par exemple, quand t’es dans les transports en commun, tu fais quoi ?
- Ben je lis un livre.
- Mais alors tu trimballes un LIVRE ENTIER avec toi dès que tu sors ?



(Ça s’appelle un livre de POCHE pour une raison, tête de nœud !)

- Mais t’as des jeux là-dessus ?
- Oui. C’est pas des jeux en ligne, mais j’ai des jeux.
- Comme quoi ?
- Bah des sudokus, des casse-briques, snake…
- WOOOOOOO T’AS SNAKE LE TRUC TROP RETRO !



(VA. MOURIR.)

Et je te garde pour la fin LE commentaire que j’entends À CHAQUE FOIS que j’écris un SMS devant quelqu’un :

- Oh là là un clavier T9, sans mentir je sais même plus comment ça s’utilise !




STOP. 

ALLEZ TOUS VOUS FAIRE FOUTRE. 

ALLEZ VOUS FAIRE ENCULER PAR VOS IPHONES SURDIMENSIONNÉS ET LÂCHEZ-MOI LA GRAPPE.

Mais bon, même si mon Nokia « vintage » a ses avantages (aucun risque de me le faire voler, aucun dépassement de forfait, impossible de casser l’écran, une batterie qui tient des jours), j’avoue que c’est moyennement pratique de devoir me trimballer un téléphone ET un appareil photo ET un lecteur MP3, quand je pourrais avoir un smartphone qui fait tout ça.

Le problème, c’est que ce truc refuse de crever !

Je pensais que je l’aurais à l’usure avec la batterie qui me lâcherait, mais elle met CINQ JOURS à se décharger !  Après HUIT ANS d’utilisation !


Alors quand tu vois que j’arrive pas à remplacer un téléphone manifestement obsolète juste parce qu’il marche encore, je pense que tu peux t’imaginer ma réaction quand Flaxou a suggéré que je change mon ordinateur vieux de quatre ans.

Mais ensuite, comme à son habitude, il m’a offert des très bons jeux vidéo et il a ruiné ma vie.

Comme ça le peinait de me voir recommencer des nouvelles parties de Skyrim tout le temps, il m’a dit « Eh, t’aimes bien Bethesda, t’aimes bien le post-apo, hop cadeau ! » et il m’a offert Fallout :New Vegas. Et quand j’ai commencé à me lasser, il m’a dit « Eh, t’aimes bien les jeux de rôle médiévaux, t’aimes bien la Pologne, hop cadeau ! », et il m’a offert The Witcher.

Et j’étais heureuse, et j’avais pas de vie sociale, et tout allait bien.

Sauf que.

- Eh, je sais que j’ai pas encore fini The Witcher, mais tu penses que je peux déjà commencer à jouer à The Witcher III ?
- Ben, sur ton PC… il peut pas tourner.
- QUOI ??!

Et juste quand je m’étais faite à l’idée :

- Ah mais il sort bientôt le nouveau Fallout, c’est cool !
- Cha… sur ton PC…il peut pas tourner.
- QUOI ??!

Et là, j’ai eu un doute horrible :

- Mais alors… le prochain Elder Scrolls…
- ……
- NOOOOOOOOOOON !

Je me voyais donc confrontée à une impasse morale : me débarrasser d’un PC qui marche encore parfaitement bien, ou en acheter un tout neuf juste pour pouvoir jouer à deux jeux (éventuellement trois, vers 2016-2017).

(Sachant que ma technique habituelle d’attendre l’upgrade de Flaxou ne fonctionne pas, puisque sa machine du moment a encore deux bonnes années devant elle.)

(Et j’ai déjà été à la traîne en 2011 avec toutes les blagues de flèche dans le genou, je me taperai pas ça une seconde fois.)

Alors j’ai franchi le pas.


J’ai cédé à l’appel des sirènes.


J’ai dit « Vas-y, Flaxou, achète-moi un PC neuf pour Noël. »


(Ma vie est un enfer.)

En revanche, tandis que je me débats dans mes tourments, rongée par la culpabilité (Et l’environnement ? Et le fait que je participe au développement de l’obsolescence programmée ? Et si ma mère apprend que je joue aux jeux vidéo au lieu de lire des livres ??), Flaxou, lui, est content comme cochon : comme le nouveau PC va coûter cher, il a le droit de s’acheter un cadeau à valeur équivalente, ce qui veut dire WESH WESH LA CARTE GRAPHIQUE ULTRA HAUTE DEF.

Bref, tout ça pour dire : je suis une misérable. Je suis un mouton de Panurge.

Mais je suis surtout GERALT EN HD BITCHES.




(Woouuuh !)


PS : Je me suis dit que j’allais répondre tout de suite aux gens qui me suggéreront de m’acheter une console parce que ça coûte moins cher qu’un PC super performant : Flaxou m’a juré sur Odin et Thor que le jour où je me paierai une console, il se paiera un avocat. (Pour le divorce.) (Pas un avocat le fruit.) (Ce serait moins dramatique.) (En plus on déteste tous les deux les avocats.) (Le fruit, cette-fois-ci.) (BREF : il ne peut pas y avoir de consoles dans la maison de Professeur-Flaxou-j’aime-les-pécés.)

Allez, à dans huit mois quand j'aurai passé 500 heures sur chaque jeu.

Tchao les p'tits loups!

L'Instant Kiwi: le Référendum

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Comme tu le sais déjà si tu suis ce blog (ou si tu regardes la partie « light » à la fin des infos), en Nouvelle-Zélande, on est en train de changer de drapeau.

Enfin, on est en train de faire un référendum pour savoir si les néo-zélandais veulent changer de drapeau.

Sauf qu’en fait on sait déjà qu’ils ne veulent pas changer de drapeau.

Mais on leur demande quand même.

C’est beau la démocratie.

Bref, cette semaine, je vais voter pour la toute première fois dans ce pays (en Nouvelle-Zélande, on n’a pas besoin d’être citoyen Néo-Zélandais pour avoir le droit de vote, il suffit d’avoir le statut de Résident) (qui, on s’en souvient, n’a pas été de la tarte à obtenir). C’est juste un peu dommage que mon premier vote soit pour le référendum le moins utile de l’histoire du pays, mais on va pas faire la fine bouche non plus, hein.

Un petit rappel des faits avant de rentrer dans le vif du sujet : en Nouvelle-Zélande, on a donc un drapeau, que voici :

C’est le drapeau officiel du pays depuis 1902, et ce n’est pas une coïncidence du tout s’il te fait très vaguement penser au drapeau de l’Australie, qui, lui, existe depuis 1901 :


(On sait qui a copié sur qui.)

John Key, notre Premier Ministre alien reptilien préféré, en a donc eu marre de se faire toujours confondre avec l’Australie, et a décidé qu’il était temps de changer de drapeau.

Du moins, ça, c’est la version officielle.

La version officieuse étant que John Key est sur la sellette en ce moment, que c’est son troisième et peut-être dernier mandat en tant que Premier Ministre, et qu’il n’a rien fait pour la postérité (contrairement à sa prédécesseure du parti adverse, Helen Clark, probablement la figure politique néo-zélandaise la plus populaire de tous les temps). En plus de ça, il est en train de passer loi controversée sur loi controversée, notamment le terrible et redouté TPPA (Trans-Pacific Partnership Agreement), un traité commercial entre les poids lourds industriels du Pacifique (pense Chine, USA, Australie, et Nouvelle-Zélande, donc) que les entreprises accueillent bras ouverts, mais que les particuliers redoutent comme la peste, entre autres à cause du pouvoir quasi illimité que le TPPA pourra conférer aux grosses compagnies. 

Donc, le référendum sur le drapeau, c’était un moyen idéal pour John Key de distraire le peuple durant les débats (secrets) sur le TPPA, et une occasion de passer dans l’Histoire de la Nouvelle-Zélande en tant que premier mec qui a eu l’idée d’arrêter de copier le drapeau de l’Australie.

Seul bémol : les Kiwis ne veulent vraiment pas du tout changer de drapeau.

Ils sont très contents avec celui qu’ils ont, et ils s’en foutent comme de leur premier pull en laine qu’il ressemble à celui de l’Australie, puisque de toute façon ils sortent jamais de leur pays.

Du coup, John Key se retrouvait avec deux options pour faire marcher son plan :

1. Faire passer un vote au Parlement pour changer de drapeau, comme ça a été le cas plusieurs fois au cours des 50 dernières années ; le vote aurait été rejeté, puisque les députés ont mieux à faire que s’inquiéter d’un drapeau, et les élus de l’opposition n’auraient pas manqué de critiquer le Premier Ministre sur son sens des priorités, au moment où la Nouvelle-Zélande fait face à une crise du logement, de l’emploi, et du secteur primaire.

2. Faire un référendum auprès du peuple, qui aurait été un NON massif.

Dans les deux cas, c’était non.

Mais John n’est pas le genre de gars à baisser les bras facilement, particulièrement quand il a un besoin urgent de détourner l’attention du TPPA (AKA le pacte avec le Diable qu’il est en train de signer avec son sang).

Du coup, on se retrouve avec un processus de référendum complètement n’imp : au premier tour (qui se passe en ce moment), on nous demande :« Si le drapeau de la Nouvelle-Zélande venait à changer, quel serait votre design préféré parmi ces cinq-là ? ». Et ENSUITE, au deuxième tour, on nous montre le design qui a gagné le premier tour, à côté du drapeau actuel, et on nous demande « Alors vous voulez garder lequel ? ».


(J’adore l’optimisme du gouvernement qui met un point d’interrogation à la place du gagnant, genre on fait semblant de pas savoir que ce sera l’ancien drapeau.)

Cette méthode est, de la bouche de Key lui-même, la meilleure technique pour avoir une infime chance de changer le drapeau, puisqu’il a littéralement dit aux critiques qui lui reprochaient le non-sens du référendum :

- Ben oui, mais si on avait mis le drapeau existant au premier tour, évidemment, tout le monde aurait voté pour celui-là !

MAIS ???

MAIS TU VIENS D’AFFIRMER QUE PERSONNE NE VEUT CHANGER DE DRAPEAU !!!

TU VIENS D’ADMETTRE PUBLIQUEMENT À QUEL POINT CE RÉFÉRENDUM EST INUTILE !!

Non, vraiment, c’est une défense imparable.

Et quand les critiques lui ont demandé « John, pourquoi avoir dépensé 26 millions de dollars dans un référendum dont personne ne veut, et, en sus, avoir compliqué le processus de sorte que cette farce ne puisse même pas se terminer au premier tour et économiser un minimum de deniers publics ? », il a répondu, je cite de mémoire :

- On espère qu’entre la fin du premier tour et le début du second, les gens auront le temps de s’habituer au nouveau design, et qu’au moment du vote final, ils auront réalisé qu’un nouveau drapeau, finalement, c’est pas si affreux comme idée.

Eh ben mon vieux, c’est beau de rêver.

(Un homme politique avec une défense en carton pareil, c’est pas permis.)

(En France, il aurait déjà la tête au bout d’une pique.)

Bref, du coup, tout le monde est très énervé (enfin, énervé à la Kiwi, hein : ça bougonne « Quand même, c’est pas très sympa »). 

Et nous voici maintenant face à la première phase du référendum.

Et comme j’ai reçu le courrier il y a deux jours et que je suis trop enthousiaste, je t’ai mitonné un unboxing aux petits oignons:

Première surprise, c’est un référendum par courrier : on nous envoie une enveloppe avec le bulletin de vote et les instructions, et on renvoie ça par la poste dans une enveloppe pré-affranchie. 

(Ce qui me choquerait comme étant un procédé extrêmement dangereux et pas fiable du tout s’il s’agissait d’un vote sur n’importe quoi d’autre, mais bon, c’est le référendum sur le drapeau, quoi.)

(Et puis toi-même tu sais que le taux de participation serait encore plus bas qu’il ne l’est déjà si on devait traîner les gens dans un bureau de vote.)

Par contre, autant j’ai beaucoup de mauvaises choses à dire sur le principe de ce référendum, autant, sur la forme, je ne peux qu’applaudir les efforts du gouvernement, qui a vraiment tout fait comme il fallait.

(Au moins ils ont fait une chose de bien avec leurs 26 millions.)

Parce que clairement, niveau com, la France peut en prendre de la graine, on a le tiercé gagnant:

1. Des instructions de vote claires et précises:



(Tu noteras l’absence totale de jargon administratif – un doux rêve dans l’Hexagone.)

2. Des explications sur ce que symbolise chaque drapeau, assortis d’illustrations sympas qui mettent le drapeau en situation (flottant sur un mât, cousu sur un sac, etc.):



3. Les instructions de vote disponibles dans TOUTES LES LANGUES PARLÉES DANS CE PAYS:


Et, bonus, tu peux même retrouver les descriptif des 5 drapeaux dans ta langue, et en langue des signes néo-zélandaise, sur le site web du gouvernement.

Là, franchement, je dis : bravo.

(C’est pas en France qu’on aurait l’ouverture d’esprit suffisante pour se fendre de traduire des communiqués officiels en arabe, en chinois, en allemand ou en portugais.)

(Et pourtant, c’est pas faute de connaitre des immigrés qui galèrent avec le français – en particulier le français écrit, et encore plus particulièrement le jargon légal.)

Niveau processus, c’est assez prise de tête, mais heureusement, le gouvernement t’explique tout ça patiemment avec des petits dessins de fruits et légumes : 



(Au début je trouvais ça choquant que le gouvernement prenne à ce point les gens pour des neuneus qu’il en vienne à faire des schémas pour enfants de cinq ans. Mais entre-temps, ma banque m’a envoyé des explications sur mon plan d’épargne sous forme de dessins de beignets, alors bon…)

(Tout à fait, des dessins de beignets. Pour expliquer la répartition entre les différentes contributions.)

(Parce que les graphiques, ça fait peur, ça fait mal au crâne. Mais si c’est des graphiques en forme de beignet… ça va.)

Bref bref.

Pour notre référendum, au lieu de choisir simplement ton design préféré, tu dois les lister dans l’ordre, avec en numéro 1 ton choix préféré, et en numéro 5 celui que tu aimes le moins. Si l’une des options est numéro 1 pour plus de 50% des bulletins, elle gagne d’office, mais au vu des sondages, c’est largement improbable, parce qu’aucune option ne fait l’unanimité.

(En même temps, c’est normal, la majorité de l’opinion publique estime que toutes les options sont à chier, vu qu’ils aiment le drapeau comme il est.)

Bref.

Si, comme ça paraît être le cas, aucun gagnant ne se démarque clairement, le drapeau qui comptabilise le moins de numéros 1 est dégagé de la compétition. Ensuite, on récupère les bulletins de vote de tous les gens qui avaient voté pour ce drapeau-là comme numéro 1, et on enregistre leur option numéro 2 dans le scrutin. Puis on continue comme ça par élimination, jusqu’à ce que le drapeau le moins détesté arrive à plus de 50% des votes.

(Un procédé de scrutin aussi tiède et mou que l’enthousiasme que suscite ce sujet.)

Alors, plongeons maintenant dans les options de visuels.

Il faut savoir avant toute chose que je suis l’une des rares personnes dans ce pays qui a vraiment envie de changer de drapeau. Je trouve que le référendum est une perte de temps et d’argent parce qu’il est clair que la majorité des gens sont contre le changement, mais, tout à fait personnellement, je pense que ce serait une excellente idée de changer de drapeau. (Déjà pour la similitude avec l'Australie, mais aussi et surtout parce que c'est une relique du colonialisme qui ne reflète plus le pays aux temps modernes.)

Ça veut dire que, contrairement à la grande majorité des Kiwis, je m’intéresse réellement aux designs proposés. Alors voyons un peu nos choix.

Je vais d’abord expédier rapidos les deux visuels siamois de Kyle Lockwood (un architecte Kiwi expatrie à Melbourne) (oui, je sais, le mec n’habite même pas en Nouvelle-Zélande, mais si on devait enlever tous les Kiwis en Australie de l’équation, il resterait plus grand-monde). Pourquoi je les expédie ? Parce que je les trouve non seulement inutiles au possible, mais aussi franchement hideux :



Juste deux commentaires :

1. Même dans les explications sur la symbolique du drapeau, on voit que Kyle Lockwood est le mec le moins inspiré du monde :

- Alors en fait je voulais faire un drapeau exactement comme celui qu’on a déjà, mais j’ai rajoute une fougère, parce que j’aime bien, et…c’est…heu… *coup d’œil sur sa paume* heu c’est l’UNITÉ NATIONALE, voilà !
- Et votre second design ?
- Bah c’est pareil mais avec du noir au lieu du rouge. J’ai choisi le noir parce que… heu… les All Blacks ? Non attendez c’est pas ça que je devais dire, merde. C’est, c’est *coup d’œil* ça REPRÉSENTE NOTRE PASSE ET NOS VICTOIRES ET NOTRE FIERTÉ ET NOTRE FORCE, voilà !

2. QUI a eu l’idée criminelle d’admettre deux options qui ont strictement le même design – avec juste une couleur de différence – quand on avait recours à des options aussi merveilleuses que laser kiwi ??


(Avoue que ça pète quand même plus que l’UMP des vegans là-haut.)

Donc, ces deux drapeaux-là, je pense que tout le monde a compris que je ne les porte pas dans mon cœur. Je trouve que les designs ne sont pas inspirés et que les explications derrière sentent la justification symbolique à deux ronds.

(Pourquoi est-ce que le noir symboliserait le passé et les victoires du peuple néo-zélandais ? Le noir peut être le symbole du peuple Maori, donc pour le passé, d’accord, mais, niveau victoires, pardon mais je pense que vous avez pas bien compris le concept de colonisation.)

Et ça me désole un peu, parce que ces deux options-là sont justement les moins détestées parmi mes compatriotes (rapport au fait que c’est elles qui se rapprochent le plus du drapeau actuel), et, du coup, y’a à peu près 90% de chances pour que ce soit l’un des deux visuels qui soit sélectionné pour le deuxième tour.

(Mais comme c’est de toute façon le drapeau actuel qui va l’emporter, ça sert pas à grand-chose de se prendre le chou.)

Il nous reste donc trois options, qui sont toutes vaincues d’avance, mais je vais quand même me pencher un peu dessus, parce que je trouve qu’elles sont intéressantes quand même :

D’abord, on a la Silver Fern en noir et blanc, par Alofi Kanter, un stewart pour Air New Zealand (et le seul parmi le panel à ne pas être un designer de profession) :


Simple, sobre, efficace. Niveau symbolique, c’est clairement l’option qui serait la plus aisément reconnaissable à l’étranger parmi les trois restantes, et, comme le dit l’auteur, la fougère est l’emblème officieux et officiel de la Nouvelle-Zélande depuis des dizaines d’années : on la trouve sur notre monnaie, sur les passeports, dans les logos du gouvernement, bref : elle est partout.

Deux petits bémols : d’abord, je trouve ça fichtrement dommage qu’aucune des options ne soit LA silver fern, AKA la fougère blanche sur fond noir, parce que je trouve que c’est beaucoup plus joli que le design bichrome d’Alofi Kanter :

Deuxièmement, je trouve le visuel de la fougère un peu simpliste, et surtout, c’est un détail, mais ce n’est absolument pas correct d’un point de vue botanique. Parce qu’une fougère n’a pas deux feuilles qui poussent du même côté. Une fougère, ça a les feuilles décalées, comme ça :


(Pour le coup, le design moche de Kyle Lockwood est beaucoup plus proche d’une vraie fougère, admettons-le.)

Ensuite, on a le drapeau Koru, par Andrew Fyfe, un photographe/designer (et, pour la petite histoire, l’arrière-arrière-arrière neveu de Kate Sheppard, une figure historique du pays, qui s’est battue pour le droit de vote des femmes – et, au passage, figure sur nos billets de 10 dollars).

Bref, voilà le drapeau Koru :


Le koru, c’est le nom maori pour désigner la fougère qui est en train de pousser, mais n’est pas encore développée. Dans la nature, ça ressemble à ça :


Le koru est un symbole très fort et un élément emblématique de l’art maori, et son symbolisme (le renouveau, la vitalité) saute aux yeux même si on n’est pas Maori. (J’veux dire, c’est une pousse de plante, j’vois pas comment tu peux passer à côté.) 

Côté design, j’aime bien le style « Yin-Yang » et l’harmonie qui se dégage du drapeau. C’est personnellement mon visuel préféré, tant par l'esthétique que par la symbolique (l’harmonie, la vitalité, la reconnaissance de la culture maorie – autant de choses qui font cruellement défaut au drapeau actuel). Ma seule réserve est que, pour le reste du monde, bah, c’est une spirale, quoi.

(Et comme le résume si bien Professeur Flaxou : « Moi je vote pas pour ce drapeau en forme de tentacule, je veux pas qu’on pense que je suis fan de hentaï ».)

Et on arrive à la dernière option, le « Red Peak » :


Pour la petite histoire, il était censé au départ n’y avoir que quatre choix de drapeau dans le référendum. Le Red Peak a été ajouté plusieurs semaines après l’annonce des quatre designs officiels, suite à un mouvement de protestation né sur les réseaux sociaux, qui déplorait le fait que deux des quatre visuels soient exactement les mêmes, et avait demandé officiellement au Premier Ministre d’intégrer le Red Peak (qui avait amassé pas mal de supporters avant d’être rejeté par le comité) comme option alternative à l’un des deux designs de Kyle Lockwood. Suite à quoi John Key a déclaré qu’il n’enlèverait aucun design de la course, mais que bon, si ça nous fait plaisir, allez hop, on rajoute le Red Peak.

(Ma théorie est qu’il était tellement heureux de voir des gens qui s'intéressaient à un nouveau visuel qu’il voulait pas se tirer une balle dans le pied en refoulant les quinze kékés qui allaient voter à ce référendum.)

Le Red Peak a été créé par Aaron Dustin, un Product Designer Kiwi qui vit lui aussi à Melbourne (décidément), et qui semble être le seul designer du panel à avoir très sérieusement réfléchi à la symbolique de son drapeau (là où les autres commentent leur choix avec des « ça me semble évident » ou « j’aime bien, c’est joli »).

Le Red Peak, selon son créateur, symbolise donc plein de choses : on y retrouve les couleurs de l’Union Jack (blanc, rouge et bleu), mais aussi le noir des Maoris. Le motif est inspiré du taniko (la technique de tissage traditionnelle maorie):


Le Red Peak représente une montagne (référence aux Alpes du Sud), avec la terre en rouge, le ciel noir à gauche, et la mer en bleu à droite. C’est aussi une référence à Rangi et Papa, le mythe fondateur de la création du monde chez les Maoris (pour rappel : Rangi est le ciel/père, Papa est la terre/mère, ils étaient enlacés dans une étreinte éternelle jusqu’à ce que leurs enfants les séparent de force et créent ainsi le monde).

C’est probablement le visuel le plus réfléchi du lot, et le plus complet. Les autres designs ont tendance à se concentrer sur l'héritage maori ou britannique, et je trouve que le Red Peak a réussi l’exercice casse-gueule d’inclure tout ce qui est Kiwi (l’histoire maorie, l’héritage britannique, la célébration de la nature et de la terre néo-zélandaise), le tout en restant simple et sobre. 

Le seul truc que je trouve un peu dommage, c’est qu’on s’éloigne du visuel de la fougère – et OK, je peux comprendre qu’en tant que Kiwi, on en ait marre de bouffer de la fougère dans tous les sens ; mais sachant que le but premier d’un drapeau, c’est de représenter sa nation à l’étranger, je trouvais que la fougère (ou le koru) était une façon de reconnaître la Nouvelle-Zélande d’un seul coup d’œil. Là, au premier coup d’œil, ça pourrait être le Népal, ou l’Autriche, ou toute autre nation montagnarde.

Malgré ça, j’aime bien la tête du Red Peak, et j’aime bien la symbolique qu’il y a derrière. 

Mais comme je suis une enfant de hippie et que je ne peux pas résister à l’appel à l’harmonie que me lance le Koru, ce sera quand même celui-là mon premier choix, avec le Red Peak en second.

Apres, bon, faut savoir que le visuel du koru est le moins populaire dans le pays, donc y’a des chances que ce soit le premier éliminé. Mais comme de toute façon, tout est perdu d’avance, j’ai pas besoin de « voter utile ».

En plus, je suspecte que je serai probablement la seule personne du pays à voter pour de vrai, étant donné que la dernière tendance en date sur les réseaux sociaux est de poster des bulletins de vote disant « Votre référendum c’est du caca »:



Même une députée du Parlement a rendu son bulletin de vote nul et l'a fièrement posté sur Facebook, en mode "LOL je viens de gâcher l'argent d'un timbre, prends ça dans ta face le gouvernement!":


(Hardcore.)

Bref, c'est tout pour le moment, on se retrouve en mars pour le round 2.

En attendant, je coupe les discussions politiques, et ça va parler RPG et metal prochainement sur le blog.

(Prépare-toi.)

Brève métallurgique

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Et sinon l’autre jour j’étais à mon premier concert de metal.

Enfin, techniquement, j’avais déjà été à plusieurs concerts de hard rock de papy (Scorpions, Deep Purple, Ten Years After, Alice Cooper) – mais je les compte pas vraiment comme des concerts de metal, puisque, la moyenne d’âge sur scène et dans la fosse étant de 60 ans au bas mot, l’ambiance était moins au pogo sauvage et plus à deux-trois bras levés et, pour les plus foufous, à des petits hochement de tête lors de refrains particulièrement entraînants.

Et puis j’avais aussi accompagné Flaxou une fois à un concert d’Apocalyptica à la Laiterie, mais je vois plus ça comme du classique que comme du metal.

(Les gens étaient assis pendant tout le concert.)

(ASSIS !)

Mais depuis que je me suis mise au folk metal, j’avais bien envie de me faire un vrai concert.

Sauf que la Nouvelle-Zélande est le pays le moins metal du monde.

C’est plus une vibe de plastique mou, si tu veux te faire une idée.

Faut le savoir, la tendance « Bisounours » des Kiwis se reflète pas mal dans leur goûts, et ça donne donc : de la guimauve, de la guimauve, de la guimauve. Ça va des tendances musicales (pop mièvre et surtout bien lisse et sans controverses – plutôt Meghan Trainor que Miley Cyrus) aux tendances fringues (mou et confortable), en passant par les tendances culinaires (cf. la pavlova, le dessert national, qui est… une grosse meringue).

Du coup, la scène metal, qui a déjà tendance à être relativement underground en Europe, là, elle est même plus underground, elle est six pieds sous terre.

On est passés d’un pays où il faut aller sur des radios consacrées pour écouter du metal,à un pays où les radios ne passent tout simplement PAS de metal.

Ni de rap.

Ni d’électro.

Ni quoi que ce soit qui pourrait avoir des bruits trop forts ou des gros mots dedans.

(C’est l’envers du décor du pays des Bisounours : la dictature de la gentillesse.)

(Après, on est d’accord qu’on peut faire pire, niveau cadre de vie.)

(« Han, je peux même pas jurer en public, les gens sont trop aimables tout le temps et ça les blesserait dans leur petit cœur de chaton ! Ma vie est un enfer ! »)

Bref.

Tout ceci fait qu’on était bien contents, Flaxou et moi, quand on a appris qu’Alestorm, nos pirates préférés, venaient faire une tournée en Nouvelle-Zélande et en Australie.


(Ce clip te donne une bonne idée de l'ambiance.)

C’est donc bien guillerets et pleins d’entrain qu’on a bravé les vents à 100 kilomètres heure (les joies de vivre en zone subtropicale) pour se rendre au Whammy Bar sur K’ Road.

Petit aparté pour les non-Aucklandais (je sais qu’il y en a deux-trois parmi vous) : K’ Road, c’est un peu une institution à Auckland. C’est une rue du centre-ville, perpendiculaire à Queen Street, et de son vrai nom Karangahape Road, mais c’est vraiment que pour les services de la poste, parce qu’ici, tout le monde la connaît sous son petit nom de K’ Road (prononcez « Qu’eille rwaude »). À tel point que même les commerces situés dessus indiquent « K’ Road » dans leurs coordonnées, plutôt que « Karangahape Road ».

(Oui, même les rues ont des surnoms dans ce pays.)

(Apparemment ça leur suffit pas de raccourcir tous les prénoms de tous les gens, cf. les trois millions de "Dave", "Rob", "Phil" et "Mitch".)

Bref, K’ Road, c’est un peu le coin sulfureux d’Auckland. La rue est progressivement passée du statut d’artère commerciale dans les années 1950 à coin mal famé dans les années 70, quand tous les Aucklandais ont commencé leur exode massif vers les « suburbs » et que K’ Road est devenu une rue à putes et à dealers. Puis, apres les années 90 (quand les Aucklandais ont réalisé qu’en fait c’était sympa de vivre en centre-ville), K’ road est progressivement devenue l’épicentre de tout ce qu’Auckland parvient à conjurer comme contre-culture.

En gros, on y trouve maintenant des salons de tatouage, des galeries d’art alternatif, des clubs LGBT, des bars punk/électro/goth/metal, et encore quelques bordels pudiquement déguisés sous des noms comme « Exotic Club ».

(Fun fact : la prostitution est tout à fait légale en Nouvelle-Zélande, mais les Kiwis sont tellement incroyablement prudes qu’ils tomberaient raide morts s’ils devaient appeler une chatte une chatte, donc, bien que parfaitement en règle, les bordels ne portent jamais le nom « bordel », mais toujours quelque chose du type « massages exotiques » ou « club spécialisé ».)

Mais comme la hipstérisation d’Auckland est en bonne marche depuis le début des années 2000, on trouve aussi sur K’Road force restaurants végétariens, boutiques de fringues vintage, et une masse incroyable de « cruelty-free shops », qui auraient franchement plus vite fait de s’appeler « Je suis une meilleure personne que toi ».

(Sans déconner, ils vendent des T-Shirts à messages genre I support animal rights, ou des panneaux décoratifs This house is 100% cruelty-free. Sérieusement ? Tu pourrais aussi bien avoir un panneau chez toi pour dire « On va vous prendre la tête toute la soirée », le message serait le même.)

Bref bref Brejnev.

On a eu du mal à trouver le Whammy Bar, parce qu’il n’y a strictement aucun signe extérieur que le bar existe, et que le numéro de rue n’est pas indiqué non plus. On a juste suivi les gens avec des chapeaux de pirate et on a attendu dehors avec eux.

(Je m’attendais presque à voir le bar surgir par magie entre deux bâtiments, comme la maison de Sirius Black.)

Après quelques minutes de glandouille devant les vitrines des magasins de hipster (durant lesquelles j’ai appris avec effroi qu’il existait des livres de recettes végétaliennes pour CHIENS) (Est-ce que ce monde est sérieux ?), on est entrés dans une minuscule pièce six mètres sous terre, tellement basse que Fla pouvait toucher le plafond en levant la main, et en fait c’était le bar.

On a vite compris que c’était un bar « grunge » quand ils ont filé une bière à Fla dans un gobelet en plastique, et que, quand j’ai demandé un Coca, j’ai reçu une canette tiède et pas de verre.

(Même pas ils ont peur de l’urine de rat.)

(Trop des punks, les gars.)

C’était tellement un bar de punks que j’avais reçu aucune programmation quand j’avais acheté mes tickets : ca disait juste « Alestrorm’s PirateFest with Lagerstein » et « Bar opens at 8:30 ». Donc on s’est pointés à 20h30 en se disant que la première partie (Lagerstein, donc, qu’on ne connaissait pas) arriverait vers 21h.

À 21h, un groupe arrive sur scène, joue 6 chansons, c’était moyen, mais bon, c’est l’avant-groupe quoi.

À 21h45, un groupe de mecs habillés en pirates arrive sur la scène, on se dit« Ouééé chouette c’est Alestorm ! ». Le seul truc chelou, c’est que le chanteur avait pas du tout la même tête que sur l’affiche du concert, mais ressemblait à Tupac. Bon, je me suis dit, il a changé de coupe de cheveux. Les gars commencent le concert, c’était du pirate metal, c’était sympa, par contre :

- C’est bizarre, je reconnais aucune des chansons.
- Moi non plus. Ça doit être de leur nouvel album.

Et puis, à 22h15, les gars finissent leur chanson, et se cassent de scène sans un mot. Pas de rappel, rien.

Donc, grosse incrédulité chez Fla et Cha les neuneus :

- Mais…c’est fini ?
- Pas possible ! Ils ont joué genre cinq chansons ! Et même pas des connues !
- Mais  les techniciens sont en train de démonter tout l’équipement.
- Alors…qu’est-ce qu’on fait ?
- Ben… on rentre ?

Mais là, j’étais pas d’accord.

Je veux bien que les concerts en Nouvelle-Zélande finissent tôt pour que ce peuple entier de poules puisse aller au lit à 21h30 le samedi soir, mais là, on était sur K’ Road, merde !Ils font des RAVES sur K’Road ! Y’a des techno parades sur K’Road ! Je refuse de croire qu’on concert de pirate metal s’arrête à vingt-deux heures sur K’Road!

Donc je suis allée voir un barman, et s’en est suivie la conversation la plus humiliante de mon existence :

- Excusez-moi… le concert est fini, là ?
- Ben non.
- Mais… ils reviennent quand, Alestorm ?
- Ils sont pas encore arrivés.
- ….
- Mais… c’était pas Alestorm, juste là?
- Ben non. C’était l’avant-groupe, Lagerstein.
- Mais….c’était pas les gars du tout début, Lagerstein ?
- Ah non, ça c’était juste des potes à nous, on leur a dit qu’ils pouvaient jouer deux-trois chansons pendant que les vrais groupes se préparaient.
- Aaaaaaah, d’accord !
- …
- Et sinon, il faut combien de shots de tequila pour noyer sa honte?
- Je dirais six.
- Je vais vous en prendre huit.


(Il faudra bien ça)

Cette soirée sera désormais connue dans notre famille sous le nom « Les sous-doués en concert », ou « Dumb et Dumber aiment le metal ».

(On n’a pas encore choisi.)

Au final, c’était un concert super cool même si on a failli se casser avant que le groupe qu’on était venus voir n’arrive.

J’étais assez étonnée qu’un groupe comme Alestorm, qui est quand même assez connu, accepte de venir jouer au fin fond d’une taverne du bout du monde pour même pas cent pékins, alors qu’ils ont joué devant 20 000 personnes au Hellfest cette année, mais ils étaient plein d’entrain et de rhum et ont assuré le show sans relâche.

Ce qui n’était pas si évident, quand on sait qu’on était environ cent personnes dans 80 mètres carrés, au sous-sol d’une cave sans fenêtres ni ventilation.

Bref : ça fouettait la transpi et les murs dégoulinaient de l’humidité conjointe des respirations haletantes de tous les métalleux en train de headbanger furieusement.

(Mais c’est bien, ça fait du fitness.)

(Normalement je paye un abonnement à la gym pour transpirer comme ça.)

Comme c’était mon premier vrai concert de metal, j’étais bien contente d’avoir Flaxou le vétéran avec moi :

- Y’a de la place tout devant, super !
- Non. Tu veux pas aller tout devant. C’est là que ça pogote.
- Oh c’est bon, y’a genre vingt kékés, ça peut pas être bien méchant, si ?

(Réponse : si.)

Et comme le concert a commencé direct avec un mini-wall of death, j’ai vite perdu Professeur Flaxou, qui m’a regardé, a crié« Han nan j’ai oublié mon protège-dents ! », puis s’est jeté dans la masse de cheveux et de bière en hurlant « YOLOOOOO ».

Du coup, je me suis vite repliée sur ma stratégie habituelle lors des concerts,à savoir : trouver un groupe de gens petits et bien placés, et leur dire « J’peux squatter avec vous ? Je vois rien parce que je suis trop minuscule ».

En général, je peux compter sur la solidarité du peuple des petits (on est toujours plus soudés parmi les foules). Mais ce concert-là a dépassé toutes mes attentes.

Parce que quand j’ai avisé un groupe de petits perchés sur une banquette et que je me suis approchée, j’ai vu que l’un des gars avait un tatouage en elfique autour de l’avant-bras. Alors j’ai dit « Vous avez de la place pour un petit Hobbit qui voit rien ? », et avant de comprendre ce qui se passait, j’étais debout sur la banquette, avec une bière dans la main, des bras suants autour de mes épaules, et trois petits barbus qui m’entouraient en scandant « ONE OF US ! ONE OF US ! »

(Ne sous-estimons jamais le pouvoir des nerds.)

Vers la fin du concert, Flaxou (qui avait eu sa dose de pogo après s’être malencontreusement pris un coup de coude dans les côtes) est venu me retrouver chez mes nouveaux potes, et on a fait du headbanging tous ensemble, c’était beau.


Y’avait aussi les gars de Lagerstein qui ont démarré une chenille dans le public, des filles habillées en courtisanes qui sont venues danser sur scène pendant « Wenches and Mead », un gars qui a essayé de faire un bain de foule et qui s’est retrouvé écrasé contre le plafond comme une mouche, le plancher a failli s’effondrer quand tout le monde a piétiné le sol pendant « Wooden Leg », et je me suis faite fouetter le visage par au moins cinq chevelures différentes.

C’était drôlement chouette.

Bémol : les effets secondaires d’un concert de metal quand on est postés à cinquante centimètres des amplis :

- EH C’ÉTAIT UN BON CONCERT HEIN ?
- COMMENT ?
- JE DIS : C’ÉTAIT UN BON CONCERT !
- OUI, JE MANGERAIS BIEN UN BURGER. AVEC DES FRITES ?
- AH OUAIS, ILS AVAIENT BIEN LA FRITE !
- COMMENT ?

Bémol plus traître : Papy et Mamie les métalleux le lendemain matin :

- Ooooh, ma nuque !
- Oooooh, mes côtes !
- J’ai des ampoules plein les pieds.
- J’ai tellement mal au crâne.
- D’où sort ce bleu sur mon mollet ?
- Qu’est-ce qui sent la sueur rance ?
- Y’a de la bière sur mes chaussures.
- Pourquoi y’a des frites dans le lit ?

C’était une belle soirée.

- On se recouche ?
- D’accord, mais pas avec les frites quand même.
- Nan mais ça c’est bon, je les ai mangées.
- Oh t’abuses Fla !
- …
- J’avais faim aussi. Merde.

Brève geek

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Et sinon j’ai enfin laissé tomber Skyrim.

Nan parce que c’est sympa et tout, mais finalement, après 675 heures de jeu, on se lasse vite.

Et si tu penses que ça c’est triste, t’as rien vu.

Parce que je dis que j’ai laissé tomber, mais en vrai, je vais juste faire autre chose pendant six mois, et puis je vais y retourner.

Parce que quand je trouve un truc que j’aime, j’ai tendance à être juste un poil obsessionnelle. 

L’obsession dure pendant un moment plus ou moins long (ca peut aller de quelques mois à plusieurs années, cf. ma période « JRR Tolkien forever » qui s’est quand même étirée entre la Seconde et la Terminale) (big up à mes amis de l’époque pour être restés mes amis) (sérieux, même moi je sais pas comment vous avez fait).

Sauf que quand c’est fini, en fait, c’est pas fini !

Parce que mes obsessions se tarissent au bout d’un moment, mais jamais complètement. Je tombe hors du mode fangirl, mais j’y retourne quand même de temps en temps.

Je peux citer comme exemple flagrant Friends, alias ma série marronnier depuis 1998 (et jusqu’à l’heure de ma mort), à laquelle je retourne périodiquement quand la mouche de« eh je reverrais bien un épisode d’une série que j’ai vu plus de mille fois » me pique. Alors que non seulement je pourrais regarder l’une des neuf séries jamais entamées qui patientent sur mon compte BetaSeries,mais en plus, je pourrais aussi choisir de revoir une autre série bien que j’ai vu qu’une seule fois ! (Breaking Bad et Vikings sont en ce moment sur ma liste de « faudrait se faire un marathon ».)

Mais à la place, non non ! Moi je décide de regarder pour la quarante millième fois l’épisode ou Joey et Chandler échangent leur appartement avec Monica et Rachel. Tout va bien dans ma tête.


(Bon, mais après, c’est vrai qu’il est drôle quand même cet épisode.)

On peut ajouter à ma liste d’obsessions cycliques et inépuisables :

- Relire la trilogie de la Croisée des Mondes (tous les trois-quatre ans depuis 1999)
- Relire le Seigneur des Anneaux (tous les trois-quatre ans depuis 2002)
- Revoir la trilogie du Seigneur des Anneaux pendant un long week-end (tous les ans depuis 2004)
- Recommencer une partie de Pokémon (une à deux fois par an depuis l’an 2000)
- Me faire un marathon Star Wars (tous les ans depuis 1997, et visionnés dans le Machete Order depuis 2013)
- Pleurer devant le Roi Lion (tous les ans depuis 1994) (quand même).

Et on peut terminer cette liste de malade mentale avec : « Recommencer une partie de Skyrim – tous les six mois depuis 2014 »

(Mais sinon ça va, je suis pas routinière du tout.)

Bref.

Du coup, en attendant que je retrouve l’envie de jouer à Skyrim, je joue à The Witcher.

Sauf que comme mon PC est un peu vieux, je joue à The Witcher 1 et 2 (en édition remastérisée quand même, on n’est pas des bêtes).

Et c’est pas aussi addictif que Skyrim, mais j’avoue que c’est bien sympa.

Si l’on fait abstraction de la traduction française sous acide qui, non contente de me balancer des « Sorceleur » à tour de bras dans tous les dialogues, me gratifie régulièrement de perles hilarantes dans les sous-titres.

Exemple : Geralt est sur le point de se battre avec des malfrats, il annonce « Vous voulez danser ? » dans la VO polonaise, et le sous-titre français me sort : « Dansons la gaudriole ! »

DANSONS.

LA.

GAUDRIOLE.

(Je sais pas ce qu’ils prennent chez Atari, mais je veux la même chose.)



(Expressions de mamie Simone bonjour) 

Big up aussi aux graffitis traduits par des fans de De Caunes/Garcia à la grande époque :


En fait, je crois que les traducteurs se sont juste fait plaiz' sur ce jeu:


Mis à part les moments de déconne, je kiffe bien l’histoire, les ennemis, les combats, la mythologie, par contre MON DIEU CES CINÉMATIQUES A N’EN PLUS FINIR MAIS BORDEL !

Je veux bien que les cinématiques soient intéressantes pour le scénario, mais là, je peux pas rentrer dans une maison sans me taper une cinématique de deux minutes ! Et en plus y’a rien qui se passe dans la cinématique ! C’est juste un gus qui parle, et puis Geralt qui parle, et puis le gus à nouveau, mais QUEL EST LE BUT ??

Et quand je sors de la cinématique, c’est juste parce qu’il faut que je fasse des choix dans ENCORE PLUS DE DIALOGUES !

Et quand j’ai enfin toutes les infos qu’il me fallait, je sors de la maison, et y’a un gars qui m’attend dehors et PUTAIN DE COUILLE ENCORE UNE CINÉMATIQUE SUIVIE D’UN AUTRE DIALOGUE !!

(À ce stade-là, c’est plus un jeu vidéo, c’est un épisode de Derrick.)

Non bon, je râle, mais faut avouer que c’est chouette d’avoir des moments de réflexion et pas juste du bourrinage d’ennemis – surtout quand on sait que les choix du personnage affectent le scénario, ce que je trouve absolument génial parce que je savais même pas que c’était possible de faire ça dans un jeu vidéo.

(3615 n00b.)

Par contre, faut bien avouer que Geralt de Rivia, c’est un super combattant et tout, mais niveau détective, c’est pas vraiment Nestor Burma :

- Bonjour, chef de la police.
- Bonjour, Geralt.
- Du nouveau dans l’affaire de la Salamandre ?
- Oui, je suspecte que le patron de la banque de Wyzima est mêlé à l’affaire. Mais c’est un très gros bonnet, alors il va falloir opérer avec beaucoup de précautions tant que nous n’avons pas de preuves tangibles.
- N’en dites pas plus.

*cinq secondes plus tard*

- BOUM BÉBÉ C’EST GERALT ! Salut patron, désolé pour ta porte, j’aime bien les entrées dramatiques. Dis donc c’est sympa chez toi ! Attends deux secondes, je vais vite fouiller dans tes tonneaux pour voir si y’a des trucs sympa à grailler. Alors comme ça il parait que t’es le chef des mafieux ?

(JE SUIS UN DÉTECTIVE HURR DURR.)

Ah oui, et tant qu’on en parle : je sais bien que dans les RPG d’heroic fantasy, le réalisme n’est pas vraiment de mise, mais c’est quoi ce truc de piller les maisons des gens ?

J’veux dire, dans Pokémon, tu peux rentrer dans toutes les maisons et parler aux gens, mais tu peux pas leur piquer leurs affaires ! (Des fois ils te donnent des trucs quand tu leur parles, ou bien, éventuellement, tu trouves des poke balls dans leurs poubelles.) Et dans Skyrim ou Fallout, y’a un système d’étiquetage des objets : donc okay, tu peux techniquement prendre n’importe quel item chez n’importe qui, mais si tu prends ceux marqués en rouge, c’est considéré comme du vol.

Tu rentres pas juste comme ça chez un gars que t’as jamais vu et tu lui piques son fromage dans le placard !

Mais dans The Witcher, t’es trop en mode j’m’en balek :

- Salut à toi, étranger. On ne voit pas souvent des sorceleurs dans ce quartier de miséreux. D’ailleurs j’ai grand-faim, tu n’aurais pas un morceau de pain ?
- Nan, par contre je vais entrer dans ta hutte et choper l’or que tu gardes dans le placard, le poulet qui traîne dans ton tonneau, ta torche et ton bouquin sur les plantes, et puis le châle de ta femme aussi.
- Ça marche!

MAIS QUOI ???

MAIS MÊME LES PNJ S’EN BATTENT LA RACE QU’ON LEUR PILLE LEURS MAISONS ?

(J’veux dire, je sais que c’est le Moyen Age, ils sont habitués aux pillards, mais quand même.)

(Même pas le mec il sort une fourche, ni rien.)

De toute façon, les PNJ font n’importe quoi dans ce jeu, donc j’ai laissé tomber le raisonnement. Particulièrement quand j’ai découvert les options, disons, « romantiques ».

Parce que bon, moi, j’ai toujours joué à des RPG plutôt chastes : dans Skyrim, tu peux te marier, mais tu baises jamais (mais vraiment genre pas une seule fois – même tes mômes sont adoptés). Dans les Sims, tu peux baiser, mais bon, ils te représentent l’acte avec des gros pixels ET sous une couverture (ceinture et bretelles, les enfants). Dans Pokémon, y’a rien du tout, mais en même temps ton perso a genre onze ans, alors encore heureux. Et dans Fallout, t’es trop occupé à tuer des créatures mutantes et à essayer de pas mourir irradié pour te soucier de ce genre de détails.

Et Flaxou avait sciemment omis de me parler du côté sulfureux de The Witcher, juste pour voir ma tête. Et mon vieux, il a été gâté.

Parce qu’au tout début du jeu, tu rencontres une meuf qui te connait et avec qui tu as eu une histoire romantique. Sauf que t’es amnésique alors tu t’en rappelles pas. Bon.

Après y’a une attaque de méchants, la meuf se fait blesser, elle est genre dans le coma, et tu vas chercher une potion pour qu’elle aille mieux. Et puis elle se réveille, elle te dit merci, et un truc du genre « Ne me laisse pas toute seule, j’ai besoin de toi ». Moi, trop pure et innocente, je me dis« Bah oui la pauvre, elle a quand même failli mourir, elle est encore sous le choc de l’attaque, je vais rester la réconforter, c’est normal. Genre y’aura peut-être l’option de lui faire une tasse de tisane ? »

AH NAN EN FAIT JE LA TRINGLE.

OKAY.

Et j’étais à peine remise du choc initial que Geralt avait fini son affaire, et là il reçoit UN STICKER PANINI DE LA MEUF QU’IL S’EST TAPÉ ?!!


SÉRIEUSEMENT ??!!

Sérieusement.

Tu reçois une carte à collectionner pour chaque meuf que tu te fais dans le jeu.



(Et bien sûr elles sont DE TRÈS BON GOUT N'EST-CE PAS)

Genre Geralt c’est censé être un sorcier/guerrier badass, sombre et mystérieux, est-ce que t’es vraiment en train de me dire qu’il se balade avec un scrapbook de toutes les gonzesses qu’il a baisé comme le dernier des minables ?

Et en plus, c’est pas comme si c’était particulièrement difficile à obtenir, comme récompense, hein !

Non non ! 

Je dois repousser les filles avec une pelle pour éviter qu’elles se jettent sur moi les cuisses écartées !

Vraiment, absolument toutes les meufs que tu croises dans ce jeu ont le feu au cul, quelque chose de violent. Les options de dialogue sont complètement en roue libre :

- Bonjour madame, je cherche le chemin du moulin…
- EH VAZY ON NIQUE.



(Réalisme !)

Limite je me sens mal pour ce pauvre Geralt qui passe son temps à se faire agresser sexuellement par tout ce qui a une paire de miches. Parce que comme l’idée d’un album Panini rempli de meufs à poil me faisait frissonner de dégoût, maintenant, je passe mon temps à repousser les nanas en chaleur :

- Merci d’avoir accompli ma mission, beau gosse ! J’ai tes 200 orins. À moins que tu ne préfères un autre… moyen de paiement ?
- NAN LES SOUS MERCI SALUT.

(Elle est marrante la radasse, mais moi j’économise pour m’acheter une armure, c’est pas son cul qui va payer le forgeron.)

Alors je sais pas trop si c’est les développeurs qui se sont fait plaiz, ou si c’est fidèle aux bouquins d’origine – ce qui ne m’étonnerait qu’à moitié, vu la tendance des bouquins d’heroic fantasy à faire des relations amoureuses calibrées sur des fantasmes de môme de quatorze ans (où toutes les conquêtes se calquent sur le modèle « Laissez-la tranquille, bande de porcs ! » > dérouillée victorieuse > « Oh mon preux chevalier, je suis toute à toi ! »).

Bref, quoi qu’il en soit, ça emballe sévère dans The Witcher. Et c’est pas le seul truc « mature » dans ce jeu.

Comme je l’ai mentionné plus haut, j’ai mis le jeu en VO polonaise, avec les sous-titres en français, en me disant« C’est cool, ça me fera réviser, j’ai peut-être encore des restes ! »

Eh ben mon vieux, ça m’a bien fait réviser tous mes gros mots, ça c’est sûr.


En effet, pour le plus grand bonheur de mon petit coeur de charretier, ça jure de tous les côtés dans The Witcher. Et c’est là que je suis bien heureuse d’avoir fait du polonais LV3, parce que la VF est très épurée par rapport au texte original – quand c’est pas des gros mots qui passent carrément à la trappe, c’est des édulcorations mignonnes, genre le sous-titre qui t’annonce poliment « ces bâtards »quand l’acteur polonais vient de s’exclamer « CES FILS DE PUTE ! »

(C’est fun.)

De toute façon, le jeu n'est pas vraiment fait pour être politiquement correct, cf. le foutage de gueule en règle des druides écologistes, qui me racontent qu'ils prévoient de faire des manifs (en pleine guerre civile):




Donc, au cas où tu ne l'aurais pas compris, ce jeu a été codé par des trolls.

Exemple typique : j’arrive dans un village et je parle à une vieille (c’est toujours utile de parler aux vieux dans The Witcher, parce qu’ils ont souvent des bons conseils sur les monstres du coin). Bref, la vieille me dit « Han, j’ai si faim, j’ai pas mangé depuis trois jours », du coup je lui donne un bout de pain, et en remerciement, elle m’apprend des trucs sur les monstres des marais.

OK, cool.

Mais ensuite je fouille dans son placard et je trouve deux cuisses de poulet, un sandwich au jambon, et TROIS MEULES DE FROMAGE.

Meuf ! T’as pas mangé depuis trois jours, et t’es littéralement DEBOUT A COTÉ D’UN PLACARD REMPLI DE BOUFFE !



Mais, pour équilibrer, les développeurs n’ont pas été cruels qu’avec les PNJ : ils sont aussi salauds avec Geralt.

Par exemple, au détour d'une quête dans une crypte (où je me fraye un chemin à l'épée parmi les goules, vampires, brouxes, fantômes, et autres créatures de la nuit), je remarque qu’un pan de mur de la crypte est affaissé. Je lance un sort dessus, le mur s’effondre et me révèle un long couloir.

Je le suis, je combats plus de monstres, et je tombe enfin sur une pierre de téléportation (qu’on active en lançant une combinaison de signes magiques dessus). 

Je me casse un peu la tête pour trouver la combinaison, je trouve enfin, et je suis téléporté dans une autre crypte où se trouve un instant gang-bang d’ennemis. Je les combats tant bien que mal, et, une fois remis sur pied après la bataille, j’avise une sépulture assez classe, le genre qui renferme du butin pas trop mal.



Du coup je vais l’ouvrir, et là :



Une myrtille ?

UNE MYRTILLE ???!

ET C’EST LE SEUL LOOT DE TOUTE LA CRYPTE !

La crypte super cachée et pleine d’ennemis où on ne peut se rendre que par téléportation, elle ne contient qu’une PUTAIN DE MYRTILLE !!!

(Qu’on se le dise, les Polonais ne sont pas les derniers pour la déconne.)

(Pour ceux qui se demanderaient à quoi les myrtilles servent dans ce jeu : tu peux les manger, et elles te redonnent un point de vie. Voilà voilà.)

Mais à part les moments trollesques, j’aime beaucoup ce jeu, surtout pour son scénario.

Déjà, j’adore la Pologne, et oui d’accord okay l’histoire se passe dans un monde de fantasy et ça s’appelle la vallée du Pontar, mais sans déconner c’est carrément la Pologne au Moyen Age, les gars du jeu n’essayent même pas de le cacher : ça va des petits clins d’œil mignons (les villageoises qui te tapent la discute en te donnant des recettes de bigos) à des trucs vachement plus anxiogènes, genre TOUT LE SCENAR DU JEU :

Si on met de côté les éléments de fantasy et qu’on se concentre sur l’aspect géopolitique, The Witcher, c’est l’histoire d’un petit royaume coincé au milieu de voisins beaucoup plus puissants, et qui se mange invasion sur invasion et n’a pas d’autre choix que de regarder ses villages brûler. Ah oui, et il y a aussi un organe indépendant (le Conclave) composé de mages, et chargé de réguler la paix internationale, mais bizarrement, quand le pays de Geralt est attaqué, le Conclave ne fait rien.


(3615 allusion subtile.)

Ajoute à ça le fait que chaque ville dans le jeu a un quartier spécial pour les « non-humains », et ça sent quand même furieusement l’Europe de l’Est dans cette nation fictive.

(Ah bah ouais, ça serait pas le Moyen Age en Europe sans des ghettos Juifs.)

(Pardon, « Nains ».)

D’ailleurs, le choix principal du jeu dans Witcher I et II est de s’allier aux humains ou aux non-humains (Elfes et Nains). Geralt est accepté dans les deux camps, officiellement parce que c’est un mutant, mais surtout parce que c’est une putain de machine à tuer et si j’étais eux, je voudrais clairement pas le voir dans l’équipe d’en face.

Le truc avec ce choix, c’est que c’est un peu comme le choix entre les Impériaux et les Stormcloaks dans Skyrim : est-ce que je vais m’allier avec les connards racistes, ou avec les connards totalitaires?

(Que de choix, que de choix.)

Dans Witcher I, j’avais choisi de m’allier avec les humains, parce que les « rebelles » étaient en fait des terroristes qui faisaient sauter des bombes parmi les civils, prenaient des gens en otage, et faisaient de la guérilla dans les marais, et moi je négocie pas avec les fils de pute.

Mais au final, les chevaliers humains qui étaient en mode « nobles et valeureux » au début du jeu se sont en fait avérés être des fanatiques religieux qui ont brûlé tous les non-humains qui croisaient leur chemin (y compris les civils, les femmes, les enfants, tout le toutim) et le Grand Maître de l’Ordre était un traître à la Couronne qui travaillait main dans la main avec la mafia.

Et moi, j’ai choisi d’aider ces gars-là.

(L’expression « choisir entre la peste et le choléra » n’aura jamais été aussi appropriée.)

Du coup, là, j’ai commencé The Witcher II, et pour équilibrer un peu, j’ai décidé de m’allier avec les non-humains cette fois-ci. (Ça se passe dans une autre région, j’ai le vague espoir que les gens soient un peu moins des connards).

Mais de toute façon, je ne me prends pas trop la tête sur les décisions dans ce jeu, parce que quoi tu te choisisses, c’est toujours la merde.

A l’opposé de Skyrim, où les choix avaient peu d’incidence sur le jeu, et où tu finissais de toute façon toujours gagnant, dans the Witcher, tous les chemins mènent à Rome… si « Rome » était un mot de code pour désigner la mort de tous les gens qui te sont chers.

Surtout que moi, ayant été élevée par les films américains, je faisais des choix de héros au début. Dans The Witcher I, quand je suis tombée sur des terroristes qui avaient enfermé des civils dans la crypte avec des monstres, j’ai fait le choix d’aller sauver les civils, en me disant « Bah tant pis, ce n’est que partie remise, je choperai les gars plus tard. » Sauf qu'en sortant de la crypte, je me retrouve face à une montagne de cadavres, et le chef des gardes qui me dit :

- Ou étais-tu passé ? On t’a cherché partout ! Les terroristes ont mis la ville à feu et à sang !

Mec, t’es le chef de la garde ! Qu’est-ce que tu fais planté comme un poireau à attendre que je sorte du cimetière pendant que les gars pillent la ville ? C’est trop te demander de te sortir les doigts des fesses UNE SEULE FOIS ?

(On sent le respect de l’uniforme chez les scénaristes de ce jeu.)

Du coup, maintenant, je me fais plus avoir :

- Oh non, le bourgmestre corrompu s’est échappé ! Geralt, rattrape-le !
- Geralt ! Les femmes et les enfants sont coincés dans la tour en flammes ! Qu’allons-nous faire ?
- EH BEN ILS VONT CRAMER MICHELINE, QU’EST-CE QUE TU VEUX QUE J’TE DISE.

Maintenant je pourchasse toujours les méchants en priorité, parce que c’est le seul moyen de minimiser les pertes civiles. À chaque fois que j’essaye de sauver les innocents, je me retrouve avec le double des cadavres sur les bras, parce que tous les gars que je laisse courir sont des putains de psychopathes (qui se baladent probablement avec des Jeep et des Uzis quand personne ne regarde, parce qu’autrement, je vois pas comment ils peuvent faire autant de morts à la seconde).

Et encore, ça c’est des conséquences un peu dark, mais relativement logiques.

Mais d’autres fois, je fais tout comme il faut, et le jeu me punit PARCE QUE j’ai fait les trucs bien !

Une fois, dans une taverne, un chevalier de bonne famille m’a demandé de retrouver sa sœur, qui avait disparu. Je l’ai retrouvée dans un bordel, et j’ai été OBLIGÉ de la niquer pour faire avancer l’enquête. (Sérieusement, y’a pas moyen de finir la quête sans passer par là.) (Et pour 500 pièces d’or en plus !) (ça fait cher le jambon.) Bref, passons l’immonde carte Panini :




(Très classe, comme toujours)

Je découvre donc suite à ma culbute que la fille a des traces de morsure sur le cou.

(Une partie du corps que je n'aurais pas pu voir si elle n'avait pas été toute nue, évidemment.)

Bref, je fais mon enquête, je découvre que la fille a été envoûtée par la tenancière du bordel, qui est une vampire. Je vais la voir, elle me propose de me taper toutes ses filles gratos si je la laisse en vie, je dis non, je la bute, bien joué Geralt.

Sauf qu’après je retourne voir la fille pour lui dire « Eh bonne nouvelle, j’ai tué la vampire qui te maintenait sous son emprise, tu es libre » et elle me crache dessus en me disant qu'on m'avait rien demandé, qu'elle était là de son plein gré, et que j’étais le dernier des enculés.

(Pardon de tuer des monstres suceurs de sang, hein.)

Bref, un peu dépité, je retourne voir le chevalier, qui me demande :

- Alors ? Vous avez trouvé ma sœur ? Elle va rentrer à la maison?

Et j’avais le choix de mentir et de dire « oui oui », ou de raconter la vérité. Moi, sympa, je dis la vérité, et le gars me lance :

- N’importe quoi ! Ma sœur ne choisirait jamais de devenir une courtisane ! Vous êtes vraiment un détective en carton. Pas de récompense pour vous !

Du coup, pour avoir fait les choix moraux et justes, je me retrouve exactement comme avant la quête, mais plus pauvre de 500 boules.

(Ça m’apprendra à être honnête.)

Bref, je m’amuse bien, je chasse des monstres, et j’ai toujours pas de vie sociale.

(Mais je peux aller à la plage tous les week-ends maintenant que c’est l’été, alors ma vie est quand même meilleure que la tienne.)



PS : Avis à tous ceux et toutes celles qui ont joué à The Witcher I, II ou III : qu’est-ce que vous en avez pensé ? Quel volet est le meilleur (ou le pire) ? Est-ce que vous avez des conseils à me donner pour le II ou le III ? Ci-mer d’avance !
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