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La perle de l'année, édition 2015

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Salut les p'tits loups!

Ouais, je sais, ça faisait un bail.

J'ai loupé les traditionnels articles de Noël, de bonne année, et tout ça, mais j'ai une bonne excuse, j'étais en Alsace en train de m'empiffrer et de passer des bonnes vacances oklm avec ma famille passive-agressive:

- Et sinon tu reviens quand?
- Ben je viens d'arriver là, donc pour le moment, je sais pas trop.
- Tu seras là pour l'anniversaire de mamie?
- Etant donné que je viens de prendre tous mes jours de congé et qu'un billet coûte deux mille cinq cent euros, je pense que non.
- Ah bon ben si t'as pas envie de nous voir, on va pas te forcer, hein.


(Ça va bien chez toi, sinon?)

BREF, avant de parler de mes vacances et de ma famille (attends-toi à un article de tata gâteuse de derrière les fagots), je vais recommencer en douceur, parce que c'est pas que je viens de me farcir 35 heures d'avion et que je bosse demain, mais bon, voilà hein.

Du coup, comme j'ai profité de ces vacances pour aussi revoir mes fabuleux amis, je t'ai mitonné une perle de l'année aux petits oignons (cette tradition me manque, mais mes amis Kiwis ne sont pas drôles).

Pour les petits nouveaux qui ne seraient pas au courant de ce qu'est la perle du mois (ou, en l'occurrence, de l'année), je rappelle le concept: je suis quelqu'un qui se balade avec un petit carnet sur elle en permanence, et quand quelqu'un dit quelque chose de drôle, je le note dedans. Et comme en France j'ai plein d'amis très drôles, je faisais autrefois un article mensuel où je regroupais toutes leurs conneries, et ensuite les gens votaient pour leurs préférées.

(Pour les plus intéressés, vous pouvez retrouver toutes les perles du mois en suivant ce lien.)

Bon vote!


EDIT: La gagnante de l'année est donc la perle que Sarah m'avait fait jurer de ne pas mettre sur le blog ^^ 


4. "Moi j'ai été élevée en mode "La fille doit savoir faire la cuisine et tenir une maison pour que l'homme n'aille pas voir ailleurs." Plus tard j'ai découvert que lui sucer la bite ça suffisait." Sarah

(J'espère que vous êtes contents, bande de cochons.)




1. "Schoko-bons, attrapez-les tous!" Sarah

2. "Eh mais t'es roux! Tu devrais pas avoir le droit de passer à la télé!" Sarah

3. "Je dis pas que t'es maladroite, je me demande juste comment t'as encore toutes tes dents." Sarah

5. "Tu veux pas qu'on t'appelle Cha, tu veux pas qu'on t'appelle Lotte, en fait on peut juste t'appeler "rrrr", c'est ça?" Sarah

6. "Est-ce qu'il y a des gens qui t'appelaient Lolotte quand t'étais petite? ...Ah pardon. J'oubliais que t'avais pas d'amis." Sarah

7. "Derrière la gazinière on a genre six cuillères en bois. On a même dû en racheter. On aurait juste pu déplacer la gazinière, mais on est tellement feignants qu'on a préféré en racheter." Sarah

8. "C'est mignon Aliénor... j'ai déjà appelé des Sims comme ça." Sarah

9. "Mon chat il s'est jamais comporté comme un chat... c'était plus comme un Pokémon, en fait." Sarah

10. "Un jour j'ai goûté de la glace à la rose parce que Charlotte m'avait dit que c'était bon, mais c'était avant que je comprenne que chaque fois que Charlotte dit que quelque chose est bon, c'est dégueulasse." Sarah

11. "Mon chat, si elle était humaine, elle serait en CLIS." Sarah

12. "Je suis un vieux couple moi. Je m'épile mieux pour le gynéco que pour Flo." Sarah

13. "Ça m'énerve ces gens qui commencent bien l'année. Oui regarde chez moi, y'a du bordel partout, on est en train de décuver. Connasse!" Sarah

14. "Plus jamais je bois du crémant. Et du vin. Et de la margarita. Et du mojito." Sarah

15. "J'ai bu trop de crémant et maintenant les bulles ressortent par mon cul." Sarah

16. "J'aime bien regarder Parks and Rec parce que Anne et Leslie me font penser à toi et moi: moi la jolie fille, et toi la tarée" Sarah

17. "Fla c'est ma bite par alliance." moi

18. "J'espère que ce chocolat chaud me reste sur l'estomac, comme ça je pourrai continuer à le roter jusqu'à ce soir." moi

19. "Nuttea. Le mec il a un nom de barre de céréales." Flo

20. "Fla il a des oreilles tellement minuscules, on dirait une otarie." Flo

21. "Je compte les jours avant de revoir Fla: les journées sont longues, mais je reste zen... j'ai la Flattitude" Maman de Fla

22) - Si un jour on a un fils je voudrais bien l'appeler Paul. (moi)
- Comme ça plus tard il sera strip-teaseur. (Fla)
- ...
- Il fera du Paul Dancing.

23) - Ton chat il me lèche les cheveux. 
- Peut-être que t'as un shampooing odeur souris. (Sarah)

24) - Un jour à la Saint Nicolas on m'a assise sur l'âne, et c'était le plus beau jour de toute ma vie. 
- Tu comptes le jour de ton mariage? (Sarah)
- ...Oui.

25) - Tu sais toujours pas écrire droit! (Jean)
- Jean, quand on était au CE2, je savais pas écrire droit. (moi)
- Je sais. Et ça m'énervait déjà.

26) - Jean il a pas trop le côté tombeur. 
- Ouais. Il en a fait tomber une, et c'était bon. (Nono)

27) - Pourquoi tu regardes mes SMS? 
- Je vérifie si "Maman" c'est pas un nom de code pour "Amant". (Sarah)

28) - Si moi j'étais une des filles de "Friends", je serais qui? 
- ROSS! (Marie)

29) - Y'a des déchets partout dans la maison... y'en a même un dans ma salle de bains. (Sarah)
- ...
- Je parle de toi. 
- J'avais compris. (moi)

30) - Pour le boulot j'ai des gants en latex et des gants en nitrile. (Jean)
- T'AS DES GANTS EN MITHRIL??? (moi)

31) - Ça me fait trop penser au clip avec le gars qui se balade avec une tête de lapin. (Marie)
- Oui, enfin là c'est une grenouille. (Jean)

32) - Moi chuis pas ton amie??! (moi)
- Toi T’ÉTAIS son amie. (Flo)
- Ouais. Maintenant t'es un truc qui me colle. (Sarah)

33) - T'as fait deux cent mille kilomètres pour venir nous voir? (Marie)
- Tout à fait. J'habite sur la lune. 

34) - Ils sont vraiment spécials. (Flo)
- Spéciaux. 
- Spécials. Un par un.

35) - C'est vachement bien Skype, quand même. (moi)
- C'est sûr que si je devais t'écrire des lettres, ça fait longtemps qu'on serait plus amies. (Sarah)

36) - Avec Patrice on veut se faire incinérer quand on meurt (Maman de Fla)
- Ouais, parce que les bourrelets, ça brûle bien. (Patrice)


Et je t'ai gardé pour la fin une participation spéciale de ma Mamie le soir de Noël:

37) - Oh, il est si tard! Une heure dix du matin! 
- Oui mamie.
- ... Et maintenant une heure onze!


Bonne année!

Les enfants, ça sert à rien

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Et donc je reviens de vacances.

Même si je me refuse encore à appeler « vacances » ce marathon de bouffe, de pinard et de famille que sont désormais devenus chacun de mes jours de congés des trois dernières années.

(C’était bien la peine de déménager au bout du monde pour passer toutes les vacances en Alsace, tiens.)

(Le tourisme est un peu moins enthousiasmant quand c’est pour voir des trucs que t’as eu sous le museau toute ta vie.)

(Ouah, le musée Unterlinden! C’est pas comme si j’avais passé UN MOIS À BOSSER DEDANS, hein.)

Bref, c’est bon, j’ai évacué le moment crispant ‘First World Problems’ (« bububu je vis dans le pays le plus génial du monde et je dois passer mes vacances dans genre le dixième pays le plus génial du monde : ma vie est un enfer ! »), maintenant on va pouvoir se concentrer sur les choses cool de mon séjour.

Parce qu’en fait c’était quand même super cool, ce séjour. Je fais ma victime qu’on a gavée comme une oie, mais faut pas se leurrer, quand je suis toute seule en Nouvelle-Zélande je me gave aussi, hein. Juste que c’est des chips goût ketchup et pas des repas gastronomiques dans des restaurants étoilés, du coup le changement est plutôt bienvenu.

(J’te raconte pas le choc culturel d’aller manger dans des restaus avec des nappes sur les tables.)

(À Auckland, même dans les restaus chics, on te fait boire ta bière au goulot.)

Mais évidemment, je n’étais pas venue que pour la bouffe, mais surtout pour voir ma famille d’amour.

(Et la famille de Fla, que j’aime d’amour aussi.)

(Surtout maintenant qu’il y a Sarah dedans.)

(Comment avoir les meilleurs repas de famille du monde ? Case ta BFF avec ton beau-frère.)

(Hashtag ‘life hack’)

Ma famille, donc, qui était très heureuse de me revoir. Sauf une petite personne qui n’en avait rien à foutre.

Cette personne, tu l’as deviné, c’est ma petite nièce, qui vient de faire ses trois ans, et attention c’est pas un cadeau la bestiole. Parce que ouais okay elle est mignonne et tout, mais elle a le pire caractère de cochon du monde, assorti d’une tendance bien autoritaire – mais pas autoritaire genre « prof de français », hein. Autoritaire genre « pas-de-l’oie et uniformes kakis », tu vois le délire.

(Ou, comme le formule ma mère : « Ah ben oui mais ça c’est les Scorpions, faut pas chercher ».)

Par contre, elle a hérité de l’amour de la mode de ma sœur, mais comme c’est une mini-dictatrice, j’te raconte pas les efforts qu’il faut faire pour marcher droit, c’était comme de passer trois semaines dans un crossover chelou entre ‘les Reines du Shopping’ et ‘1984’.

Par exemple, le jour où je suis arrivée de l’aéroport, j’avais mes baskets violettes, qui m’ont valu un magnanime « Elles sont jolies tes chaussures, tata ». Moi je me disais «Mais dis donc, cette enfant est devenue vraiment adorable, super duper!».

Et puis le lendemain, je suis allée la chercher à la maternelle :

- Salut Lyson ! T’as vu c’est moi qui te chercher auj…

- Tata pourquoi t’as pas mis tes chaussures violettes?




(Ah ben super accueil Johnny Cash, bonjour à toi aussi, hein.)


Moi, je me remets tant bien que mal de ce vent magistral, et je lui explique :

- C’est parce qu’il pleut, alors j’ai mis mes chaussures en cuir pour pas avoir les pieds mouillés.

- Mais tu sais, je pense qu’il vaut mieux avoir les pieds mouillés, parce que ça, c’est très moche.
- ….
- Bon maintenant on va chez Maminette, comme ça tu peux aller changer de chaussures.

Non mais si je voulais me coltiner ce genre de réflexions toute la journée, j’aurais épousé Sarah, hein.


(Sarah qui m’a interdit de porter mes chaussures à Nouvel An parce qu’elles allaient pas avec ma tenue et que« Je te prêterais bien des chaussures à moi, mais j’veux pas que tu les déformes avec tes pieds de Hobbit ».)

(Et pourquoi mes chaussures n’allaient pas avec ma tenue ? Parce que Sarah m’a aussi empêchée de porter la tenue que j’avais prévue pour Nouvel An, sur le doux ton de :« TU T’FOUS D’MA GUEULE ? VA TE CHANGER TOUT DE SUITE ! »)

(Alors que oui, okay, c’était un pull Star Wars, mais avec des paillettes. Festif, quoi.)

(Fashion police partout, fashion justice nulle part.)

Bref, j’ai passé pas mal de temps avec ma nièce pendant ces vacances. Ce qui était assez étrange pour moi, parce que j’ai pas passé de temps avec des enfants depuis l’époque ou j’en étais un moi-même. Y’a donc certaines choses que je prends pour acquises chez les gens, mais qui font cruellement défaut à la gent marmaillesques.

Genre la patience. Ou la propreté. Ou la politesse.


Ou à peu près tout ce qui fait de nous une civilisation et pas un troupeau de sauvages.


Parce qu’en fait, je m’en rendais pas compte à l’époque, mais les enfants sont des animaux.

(Rousseau et l’État de nature, c’est bon, c’était pas la peine d’aller chercher sous l’Équateur, mec. Si t’avais pas abandonné tes cinq enfants dès leur naissance, tu l’aurais trouvé tout de suite, l’État de nature.)

(Bouffon.)

Parce que moi j’étais partie du principe que ma nièce, maintenant qu’elle avait trois ans, qu’elle avait passé l’âge terrible du foutage de merde, qu’elle allait à l’école et tout, ben elle serait un peu plus posée.

Eh ben mon vieux, j’étais pas au bout de mes peines.


- Bon, pendant que Maminette fait à manger, on va jouer ensemble. Qu’est-ce que tu veux faire ?
- Un dessin !
- Et si je te dessinais un sapin de Noël, et après on le décore ensemble ?
- Ouais !
- Voilà, alors on met des boules, des guirlandes, et…
- J’VEUX JOUER AUX CUBES !
- Mais on n’a pas fini le dess…
- LES CUBES !

Et après une minute à jouer aux cubes :

- Tu me racontes une histoire ?

- Si tu veux.
- Lis-moi ‘Camille fête Noël’ !
- D’accord. « C’est le soir de Noël chez Camille. Tout le monde est arrivé pour faire la fête : les cousins, papi et mamie… »
- J’VEUX REGARDER LA REINE DES NEIGES !



- On va pas regarder la Reine des Neiges maintenant, parce qu’on va bientôt manger. Écoute ton histoire.
- JE VEUX TÉTINE !
- Non, Maman a dit que c’était que pour la sieste.
- MAAAAAIIIIIIS JE VEUUUUUX TÉTIIIIIIINE !
- Meuf, tu m’as prise pour un jambon ou quoi ?

Qu’on se le dise, les gosses sont nuls en négociations : ils se contentent de répéter ce qu’ils veulent sans avancer de nouveaux arguments, mais attends gamine t’iras nulle part avec une attitude pareille ! (T’es pas jolie à ce point.)

(Bonus pour la technique pas flag du tout « Je fais les bruits de pleurs mais sans aucune larme ». CREDIBILITAY.)

Niveau tact, ça pèche un peu aussi à cet âge-là, cf. les remarques bien vexantes que je me suis mangées dans la gueule pendant mon séjour :

- Tata pourquoi t’as pas mis de maquillage aujourd’hui ?

- Parce que j’avais pas envie.
- Mais tu sais, il faut mettre du maquillage tous les jours, parce que t’es pas très belle.

(Merci du conseil, BELZÉBUTH.)

Enfin, l’avantage des gamins de cet âge, c’est qu’ils sont impossibles à vexer (je pense que t’as pas de fierté quand on doit encore te torcher le cul), du coup c’était pratique, j’avais jamais besoin de faire dans la dentelle :

- Tu manges quoi ?
- Une tartine de miel. T’en veux?
- Mais tu sais, t’as pas le droit de manger des tartines quand il fait nuit, parce qu’après tu vas manger le dîner.
- Meuf, je suis une adulte, je mange ce que je veux.
- Non c’est pas vrai.
- Ah si si, c'est vrai. 
- ....
- Regarde, hop, je sors du chocolat du placard, et je le mange! Il est sept heures du soir, je m’en balek!
- T’AS PAS LE DROIT !



(J'vais me gêner, tiens.)

Mais même là, je me faisais encore avoir :

- Tata, tu me donnes un Curly ?
- Bon, je t’en donne un, mais tu le dis pas à Maman, d’accord ?
- D’accord.
- Tiens.
- MAMAN MAMAN, TATA ELLE M’A DONNÉ UN CURLY ALORS QU’ON VA BIENTÔT MANGER !!


Alors je sais pas si c’est tous les enfants de trois ans qui sont particulièrement teu-bé, mais mon vieux, tu sens bien qu’elle est pas complètement finie.

J’en veux pour preuve la partie de cache-cache la plus What the Fuck de l’univers, ou je me suis retrouvée au milieu du salon à compter, tout en la surveillant du coin de l’œil. Je compte, je compte, et cette gole-mon ne bouge pas ! Donc je compte plus lentement en lui redonnant les instructions (« Seeeept, huiiiiit, va te cacher, neuuuuuf, va te cacher ») et je la vois qui va nonchalamment se poser SUR le canapé, genre même pas cachée derrière un coussin, nan !

Du coup, magnanime, je me tourne de l’autre côté histoire de faire semblant de la chercher au moins trois secondes, je découvre mes yeux et je fais :

- Quatorze, quinze ! J’arrive !


Et là, j’entends une petite voix fluette derrière moi qui fait :

- Je suis làààà !




Je pense que le concept de cache-cache n’est pas encore bien présent dans sa tête.

(Pourtant tout est dans le nom.)

Et c’est pas faute d’avoir essayé de lui expliquer :

- Non, Lyson, tu dois te cacher quand je compte ! Par exemple, tu vas dans le placard, ou sous le lit…

- Non, j’ai peur !
- Ben alors, tu te caches là ou t’as pas peur.
- Non mais j’ai peur de me cacher.
- Ah ben oui, alors là c’est sûr qu’on va pas y arriver.

Car oui, cette enfant est la pire pétocharde que j’aie jamais vu de ma vie.


Apparemment ma sœur était une immense trouillarde aussi étant petite, mais comme elle a cinq ans de plus que moi, je l’ai jamais connue à cet âge-là. Et moi j’ai jamais eu ce problème – je partais jouer toute seule dans la forêt tous les soirs après l’école, et je me viandais régulièrement dans le fond de ravins ou au pied des arbres en pourchassant des oiseaux ou des souris.

(Une fois je me suis liée d’amitié avec un écureuil, je lui amenais des noix et tout, j’espérais qu’on devienne potes comme Spirou et Spip, mais en fait non, mais c’était sympa quand même de le regarder manger.)

(Vis ma vie de future vieille dame aux chats.)

Et ma petite nièce, au lieu d’avoir peur des choses saines et normales (comme les loups-garous, les requins et les pantins),à la place, elle a peur de TOUT.

Elle a peur du noir, elle a peur des chevaux, elle a peur des chiens, elle a peur des inconnus, elle a peur de courir, elle a peur de sauter, elle a peur des chenilles, elle a peur des piscines, elle a peur de l’autoroute, elle a même peur des CHATS.

(Sérieusement ?)

(Le truc tout mignon et tout doux qui ressemble à une peluche, on est d’accord ?)

Bref, c’est une sacrée précieuse.

Au tout début de mon séjour, on est allées faire les courses, je l’ai mise dans le caddie en disant « on fait la course ? », puis je me suis mangée une heure de sermon :

- Tu sais tata il faut pas aller vite parce que c’est dangereux et on peut tomber et se faire très mal, et d’abord le supermarché c’est pas un endroit pour faire la course….


(3615 ‘Enfant le moins fun du monde’.)

Idem quand on est parties faire une marche en montagne, au début de laquelle elle nous a assuré qu’elle marcherait tout du long, pour s’écrouler par terre 20 minutes plus tard en chouinant qu’elle était FATIGUÉEEEEE.

(Évidemment.)

Donc comme je suis la tata la plus sympa du monde, je l’ai prise sur les épaules, et c’était la panique à bord :

- Je veux pas que tu me poooortes ! J’ai peuuuuuur !

- Tu préfères marcher ?
- ….
- C’est bien ce que je pensais. Petite ingrate.

Inutile de dire que mes tentatives d’alléger l’ambiance en faisant le cheval ont été sèchement réprimandées :


- Tata il faut pas courir parce qu’il y a des cailloux et c’est très dangereux, il faut marcher très doucement et regarder bien où on va sinon on peut tomber sur les cailloux et se faire très très mal, et aussi il faut faire attention parce qu’il y a de la gadoue et ça glisse et on peut tomber et….





(C’est comme d’avoir le Walkman le plus chiant du monde.)


Mais ce qui me désole le plus, c’est que ma nièce est la petite fille la plus ‘fille’ de l’univers entier.

J’espérais faire des trucs fun avec elle, genre aller sur la balançoire (elle a peur), faire du vélo (elle a peur), jouer au loup (elle aime pas courir), ou même juste faire de la pâte à modeler ou des Lego, mais tout ça, elle s’en fout.

(Et cache-cache, on voit ce que ça a donné.)

Car les activités préférées de ma nièce sont, dans l’ordre :

1.Jouer à la cuisine

2.Jouer à la maîtresse
3.Jouer à la maman
4.Regarder la Reine des Neiges
5.Dessiner
6.Regarder Peppa Pig
7.Jouer à faire le ménage

SÉRIEUSEMENT ?


JOUER à FAIRE LE MÉNAGE ??


(Nan mais c’est bon, enlève-lui son droit de vote tout de suite, c’est clair qu’elle s’en servira jamais.)

Bref, je me retrouve tata d’une gamine qui déteste faire tout ce que moi j’adorais à son âge (se salir, aller dehors, se battre avec des bâtons, faire la course dans la forêt avec des chevreuils) et adore tous les trucs que je détestais (les princesses, les poupons, les petits poneys à la crinière rose).

Et quand on essaye de faire un truc relativement fun, genre jouer à la marchande, ça fonctionne pas des masses :

- Bonjour madame la marchande ! Qu’est-ce que vous vendez aujourd’hui ?
- J’ai des patates.
- D’accord, alors je vous prends une patate, s’il vous plait.
- Non.
- Comment non ?
- Non parce que je te donne pas mes patates !
- Mais c’est pour faire semblant, Lyson. Regarde, là je te donne la pièce…
- Ma pièce !
- Et maintenant je prends la pata…
- Non ! Ma patate ! Ma piece!

(Okay, donc pour le concept de ‘partage’, je pense qu’on repassera l’an prochain.)

J’ai quand même réussi à lui faire faire une bataille de sabres lasers/bâtons lors d’une balade (ce qui était mon plus fier moment en tant que tata):



Même si, à la seconde ou elle m’a terrassée, elle s'est jetée sur moi en disant :

- Maintenant tu es à l’hôpital !

- Okay.
- On va te donner les médicaments, et après tu vas mettre le sparadrap.
- Mais… on joue plus à la bagarre ?
- Maintenant on va regarder dans les oreilles et on va écouter le cœur.
- …
- Et après tu iras chez le dentiste, il faudra être très sage et puis t’auras une sucette.

(Chassez le naturel, tout ça tout ça.)

Bref, c’était quand même sympa de passer du temps avec elle, et puis au moins maintenant mon utérus est calmé pour les cinq prochaines années.

(Y’a pas de petites victoires.)

- Eh Tata Charlotte, je m'ennuie.
- Ben, t'as qu'à compter les sapins.
- D'accord. Un, deux, huit, onze, quatre,....
- Dis donc, ils t'apprennent vraiment que dalle à la maternelle.
- Chut! Je compte. Huit, seize, deux...



(Mais une petite voix comme ça rend tout mignon.)


Sur ce, à bientôt pour plus d'aventures trépidantes au pays de la tête en bas!

3615 Solitude

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Alors en fait je suis toute seule à la maison.

(J’ai eu un petit moment de panique en écrivant ça sur Internet.)

(Genre imagine tous les violeurs psychopathes francophones de Nouvelle-Zélande qui suivent mon blog et qui attendaient que j’écrive que je suis seule chez moi pour venir me découper en morceaux.)

(Tu sais pas, si ça se trouve il y en a.)

(Ma maman m’a toujours dit qu’Internet était un repaire de monstres sanguinaires.)

(Bon okay, pour le moment j’y ai croisé que des geeks et des intellos, mais on sait jamais.)

Bref.

Donc je suis toute seule à la maison jusqu’en février, parce que Professeur Flaxou a eu la géniale idée de prendre ses vacances juste après les miennes.

Bon, au départ, je devais pas partir en vacances du tout : on avait décidé que lui partirait en janvier pour la Thaïlande et y retrouverait sa mère et son oncle pour des vacances en famille à mi-chemin (oui, la Thaïlande, c’est à mi-chemin entre la France et la Nouvelle-Zélande. Je sais qu’on dirait que c’est vachement plus proche de la Nouvelle-Zélande, mais en fait carrément pas, les cartes vous mentent depuis le début.). Et moi, de mon côté, je partirais en vacances en juillet ou août pour aller voir ma famille en France. Comme ça, on évitait tous les deux la période de Noël, où tous les billets sont au triple du prix.

Sauf que j’ai eu un petit changement de plans vers septembre, quand un de mes collègues a demandé à la patronne si elle avait déjà les dates de fermeture du bureau pour Noël, et c’est comme ça que j’ai appris que le bureau fermait chaque année pendant trois semaines, que ces trois semaines étaient bien entendu décomptées de mes congés annuels, et que donc, si je voulais partir en juillet-août, il me resterait…une semaine.

Et c’est pas que c’est impossible de faire Auckland-Melbourne-Beijing-Francfort-Freiburg-Colmar-Kaysersberg et Kaysersberg-Colmar-Freiburg-Francfort-Beijing-Melbourne-Auckland en une semaine, mais c’est comment dire UN PEU TAXANT.

(Genre je passe deux jours dans l’avion, j’arrive en Alsace, je vois ma mère le samedi et mon père le dimanche, et je repars.)

(Donc on va dire que NAN.)

Du coup, bien obligée, j’ai pris mes billets d’avion surtaxés pour aller voir mes proches à Noël, et j’ai donné mes dates à Flaxou en lui disant « Je serai partie du 11 décembre au 9 janvier, alors essaye de t’arranger pour partir après le 10, histoire qu’on se voie quand même un peu ».

S’en sont suivis deux mois de :

- Au fait t’as pris tes billets d’avion ?
- Ah non. C’est pas toi qui t’occupe de ça d’habitude ?
- Oui, quand on part ensemble. Mais là, tu pars seul, je vais pas acheter tes billets à ta place.
- C’est juste, c’est juste.
- … Du coup tu vas les prendre, ou…
- Hein ? Pardon j’écoutais pas.
- Les billets d’avion.
- Oui.
- …
- Ben c’est pas toi qui t’en occupes d’habitude?




(On a dit pour le meilleur et pour le pire, hein.)


Bref, encore quelques semaines plus tard, Flaxou vient me voir tout fier en disant :

- Ca y est, j’ai pris mes billets d’avion !
- Tu pars quand ?
- Le 8 janvier.

(MAIS.)

- C’est une blague ?
- Non, pourquoi ?
- Mais ! Je rentre le 9 janvier, moi !
- Quoi ? Mais tu m’avais dit le 7 !
- Non, je t’avais dit « Essaye de partir après le DIX, parce que je rentre le NEUF » !
- Mais alors… qui est-ce qui rentre le sept ?
- PERSONNE !
- Ah. J’étais probablement pas en train de t’écouter, alors.



- Non mais attends, tu sais quoi, je vais revérifier les détails avec ma mère, parce que je vais peut-être devoir changer de billets de toute façon.

- Pourquoi ?
- Parce que j’ai pris les billets d’avion pour la Thaïlande, mais je sais plus si elle avait pas dit le Vietnam, en fait.
- ….
- Bangkok, c’est dans quel pays ?

(VÉRIDIQUE.)

(Je comprends mieux pourquoi il voyageait pas avant de me rencontrer.)

Ces vacances resteront désormais connues dans notre famille sous le nom de « La fois où Fla est parti en vacances tout seul et qu’il était tellement pas doué que non seulement il s’est planté dans les dates, mais il a bien failli se tromper de destination par-dessus le marché ».

(La version courte s’intitule « J’ai épousé un Teletubbies ».)

Bref bref.

Du coup, grâce à la pas-douéitude de mon époux, on était partis pour pas se voir pendant deux mois.


DEUX MOIS.

C'est tellement long que quand j'ai dit à ma famille que j'allais pas voir mon mari pendant deux mois, ma mère et ma sœur ont décidé de faire une réunion pour discuter très sérieusement de mes évidents problèmes de couple– ils pensaient qu'on avait fait exprès de faire un break de deux mois, parce que, je cite:

- Personne n'est assez stupide pour "accidentellement" se planter de date en réservant ses billets d'avion.

(Bonjour, je vous présente mon mari.)

Et bon, le premier mois est passé comme une lettre à la poste, puisque de mon côté j’étais en France et que j’avais trop de vie sociale pour avoir le temps de remarquer que Flaxou n’était pas là, et que du côté de Fla, il était trop occupé à siffler des bières et à se toucher la nouille dans le noir à poil devant son PC en criant «FREEEEEEEDOOOOOOOM».

(En vrai, c’était juste la première semaine. Ensuite il a dit « Ben je croyais que c’était fun la vie de célibataire, mais quand on peut coucher avec personne, c’est un peu nul ».)

Par contre, je te raconte pas 3615 Déprime quand j’ai dit au revoir à toute ma famille et mes amis, pour me retrouver 48 heures blanches plus tard dans une maison vide et froide.

(En plus il pleuvait tellement la race quand on a atterri que le capitaine nous a fait une blagounette au micro.)

(« For thuse of you coming to Nu Zilind for the first time, yisss, this uz what summer looks like. »)

Alors la première semaine, j’ai fait ma maligne, parce que j’ai repris le boulot, la gym, et mes trois mille épisodes de séries en retard (on est d’accord que le Christmas Special de Sherlock c’était du n’imp sauvage, oui ?). Du coup, je faisais ma fière auprès de mes amis qui me demandaient si Flaxou me manquait pas trop :

- Non mais pardon de te le dire mais là tu rentres dans un schéma carrément patriarcal-an ! J’veux dire on est au vingt-et-unième siècle, ça va, c’est bon, j’ai pas BESOIN de mon mari pour fonctionner-an. Et après quoi, tu vas me demander si j’arrive à porter les courses jusqu’à la voiture toute seule ? Non mais franchement.

Et sur ces entrefaites arriva le premier week-end.


Où je me suis réveillée toute seule dans une maison vide, où j’ai passé ma soirée toute seule dans une maison vide, et où je me suis couchée toute seule dans une maison vide.

Et là, j’ai réalisé qu’être une femme libérée, tu sais, c’est pas si facile.


(3615 chanson dans ta tête pour l’éternité.)

(Ne me remercie pas.)

Et très doucement mais sûrement, je suis partie en roue libre.

Ça a commencé par des décisions semi-rationnelles, à base de « Je me sens seule parce que la maison est trop silencieuse, mettons un peu de musique pour faire fuir les idées noires ! ».

Une idée logique et équilibrée.

Sauf qu’au bout de trente minutes de zap parmi ma playlist, j’ai fini par me dire« Hmmm, non, c’est des bonnes chansons mais je sais pas pourquoi, je les sens pas trop aujourd’hui. Ce qu’il me faudrait, c’est du… du… METAL. »




Et non seulement j’ai écouté du metal tout le week-end (3615 voisins ravis) mais en plus, mes groupes de metal à moi me semblaient trop mélodieux, trop chantants, pas assez brutaux, et donc voilà, ne me demande pas comment ça s’est fait, mais maintenant j’écoute du Finntroll, parce que ça me fait penser à mon doux époux et à ses oreilles en carton.

(Oui parce que Finntroll, c’est un mélange de Black Metal et de Folk, et c’est ma limite.)

(Flaxou préfère le Death Metal et le Black Metal purs et durs, mais j’arrive toujours pas à en écouter sans saigner du cerveau.)

(Le Black Metal c’est l’underground du metal (qui est déjà underground en soi comme genre de musique) donc tu t’imagines bien qu’ils font tout ce qu’ils peuvent pour rendre leur musique la moins accessible possible.)

(« Eh j’ai une idée ! On va faire que hurler dans nos micros sur un fond de batterie épileptique et de guitare distordue, et on va faire EXPRES d’avoir le son le plus pourri possible, ambiance micros qui sifflent et amplis ramassés dans une décharge. » « Parfait, ça va être bien dégueulasse ! » Et le Black Metal était né.)

Bref bref Brejnev.

Ma descente dans le n’imp ne s’est pas arrêtée là, puisque quelques jours plus tard, devant mon PC, je me disais « Je me sens trop seule dans le bureau quand Fla n’est pas là », et du coup j’ai allumé son ordinateur et j’ai mis des Twitch dessus, pour faire le même bruit de fond que quand il est là.

Et si tu penses que ça c’est pathétique, t’as encore rien vu.

Parce qu’en fin de compte je me suis mise à REGARDER les Twitch.

(Il y a quelque chose d’étrangement hypnotisant à voir quelqu’un d’autre jouer à des jeux vidéo.)

Au début je regardais juste des trucs au hasard et je comprenais pas trop bien ce qui se passait (j’avais mis des matchs de Starcraft pour retrouver le fond sonore de quand Flaxou est là, mais IMPOSSIBLE de suivre l’action, c’est pire que des matchs de foot), et ensuite mes suggestions Youtube m’on amené sur la chaîne de Bob Lennon, et voilà, je suis en train de remonter la timeline de 250 vidéos d’un mec qui joue à Skyrim.

(Alors que j’ai moi-même joué à Skyrim plus de 500 heures.)

(AU SECOURS.)

Et tout ça, c’était que la seconde semaine, mes enfants.Là, il me reste dix-sept jours avant le retour de Fla.

(DIX-SEPT.)

Et je t’avouerais que je flippe un peu à l’idée de ce que mon cerveau malade va pouvoir inventer pour combler le vide.

J’ai donc décidé de documenter ma descente dans la folie, en vous fournissant régulièrement ce que je vais appeler des ‘Updates de la Solitude’. Mais comme je vais pas flooder le blog de messages de désespoir, vous pourrez retrouver la totalité de mes élucubrations sur Facebook et sur Twitter.

(Tavu mon social media branding de folie.)

(« Live tweet de ma soirée à chouiner sur mon mec, GET PUMPED »)

À bientôt pour des articles non lugubres (promis).

Séries 2015, Top & Flop – Partie 1: les drames

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(Moi en janvier.)

Comme tu le sais sans doute si tu lis ce blog régulièrement, je regarde pas mal de séries.

(Quand je ne suis pas occupée à recommencer une millième partie de Skyrim, ou à mourir dans la nouvelle extension de Don’t Starve.)

(J’arrive sur une île déserte, pépouze, en fait c'était un volcan – long story short, je me suis faite buter par un caillou.)

Et donc 2015, qui était globalement une bonne grosse année de merde, a quand même eu pour seul mérite d’être pas trop mal niveau séries.

(En même temps, on est pile poil dans l’Age d’Or des Séries, alors ça se tient.)

(Et je pense que ça aide aussi qu’on soit dans l’Age de Fiente du Cinéma.)

(Sans déconner, Hollywood a produit UN bon film en 2015*.)

(Deux, si on compte ‘Interstellar’.)

(*Oui, je parle de Mad Max.)

Et comme j’ai enfin rattrapé mon retard dans les saisons 2015 (ci-mer mon mois de solitude forcée), je t’ai concocté un petit “Top & Flop” de mes séries préférées de l’année.

ATTENTION: Le contenu de cet article est évidemment très subjectif. Je le dis ici parce que je sais qu’on est censé exprimer ses opinions à base de “Perso j’aime bien” ou “Perso j’aime pas trop”, mais moi je préfère employer des expressions comme “C’est la meilleure chose de l’univers” ou “C’est un sombre tas de couilles”, donc c’est ce que je vais faire. (Si tu veux, tu peux t’amuser à ajouter “Selon mon avis qui n’engage que moi-même” après chacune de mes phrases.)

ATTENTION DEUX:ça va spoiler allègrement, parce que je m’en balek complètement de la sensibilité des gens.

(Comme ca c’est dit.)

On commence avec mon Top 4 Catégorie "C’est sérieux par ici oh"





Après avoir bien pleuré ma mère sur le final de Breaking Bad, c’est un plaisir de retrouver Saul Goodman l’avocat véreux… avant qu’il ne devienne Saul Goodman l’avocat véreux.

Comme pour Breaking Bad, les acteurs sont excellents, et pas seulement Bob Odenkirk (l’acteur principal) mais aussi tous les rôles secondaires. On ne s’ennuie pas une second, même quand il ne se passe rien (et on parle d’un prequel, alors toi-même tu sais qu’il va pas se passer grand-chose).

Après, Vince Gilligan, c’est un peu le Tarantino de la télé: il fait son truc à sa sauce, mais c’est toujours la même. Alors fatalement, ceux qui aiment adorent tout ce qu’il fait, et ceux qui aiment pas… ben, voilà.

(Moi, au cas où t’aurais pas compris, je suis dans le premier camp.)






Encore une série de Vince Gilligan (Fan2FOREVER), Battle Creek (que j'ai hésité à classer dans "comédies" parce que le ton est globalement léger, mais je pressens que ça va virer au noir avant la fin de la saison 3, donc voilà), Battle Creek, donc, est une série policière avec une sacrée couche de ‘buddy-movie’ dessus.

(Les ‘buddy-movies’, c’est comme ça qu’on appelle les films de comédie/action dans lesquels deux gars que tout oppose sont forcés de faire des trucs ensemble – souvent résoudre des crimes – et en fin de compte deviennent bon copains. Si tu regardes un film des années 80-90, y’a à peu près une chance sur trois pour que ce soit un buddy movie.)

(On peut citer comme exemples notables Rush Hour, l’Arme Fatale, Men in Black, ou encore le génial Hot Fuzz.)

Bref, dans cette série, le héros Russ Agnew, détective de la petite ville de Battle Creek, se voit forcé de collaborer avec l’agent du FBI plus-élégant-tu-meurs Milton Chamberlain. Et oui, je sais, ça a l’air super kitsch et pas original dit comme ça, mais juré c’est une série géniale.

Déjà, les deux acteurs principaux sont super bons (mention spéciale à Dean Winters, AKA Dennis le magnifique débile de ‘30 Rock’), et l’alchimie entre eux opère à merveille. Alors c’est sûr que, niveau relations entre les personnages, c’est du déjà vu (et je citerai ici Professeur Flaxou et son: "Russ et Milt, c’est Wall-e et Eve"). Mais l’histoire est intéressante, les dialogues sont brillants, la mise en scène est soignée, et ça fait plaisir de voir une série où les personnages secondaires ont des vraies histoires et des vraies personnalités, et ne sont pas juste des figurants en carton dont la psyché change selon les besoins scénaristiques des épisodes. (N’est-ce pas, Big Bang Theory ?)






La très bonne et très improbable surprise de cette année vient de chez nos voisins d’outre-Rhin, et je dis « improbable » non pas parce que je suggère que les Allemands sont incapables de faire de bonnes séries, mais parce que je ne pensais pas que les Allemands faisaient autre chose que des Krimi.

(C’est un peu comme si on te disait que les Français avaient fait un téléfilm qui n’était PAS un téléfilm historique en trois parties.)

(Impensable.)

Pour les non-germanistes, ‘Krimi’, c’est l’abréviation de ‘Kriminalfilm’ (soit : film policier), et c’est LE genre de prédilection en Allemagne – particulièrement à la télévision.

(On connaît tous Derrick, mais on peut aussi citer l'indétrônable ‘Tatort’, qui est à l’antenne depuis QUARANTE ANS – quand même – ou bien la populaire série ‘SOKO München’ et ses spin-offs (SOKO Leipzig, SOKO Köln, SOKO Stuttgart, etc.) (C’est un peu ‘Les Experts’ en moins exotique.))

Bref bref.

‘Deutschland 83’ n’est donc pas une Krimi, mais une série d’espionnage, qui se passe comme son nom l’indique en Allemagne, en 1983.

L’histoire suit Martin, un jeune militaire Est-Allemand, qui est recruté par les services d’espionnage de son pays et envoyé de force en RFA pour s’infiltrer auprès de l’armée d’Allemagne de l’Ouest. Le tout sur fond de tensions diplomatiques à péter l’élastique, parce qu’il y a des histoires de missiles américains et soviétiques et en gros on est à un poil de cul de la guerre nucléaire.

Et bon, je vais essayer de faire court : tout dans cette série est fabuleux.

(À part les acteurs qui ne sont pas tous gégé, c.f. la copine de Martin qui en fait des caisses, mais bon, ça pèche que dans les seconds rôles, donc on va pas enculer les mouches.)

Déjà, niveau réalisme, c’est assez bluffant (dixit ma maman qui a bien connu l’Allemagne des années 80), et oui okay, je sais bien que c’est relativement facile de faire de la reconstitution historique quand on parle d’une époque aussi récente, n’empêche que quand on voit comment les gens s’habillaient y’a trente ans, il faut saluer le courage des acteurs.


(Et surtout des actrices.)



(Ces choucroutes, mon dieu.)

Pour l’histoire en soi, elle est bien haletante comme on peut s’y attendre (c’est une série d’espionnage, hein, c’est pas Louis la Brocante). Alors oui, certes, le scenario fait un peu dans le n’imp par moments, avec des coïncidences incroyables (Martin est officiellement le mec au cul le plus bordé de nouilles de l’univers) et des retournements de situation que même moi je sentais venir a des kilomètres (cf. le moment « JE SUIS TON PÈRE – POM POM POOOOM », à mi-chemin entre Star Wars et les Jours de Notre Vie).

Mais la série réserve aussi des belles surprises (notamment un passage très ‘House of Cards’). («C’est un témoin qui traverse la route, et PAF le témoin».)

Et au passage, mention spéciale à la B.O., qui est une TUERIE.

Bref : j’étais vrillée à mon canapé pendant les huit épisodes (que j’ai enchaînés en mode marathon, parce que c’était un week-end pluvieux, mais surtout parce que la chair est faible).

A priori, il n’y aura pas de saison 2 (emoji tristesse). L’avantage, c’est qu’au final, t’investis pas trop de temps dans le visionnage. 

(Et puis c’est toujours sympa de réviser son Allemand LV2.) 

(Surtout quand les sous-titres anglais évitent soigneusement de retranscrire les gros mots.) (HA HA rien à foutre j’ai grandi en Alsace, tu peux pas test, je jure bilingue depuis le CE1.)

(Même Professeur Flaxou l’handicapé des langues ne connaît que deux mots en allemand, et ces mots sont ‘Käse’ et ‘Arschloch’.)

(Mais comme il allait en Allemagne que pour prendre un MacDo au drive de Kehl en sortant des soirees Batcave, ca allait.) (Car comme te l’expliquera Vincent Vega, ‘Big Mac’ se dit toujours ‘Big Mac’.)

Bref bref Brejnev.

On continue avec ma série dramatique préférée top du top de toute l’année, j’ai nommé :





Alias ‘La série qui a réussi à réparer l’irréparable’– je veux bien sûr parler de l’immonde film 'Daredevil' de 2003 avec Ben Affleck.

(Je l’ai déjà dit et je ne suis pas la seule : Ben Affleck est un très bon réalisateur, mais un très mauvais acteur.)

(C’est Robert Redford à l’envers.)

Un mot sur le film, d’abord :

C'EST UNE PUTAIN DE PURGE.

Voilà.

Déjà en 2003, ce film était une merde, et pourtant on n’avait pas beaucoup de films de super-héros pour nous servir de mètre étalon (à part l’excellent Spiderman de Sam Raimi, et le premier X-Men). De toute façon, les films Marvel pré-2008 (avant la création de Marvel Studios), vaut mieux pas s’attarder dessus (HumhumHULK) (Quatre euros et deux heures de ma vie que je ne reverrai jamais) (HA HA les cinés à 4 Euros) (on est vieux, les gars).

L’exploit de Daredevil le film, c’est qu’il a pris nos attentes pourtant très basses et qu’il a réussi à les aplatir complètement, avec un film qui a réussi à être uniformément nul : jeu d’acteurs, direction, scénario, décors, costumes, maquillage, effets spéciaux, lumière, effets sonores, musique – ce film est une bouse dans TOUS les domaines.

J'veux dire, regarde cette bande-annonce, et dis-moi si ça pue pas le trou de balle, franchement:



Cette techno pourrie, ces effets spéciaux ignobles, ce montage épileptique, ces plans qui tournicotent dans tous les sens comme ton oncle bourré à un barbecue, ces vieilles punchlines moisies dignes de l'Agence Tous Risques! Et c'est la BANDE-ANNONCE!! C'est ce qui est censé te présenter les MEILLEURS moments du film!!

Du coup, je pense que, comme beaucoup de gens, j’avais encore ce douloureux souvenir en tête quand je me suis installée pour regarder la série Daredevil.

(D’autant plus que j’étais aussi allée voir le spin-off ‘Elektra’ au cinéma en 2005.)

(Oui, je sais, c'était tendre le bâton pour se faire battre.)

Mais la série m’a chopée aux tripes dès le premier épisode, et ne m’a plus lâchée.

Déjà, c’est très dark. Au sens propre et au figuré.



Vraiment, les acteurs sont dans le noir 90% du temps.


(Budget lumière pour cette série : 1 dollar.)

Alors évidemment, le sujet s’y prête : Daredevil, pour ceux qui ne connaissent pas, c’est l’alter ego justicier de Matt Murdoch, un avocat qui se bat pour la justice dans le quartier le plus corrompu de New York. Il est pauvre, ses parents sont morts (FORCÉMENT) et, en plus, il est aveugle, donc v’là la couche de pathos.

Et en fait son super-pouvoir c’est un genre de sonar comme les chauve-souris, qui lui permet de «voir» ce qui se passe autour de lui. Ses autres sens sont plus développés que la normale, et aussi c’est un ninja parce que chez Marvel, si t’as pas de super-pouvoirs qui déchirent, t’as intérêt à être soit un génie, soit un ninja.

Bref, Daredevil, c’est quand même l’un des seuls super-héros donc le super-pouvoir est d’être… presque normal, finalement.

Et c’est l’un des atouts majeurs de la série : son réalisme.

Parce que ouais, okay, on parle d’un super justicier aveugle ninja, mais je sais pas comment te l’expliquer, ça semble plutôt bien ancré dans la réalité. 

A mille lieues des combats ambiance cartoon d’une oeuvre comme Avengers, là, on voit le héros se fatiguer, se faire mal, s'essouffler. Et les méchants ne s’aplatissent pas par terre après un coup de poing, mais ils se relèvent (du quasi-jamais vu dans une adaptation de comics).

Et puis c’est BEAU, putain !

Pour une série télé, c’est foutrement beau ! C’est mille fois plus beau et un million de fois mieux filmé que Daredevil le film (avec pourtant un plus petit budget, comme quoi).

(Parce que oui, y'a eu des gens qui trouvaient ça ouf que Marvel ait prévu plus de 3 millions de dollars par épisode, mais Daredevil le film a quand même coûté 78 millions pour deux heures de DAUBE, donc le rapport qualité-prix se calcule vite.)

La photographie a un parti pris très retro (ambiance jaunes/verts), et vu que 99% des films d’action ou de superhéros récents baignent dans les teintes bleues/oranges, j’avoue que ca fait un changement sympa. En plus de ça, l'éclairage a un côté très naturel (avec des ombres, et tout) qui s'éloigne avec bonheur de l’éclairage type ‘sitcom’ qu’on retrouve dans la majorité des séries, y compris les autres séries Marvel/DC.



(LOL CÉ LA NUI I FÉ NOIR.)

Ce traitement réaliste met d’ailleurs en valeur un détail qui m’a beaucoup plu au sujet des interprètes féminins, et je vais essayer de dire ca avec doigté : LES MEUFS SONT BONNES. 

(Raté.) 

Non, en fait, les meufs sont bonnes, mais plus dans une vibe ‘normale’, et moins Hollywood. C’est-à-dire qu’elles sont indéniablement toutes super belles, mais elles ne sont pas filmées avec la couche de plâtre et la lumière uniforme qui fait de la majorité des actrices de series américaines des sortes de Barbies lisses et sans aspérités.

Exemple flagrant : Agents of Shields, où toutes les nanas sont maquillées comme pour un défilé Chanel, alors qu’elles sont censées être, dans l’ordre, une militaire, une scientifique, et une hackeuse.

Mais apparemment elles ont toutes le temps de passer chez l'esthéticienne, ça y'a pas de problème.


(Tous les grands stratèges vous le diront: l'important, quand on va au combat, c'est d'avoir le sourcil impeccable.)


(La recherche scientifique c'est important, mais trouver la bonne teinte de rouge à lèvres, c'est CAPITAL.)


(La geekette typique: chemise en jean/carreaux, lissage brésilien, contouring, smoky eye – LOL ces intellos, tous les mêmes.)

Dans Daredevil, même si toutes les filles sont plus bonnes que la plus bonne de tes copines, y’a quand même le côté humain qui ressort – genre des fois leurs cheveux s'emmêlement, et même d’autres fois, on voit les pores de leur peau. (TRUC DE OUF) (Seraient-elles donc des humains après tout ?) (Genre est-ce que quand il fait chaud elles transpirent de la moustache ?) (TOUT EST POSSIBLE.)

Un exemple: voici une photo de Deborah Ann Woll (qui joue le rôle de Karen) lors d'une soirée pour la promo de la série:



Et maintenant, voici un screenshot de la même actrice, dans la série:


(Oh mon dieu, un teint non uniforme, sommes-nous entrés dans la Matrice?)

Tu vois ce que je veux dire quand je parle de "réalisme" dans la série?

Donc c’est une petite chose, mais ça fait me plaisir de voir des nanas à l’écran qui sont juste belles, et pas surnaturellement belles.

(Sans déconner, va regarder Avengers, et essaye de voir les pores de Scarlett Johansson.)



(Du moins, pendant les cinq minutes de film où l’on accepte de nous montrer son visage et pas son cul.)

Bref bref.

Pour ce qui est de la mise en scène, c’est aussi de toute beauté – le côté ‘caméra au poing’ n’est pas nouveau, mais c’est un procédé que j’ai toujours beaucoup aimé (Spike Lee 4EVER). 

Et que dire de ce sublime plan-séquence de FOLIE PURE, le plus fort moment de toute cette saison, et qui te FISSURE LA RÉTINE par sa majesté :



(Et oui, je sais, on dirait la scène du marteau dans Old Boy, mais on s’en fout, c’est beau.)

Cerise sur le gâteau, les interprètes sont tous très bons, alors que la majorité du casting est composée d’inconnus. L’histoire alterne les morceaux d’action bruts avec des passages plus tranquilles où l’on discute de trucs très profonds et très dark (la mort, la justice, la corruption, la douleur, le deuil, la religion, etc.), et le mélange passe super bien.

Au final, je propose qu’on jette définitivement Daredevil le film aux oubliettes (et Ben Affleck l’acteur en meme temps) (Batman VS Superman, Dawn of MES COUILLES) et qu’à la place, on sorte les deux premiers épisodes de Daredevil saison 1 au cinéma, tels quels : crois-moi, ça fera un bien meilleur film.

(En même temps, la barre est pas tellement haute.)

(C’est plus une barre de limbo qu’autre chose.)

Bref : Daredevil saison 1 déchire tout. Si tu l’as pas encore vu, c’est le moment, parce que la saison 2 sort bientôt.

(Flaxou et moi on est AU TOP DU HYPE)

(Presque autant que pour la saison 4 de ‘Vikings’.)

(D’accord, 50% de mon hype sur ‘Vikings’ est fixé sur les pectoraux de Rollo.) (Et les 50 % qui restent sur tous les autres endroits de sa personne.) (Mais le gars on dirait un chanteur de folk metal sexy, qu’est-ce que je suis censée faire, ne PAS tomber amoureuse de lui ?) (Je suis une femme, pas un héros.)

Bref bref Brejnev.

Je viens de réaliser que j'ai écrit beaucoup trop et qu'on n'a même pas attaqué la seconde partie de mon Top 8, et j'ai TELLEMENT de choses à dire sur le reste que je vais m'arrêter là pour éviter de pondre un pavé comme quand j'avais fait Le Hobbit

Du coup, je te dis à très bientôt pour mon Top 2015 des séries comiques, et à un peu plus tard pour l'article méchant où je te parle des séries qui sont devenues de la merde.

(Tout un programme.)

J'espère t'avoir donné envie de regarder des nouvelles séries (si tu ne les a pas déjà vues), et comme il me reste encore neuf jours avant le retour de Flaxou, n'hésite surtout pas à me proposer tes propres coups de coeur 2015, j'ai la bande passante rien que pour moi et je peux faire péter le streaming.

J'attends les suggestions!

Séries 2015, Top & Flop – Partie 2: les comédies

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Changement de catégorie pour ce second article sur mon Top Séries 2015, on va passer à la catégorie ‘LOL qu’est-ce qu’on se marre’.

Et le moins qu’on puisse dire, c’est que cette année a été un bon cru pour les nouvelles séries comiques. Vois plutôt:




Adaptée de l’autobiographie du même nom (dont je n’avais jamais entendu parler jusqu’ici), ‘Fresh off the Boat’ suit l’adolescence d’Eddie Huang, un entrepreneur et chef Américain né de parents Taïwanais, dont la famille déménage en Floride en 1995 pour ouvrir un restaurant type ‘Buffalo Grill’.

L’idée de départ de la série n’est pas super originale en soi (bien que le fait d’avoir une famille asiatique comme personnages principaux soit assez rare pour être remarqué), mais ce qui fait véritablement la force de ‘Fresh off the Boat’, c’est avant tout ses acteurs.

Chose rare à la télé, les jeunes acteurs sont tous impeccables (même les plus petits qui jouent les frères d’Eddie), et certains sont meme très drôles (mention spéciale au pote d’Eddie tout chétif, qui est GENIAL). Mais les vraies vedettes de la série, c'est les parents.

Randall Park, un habitué des comédies (et qui t’a probablement déjà bien fait rigoler dans ‘Veep’, ‘The Office’ ou encore ‘Community’) est génial dans son role de papa par moments sympa et compréhensif, d’autres fois plus strict, et d’autres fois en train d’essayer péniblement d’avoir l’air branché (ce qui est un peu la quintessence du papa), et il est tellement bon que je pardonne aux directeurs de casting d’avoir pris un acteur d’origine Coréenne pour jouer un Taïwanais.

Mais la crème de la crème, c’est bien Constance Wu, une quasi-inconnue qui est simplement magistrale en mère autoritaire et plus généralement COMPLÈTEMENT FÊLÉE. L’histoire est censée tourner autour d’Eddie, mais c’est clairement elle qui vole la vedette, et tant mieux, elle est géniale, je l’adore.

Le scénario est signé Nahnatchka Khan (alias le nom que je dois aller copier de Wikipédia), à qui l’on doit notamment la sympathique série ‘Don’t Trust the Bitch in Apartment 23’ (une très bonne saison 1, une très inégale saison 2, mais de super interprètes tout du long). Les dialogues sont hilarants et, même si l’on a affaire à une sitcom, l’intrigue évite le réchauffé et les situations revues mille fois. (N’est-ce pas, Big Bang Theory ?)

Et je pense que c’est aussi une série qui parlera à tous les gens qui ont eu des parents stricts.

(Moi j’avais des parents hippies, alors je peux pas dire.)


Unbreakable Kimmy Schmidt


Une série créée par Tina Fey (à qui l’on doit notamment la pépite ’30 Rock’), le pitch de ‘Unbreakable Kimmy Schmidt’ est incontestablement casse-gueule :

- Alors en fait c’est une nana qui s’est faite kidnapper par une secte quand elle était gamine et elle a passé dix ans séquestrée dans une cave, et là on suit son adaptation à la vie moderne.

Qui parmi vous lit ça et pense « Comédie » ?

(Ceux qui ont pensé « moi » : vous êtes des psychopathes.)

Mais, incroyablement, ça passe, et c’est super drôle. L’interprète de Kimmy, que je trouvais super chiante dans ‘The Office’, est ici bien meilleure, et Jane Krakowski joue plus ou moins exactement son rôle dans ’30 Rock’, mais ça reste toujours fun. Mention spéciale à Titus Andromedon, sidekick hilarant de bout en bout.

Accio chanson qui te reste dans la tête pendant vingt ans!


(Ne me remercie pas.)

Et c'est un truc chez eux, parce que le générique de cette série, lui aussi, te restera dans la tête, mais pour LE RESTANT DE TES JOURS.

(J'ai vu la saison 1 début 2015, et je le fredonne encore au minimum une fois par jour.)

(Achevez-moi.)




Con Man est une mini série (10 minutes par épisode seulement!) qui a une très belle histoire, parce qu'elle a vu le jour grâce au financement participatif (décidément la meilleure chose qui soit arrivée à la création de contenus originaux ces 20 dernières années).

La série est créée, écrite et réalisée par Alan Tudyk, que tu connais certainement comme le pilote Wash dans la géniale série 'Firefly' et sa suite au cinéma 'Serenity'.

Petit rappel pour les gens qui sont nés sous un caillou: 'Firefly'était LA MEILLEURE SÉRIE DE TOUS LES TEMPS (si) et elle a été injustement décapitée par ces bâtards de la Fox après seulement une saison.

"Oui", a dit la Fox, "Mais la qualité on s'en torche le cul, ce qui compte c'est l'oseille vois-tu."

(C'est comme une fable moderne horriblement cruelle.)

Et, si je parle de 'Firefly' ici, ce n'est pas seulement parce que 'Con Man' se base dessus, mais aussi parce que les deux séries reflètent selon moi le changement qui s'est opéré dans la manière dont on conçoit les séries aujourd'hui.

Parce que 'Firefly', c'était en 2003. Pour te donner des référentiels, en 2003, aux Etats-Unis, on était au tout début de l'Age d'Or des Séries (je mets des majuscules pour que tu voies comme c'est important), où on commençait à sortir des sentiers battus et rebattus pour proposer des contenus originaux, avec un budget plus élevé, de meilleurs acteurs, des scénarios plus robustes au contenu plus "adulte", et une plus grande maîtrise technique. Ces contenus venaient principalement du câble, et notamment de HBO, qui à l'époque proposait par exemple des séries comme 'Six Feet Under' ou encore 'Les Sopranos'.

Et pendant ce temps-là, en France, on regardait 'Urgences' avec deux ans de retard.

(Et c'était vraiment que la France, hein. Dans quasiment tous les autres pays d'Europe, ils avaient les nouveaux épisodes genre un mois après.)

(Je me rappelle que ma sœur et moi, on regardait la saison 3 "inédite" d'Urgences sur France 2, pendant que la Suisse Romande passait en même temps la saison 5, pépouze.)

(Du coup on regardait simultanément la saison 3 et 5.)

(Paye ta vie sans l'ADSL.)

Bref.

En 2003, donc, les chaînes câblées émergeaient tout juste (et je ne parle même pas de Netflix), du coup, les networks américains NE SE SENTAIENT PAS PISSER.

Et ils étaient tellement loin dans leur délire de rois du monde qu'ils faisaient du gros n'imp avec leurs productions, déprogrammant des séries du jour au lendemain juste parce qu'elles n'avaient pas fait assez d'audience pendant un épisode.

Et c'est un peu ce qui s'est passé avec Firefly, dont la déprogrammation était d'autant plus inexplicable qu'elle ne marchait somme toute pas trop mal, avec 5 millions de téléspectateurs par épisode en moyenne. Alors c'est sûr, on est loin des 11 millions des 'Simpsons', ou des 20 millions de 'Friends', mais enfin quand même, c'était pas un four non plus!

Bref, grosse injustice (je suis encore remontée) (je sais que ça fait dix ans, mais merde, Firefly quoi!)

Et 'Con Man' et l'histoire de sa venue au monde symbolise selon moi pas mal le changement qui s'est opéré dans les esprits entre 2003 et 2015, où les séries sont passées du statut de"trucs qu'on utilise pour remplir la grille du PAF les soirs où y'a personne"(big up notamment à TF1, qui passait des épisodes de séries inédits DANS LE DÉSORDRE tellement ils s'en battaient les couilles) et "véritables oeuvres d'art au même titre qu'un film au cinéma".

(Et qui finissent souvent par être bien meilleures que ce qu'on peut voir au cinéma.)

(Heureusement qu'on est dans l'Age d'Or des Séries, franchement, parce que si on devait compter sur le cinéma, on pourrait aussi bien se tirer une balle tout de suite.)

(C'est pas Iñárritu et Tarantino qui vont maintenir le bateau à flot tout seuls.)

Bref bref.

'Con Man', c'est donc l'histoire de Wray Nerely (joué par Alan Tudyk), un acteur à la ramasse qui a connu le rôle de sa vie en jouant un pilote cool dans la série de science-fiction culte 'Spectrum', qui a été annulée trop tôt, au grand désespoir des fans. Wray est maintenant contraint d'écumer les conventions geeks en attente d'un autre grand rôle.


(Sous-entendu éminemment subtil.)

'Con Man' est indéniablement une série faite par des geeks, pour des geeks, et, même si beaucoup des blagues portent aussi sur le star système d'Hollywood et le monde du cinéma américain en général, je pense que la série doit être moins drôle si les spectateurs ne baignent pas dans cette culture.

(Et, vu le nombre de références à 'Firelfy'à la seconde, je la déconseillerais aussi aux gens qui n'ont pas vu la série.)

Par contre, les autres, vous pouvez vous lâcher, c'est un bijou.

Déjà parce qu'il y a Alan Tudyk dedans et que je l'aime d'amour (torrents de larmes à chaque re-visionnage de 'Serenity'), et qu'il est très sympathique en loser attachant – surtout face à son grand pote Jack Moore (joué par Nathan Fillion, alias l'acteur principal de 'Firefly'), qui a connu la gloire après la fin de la série, et qui apparaît dans chaque épisode via visioconférence, en mode "Ouais, je t'appelle de ma villa en Toscane, oklm".

Et c'est ce que je kiffe vraiment à propos de cette série: son auto-dérision.

Parce que Nathan Fillion et Alan Tudyk sont vraiment potos dans la vie, et leurs carrières ont effectivement pris des tournants bien différents, mais heureusement, c'est pas les derniers pour la déconne, et ils s'en donnent à coeur joie dans leurs rôles de has been amer et de vedette qui se la pète.

Enfin, les sérievores et fans de science-fiction retrouveront une brochette de guests stars de haut niveau, de Sean Astin à Felicia Day en passant par Casper van Dien, qui joue le barman dans chaque bar que visite le héros (et qui a fait faire une crise d'apoplexie à Flaxou qui s'est mis à hurler comme une midinette "HAN PUTAIN C'EST LE MEC DE STARSHIP TROOPERS WOOOUUUH!")

En bref, 'Con Man' est une série qui ne plaira pas à tout le monde, mais c'est parce qu'elle a été faite sur mesure pour une audience de niche: c'est une véritable lettre d'amour aux "nerds de convention" (ce qui explique le recours au financement participatif, Tudyk ayant expliqué que des studios étaient au départ intéressés par son concept, mais lui avaient demandé de retravailler le script pour en faire quelque chose de "tout public"– du coup, il a envoyer chier tout le monde, et a décidé de ramener le projet directement entre les mains des fans).

Bref, geeks et nerds de France et de Navarre, ça va vous parler.

(Et pour les autres, je vous conseille un petit joyau cinématographique avec Alan Tudyk: l'excellent 'Tucker & Dale VS Evil' (en français 'Tucker et Dale fightent le Mal'), une comédie gore fun d'un bout à l'autre.)




La meilleure série de 2015, la meilleure série de la décennie, la meilleure série de TOUS LES TEMPS.

(Tutafé.)

Je ne sais même pas par quel bout commencer pour essayer de t'expliquer la génialitude intense de 'Crazy Ex-Girlfriend'.

Ah si attends, je sais: c'est une série musicale, je déteste les comédies musicales, mais j'adore la série quand même.

(C'est dire à quel point c'est fabuleux.)

J'ai découvert cette série via Sarah (qui d'autre?) pendant qu'on était en train de cuver sur son canapé le premier de l'an, et où elle m'a dit:

- Tiens, toi qui voulais des nouvelles séries pour passer le temps sans Fla, essaye 'Crazy Ex-Girlfriend': ça parle d'une meuf qui a pas d'amis et qui est complètement tarée, c'est un peu l'histoire de ta vie. 

(Cette personne est ma meilleure amie ET ma future belle-sœur.)

(Je l'ai littéralement choisie pour faire partie de ma famille.)

(3615 Bonne Idée.)

Mais Sarah la méchante a quand même des super capacités pour conseiller des séries aux gens (je pense qu'elle pourrait en faire un métier, genre Consultante en Séries) (le matchmaking du futur), et du coup elle avait raison, 'Crazy Ex-Girlfriend' c'est ma nouvelle religion.

(Et Rachel Bloom c'est mon Jésus.)

(Mais elle est Juive alors peut-être que ça lui plairait pas.)

(C'est mon... Moïse?)

Bref.

'Crazy Ex-Girlfriend' raconte l'histoire de Rebecca, une jeune femme qui vit à New York et a une carrière brillante, mais est au bord de la dépression nerveuse. Quand elle croise par hasard son amour de jeunesse, Josh, elle décide, comme ça, d'un coup, de déménager en Californie, pour vivre dans la même ville que lui.

(D'où le titre de la série.)

Il y a plein de choses que j'adore dans 'Crazy Ex-Girlfriend': l'histoire est originale, les dialogues sont très drôles, les chansons sont funky et pas trop longues, et le casting est impeccable.

(Big up à Santino Fontana, un acteur que je n'avais jamais vu nulle part, mais dont la voix me semblait familière, et en fait c'est parce que j'ai vu "La Reine des Neiges" MILLE FOIS pendant mes vacances avec ma nièce, et que c'est lui qui fait la voix du Prince Hans dans la VO.)

(Paye tes références.)

Mais ce que j'aime par-dessus tout, c'est à quel point cette série me parle.

Et je pense que si tu as été un nerd sans amis dans ta jeunesse, ça te parlera aussi pas mal.


(Pièce à conviction numéro 1: compter ses amis pour justifier à sa maman que mais si, maman, j'ai des amis, attends tu me prends pour une rejetée ou quoi, j'ai plein d'amis, j'en ai genre DEUX alors steuplaît.)

Et même si Rebecca a clairement un grain, c'est au fond juste une fille seule qui veut se faire des amis, et y'a des moments dans la série qui m'ont fait physiquement mal tellement c'était évident que Rachel Bloom sait ce que ça fait d'être une rejetée.

(Et rien que pour ça, je la kiffe.)

(Solidarité avec les mal-aimés.)

Je te laisse avec la chanson que je chantonne maintenant TOUS LES MATINS quand j'enfile mes collants et que je mets mon maquillage pour le boulot.

(Mais en même temps, c'est catchy!)

On se retrouve très bientôt pour la dernière partie de cette série d'articles: le Flop de 2015. (Ca va blâmer dans tous les coins.)

(Entre-temps, tu peux aussi retrouver mes updates de la solitude sur Facebook ou Twitter.)

Séries 2015, Top & Flop – Partie 3: les bouses

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On finit cette série d’articles qui m’a surprise moi-même par sa logorrhée (des fois je réalise pas que j’ai tellement de choses à dire sur un sujet avant de me lancer) (je m’excuse pour ceux et celles qui n’en ont rien à carrer des séries, mais chez moi c’est du sérieux, alors voilà).

(Si tu veux je te fais des articles sur les autres choses qui me passionnent au point d’en parler pendant des heures – ce sera des sujets encore plus obscurs, pour une audience encore plus de niche.)

(On pourra discuter mythologie comparée, creuser dans la symbolique du Silmarillion, ou bien parler de toutes les théories de fans sur Game of Thrones.)

(Le livre, hein, pas la série.)

(On n’est pas chez les p’tits joueurs par ici.)

Bref, tout ça pour dire : okay, je viens d’aligner trois articles uniquement sur les séries de 2015, mais, comme tu vois, quand je me lâche, ça peut être bien pire.

On finit donc par mon Flop personnel 2015 niveau séries, où je te présente celles que j’ai arrêté de regarder.

Parce que oui, quand on suit 30 séries de front, faut bien faire le tri, sinon on s’en sort plus.

(Et je sais que j’ai pas beaucoup de vie sociale, mais quand même.)

Mon tri cette année a été assez sage, parce que, comme tu l’as vu, y’a eu avalanche de bons programmes en 2015. Mais j’ai quand même mis deux-trois trucs à la poubelle, et les voici :


12 Monkeys


Une série pour laquelle j’étais pas super branchée dès le départ, étant donné que j’ai jamais vu le film donc elle est tirée. Mais je me suis retrouvée à la regarder quand même, parce que Professeur Flaxou était CHAUD PATATE.

(Les meilleurs films du monde selon Flaxou : 1. Starship Troopers, 2. District 9, 3. L'Empire Contre-Attaque, 4. Alien 3, 5. Stargate.)

(SENS-TU COMME UN THEME?)

Et maintenant tu comprends mieux pourquoi je vais souvent au cinéma avec des copains :

- Mais si, tu verras, Wes Anderson c’est trop un génie, y’a une brochette d’acteurs incroyables, l’histoire est drôle et tendre à la fois….
- Oui mais EST-CE QUE Y’A DES VOYAGES SPATIAUX ?

(Le souci, c’est quand personne n’est libre pour aller au ciné, et que je me retrouve à faire de la gymnastique verbale pour traîner Flaxou au cinéma.)

(« Mais en fait, d’une certaine manière, on peut dire que ‘The Imitation Game’ c’est du post-apo, parce que ça se passe pendant la guerre, et aussi, on peut dire qu’il y a des aliens, parce que Benedict Cumberbatch joue dedans. »)

Bref bref.

Tout ça pour dire que j’avais pas beaucoup d’attentes devant ’12 Monkeys’… et j’ai été déçue quand même.

Déjà, on commence par le plus flagrant : l’histoire n’est pas originale.

Et pas seulement parce qu’elle est adaptée du film ‘L’Armée des Douze Singes’, qui est lui-même adapté d’un autre film, ‘La Jetée’ (qui est lui-même adapté de… nan j’déconne c’est tout). Mais même sans ça, la trame de « Je vais dans le passé pour sauver le futur », c’est vu, revu, et re-revu. Et du coup, toutes les intrigues de la série sont elles aussi vues, revues et re-revues.

(« Je reviens dans le temps pour te rencontrer, mais en fait on s’est déjà rencontrés, mais on s’est rencontrés dans ton futur qui est mon passé, du coup tu n’as aucune idée de qui je suis », STEUPLAIT, copyright Marty MacFly, quoi.)

Ensuite, les acteurs ont l’air de se faire chier (mais quand on voit les dialogues qu’on leur donne, c’est plutôt compréhensible), et les effets spéciaux font un peu trop série B, même pour une série SyFy.

Mais la grosse faute de ’12 Monkeys’, c’est que leur logique temporelle PUE DU CUL.

Alors je veux bien être magnanime : c’est vrai que c’est compliqué de saisir les tenants et les aboutissants du voyage dans le temps. C’est un principe extrêmement casse-gueule si on n’a pas un doctorat en thermodynamique, d’autant qu’il existe plusieurs écoles concernant la manière dont le voyage pourrait marcher.

Je vais essayer de te résumer ça de manière extrêmement simplifiée :

D’une part, on a l’école de la ‘timeline mobile’, ou de ‘l’effet papillon’ : quand je voyage dans le passé, mes actions ont des conséquences directes sur le futur (soit je créé un futur parallèle quand je change un élément du passé, comme dans ‘X-Men : Days of Future Past’ ; soit il n’y a qu’une seule timeline et je réécris l’histoire directement, comme dans ‘Retour vers le Futur’).


D’autre part, on a l’école de la ‘timeline immobile’ : le passé est une ligne fixe, et donc les actions commises par le voyageur temporel faisaient déjà partie de l’histoire – c’est ce qu’on trouve dans le premier ‘Terminator’, ou dans la série des ‘Harry Potter’.


En plus de ça, on a environ quarante mille différentes écoles de pensée qui se fixent par-dessus, ce qui fait que, selon les principes auxquels tu souscris, tu peux affecter le passé ou non, affecter le futur ou non, être ton propre grand-père, te tuer toi-même dans le passé mais être quand même vivant dans le futur, bref, c’est du gros n’imp.

Donc je peux comprendre que ce soit difficile d’envisager tous les paradoxes et tous les soucis causés par le voyage temporel. Et je peux comprendre que certaines œuvres de fiction se mélangent les pinceaux entre ce qui est possible et impossible dans la ligne de conduite qu’elles se sont choisies.

Mais quand même, quand on fait une série CENTRÉE sur le voyage dans le temps, c’est plutôt craignos de faire n’importe quoi.

Et là, la série est partie sur le principe de « On change les règles du voyage temporel selon ce qui nous arrange ce soir », et ça me TUE.

Genre Cole nous bassine depuis le début de la série avec l’histoire que, s’il réussit à stopper l’épidémie, il disparaîtra pour toujours (mais il sera vivant dans une autre timeline), et ensuite il créé une timeline où il se fait tuer avant de pouvoir remonter le temps, et… non, ça va, fausse alerte, tout est nickel.

(NIQUE. LA. LOGIQUE.)

Donc je suis prête à pardonner beaucoup quand il s’agit de continuité, parce que moi-même je suis pas une experte en la matière, mais là, quand tu combines ça aux défauts de base de la série, c’est trop pour moi.

(En attendant, j’ai prévu de voir le film, apparemment il est mieux.)

(Et y’a Brad Pitt jeune dedans, que demande le peuple ?)



How to Get Away with Murder


Une série que j’ai aussi arrêtée à mi-chemin de la saison 1, parce que merde, les gars, on est en 2016 maintenant, faudrait voir à arrêter de nous prendre pour des jambons, vous croyez pas ?

‘How to Get Away with Murder’, c’est ni plus ni moins qu’un copier-coller de ‘Docteur House’, mais avec des avocats à la place des médecins. Et ‘Docteur House’ à l’époque était déjà un copier-coller des ‘Experts’, mais avec des médecins à la place des flics.

(Je continue, ou t’en as déjà marre ?)

Donc : STOP.

Arrêtez de sortir la même série depuis quinze ans avec une couche de maquillage bâclée dessus.

Aérez le recoin moisi qui vous sert de cerveau, et faites-nous du NEUF, bon dieu!


(Tout est dit.)



Jane the Virgin


‘Jane the Virgin’ est l’adaptation US d’une telenovela sud-américaine.

Qu’est-ce qu’une telenovela ? Ravie que tu me le demandes.

Une telenovela, c’est ce qu’on appelle aux États-Unis un ‘soap opera’, et qu’on appelle en France‘les feuilletons à ta mamie’. C’est typiquement des séries à rallonge, au scenario invraisemblable, avec deux décors, trois bandes-son, et environ quarante mille personnages (et, si on a de la chance, un ou deux bons acteurs, qui poireautent là en attendant qu’on leur propose un meilleur rôle ailleurs).

Les telenovelas/soaps/feuilletons, c’est typiquement le genre de séries où tu entendras des phrases comme « Non Stacy, tu ne peux pas épouser cet homme ! », « Tiffany, je suis en réalité ton frère jumeau caché » et autres « Mon dieu, Rick, je te croyais mort dans une avalanche ! ». C’est aussi des séries qui se centrent sur les relations amoureuses entre les personnages (et où il y a force triangles amoureux – pour les rebondissements).

On peut citer comme exemples connus ‘Les Feux de l’Amour’, ‘Les Jours de Notre Vie’ (en VO ‘Days of Our Lives’, le fameux soap de Joey Tribbiani), ‘Plus Belle la Vie’, ou encore ‘Grey’s Anatomy’.

Et donc, ‘Jane the Virgin’ suit l’histoire de Jane, une jeune femme qui a fait le vœu de rester vierge jusqu’au mariage, mais se fait accidentellement inséminer artificiellement avec le sperme de Rafael, son patron/crush secret/playboy millionaire, qui a eu un cancer des testicules et dont c’est la seule chance d’avoir un enfant. Elle décide donc de jouer les mères porteuses, mais finalement commence à tomber amoureuse de lui, et découvre aussi que la femme de Rafael est une vénale manipulatrice qui ne veut que son argent, ah oui et y’a aussi une histoire de l’hôtel de Rafael qui sert de plaque tournante pour faire blanchir de l’argent de la drogue, et le gars qui est en charge de l’enquête c’est le fiancé de Jane qui est flic, et est-ce que je vous avais dit que c’était la sœur de Rafael qui avait accidentellement inséminé Jane parce qu’elle est alcoolique, et qu’elle a une relation lesbienne secrète avec la nouvelle femme de son père ?

(Et c’est même pas la moitié du premier épisode.)

Bref, tu l’as compris, cette série est GRATINÉE.

Et pourtant, ça reste assez sympa à regarder, parce qu’on joue justement sur les clichés du genre – à l’image du narrateur omniscient qui s’insinue dans le récit (et s’amuse beaucoup des situations rocambolesques dans lesquelles se dépêtrent les personnages) ou encore du personnage de Rogelio de la Vega, le père caché de Jane, qui est…acteur de telenovela.


(Telenovelaception !)

Alors évidemment, la série souffre des tares habituelles des séries pour ados/jeunes femmes, et notamment de moment tellement culculs que ça en devient presque des Shōjo japonais, parce qu’on a au moins cinq minutes bien sirupeuses par épisode : déclarations passionnées sur fond de guitare acoustique, sérénades au clair de lune, tendres baisers sous les étoiles, STOP OVERDOSE DE ROMANCE.


Mais au final, ce n’est pas tellement ces petits défauts qui m’ont fait arrêter ‘Jane the Virgin’, parce que je trouvais quand même la série fun. En fait, c’est un travers purement américain qui m’a fait jeter l’éponge : à savoir que la série est beaucoup, beaucoup trop LONGUE.

Sérieusement, on est sur est un format standard (40 minutes par épisode, donc le double d’un sitcom) et la première saison fait 22 épisodes. Ca fait QUINZE HEURES de contenu pour une saison !

Et ce format est complètement suicidaire, pour deux raisons :

D’une part, c’est beaucoup demander aux scénaristes que de fournir quinze heures de programme, et, avec les séries de ce format, l’histoire se retrouve quasiment toujours diluée pour faire durer l’intrigue (HEUMHEUMDesperateHousewives).

(D’ailleurs ça arrive des fois même chez les sitcoms.) (HEUMHEUMHowIMetYourMother)

D’autre part, c’est beaucoup demander aux spectateurs que de trouver quinze heures de libre pour se farcir une saison entière– d’autant qu’on consomme à peu près cent fois plus de séries aujourd’hui qu’il y a dix ans. Alors, oui, on pouvait trouver le temps de regarder 15 heures de Docteur House en 2005, quand on suivait seulement une ou deux séries de front. Mais de nos jours, on arrive facilement à huit ou dix séries.

(Et ça, c’est pour les gens modérés, qui ont une vie.)

(Moi j’en suis à trente.)

(Et Sarah, tu veux même pas savoir.)

Donc, à mon sens, le format 22 épisodes est complètement passé de mode. C’est une relique d’un temps où on n’avait rien d’autre – ou rien de mieux – à regarder.

Mais de nos jours, pourquoi s’acharner encore à privilégier la quantité sur la qualité? Même les nouvelles sitcoms de 20 minutes font souvent 12 ou 13 épisodes par saison, parce que C’EST SUFFISANT. On n’a pas besoin de plus. Les chaînes télés sont tellement bourrées de séries à s’en fait péter l’élastique qu’on a toujours au moins un programme de qualité à regarder dans l’année – même pendant les périodes creuses de Noël ou de juillet-août.

(Merci Netflix, notre sauveur.)

(Tu es béni entre tous les services de streaming, et Orange is the New Black le fruit de tes entrailles est béni.)

Même d’un point de vue purement financier, c’est risqué de saturer le paysage audiovisuel avec une seule série, parce que l’audience ne va pas forcement rester fidèle au poste. Crois-moi, si ‘Jane the Virgin’ avait été une série de 12 épisodes, je l’aurais pas laissé tomber. (J’ai suivi des séries plus mauvaises que ça juste pour voir comment ça finirait.) (HEUMHEUMDowntonAbbey)

Bref, on finit sur la dernière série qui m'a achevé cette année:


The Walking Dead


Alors là faut te préparer psychologiquement, parce que ça va blâmer sévère.

‘The Walking Dead’, c’est la série qui avait bien démarré, et qui est progressivement devenue tellement mauvaise que ça fait environ trois saisons que je me demande pourquoi je la regarde encore.

(Réponse : Darryl Dixon.)

Et ça m’attriste, parce que franchement, quand on revoit la saison 1, c’était un joyau!

Une série post-apo réaliste, avec des zombies super bien foutus, mais qui ne faisait pas dans l’horreur ou dans les jump scares du pauvre, mais se concentrait à la place sur les rapports humains, et donnait lieu à des réflexions profondes : Peut-on encore faire confiance aux gens dans un monde où il n’y a plus de lois ? Y a-t-il encore de la place pour l’altruisme ? Doit-on prendre les décisions en commun ou se fier à un meneur ? Peut-on recréer la société telle qu’elle était?

C’était BIEN, merde !

Seulement, on a ici affaire à un scenario qui était bien ficelé au départ, et qui a gentiment glissé vers le ‘port nawak jusqu’au point de non-retour.

Et dieu sait que j’ai pardonné beaucoup de choses, dans cette série – notamment le fait que PRESQUE TOUS LES HÉROS DEVRAIENT ETRE MORTS, parce que c’est les pires tanches en matière de survie.

Petit récapitulatif de ces génies de l’apocalypse :

LOL on crame des palettes avec de l’essence, on s’en bat les couilles ! C’est pas comme si c’était une denrée rare dont on avait besoin pour être mobiles!


(HASHTAG MALIN.)

LOL on a des hectares de terre et trente couillons, si on faisait pousser juste deux pieds de haricots pour nourrir tout le monde?


(GENIUS.)

- Trop cool on est dans une prison, bien protégés !
- Faudrait pas entretenir les barrières ?
- Naaaan, qu’est-ce qu’on risque ? À part une horde de zombies qui pourrait la faire s’écrouler en deux-deux, je vois pas.


(LOL ON A FÉ DÉ RENFORCEMAN) 

Et, surtout, le truc qui me tue : à chaque fois que ces clampins trouvent un coin où s’installer, PERSONNE NE PENSE À CREUSER DES DOUVES.

Mais les douves c’est tes meilleures alliées en temps de post-apo !

J’veux dire, les gars du Moyen Age (qui est quand même la période la plus teu-bé de l’histoire), ils avaient déjà compris ça ! Comment est-ce qu’il y a pas un seul pékin qui y a songé dans tout votre pays ?

(Surtout dans la dernière saison, quand ils ont un ARCHITECTE sur place, et que le gars il a pensé à faire des murs renforcés, mais PAS DES DOUVES BORDEL DE MERDE !)

Alors que là, vous êtes tout plein de gens, vous avez des pelles, c’est vite fait ! Tu fais une fosse autour du périmètre, profonde de trois mètres, au fond tu fous des pieux taillés en pointe, et t’es protégé à la fois contre les zombies ET contre des tentatives d’invasion ! C’est magique !

(En plus comme ça, tu peux utiliser les gens qui n’ont plus besoin de monter la garde et leur faire renforcer les barrières, cultiver des légumes, et apprendre des bases de premiers soins au lieu de rester PLANTÉS COMME DES ASPERGES AVEC LES DOIGTS DANS LE CUL.)

Bref bref.

Tu vois que je m’énerve déjà, et là on ne parle que des soucis de logique survivaliste pure, on n’a même pas encore commencé à effleurer le n’imp du scenario.

Un exemple typique : le degré de danger que représente les zombies change selon les besoins du jour.

Des fois, ils sont tout plein, et ça passe comme une lettre à la poste.

(Après, c’est sûr que ça aide d’avoir le cheat code pour les munitions illimitées, n’est-ce pas Herschel ?)

Et d’autres fois, y’a un survivant surentraîné qui se fait buter par un zombie tout seul.

(Normal.)

Et encore, ça, je peux pardonner.

MAIS CE COUILLON DE PRÊTRE.


CETTE PUTAIN DE FACE DE PET.



DONT LA STRATÉGIE DE SURVIE CONSISTE À MARCHER UN PEU VITE.



OU À SE METTRE EN PLS DANS UN COIN.



COMMENT EST-CE QU’IL N’EST PAS ENCORE MORT ?



(UN DOIGT DANS TON RECTUM.)

Bref, je commençais déjà à en avoir jusque-là avec la série. Surtout qu’on était partis dans un effet boule de neige malsain à base de :

- Bon, là ils ont échappé à une horde de 100 zombies. Dans la saison suivante, je veux qu’ils affrontent une horde de 200 zombies !
- Mais ça va être compliqué quand même…
- Et dans la saison suivante, MILLE ZOMBIES !
- Mais comment est-ce qu’ils pourraient s’en sorti…
- MILLE RAILS DE COKE !
- OKAY !

Chaque saison devenant un peu plus abracadabrantesque que la suivante, j’étais déjà plus ou moins en train de me dire que j’allais laisser tomber le jour où ils tueraient Darryl.

(Mais je pense que si ça arrive un jour, y’aura des émeutes.)

Et puis est arrivée la goutte d’eau, AKA la fausse mort de Glenn.

Pour rappel: AMC nous avait fait mourir Glenn dans un épisode bien chargé en pathos.... pour le ramener deux semaines plus tard avec le scénario le plus N'IMP du monde.


Et là, j'ai décidé que je ne pouvais plus continuer à regarder une série qui me prenait à ce point pour une conne.

Alors sincèrement, ça m’a fait mal au cœur de voir mourir Glenn. (C’était quand meme mon troisième personnage préféré.) En plus c’est pas un mec badass super fort au combat comme Darryl ou Michonne, mais il s’en sort toujours parce qu’il est malin et débrouillard – en fait, j’aime tellement Glenn parce que c’est l’un des rares gars du groupe qui MÉRITE de survivre. C’est crédible, il a du sang-froid, il est rapide et agile, il sait rester prudent – oui, okay, je veux bien croire qu’en cas d’apocalypse de zombies, ce mec-là resterait en vie.

(En tout cas certainement plus longtemps que quelqu’un comme moi.)

(Parce que j’ai le savoir post-apo, les douves et tout, mais bon, je peux pas courir un mètre sans me faire un point de côté, donc voilà.)

Alors je ne vais pas dire qu'une partie de moi n'était pas ravie de le savoir finalement vivant.

Mais en fait NON. Glenn, je t'aime, mais tu devrais être mort, y'a même pas à calculer.

T'étais littéralement enseveli sous une horde de zombies assoiffés de sang, va pas me faire croire que c'est une POUBELLE MAGIQUE qui t'a protégé, merde quoi! 

A ce stade, j'ai décrété que je considérerais désormais 'The Walking Dead' comme une série qui se passe dans un univers parallèle – un univers où les lois de la physique sont différentes des nôtres, et où les gens son plus ou moins tous des surhommes immortels.

(Glenn est désormais connu dans notre famille sous le nom de Glenn Le Survivant.)

(Et on chante "Glenn, survivant de l'enfer" dès qu'il apparaît à l'écran).

Alors je glane encore des coups d’œil à droite et à gauche quand Fla regarde les derniers épisodes, et honnêtement, chaque seconde du what the fuck que je vois à l'écran me conforte dans l'idée que c'était une bonne idée d'arrêter cette série.

(Surtout avec les cliffhangers à la mords-moi-le-noeud dont on nous gratifie.)

(Han là là, nos héros démunis face à une horde de trois mille zombies. Je me demande bien comment ils vont réussir à tous s'en sortir sans une égratignure. Le suspense est à son comble. Réveille-moi quand il se passera quelque chose.)

Voilà, j'en ai fini avec mon Top & Flop des séries 2015.

Maintenant, à toi de me donner ton avis: quelles séries as-tu adoré/détesté cette année? 

(Dis-moi tout, je veux des recommandations.)

(J'ai fait de la place dans mon planning, je peux encore caser dix-douze nouvelles séries.)

(Facile.)

L'Instant Kiwi: Un long week-end au Taranaki

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Comme tu le sais, pendant mon exil en célibataire, je craquais un peu.

(C’est dur la vie quand on n’a pas de mec et pas de chat.)

Comme en plus Flaxou m’avait abandonnée pour les deux longs week-ends de février, je faisais de mon mieux pour passer le plus de temps possible dehors, histoire d’avoir une vie sociale au moins une fois dans l’année.

Donc, quand des potes m’ont proposé de passer le week-end de Waitangi à New Plymouth, je n’ai pas hésité.

Pour les non-kiwiphones, je m’explique : Waitangi Day, c’est le 6 février, et c’est un peu l’équivalent de la fête nationale en Nouvelle-Zélande. (Sauf qu’ils célèbrent pas leur indépendance, vu qu’ils l’ont toujours pas.) (Sujets de la couronne britannique FOREVAH.) Cette année, Waitangi Day tombait un samedi, et comme on est dans le meilleur pays du monde, on y applique la meilleure loi de l’univers, à savoir que, si un jour férié tombe un samedi ou un dimanche, il est reporté au lundi suivant.

(Du coup on a LA RACE de longs week-ends.)

(Qui veut lancer une pétition pour faire la même chose en France ?)

(Et avant qu’on vienne me dire « Gna gna mais en France on a déjà plus de jours fériés que tout le monde », TROP PAS. Il y en a onze sur toute l’année – je ne compte pas les deux jours de rab qu’on a en Alsace – et onze en Nouvelle-Zélande, alors y’a pas de raison.)

Et donc mes amis avaient décidé de se faire un petit week-end relaxant à New Plymouth, ici :



Sauf qu’en fait leur notion de relaxation incluait escalader un volcan à mains nues.

Ce volcan, c’est le Mont Taranaki, que voici sur une photo prise d'en haut :




(Tu conviendras que c’est pas de la gnognotte.)

Le Taranaki culmine à 2500 mètres d’altitude, ce qui en fait le second plus haut volcan du pays (juste derrière le Mont Ruapehu). C’est un volcan « jeune » d’environ cent mille ans, et techniquement toujours actif, même si sa dernière explosion remonte au dix-neuvième siècle et qu’ici, on le considère donc comme éteint. (Vu qu’on considère un volcan « éteint » du moment qu’il a pas explosé dans les trois dernières années.)

(Paye ton pays sur une faille océanique.)

Le Taranaki est situé au bord de l’Océan Indien, très loin des autres grands volcans de l’Ile du Nord (qui sont tous au milieu, dans la région de Taupo). La légende maorie dit qu’il se trouvait autrefois aussi dans la région de Taupo, mais qu’il s’est pris la tête avec les autres volcans parce qu’ils voulaient tous pécho le volcan Pihanga (qui est un volcan fille).

(La spiritualité maorie part du principe que chaque chose est dotée d’une âme, et les montagnes sont particulièrement sacrées, donc si les volcans ont des attributs humains, c’est normal.)

Bref, c’est le Tongariro qui gagna la bataille, infligeant de profondes blessures à Taranaki, qui prit la fuite vers l’Ouest (formant dans son sillage les gorges de la rivière Whanganui), fit une pause a Ngaere (formant la dépression qui est aujourd’hui le marais Te Ngaere), puis resta pétrifié par le soleil levant à l’endroit où on le trouve encore aujourd’hui.

Le mont Taranaki apparaît la plupart du temps entouré de nuages, et la légende dit que c’est le volcan qui pleure son amour perdu.

De son côté, les explosions fréquentes du Tongariro seraient un avertissement pour Taranaki, histoire de lui dire en langage volcan qu’il a pas intérêt à essayer de revenir pécho sa go.

(C’est un peu un mélange de Shakespeare et de Booba.)

Bref bref.

Le Taranaki, comme son ennemi « Mount Doom » Tongariro, est aussi célèbre au cinéma, puisque c’est lui qu’on peut voir en arrière-plan en train de faire semblant d’être le Mont Fuji dans ‘Le Dernier Samouraï’ avec Tom Cruise.

(De toute manière, ce film n’en était pas à une erreur près.)

 Et, comme pour le Tongariro, plusieurs milliers de personnes viennent faire l’ascension du mont Taranaki chaque année.

Et moi, forte de ma victoire sur le Tongariro l’an passé, je me suis donc exclamée :

- Ha ouais, trop cool, j’adooore escalader des volcans ! Trop fastiche fastoche.

Oui sauf que non, ferme bien ta grande gueule, Charlotte du passé.

Parce que le Tongariro, même Dora l’Exploratrice arriverait à le grimper (et son petit sac à dos aussi). Mais le Taranaki, c’est plus du domaine de Stallone dans ‘Cliffhanger’, si tu vois le délire.



(Mais peut-être avec une pose moins 'héroïne de comics')

Le Taranaki est d’ailleurs la deuxième montagne la plus meurtrière de Nouvelle-Zélande (après le Mont Cook, sur l’Ile du Sud), et compte pas moins de 82 morts à son tableau de chasse.

(Bon, 82 morts depuis 1891.)

(Ça fait moins d’un mort par an.)

(Les grille-pains tuent plus de gens.)

Bref bref Brejnev.

Et pourtant, je suis pas partie avec ma bite et mon couteau, je suis quand même allée me renseigner sur la rando auprès du DOC (Department of Conservation – le ministère des parcs nationaux, en gros). Sauf que comme ils m’ont sorti les mêmes intimidations que pour le Tongariro (à base de « Essaye même pas tu vas mourir, y’a que Bear Grylls et Sir Edmund Hillary qui sont arrivés au sommet »), du coup, ben je les ai pas écoutés.

(C’est la fable classique du garçon qui criait au loup.)

Du coup, je me suis retrouvée à six heures du matin avec mes amis (qui, dois-je le préciser, sont tous des sportifs de l’extrême qui font des triathlons tous les week-ends) au pied du volcan – et littéralement au PIED. 



C’est-à-dire qu’on démarrait la rando à 900 mètres d’altitude, et qu’on devait grimper jusqu’à 2500.

Sachant que la balade fait douze kilomètres aller-retour, ça nous fait grosso modo 1600 mètres de dénivelé sur 6 kilomètres.

La première partie commence du parking au pied du volcan jusqu’à un refuge à 1500 mètres d’altitude, et c’était somme toute pas trop difficile, parce que, certes, c’était MEGA RAIDE, mais on était encore au stade où y’avait de la végétation, et où la terre était bien dure et compacte sous nos pieds – y’avait même des passages avec des petites marches pour qu’on se fatigue pas trop nos petits petons.



Bref, mes potes ont tracé comme pas permis, et ont fait toute la première partie en une heure.

(Moi, il m’a fallu une heure et demie – je suis une petite patate, pas un Viking.)

Et après, on a débarqué dans un espèce de crossover de tous les endroits galère de la Terre du Milieu.

Ça a commencé par ce que j’ai instantanément renommée ‘les escaliers de Cirith Ungol’ – 500 mètres de dénivelé, et plus de 400 marches (oui, on les a comptées) qui serpentaient au milieu d’un ravin.



Sachant que, comme j’ai des jambes de lutin et que les escaliers, c’est jamais mes amis, pour moi c’était un peu‘le Taranaki – Nigthmare Mode’.

(J’ai gravi les marches à deux à l’heure en me répétant « Tu peux le faire, tu peux le faire, tu es le Dovakhiin, une fois en haut tu vas dérouiller du dragon et ça va être super épique ».)

Une fois en haut des marches, j’ai fait une petite pause, parce que je sentais mon cœur battre dans mon visage et qu’apparemment c’est signe qu’on va mourir le temps de faire une jolie photo :


Et surtout parce que c’était la limite de la végétation, et qu’au-delà, il n’y avait plus rien que des cendres.

(J’ai appelé cette partie de la rando ‘Ashes and dust and thirst there is, and pits, pits, pits’.)

Et parlons-en, des cendres, parce qu’on a enchaîné avec les 90 minutes les plus longues de ma vie entière, alias le temps qu’il m’a fallu pour grimper TROIS CENT MÈTRES.

Parce qu’on devait avancer dans des scories, soit un mélange de graviers et de cendres volcaniques, et c’est un peu comme de marcher dans du sable ou dans de la neige, mais en rajoutant une pente glissante et des heures de fatigue dans les pattes.



(Ça me rappelait furieusement les fois où je dois échapper à des zombies en rêve, mais que j’arrive pas à courir, et puis ils me rattrapent et ils me déchiquettent en morceaux.)

(Donc en fait, c’était exactement comme de vivre mon pire cauchemar pendant une heure et demie.)

(FUN FUN FUN FUN.)

Autant te dire que je contemplais l’idée de tourner les talons et de rentrer à la voiture tout au long de ce passage – surtout quand je levais les yeux après dix minutes d’agonie pour me rendre compte que j’avais PAS AVANCE DU TOUT, puisqu’à chaque pas je m’enfonçais dans les cendres et je reculais un peu.

(Oui, Sisyphe, c’est moi, non je n’ai pas changé…)

J’étais arrivée au stade d’hystérie où je fantasmais sur l’idéede me laisser tomber dans ces bâtardes de cendres en hurlant de rage et de rouler jusqu’en bas de la pente en fauchant tous ces fils de pute de randonneurs sur mon passage, quand on est enfin arrivés sur un terrain rocheux.

(J’ai jamais été aussi heureuse de voir des cailloux de toute ma vie.)

(Et pourtant, même en temps normal, j’aime beaucoup les cailloux.)

On était donc arrivés à 2300 mètres d’altitude, et à ce que j’ai tout de suite appelé ‘l’Emyn Muil’ :




(Franchement, on s’y croirait, non ?)

En effet, le « chemin » qu’on suivait jusqu’ici disparaissait purement et simplement dans ces excroissances rocheuses, et comme en plus on était dans un nuage, c’était quasi-impossible de discerner les rares bâtons encore entiers qui marquaient la route à suivre (à moins d’avoir des yeux d’Elfe).

Donc, à partir de là, le chemin, c’était « tu vas vers le haut et tu pries pour pas tomber dans un ravin ».



Et ça peut paraître incroyable, mais cette partie d’escalade était franchement mon moment préféré de toute cette rando.

(Par contre, j’ai encore des petits cailloux incrustés dans les paumes.)

(Paye tes roches volcaniques effilées comme des rasoirs.)

Mais sinon j’ai vraiment kiffé cette partie-là : déjà parce que j’adore l’escalade, aussi parce qu’après la partie « Pays de cendres » de tout à l’heure, c’était carrément reposant de poser son pied quelque part et qu’il reste au même endroit, mais surtout parce que j’ai passé toute l’ascension à me rejouer la dernière heure du Retour du Roi dans la tête. (Tsé quand Sam il fait le héros et il porte Frodon jusqu’aux portes du volcan, et Gollum on croit qu’il est mort et en fait non, et ils se bagarrent et tout ça.)

Et j’ai continué un petit moment comme ça, perdue dans le brouillard, à faire des pauses de cinq minutes toutes les dix minutes.

Je me sentais un peu nulle parce que mes raclures de potes avaient tracé comme des bâtards sans même faire mine de m’attendre (merci les gars, hein) (le jour où c’est l’apocalypse de zombies, je sais qui je vais sacrifier en premier) mais au final j’étais quand même fière comme un prince quand j’ai atteint :

LE CRATÈRE.


AVEC DE LA NEIGE DEDANS.


EN PLEIN ÉTÉ.


ON ÉTAIT HAUT A CE POINT.


Donc je me suis permis un petit moment de triomphe pleine d’endorphines, en mode J’AI CONQUIS LA MONTAGNE RIEN NE PEUT M'ARRÊTER JE SUIS LA GLOIRE ÉTERNELLE.

(Il a fallu déployer des trésors de retenue pour ne pas balancer mon alliance au fond du cratère.)

(«Mais ça serait tellement fidèle au thème !».)

Et puis j’ai retrouvé mes potes, et on a fait un pique-nique express au sommet parce qu’on se les caillait sa mère.

(Presque autant qu’au bureau.)

(Paye ta clim à seize degrés au pays des malades mentaux.)

Puis c’était déjà le moment de redescendre, et là pour le coup c’était moi qui étais plus rapide que tout le monde. (Je mets tout le monde à l’amende en descente de rochers parce que mon corps est en caoutchouc, alors je peux plus ou moins juste me laisser tomber jusqu’en bas.) 



Et pourtant, j’ai attendu tous mes potes, parce que MOI, je suis une bonne amie.

(Une amie qui n’hésitera pas à leur défoncer les rotules le jour où il faudra détourner l’attention d’une horde de zombies, mais une bonne amie en attendant.)

Et même si la fatigue commençait à se faire bien sentir (3615 jambes qui tremblotent comme de la terrine de porc), la descente a quand même été vachement plus rapide que la montée – ce qui me conforte dans l’idée que l’être humain n’est pas fait pour aller vers le haut.

(Je sais qu’on est cousins avec les singes, mais y’a un chromosome qui a dû se perdre dans l’histoire, je sais pas.)

(Ou alors c’est parce qu’on a inventé les pizzas et les burgers, et eux pas.)

(L’un ou l’autre.)

Bref, huit heures plus tard, on était de retour à l’endroit exact d’où on était partis – autrement dit, on a passé la journée entière à se faire mal pour accomplir absolument rien de productif.



(Au final, c’est comme quand je passe mon samedi à jouer à The Witcher, mais en plus douloureux.)

(Bonne idée/20)

Bref, si tu es fan du Seigneur des Anneaux, et que tu es un peu maso sur les bords (même si du coup tu serais plutôt fan du Hobbit) (HAHA), je te conseille l’ascension du Taranaki, puisque la balade réunit à elle seule l’atmosphère des Deux Tours et du Retour du Roi.

(Par contre, on n’a pas la lave en fusion, donc -1 pour l’authenticité.)

Pour les autres, je conseille de rester chez soi et de manger des chips, parce que le sport ça fait mal.

(Et puis bon, s’il faut commencer à faire des efforts juste pour vivre plus de 50 ans, alors ou va-t-on, ma bonne dame ?)

L'invasion des profanateurs de domicile

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Et donc j’ai des limaces chez moi.

Mais pas genre « j’ai des limaces dans mon jardin », non.

J’ai des limaces CHEZ MOI.

DANS MA MAISON.

QUI BAVENT SUR MA MOQUETTE.

Ça a commencé un soir de solitude en janvier, quand je me suis levée pour aller faire pipi au milieu de la nuit et que j’ai marché sur un truc visqueux.

Autant te dire que mon cerveau s’est tout de suite mis en mode ‘légendes urbaines’ et m’a ressorti en une-demie seconde tous les contes de feu de camp que j’avais entendus au cours de ma vie.

(«Et là, elle se rend compte que le ‘plic plic’ n’est autre que le bruit du SANG GOUTTANT DE LA TETE DÉCAPITÉE DE SON CHIEN»)

Donc j’ai allumé la lumière d’une main tremblotante, en priant intérieurement pour que je ne me retrouve pas face à un bout de boyau ou un morceau de cervelle.

(Je sais pas de qui ça aurait pu être le boyau ou la cervelle, vu que Flaxou était en vacances et qu’on n’a pas d’animaux, mais il était une heure du matin, alors tu m’excuseras si j’étais pas le René Descartes du raisonnement.)

Et c’était une limace.

(Je sais pas si j’aurais pas préféré des boyaux, honnêtement.)

Alors on va passer outre sur le fait que la limace avait probablement un squelette en adamantium, vu qu’elle était encore toute guillerette et pleine de vie alors que je venais quand même de lui piétiner la tronche, et on va plutôt s’interroger sur le fait que BORDEL DE MERDE QU’EST-CE QU’UNE LIMACE FOUT DANS MA CHAMBRE ?

Ça n’a aucun sens !

Déjà y’a rien pour elle ici : pas de bouffe (pas même des miettes de bouffe) ni d’eau, donc je vois pas ce qui l’aurait attirée dans le coin.

D’autant que c’était pas vraiment évident pour elle de s’égarer du jardin pour se retrouver dans la chambre, vu que la seule fenêtre qui donne sur l’extérieur est placée à un mètre de hauteur, donc à moins d’être la reine du parkour et d’être sérieusement motivée, je vois pas comment elle a pu atterrir sur ma moquette.

Du coup, j’ai ramassé l’imprudente avec un bout de papier, je l’ai promptement jetée dehors, et j’ai refermé la fenêtre avant d’aller me coucher, en me disant que ce serait une histoire rigolote à raconter à Flaxou quand il reviendrait.

SAUF QUE.

Sauf que le lendemain, je suis rentrée du boulot le soir, et tout mon salon était luisant de bave.

Et j’ai retourné toute la maison, et la fautive n’était NULLE PART.

Alors, de deux choses l’une :

1. Soit la limace était revenue se venger de son expulsion de la veille en foutant des graffiti de bave partout, avant de s’éclipser par le trou d’où elle était venue ;

2. Soit c’était une autre limace qui était venue m’intimider façon guerre des gangs en marquant son territoire partout chez moi pour faire passer un message.

(Genre « Ce salon appartient aux Hauraki Slugs, et tu ferais bien de t’en souvenir ».)

Dans tous les cas, ça me laissait avec deux problèmes : d’abord, j’étais officiellement en guerre avec le peuple des limaces, et ensuite, COMMENT ELLES ARRIVENT À ENTRER PUTAIN Y’A AUCUNE PORTE OUVERTE NULLE PART !


Bon, pour être honnête, ma maison, comme toutes les maisons néo-zélandaises, est plus ou moins une version glorifiée de la maison en carton du petit bonhomme de Pirouette Cacahuète. Concrètement, ça veut dire qu’il n’y a pas d’isolation, et donc qu’il y a des trous partout au niveau des portes et des fenêtres.

(Exemple : quand il y a du vent dehors, les rideaux dans le salon s’envolent. FENÊTRES FERMÉES.)

Donc je peux facilement concevoir que ce ne soit pas trop compliqué pour une limace de trouver un moyen de s’infiltrer dans ce gruyère que j’appelle mon chez-moi.

Mais je ne peux toujours pas concevoir POURQUOI.


Je ne comprends pas ce qui les attire à l’intérieur de ma maison, alors que dehors elles ont de l’herbe, de l’humidité, et même des plants de salade rien que pour elles dans le jardin !

(Au départ c’était pour nous, mais j’étais partie pendant un mois, et tu te doutes bien que Flaxou ne va pas manger des légumes si je suis pas là pour le forcer.)

Bref, ça fait un mois.


Un mois que presque tous les matins, je retrouve mon salon tagué à la bave de limace façon Jackson Pollock, et un mois que j’arrive pas à trouver où elles se cachent (et, si c’est la même, comment elle survit dans la maison depuis tout ce temps).

(Est-ce que les limaces ça peut survivre en mangeant de la poussière, et éventuellement des vieilles miettes de pop-corn ?)

Je suis même allée consulter ce puits de sagesse sans fond que l’on nomme les forums Internet (oui, j’en suis à ce stade-là) pour trouver comment me débarrasser des limaces sans poison (parce que je suis une enfant de hippies et que je rechigne à l’idée de tuer des créatures innocentes).

(Sauf les araignées – ces connasses.)

Et laisse-moi te dire que ça n’a pas aidé à me redonner foi en l’humanité.

Parce que les gens, ils sont bien sympa, mais entre ceux qui te balancent des remèdes sortis du cul d’une poule (« J’ai entendu un jour quelque part, peut-être dans un rêve, que pour se débarrasser des limaces, il fallait émietter des Petits Écoliers sur le pas de la porte ») et ceux qui te divulguent les solutions passées de génération en génération par des ancêtres visiblement tombés dans la marmite de consanguinité quand ils étaient petits (« Oui alors mon arrière-grand-oncle, pour se débarrasser des limaces, il tournait autour du jardin sur une jambe les soirs de pleine lune enroulé dans du jambon »), autant te dire que c’était pas gagné.

(Et je ne parle même pas des babas cool qui viennent participer au forum pour dire « Moi j’accueille nos amis les gastéropodes avec joie dans mon humble demeure. Gaïa est à tout le monde. » AH BAH TU M’AIDES VACHEMENT, JEAN-MICHEL BAVEUX.)

J’ai aussi entendu tout et son contraire sur les vertus de la bière («Ca les repousse» «Non, ça les attire!») et de la chicorée («Elles détestent ça!» «Non, elles adorent!»), du coup j’ose pas trop tester par peur de me retrouver avec les limaces des voisins en prime (manquerait plus que ça).

J’ai aussi lu qu’il fallait que je répande des huiles essentielles, que je plante de la menthe, que je disperse du basilic, que j’asperge du jus de citron, et quoi Simone tu veux que j’te fasse une vinaigrette aussi ou ça va aller comme ça ?


(D’autant que j’avais déjà testé l’huile essentielle de cannelle pour éloigner les fourmis, et pendant trois semaines, ça sentait moins comme une maison et plus comme le QG du lobby du pain d’épices.)

(Heureusement qu’on est Alsaciens, on a l’habitude.)

Bref, les limaces ninja continuent de sévir.


Je songe désormais à placer une caméra dans le salon la nuit pour choper les fautives la main dans le sac, et dans le même temps réaliser le found footage film le plus pourrave du monde.

(Non, je déconne.)

(Ce sera toujours meilleur que Paranormal Activity 4.)

À part ça, ma seule idée implique une boîte en équilibre sur un bâton, une ficelle et un morceau de fromage, mais je crois que, de 1, c’est pour les souris et, de 2, c’est seulement dans Tom et Jerry que ça marche.

Mais tant que je me réveille pas avec une feuille de salade dans mon lit, je m'inquiète pas trop.



(Ce serait perturbant.)

Donc, lecteur, lectrice, si t’as déjà subi des invasions de limaces, je suis ouverte aux conseils.

Si t’as déjà subi des invasions d’autres créatures (fourmis, rongeurs, poltergeists) fais péter les commentaires, ça m’intéresse aussi – ne serait-ce que pour me vautrer dans la Schadenfreude.

Allez, bisous les p’tits loups ! Et je vous dis même, comme à la grande époque du collège : Big Bisous Bien Baveux.

(Rapport à la bave de limace.)

(Pas rapport au fait que mon vocabulaire n’a pas évolué depuis 2002.)

Lâchez vos com’ssssss !

L'instant Kiwi: la religion

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Etant donné que ça fait quelques mois que je reçois les pamphlets religieux les plus fun du monde à la maison, j'ai décidé d'y consacrer un article.

Commençons par un petit cours de civilisation comme il se doit: la religion en Nouvelle-Zélande.

(Tout un programme.)

Premier truc à savoir: les gens en Nouvelle-Zélande ne sont pas très religieux.

La religion principale du pays est le protestantisme (31%), mais, dans les faits, les athées et agnostiques sont bien plus nombreux (50%), donc techniquement, la première religion en Nouvelle-Zélande, c’est l’absence de religion.

(Heathen power !)

Après les hérétiques, donc, on trouve les Protestants. Et, ayant été élevée par des athées et éduquée à l’école catholique, j’avoue que j’ai beaucoup de mal à m’y retrouver entre toutes les mouvances du protestantisme.

Au moins, les Catholiques, ils font dans la simplicité : boum, le Pape décide tout et tout le monde est d’accord. Mais chez les Protestants, comme leur nom l’indique, on aime protester.

Du coup, dès qu’il y en a un qui est pas d’accord avec les autres, pouf, il fonde sa propre église avec des tables de black-jack et des putes (pardon, l’habitude).

Donc c’est très compliqué pour moi de faire la distinction entre les Baptistes, les Anabaptistes, les Pentecôtistes, les Évangéliques, les Anglicans, les Presbytériens, les Congrégationalistes, les Réformés, les Méthodistes, les Adventistes, les Luthériens, et j’en passe parce que sérieusement, y’a genre huit mille différentes églises, c’est un cauchemar de s’y retrouver.

(Y’a juste les Mormons qui sont faciles à reconnaître, parce qu’ils se baladent toujours dehors et qu’ils essayent de te fourguer des bibles de poche.)

(C’est un peu comme les Témoins de Jéhovah, mais ils tirent pas la gueule.)

(En même temps, les Témoins de Jéhovah ils viennent t’annoncer l’apocalypse, je peux comprendre qu’ils soient pas jouasse en permanence.)

Après les Protestants, on trouve pas mal de Catholiques qui se sont égarés sur le chemin de Rome (11% de la population), trois-quatre Chrétiens Orthodoxes qui sont là vraiment pour la figuration (0.3% de la population), et une poignée de Chrétiens Maoris des églises de Rātana et de Ringatū (qui mêlent les anciennes croyances animistes avec la religion chrétienne) et qui totalisent un peu plus d’1% de la population.

Et en dehors des Chrétiens et des athées, y’a pas grand-chose sur cette île : 2% d’Hindous, 1% de Bouddhistes, 1% de Musulmans, et une petite poignée pêle-mêle de tout ce qui reste (Juifs, Sikh, et deux-trois religions New Age de hippies qui vendent des savons artisanaux aux marchés du samedi matin).

Ce qui est assez marrant, c’est que les seules communautés religieuses vraiment vocales en Nouvelle-Zélande sont parmi celles qui ont le nombre le plus faible de fidèles, à savoir les Baptistes (1.2% de la population), les Mormons (1%), les Témoins de Jéhovah (0.5%) et les Évangéliques (0.3%).

(Et rappelle-toi qu’on parle d’un petit pays, alors quand je parle des 1% de Mormons, je te parle de genre quarante mille pékins.)

(Ils te rempliraient même pas un stade de rugby.)

C’est donc à ces prédicateurs que je vais rendre hommage aujourd’hui, grâce aux barres de rire qu’ils me procurent à chaque glorieux prospectus glissé dans ma boîte aux lettres.


Et s’ils me font tant rigoler, ce n’est pas pour leurs croyances, mais plutôt pour les méthodes qu’ils emploient pour m’enfoncer leur doctrine dans la gorge.

Parce qu’autant je conçois que la spiritualité puisse avoir une part importante dans la vie privée d’une personne, autant je comprends l’envie de transmettre cette idéologie à ses enfants comme faisant partie d’un héritage culturel, autant j’ai jamais saisi le principe de venir sonner à la porte d’inconnus complets pour essayer de leur faire changer d’avis sur ce qui est intrinsèquement une affaire de convictions intimes.

(Genre je vais t’écouter.)

(Mec, j’te connais même pas, qu’est-ce qui te fait croire que j’en ai quelque chose à foutre de ton avis ?)

(Je pourrais ouvrir la porte couverte de sang de chèvre en hurlant GLOIRE A BELZÉBUTH, j’aurais même pas honte.)

Après, les Témoins de Jéhovah qui sont venus toquer à ma porte et les Mormons qui sont venus m'aborder dans la rue (oui, en Nouvelle-Zélande, les seuls mecs qui viennent t'aborder dans l'espace public, c'est les Mormons) (honnêtement je préfère), enfin bref, ils étaient toujours très polis et pas trop insistants. 


Donc au final, les prêcheurs de rue restent beaucoup moins emmerdants qu'un "Eh Mademoiselle, vous êtes bien charmante, oh sale pute j'te parle"de base, mais je continue à penser que leur méthode laisse à désirer.

(Je me demande combien de gens ils ont réussi à convertir sur le chemin du boulot, parce que je sais pas toi, mais à 7 heures du mat, j'ai pas trop la tête aux questionnements ontologiques.)


Et puis il y a les Baptistes, qui ne font pas du porte-à-porte, mais utilisent la méthode plus soft des pamphlets dans la boîte aux lettres.

Et, tout comme le porte-à-porte, le concept du pamphlet m’esbaudit franchement.

Si c’était un truc destiné aux gens déjà croyants, passe encore. (Genre « eh au cas où t’étais pas au courant, on a une super nouvelle église dans ton quartier, viens nous faire un coucou, y’aura des hosties et du jus de raisin, ça va être super duper ». Pourquoi pas.)

Ce que je trouve intéressant, c’est que les pamphlets que je reçois s’adressent principalement à des hérétiques dans mon genre.

Et, bon, okay, y’a pas de mal à essayer, mais franchement, quand je reçois de la littérature de ce genre, ma première réaction c’est toujours DE QUOI J’ME MÊLE ?

Sérieusement, est-ce que moi je viens mettre des pamphlets dans ta boîte aux lettres pour te dire « Eh croire en Dieu ça pue du cul, deviens athée tu verras c’est vachement plus cool, on aime la science et on a tous peur de mourir, viens vivre avec nous dans la crainte du néant post-mortem, tu vas kiffer » ?

NON !

(En plus, v’là le degré zéro de l’argumentation.)

(« Je pense que mon Dieu c'est le meilleur Dieu de tous les Dieux, alors tu ferais mieux de penser la même chose, sinon mon Dieu va venir te taper. »)

Donc, tu l’auras compris, le prêchi-prêcha, ça m’exaspère. Et face aux attaques de la religion, je reste sceptique, et même carrément méfiante.



(Ça fait genre deux ans que j'attends de pouvoir caser ce GIF.)

Mais les petits pamphlets de l'Eglise Baptiste d'à côté de chez moi, ils me font quand même beaucoup rigoler.

(Bon, je dis "à côté", techniquement ils sont à Pakuranga, donc c'est de l'autre côté de la rivière. Mais c'est à moins de 5 kilomètres, donc en distances Aucklandaises, c'est à côté.)


Je reçois leurs prospectus de manière assez régulière, et ça fait plusieurs mois que je les mets amoureusement de côté dans le but d'en faire un article. Là j'en ai cinq, je pense que c'est pas trop mal.


(En plus dernièrement, j'ai reçu que des doublons.) (Mais je les ai gardés quand même, au cas où y'a des gens qui les échangent.) (Comme des cartes Pokémon.) (Bref.)


Hop, trèves de bavardages, je commence direct avec mon pamphlet préféré:





(Le baptême des nouveaux-nés: que dit la Bible?)




(RIEN.)

Bon, ça a le mérite d'être plutôt clair, et c'est rien de bien étonnant parce qu'on est chez les Baptistes, qui, comme leur nom l'indiquent, ne rigolent pas sur la question du baptême.

(En gros, ils partent du principe que seuls les gens qui croient sincèrement en Dieu doivent êtres baptisés – et comme les bébés sont trop jeunes pour exprimer leur foi, il ne faut pas les baptiser tout de suite.)

Bref, j'ai lu tous les pamphlets d'un bout à l'autre, et les Baptistes d'à côté de chez moi semblent être juste un poil obsessionnels avec l'idée d'aller au Paradis, parce que c'est le sujet de TOUS leurs prospectus, cf. cette analogie bancale avec les voies romaines, et ce SUBLIME tract avec photo de coucher de soleil prise en 1978:






(Et puis un jour faudra qu'on m'explique pourquoi tous les trucs vaguement en rapport avec la spiritualité utilisent des couchers de soleil dans tous les sens.)


Et, surtout, le GÉNIE TOUT-PUISSANT qu'est ce visuel:



(Je ne sais pas ce qui me plaît le plus dans cette image: le fond rose Barbie, les deux têtes flottantes au milieu de l'image qui ont l'air d'être en plein bas trip, ou le mec tout en bas qui a moins une tête de mec qui craint le châtiment divin, et plus la tête d'un mec qui vient de hurler "OH MON DIEU C'EST L'ATTAQUE DE LA MAIN GÉANTE!!!")

Bref.

Les Baptistes croient au Paradis, et attention la description, c'est pas rien, le machin:



Selon les extraits choisis ici, le Paradis est donc un endroit avec douze portails de perles, des murs de jaspe (une pierre semi-précieuse, qui ressemble au jade) et des rues pavées d'or.


En gros, le Paradis est ULTRA PIMP.

Sans déconner, moi je lis une description comme ça, je pense pas "Paradis", je pense "manoir de Tony Montana". 
(A moins que ce ne soit une stratégie pour recruter les gangsta rappeurs?)

Mais ce n'est pas tout: le Paradis est aussi décrit comme un endroit où il n'y a "ni soleil, ni lune, mais une lumière constante qui émane de la Gloire de Dieu."

Et là je dois dire: je suis pas Chrétienne, mais cette image me rappelle quand même furieusement quelque chose. Pas de soleil ni de lune, une lumière éternelle....

Putain mais c'est le Silmarillion!



C'est carrément le Silmarillion!

C'est Valinor avant le Premier Age, quand il était illuminé par Laurelin et Telperion, les arbres de Yavanna, avant qu'ils ne soient détruites par Melkor et que les Valar ne créent le soleil et la lune à partir de leurs fruits!

(Pardon à ceux et celles pour qui ce paragraphe n'avait aucun sens, mais les vrais Sauron(t) de quoi je parle.)

Alors là, j'ai bien envie de dire "FOUTAGE DE GUEULE LES BAPTISTES VOUS AVEZ TOUT COPIÉ J.R.R. TOLKIEN", mais ce serait quand même de l'hyper mauvaise foi, puisque :

de 1. c'est difficile de dater précisément quand la Bible a été écrite vu qu'il y a eu des morceaux rajoutés pendant des siècles, mais je suis quand même plutôt certaine qu'elle était bien finie quand J.R.R. Tolkien a écrit ses bouquins, et 

de 2. C'est de notoriété publique que J.R.R. Tolkien était un sacré copieur, cf. les mythes bibliques, Beowulf, et l'ensemble de la mythologie nordique et germanique qu'il a allègrement pompés jusqu'à plus soif.



(Oh tiens salut le poème scandinave de la fin du dixième siècle, est-ce que tu ne serais pas LA RÉSERVE PERSONNELLE DE NOMS DE NAINS POUR JOHN RONALD REUEL PAR HASARD?)

(Le chair est faible et nos idoles sont mortes.)


Bref, on a un peu divergé du sujet.


Mes copains Baptistes d'en bas de la rue, donc, ils aiment bien le Paradis, et ils aiment bien aussi discuter pendant des millions d'heures des conditions à remplir pour y entrer. Et c'est là que ça devient intéressant.


Parce que d'abord, ils t'expliquent que le Paradis c'est super duper, puis ils te disent qu'en fait tu pourras pas y aller.

En effet, selon nos potos les prédicateurs, la bataille est perdue d'avance: on est tous des pécheurs, l'humanité est corrompue, et donc en fait aucun de nous ne peut aller au Paradis, parce qu'on ne peut pas vivre une vie entière sans pécher une seule fois.


En plus c'est pas vraiment comme si y'avait profusions de choix, puisque les autres prospectus t'expliquent qu'il n'y a que deux options pour ton âme: le Paradis, ou l'Enfer. Mais du coup, comme on est tous des pécheurs, ben... on va en Enfer automatiquement.

Et pardon mec, je veux pas te dire quoi faire, mais j'ai étudié la com, et je peux te dire tout de suite: NE MÈNE PAS AVEC CET ARGUMENT!

Une personne normale a genre 8 secondes d'attention à t'accorder, et toi tu commences ton pamphlet avec:

- Bonjour, vous voulez aller au Paradis? Eh ben vous pouvez pas! Même si vous êtes la personne la plus chouette du monde, c'est raté. C'est l'enfer pour ta gueule, mon petit Maurice, déso pas déso.

Du coup ça nique tout ton effet de style, parce qu'au moment où tu dis:

- Mais en fait, on peut quand même aller au Paradis, je vais vous expliquer comment!

C'est trop tard Gilbert, on a déjà enlevé nos vêtements et on est partis courir dans la rue en foutant le feu et en chantant "Foutus pour foutus".

(En tout cas, moi, c'est ce que je ferais.)

Bref, nos potos nous expliquent par la suite (aux rares qui ont pas déjà décroché pour aller semer la terreur) qu'en fait si, on peut aller au Paradis, c'est même super simple en fait, il faut juste lire la prière écrite sur le prospectus.




(C'est simple comme un parchemin de boules de feu.)

Bon, ça c'est un exemple de prière assez soft, qui dit en substance"Gentil Dieu, pardonne mes péchés, je crois en Jésus et je l'accueille dans mon coeur, et je vais obéir au Seigneur, ça va être super chouette".

Mais y'a aussi des prières un peu plus hardcore, en mode "J'vois même pas pourquoi tu t'emmerderais à venir me sauver, je suis un pécheur, JE MÉRITE DE MOURIR".

Non, mais vraiment.

Ça dit vraiment "Je mérite de mourir".



Alors de deux choses l'une, Jean-Luc Baptiste: ou alors, toi et moi, on traîne pas vraiment avec les mêmes personnes, ou alors, ton église est vachement stricte sur la question de ce que constitue un péché mortel.



(Ma vision de l'Eglise Baptiste après la lecture de ces prospectus.)

Ce que je trouve paradoxal dans ces pamphlets, c'est que l'auteur te répète que tout le monde mérite l'Enfer parce que tout le monde pèche, mais à partir du moment où tu te repens et que tu acceptes Jésus, hop, c'est porte ouverte pour le Paradis.

Et je sais pas comment ça se passait chez toi, mais moi, tous les croyants à qui j'ai eu affaire au cours de ma vie m'ont toujours dit que, pour accéder au Paradis, il fallait être une bonne personne. Faire le bien autour de soi, aimer son prochain, tout ça.

Mais ce qui m'étonne, c'est que là, les Baptistes ils disent que oui, mais non, on s'en balek en fait que tu sois une bonne personne ou pas. Cf. l'extrait ci-dessous, où ils disent, en somme: ça ne sert à rien d'être une personne exemplaire, de donner de l'argent aux bonnes œuvres, ou d'aller à l'église régulièrement. C'est juste de l'égoïsme, et c'est pas ça qui va te garantir ta place à la droite du Seigneur.



Okay, donc je comprends l'idée de base, qui est de dire: on ne peut pas mériter sa place au Paradis, parce qu'on n'est que des humains pleins de péchés, et seul Dieu peut décider si on a le droit d'être sauvés.

Bon. Soit.

Mais alors en fait on peut être un connard fini et aller au Paradis, c'est ça que t'es en train de me dire?

Je peux vivre en hérétique toute ma vie, incendier des forêts, tuer des pandas, cracher sur des petites vieilles, et ça n'influencera pas le jugement divin même pas un tout petit peu? Du moment que j'accepte Dieu dans mon coeur, c'est bon, c'est open bar, j'entre au Paradis comme dans un moulin?

Mais du coup, le Paradis des Baptistes est plein de connards, ou comment ça se passe?

Moi tout ce temps-là on m'avait dit que le Paradis, ça se mérite, que c'est un club select que pour les meilleurs gens du monde, alors qu'en fait le videur il laisse passer Hitler en même tempe que Mère Thérésa, mais WHAT THE FUCK?

Et pour ceux qui penseraient que je simplifie, pas du tout, les pamphlets t'offre littéralement le pardon divin dans une boîte de Bonux: selon le prospectus, t'as juste besoin d'annôner la prière qu'on te donne en pensant très fort à Jésus, et hop, c'est bon! Et si tu te dis que c'est trop facile, ils ont la solution pour ça aussi:



("Si vous y avez cru, vous avez reçu ce que Dieu a promis - le pardon et le salut. Si vous n'êtes toujours pas certain, relisez ce prospectus plusieurs fois jusqu'à ce que vous en soyez sûr.") 

Oh ben dis donc c'est bien pratique Marcel.

Moi qui pensais que j'allais devoir faire des efforts et tout pour accéder au Paradis, en fait trop pas! Je peux continuer à mener une vie de péché et garder ce prospectus sur moi comme on met de côté la carte "Sortie de Prison" au Monopoly. Comme ça, quand l'heure de ma mort approchera, j'aurai juste à relire trois fois ma prière, et hop! Pardon divin instantané.

(C'est à se demander pourquoi les Catholiques s'emmerdent encore avec le confessionnal.)


Mais ce ne sont pas les Catholiques qui occupent la place numéro un parmi les ennemis juré des Baptistes: ce sont les Témoins de Jéhovah.


Ils les détestent tellement qu'ils ont même fait un petit pamphlet uniquement pour avertir les gens du danger des Témoins de Jéhovah, et attention la merveille, vise un peu cette image de couverture:




Alors, deux choses:

Numéro un: ceci n'est pas un Témoin de Jéhovah. Ceci est clairement Joseph Staline, habilement déguisé en Témoin de Jéhovah pour tromper la méfiance de l'ennemi capitaliste. (Non représentés sur cette image: les dizaines de tanks soviétiques en attente derrière la porte.)

Numéro deux: ah bah ouais Maurice le Baptiste, t'as peur qu'on vienne marcher sur tes plate-bandes, mais en même temps, si tu veux convertir les gens, t'as qu'à te bouger les miches et aller toquer aux portes comme les autres, au lieu de distribuer tes petits tracts passifs-agressifs.

Et quand je dis "passif-agressif", c'est pas du chiqué:




("On trouve beaucoup de mensonges dans les enseignements de Témoins de Jéhovah, mais je n'aurais pas la place de tous les examiner ici.")



(Ça blâme sévère chez les Baptistes de Pakuranga.)

Bon, je vais pas te faire tout le pamphlet, mais en gros, les Baptistes sont vénères parce que la doctrine des Témoins de Jéhovah divergent de la leur sur des trucs minuscules et complètement insignifiants pour quasiment n'importe qui, du genre : les Témoins de Jéhovah croient en Jésus et en sa résurrection, mais pas sous une forme corporelle – à la place, ils disent que Jésus est revenu à la vie sous forme d'esprit.

J'ai envie de dire, on s'en bat un peu la race, non?

Esprit, corps, bon, on va pas enculer les mouches, tout le monde est d'accord sur l'histoire de Jésus et de la résurrection, ça vous suffit pas?

Ben non, apparemment il faut que tout le monde soit d'accord sur les moindres petits détails, sinon c'est la guerre.


Attends, je reformule: il faut que tout le monde soit d'accord sur les moindres petits détails d'un livre vieux de plusieurs millénaires, écrit sur plusieurs centaines d'années, par plusieurs dizaines de gens, et traduit d'une langue à l'autre pendant des siècles et des siècles d'histoire humaine.

(Eh ben mon vieux, on est bien marrons.)

Et pour te dire à quel point Jean-Marc Bigot ne fait aucun effort, c'est qu'il utilise plusieurs fois dans son prospectus le mot "mensonge". C'est-à-dire qu'il est persuadé que les Témoins de Jéhovah n'ont pas juste des divergences sur quelques points: il pense qu'ils connaissent la "vérité" et qu'ils mentent aux gens EXPRÈS:




("On voit très facilement que la doctrine des Témoins de Jéhovah est une accumulation de mensonges et de déformations de la parole divine. Leurs enseignements sont faux depuis le début.")


Ça va bien sinon la mauvaise foi, Michou?


T'es pas trop à l'étroit dans ton esprit?




(Non, nickel.)

Bref, c'étaient tous mes pamphlets de propagande.

(Je te tiens au courant si j'en reçois d'autres.)

Je voudrais terminer cet article en mentionnant une nouvelle religion qui fait fureur dans ce beau pays qu'est le nôtre:

THE CHURCH OF THE FLYING SPAGHETTI MONSTER.



(En français: pastafarisme)

The Church of the Flying Spaghetti Monster est, comme son nom l'indique, une parodie de religion, née aux Etats-Unis sous forme de protestation contre l'enseignement du créationnisme dans les écoles publiques. Le fondateur du mouvement avait à l'origine écrit une lettre satirique au Comité d'Education de l'Etat du Kansas, en y expliquant que sa théorie, selon laquelle le monde et l'humanité avaient été créés par un monstre volant fait de spaghettis, était tout aussi valable que la théorie du créationnisme, et qu'il voulait donc qu'on l'enseigne aussi aux petits enfants.

L'auteur n'ayant reçu aucune réponse à sa lettre, il décide de la publier sur Internet, et comme c'est Internet, évidemment, le truc explose. Des milliers de gens au sens de l'humour exquis s'emparent du phénomène, se baptisent "Pastafarians", écrivent une Évangile, et inventent même des fêtes religieuses pour aller avec le culte nouvellement créé.

(Il existe par exemple "Pastover"et "Ramendan", où on mange des nouilles en célébration.)



Bref, le pastafarisme est une "religion" plutôt bon enfant et pleine de jeux de mots funs, et dont le but n'est pas tant de se moquer de la religion que de l'usage politique qui en est fait. 

Parce que bon, je comprends que ça puisse paraître gamin et inutile de parodier des pékins pétés du casque qui beuglent que la sécheresse en Californie est dûe aux homosexuels et que les dinosaures n'ont jamais existé parce que la terre a été créée y'a six mille ans. J'ai envie de dire: "ces gens se décrédibilisent clairement eux-mêmes, pas la peine d'en rajouter".

Sauf que si, la peine d'en rajouter.

Parce qu'entre-temps, y'a quand même certains de ces tarés qui sont actuellement en lice pour devenir PRESIDENT DE LA PLUS GRANDE ARMÉE DU MONDE.

(HUMHUMTedCruz.)

Bref.

Et la Nouvelle-Zélande, dans tout ça, me demanderas-tu?

Eh bien, en Nouvelle-Zélande, le pastafarisme est récemment devenu super populaire.

Pas en tant que mouvement contestataire, puisqu'ici on est des gens normaux et que personne n'est fondamentalement assez con pour croire que si on pénalise l'IVG ça va reboucher le trou dans la couche d'ozone, ou je sais pas quelle merde.

(Y'a eu une fois un mec qui a écrit au Parlement pour dire que la sécheresse était causée par le mariage gay, et le pays tout entier s'est foutu de sa gueule pendant trois mois.)

Non, ici, c'est juste que les gens trouvaient ça rigolo, le pastafarisme.

Et comme la loi Kiwie est très vague sur la question de ce qui constitute une religion, elle a constamment légiféré en faveur de la Church of the Flying Spaghetti Monster. 

D'abord en 2014, quand Russell Tomes a été autorisé à porter une passoire sur la tête sur sa photo d'identité (ladite passoire a été approuvée comme "couvre-chef religieux"). 



Petit bonus: le résultat Google Images quand on cherche "religious headgear":

Et puis le dernier développement dans l'histoire, c'est qu'en plus d'être l'un des trois pays au monde où la Church of the Flying Spaghetti Monster est reconnue comme une religion (si si), la Nouvelle-Zélande a récemment accordé à ses membres le droit d'officier des mariages. 

(C'est-à-dire qu'ils peuvent VRAIMENT te marier. Genre un mariage légal, pas besoin de passer chez le maire ni rien.)

Pour tous les pastafarians désireux de "tie the gnocchi", il y a maintenant Karen Martyn, première officiante de mariages – ou "Ministeroni".

(Ces jeux de mots, je ne m'en lasserai jamais.)

Donc voilà, c'était juste pour confirmer que mon pays est officiellement le plus fun du monde.

Tu peux reprendre le cours de ta vie chiante.



Si ton anglais est bon, tu peux aller lire plein de jeux de mots à base de nouilles sur le site officiel de la Church of the Flying Spaghetti Monster en Nouvelle-Zélande(Et admirer leur bannière DE TOUTE BEAUTÉ.)

Sur ce, gros bisous à tout le monde, aimez-vous les uns les autres, et s'il pleut dehors, n'oubliez pas de mettre votre passoire.

(C'est une blague, hein.)

(Prends un parapluie, ma couille.)

Brève carriériste

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J’aime mon nouveau boulot, mais il y a un truc, un seul, qui me manque de mon ancien job: les collègues.

Attention, ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit : je ne regrette absolument pas Ploc, la limace des enfers (ma tension a chuté depuis qu’il est parti, un truc de fou). Mais la globalité de mes collègues à mon ancien boulot étaient sympas, fun, et surtout, JEUNES.

Parce que mon nouveau travail, bon, je vais pas dire que c’est des vieux, mais en fait si carrément ils sont tous incroyablement vieux.

En gros, on est quatre dans la boîte, et je suis la seule personne de moins de soixante ans, ça te donne une idée je pense.

Aparté : la tu te demandes peut-être pourquoi ces gens travaillent encore, mais faut savoir que déjà, dans ce pays, l’âge minimum légal de départ à la retraite, c’est 65 ans, et puis en sus, le système de retraites est très différent du nôtre (où une génération paye pour la retraite de la génération d’avant). Ici, c’est chacun sa gueule : chaque personne choisit de mettre de côté un pourcentage de son salaire (entre 3% et 8%, selon ce qu’elle peut se permettre) sur un compte d’épargne qui est bloqué jusqu’à ses 65 ans. L’employeur ajoute 3% du salaire sur le compte, et l’État ajoute la même somme. (Du coup, chaque mois, tu mets de côté une somme allant de 9% à 14% de ton salaire mensuel). Et c’est cet argent qui constitue ta retraite. Donc en gros, les sous que tu mets de côté sont proportionnels à ce que tu gagnes. 

C’est cool, hein ? Ça parait bien juste et égalitaire, comme ça, sur le papier, non ?

Sauf qu’en fait, c’est cool uniquement pour les classes moyennes et supérieures qui ont des boulots stables et ininterrompus, mais ça pue un peu du cul pour les smicards ou les intermittents– qui ne peuvent souvent pas se permettre d’ouvrir un compte, et doivent donc bosser grosso modo jusqu’à la mort. Et même ceux qui peuvent se permettre de mettre de l’argent de côté prennent rarement leur retraite a 65 ans. Parce que si tu fais des études ou que tu as une période d’inactivité prolongée (c’est-à-dire, si tu décides d’avoir des gamins) (puisqu’ici il n’y a pas de crèches publiques et que le congé maternité c’est genre trois mois), t’auras pas assez mis de côté une fois arrivé a 65 ans et tu devras continuer à travailler. Résultat, ici, c’est assez normal de bosser jusqu’à 70 ou 75 ans, surtout pour les femmes.

(TL;DR : pas de retraite pour les p’tits vieux.)

Bref, je bosse avec des vieux, et laisse-moi te dire que c’est pas de la tarte.

Déjà, je me sens quelque peu ostracisée au milieu des conversations qui portent toutes sur les cinq mêmes sujets en boucle :

1. Les petits-enfants, ces merveilles 
2. Les enfants, ces gros ingrats
3. Tous les gens qu’on connait qui sont en train de mourir de cancer 
4. Tous les endroits du corps qui font mal (suivi par un chœur de conseils et de remèdes, tous à teneur plus ou moins chamanique)
5. Le rugby (Bon ça c’est pas spécifique aux vieux, mais ça reste hors de ma zone de compétences)

Surtout que c’est une incompréhension qui va dans les deux sens :

- Alors Charlotte, qu’est-ce que tu as fait ce week-end ?
- Pas grand-chose, vendredi soir on est allés chez des amis, on est rentrés tard du coup on a dormi jusqu’à midi, et puis après, j’ai plus ou moins passé le week-end à regarder des séries et à jouer au PC.
- ….Ah.



Et encore, l’autre jour j’ai voulu me rattraper en disant que j’étais allée au cinéma (une activité indémodable), et puis je me suis rappelée in extremis que le film qu’on était allés voir s’appelait Deathgasm et que c’était un film gore avec des démons et du metal et qu’il y a quand même une scène où un démon se fait trépaner avec des godemichés.

(Donc niveau “intergénérationnel”, je pense qu’on repassera.)

(NB : « Deathgasm » est quand même un film absolument mirifique et fabuleux. Va le voir.)

Mais bon, si c’était seulement une question de « small talk », ce ne serait pas vraiment problématique.

Nan, le gros souci de bosser avec des vieux, c’est qu’ils peuvent être juste un poil RIGIDES.

J’en veux pour preuve la méthode de com de l’association, qui se résume à « On a toujours fait comme ça » :

- Et si on proposait une réduction pour les gens qui achètent un lot de 10 sièges ? Ça augmenterait les ventes.
- Non, non, on a toujours fait de la vente au détail, les membres vont être trop confus.



(Trop confus par un procédé qui existe PARTOUT ?)

- Si on remplaçait les liens par des boutons, on aurait plus de clics. C’est plus visible.
- Non, les liens c’est bien, on a toujours fait comme ça. En plus le lien, on sait où on clique, on sait ce que c’est. Tandis que les boutons, c’est dangereux, on sait pas où on va aller. En plus des fois c’est des virus.



(Evidemment.)

Et je te passe le texte des emails qui, quand je suis arrivé, consistait en un copier-coller exact de la PAGE ENTIÈRE correspondante du site web.

- La majorité des gens lisent leur email sur mobile, donc je pense que ce serait plus judicieux de limiter le texte et d’agrandir les images.
- Mais comment ils auront toutes les infos s’ils n’ont pas de texte ?
- Ben on met un lien vers la page de notre site.
- Oui mais non. Moi quand je reçois un email, je veux avoir toutes les infos dessus. Je veux pas cliquer et lire des choses sur un site. Nos membres c’est pareil.
- Et pour les images ?
- Pas d’images, ça sert à rien, ça s’affiche pas.
- Comment ça, ça s’affiche pas ?
- Oui là, dans Outlook, quand je reçois un email avec des images, ça me fait juste une croix. 


- C’est simplement parce que vous n’avez pas configuré Outlook pour qu’il affiche les images. Il faut juste aller dans le menu, ici, et cocher la case, là.
- Oh là là, mais personne ne sait faire ça ! Non non, pas besoin d’images. Juste un grand pavé de texte bien long et détaillé. Comme on a toujours fait. Nickel. 



(Le procédé com de ma boîte, un résumé.)

Et dans le genre « rigide », la palme va sans aucun doute à la collègue de mille ans avec qui je partage mon bureau, et qui pousse le « On a toujours fait comme ça » à des sommets incroyables, par exemple quand on se partage le boulot sur des événements et qu’elle me sort des trucs du genre« il faut aligner les badges par ordre alphabétique, mais de bas en haut, pas de haut en bas. » C’est-à-dire qu’au lieu de les aligner comme ça :

A         D         H
B         E          I
C         F          J

Elle les aligne comme ça :

C         F          J
B         E          I
A        D         H

Alors qu’on est d’accord que c’est l’ordre le plus n’imp nawak du monde, oui ?

Sauf que quand je lui ai fait la remarque, elle m’a répondu :

- Non mais ne t’inquiète pas Charlotte, tu es étrangère, tu ne connais pas encore bien ce pays, mais ici, chez les gens civilisés, on lit de bas en haut.

J’avais un peu envie de lui dire « Et tes romans, Simone, tu les lis de bas en haut aussi ? Et tes listes sur Excel, elles sont de bas en haut ? Tu te foutrais pas un peu de ma gueule par hasard ? ». Mais comme je suis bien élevée et que c’était genre mon troisième jour dans la boîte, j’ai rien dit.

Mais à la réunion pour l’événement d’après, j’ai quand même suggéré que peut-être on pourrait mettre les badges dans l’ordre normal des humains qui ne sont pas des malades mentaux. Chose à laquelle la patronne a répondu :

- Hein ? mais évidemment, qui voudrait les aligner de bas en haut, ça n’a pas de sens ! 


Ce à quoi madame Micheline a pondu toute une rhétorique comme quoi c’était les membres qui s’étaient plaint il y a genre huit mille ans, rapport que c’était trop difficile de trouver leur nom en lisant de haut en bas comme des gens logiques, et du coup c’était son initiative de changer l’ordre mais uniquement pour le bien commun et servir la cause de l’association.

(Le tout sur ton le plus condescendant possible qu’on puisse imaginer.)

(À mi-chemin entre un patron du Medef et un militant meniniste.)

Bref, la big boss a tranché pour l’ordre alphabétique standard. Mais l’autre Ginette, à l’événement d’après, elle est quand même venue me voir en loucedé pour me dire qu’il fallait les aligner dans l’autre sens ! 

(Palme du lâcher prise.)

Et quand je lui ai dit non, elle a serré la bouche comme si elle avait avalé un citron de travers, et elle m’a fait :

- D’accord. Très bien. Eh ben t’as qu’à t’en occuper toute seule, si c’est comme ça !
- Okay.
- …..
- Normalement c’est à moi de faire les badges, mais si tu insistes pour en faire qu’à ta tête, t’as qu’à le faire.
- Pas de problème.
- …..
- Je vais aller aider la patronne à installer la salle, alors.
- C’est ça.
- …..
- Tu sais que normalement c’est à toi de faire ça, mais bon enfin je dis ça je dis rien, vu qu’apparemment t’as décidé de faire les badges, eh ben ma foi fais donc les badges, à ta guise. Enfin bon normalement c’est à toi de faire la salle, voilà, on verra ce que la patronne aura à dire de tout ça, moi apparemment c’est pas ma place de juger, hein.



Han Lucienne dis donc tu m'fous les miquettes, c'est palpable. 

Bon maintenant tu la bouges ta prothèse ou t'attends que j'te pousse?

Conclusion pour ceux qui se posaient la question : les gens n’étaient pas perturbés par l’ordre alphabétique, vu que, pour le coup, il était vraiment dans l’ordre.

(Dis donc j’ai une de ces vies passionnante, moi.)

Sur ce, je te laisse, je dois aller me coucher parce que là j’ai fini ma camomille et avec tout ça il est bientôt 21 heures.

(Allez, un peu de jus de pruneaux, et au lit.)

Vis ma vie d'homme des bois

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Et donc je suis allée faire du camping pour la première fois de ma vie.

Je dis « pour la première fois de ma vie », c’est pas 100% juste, parce que j’ai déjà dormi sous une tente. Mais bon, c’était quand on allait en vacances en famille quand j’étais petite, et c’était quand même du bon gros camping de bourgeois – où on dormait sur des matelas dernier cri, avec des oreillers ergonomiques, les campings avaient des cabines de douche et des piscines, et on mangeait au restau.

(En fait, c’était comme l’hôtel, mais avec moins d’isolation.)

Du coup, c’était un petit choc culturel quand on est allés camper le week-end dernier avec Flaxou, qui avait l’habitude du camping des colos EDF (« Bon, la tente est percée, mais voilà un rouleau de scotch, démerde-toi ») et nos potes Stan et Larissa, qui, eux, avaient l’habitude du camping en Russie – où tu t’installes dans la forêt et tu te fabriques une hutte en brindilles.

(Grosso modo.)

Je te laisse donc imaginer les minutes de bidonnade qui ont suivi mon arrivée comme une fleur avec mon oreiller en plumes sous le bras :

- Je vois pas ce qu’il y a de drôle.
- Cha, en camping, on emmène pas des oreillers !
- Mais…sur quoi je suis censée mettre ma tête ?

Alors soi-disant qu’on doit rouler un pull en boule et dormir sur un tapis de sol fin comme une peau de chagrin, mais quoi, on est des animaux ??!

(Et pourquoi pas creuser un trou et aller mourir dedans.)

(Ça a l’air à peu près aussi fun.)

Mais bon, je fais ma mauvaise langue, mais c’était bien fun quand même.

À ceci près que j’ai pas dormi de la nuit parce qu’on s’est PEULE LES MEULES SEVERE, rapport au fait que :

1. C’est le début de l’automne et il commence à faire froid la nuit ;
2. On était juste à côté de la rivière et ouais d’accord c’est super joli mais niveau humidité ça se pose là ;
3. Flaxou et moi on avait acheté nos sacs de couchage au Warehouse comme les gros radins qu’on est, et du coup ils procuraient genre un degré de chaleur.

Flaxou, comme c’est un robot caché dans un corps d’humain, il a pas trop mal dormi :

- Par contre t’arrêtais pas de me réveiller avec tes dents qui claquaient, là.
- ….
- C’était super relou.



Par contre ça l’a fait bien rigoler en se réveillant de voir que j’avais mis la tente à sac pendant la nuit et que je m’étais recouverte de tout ce que j’avais trouvé – du coup je portais deux pulls, j’avais une paire de chaussettes aux pieds et une paire aux mains, et j’avais empilé les serviettes de bain par-dessus le sac de couchage pour tenter de maintenir un semblant de chaleur.

(Ça n’a pas marché.)

Mais à part ça, c’était vraiment sympa, le camping « pour de vrai ».

D’autant que les campings du Département de la Conservation, le confort trois étoiles c’est pas trop leur délire, cf. notre arrivée au camping où il n’y a pas d’employé, mais un panneau d’information, qui nous disait :

« Bienvenue au camping du DOC, veuillez déposer six dollars dans l’urne prévue à cet effet, et ensuite faites-vous plaiz. Y’a des toilettes sèches et on n’a pas l’eau courante, mais y’a la rivière alors vous pouvez boire là-dedans. »


Et j’avoue que c’était franchement le super kif de boire l’eau de la rivière (et de faire la vaisselle dans la rivière, et de me laver dans la rivière, et de me brosser les dents dans la rivière), BREF j’avais trop l’impression d’être un homme des bois.



(Sans compter qu’il y avait le frisson de transgresser des années d’interdits parentaux : « Non Charlotte, ne bois pas l’eau du ruisseau, tu vas être malade », AH OUAIS BEN REGARDE-MOI MAINTENANT MAMAN, T’ES A VINGT MILLE BORNES KESTUVA FAIRE ?)

Et aussi big up au DOC (et aux campeurs Kiwis), parce que ça fait trois ans que je suis en Nouvelle-Zélande et je devrais avoir l’habitude, mais y’a rien à faire, la propreté des toilettes dans ce pays est tout bonnement époustouflante.

(Ou alors c’est qu’en France on est juste une bande de gros porcs.)

(Au choix.)

Bref, c’était bien cool de camper à côté de la rivière, on a mangé des chips (t’entends ? DES CHIPS !) (3615 références obscures) et les traditionnelles viandes en conserve de quand t’es dans un endroit où y’a pas de frigo :



(Si l’on fait abstraction du visuel « pâtée pour chat », c’est franchement pas mal.)

Et on a joué au Scrabble et j’ai mis tout le monde a l’amende en casant « Exquisite » en mot compte triple avec le Q sur une lettre compte triple, comme quoi ça paye de passer des années à se faire chier chez mamie en regardant des Chiffres et des Lettres.

(En plus on pourrait penser que c’est facile de gagner au Scrabble contre Flaxou et ses désastreuses compétences en orthographe, mais il est assez costaud parce qu’il passe en mode « Professeur Flaxou le biologiste » et case tout son vocabulaire scientifique, alors c’est la débauche d’acides aminés.)

Donc c’était bien cool, en plus on a fait des belles balades dans les anciennes mines d’or de Karangahake Gorges, ou c’était l’aventure totale à base de ponts suspendus :


De rails abandonnés :



De manufactures à ciel ouvert avec option « champs de boulons »:



D’exploration de tunnels:



Et de CHARIOT MINIER ABANDONNÉ SÉRIEUX C’EST TROP COOL ON EST TELLEMENT INDIANA JONES C’EST GÉNIAL :


Et ça aurait été encore plus cool si j’étais pas tombée dans un ravin, mais on ne peut pas tout avoir dans la vie.

Explications : Karangahake Gorges, comme son nom l’indique, c’est des gorges. Donc y’a des petits chemins plats qui longent le précipice, et on a une très jolie vue sur la rivière en contrebas.




Le souci, c’est que comme c’est très joli et plat, y’a environ huit mille joggeurs qui viennent faire de la course ici.

Et donc on était en train de marcher pépouze, j’ai entendu un mec qui haletait derrière nous, je me suis dit« Ha un coureur, je vais me mettre de côté pour le laisser passer », et j’ai fait un pas de côté. Sauf que j’étais déjà au bord du ravin et que donc, sur le côté, c’était le vide.



(J’avoue que je me suis sentie un peu comme le coyote de Bip-Bip et Coyote.)

Donc je suis tombée comme une couille, je me suis rattrapée tant bien que mal aux plantes qui poussaient le long du chemin, et le joggeur consterné est venu me secourir d’une mort certaine (quoi, t’étais pas là, okay ?) en se confondant en excuses parce qu’il était persuadé que c’était de sa faute si je m’étais jetée dans le vide.

Et maintenant, la même scène racontée du point de vue de Flaxou !

(Ouais, je prends des cours de marketing chez EL James, tavu.)

Bref bref : la même scène racontée du point de vue de Flaxou, cent mètres plus loin :

- J’ai entendu les gens qui faisaient « Han ! Est-ce que ça va ? » et j’ai tout de suite pensé « Merde, c’est encore Cha qui a trébuché sur son pied. » Je me suis retourné et j’ai vu un mec à genoux au bord du chemin, alors j’ai pensé « Ah non, je suis mauvaise langue. » Et ensuite j’ai vu le gars te hisser hors du ravin, et je me suis dit « Évidemment ».

Bref, maintenant j’ai des bleus partout et une future cicatrice bien badass sur le tibia.

(Faut juste que je m’invente l’histoire badass qui va avec.)

(Pour le moment, j’hésite entre « Je me suis jetée dans le vide pour sauver la vie d’un enfant » et « Je me suis faite attaquer par un ours comme Leo dans The Revenant »)

(Y’a pas d’ours en Nouvelle-Zélande, mais les gens sont des débiles.)

Bref, c’était un chouette week-end.


Épilogue :

- Alors maman, t’as vu mes photos du week-end ?

- Charlotte, qu’est-ce que je t’ai dit ?
- Hein ?
- Je te l’ai répété pendant des années que c’est pas bien de boire l’eau de la rivière !
- Mais elle était…
- Jamais tu m’écoutes !
- Je…
- Après on s’étonne que tu tombes dans les ravins !

(Okay.)

(Donc la distance n'est pas une protection contre la fureur maternelle.)

(Prenez note.)

L'Instant Kiwi: le Te Reo

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Et donc je prends des cours de Te Reo Maori.

Comme tu le sais déjà, les Maoris sont le peuple autochtone de la Nouvelle-Zélande – arrivés sur place depuis les îles Polynésiennes vers le milieu du Moyen Age.

Les Maoris ont leur propre langue, le Te Reo, qu’ils ont amené avec eux de Polynésie et qui a muté à travers les siècles pour devenir une langue spécifique à la Nouvelle-Zélande. (Même si elle garde beaucoup de similarités avec les langues autochtones de Hawaii ou Tahiti, par exemple.) Le Te Reo était une langue entièrement orale jusqu’à l’arrivée des Européens – ce sont eux qui l’ont codifiée et posée par écrit en utilisant l’alphabet latin.

Y’a eu pas mal d’efforts de la part du gouvernement pour développer l’usage de l’anglais comme la seule langue nationale, et c’est seulement il y a quelques années qu’il a rétropédalé en mode «Nan mais c’est super le Te Reo, oh là là, cet héritage culturel trop génial, faudrait surtout pas qu’il se perde», ah ouais c’est facile la prise de conscience une fois qu’on est bien sûrs qu’il y a plus que trois pékins dans tout le pays qui parlent encore la langue, BIEN JOUÉ JOSÉ.

(Ça me rappelle furieusement les tentatives désespérées du Conseil Régional pour sauver l’Alsacien.)

(À ceci près qu’au moins, en Nouvelle-Zélande, le gouvernement national apporte quand même son aide – un peu tard, certes, mais au moins il fait des efforts.)

(Tandis que chez nous, le gouvernement français a quand même fait un texte de loi exprès pour nous dire qu’on pouvait se carrer notre dialecte au cul.)

(« Oui les langues régionales c’est bien, mais on soutient que les dialectes du français, donc si vous êtes pas Bretons ou Basques vous pouvez toujours pleurer, eh ouais fallait pas pactiser avec l’ennemi, hop allez vous rouler dans votre caca bande de sales boches. »)

Bref, le gouvernement essaye maintenant tant que faire se peut d’inverser la tendance, en mettant par exemple en place des cours de Maori dans toutes les écoles primaires, mais ça marche moyen moyen parce que, pour les Maoris, c’est la langue des vieux (liée au passé et aux traditions, donc pas hyper attractive), et pour les Pakeha (Néo-Zélandais blancs) c’est tellement un truc dont ils ont rien à foutre qu’ils essayent même pas de s’en cacher.

(Les associations de parents d’élèves pétitionnent d’ailleurs régulièrement le Parlement pour leur demander de retirer le Te Reo du programme scolaire – et même pas pour le remplacer par une autre langue, non, juste parce que ça les fait chier d’apprendre n’importe quelle langue et qu’ils estiment que leurs enfants devraient passer leur temps à faire des choses utiles, comme jouer au cricket.)

(LOLILOL)

Mais en tout cas, moi, ça m’intéressait vachement d’apprendre le Te Reo. Et grâce au financement apporté par le gouvernement, j’ai pu m’inscrire gratuitement dans un cours du soir pour débutants à l’Université d’Auckland.

(Ce qui est quand même pas rien, parce que les cours à l’université coûtent normalement entre un bras et un rein.)

(Par exemple, si j’avais voulu m’inscrire à un cours d’espagnol pour débutants, j’aurais dû débourser DEUX MILLE DOLLARS pour quatre heures de cours par semaine pendant deux semestres.)

Bref bref.

J’étais bien contente, et je suis allée à mon premier cours assez confiante, en me disant : « Ouais c’est sûr que ça va être un peu chaud au niveau du vocabulaire parce qu’il y a pas de racines communes, mais obligé la grammaire va être super facile. »

En plus, comme je suis là depuis trois ans, j’ai déjà appris quelques mots à droite et à gauche, vu que certains mots et expressions en Te Reo sont utilisés dans la vie courante – comme ‘Haere mai’ et ‘Haere ra’ (Bienvenue et au revoir) (qu’on voit beaucoup écrits sur les panneaux le long des routes), ‘Kia Ora’ (bonjour), ‘kumara’ (patate douce), ou encore ‘hoki’ (un type de poisson dont je ne connais pas l’équivalent en français – mais c’est très bon en friture).

Bref, je me disais que ça allait être globalement pas trop difficile.

Et globalement, on peut aussi dire que je suis une grosse nouille.

Parce que le Te Reo, c’est CHAUD.

D’accord, au niveau de la grammaire, j’avais raison, les mecs se prennent clairement pas la tête – par exemple, pour mettre des mots au pluriel, on ajoute juste un accent sur la première voyelle qui passe et hop, emballé c’est pesé.

(Bonheur total.)

(Surtout après avoir passé dix ans en cours d’allemand à devoir se farcir des déclinaisons dans tous les sens.)

Mais au niveau du vocabulaire, c’est chaud pour trois raisons :

1. Toute la langue maorie est composée de, genre, quatre syllabes.

(Comme la langue des Shadoks.)

J’ai dit plus haut que l’alphabet latin est utilisé pour retranscrire le maori, mais on n’utilise en fait que 15 lettres (10 consonnes et 5 voyelles). Du coup, pour des gens comme moi (dont la langue maternelle comporte une grande variété de syllabes), c’est super difficile de retenir les mots maoris, parce que dans mon oreille, ils se ressemblent tous.

2. Pour la première fois de ma vie, j’étudie une langue qui a zéro racines communes avec le français. 

Et j’ai eu beau rager sur les cas allemands, pleurer ma race sur les verbes de mouvement russes, m’arracher les cheveux sur le locatif polonais, prier Satan devant les déclinaisons latines, et hurler dans un oreiller face à l’imparfait du subjonctif espagnol, il n’en reste pas moins qu’au niveau du vocabulaire, y’avait toujours quelque part où on pouvait se raccrocher.

- Madame, comment on dit « sœur » en allemand ?
- Schwester.

(Super !)

- Monsieur, comment on dit « sœur » en russe ?
- Sestra.

(Fastoche !)

Alors que là :

- Monsieur, comment on dit « sœur » en maori ?
- Alors ça dépend : si le sujet est une femme, alors « sœur » se dira ‘Tuakana’ si c’est une grande sœur, et ‘Teina’ si c’est une petite sœur. Si le sujet est un homme, alors « sœur » se dira ‘Tuahine’. Mais faites attention avec ‘Tuakana’, parce que le mot peut aussi designer un grand frère, si le sujet est un homme. Des questions ?


(Non, tout semble clair)

3. Comme tu peux le voir avec l’exemple sus-cité, la langue maorie reflète directement sa culture – jusqu’ici, rien de choquant. Mais comme c’est une culture qui opère avec des conventions radicalement différentes des nôtres, ça demande un gros effort de se plier aux codes du langage.

Un exemple flagrant, c’est la structure sociale chez les Maoris.

Un des premiers trucs qu’on a appris en cours, c’est se présenter, dire d’où on vient, parler de sa famille, bref : les grands classiques dans tous les cours de langues pour débutants.

Sauf que, chez les Maoris, la famille, c’est le centre de tout.

(Tu me diras « En Europe aussi », mais non. Mec. T’as rien vu. Je t’assure.)

En effet, tout Maori qui se respecte doit être capable de décliner son whakapapa (arbre généalogique) quand il se présente à d’autres Maoris. C’est une procédure très codifiée et très importante. Et le whakapapa, c’est pas une mince affaire, parce que non seulement on doit être capable de nommer ses ancêtres directs (parents, grands-parents, etc.) mais aussi les ancêtres fondateurs de sa tribu, les lieux où leurs os sont enterrés, et jusqu’au nom de la pirogue qu’ils ont empruntée il y a des centaines d’années pour se rendre en Nouvelle-Zélande.

Et comme, en plus de ça, la société maorie est très hiérarchisée, on utilise des termes très différents des nôtres pour désigner les membres de sa famille – pour reprendre l’exemple des frères et sœurs, tu auras compris qu’on utilise des mots différents selon l’âge et le sexe des personnes, et leur ordre hiérarchique (les aînés sont les plus importants). Ça veut dire qu’au lieu de dire «C’est mon frère», on dira en fait «C’est mon aîné et supérieur hiérarchique du même sexe que moi», littéralement.

Par contre, pour d’autres aspects, c’est vachement plus simple que chez nous, cf. le mot ‘matua’ qui peut désigner un père ou un oncle, ou encore le mot ‘cousin’ qui…n’existe pas.

- Monsieur, dans la liste que vous nous avez donnée, il n’y a pas le mot ‘cousin’.
- C’est parce qu’on n’a pas de cousins chez les Maoris, e hoa.
- Okay, ça m’aide archi pas.

En fait, comme le whanau (famille étendue) Maori vit traditionnellement ensemble, et que les enfants grandissent tous sous le même toit, il n’y a pas de distinction entre les frères/sœurs et les cousins/cousines – on utilise le même terme de parenté pour les deux.

(Ce qui explique aussi la tendance des Maoris et Polynésiens à appeler tout le monde ‘Bro’.)

Du coup, je me dis que les enfants qui apprennent le maori en premier doivent galérer quand ils passent à l’anglais :

- C’est quoi un cousin ?
- Ben, c’est le fils de ton oncle.
- C’est quoi un oncle ?

(Imagine l’ampleur du traumatisme culturel.)

(Quinze ans de psychanalyse, direct.)

Un autre truc marrant avec le Te Reo, c’est que c’est une langue agglomérante (un procédé que tu connais bien si tu parles allemand). C’est-à-dire que, quand on a besoin de nouveaux mots, plutôt que d’en inventer de toutes pièces, on va prendre deux termes qui existent déjà et les coller ensemble.

Et d’un côté, c’est super pratique pour mémoriser les mots, parce que ça découle d’un procédé bien logique (par exemple, « avion » en maori se dit ‘wakarere’, de ‘waka’ = pirogue et ‘rere’ = voler) et parfois même fichtrement poétique (par exemple, « bleu » se dit ‘kikorangi’, de ‘kiko’ = chair et ‘rangi’ = ciel, soit littéralement ‘la chair du ciel’) (c’est le paradis des figures de style, cette langue).

Mais d’un autre côté, on dirait bien que les Maoris ont du mal à s’arrêter avec les mots agglomérés – résultat, on se retrouve avec des noms (particulièrement des noms de lieux) qui demandent cinq minutes pour les prononcer en entier.

Et c’est à peine exagéré.

Parce que tu te rappelles peut-être du plus long mot de la langue allemande, Rindfleisch­etikettierungs­überwachungs­aufgaben­übertragungs­gesetz, qui fait 63 lettres.

(C’est sûr qu’on fait pâle figure avec « Anticonstitutionnellement ».)

Mais les Maoris, c’est carrément un autre terrain de jeu. Et j’en veux pour preuve le plus long mot en Te Reo, qui fait QUATRE-VINGT-CINQ LETTRES, et qui est une jolie petite colline au sud de Hawke’s Bay, nommée

Taumatawhakatangi­hangakoauauotamatea­turipukakapikimaunga­horonukupokaiwhen­uakitanatahu


(Respect éternel sur cette madame météo.)

Ce qui veut dire « Le sommet où Tamatea, l’homme aux gros genoux, celui qui grimpait et dévalait les montagnes, celui qui avalait le terrain et qui voyageait partout, a joué de la flûte à son être aimé ».

 (Tamatea était l’un des ancêtres fondateur de la tribu des Ngati Kere, et « l’être aimé » en question fait référence à son frère, qui avait été tué lors d’une bataille avec une tribu rivale. Tamatea, selon la légende, a joué de la flûte sur les lieux de la bataille tous les matins, en mémoire de son frère défunt.)

Et, si tu te promènes un peu en Nouvelle-Zélande, tu verras que beaucoup de lieux sont nommés d’après certains éléments-clés de la vie de chefs Maoris ; c’était une manière d’honorer d’illustres ancêtres (surtout si on nommait des montagnes en leur honneur, parce que les montagnes, c’est genre encore plus sacré que tout ce qui est sacré) et en plus, ça permettait à une tribu d’asseoir leur légitimité sur un terrain : vu qu’ils avaient pas de langue écrite, ils pouvaient s’en servir comme d’un titre de propriété, genre «Essaye pas de me la faire à l’envers Roger, ce terrain est dans ma famille depuis des générations ! La preuve, on l’appelle ‘L’endroit où mamie Charlotte est tombée dans le ravin en essayant d’éviter un joggeur’.»

Bref, faut que je m’arrête parce que je suis hyper enthousiasmée par toutes ces histoires et je pourrais en parler pendant des millénaires – on peut donc ajouter le Te Reo sur la liste de mes passions beaucoup trop débordantes.

(Pour ceux qui tiennent les comptes, ça fait donc dix raisons pour lesquelles personne ne veut me parler en soirée.)

(Les autres sujets à ne pas aborder en ma présence sous peine d’être inondé d’anecdotes étant : le Seigneur des Anneaux, la culture Viking, la saga du Trône de Fer, la mythologie comparée, la toponymie, Skyrim, la série ‘Firefly’ et son annulation scandaleuse, la représentation des femmes au cinéma et à la télé, et les origines des noms de famille en Europe.)

(Les noms tirés d’attributs physiques ou de métiers me fascinent tout particulièrement.)

(Pourquoi tant de monde en Europe s’appelle Smith, Schmidt, Kovač, Kuznetsov ou Kowalski ? Y’a que les forgerons qui arrivaient à maintenir leurs mômes en vie, ou c’est quoi le deal ?)

Bref, je me tais.

(Mais si quelqu’un a la réponse, je suis preneuse.)

(Si tu veux, on s’échangera des e-mails fougueux sur les structures sociales au Moyen Age.)

(Onomastique 4EVA.)

En conclusion : je fais du Te Reo, et c’est super cool– même si personne ne semble partager mon enthousiaste pour ma nouvelle vocation, cf. les réactions de mes collègues :


(« Mais… Personne ne s’attend à ce que tu saches parler Te Reo ! On t’oblige même pas ! »)

Et la réaction de Sarah :


(« Je savais déjà que t’avais un grain, mais là c’est n’importe quoi »)

Flaxou, lui, n’est pas surpris (il est bien placé pour savoir à quel point j’étais A DONF, étant le récepteur numéro un de toutes mes passions beaucoup trop débordantes), même s’il a encore du chemin à faire :

- On a des trucs de prévu ce week-end ?
- Non, faut que je révise mon Te Reo, j’ai une interro la semaine prochaine.
- Mais tu t’en fous des interros, non ?
- Ben non Flaxou, c’est un tiers de la note finale !
- Mais j’veux dire, tu t’en fous de toutes les notes, c'est un cours pour le fun. T'as qu'à rendre une copie blanche.
- …
- Pourquoi tu fais le regard de quand je confonds les Beatles et les Rolling Stones ?

Alors, qu’on soit clairs : s’il existe quelque part un monde dans lequel « on s’en fout des notes », c’est un monde dans lequel je refuse de vivre.


(Monica Geller est mon animal spirituel.)

Flaxou il est bien mignon, mais il m’a pas connu sur les bancs de l’école, et ça se voit.

(Un fois, j’ai rappelé à une prof qu’elle avait oublié de nous donner des devoirs.)

(Après on s’étonne que j’avais pas d’amis.)

En conclusion de la conclusion : j’ai ajouté « Te Reo niveau débutant » sur mon CV et ça pète la classe.

Et maintenant je comprends des bouts du haka au début des matchs de rugby.

(Qui a dit que c’était une compétence inutile ?)


Petit sondage de fin d’article : et toi, avec quelle passion beaucoup trop débordante saoules-tu tout ton entourage ?

(Si tu te dis « ah ben non j’en ai pas », c’est que ton entourage est plein de faux culs.)

Un long week-end à Whangarei

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Et donc je suis partie en week-end dans le Nord.

(Si t’as l’impression que je fais rien dans la vie à part partir en week-end, c’est… plutôt correct.)

(Je change de job la semaine prochaine alors j’ai plus rien à faire à l’ancien boulot, et c’est les derniers beaux jours avant nos cinq mois de pluie annuels, alors je fais le plein de soleil avant d’oublier à quoi il ressemble.)

(Note pour la moi du futur qui lirait éventuellement cet article en pleine déprime hivernale : le soleil est une grosse boule de lumière qui répand la chaleur, la joie, et le cancer.)

Bref.

Donc l’idée était d’aller passer le week-end de Pâques (alias le dernier week-end de l’été) dans le Nord (où il fait chaud), histoire d’emmagasiner assez de vitamine D pour nous faire tenir les mois d’hiver de Mai à Septembre (ou ce que j’appelle « la saison des pluies »).

Et donc, très naturellement, il a fait un temps radieux, et on a passé tout le week-end sous l’eau ou sous terre.


Enfin, presque : j’ai quand même eu le temps de faire une belle balade en solitaire le long de la côte Est, pendant que Flaxou et nos autres amis taquinaient le mérou à la réserve marine de Poor Knights Islands (évidemment, je n’étais pas de la partie) (tu crois que je vais me faire couler volontairement à quarante mètres de fond au milieu du Pacifique ?) (en plus dans un endroit où y’a plein de requins ?) (laisse tomber, je suis pas Indiana Jones).

Donc non seulement j’ai pu prendre le soleil quelques heures et découvrir un joli coin de la côte, tout en collines champêtres et falaises sauvages :





Mais j’en ai aussi profité pour poser mon cul sur une plage et lire un bouquin, chose que je n’avais plus faite depuis que j’ai arrêté d’aller en vacances avec mes parents.


(Avant, c’était tout ce que je faisais en vacances, parce que l’idée des vacances selon ma mère, c’est de se poser à la plage H24 pendant quinze jours.)

(Maintenant que c’est moi qui décide, je fais des vacances où on explore le bush et où on tombe dans des ravins, donc j’ai plus trop l’occasion de glander en slip au bord de la mer.)

Et j’avoue que ça m’a bien plu de me faire trois heures de marathon lecture (J’ai enfin eu le courage de commencer le pavé qu’est 11/22/63) (Stephen King et John Kennedy dans le même bouquin, que demande le peuple ?) (Bon là j’ai lu 200 pages et l’intrigue sur JFK n’a même pas commencé, mais je respecte les gens qui prennent leur temps.) (Fais-toi plaiz, Stephen, case tes références à « ça » et « Shining » dans tous les coins, moi je prends ce qu’on me donne.)

Par contre, trois heures c’est bien, mais au-delà, on se fait un peu chier quand même, le cul dans le sable.

(Vis ma vie avec mes problèmes insoutenables.)



(« Haaan, on s’ennuie sur cette plage déserte et paradisiaque ! Le sable est trop blanc et l’eau trop cristalline ! »)


Bref.

Flaxou s’est aussi frotté aux vagues bleues du Pacifique (ont gommé sur le sable la trace de nos paaas) (pardon) (3615 feuilletons de ta mamie), même si c’est pas trop le même délire que quand on est dans les petites criques toutes calmes, et un peu plus genre CRAINS LE COURROUX DE POSEIDON :


Moi j’ai vu une méduse échouée sur la plage, laisse tomber, j’ai même pas mis un orteil dans l’eau.



(Sauf quand les vagues venaient me happer les pieds subrepticement.)



Et puis évidemment, on s’est baignés sous une cascade, parce que toi-même tu sais que si tu t’es pas baigné au moins une fois sous une cascade, t’as raté ton été en Nouvelle-Zélande.


(En plus là y’avait une mini-grotte cachée derrière la cascade, c’était couvert de mousse et de lucioles et c’était le truc le plus magique du monde.)

(Mais j’ai pas de photos parce que mon appareil photo est pas étanche, alors il faudra que tu viennes voir ça par toi-même.)

Bref bref.

Je disais donc qu’à part ces brèves incursions dans le monde du dehors, on a passé le reste du temps sous terre, à explorer les grottes et cavernes qui émaillent la région de Whangarei.

(C’était un peu comme Minecraft IRL, mais avec moins de zombies.)

Et quand je dis « explorer », crois-moi que c’est pas une hyperbole, parce que le style « grottes pour touristes » à la Waitomo, c’est pas trop le délire par ici.

Ici c’est le Nord.

Ici les gens ont l’eau courante depuis genre avant-hier, alors tu peux me croire quand je te dis que c’est pas des petites natures.

Du coup, ils font fi de tous ces trucs de bourgeois comme les visites guidées, les escaliers, ou les rampes.

Non, ici, on marche jusqu’à un trou au milieu du bush et on tombe sur un panneau du DOC qui dit peu ou prou :

« Salut les touristes ! L’entrée de la grotte c’est par là dans le trou béant, j’espère que vous avez une torche parce que c’est bien dark comme il faut là-dedans. Faites gaffe aux rochers pointus, aux cailloux glissants, et aux gobelins qui se terrent dans les profondeurs. Allez bonne chance, on croise les doigts pour vous ! Bisous bisous ! Le Departement de la Conservation. »

Après ça, tu te démerdes, et si tu te viandes quelque part, c’est pour ta pomme.



(Mais rien n'arrête Flaxou l'homme des cavernes.)



Bon, là, on était partis à plusieurs, donc le risque de se faire 127-heuriser était quasi nul (il aurait fallu qu’on se casse tous les quatre une jambe en même temps, c’aurait quand même été épique sur l’échelle du pas de bol).

Perso je craignais plus un scenario à la The Descent (surtout qu’on est techniquement dans le pays des gobelins et de Gollum) (ça aurait fait ton sur ton) mais bon, les grottes étaient relativement petites et pas trop caverneuses, donc c’était pas de la spéléo pure et dure.

(En plus y’avaient des touristes Français dans tous les coins, qui se raboulaient toutes les quinze minutes en criant EH ROGER C’EST SYMPA LES ‘TITES LOUPIOTES LA HEIN, donc pour l’ambiance glauque, on était bien protégés de ce côté-là.)

De toute manière, je vois pas pourquoi j’avais peur que ce soit flippant dans les grottes, parce que toi-même tu sais qu’on est au pays des Bisounours, et donc, bien entendu, même les gouffres noirs et caverneux sous terre sont SUPER CHOUPI, rapport au fait qu’il y a des glowworms (vers luisants) absolument partout sur les parois, donc on est carrément dans une vibe « caverne enchantée de RPG médiéval fantasy ».

(Genre l’endroit où tu vas trouver des licornes magiques plutôt que des trolls velus.)

On a donc passé quelques heures les pieds dans les rivières souterraines, à admirer les voûtes piquetées de glowworms et les stalactites, et c'était fort divertissant.




Quand soudain.

On est arrivés à un couloir rempli d’eau assez profonde, qui montait jusqu’à la taille pour les gens normaux (jusqu’à la poitrine pour moi) (paye ton mètre cinquante-sept).

Du coup, comme l’eau faisait dans les 15 degrés et qu’on était venus absolument pas équipés, j’ai dit nan c’est bon, j’ai moyennement envie de mourir congelée dans l’immédiat, donc je vais vous attendre ici avec mes potos les vers luisants.

Ma copine Sarah qui est frileuse est restée aussi, et nos mecs sont partis à l’aventure.

(J’avoue, je ne suis pas très fière de cette image genrée.)

(Genre les mecs c’est les aventuriers et les meufs restent posées au chaud à se tresser les cheveux.)

(Mais elle était vraiment froide cette eau, j’aurais bien voulu t’y voir.)

Bref, au bout d’un moment, on entend des gens qui reviennent dans le tunnel, et y’a deux Kiwis qui nous croisent en disant :

- Vous comptez aller dans le couloir d’eau, là ?
- Non.
- Tant mieux, parce que c’est plein d’anguilles et elles sont assez agressives.


- Comment ça « agressives » ?
- Ben, y’en a une qui a mordu Shane, quoi.

Et ledit Shane de pavaner fièrement un mollet ensanglanté sous nos yeux ébahis, en nous disant :

- Je suis très content, je m’étais jamais fait mordre par une anguille avant !

(Ce pays, non mais sérieusement.)

(Il faut vous calmer avec toute cette joie de vivre, ça devient pénible pour les autres.)

(Allez regarder la Liste de Schindler, je sais pas moi.)

Du coup, on était légèrement paniquées à l’idée de retourner à la surface en pataugeant dans une rivière pleine d’anguilles bien VNR, mais comme dans la vraie vie on n’a pas de Corde Sortie, il a bien fallu s’y coller.

J’ai donc longuement hésité entre l’option « Je fixe le plafond en permanence » ou « Je scrute chaque recoin de la rivière ». Comme on devait passer dans l’eau de toute manière, je me suis dit que j’allais tenter l’option 1 histoire de pas flipper inutilement, mais au bout de trois minutes j’ai senti un truc frôler ma jambe dans le noir, donc évidemment, je suis passée cash à l’option 2.

Au final, on est sortis des grottes indemnes.

(Peut-être que les overlords anguilles avaient été apaisés par le sacrifice du mollet de Shane.)

Bref, c'était un chouette week-end.


(Maintenant, on est parés pour la saison des pluies.)

(En plus y'a Game of Thrones qui recommence bientôt ET les soldes Steam dans pas longtemps, tout tombe pile en place.)

Allez, bonne nuit les p'tits loups – bisous ensoleillés! (tant que ça dure)

Rona et la lune – une légende maorie

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Coucou les p'tits loups!

On va parler mythologie aujourd’hui sur le blog, et on va s’intéresser à la légende maorie de Rona et de Marama (la lune).

Il existe plein de légendes polynésiennes sur la lune, les étoiles et le soleil. Les Polynésiens (et les Maoris en particulier) étaient d’excellents navigateurs, et utilisaient les astres pour s’orienter, et comme en plus ils utilisaient aussi le soleil et la lune pour distinguer les heures et les jours, ils passaient au final pas mal de temps à regarder le ciel. Du coup, forcément, ils se posaient des questions sur certains phénomènes naturels, et, comme tous les peuples antiques, ils ont inventé des légendes pour expliquer ces phénomènes.

Une petite note culturelle ici : contrairement à notre civilisation latine, où la lune est un être féminin, dans la mythologie maorie, la lune, comme le soleil, est un astre masculin, mais sa représentation se fait parfois sous les traits d’un homme, et parfois d’une femme, parce que voilà, y’avait plusieurs tribus et pas de langage écrit, donc forcément, y’a des variations.

(Et apparemment, les avis divergeaient selon les tribus : d’aucuns étaient de l’avis que, comme le cycle croissant et décroissant de la lune ressemblait à celui de la femme enceinte, alors Marama était forcément un astre féminin. D’autres rétorquaient que, vu l’action de la lune sur le cycle menstruel de la femme, la lune ne pouvait être qu’un homme pour infliger tant de douleur et faire couler autant de sang.)

(Deux très bons arguments.)

Bref, dans cette légende, Marama (la lune) a des traits masculins, et il kidnappe des meufs, oklm.

Mais commençons par le commencement.

Rona et son mari, Tamanui-te-rā, ne s’entendaient pas. Ils avaient eu un mariage arrangé, comme c’était courant à l’époque pour sécuriser certaines lignées importantes ou renforcer les alliances entre tribus. (Tout pareil qu’en Europe à la même période.)

Bref, Rona et Tamanui-te-rā se foutaient sur la gueule en permanence et se prenaient constamment la tête sur à qui c’était le tour d’aller chasser, pêcher, chercher de l’eau à la rivière, entretenir le feu, vider le lave-vaisselle, tout ça.

Tout le village était saoulé par leurs engueulades, et franchement je les comprends, parce que j’imagine que ça n’aidait pas niveau isolation sonore qu’ils vivaient tous dans des cabanes en feuilles.

(Ce serait un peu comme de vivre au camping toute l’année.)

(Une certaine idée de l’enfer.)

Bref, un soir, Rona et son mari se mettent à se disputer pour savoir qui ira remplir les tahā (des genres de gourdes en bois) à la rivière. 



Ils ont passé la journée entière à se prendre le chou sur d’autres trucs, et c’est seulement à l’heure du coucher que Rona, qui a soif, s’aperçoit que les tahā sont vides. Elle demande à Tamanui-te-rā d’aller chercher de l’eau, mais il lui tourne le dos et fait semblant de dormir pour échapper à la corvée.

(Une technique ancestrale passée d’homme en homme à travers les âges.)

Du coup, Rona sort du whare (la maison) toute seule et se met en route, les tahā en main, en grommelant tout au long du chemin qu’elle doit toujours tout faire soi-même et que c’est tout de même bien sa veine d’avoir épousé un incapable pareil.

(Une incantation ancestrale passée de femme en femme à travers les âges.)

Quand soudain, un nuage passe devant la lune, et Rona se retrouve plongée dans le noir. Avançant à tâtons, elle trébuche sur la racine d’un ngaio, un petit arbre qui pousse sur les côtes néo-zélandaises (et dont les Maoris utilisaient le jus des feuilles pour repousser les moustiques) 



(Ca n’a rien à voir avec l’histoire, mais c’est toujours bon à savoir).

L’eau des tahā se retrouve éparpillée sur le sol, et Rona, pleine de rage, se met à hurler des injures à la lune.

(La meuf elle est vraiment vénère contre le monde entier.)

La lune répond alors à Rona :

- Meuf, tu ferais mieux de te la fermer tout de suite, sinon il va t’arriver des bricoles.

Mais Rona n’est pas le moins du monde perturbée par le fait que LA LUNE VIENNE DE LUI PARLER, et continue à lui gueuler dessus.

(Il faut de tout pour faire un monde.)

(Y’en a c’est des gens normaux et pas suicidaires, et y’en a qui choisissent d’insulter des divinités.)

Du coup, Marama commence à se fâcher, parce que c’est quand même un astre céleste et il a pas l’habitude qu’on le traite comme de la merde. Du coup, hop, il fait léviter Rona et ses calebasses façon faisceau tracteur dans Star Trek, et il la kidnappe.

Rona commence enfin à flipper légèrement, et se raccroche aux branches du ngaio pour ne pas être emportée. Mais les racines de l’arbre cèdent, et Rona, ses tahā et son arbre sont tous envoyés vers la lune, où on les voit encore aujourd’hui :



(Perso, moi je vois un lapin, mais chacun son délire, hein.)

(Ah, et pour ceux qui se demandaient pourquoi la lune était de travers sur cette photo: c'est comme ça qu'on la voit de Nouvelle-Zélande.)

(La tête en bas, tout ça.)

Bref, assez incroyablement, l’histoire finit bien.

Au début, Rona est passablement vénère d’être prisonnière sur la lune (logique) et engueule Marama de puis belle. Mais au lieu de répondre à ses insultes, il la traite avec respect et gentillesse, si bien qu’elle finit par ne plus avoir de raison de se plaindre.

(Heu ouais enfin « plus de raison », c’est pas comme si t’avais été KIDNAPPÉE quoi.)

(Le Syndrome de Stockholm, le meilleur ami des romances impossibles.)

Rona raconte à Marama ses déboires sur terre et son mariage raté. Marama lui propose alors de rester sur place et d’être sa femme, et elle accepte.

(Ça devait vraiment être un horrible mariage, pour que tu te dises que LA LUNE est un meilleur cadre de vie.)

En cadeau de mariage, Marama offre à Rona un korowai, un vêtement traditionnel sacré chez les Maoris. (Images ici, et .)Le korowai était un héritage de son arrière-grand-mère, orné d’étoiles, et tissé d’incantations magiques. Grâce au korowai, Rona devient la maîtresse des marées, emplissant ou déversant l’eau de ses tahā dans la mer.

Et Tamanui-te-rā, dans tout ça ? Eh bien, il cherche d’abord Rona partout dans le village, puis se dit qu’elle est retournée dans la tribu de ses parents. Il voyage plusieurs semaines jusqu’au village voisin, déterminé à s’excuser et à être un meilleur mari. Une fois arrivé, aucune trace de Rona, mais, le soir venu, alors qu’il explique la situation à ses beaux-parents, leur regard est attiré par la pleine lune, et ils voient Rona, vêtue de son korowai, qui leur sourit du haut des cieux.

Tamanui-te-rā est triste, mais soulagé de savoir que Rona est heureuse, et quelque temps plus tard, il se remarie, apprend à partager les responsabilités, et devient un excellent mari.

Et en fait, c’est pas tant la légende que je trouve intéressante, mais plutôt ce qu’elle nous enseigne. Parce que c’est pas super clair.

La première fois que j’ai entendu cette légende, je pensais que c’était une morale classique, à base de « Soyons respectueux des dieux », mais finalement, Rona a injurié une divinité, et ça l’a rendue non seulement plus heureuse que jamais, mais en plus ça l’a inscrite au panthéon cosmique, alors niveau châtiment divin, c’est bien sympa, je trouve.

(C’est pas chez les anciens Grecs qu’on aurait ce genre de laisser-aller.)

(Chez eux, tu te faisais MINIMUM dévorer le foie par un aigle.)

On pourrait aussi penser que la morale de l’histoire, c’est qu’il faut faire des efforts pour faire marcher un mariage, mais au final, Rona et Tamanui-te-rā, de toute évidence, ils étaient plus heureux séparés qu’ensemble.

Du coup, le divorce, c’est… normal ?

(C’est pas dans les légendes médiévales françaises qu’on serait laxistes comme ça.)

(À la même époque, on était plus ambiance « Rivières de flammes et damnation éternelle ».)

Finalement, le conte de Rona, ça ressemble plus au genre d’allégories que te sortirait un psy pendant une thérapie de couple.

(Enfin, un psy qui prendrait du LSD, quand même.)

(« L’essence du couple, c’est la communication. Si vous vous trouvez toujours en train de vous disputer, faites une pause ! Allez vivre sur la lune avec un arbre !»)

Donc voilà, c'était l'histoire de Rona et de la lune.


A bientôt pour des articles qui ne parlent pas de langue ou de culture Maorie.

(Promis, je vais essayer de me retenir.)

(Même si c'est difficile parce que c'est la langue la plus lexicalement inventive du monde.)

(Cette semaine, j'ai appris que "radio" se disait "te reo irirangi", de "te reo" = la voix, le langage et "irirangi" = le son que font les esprits depuis l'au-delà et qui se réverbère dans le monde des vivants.)

(Donc la radio se dit littéralement "la voix des esprits".)

(C'est tellement COOL.)

(Pardon, j'arrête.)

(Allez, bisous.)

(Ou comme on dit en maori : kihi.)

(Bon okay, maintenant j'arrête.)

Brève de boulot

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Salut mon p'tit poulet.

Désolée de mon absence sur le blog ces derniers temps, mais je viens de commencer un nouveau boulot, et c'était pas de tout repos.

Contrairement à mon ancien boulot, qui était chiant comme la pluie.

(Du coup, à force, on s'habitue à rien branler.)

C'était d'ailleurs la raison principale de ma démission – ça et le fait qu'on était que quatre dans toute la boîte, que tout le monde à part moi avait plus de 60 ans, et que la collègue avec qui je partageais mon bureau était INFERNALE.

Un adjectif bien ironique quand on sait que la température du bureau était constamment à seize degrés.

(SEIZE DEGRÉS.)

(On peut mourir à cette température, j'te signale.)

Et que toute tentative de modification du thermostat était formellement interdite, parce que c'était elle qui avait la télécommande et qu'elle était rangée dans SON tiroir de SON bureau et qu'il fallait pas y toucher parce que c'était très compliqué à opérer et qu'on risquait d'endommager l'appareil irrémédiablement, peut-être même que si on effleurait le mauvais bouton il allait exploser et on allait tous mourir.



(Tutafé.)


Non contente de ce justifier avec ce TORRENT DE CACA en guise d'explication, la meuf était tellement psycho-rigide qu'elle ne m'autorisait même pas à changer la température quand elle n'était pas dans le bureau – pour te dire jusqu'où ça allait.

(Avec la justification que: "On n'a pas le droit de couper la clim, c'est le gérant de l'immeuble, il a dit: l'air doit circuler en permanence, et si on coupe le climatiseur ça empêche l'air de circuler dans tous les bureaux.")

(Mais WHAT.)

(Mais dis-le tout de suite que t'es une malade mentale, ce sera moins flag.)

Autant te dire que c'était l'ambiance de folie au bureau:

- Oh! La clim est tombée en panne?

- Non, c'est moi, je l'ai coupée.
- MAIS!!!! Je t'ai dit y'a trois jours qu'il ne fallait pas toucher au thermostat!
- Ouais je sais, mais je m'en fous.


(C'est peut-être pas un comportement très mature, mais des fois, ça fait du bien d'entrer en mode KESTUVA FAIRE)

(Et puis merde, il fait 27 degrés dehors, donc tu m'excuseras si je me sens pas trop d'humeur à enfiler des moufles.)

Bref.

Tu comprends donc que j'avais pas trop la larme à l’œil en quittant mon job (qui était bien, mais répétitif), mes collègues (qui étaient sympa, mais ennuyeux) et ma coloc-de-bureau (qui était BELZÉBUTH).

Oui non parce que je t'ai pas dit, mais la meuf était aussi ULTRA RACISTE, genre elle a quand même sorti DEVANT MA GUEULE qu’il y avait trop d’étrangers en Nouvelle-Zélande. 

(3615 malaise, oui bonjour, qu'est-ce que s'up?)

Et quand je lui ai fait la remarque que c’était pas super cool de dire des trucs comme ça devant une étrangère, elle a répliqué :

- Non non, mais je parle pas de gens comme toi ! C’est les Indiens le problème.


(3615 racisme, oui bonjour, on se cache plus du tout.)

Oui, elle était particulièrement raciste des Indiens et des Chinois, qui, selon elle, venaient prendre d’assaut notre beau pays blanc (HEUMHEUMlesMaorisonlesoublie) et nous forcer à manger du curry et du canard laqué.

(Horreur.)

Passons le moment de LOL quand on sait que tous les Indiens et tous les Chinois du pays combinés ne suffisent pas à égaler le numéro un de l'immigration en Nouvelle-Zélande: les Anglais.

(Non mais eux ça va, on les aime bien.)

(Cœur avec les doigts !)

Passons, donc, et je vais vite te rassurer: elle était raciste de tout le monde, en fait.

(Sauf des Anglais, encore une fois.)

Car oui, la vieille peau déblatérait jour après jour des diatribes comme quoi on se faisait envahir de toutes parts par des hordes de migrants (c’est pas comme si on vivait en moyenne à 16 habitants par kilomètre carré, hein) et que quand elle était petite, à Saint-Raciste-sur-Mer, on était bien, mais maintenant y'a genre cinq mille habitants et un restau Thaï, et donc on étouffe.

Alors que franchement, faut arrêter le bullshit deux minutes: même à Auckland, l’endroit le plus peuplé de tout le pays, on part sur une densité de population de 2600 habitants au kilomètre carré, ce qui équivaut à… La Rochelle.

(Donc si t'étouffes, METS LA CLIM! CONNASSE!)

C'est aussi le même être exquis qui m'a un jour sorti entre la poire et le fromage qu'on devrait interdire l'asile politique, parce que, je cite "on est en train de crouler sous le nombre de réfugiés, et la misère du monde c'est pas notre problème".


Alors, passons sur le fait que c'est une déclaration de GROSSE CONNE
, parce qu'à ce stade de toute façon je n'en attendais pas moins de sa part, et attardons-nous plutôt sur le fait que la Nouvelle-Zélande, l'an dernier, a accueilli.... 750 réfugiés.

750.


Ca va, tu suffoques pas trop, Jeanne-Facho? 

C'est pas trop difficile pour ton pays développé de prendre en charge autant de bouches à nourrir?

(Mais bon, faut pas trop en attendre d'elle, elle zappe les infos dès qu’elle n'entend plus le mot «rugby».)

Je terminerai juste ce portrait avec le fait que Jacqueline LePen se plaignait régulièrement à qui voulait l'entendre que c'était impossible de trouver un bon électricien/un bon informaticien/un bon garagiste (rayez la mention inutile) parce que maintenant c'est tous des étrangers qui savent pas faire leur travail et qui volent le pain de la bouche des jeunes Kiwis, alors que MERDE. 

Parce que quand tu dis "les jeunes Kiwis", tu parles de tous ceux qui abandonnent le pays dès qu'ils ont leur diplôme pour se casser en Australie, où les salaires sont plus élevés? Genre, au hasard, hmmm chais pas, LA TOTALITÉ DE TES ENFANTS? 

Alors quand la meuf vient me dire qu’elle est dégoûtée que les immigrés soient là pour faire tourner l’économie que ses propres enfants ont délaissée, j’ai envie de dire BORDEL DE MERDE, FAUT ARRÊTER DE SE FOUTRE DE LA GUEULE DU MONDE DEUX PUTAIN DE MINUTES.


(Pardon, ça fait beaucoup de majuscules.)

(Mais j’ai le seum, frangin.)

Bref bref.

Tu comprendras donc que c'est avec une joie non dissimulée que je me suis fait la malle de chez Marie-Glaciale.

Maintenant je bosse dans l'événementiel avec des jeunes (des JEUNES!), et la vie est un champ de fleurs.

J'ai un bureau à température humaine, et même une vraie salle de pause avec des tables et tout.

(Dans mon ancien job, y'avait juste une pièce vide avec un micro-ondes, donc chacun mangeait assis à son bureau) 

(Ambiance "balle dans l'slip").

Et, surtout, j'ai un patron qui m'a donné des responsabilités d'entrée de jeu, et m'a dit au bout d'une semaine "Bon, ce projet, c'est le tien, si t'as des questions viens me voir, mais pour le reste je te fais confiance, tu fait un super boulot".

(Alors que dans mon ancien job, au bout d'un an, ma patronne ne me faisait toujours pas confiance pour envoyer un email.)

(Un EMAIL.)

(Il fallait que je lui envoie systématiquement un brouillon pour CHAQUE message de com que j'envoyais aux abonnés.)

(3615 micromanagement, oui bonjour on n'arrêtera jamais de vous surveiller, en fait donnez-nous ça, on va le faire nous-mêmes ça ira plus vite.)

Bref, je suis très occupée (trop occupée pour écrire des articles depuis le bureau, si tu veux tout savoir) (oui ben fais pas le choqué, tu crois que j'écrivais dans mon temps libre?) (Tu sais très bien que je joue à Skyrim dans mon temps libre, je peux pas tout faire.)

Je suis très occupée, donc, mais très contente.

(Hier j'ai publié mon tout premier post sur Instagram pour la première fois de toute ma vie, et j'ai eu dix likes en une minute.)

(DIX LIKES!)


(Hashtag je gère les hashtags.)

Tout ça pour dire: je risque de poster un peu moins fréquemment, mais ce n'est pas l'envie qui manque, parce que j'ai très envie de te parler d'un super bouquin que j'ai lu, et de mes cours de Maori, et aussi que Flaxou et moi on va fêter nos dix ans bientôt et sérieux on est trop vieux c'est déprimant, MAIS BON comme maintenant je dois faire ça sur mon temps libre, ça va prendre un peu plus de temps.

D'ici là, je te fais de gros bisous.


(Je vis au pays où serrer la main c'est déjà faire preuve d'une grande familiarité, alors tu m'excuseras, mais il me faut ma dose de bises franchouillardes.)

Bref, bisous sur toi, bisous sur ta mère, bisous sur ton chien. (Et si tu as un chat, petits piaillements de fangirl sur ton chat.)

En attendant, je te laisse avec une photo du petit lapin du parc d'à côté de chez moi.


(Ne me remercie pas.)

Brève de couple

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Et donc ça fait dix ans que je suis avec Professeur Flaxou.

(3615 on est vieux.)

(Quand je dis « on », je veux dire Flaxou et moi, mais je veux aussi dire toi et moi.)

(Tu te rappelles de mon Skyblog ? Bah c’était y’a dix ans.)

(Ah ouais ben je t’avais dit qu’on était vieux.)

Bref.

Dix ans donc depuis l’époque où je clamais à tout venant entre la cour de récré et le couloir de la philo que je voulais un mec bien, même juste un mec passable, et que ma copine Amélie essayait de me caser avec son pote le cassos :

- Mais si tu verras, il est super sympa ! Bon d’accord il est pas très beau, mais il est vachement gentil!
- ….
- En plus il est complètement désespéré parce qu’il a genre vingt-et-un ans et il a jamais eu de copine de toute sa vie.
- ….
- Du coup, t’es sûre qu’il te rejettera pas !

Et voilà, dix ans plus tard, ce cassos c’est mon mari.


(Amélie savait vendre du rêve.)

Et je me dis qu’elle n’avait pas tout à fait tort pour le coup du gars désespéré qui te rejettera pas, parce que je peux être la pire des connasses (je SUIS souvent la pire des connasses), et Flaxou s’en fout.

C’est genre il a trouvé une fille qui voulait coucher avec lui, et dans sa tête il s’est dit, c’est bon, j’ai ce qu’il me fallait, on peut rester ensemble toute la vie maintenant.

Sans déconner, on était en couple depuis deux mois, et le gars il me sortait des trucs ultra engagés au detour d’une conversation, OKLM :

- Tu veux aller au ciné ce soir ? Ils passent le dernier Tarantino, au fait je veux des enfants de toi et aussi hier j’ai ouvert un PEL pour notre future maison, et sinon tu veux du pop-corn ?

(Le malade mental.)

(Comme si j’allais ne PAS vouloir du pop-corn.)

Mais finalement, comme je suis un peu tarée aussi, on va dire qu’on s’est bien trouvés.

(Il fallait quand même du bon matchmaking pour me dégoter le gars qui rigole à mes vannes obscures sur l’univers de Tolkien.)

(« Et là je dis au gars, t'as appelé Ungoliant ou c'est juste les plombs qui ont sauté? Ha ha ! »)

Donc: dix ans.

Dix ans depuis la soirée où je l'ai laissé me toucher les nichons par-dessus le pull (parce que je suis pas une tasse-pé, oh tu m'as prise pour qui?) et qu'ensuite j'ai écrit plein d'articles culculs sur mon skyblog.

(Pour l'instant nostalgie, je te remets l'article qui a suivi immédiatement notre première soirée en couple, et qui a donc dix ans tout pile.)

(Tu excuseras la mièvrerie qui se dégage de ces pages, j'avais 17 ans et j'étais in love avec un grand I et un grand L.)


Ce qui me fait le plus mal en relisant cet article – outre la culculsité évidente du texte – c'est même pas la référence à mes révisions pour le Bac (on était des GAMINS, merde), c'est le passage sur le bar à tapas enfumé.

On s'est rencontrés il y a tellement longtemps QUE C’ÉTAIT ENCORE LEGAL DE FUMER DANS LES BARS.


(Putain.)

Dix ans donc depuis que j'ai rencontré Flaxou.

Et évidemment, la romance des premiers jours (AKA : l’époque où on allait aux toilettes juste pour péter) a laissé place à des moments moins glamour.

C’est-à-dire qu’on est moins dans le délire « Tes yeux sont plus profonds que l’océan » et plus dans le « Dis voir est-ce que le Thaï d’hier t’as rendu malade ? Parce que moi ce matin j’ai fait un de ces cacas, dis donc, c’était comme si je pissais par le cul. »

(3615 poésie.)

De même, après dix ans de vie commune et (bientôt) quatre ans de mariage, on est moins en chien qu’au débutla passion s’est quelque peu estompée.

(C’est difficile de garder le désir brûlant pour quelqu’un quand tu vois cette personne tous les jours.)

(A fortiori quand tu vois cette personne se gratter le slip en mangeant des chips.)

Donc oui, j’admets, on ne fait plus d’efforts. J’ai arrêté de rentrer le ventre en permanence devant lui, de traquer chaque poil indiscret, de masquer chaque odeur corporelle, ou d’étouffer mes rots.

(Maintenant je rote la bouche ouverte, et quand ca fait beaucoup de bruit, il me fait un high-five.)

Et y’a des gens qui trouvent ça triste, quand un couple se laisse aller.

Mais honnêtement, moi je trouve ça GENIAL.

Pour moi, se laisser aller, ca ne veut pas dire qu’on a arrêté de faire des efforts parce qu’on ne tient plus à la personne. Ca veut dire qu’on est assez sûrs de la force de notre relation pour enfin être nous-mêmes.

Parce que je sais que Flaxou m’aimera quand même avec du poil aux pattes et du gras au bide. Je sais qu’il me préfère sans maquillage, et qu’il s’en fout si je porte un string en dentelle ou mes vieilles culottes Petit Bateau sans élastique parce que de toute façon il cherche juste à les enlever. Je sais qu’il s’en fiche complètement si mes cheveux sont gras, ou si j’ai un bouton sur le menton, ou si je pue d'la fouffe parce que j’ai mariné toute la journée dans mes collants gainants.

De même que moi, je m’en fous s’il perd ses cheveux, qu'il a une haleine de chacal rance, ou qu’il a oublié de tailler ses dessous de bras pendant trois mois et ça fait comme une forêt de poils qui dépassent des manches de son T-Shirt. J’ai quand même envie de faire des cochonneries sur son corps velu.

(C’est ça l’amour, ma couille.)

Au final, je pense que c’est pas important si on a l’air de deux clodos quand on est ensemble, et qu’on a remplacé les declarations passionnées et les bisous sensuels par « Eh y’a mon jeu qui fait une mise à jour, tu veux ken ? »

C’est vrai que, quand je repense aux premiers jours, ça me rend un peu nostalgique. (Okay, surtout parce que j'avais genre dix kilos de moins.) Mais quand il me regarde, c’est avec les mêmes yeux qu’il a dix ans. 



C’est toujours le meme regard plein d’amour du mec qui est trop heureux d’avoir trouvé une fille qui veuille bien lui montrer ses nichons.

(Alors que toi-même tu sais qu’avec son accent français, il pourrait pécho comme n’importe quoi, par ici.)

(Il aurait juste à se pointer dans un bar, à dire « Pinot Blanc », et à regarder les culottes tomber.)

Et en dix ans, on a aussi gagné en complicité – principalement parce que, plus le temps passe, et plus on déteint l’un sur l’autre.

Maintenant j'écoute du metal et Flaxou regarde des films en VO, tu nous aurait dit ça y’a onze ans et on t’aurait rigolé à la face.

(Encore dix ans et il lira des livres, et moi je boirai du café.)

(Encore trente ans et on ne sera plus qu’un gros symbiote.)

(Symbiote = un mot que je connais grace à Flaxou.)

(Tu vois ce que je veux dire ?)

Bref.

Une copine me disait l’autre jour qu’elle se posait des fois des questions sur sa relation, et me demandait si ça m’arrivait aussi.

Et j’avais envie de dire « oui » pour pas faire ma connasse ma-vie-est-tellement-mieux-que-la-tienne, mais la vérité, c’est que non. Pour moi, c’est bon, c’est parti, on sera ensemble jusqu’à ce que l’un de nous meure.

(De préférence lui avant moi, comme ça je pourrai avoir un chat.)

(Ou douze.)

(On s’en fout, je serai vieille et veuve et j’aurai une vie entière sans chats a compenser.)

Et c’est pas seulement parce qu’il est mignon et gentil, et qu’il ne se passe jamais un seul jour sans qu’il ne me fasse rire.

(Bon d’accord, c’est pas si difficile de me faire rire.)

(Je rigole quand quelqu’un dit le mot « poulet ».)

(Là je viens de lire à voix haute le mot « poulet », et je me marre toute seule depuis le debut de cette parenthèse.)

(Ha ha.)

(« Poulet ».)

Bref bref.

Je disais, c’est pas seulement parce que c’est un super mari (il a quand meme des défauts) (genre il met ses fringues sales par terre JUSTE A COTE du panier à linge) (POURQUOI?) (en quoi est-ce que ça requiert moins d'effort que de les mettre directement dedans?) mais en fin de compte, c’est surtout parce que je ne saurais pas opérer de manière fonctionnelle avec quelqu’un d’autre.

On est allés trop loin dans la coolitude, maintenant c’est foutu, il m’a ruiné pour tout le reste de la gent masculine. Je ne pourrai jamais revenir aux sous-vêtements sexy, à la posture impeccable, aux jolies petites tenues, et aux battements de cils gracieux.

(Si tant est que j’en aie été capable avant.)

Nan, c’est fini pour moi, l’art de la séduction. Je suis trop à l’aise de la vie pour roter la bouche fermée.

Bref bref Brejnev.

Donc, dix ans de vie commune, c’est cool, mais au final, c’est pas tant que ca.

Parce qu’avec ce gars, les potos, je suis partie pour perpète.


(Notre première photo de couple – tu vois que je déconnais pas quand je disais qu'on était des enfants.)


PS: Je profite tant qu'on est dans le culcul pour te souhaiter un bon week-end avec l'élu de ton coeur – ton mec, ta meuf, ton chat, je suis pas là pour juger. Vive l'amour!

Pas l'temps d'niaiser, faut réviser

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I'M BACK BABY.


Alors je sais pas toi, mais moi je suis chaude bouillante, là.

Des mois de travail acharné et des week-ends de folie (traduction: des week-ends à zoner sur le canapé en geignant "Haaaaan faut que j'fasse mes devoirs de maoriiiiii, mais cette couverture est si douuuuce"), résultat = pas le temps de bloguer.

(Blogger?)

(Beulogger?)

BREF.

J'étais tellement occupée que j'ai même fermé mon compte Twitter, pour te dire à quel point j'avais plus l't'emps de niaiser.

(Bon, en vrai, y'avait genre 3 personnes que je suivais vraiment, et je les suivais déjà sur Facebook, donc l'utilité du truc était quand même plutôt limitée.)

Mais bon, j'ai quand même pris le temps de suivre les infos françaises pendant ma quasi-absence du net, donc rassure-toi, j'ai rien loupé: j'ai bien entendu parler de la gifle de Joey Starr pendant 18 jours.

(On pourrait croire qu'en ayant déménagé au bout du monde, j'arriverais à esquiver ce genre de vacuités médiatiques, mais faut croire que non.)

(Par contre, il reste l'avantage sublime de ne jamais entendre Zaz à la radio.)

(Rien que pour ça, les 24 heures d'avion valent le coup.)

Bref bref.

J'étais super occupée même les week-ends, donc, parce que Professeur Flaxou et moi on profitait à fond des dernières miettes de l'été indien avant de plonger dans la grisaille moite du morose hiver austral.

Et par "profiter de l'été indien" j'entends bien sûr "courir dans la boue déguisés en personnages de Mad Max pour échapper à des zombies".


(On s'est rangés de gauche à droite par ordre d'effort dans les costumes: beaucoup, moyennement, pas du tout.)

Car oui, c'était l'annuelle course d'obstacles 'Run For Your Freakin' Life' chez Spookers (l'ancien asile psychiatrique transformé en parc à attractions) (les Kiwis sont des gens funs), et, comme chaque année, Flaxou et moi on est allés ramper sous des barbelés avec tous nos potes en étant poursuivis par des gars déguisés en zombies, parce qu'on est un peu pétés du casque.

Mais bon, c'était bien rigolo, et puis alors niveau "bon pour la santé" j'ai pété l'échelle, parce que déjà, 5 kilomètres de course d'obstacles, v'là la super cardio, et en plus, les pics de frayeur du parcours étaient, j'en suis sûre, un très bon exercice pour le cœur.

Voici d'ailleurs mon top 3 personnel sur l'échelle de la flipette:

1. A mi-chemin, on est entrés dans une forêt de pins, bien sombre et silencieuse comme il faut. Y'avait des poupées sans yeux clouées aux arbres, et d'autres pendues par les cheveux au branches les plus basses (ce qui fait que leurs pieds te frôlaient les cheveux au passage); bonus creepy, y'avaient des hauts-parleurs qui diffusaient la musique d'absolument tous les films d'horreurs avec des enfants dedans (mais si, tu sais, la petite comptine chantée d'une voix enfantine et monocorde sur fond de boîte à musique dissonante).

Et au bout de la forêt, y'avait un zombie DÉGUISÉ EN CLOWN.


(N'en jetez plus, je suis déjà partie en hurlant.)

2. Après la forêt de pins et le marais plein de vase (dans lequel je suis restée coincée et il a fallu deux gars pour venir me tirer chacun un bras, et quand ils ont enfin réussi à me dégager de la vase ça a fait PLOP comme dans un cartoon) on est entrés dans un labyrinthe de maïs, et au détour d'un virage j'ai littéralement trébuché sur un zombie en embuscade qui a commencé à me courser avec une TRONÇONNEUSE EN MARCHE.


(Oui, okay, la tronçonneuse n'avait pas de chaîne, mais perso c'est plutôt de voir un zombie utiliser des outils qui me fait pé-fli.)

3. Un peu plus tard, on avançait péniblement dans une tranchée remplie de boue (oui, cette année, le thème était clairement "séjour thalasso"), j'ai glissé, je suis tombée dans la boue, et ma main gauche s'est refermée sur

UNE ANGUILLE


Et je pouvais même pas grimper hors de la tranchée parce que ça glissait trop à cause de la boue alors j'ai dû continuer à avancer jusqu'à la fin et en fait tout le boyau était REMPLI d'anguilles genre on les voyait ramper à la surface de la boue et c'était trop affreux j'ai cru mourir cent fois.


(Oui, j'ai peur des anguilles.)

(Paye ma vie au pays où elles grouillent dans chaque putain de ruisseau.)

Mais à part les anguilles de l'enfer, on s'est quand même bien amusés – même si j'ai perdu environ 3 ceintures, que Larisa a cassé la fermeture de son pantalon, et que Sarah paumé ses deux chaussures d'un coup dans un champ de pneus.

(Ah ça, c'est pas de la course pour les chiffes molles.)

Je te mets quand même la photo de l'arrivée pour que tu puisses admirer nos gueules de vainqueurs:


(Je rappelle que mes vêtements étaient BEIGES.)

Bref, tu comprends que ces derniers temps, j'étais trop occupée à retirer de la boue de l'intérieur de tous mes orifices (j'en ai encore retrouvé trois jours après au fond d'une oreille, sans déconner) pour faire des articles.

Mais cette pause internetienne touche à sa fin, maintenant que je commence à prendre mes repères à mon nouveau boulot (ce qui signifie que j'arrive, certains jours, à finir à des heures normales) (paye ton pays où les heures sup' sont obligatoires et sont jamais payées) (AKA: ce qui vous attend d'ici pas trop longtemps en France), et, surtout, maintenant qu'on est vraiment entrés dans la mauvaise saison, comme les sites d'information Kiwis ne manquent pas de nous le faire remarquer de manière très Kiwie:


(Gros gros love sur ce community manager.)

Du coup, j'ai jeté un oeil aux prévisions météo de ce samedi:


Et j'ai dit à Fla:

- Okay, ce week-end, on reste glander à la maison.


Enfin, pas trop glander non plus – je dois toujours réviser mon maori. 

En plus y'a le partiel la semaine prochaine, et laisse-moi te dire que ça va pas être de la tarte.

Parce que les liens familiaux, je gère. Compter jusqu'à cent, pas de soucis. Dire que je m'appelle Charlotte, que je viens de France et que ma mère a 57 ans, aucun problème. Tout le vocabulaire autour de "Salut, tu vas bien?", je maîtrise.

(Surtout qu'il y a pas trop de vocabulaire à retenir, vu qu'on est en Nouvelle-Zélande, où la réponse à "Comment ça va?" est TOUJOURS "bien".)

(Vu que la phrase "comment ça va?" est plus une phrase pour meubler qu'une réelle invitation à partager ses sentiments – j'veux dire, on est en Anglo-Saxonie, hein, donc on ne parle JAMAIS de sa vie privée à qui que ce soit.)

(Si un jour tu veux t'amuser à faire flipper un Kiwi, attends qu'il te demande comment ça va, réponds "Bof, pas terrible" et regarde la panique s'installer dans ses yeux.)

Bref bref Brejnev.

Je disais donc que je suis moyennement rassurée quand je vois que dans les copies d'exemples de ce qu'on aura à l'exam final, on doit faire une RÉDACTION:


Okay, donc laisse-moi te dire qu'à mon niveau, ma conversation, ce sera:

- Salut, ça va?
- Ça va bien!
- Aujourd'hui il y a de la pluie.
- Où est la bibliothèque?
- La bibliothèque est dans le centre ville.
- Bien! Le crayon est sur la table.
- Combien coûtent les oeufs?
- Six oeufs coûtent cinq dollars soixante.
- Super! A bientôt!

Ce qui a l'air nul dit comme ça, mais je t'assure que ça rend vachement mieux en Maori.

- Tenā koe! Kei te pēhea koe?
- Kei te pai!
- He rangi hāuaua ākuanei.
- Kei hea te whare pukapuka?
- Kei roto te tāone nui i te whare pukapuka.
- Ka pai! Kei runga te pene rākau i te te tepu.
- He aha te utu mō te hēki?
- E rima taara, e ono tekau hēneti te utu mō ngā hēki e ono.
- Tino pai! Ka kite anō!

(Bon, soit, ça veut toujours rien dire. Mais maintenant ça sonne beaucoup plus classe, tu trouves pas?)

Bref, comme tu peux le voir, je suis à la recherche de stratagèmes pour réviser sans trop en avoir l'air – parce que c'est pas que la perspective de passer mes deux jours de congé à travailler ne m'enchante pas, mais même moi je ne suis pas nerd à ce point.

Du coup, j'ai collé des révisions plein le frigo:


L'avantage, c'est que le frigo est sur le chemin du placard à chocolat. Du coup, dès que je vais chercher du chocolat, hop, j'apprends un mot!

Et à chaque fois que j'apprends un nouveau mot, hop! Un carreau de chocolat pour me récompenser!

(Bientôt je serai bilingue.)

(Et obèse.)

Sur ce, je retourne à mes révisions (les vraies, cette fois-ci.) (Elles ne requièrent qu'un minimum vital de chocolat.)

A bientôt pour d'autres aventures!

(Et des bisous pluvieux.)

Un long week-end à Wellington

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Et donc le week-end dernier c'était l'anniversaire de la Reine.

Et comme ici on est dans les colonies, on a droit à un jour férié pour l'anniversaire de la Reine.

Ce qui déjà en soi est plutôt chelou (enfin, après, on me donne un jour férié, je vais pas cracher dessus, tmtc) mais est d'autant plus chelou que l'anniversaire de la Reine ne tombe pas à la même date chaque année - on le fête toujours le premier lundi de juin.

Alors bon, je me plains encore moins, parce que du coup on a un long week-end, mais je tiens quand même à faire remarquer que l'anniversaire de la Reine est célébré le 11 juin chez les Anglais, le 13 juin chez nos voisins les Aussies, et (encore plus incompréhensible) en septembre dans une région d'Australie (Western Australia) et carrément en octobre dans une autre (la bien nommée Queensland).

(Pendant ce temps, les Canadiens, eux, le fêtent en mai, oklm.)

Bon alors encore une fois, je discute pas les jours de congé gratos, mais au final, c'est quand, son putain d'anniversaire, à la Reine?

Eh ben c'est le 21 avril.



Sérieusement?

SÉRIEUSEMENT??!

Vous avez SIX dates différentes et pas UNE SEULE n'est juste?

Non mais après vous vous étonnez qu'on se foute de votre gueule, mais c'est des conneries de ce genre qui vous font passer pour des manches auprès des républicains.

(Les mecs non seulement ils ont encore des monarques au vingt-et-unième siècle, mais ils sont même pas foutus de s'entendre sur les célébrations d'anniversaire.)

(Chais pas moi, elle est là, la Reine, demandez-lui quand c'est son anniversaire, comme ça vous êtes sûrs!)

Bref bref.

Cet article n'est pas ici pour te parler de l'anniversaire de la Reine (même si OKAY ça fait huit paragraphes que je parle que de ça) mais plutôt pour te raconter ce que j'ai fait de mon jour férié.

Parce que l'anniversaire de la Reine, c'est notre dernier jour férié avant Labour Day (la fête du travail), qui est fin octobre. 

On se tape donc CINQ MOIS sans jours fériés.


(C'est chaud, cousin.)

Et je te rappelle qu'on vit dans un pays sans RTT, sans jours de grève, et sans tempêtes de neige – donc autant te dire que les jours fériés, c'est vraiment notre seule chance de glander au lit un lundi matin.

(Les mauvaises langues diront "il reste les congés maladie" mais on a droit qu'à 5 jours par an, alors en général, on les garde pour les cas critiques – genre quand on est vraiment malades, quoi.)

Du coup, Flaxou et moi on était un peu obligés de faire quelque chose de bien, vu que c'était notre dernière chance avant octobre de nous la péter en parlant des trucs cools qu'on avait fait le week-end.

(Surtout vu que maintenant c'est l'automne et on peut plus mettre le cul dehors sans se prendre un déluge de flotte sur le coin de la gueule.)

Et donc on est partis à Wellington.



Pourquoi Wellington?

D'abord parce que c'est un peu la honte d'habiter ici depuis trois ans mais de n'avoir visité la capitale qu'une seule journée (et encore, je dis "une journée" mais c'était plutôt "deux heures à glander au centre-ville en attendant le ferry pour l'Ile du Sud").

Et puis aussi parce que toi-même tu sais que je suis une énorme fangirl du Seigneur des Anneaux, et que Wellington est le seul endroit sur terre à être au même niveau de hype que moi.

Genre salut t'arrives à l'aéroport, BOUM BÉBÉ UNE SCULPTURE GÉANTE DE GANDALF SUR UN AIGLE HOP COMME CA DANS LE TERMINAL.



C'était pas assez cool? 

VA CHERCHER TES VALISES ON A UNE STATUE ANIMÉE DE SMAUG EN PLEIN MILIEU DU BAGGAGE CLAIM, EH OUAIS MA COUILLE.


(Ce pays est magique.)

Du coup, comme on était bien motivés, le premier truc qu'on a fait en sortant de l'aéroport (après avoir acheté une bouteille d'eau bien sûr) (je pars pas en excursion d'une journée sans ma bouteille d'eau) (les copines de cystite comprennent) (BREF) c'était bien évidemment de marcher jusqu'à la Weta Cave.


La Weta Cave, pour ceux du fond qui suivent pas, c'est l'endroit où travaillent les gens de chez Weta Workshop, les petites mains géniales à l'origine de tous les effets spéciaux mécaniques, costumes et accessoires du Seigneur des Anneaux (et du Hobbit, mais on s'est tous mis d'accord pour dire que ce film n'existe pas, si tu te rappelles).


 La Weta Cave est donc un endroit plutôt cool pour les fans, parce qu'on y trouve un magasin plein d'objets de collection, et un mini-musée avec de vrais accessoires tirés des films:




Et des sculptures sympa:





Et même des petites références aux premiers films de Peter Jackson (de sa période "prince du gore"):




(Gros gros love sur le rat-singe de Sumatra.)

(Petite anecdote honteuse: Flaxou a cru pendant des années que Sumatra était un nom de pays imaginaire inventé pour les besoins du film "Braindead". Il a appris que c'était un vrai endroit y'a genre quatre ans.)

Evidemment j'ai dépensé des sous (et encore, j'ai de la chance d'être une geek qui n'aime pas les figurines, parce que sinon, ouh mon vieux) mais je me suis très sagement contentée d'un poster, d'un porte-clefs, d'un marque-page et d'un magnet de frigo:

- Ça fera quatre-vingt dollars, merci!


(La chair est faible.)


(Mais téma mon porte-clefs comme il est joli!)

Et puis c'était direction l'auberge (que j'appelle une auberge et pas un hôtel parce que c'était littéralement un pub avec deux chambres au-dessus) dans le très joli mais très PENTU quartier de Tinakori Road :


(Mes cuisses charnues te disent pas merci.)

Tinakori Road est un quartier historique de Wellington, connu pour avoir été un repaire d'artistes et de musiciens – une tradition qui continue encore aujourd....

- Han mais tu nous a fait loger dans un quartier de BOBOS!!!
- C'est pas bobo, c'est "artistique".
- Y'a des bistrots et des antiquaires, et des galeries d'art contemporain!
- .... Bon, c'est UN PEU bobo.

Mais – avantage immense – on avait une chambre super cool, avec option "sent le renfermé/vieux papiers peints à fleurs/électricité défaillante mais avec des très jolis interrupteurs".


Et je te rassure, Flaxou n'a pas râlé longtemps quand il a vu le lit à baldaquin:


(Une image du bonheur.)

(Après, fallait ignorer les fourmis qui vivaient dans la salle de bains, mais oh c'est bon on n'est pas des geois-bour.)

Le lendemain, c'est pleins d'entrain qu'on s'est mis en marche pour le jardin botanique:


(Même si, encore une fois, ça grimpait sévère.)

Un jardin avec des jolies fleurs, comme tous les jardins botaniques.



Mais surtout avec PLEIN DE KAKAS:


Explications: le kākā est un perroquet endémique à la Nouvelle-Zélande, en danger d'extinction (à cause de la perte de son habitat et de la prolifération de prédateurs introduits sur l'île) et qu'on ne trouve plus à l'état sauvage que dans quelques "poches" de nature, et notamment autour de Wellington.

Du coup j'ai passé ma journée à guetter les mouvement d'ailes, dans l'espoir de capturer en photo l'un de ces majestueux spécimens.


 (Majestueux.)

Donc, en résumé: le jardin botanique de Wellington est cool.

(Par contre, conseil d'ami: pas la peine de faire un détour pour aller voir "Druid Hill", c'est juste une colline moisie avec une statue d'art contemporain en haut. 0/20, nom racoleur, pas druidique du tout.)

Et puis on a pris le tramway pour redescendre au centre-ville parce qu'on avait la flemme de marcher:


D'autant que TOUS nos amis Kiwis, en bons Kiwis, nous ont martelé pendant des jours "Haaaan vous allez à Wellington? N'oubliez pas de prendre le tramway, c'est immanquable!"

Donc, comme on est des neuneus et qu'apparemment on a pas encore compris comment les Kiwis fonctionnaient (alors que, après l'épisode du phare, on devrait franchement plus se faire avoir comme des bleus) on y est allés en se disant que ce serait un truc un peu spécial, genre un tramway qui passe par un super bel itinéraire ou chais pas quoi.

Et en fait non.

En fait c'est juste un tramway, quoi.

C'est juste que c'est le seul qui existe en Nouvelle-Zélande, alors les gens sont SUPER HYPE avec leur vieux chariot moisi.

Sérieux, les gars, ça devient gênant, là.

Je sais que dans votre pays de bouseux, vous devenez tout foufous à la moindre notion de technologie, mais arrêtez de conseiller ce genre d'attractions à des étrangers comme si c'était la plus grande merveille du monde.


(Je vous assure que le monde entier a des tramways depuis genre un siècle et demi, donc voilà, votre petite voiturette rouge, elle est bien mimi, mais on s'en bat franchement les couilles.)

Une petite pause déjeuner dans un café bio plus tard (ah oui mais j'avais prévenu que c'était une ville de hipsters, hein) et on était partis direction Te Papa Tongarewa.

Te Papa (comme on l'appelle affectueusement) (et aussi parce que les Kiwis ne savent pas prononcer Tongarewa convenablement) est un musée GI-GAN-TESQUE qui occupe le cœur de Wellington et est rempli à ras bord de trucs super cool – comme, par exemple:

• un étage entier sur la culture maorie et polynésienne, 
• une expo avec des maquettes géantes sur la bataille de Gallipoli, 
• une reconstruction vidéo de l'origine du haka, 
• un squelette de moa, 
• un calamar géant dans du formol, 
• et carrément un marae entier reconstruit sur place pièce par pièce.


Tout ça pour te dire que c'était pas une mince affaire de me traîner hors du musée.

(En gros, c'était à l'heure de la fermeture, quoi.)

Et puis le lundi, mon p'tit pote, le lundi, c'était la cerise merveilleuse sur le gâteau du formidable qu'a été ce week-end.

Parce qu'on est allés au zoo. Et déjà rien que ça c'est super en soi.

(Oui, j'adore les zoos.)

(J'irais au zoo tous les week-ends si on me regardait pas chelou parce que je suis une adulte qui va au zoo toute seule.)

(Franchement, je suis à ça de faire des enfants juste pour avoir une excuse pour aller au zoo tout le temps.)

Bref, comme si c'était pas déjà formidable en soi, Flaxou m'a offert un ticket de zoo spécial "close encounter", où tu peux aller DANS L'ENCLOS avec l'animal de ton choix, et on te donne du manger, et l'animal vient manger DANS TA MAIN.

Et devine quel animal j'ai choisi?


EH OUAIS MA COUILLE.


LES PANDAS ROUX.


J'AI FAIT DES CÂLINS A DES PANDAS ROUX!


ET JE LEUR AI DONNÉ DES PETITS BOUTS DE FRUITS A MANGER!


BEST. DAY. EVER!!!


(Avalanche de mignonneté.)

J'ai aussi appris plein de choses sur les pandas roux grâce à leur gardien, qui a éclairé ma lanterne par rapport à pas mal de choses, notamment le fait que le panda roux n'a quasiment rien à voir avec le gros panda, si ce n'est qu'ils viennent tous les deux du sud de la Chine, et qu'ils mangent tous les deux du bambou ("panda" veut dire "mangeur de bambou"). 

En fait, il est plus proche du raton laveur que du panda (ce qui explique aussi son adorabilité, et le fait qu'il mange avec ses petites pattounes comme la délicate petite chose qu'il est.)


Et pour ceux et celles qui se demandent: oui, leur fourrure est bien aussi douce et floofy qu'elle en a l'air.

(C'est comme de caresser un chat, mais PUISSANCE MILLE.)

Donc, en résumé: Wellington c'est très cool et ma vie est définitivement meilleure que la tienne.

(En plus il a fait super beau les trois jours.)

(Et pas un souffle de vent.)

(Je commence à croire que ces histoires de temps de merde à Welly sont un mythe pour garder les Aucklandais dehors.)

(Un genre de mécanisme anti-JAFA.)

Et toi, ça se passe comment, ton mois de juin? Prêt(e) à déménager ici bientôt?

(C'est pas pour influencer ton jugement ni rien, mais bon, dans ce pays, on peut faire des câlins à des pandas roux.)

(Et aussi tout le monde s'en balek de l'Euro 2016.)

(Je dis ça, je dis rien.)

L'Instant Kiwi: les transports, volume II

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(Les routes néo-zélandaises, ou le règne du "on s'en balek")

Oui, oui, je sais, j'ai déjà beaucoup parlé des transports en Nouvelle-Zélande.

Si tu suis ce blog depuis un moment (et je pense que c'est le cas) (à chaque fois je précise "si t'es nouveau sur ce blog bla bla" mais en fait j'ai l'impression que vous êtes les mêmes 30 gus à me lire depuis dix ans) (c'est un peu chelou mais honnêtement je préfère, ça m'évite de devoir me répéter) BREF donc, tu sais déjà qu'en Nouvelle-Zélande on conduit à gauche, que les transports en commun sont inexistants, et que les flics sont rares.

Mais il y a encore des choses que tu ne sais pas sur les transports au pays du long nuage blanc. 

Par exemple, est-ce que tu savais qu'on avait un train?


Et je ne parle pas du petit réseau ferré type RER qui tente péniblement de relier trois bouts de banlieues au centre-ville d'Auckland.


Eh nan, ma couille, le VRAI train! La voie ferrée légitime, qui traverse le pays entier et tout!


Tiens, regarde cette pub et dis-moi si ça te donne pas envie:



Ah, ça a plus la classe que les pubs françaises pour la carte kiwi, c'est sûr.

(Par contre ce que j'adore avec cette pub, c'est qu'on te vend les paysages avant tout, mais quand tu regardes les passagers, ils font TOUT sauf ça.)

(Les mecs ils lisent des livres, ils jouent aux échecs, ils font des mots croisés, mais y'a pas un pékin pour regarder par la fenêtre.)

(Tu me diras, ça résume bien le Kiwi moyen.)

("Nan les paysages on s'en branle, réveille-moi quand on voit un phare.")

Donc oui, j'avoue, le transport ferré en Nouvelle-Zélande est plutôt stylé.

Après, on n'a qu'une seule voie, entre Auckland et Wellington, il n'y a que quatre gares sur toute la ligne (sur 700 bornes, quand même), et les trains ne roulent que trois jours par semaine.


Si si, vraiment. Si tu veux prendre le train d'Auckland à Hamilton un mardi, par exemple, ben tu peux pas. Faut y aller soit lundi, soit attendre jeudi. 




(NIQUE SA REINE LA LOGIQUE.)

(Ah oui et puis y'a qu'un seul train par jour, hein. Au cas où tu te poserais la question.)

Donc tu comprends un peu pourquoi le train, c'est pas encore trop développé dans les mentalités des Néo-Zélandais comme une option de transport viable.

Surtout que là, tu pourrais faire l'erreur de te dire "Ah ouais c'est pas commode, mais bon, c'est pratique le train quand même, ça va plus vite que la voiture et c'est moins cher que l'avion."

Sauf que NON et RE-NON.


Parce que le train en Nouvelle-Zélande échoue sur ces DEUX points.


Déjà, il est plus lent qu'une tortue sous Tranxène. Sans déconner.

En voiture, tu fais Auckland-Wellington en huit heures. Allez pour être généreux, on va dire neuf heures, en comptant des pauses pour faire pipi et le plein d'essence, et éventuellement neuf heures et demie si jamais tu te mets en route à l'heure de pointe et que ça bouchonne un peu pour sortir du centre-ville.

Mais même en comptant large, le train reste quand même plus lent! Le truc met DIX HEURES TRENTE à faire Auckland-Wellington! Alors qu'il gratte facile cent kilomètres au trajet en voiture!



(Maintenant je comprends mieux pourquoi y'a qu'un seul train par jour. C'est parce que le trajet te PREND une journée complète!)

Alors bon, on va dire qu'il reste le côté pratique. C'est vrai que c'est pénible de rouler neuf heures d'affilée, c'est fatigant, en plus tu uses ta voiture et tu crames plein de thunes en essence. J'avoue qu'on pourrait être tenté de se dire "Bon, on prend le train, ça nous coûte deux heures de plus, mais au moins on peut passer le trajet zen à regarder les jolis paysages."

OUI.


ON POURRAIT ETRE TENTÉ.


SI ON N'AVAIT PAS L'OPTION DE PRENDRE L'AVION ET D’ÊTRE A WELLINGTON EN QUARANTE-CINQ MINUTES.


(Après, ouais, c'est sûr, t'as moins le temps de regarder les paysages.)

(Mais dans l'avion ils ont un quiz Trivial Pursuit et ils te donnent un cookie, laisse tomber, mon choix est fait.)

(En plus, comme c'est des vols intérieurs, ils font pas chier du tout sur les contrôles: tu te pointes à l'aéroport 20 minutes avant ton vol, tu passes un détecteur de métaux, et c'est marre. T'as même pas à présenter de pièce d'identité.)

(En revanche, quand t'arrives d'un vol international, tu passes QUATRE contrôles des passeports, on te passe la valise aux rayons X, et on prélève la terre de tes chaussures, mais bon, je m'égare.)

Donc, je récapitule avec un exemple pour te donner une idée de la chose: mettons que Flaxou et moi on veut aller à Wellington pendant un long week-end du vendredi au dimanche, et faire des câlins à des pandas roux. Voici nos options:

Option 1: Voiture. 
Temps de trajet: 18 heures aller-retour. Temps sur place: un jour et demi. Coût du voyage: 200 dollars (soit un peu moins de 4 pleins d'essence).

Option 2: Avion. 
Temps de trajet: 2 heures aller-retour. Temps sur place: trois jours. Coût du voyage: 260 dollars.

Option 3: Train. 
Temps de voyage: 22 heures aller-retour. Temps sur place: une nuit(parce qu'on a dû partir le samedi, vu qu'il n'y a pas de trains le vendredi). Coût du voyage: 320 dollars.



Ça n'a aucun sens!

Le train est l'option de trajet la plus longue ET la plus chère!! Mais QUI aurait envie de se faire enculer de manière aussi monumentale??!

Imagine nous dans nos pays civilisés on ferait des conneries pareilles!

- Un ticket Paris-Strasbourg? Oui bien sûr, alors j'ai samedi à 7h45 du matin, ou sinon, j'ai le jeudi d'après. Vous y serez en onze petites heures. Ça fera mille euros, s'il vous plaît.

(Ne te plains plus JAMAIS de ton TGV en retard.)

Alors oui, okay, il paraît que les paysages sont sublimes bla bla bla mais MEC c'est la Nouvelle-Zélande, c'est sublime partout où tu vas, et au moins les autoroutes ne requièrent pas un fist-fucking.

(Même pas de péage, c'est dire.)

Du coup, c'est peut-être plus facile pour toi de comprendre pourquoi les Néo-Zélandais sont très attachés à leur voiture – c'est parce qu'en fait, s'ils veulent se déplacer quelque part, c'est grosso modo leur seule option.

(Même quand tu prends l'avion pour aller dans une autre ville, tu dois souvent louer une voiture une fois sur place.)

Alors, disons-le tout de suite comme ça ce sera fait, les Kiwis ne sont pas des as du volant. C'est paradoxal parce qu'ils passent quand même beaucoup de temps au volant, mais c'est un peu des quiches en conduite – principalement parce que les règles de conduite sont faites pour des gros cakes.

A l'époque où j'ai passé le permis, je m'étais déjà fait la réflexion que c'était pas super juste, comme méthode, parce que selon la densité d'urbanisation, ça rend les choses beaucoup plus faciles ou beaucoup plus difficiles.

Moi qui ai réussi l'examen à Colmar, ville de taille moyenne pas trop chiante, je peux t'assurer que je l'aurais raté au moins trois fois si j'avais dû le passer à Strasbourg, cauchemar de tous les automobilistes. (Y'a trente cyclistes au mètre carré et des sens uniques partout, et tous les parkings sont des créneaux – A DROITE.)

Mais alors en Nouvelle-Zélande, c'est presque trop facile, les gars.

Même à Auckland, ville de un million et demi d'habitants, et d'un million d'automobilistes (au bas mot), je t'aurais passé le permis en deux semaines, cousin.

Déjà y'a que des boîtes automatiques, donc tu galères vachement moins avec la phase d'apprentissage de gestion de l'embrayage. Ensuite y'a genre UN rond-point dans toute la ville. Et puis comme y'a de la place partout, les rues sont assez larges pour faire passer des tanks soviétiques, et tous les parkings sont en bataille.

(Une fois, à Onehunga, j'ai vu un parking en épi, eh ben les gens étaient tellement chamboulés par le concept qu'ils ont collectivement ignoré les lignes et se sont garés bien sagement en bataille les uns à côté des autres.)

Et même les carrefours sont faits pour les neuneus, genre tu sais le truc chiant en France où tu veux tourner à droite mais tu dois céder la priorité aux piétons qui traversent et aux voitures qui viennent en face? Eh ben ici ça existe pas.Ici y'a un feu séparé pour les piétons, un feu séparé pour les gens qui tournent, et un feu séparé pour les gens qui vont tout droit. Du coup, tu te poses pas de questions, quand c'est vert, tu roules, t'as rien à calculer.

(Par contre, après, on passe mille ans à attendre à chaque intersection que ce soit notre tour d'y aller.)

(Mais il faut ce qu'il faut, ma petite dame.)

Bref, du coup, les Kiwis ont tendance à faire un peu du YOLO avec les ronds-points (hashtag #lesclignotantscestpourlesfaibles) et à paniquer du slip dans toutes les rues où on peut se garer des deux côtés (en mode "Han mon dieu y'a juste la place pour un paquebot, on passera jamais avec notre Ford Escort".)


MAIS (et je le mets en majuscules parce que c'est un grand mais), les Néo-Zélandais ont beau être des quiches du volant, je les aime quand même d'amour, parce que les c'est automobilistes les plus SYMPA de l'univers.

Je t'ai oncques narré l'histoire comme quoi un Kiwi ne klaxonne jamais (ce qui est déjà un concept assez difficile à concevoir pour tout Français vivant plus au Sud que Lyon, où le klaxon est moins un avertissement qu'une sorte de ponctuation).

Et je pourrais te raconter beaucoup d'histoires sur le courtoisie des Néo-Zélandais, mais je pense que ce qui résume le mieux leur état d'esprit au volant, c'est ces deux signaux:

En Nouvelle-Zélande, les appels de phare veulent dire "après vous". 

Et les warnings veulent dire "merci". 


Je vous laisse méditer une minute là-dessus.


Petit manuel d'utilisation pour ceux qui voudraient voyager en Nouvelle-Zélande: tu arrives à une intersection, et tu te dis"Ah merde, ils roulent à gauche dans ce pays de dégénérés, c'est quoi les règles de priorité ici?"

La réponse est : Y'A PAS DE RÈGLES!


(En fait si, y'en a, mais personne ne les suit.)

A la place, ici, on raisonne à la logique (la grosse route a priorité sur la petite route/ la route encombrée a priorité sur la route vide) et à la politesse. Exemple:



Mettons que la voiture bleue va tout droit, et que la voiture jaune veut tourner à droite.

Si tu es la voiture bleue, tu as le choix de passer sans ralentir (si tu es le plus grand enfoiré de l'univers et du multivers réunis) OU BIEN tu peux t'arrêter et faire un appel de phares à la voiture jaune pour la laisser passer devant toi, comme une personne normale et civilisée.

Et si tu es la voiture jaune, tu peux passer devant (si tu es un ingrat doublé d'un fils de pute) OU BIEN tu peux passer, puis faire clignoter tes warnings une à deux fois pour dire "merci de m'avoir laissé passer"à la voiture derrière toi. 

(D'ailleurs, si tu observes cette politesse, tu peux même gagner un petit "coucou/de rien" de la main par la personne qui t'a laissé passer.) 

(Les politesses ne s'arrêtent JAMAIS.)

Du coup, forcément, pour l'Européen moyen – habitué à utiliser les appels de phare pour dire"oh tu la bouges ta caisse connard"et les warnings pour dire"oui je suis garé comme un trouduc mais promis je reste pas longtemps je vais juste chercher le pain"y'a un certain temps d'adaptation où tu penses que tout le monde sur la route est devenu fou.

("Mais pourquoi il met les warnings ce débile, ça ralentit pas devant!")

("Mais pourquoi il me fait des appels de phares cet enfoiré, j'ai rien fait!")

Alors j'ai décidé de briefer toutes les personnes qui veulent venir me rendre visite, en leur expliquant les règles de politesse au volant de ce beau pays qu'est Aotearoa.

(Non parce qu'après ça va encore être les Français qui sont malpolis et tout.)

(Y'en a marre de cette image de merde qu'on se trimballe.)

Voilà, maintenant t'es prévenu: si tu prends la route en Nouvelle-Zélande, prends 5 minutes pour trouver le bouton des warnings sur ta voiture de loc, parce que mon gars, tu vas devoir t'en servir.

(Le klaxon c'est pas la peine.)



(Même les vaches, ça les impressionne pas.)

Dimanche Mythologie: la saga des Volsung, épisode 1 – Sigurd et Fafnir

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Comme tu le sais déjà, la mythologie c'est ma grande passion.

(Si tu ne le sais pas encore, tu peux aller lire mes articles estampillés "mythologie"par ici.)

(Tu vois, je mets l'auto-promo direct au début de l'article, comme ça hop c'est emballé, on est tranquilles.)

Et comme je viens de finir de lire L'Edda poétique, je me suis dit que je te parlerais d'une des histoires contées dans le recueil.

Alors on commence par le commencement: qu'est-ce que l'Edda poétique?


Eh ben c'est un recueil de poèmes Vikings du Moyen Age, et c'est l'une des plus importantes sources de connaissances qu'on a sur la mythologie scandinave. C'est un peu l'équivalent nordique du Roman de Renart (pour les Français) ou de Beowulf (pour les Anglais).


L'Edda poétique parle de pleins de trucs cools, comme des grandes batailles, la fin du monde, ou encoredes concours d'insultes (ou 'flyting').

Petite parenthèse sur le flyting juste parce que je trouve ça super cool: c'était une pratique qui existait vraiment chez les peuples scandinaves, et qui ne volait pas franchement super haut, même si c'était en vers – en général, on restait pas mal dans le registre des"ta mère la pute" et autres "tu couches avec des animaux divers", même si des fois, faut avouer que les gars étaient plutôt créatifs. Petit florilège de mes préférés ci-dessous, juste pour le fun:


Bon, je commence mollo avec un grand classique : insulter les gens en les traitant de paysans bouseux.

(On utilise littéralement les mêmes insultes huit cent ans plus tard.)

(Je trouve que ça en dit long sur notre intelligence en tant qu'espèce.)

Allez, maintenant qu'on est chaud, on va dans le plus subtil:


Donc là, un type compare un autre à une jument, et indique qu'il l'a "chevauché sans ménagement", et oui, le double sens est clairement intentionnel.

(C'est une insulte intéressante, on devrait y penser plus souvent dans la vie de tous les jours.)

("Apprends à conduire, eh connard!""Ah ouais eh ben SI T’ÉTAIS UN CHEVAL JE T'ENCULERAIS!")

(Ça a le mérite d'être original.)

Et puis je vais finir avec Loki,AKA le prince du flyting, parce que dès qu'il apparaît quelque part dans un poème, tu peux être sûr que toute l'assemblée va prendre cher.

Sans déconner, y'a un poème entier sur Loki qui se pointe à une fête à laquelle il n'a pas été invité, et il insulte tous les dieux présents pendant vingt-deux pages.

Et attention, c'est pas des insultes de débutant:


(Et après tu t'étonnes qu'on t'invite pas aux soirées??!)

Donc là Loki dit que Freyia a couché avec son frère, et que, quand les autres dieux les ont surpris ensemble, elle a... pété.

(Parce que j'imagine que juste se faire surprendre en train de coucher avec son frère, c'était pas assez embarrassant.)

Et pis ça va crescendo dans les insultes, c'est ça qui est sympa:


Je traduis pour les non-anglophones: Loki dit à Niord (un dieu de la mer) que les filles du géant Hymir (des divinités des rivières) l'ont utilisé comme pot de chambre et lui ont pissé dans la bouche.

(Après, chacun ses délires, hein.)

Bref, on s'égare du sujet.

Ce dont je voudrais te parler aujourd'hui, c'est de la saga des Volsung, une histoire ancestrale à base d'amour impossible et de famille maudite, mais aussi y'a des dragons alors c'est autrement plus classe que les tragédies grecques, excuse-moi du peu.

(En plus les Grecs ils pouvaient jamais s'empêcher de foutre de l'inceste partout – j'veux dire c'est bon, on n'est pas chez GRR Martin.)

La saga des Volsung a inspiré moult histoires par la suite, notamment l'épopée allemande des Niebelungen, et à peu près tout ce que JRR Tolkien a écrit dans sa vie à un moment ou à un autre.

Puisque oui, on va poser ça sur la table tout de suite, JRR Tolkien était un gros gros fan de l'Edda poétique, et il s'en est très largement inspiré, et on retrouve des petites références plus ou moins subtiles à l'Edda parmi l'ensemble de son oeuvre.


(J'ai dit "plus ou moins".)

Alors commençons par le commencement:

Volsung, c'était un roi, et il avait un fils qui s'appelait Sigmund, qui a eu un fils qui s'appelait Sigurd.

(Déjà c'est bien, on voit que niveau noms, c'était bien varié, bravo.)

Sigmund meurt avant la naissance de son fils, et Sigurd est élevé par un Nain qui s'appelle Regin et qui est maître forgeron pour le roi du Danemark.

(Ah bravo, les clichés sur les Nains forgerons, bien joué, non mais on est dans une saga mythique ou dans une partie de D&D?)

Un beau jour, Regin raconte à Sigurd qu'il y a un trésor de ouf malade caché dans une caverne surveillée par un dragon, et que ce serait super duper d'aller le chercher, rapport au fait que le trésor appartenait à son frère Otr.

Alors le trésor faut que j'en parle vite fait parce que c'est toute une histoire : en fait Regin est le fils de Hreidmar, le roi du peuple Nain, et il avait deux frères, Otr et Fafnir. Otr aimait pêcher dans les rivières sous la forme d'une loutre (chacun ses hobbies, on ne juge pas) – d'où son nom d'ailleurs ("otr" veut dire "loutre" en vieux norrois, et c'est de là d'ailleurs que vient le nom anglais "otter") (l'étymologie c'est une autre des mes grandes passions) (je sais pas si ça se voit).

Bref, un jour qu'Otr est sous sa forme de loutre, et est probablement en train de faire des trucs adorables de loutre commedormir sur le dosou empiler des petits seaux en plastique, v'la-t-il pas qu'il se fait dézinguer par nul autre que Loki, qui passait par là avec Odin et Hœnir (deux autres dieux)et qui avait décidé de tuer une loutre pour se faire un sac avec sa peau.

(Loki: mi-chasseur, mi-blogueuse mode.)

Sauf que, pas de bol, les dieux avaient justement réservé leur nuit chez nul autre que Hreidmar lui-même, et qu'une fois tous attablés, ils décident de montrer au roi des Nains leur nouveau sac en peau de loutre.

(Tu sens venir le pire rating sur AirBNB, ou pas?)

Hreimdar reconnaît son fils et fait prisonnier les trois dieux, et leur demande de payer réparations pour leur faute: ils doivent remplir le sac en loutre de pièces d'or, et en recouvrir intégralement l'extérieur.

Loki se met en route pour aller chercher l’or,et on ne sait pas trop comment, mais il sait exactement où le trouver: au pied d’une cascade mythique, chez un Nain nommé Andvari (qui veut dire “prudent” en vieux norrois). Andvari vit sous la cascade sous la forme d’un poisson, puisqu’apparemment c’est une manie chez les Nains de se changer en animaux, et, comme pour le pauvre Otr, sa forme animale ne va pas s’avérer être super avantageuse pour lui.

Ce qui est quand même dingue, on est d’accord?

J’veux dire, se transformer en animal à volonté, ça a l’air d’être le pouvoir le plus cool du monde, tu trouves pas? Même si c’est des animaux relativement plan-plan comme une loutre ou un poisson, c’est quand même pas rien, merde!

Après c’est peut-être moi qui ai lu trop de romans Animorph dans ma jeunesse – tu me dis, hein.


(Ne sous-estimons pas l’ampleur du traumatisme que ces jaquettes ont pu causer.)

Et donc là, au lieu de lui conférer un avantage de ouf, la forme animale d’Andvari sera sa perte, puisque Loki va rendre visite a Ran (une divinité de la mer), lui emprunte son filet magique, trottine tranquillou jusqu'à la cascade,et hop pouf il attrape Andvari dans son filet comme une pauvre vieille truite à la con.

(Je sais pas si ça se voit, mais je suis super déçue par cette tournure des événements.)

(C’est un coup à te rendre blasé même devant Merlin l’Enchanteur.)

(Aparté: Flaxou vient de passer derrière moi et de lire “blasé devant Merlin l’Enchanteur” sur mon écran, et maintenant il est furax parce que j’ai osé imaginer un monde où chaque personne ne serait pas transportée de plénitude devant Merlin l’Enchanteur.)

(Chacun ses classiques dans notre petite famille de malades mentaux.)

Bref bref.

Loki force donc Andvari à lui donner tout son or, et s’empare du trésor entier,y compris Andvaranaut, un anneau d’or magique, qui avait amené fortune et prospérité à Andvari, et dont il ne voulait surtout pas se séparer.

Hmmm, un anneau d’or magique qui amène prospérité à son porteur, mais qui le rend dépendant….


(Ça me dit vaguement quelque chose.)

Andvari, furieux (et on le comprend), maudit alors l’or et l’anneau Andvaranaut, et dit à Loki que l’or mènera à sa perte quiconque sera en sa possession.

Mais Loki, tu te doutes bien qu’il se balek, puisque l’or, de toute façon, il est pas pour lui. 


Donc hop presto, il se saisit du trésor et le ramène à Hreimdar, en omettant bien de lui dire qu’il lui fait cadeau d’une bonne grosse malédiction de derrière les fagots.

(Ce qui est quand même un comportement de beau connard, mais après tout, on parle de Loki.)

(C’est le gars qui traite les gens qu’il aime pas de pécores couverts de bouse, donc bon.)

Bref, Hreimdar ne vit pas bien longtemps avec son trésor, parce que son fils Fafnir (le frère de Regin, donc) l’assassine pour s’en emparer. Au contact de la malédiction, il devient de plus en plus cupide et mauvais.

Hmmmm, des Nains qui deviennent corrompus par un anneau magique…. 


(Ça me rappelle une histoire, mais laquelle ?)

Finalement, Fafnir décide de partir s’installer seul au fond des bois pour garder la main-mise sur son trésor, et se change en dragon pour veiller sur son or.

(On est d’accord qu’il y a une répartition des pouvoirs de transformation super injuste dans cette famille, oui ?)

(Genre y’en a un il peut se changer en dragon cracheur de feu et de poison, et l’autre…. ben c’est une loutre.)

Bref bref Brejnev.

Fafnir reste là plusieurs années, peinard avec son or et son anneau maudit, et empoisonne les alentours pour dissuader les intrus, semant la terreur et la désolation dans toute la région.

Donc on pourrait appeler ça la désolation de Fafnir…


(Ah mais je l’ai sur le bout de la langue, la référence, là !)

Et donc, des années plus tard, Regin raconte toute l’histoire à Sigurd, et lui fait comprendre que ce serait pas mal cool d’aller récupérer le trésor. Sigurd demande alors à Regin de lui forger une épée qui pourrait vaincre le dragon.

Regin forge une première, puis une seconde épée, mais Sigurd casse les deux en les frappant sur l’enclume du forgeron.

(Le manuscrit ne précise pas si c’est parce que Sigurd est super balèze ou que Regin est un forgeron bien naze.)

(Je penche pour la première explication parce qu’un Nain qui sait pas forger, ce serait quand même malheureux.)

(D’autant plus si c’est son métier d’être forgeron.)

Sigurd décide alors de prendre les choses en main lui-même, et il va rendre visite à sa mère, qui lui remet les fragments de Gram, une épée légendaire ayant appartenu à son père.


D’ailleurs, parenthèse : l’histoire de Gram est plutôt cool, parce que c’est Odin lui-même qui est venu la planter dans un tronc d’arbre pendant le mariage de la fille du roi Volsung, en prédisant que celui qui arriverait à la retirer de l'arbre détiendrait une épée sans égale.

(Heu pardon mais c’est un peu naze comme cadeau.)

(J’veux dire, chez les Anglais, on t’offrait un royaume entier en bonus.)

(Là c’est genre « Celui qui arrivera à retirer l’épée…. Aura une chouette épée. »)

(Super, Hubert.)

Bref, tout le monde essaye quand même de retirer l’épée du tronc parce que du bon acier on va pas cracher dessus non plus, mais seul Sigmund, le fils de Volsung (et futur père de Sigurd) y parvient.

On ne sait pas trop a quoi Gram ressemble, mais le manuscrit dit qu’elle mesure 7 empans
de long, ce qui fait à peu près 1m40 (soit 9/10 de moi).

(Heureusement qu’ils étaient grands, les Vikings, parce que sinon v’là la galère question manœuvres.)

(Genre moi j’aurais même pas les bras assez longs pour le sortir de son fourreau, le machin.)

Bref bref, on s’égare.

Sigmund avait brisé l’épee sur la lance d’Odin en personne durant sa dernière bataille contre un roi rival (qui avait apparemment Odin de son côté). (Soit dit en passant, je trouve que c’est un peu déloyal d’amener des dieux de la guerre dans ses batailles.) (C’est un peu comme si j’amenais Flaxou à une compétition de lançage de chaussettes à côté du panier à linge.)

Toujours est-il que Sigmund s'était fait occire pendant cette bataille, mais ensuite sa femme avait récupéré les fragments de Gram et les avait mis de côté pour Sigurd.

Donc on a un héritier d’un royaume disparu qui cherche à reforger une épée légendaire brisée en deux.



(Non vraiment, ça ne me dit rien.)

Regin reforge l'épée, et cette fois-ci c'est pas de la gnognotte, parce que quand Sigurd décide de la tester sur l'enclume du forgeron, BLAM IL LA FEND EN DEUX!


ET OUAIS MA COUILLE C'EST DE L’ÉPÉE MYSTIQUE CA, C'EST PAS LE COUTEAU A BEURRE A TA MÈRE!

Après ça y'a un passage où Sigurd va venger la mort de son père, et le seul moment intéressant c'est qu'il y a un passage très controversé qui mentionne un que Sigurd "grave un aigle de sang" dans le dos de son adversaire vaincu, et apparemment ça fait trois mille ans que les académiciens se chamaillent là-dessus, parce que y'en a qui disent qu'il lui grave un aigle dans le dos avec son épée, y'en a qui disent que c'est un vrai aigle qui se perche sur sa carcasse, et y'en a d'autres (qui sont sûrement des historiens fans de black metal) qui disent que c'est une référence à un type de sacrifice odinique où on briserait les côtes d'un type pour lui faire passer les poumons dans le dos.



Y'a aussi une partie chiante avec un devin, parce que c'est la mythologie scandinave et il peut jamais rien se passer sans qu'il y ait des putains de prophéties dans tous les sens, mais comme tout ça on s'en pète, du coup je saute directement au passage cool avec le dragon.

(Et si t'es pas content, t'as qu'à aller lire l'Edda tout seul.)

Par contre, t'attends pas vraiment à de la grande bataille épique entre Sigurd et le dragon, parce que c'est à peu près aussi court qu'une scène de bataille chez Tolkien:


Alors ce qui se passe, c'est que Fafnir va tous les jours boire à la rivière, et Sigurd creuse un fossé sur son chemin et s'allonge dedans. Du coup quand Fafnir rampe au-dessus du trou; Sigurn le plante par en-dessous en plein coeur, et c'est la mort de Fafnir.


(Tout ça manque cruellement de panache.)

(Mais après, c'est tellement plus logique que d'aller affronter le truc à la loyale.)

(J'veux dire, c'est un gars humain à qui on demande d'aller affronter un dragon cracheur de poison – je te jure qu'à sa place, moi aussi je le backstab, pas de regrets.)

M'enfin, Fafnir n'est pas tout à fait mort, il a encore le temps de taper la discute avec Sigurd sur trente mille pages– ah oui parce que j'avais pas dit mais c'est un dragon qui parle, vu qu'en fait à la base c'était un Nain sous forme de dragon.

(Donc en fait ça veut dire que Otr, quand il était sous sa forme de loutre, il pouvait parler aussi?)

(Je sais pas toi, mais moi je commence à douter un peu de l'histoire de "tué par accident" de Loki.)

("Mais j'vous jure votre honneur, je pensais juste que c'était une loutre parlante ordinaire!")

Bref, Fafnir tape la discute avec Sigurd, et finit par lui dire "Fais gaffe dude, mon or est maudit, après tu fais ce que tu veux hein", mais Sigurd lui répond "Ouais c'est ça, on me la fait pas à moi, allez va crever vieux serpent".

(Pas très sympa.)

Fafnit meurt donc, non sans lui dire dans un dernier souffle "Regin m'a trahi, il te trahira aussi; il signera notre mort à tous les deux".

Regin arrive sur ces entrefaites et félicite Sigurd pour sa victoire, non sans mentionner au passage que, comme c'était son idée d'aller tuer le dragon, tout ça c'est quand même un peu grâce à lui.


(Ah ouais, ça devait être bien difficile de rester boire des pintes à la taverne en attendant que Sigurd fasse tout le boulot, hein.)

Regin découpe ensuite le coeur de Fafnir de sa poitrine, et boit son sang, puis ordonne à Sigurd de faire cuire le coeur du dragon pour lui, pendant qu'il fait la sieste.

Alors on va passer sur le fait que boire le sang de ses ennemis vaincus c'est ULTRA METAL et juste rappeler, au passage, que REGIN EST EN TRAIN DE BOUFFER SON FRÈRE ET CA GÊNE PERSONNE.

(Bande de tarés.)

Ah si pardon, Sigurd s'exprime, mais c'est juste pour lui dire en substance "Dis donc p'tit père tu te fais pas chier, c'est moi qui ai risqué ma vie à buter le dragon et je dois encore te faire la popote pendant que tu pars roupiller dans la bruyère? Tu me le dis si tu veux aussi cent balles et un Mars, hein."

Ce à quoi Regin réplique que de toute façon, Sigurd n'aurait jamais eu aucune chance contre le dragon s'il n'avait pas eu son épée légendaire, reforgée grâce à lui.


(3615 arguments de merde, oui attendez je vous passe les gens qui ont voté pour le Brexit.)

Du coup Sigurd allume un feu et rôtit le coeur de Fafnir, mais se brûle le doigt en touchant le coeur pour vérifier s'il est cuit. Il met son doigt en bouche et goûte au sang du dragon, et se rend compte qu'il arrive désormais à comprendre le langage des animaux.

Comment il s'en rend compte? Parce que d'un coup, il entend des oiseaux perchés non loin qui discutent.

(Dis donc, c'est un Viking ou une princesse Disney?)

Les oiseaux se disent entre eux:

- Voilà Regin, qui complote pour se débarrasser de Sigurd et revendiquer tout le trésor pour lui.
- Sigurd devrait lui trancher la tête maintenant et en finir!
- Oui, il serait bien idiot d'achever un frère et de laisser l'autre vivant!

Et là, Sigurd sort son épée, tranche la tête de Regin dans son sommeil, mange le coeur de Fafnir, et boit le sang de Regin et de Fafnir.


(Ça déconne pas chez les scandinaves.)

Alors je ne vais pas m'attarder sur le fait qu'encore une fois, tout ceci est SUPER METAL, mais woh dis donc, Sigurd faut pas lui dire les trucs deux fois.

(Le mec il passe de "cet homme est comme mon père"à "j't'égorge dans ton sommeil" en genre une-demi seconde.)

(Même Walder Frey il retourne sa veste moins vite que ça.)

Une fois que Sigur a fini son petit bain de sang pépouze, il visite la caverne du dragon et trouve plein de butin chouette, comme une cotte de mailles en or, l'épée Hrotti, ou encore le Casque de Terreur.

(En même temps, il vient de vaincre un boss, c'est un peu normal que le loot soit de qualité.)

Puis les oiseaux disent à Sigurd que maintenant qu'il a le fric et la gloire, il peut se trouver une go (en substance) et lui indiquent le chemin vers un royaume lointain où, au sommet d'une montagne de feu, gît une valkyrie endormie par un sort.

(Han le plot twist qui pue le vieux conte de fées.)

(Je préférais quand on parlait de boire le sang de ses ennemis vaincus, perso.)

Bref, c'est tout pour le moment, et si un jour je suis en forme je te raconterai la suite de l'histoire, y'a des amants maudits et des gens qui foutent le feu partout, et même des types qui mangent leurs enfants, donc comme tu vois, c'est bien fun.



Epilogue :

- Pardon mais le Roi Lion c’est quand même mille fois mieux que Merlin l’Enchanteur.
- QUOI ?? Mais Merlin l’Enchanteur ça montre la science qui éclaire les esprits enfermés dans l’obscurantisme ! C’est la plus belle histoire du monde !
- Heu déso pas déso, le Roi Lion ça parle du passage à l’âge adulte, de la prise de responsabilités, du rapport de l’individu à la mort, ça propose une réflexion sur la notion de destin et de libre arbitre, et ça redéfinit les liens familiaux de manière résolument moderne, alors je pense que c’est quand même un petit peu plus intéressant que l’histoire d’un gars qui veut niquer des écureuils.
- ….
- ….
- C’est l’écureuil qui veut le niquer. Y’a une nuance.

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