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L'instant Kiwi: les expressions cheloues, volume II

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Salut les p'tits loups!

On est repartis pour un tour dans les expressions complètement WTF de la Nouvelle-Zélande.

(Si jamais tu veux te rafraîchir la mémoire, tu peux trouver une première sélection pas piquée des hannetons par ici.)

Car oui, au pays des fush'n'chups, on a des expressions pour le moins étranges – et ça n'a rien à voir avec la langue anglaise, mais bien avec le pays lui-même. Je vais d'ailleurs volontairement laisser de côté des expressions cheloues comme "cool cucumber" (que je trouve soit dit en passant magnifaïk) parce qu'on la trouve aussi en Angleterre ou aux Etats-Unis.

Hop, un petit top 5 de mes préférées:

5. SMOKO


Pour comprendre celle-ci, il faut t'imaginer la tête de Flaxou lors de son premier jour au turbin, quand on était tout fraîchement débarqués de l'avion et qu'il avait trouvé un boulot à la chaîne dans une usine de lait en poudre.

(Parce que oui, Flaxou a Bac+5 en microbiologie, mais si tu crois qu'en arrivant dans un nouveau pays tu peux cash bosser dans ta branche... ben reste chez toi, ça vaut mieux.)

Du coup, il fait connaissance avec ses collègues, et commence instantanément à galérer, parce que tous ses collègues sont des Maoris ou des Polynésiens, et qu'ils ont un accent différent de celui des autres Néo-Zélandais (qui n'est de base pas une partie de rigolade).

Alors il tente comme il peut de faire bonne figure en rigolant en même temps que les autres et en hochant la tête d'un air pénétré quand on lui parle (les deux bottes secrètes de tout étranger en terre inconnue), mais soudain, c'est le drame, quand un de ses collègues lui balance:

- Time for a smoko!




Là, il est bien obligé de se fendre d'un "excuse me, what?", ce à quoi ses collègues lui répliquent:

- We're going for a smoko! You want to have a smoko with us?




De plus en plus désemparé, Flaxou finit par hocher la tête et les suivre, en se disant qu'on verra bien.

Et heureusement pour lui, "smoko" est un terme néo-zélandais qui signifie simplement "prendre une pause".


(Je dis "heureusement pour lui" parce que le gars, il y est allé à l'aveuglette.)

(Pour ce qu'il en savait, "going for a smoko"ça pouvait vouloir dire "aller fumer du crack".)

Le terme vient du verbe "smoke" parce qu'il désignait originellement la pause-clope, mais s'est depuis élargi pour signifier n'importe quelle pause qu'on prend au boulot, maintenant que quasiment plus personne ne fume dans le pays (ci-mer les paquets de clopes à 25 boules) (tu peux manger deux fois chez Macca'sà ce prix-là). Le "smoko" est donc à la fois ta pause clope, ta pause café, ta pause goûter, ta pause pipi, et j'en passe.


4. MINT


Alors là, tu te dis peut-être que c'est pas vraiment la peine que je ma la pète, parce que franchement, on n'a pas besoin d'être aussi majestueusement bilingues que les gens des pubs Wall Street English pour comprendre le mot "mint".

Sauf qu'en Nouvelle-Zélande, terre de magie et d'illusions, AUCUN MOT N'EST CE QU'IL SEMBLE ETRE.


Je te laisse juger par toi-même au vu du dialogue suivant entre moi et un de mes collègues, par un frais lundi matin de Septembre:

- Hey! How was your weekend in Fiji?

- Oh, it was mint!



Car oui, en Zélandie, "mint" veut dire "cool", "chouette", "super", "chan-mé" (raye l'expression que t'as plus entendue depuis 2002).

On peut aussi la substituer par l'expression "Choice" (comme dans "Choice, bro!"), qui veut bien évidemment dire "choix" et qui du coup a encore moins de sens que "mint", ah non mais vraiment bravo les gars, logique impeccable.

Imagine si on faisait des conneries de ce genre avec la langue française, et qu'on se mettait subitement à dire des mots complètement aléatoires pour exprimer notre joie?

- Y'avait plus que cette minuscule place en créneau, et j'étais hyper à la bourre, mais là bim! Je l'ai réussi du premier coup!

- CACAHUÈTE!
- Pardon?
- Nan, je voulais dire, c'est cool! Porte-manteau! Grenadine!
- Heu, en fait faut que j'y aille là, j'entends qu'on m'appelle...
- Pas de soucis! Fourmilier!

(Eh ben l'Académie Française aurait vite fait de nous interner, c'est moi qui te le dis.)


3. EGG


Oui, je sais, encore une expression qui a zéro rapport avec son mot d'origine.


En argot néo-zélandais, un "egg" c'est un crétin, un abruti. Par exemple: "Oi, stop being an egg!" ou encore "Shut up, you egg!" C'est une manière polie de traiter quelqu'un de débile (une personne s'offensera moins si on la traite de "egg" que de "dick" ou de "dumbass").

Une autre variante est "turkey" (littéralement "dinde"), que j'ai beaucoup entendu appliqué à soi-même, genre"Oh, I left my phone at home, I'm such a turkey!". 



(Et puis, évidemment, c'est l'insulte préférée de Murray dans Flight of the Conchords.)

Et sinon, niveau raisonnement, je pense qu'on a définitivement franchi la frontière du "on s'en bat les couilles", on est tous d'accord?




2. THE WOP WOPS

On connaissait déjà "Up the boohai" qui est typique de la région d'Auckland, maintenant découvrez "the wop wops", qui est une expression universellement connue (la définition d'"universel" en Nouvelle-Zélande = "qui inclut l'Ile du Sud"). 

Je l'ai entendue pour la première fois il y a quelque mois en parlant à ma nouvelle collègue:

- Do you live far?

- Not at all, I'm in Panmure. What about you?
- Oh, I live in the wop wops.



Ce par quoi elle voulait dire qu'elle habitait au fin fond de la cambrousse, mais comme moi c'était la première fois que j'entendais cette expression, je pensais qu'elle voulait dire qu'elle habitait dans un endroit qui s'appelait "Wop Wops".

(Ce qui honnêtement ne serait pas impossible, quand on voit les toponymes qu'on se coltine par ici.)

Du coup maintenant j'explique à tout le monde, comme ça y'a qu'une seule Française qui a besoin de se ridiculiser. (3615 philanthropie)


1. WHO ATE ALL THE PIES?


Incontestablement ma préférée.

"Who ate all the pies?", littéralement "Qui a mangé toutes les tourtes?", est une expression tellement sublimement Kiwie pour deux raisons.

Déjà, elle fait référence à la pie, alias LE plat du coin (avec les fish'n'chips).

(Et non, ce n'est pas une coïncidence si ces deux plats sont également typiques de la Grande-Bretagne.)

Les pies, pour ceux qui ne connaîtraient pas, sont des genres de petites tourtes à la pâte feuilletée ou sablée. Elles sont traditionnellement fourrées au fromage, au boeuf et à la sauce au jus de viande, mais on en trouve de nos jours sous plein de formes (au poulet, au poisson, végétariennes, à l'Indienne, façon Thaï, etc.)




(La gastronomie Kiwie dans toute sa splendeur.)

Et quand je dis que c'est facile de trouver des pies, faut le voir pour le croire.


Parce que, non content d'en trouver dans les restaurants, dans les bars, dans les cafés, dans les pubs, dans les stations-services, dans les fast-foods, dans les épiceries, et dans à peu près tous les lieux où se rassemblent des gens (marché, gare, aéroport, etc.), on trouve bien évidemment des pies au supermarché, mais tellement les gars ils sont à donf, t'en trouves dans pas moins de TROIS sections du supermarché:

1. Au rayon surgelés.

2. Au rayon boulangerie (où on te vend les trucs qui sont cuits sur place.)



3. Au rayon "pies", car oui, il y a UN RAYON ENTIER POUR LES PIES.



(Les gens dans ce pays sont franchement hardcore.)

Alors bon, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit: les pies, malgré leur apparence dégueulasse, c'est franchement pas mauvais. J'en mangerais pas tous les jours, mais ça cale bien.

(En même temps, y'a de quoi – le truc doit faire bien trois millions de calories par centimètre cube.)

Et c'est là qu'on arrive à la signification de l'expression "Who ate all the pies?".

En fait, les Kiwis, avec le sens du tact inouï qu'on leur connaît, utilisent cette expression pour dire à une personne qu'elle a pris du poids.


Je te fais une petite mise en situation: mettons que tu es Néo-Zélandais(e) et que tu croises une vieille connaissance que tu n'avais pas vue depuis un moment. Tu remarques que ladite connaissance a pris un peu de mou, et tu la gratifies donc d'un magnifique:

- Hey mate! Long time no see! Woah, who ate all the pies, eh?




(Si on connaît bien la personne, la remarque peut s'accompagner d'une tape sur le bide et d'un rire gras.)

Le plus fou, c'est que, quand j'ai entendu cette expression pour la première fois, j'étais scandalisée. Je pensais que c'était hyper blessant et indélicat de faire ce genre de commentaire à quelqu'un. 

Mais les Kiwis, en fait, ils s'en pètent totalement, ça les fait marrer.


D'ailleurs, la réponse typique à "Who ate all the pies?" est en général "Ha ha, c'est moi, lolilol je suis gros!"

(Ces gens sont incassables.)

(C'est un peuple de doux lutins sur lequel la vie n'a pas d'emprise.) 

(Pour eux, tout est joie et champ de fleurs.)

(C'est un peu les anti-Français.)

Voilà, tu es maintenant équipé pour aller taper la discute aux Néo-Zélandais comme un champion.

(Je me doute que si t'es en France, c'est pas très utile, mais je peux pas t'apprendre l'argot français.)

(Sauf si c'est le genre d'argot qu'on entend dans les chansons de Renaud)

(Là je suis balaise, mon frérot.)

Bastille Day et Waitangi Day: l'instant Kiwi et les fêtes nationales

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Et donc l'autre jour c'était la fête nationale.

Ou, comme on l'appelle en Nouvelle-Zélande, "Bastille Day".

Et là tu te demandes peut-être pourquoi donc est-ce que les néo-zélandais en ont quelque chose à taper de la fête nationale française au point de lui donner un nom, et honnêtement je me pose la question tout autant que toi.

Parce qu'on est d'accord que, quand on est un pays normal, on s'en balek des fêtes nationales des autres pays, oui? Enfin voilà, viens pas me dire que comme ça, de tête, tu peux me dire quel jour c'est la fête nationale italienne ou polonaise.

Moi-même, qui ai grandi à la frontière entre trois pays, je saurais pas te dire avec exactitude quel jour les Allemands fêtent la réunification (je sais que c'est quelque part en octobre) (j'ai envie de dire le 3 octobre mais je suis genre sûre à 65% seulement). Et pour la Suisse c'est encore pire, parce qu'on allait exprès à Bâle chaque année voir leur feu d'artifice qui dégommait tout, et j'ai même pas une vague idée de la date.

(Il faisait chaud, je crois.)

(Donc vers l'été?)

Du coup, c'est assez inexplicable pour moi que non seulement les Kiwis soient au courant de la fête nationale française, mais qu'en plus ils se souviennent de la date et qu'ils viennent me la souhaiter.

Ce qui me rendait d'autant plus perplexe qu'en France, bah, on se souhaite pas la fête nationale:

- Hey Charlotte! Happy Bastille Day!
- Ah, euh, bah, thanks.
- How do you say "Happy Bastille Day" in French?
- You don't.
- Oh? So what do you say?
- Well, in general, we say "Tu la bouges ta caisse, enculé?"
- And what does that mean?
- It means... "Hi".

Et puis alors je te racontes pas l'incompréhension culturelle quand TOUS LES GENS de ma boîte ont passé la journée à me demander ce que j'allais faire pour fêter Bastille Day, et que je disais "Rien". Et après les gens ils me regardaient avec des grands yeux de loutre comme si c'était la chose la plus triste qu'ils aient jamais entendu.




Sauf qu'en fait, en France non plus j'aurais rien fait, donc voilà José, te sens pas mal pour moi.

Et je te passe les quarante personnes qui m'ont demandé :

- En France, comment est-ce qu'on fête Bastille Day, typiquement?
- Bahhh... c'est l'été, donc les gens des fois ils font des barbecues.
- Et?
- Et pis le soir, on va voir le feu d'artifice.
- Et? 
- Et les vieux, des fois, ils regardent le défilé.
- Et vous mangez quoi?
- Ben on mange....on mange la même chose que les autres jours, QU'EST-CE QUE TU VEUX DE MOI GRANT??

Et puis je te raconte pas comment je me suis bien faite griller quand on m'a posé des questions pointues:

- Mais en fait, vous fêtez quoi exactement le 14 juillet?
- On fête la prise de la Bastille. C'était un événement majeur qui a marqué le début de la Révolution Française.
- Mais au fait, c'était quoi, la Bastille?



- C'était une prison... pour les prisonniers politiques... je crois?
- ....
- Et y'a une histoire d'armes, aussi.
- ....
- C'est les révolutionnaires qui ont récupéré les armes... et libéré les prisonniers? Je crois?
- ...
- Quoique y'avait peut-être déjà plus de prisonniers, en fait.
- ....
- Mais y'avait définitivement une histoire avec des armes!



(Ah ça valait bien le coup d'avoir un 16 au bac d'histoire-géo, tiens.)

Bref, comme j'ai passé ma journée à me faire griller par tous mes collègues sur mes connaissances de merde en Histoire de France, j'ai donc décidé de compenser en abordant enfin un mastoc morceau d'histoire néo-zélandaise que j'ai repoussé pendant des années parce que très compliqué: Waitangi Day.

Quel rapport, me diras-tu?

Le rapport, en dehors du fait que les deux sont des fêtes nationales, c'est aussi que les Kiwis fêtent Waitangi Day exactement comme les Français fêtent le 14 juillet: personne ne sait trop ce qu'on célèbre, on sait vaguement que c'est une histoire d'unité nationale et qu'il y a des têtes qui ont roulé y'a longtemps, mais globalement on s'en fout pas mal parce que c'est l'été et qu'on a un jour de libre pour faire griller des saucisses et aller à la plage.

Waitangi Day est fêté en Nouvelle-Zélande le 6 février, et célèbre la signature du Traité de Waitangi le 6 février 1840.

Le Traité de Waitangi, je l'ai déjà évoqué sur ce blog, mais je vais approfondit tout ça un peu plus ici.

C'est donc comme son nom l'indique un traité, qui a été signé entre la Couronne Britannique et plus de 40 chefs des plus importantes tribus maories de l'époque. La signature du Traité a mis fin à la guerre entre les colons britanniques et les tribus maories, et a marqué le début de la coexistence (plus ou moins) pacifique des deux peuples. 

le Traité était un tout petit document avec seulement trois articles (voici une copie de la version anglaise, pour ceux que ça intéresse).


Le Traité indiquait grosso modo que la Nouvelle-Zélande devenait une colonie britannique et que les Maoris cédaient leur souveraineté à la Couronne, en échange de quoi ils obtenaient les mêmes droits que les citoyens de l'Empire, et conservaient les droits de propriété de leurs terres.

Un deal plutôt honnête.

MAIS.

(Car évidemment, il y a un mais.)

Il y a eu deux problèmes majeurs avec le Traité: 

1. Le Traité ne dit pas la même chose dans sa version anglaise et dans sa version maorie. 

Et c'est un problème parce que la plupart des historiens s'accordent à dire que, si la traduction avait été exacte, le Traité n'aurait pas été signé (ou du moins pas par tant de monde).

Beaucoup de gens sont de l'avis que la version maorie a été volontairement modifiée pour tromper les chefs et les pousser à signer, mais personnellement, je pense que les erreurs de traduction auraient très bien pu être faites involontairement. Surtout quand on sait que la traduction a été assurée par un pasteur anglican et son fils EN UNE NUIT.



(Illustration du pasteur à qui on a demandé de faire la traduction.) 

Parce que j'imagine même pas le bordel que ça a dû être pour un type dont c'était la seconde langue (il faisait donc du thème et pas de la version, et tous les nerds qui ont fait du latin au collège savent que tu doubles déjà la difficulté rien qu'avec ça) de traduire un document plein de termes juridiques en une nuit, sachant qu'en plus la moitié des termes utilisés n'existaient pas en langue maorie, puisque les concepts eux-mêmes étaient totalement inconnus.

Les deux gros points de discorde sur la traduction portent sur les mots "Kawanatanga" et "tino rangatiratanga". 

"Kawanatanga" a été utilisé pour traduire "souveraineté absolue" (dans la phrase "les peuples de Nouvelle-Zélande accordent la souveraineté absolue à sa majesté la reine d'Angleterre). Sauf que "Kawanatanga"était le mot communément utilisé pour "gouvernement"– il semblerait que les chefs Maoris pensaient donc donner à la Couronne le droit de gouverner les terres, et pas qu'ils accordaient une supériorité hiérarchique à la Reine d'Angleterre. (De toute manière, le concept d'un monarque régnant sur un pays entier, c'était même pas envisageable pour eux.)

"Tino rangatiratanga" est un mot qui peut grosso modo être traduit par "autorité tribale." Dans l'article 2 de la version maorie du traité, il est indiqué que les chefs maoris pourront garder leur autorité tribale, ce qui implique conserver leurs propres lois – or, la version anglaise parle uniquement de conserver leurs terres et autres propriétés. 

Du coup, tu peux imaginer que les gars l'avaient un peu mauvaise quand ils ont signé le Traité et qu'on leur a dit:

- Bienvenue dans l'Empire Britannique! Maintenant c'est nous les chefs.
- Mais on avait pas dit qu'on restait les chefs quand même?
- LOL non.

2. Le Traité n'a pas été respecté par la Couronne Britannique.

Dans la culture maorie de l'époque, les serments d'honneur tenaient une importance capitale – la signature du Traité était donc tapu (sacrée). Du coup, les Maoris étaient tenus par tout ce que leur culture avait de plus fondamental d'honorer les termes du Traités.

Tandis que les Anglais, ils s'en battaient les couilles.

(Pour faire simple.)

Ils s'en battaient tellement les couilles que la Couronne n'a jamais daigné répondre aux appels au Parlement et aux plaintes officielles déposées par les Maoris pour rupture du Traité, et, en 1877, pour faire taire toute protestation, le Gouverneur a même carrément décrété le Traité de Waitangi "légalement nul". Le Traité n'a regagné sa valeur légale qu'en 1975, après une longue bataille juridique menée par des citoyens Pakeha et Maori pour faire valoir le Traité comme un document fondateur de la Nouvelle-Zélande.

(La même année a vu naître le Tribunal de Waitangi, qui est chargé d'enquêter sur toute rupture potentielle du Traité par le gouvernement post-1975.)

Bref bref.

Waitangi Day est un jour férié officiel depuis les années 1960, et est censé symboliser l'amitié entre les peuples, l'unité nationale, tout ça.

Sauf qu'en fait tout le monde s'en pète parce que c'est le milieu de l'été et que c'est vachement plus fun d'aller se baigner sous une cascade.


(Et c'est pas moi qui vais les contredire.)

En somme, Waitangi Day est plutôt similaire à notre fête nationale à nous.

MAIS.

(Car évidemment, il y a un mais.)

Waitangi Day, pour 90% des Kiwis, c'est une occasion de profiter d'un jour férié peinard. Et pour les 10% restants, c'est une occasion de se mettre bien vénère.

(Bon, "bien vénère" comme des Kiwis, hein.)

(C'est-à-dire qu'ils vont à la radio dire "Quand même je suis pas très content".)

Pourquoi ils sont pas contents? Ça dépend des camps.

Du côté Maori, certains profitent de la teneur symbolique du jour pour aller dire "C'est quand même pas cool qu'on célèbre le jour où s'est fait enfler royalement par les Anglais" (en oubliant un peu vite que c'est quand même le jour qui a marqué la fin d'une guerre sanglante que les Anglais auraient de toute manière fini par gagner).

Et du côté Pakeha, c'est le jour préféré pour les white supremacists et les fans de théorie du complot de tous poils pour venir beugler à la télé que "Quand même les Maoris ils seraient encore dans leur hutte à tailler des cailloux si on était pas venus leur apporter la civilisation! On leur doit rien du tout, le Traité il faut l'abolir et puis voilà!"

Les arguments de ces derniers sont bien souvent les mêmes, qu'on peut retrouver dans ce délicieux jeu de "Waitangi Day Bingo":


Alors, on a le très populaire"Je suis pas raciste, au contraire, comme je suis Blanc c'est moi la minorité opprimée" (parce que, n'est-ce pas, ce sont les iwi et le Tribunal de Waitangi qui tirent secrètement les ficelles du pouvoir) (avec les aliens reptiliens et les Illuminati, bien sûr).

(En fait, les iwi, c'est un peu les Francs-Maçons de la Nouvelle-Zélande, pour ces gars-là.)

On a aussi l'argument "génétique" qui ressort souvent, et qui veut à la fois tout et rien dire, parce que ces génies se contredisent souvent dans la même phrase, en sortant des trucs comme"Les Maoris c'est un peuple de guerriers, ils sont naturellement enclins à la violence parce que c'est dans leurs gènes, du coup il faut les mettre en prison autant que possible pour qu'ils se tiennent à carreaux" (ce qui en soi est déjà BRILLANT de logique). Mais après, deux minutes plus tard, les mecs vont venir te sortir que "De toute façon je vois pas pourquoi ils se plaignent d'être discriminés, ils sont même pas Maoris, les vrais Maoris pur sang n'existent plus, ils sont tous mélangés avec du sang blanc maintenant".


On trouve aussi le classique "De toute façon c'étaient pas les premiers en Nouvelle-Zélande, donc la colonisation était légitime" et "Et puis d'abord c'étaient des cannibales sanguinaires alors les Anglais à côté ils ont été bien sympas" (que j'ai déjà évoqués sur ce blog) 

Petite parenthèse: la référence à John Ansell dans le bingo mérite une explication, parce que ce gars est assez incroyable.

John Ansell est un membre du parti ACT New Zealand – un parti de droite conservatrice qui tient à la fois du FN (pour le côté ouvertement raciste et la volonté de réduire drastiquement les aides de l'Etat) et de Jacques Cheminade (pour le côté complètement illuminé et "le réchauffement climatique c'est un complot Marxiste pour nous empêcher de rouler en 4X4".)

Ces tarés de la bouteille ont tendance à glaner péniblement entre 0,5% et 1% des voix – ce qu'ils imputent bien naturellement aux élections truquées par les instances gouvernementales, parce qu'évidemment, si on laissait le peuple parler, ça fait longtemps qu'ils seraient au pouvoir, tu penses.

(C'est tellement super la vie de théoricien du complot.)

John Ansell et ses potes ne manquent donc pas de prendre vigoureusement la parole à chaque Waitangi Day pour venir raconter que le pays est secrètement contrôlé par les élites maories. 

(Mais si, tu sais, les élites maories. Tous ces très nombreux chefs d'entreprise Maoris, millionnaires Maoris, et stars du show-business Maoris.) 

(Ils sont tellement secrets qu'ils cachent même leur appartenance à l'élite, dis donc.)

(Ils vivent exprès dans la plus basse couche de la société juste pour nous jeter de la poudre aux yeux.)

(C'est fort quand même.)

ACT compte donc des êtres délicieux comme John Ansell, qui a créé un blog entier intitulé "Treatygate" dans lequel il raconte que "Grâce à la colonisation, les Maoris sont passés de l'âge de pierre à l'ère spatiale en seulement 150 ans, et je ne les ai toujours pas entendus nous remercier."

(C'est vrai ça, quelle bande d'ingrats.)

Il y a aussi des types comme Martin Doutré, un pseudo-archéologue et copain de néo-nazis, qui raconte que c'est en réalité les Celtes qui ont découvert la Nouvelle-Zélande plusieurs milliers d'années avant les Maoris.

(Oui oui, les Celtes de l'âge de bronze.)

(Ils ont fait vingt-quatre mille kilomètres à la rame sur des barques en bois.)

(Tutafé.)

Et pour compléter le tableau, on a leur bon copain Allan Titford, qui a notamment mis le feu à sa propre maison pour accuser la tribu Maorie locale, et a récemment été condamné à 24 ans de prison pour incendies volontaires, coups et blessures, séquestration et viol.

(Un type charmant, en somme.)

Mais les critiques de Waitangi Day, c'est aussi des arguments moins illuminés et plus plan-plan, comme le bon vieux réac"De toute façon moi je préfère Anzac Day" ou encore l'indémodable "Je suis pas raciste, j'ai un ami Maori qui pense comme moi" 

(Ils ont pris des cours chez Nadine Morano, on dirait.)

Et là je suis un peu embêtée, parce que j'allais conclure mon article en disant que, pour une fois, j'allais donner le point "meilleur pays"à la France pour ce qui est de la célébration de sa fête nationale.

Mais étant donné les nouvelles récentes, je pense que c'est moins important de distribuer des points, et plus important de se dire qu'au final, y'a des sales cons partout dans le monde. 


Mais tant que la majorité d'entre nous reste en mode "joie et amour", je pense qu'on tient le bon bout.

Donc, lecteur, lectrice: malgré tout, passe un bon été. Baigne-toi sous des cascades et fais des barbecues. 

Et si tu le fais pas pour toi, alors fais-le pour moi, parce qu'ici c'est l'hiver et que je mangerais bien un taboulé par procuration.

(Bisous.)

C'est la fin des vacances du blog

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Bon bon bon.

Alors oui, ça fait genre un million d'années que j'ai rien écrit sur ce blog.

En vrai ça fait 2 mois, mais on dirait que ça fait un million d'années, si j'en crois les messages incessants de ma BFF:





(VOILA CA Y EST T'ES CONTENTE SARAH???!)

Bref, ça fait un moment que j'ai pas fait d'articles, et c'est pas faute d'inspiration ni faute de volonté (enfin si un peu mais bon voilà), c'est surtout parce qu'il m'est arrivé plein de trucs sur la tronche en même temps:

D'abord, au boulot, on a eu un gros événement de ouf, et apparemment comme dans mon contrat c'est écrit que mon titre c'est "chargée de communication ET d'événementiel"ça voulait dire que je devais lever mon cul de ma chaise et aller me geler les miches dans des salons de l'habitat, au lieu de rester pépère au bureau à liker des photos de cuisinières sur Instagram.

(Ça s'appelle du community management, monsieur.)

Et je pensais qu'on m'avait demandé d'aller sur le salon tous les jours juste pour prendre des photos du stand et les foutre sur Facebook, mais en fait comme tous les gens malins ont trouvé une bonne excuse pour pas se pointer y'avait pénurie de personnel pour une raison mystérieuse, j'ai dû faire la quiche de l'accueil qui reste debout toute la journée à l'entrée et fait "Bonjouuuur, bienvenue sur notre staaaand!"

D'autant que le premier jour c'était pas prévu que je vienne et qu'on m'a appelé en urgence du bureau, je me suis pointée en TALONS et j'ai dû rester debout HUIT HEURES comme ça.

Ajoute à ça que j'ai pas trop l'habitude des boulots physiques (disons que je suis plus habituée à user mes fonds de pantalon que mes chaussures) et à la fin de la journée, j'étais genre:


Mais en fait, à part la corne dans les pieds, c'était pas si mal.

Je m'attendais à un accueil horrible dans un salon plein de gens bougons, mais en fait je pense que c'est juste parce que j'ai encore trop l'habitude de la France.

Parce que ça fait presque quatre ans, mais je suis toujours surprise par la Bisounours attitude de ce pays:

- Bonjour mademoiselle, c'est chez vous qu'on vend des micro-ondes?
- Oui monsieur, vous cherchez un modèle en particulier?
- Ah non, en fait j'en ai déjà un de votre marque, depuis 5 ans.
- Ah, et vous voulez le remplacer?
- Non non.

(Mais alors POURQUOI TU ME PARLES JEAN-JACQUES?)

- En fait je voulais juste venir vous voir deux minutes pour vous dire que mon micro-ondes, il est SUPER!



- Vraiment, je suis très satisfait. Une machine formidable, je l'utilise tous les jours, et j'en suis très très content.



- Allez je vous retiens pas trop longtemps, je me doute que vous êtes très occupée. Excellente journée à vous!


Et c'est pas genre un incident isolé, hein!

J'étais sur ce salon une semaine, et j'ai eu pas moins de SIX personnes différentes qui sont EXPRÈS venues me parler juste pour me dire à quel point elles étaient contentes de leurs appareils!

Plus une meuf qui est venue me dire qu'elle était très satisfaire de notre service client (okay), un couple qui est venu me féliciter de mon "très joli" stand (super) et une petite vieille qui a claudiqué vers moi sur quinze mètres pour me dire qu'elle venait de s'inscrire pour notre concours sur le stand et qu'elle voulait "féliciter la personne qui a conçu ce questionnaire, parce que je l'ai trouvé très intéressant et en cherchant les réponses j'ai appris plein de choses utiles sur les appareils que vous vendez".

(Ces gens sont fous.)

Bref, comme tu vois, j'étais plutôt occupée, vu que, comme mon titre c'est chargée d’événementiel ET de communication, j'ai dû passer trois semaines de malade à rattraper la semaine que j'avais perdue en me faisant agresser par toute cette gentillesse au salon de l'habitat.

D'autant que les salons, comme en France, sont un truc saisonnier, du coup y'en avait deux petits juste à la suite du grand, il a fallu organiser tout ce bouzin, et évidemment c'est moi qui m'y suis collée.

(Une vague histoire comme quoi "on m'avait engagé pour ça".)

(Soi-disant qu'"on ne paye pas les gens JUSTE à faire des montages photo et organiser des concours sur Facebook".)

(J'hésite à aller aux Prud'Hommes.)

(Nan je déconne.)

(C'est la Nouvelle-Zélande, y'a pas de Prud-Hommes.)

(Par contre y'a genre 2% de chômage à Auckland, du coup quand les gens sont pas contents de leur boulot, ils partent juste en trouver un autre.)

L'autre raison de mon absence, c'est mes cours de maori qui me prennent plus de temps maintenant que ça devient SUPER CHAUD - mais je t'en parlerai plus dans un autre article.

Et la dernière raison, c'est que j'ai enfin reçu mon nouveau PC et que donc je peux enfin jouer à The Witcher 3.


(HAAAN C'TE HAUTE DEEEEF)

Après, je dis "mon nouveau PC", en vrai ça s'est passé comme ça:

- Coucou Cha! J'ai enfin reçu les pièces du PC, je vais pouvoir les monter ce week-end!
- Cool! Du coup je vais pouvoir jouer dessus bientôt?
- Non mais en fait celui-ci est quand même vachement bien, du coup je vais le garder pour moi.
- ....
- Mais je te donne mon vieux PC en échange!

TROP MERCI MEC.


- Bon, au moins j'ai le nouvel écran.
- Ah non mais ça aussi c'est pour moi en fait.


(Il a de la chance d'être mignon, c'est moi qui te le dis.)

Du coup je me suis un peu laissée emporter par le jeu - là je viens d'arriver sur Skellige, j'ai joué genre huit cent heures et je suis seulement niveau 20.

Faut dire aussi que je joue en mode difficile - le bien nommé "Sang, sueur et larmes" - et aussi que j'avais rien piné à la manière dont on gagnait les points d'expérience.

Donc d'abord j'ai passé des jours à tuer des monstres aléatoires dans la forêt, avant de comprendre qu'en fait ça ne me donnait pas de points d'expérience - FAIL numéro 1.

Ensuite j'ai pris toutes les quêtes qui passaient, sans réaliser qu'il y avait un indicateur de "niveau conseillé" pour chaque quête, du coup je me suis bien gentiment jetée dans des quêtes de niveau 30 alors que j'étais niveau 2 et je me suis fait déchiqueter - FAIL numéro 2.

Et comme après j'étais traumatisée de la vie, j'attendais exprès d'avoir un niveau bien supérieur à celui conseillé pour chaque quête, et c'est seulement y'a genre trois jour que Flaxou m'a lancé:

- Au fait, tu sais que si t'es trop haut level pour ta quête, tu gagnes qu'un quart des points d'expérience, non?

NON JE SAVAIS PAS NON.

MAIS MERCI DE M'EN INFORMER MAINTENANT.

(Trou du cul.)

Mais sinon je m'amuse bien, je suis très satisfaite des changements apportés entre le Witcher 3 et les versions précédentes - et je ne parle pas du fait de pouvoir boire des potions pendant le combat (même si, on va pas se leurrer, c'est très chouette) mais surtout du fait que je peux ENFIN faire des quêtes pépère sans que toutes les radasses du coin me tombent sur la gueule pour que je les nique.

(Parce que pour rappel, le Witcher 1 et 2, c'était ça.)

J'apprécie aussi que les options de dialogue qui t'ouvrent la voie au sexe soient beaucoup plus évidentes - non parce que dans le Witcher 1, je disais genre "Bonjour madame"et la meuf me répondait "Oh, sorceleur, vous savez parler aux femmes, hihihi!"et PAF la cinématique de cul et la carte Panini de meuf à poil courbée sur une botte de foin.


(Oooookay.)

Bref, c'est reparti comme en quarante, et je te dis à bientôt pour des histoires d'hôtels hantés et de statues avec des couilles.

(Un teaser tout en magnificence.)

Bisous!

Vis mon week-end de films d'horreurs

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Il y a de cela bientôt un an, j'ai fait un article sur les superstitions et autres légendes urbaines (enfin rurales plutôt mais tu vois ce que je veux dire) en Nouvelle-Zélande.

J'y mentionnais, entre autres, l'hôtel "hanté" de Waitomo Caves.

Or, Flaxou, moi, et nos potes Sarah et Guilherme, on s'est fait une rétrospective de films d'horreur pour égayer les week-ends pluvieux d'hiver, et un jour, entre L'Exorciste et The Grudge, je leur ai raconté la rumeur de l'hôtel de Waitomo Caves.

Ce à quoi ils ont tout de suite répondu:


- Il FAUT qu'on aille dormir là-bas!


Et donc comme on est des aventuriers du paranormal qui ne craignent pas la mort, on est partis pour un week-end de sensations fortes à Waitomo.


Waitomo, c'est à un peu moins de trois heures de route d'Auckland, et c'est un très joli coin connu pour son impressionnant système de grottes calcaires, et les très jolies stalactites et vers luisants qu'on trouve dedans.


C'est donc le coin idéal à visiter en hors saison, puisque 1. l'été, ça grouille de touristes 2. les activités type spéléologie/canyoning sont à moitié prix et surtout3. comme tu passes de toute façon la journée sous terre, c'est pas bien grave si dehors il fait moche et froid.


Mais bon, ne nous leurrons pas, on était venus principalement pour les fantômes.


Sachant qu'on était à nous quatre très bien échelonnés sur le spectre du "à quel point est-ce qu'on est sérieux", de Sarah (qui croyait vraiment aux fantômes et espérait en voir un) à Flaxou (qui n'y croyait résolument pas, mais on lui avait dit qu'il y avait un jacuzzi) en passant par Guilherme et moi (qui étions de l'école des sceptiques qui ne se mouillent pas - AKA "en théorie j'y crois pas, mais bon après on sait jamais").


On s'est donc rendus sur place après un petit détour par Bridal Veil Falls (près de Raglan, pour ceux qui connaissent) (c'est-à-dire pour tous les nombreux francophones vivant dans le Nord de la Nouvelle-Zélande qui me lisent), bref Bridal Veil Falls, une chute d'eau qu'elle est très jolie:




(Mais qu'elle est un peu abrupte)



(Pour ceux qui se demandaient à quoi ressemble le bush néo-zélandais en hiver, voilà la réponse: exactement pareil, mais en plus humide.)

Et puis, le soir tombant, on s'est dirigés vers l'hôtel, qui déjà de l'extérieur avait carrément une tête d'hôtel hanté, faut le dire: 




(Spooky)

Mais alors de l'intérieur, c'était encore plus flagrant, ambiance"Les portraits des chefs Maori - dont c'est la terre sacrée qu'on a violée en construisant cet hôtel - qui te suivent du regard quand tu montent l'escalier":



Et puis plus simplement, ambiance BIEN GLAUQUE:




("Viens jouer avec nous, Danny")

Bref, on s'est posés, on a fait des petites blagounettes sur les fantômes et l'ambiance spooky dooky, et puis tout le monde a décidé que, comme il faisait froid, c'était le moment idéal pour aller passer un peu de temps au jacuzzi.

(Oui, c'est un hôtel hanté, mais il y a un jacuzzi.)

(Le sens des priorités, c'est important.)

Sauf que comme moi j'aime pas les jacuzzi (pour la même raison que j'aime pas les bains, ou les hammams, ou les saunas: on est juste assis au chaud à rien faire et on a les mains moites) (franchement je vois pas ce que ça a de relaxant), bref j'ai fait ma maline et je suis restée toute seule dans la chambre.

Sauf que mon cerveau de merde a jugé bon de me troller juste quand je m'installais avec mon livre, en me disant :

- LOL t'as vu on voit le reflet de la salle de bains dans le miroir en face de toi.
- ...
- Imagine tu lèves la tête de ton livre et tu vois un fantôme JUSTE DERRIÈRE TOI.



(PUTAIN)

Donc comme EVIDEMMENT après une pensée pareille, je pouvais pas gentiment lire dans le silence total, j'ai allumé la télé et j'ai branché mon disque dur portable pour regarder des sketchs des Inconnus.

(Ce qui ne m'a bien sûr pas empêché de flipper comme une petite lopette en allant faire pipi, parce que le rideau de douche était tiré sur toute la longueur de la baignoire, et je sais bien que dans ce pays c'est obligatoire si on ne veut pas du moisi sur le rideau, mais moi dès que je vois ça je repense à la scène de la baignoire dans Shining et Y'A PAS MOYEN.)

Bon, ensuite tout le monde est revenu et ça allait mieux, jusqu'à ce que quelqu'un propose:

- Eh, vu qu'on est dans un hôtel hanté, si on regardait un film d'horreur?
- Oh oui, bonne idée! Charlotte, c'est ton disque dur - des suggestions?

Alors tu vois, là j'étais futée: comme j'avais déjà des relents de Shining depuis le début, j'ai pas aggravé les choses en re-matant le film le plus terrifiant de l'histoire du cinéma (si).

Par contre, là où j'étais pas futée, c'est quand j'ai fait"On peut regarder The Descent"alors qu'on allait faire de la spéléologie le lendemain, mais bon, on ne peut pas tout avoir.

Et puis ce fut l'heure d'aller se coucher, et vas-y toi essaye de t'endormir dans un hôtel qu'on dit hanté quand toute la chambre grince et craque et qu'en plus y'a du vent qui s'engouffre entre les fenêtres en faisant "houuuuuu".



(Glauquitude/20)

Et je tiens à remercier tout particulièrement mon époux pour ma crise cardiaque de deux heures du mat', quand il a voulu attraper la bouteille d'eau posée sur ma table de nuit, que je me suis réveillée en sursaut parce que j'avais senti une main appuyée sur mon oreiller, et qu'en ouvrant les yeux j'ai juste vu une forme sombre penchée juste au-dessus de ma tête.

(Et non, je ne m'excuserai pas pour avoir poussé Flaxou hors du lit.)

(Avoir l’instinct de survie, c'est une bonne chose.)

Bref, désolée si ça va en décevoir certains, mais je n'ai senti aucune trace de fantômes à l'hôtel de Waitomo Caves qui ne venaient pas de ma propre imagination malade.

En revanche l'hôtel est très joli et le petit déj est royal, donc je recommande. (Et apparemment le jacuzzi est bien aussi, pour les tarés qui aiment ce genre de trucs.)

Et pour les fans de surnaturel, tout n'est pas perdu: j'ai appris par la suite que l'aile qui est réputée hantée était à l'autre bout de l'hôtel - ce seraient apparemment les chambres 12, 12a (pas de chambre 13) et 14 qui concentreraient l'activité fantomatique.

(Comme par hasard, ce sont aussi les chambres les plus chères, mais bon hein voilà.)

Mais ce n'était pas la fin de notre week-end frissons, puisque le lendemain, après un petit détour par une autre chute d'eau:



("Oui bonjour, bienvenue dans la région de Waikato, y'a de l'eau tout le tour du bide alors on a mis des chutes un peu partout, ça fait joli, vous voulez un arc-en-ciel dans le tas aussi?")

On s'est dirigés vers les grottes pour aller faire du tubing.

Le tubing, c'est une activité qui consiste à aller dans les grottes avec une chambre à air de camion, et à flotter dans le noir le long d'une rivière souterraine.



(Et évidemment on a les combis qui vont bien, parce que l'eau fait neuf degrés.)

Et c'est là que j'ai regretté qu'on ait vu The Descent la veille, parce que le guide était pas particulièrement rassurant:

- Alors, petit briefing de sécurité: j'ai sur le dos un sac de premiers secours, qui contient un kit de soins, une carte, et des batteries de rechange. S'il m'arrive quelque chose, si par exemple je tombe et je me brise la nuque, pensez bien à récupérer le sac sur mon cadavre, sans ça vous n'arriverez pas à sortir et vous mourrez d'hypothermie. Des questions?

Mais, si on enlève le spectre de la mort, c'était une balade ultra cool: on a vu des os de baleine fossilisés, on a fait du toboggan dans l'eau, on a sauté du haut de cascades, et on a fait une jolie balade en bouée sous les voûtes piquées de vers luisants.

C'était un peu magique jusqu'à ce que le guide nous dise:

- Si vous sentez des choses vous frôler dans l'eau, n'ayez pas peur, c'est juste des anguilles.


Ah oui.

Juste des monstres pleins de dents à tête de serpents qui rôdent dans les ténèbres des abysses.

Tout va bien, donc.

- Non, je disais "n'ayez pas peur" parce que vos combinaisons sont très épaisses, donc même si elles vous mordent, vous ne sentirez rien.

AH BEN DE MIEUX EN MIEUX PABLO.

20/20 EN RASSURAGE, CHAMPION DU MONDE.

Mais bon, à part ça, la balade était sympa quand même. Les jolies petites loupiotes au plafond, les innommables léviathans serpentant dans la noirceur des profondeurs, c'était chouette.


(Tu noteras Professeur Flaxou en mode hyper content, et moi en train de me demander si ça valait la peine de se mettre à hurler parce que j'avais senti un truc me toucher la cheville.)

Voilà, c'était mon week-end frissons à Waitomo.

(Des frissons de peur, mais aussi de froid.)

(Je t'avais dit que l'eau était à neuf degrés, ou pas?)

A bientôt pour d'autres aventures!

Brève conjugale

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Professeur Flaxou est un homme très intelligent.

(Y'a "Professeur" dans son surnom, c'est pas pour rien.)

MAIS.


(Car il y a un mais.)

(Sinon j'aurais pas pris la peine de faire un article juste pour dire que mon mec est malin.)

Il est super nul avec les dates.

Et là tu pourrais penser"Ouais, mais bon c'est normal, Facebook nous a tous pourri, moi non plus j'arrive pas à me souvenir des anniversaires des gens que j'ai rencontrés après 2005".

Mais quand je dis "nul", c'est "nul" hein.

C'est pas "nul" genre "j'oublie la Saint Charlotte, qui est le 17 juillet pour info, même si ça fait dix ans que je sors avec une Charlotte et qu'elle me le rappelle chaque année". Ça, on va pas se leurrer, tout le monde s'en fout (même moi, en fait).

(Surtout qu'on a déménagé en Nouvelle-Zélande, où il y a genre onze catholiques, donc vas-y pour que les gens se rappellent de ta fête dans un pays où on ne connaît pas les Saints.)

Donc non, Flaxou c'est pas du menu fretin.

Flaxou, c'est le mec qui est tellement nul avec les dates qu'il se rappelle jamais de l'âge des gens - y compris le mien, mais, encore pire, y compris le SIEN!


C'est le mec qui m'a un jour appelé au bureau en disant:

- Euh écoute je suis en train de faire des papiers pour l'assurance, ma date de naissance c'est  le 5 mars ou le 3?

- Tu rigoles?
- Non mais j'ai un doute.
- Le 5.
- Ah oui voilà! Je me doutais bien.
- ....
- Et l'année, c'était quoi déjà?

Flaxou c'est le mec qui oublie non seulement les dates personnelles, mais aussi les dates universelles. Par exemple, l'an dernier, quand j'étais chez ma famille pour les fêtes de fin d'année, je l'ai skypé de France:

- Salut Flaxou! Joyeux Noël!

- Ah c'est aujourd'hui?

LE MEC AVAIT OUBLIE LA DATE DE NOEL.


Un ALSACIEN qui oublie NOEL!


(Chais pas si tu réalises l'ampleur du truc.)

Du coup, comme je connais le phénomène, je fais toujours bien attention de lui rappeler quelques semaines avant la date de mon anniversaire, comme ça il a le temps d'acheter un cadeau. Et j'ai aussi pris soin de faire graver la date de notre mariage dans nos alliances, pour qu'il ait un rappel utile à chaque fois qu'il l'enlève.

(Et il l'enlève tous les soirs pour dormir.)

Mais quelquefois, ce n'est pas suffisant, cf. la conversation d'il y a quelques semaines:

- Ecoute Fla, avec le salon de l'habitat en ce moment, je suis hyper vannée, donc ça te va si demain on fait rien, et qu'on fait le restau plutôt ce week-end?

- Le restau? Quel restau?
- Ben... Fla! Me dis pas que t'as oublié!
- Oublié quoi?


- Mais je croyais que ton anniversaire c'était pas avant la semaine prochaine!



- Non, Fla! Notre anniversaire de mariage!
- Ah, ça! Mais comment veux-tu que je me souvienne de ça?

Ben chais pas, c'était censé être le plus beau jour de ta vie, face de pet.


Okay, ton oncle a donné un coup de boule à ton beau-père sur le parking de la salle des fêtes, et ton autre oncle a cassé une vitre de voiture avec son poing, mais quand même.


(3615 mon mariage de gitans.)

Donc j'ai un peu fait la gueule pour le principe.





(J'étais pas vraiment fâchée parce que je connais l'oiseau, mais dans un mariage, c'est important de faire semblant de s'énerver de temps en temps.)

Et le pauvre Flaxou, en tentant de s'excuser, s'est enterré encore plus profond:

- Mais tu sais bien que je suis nul avec les dates, ça ne veut pas dire que je ne suis pas très heureux que tu sois ma femme, et je suis ravi d'être marié avec toi depuis tout ce temps.

- Ah ouais? Et depuis combien de temps, au juste?



(C'est presque trop facile.)

Donc c'était l'histoire de mon époux qui non seulement oublie notre anniversaire de mariage, mais oublie aussi depuis combien de temps on était mariés.


Mais comme je suis la meilleure femme du monde, je lui ai pardonné (aussi parce qu'on parle du type qui oublie son propre anniversaire, donc bon) et comme j'avais fait semblant de bouder pendant un quart d'heure, le lendemain j'ai eu des fleurs.

Comme quoi, la clé d'un couple heureux, c'est le mensonge et la manipulation.


(Tindomerel, meilleure conseillère conjugale EVER.)


Épilogue:


- Tu sais que je t'en voulais pas vraiment, c'était pas la peine de m'offrir des fleurs.

- Oui, c'est ce que je pensais aussi. Mais au boulot ce matin j'ai raconté l'histoire à mes collègues, et ils m'ont tous dit qu'il fallait que je te fasse un cadeau, parce que sinon c'était un coup à se retrouver empoisonné à la mort-aux-rats.
- Pour ça, faudrait déjà que je te fasse à manger.
- T'es la meilleure femme du monde.

L'Instant Aucklandais : les élections municipales

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Et sinon l'autre jour j'ai voté aux élections municipales d'Auckland.

Et quand je dis "j'ai voté", tu t'imagines peut-être que c'est un truc qui m'a prix deux minutes; hop on marche jusqu'à l'école maternelle, on met un bulletin dans une urne, et roulez jeunesse.

Mais QUE NENNI ma bonne dame.


Là, faut élire un gus, et ensuite élire TOUS LES MECS qui vont bosser dans son équipe!


(C'est épuisant de nous demander notre avis comme ça, tout le temps.)

(Sérieux, si y'a des Suisses qui me lisent : les gars, je sais pas comment vous faites.)

Nous en France on élit un mec une fois tous les trois-quatre ans, et après le mec pistonne tous ses amis bons à rien, et nous on peut faire des barbecues tranquilles sans devoir se casser la binette sur les dix-sept gens qui vont nous représenter.


Mais là, Flaxou et moi, on a dû passer une après-midi entière à choisir:

- 1 maire

- 1 conseiller municipal
- 4 membres du conseil d'administration local (qui gère les infrastructures de notre quartier – piscines, gymnases, parcs, pistes cyclables, etc.)
- 7 membres du conseil de la santé publique (qui gère les hôpitaux, cliniques et autres services de santé dans la région)
- 6 membres du "Licensing Trust" (des fondations qui reçoivent le revenu des taxes - exorbitantes en Nouvelle-Zélande - sur l'alcool et les machines à sous, et les redistribuent dans des projets pour améliorer les communautés locales.)

(Après, on va pas se leurrer, 90% du temps, ça veut dire "aménager des terrains de rugby".)

(Et les 10% restants, c'est des terrains de netball.)

Comme tu vois, il y a fort à faire - Flaxou et moi, on a donc dû éplucher les biographies de pas moins de SOIXANTE-SEIZE candidats.

(Donc ne te plains PLUS JAMAIS de recevoir trop de prospectus dans ta petite boîte aux lettres française en période électorale, parce que je te laisse deviner la quantité monstrueuse de paperasses qui nous a inondé pendant des semaines.)

Donc, concrètement, cette élection, comment elle marche?

Eh ben déjà, on ne va pas au bureau de vote (dieu merci).

(Je rappelle qu'on doit voter pour dix-neuf personnes en une seule fois, donc t'imagines le temps d'attente, ce serait du niveau nucléaire.)

(Ou niveau "Europa-Park un 8 mai", au moins.)

(3615 blague de niche.)

J'ai donc reçu une très jolie enveloppe de Bisounours avec mon papier de vote dedans:




("La politique c'est super et vive l'amour!")

Et un petit livret avec les programmes de chaque candidat dedans.

Sachant qu'en bons citoyens, on a lu TOUS les programmes de TOUS les soixante-seize candidats, même si j'avoue qu'à un certain moment, tu commences à un peu discriminer au faciès.


Non Chris, je ne voterai pas pour ta sale tête de hipster, retourne manger du tofu soyeux sur ta trottinette à moteur électrique.




Non Bridgette, je ne voterai pas pour ton regard froid de T-1000 sociopathe, retourne assassiner des clochards derrière des abribus.




Non Sonya, t'as la tête de Dwayne "The Rock" Johnson avec des boucles d'oreilles.... et en fait attends, nan, t'as des super idées, bien sûr que je vote pour toi, on est pas des bêtes.




(En fait je voudrais trop être copine avec Sonya, elle a l'air de la meuf la plus badass du monde.)

Alors ça c'était pour le menu fretin, mais pour les candidats au poste de maire, on a passé un peu plus de temps sur la question.

[Petite parenthèse amusante: l'actuel maire, Len Brown, ne se représente pas, parce qu'il est englué dans un scandale sexuel qui a ruiné sa vie politique à tout jamais, à savoir : il avait une maîtresse qu'il a entretenue avec une partie de l'argent de ses dépenses publiques - ou, comme on appellerait ça en France : un jour normal.]

Pour certains des dix-neufs challengers, on avait déjà notre petite idée de ceux pour qui on ne voulait PAS voter. Parce que certains candidats étaient clairement des gens qui allaient peut-être récolter deux voix dans toute la ville - s'ils n'oubliaient pas entre-temps de voter pour eux-mêmes - comme par exemple le délicieux Phil O'Connor, du non moins charmant parti "Christians against Abortion":



Pour les non-LV1 anglais: je ne vais pas m'amuser à traduire la diarrhée dégoulinante qui sort de la bouche de cette immondice putride à peine humaine de Philou, mais sachez que vous ne ratez rien.

(A part un peu de vomi dans votre bouche.)

Ah si, quand même: le mec a calculé (probablement avec le cloaque purulent qui lui sert de cerveau, de bouche et de trou de balle) qu'il y avait un-demi million d'avortements en Nouvelle-Zélande.







Bon alors Philou, déjà tes 500 000 avortements, t'as oublié de préciser sur quelle période de temps tu les comptes, mais même si c'est depuis l'aube des temps, GROS LOL, vu qu'on est à peine 4 millions sur tout le territoire et que, pour arriver à ces chiffres, il faudrait que chaque femme de Nouvelle-Zélande pratique des avortements à un rythme genre:


- Bonjour, je suis venue pour une IVG la semaine dernière, sauf qu'entre-temps je suis retombée enceinte.
- Ah il va falloir attendre madame, je dois faire passer deux cent mille patientes d'abord, mais je serai à vous bientôt.

(Plus sérieusement, ça me donne toujours un peu envie de sauter par la fenêtre quand je vois que ce genre de personnes existent encore en 2016.)

(On a des avions et des téléphones portables et des vaccins contre la polio, Philou. Réveille-toi et mets ton cerveau à l'heure.)

Dans une veine plus rigolote, on a aussi le SUBLIME candidat du non moins glorieux parti "Auckland Legalise Cannabis" (tout est dans le nom), et qui, ça ne s'invente pas, s'appelle Adam HOLLAND:



  
(La nature est si bien faite.)

A noter que le gars ne s'est pas foulé, puisque non seulement il n'a pas fourni de photo, mais en plus il ne s'est même pas fendu d'un discours – je l'imagine bien recevoir ses papiers de vote chez lui et faire:

- Ah putain mais je savais que j'avais oublié un truc!





(Ma vision d'Adam Holland, une illustration.)

Après, y'avait d'autres candidats où il me suffisait de lire leur petit paragraphe descriptif pour mettre une croix dessus - comme, par exemple, la très choupi Chloe Swarbrick, que j'admire sincèrement parce qu'elle a seulement 22 ans et que c'est beau de s'intéresser à la politique à cet âge-là (honnêtement, à 22 ans, mes intérêts à moi étaient plus ou moins uniquement de valider mon année de fac et de regarder Supernatural)



Sauf que son programme politique se résumait à dire "Dites-moi quoi faire" et je suis désolée mais NON Chloe, c'est pas comme ça que ça marche, t'as vu les tarés du bulbe qu'on se coltine, tu veux vraiment te faire le porte-parole de leurs idées?

(Tu veux que je te re-montre le paragraphe à Philou le Taliban Chrétien?)

Idem pour Patrick Brown de la ligue Communiste (flash info: je ne savais pas qu'il y avait des communistes en Nouvelle-Zélande, mais vu le nombre de voix qu'a récolté Patrick, il semblerait qu'il y en ait environ neuf cent) et honnêtement j'étais plutôt d'accord avec ses idées jusqu'à ce qu'il donne Cuba comme exemple d'un système qui marche, et franchement Patou tu me déçois, là.



Je sais que c'est dur de trouver des exemples de révolution communiste qui ont marché (vu qu'il y en a ZÉRO) mais à ce moment-là tu dis "On va être la première à marcher comme il faut", tu dis pas "Bon dans l'histoire ça a toujours un peu cafouillé, mais Cuba est le seul régime communiste qui ne s'est pas soldé par plusieurs millions de morts, alors on va dire que c'est cool?"

(Non, c'est pas cool, non.)

Et puis on a aussi éliminé d'office les candidats un peu chelou, comme Alezix (à tes souhaits) Heneti, qui je crois n'a pas trop bien compris le principe d'une élection municipale, parce que son programme est un mélange gloubiboulga entre un CV et un profil Meetic qui aurait été écrit complètement soûl:



Et puis pardon Alez Blaise (jeu de mots obligatoire, déso pas déso), mais c'est pas trop malin de lister tes précédents échecs en politique si tu veux te faire élire:

- Alors j'ai déjà été candidate à plein de trucs différents, bon on m'a jamais élue hein, je mentionne ça juste pour montrer que j'ai vraiment très très envie d'être au pouvoir, peu importe à quel poste. Votez pour moi!


(Non, je crois pas, non.)

Pour conclure, voilà l'effet que ça me fait de lire ta description entière:



(J'veux dire, "mon arrière-grand-père était Irlandais", vraiment?)

Bon après, y'avait des candidats qui ont nécessité de faire un peu plus de recherche, parce que leur présentation était quelque peu vague. Comme par exemple la militante Penny Bright, dont le profil me semblait vaguement intéressant, si on arrivait à comprendre le vocabulaire ultra-précis manifestement tiré du manuel de la CGT néo-zélandais:



Sérieusement, Rogernomics? Qu'est-ce que quoi?




Ah oui non pardon autant pour moi, c'était limpide comme référence, il suffisait de connaître sur le bout des doigts la politique économique de la Nouvelle-Zélande il y a trente ans.


(3615 références récentes.)

(Oui, je saisis l'ironie de la parenthèse ci-dessus.)

Bref, c'était pas vraiment le vocabulaire, mon problème avec Penny (et c'était pas non plus son prénom de chien – ça c'est juste la faute à pas de chance).

Non, mon gros problème, c'est surtout quand j'ai lu dans le journal que la meuf était en train de se faire saisir sa maison par l'Etat parce qu'elle avait pas payé sa taxe de propriété depuis 2007 et qu'elle devait plus de QUARANTE MILLE DOLLARS – somme qu'elle refuse de payer tant que le conseil municipal ne rend pas public ses dépenses et revenus.

Et alors oui, autant je suis d'accord pour l'histoire de "ce serait bien d'avoir de la transparence", autant BORDEL DE MERDE cette meuf veut se faire élire maire alors qu'elle est littéralement en train de crier sur tous les toits qu'elle ne respecte que les lois qu'elle juge utiles.

C'est pas vraiment le meilleur argument de vote, si tu veux mon avis.

Et, de base, c'est pas la meilleure attitude à adopter dans la vie:

- Madame, vous étiez à 160 km/h sur la départementale.

- Oui mais c'est parce qu'en fait je proteste contre les limitations de vitesse arbitraires!
- Je vais devoir vous confisquer votre permis.
- Ah! On m'opprime! On veut me faire taire! C'est parce que je dérange!

(Non, c'est parce que t'es une trouduc. D'autres questions?)

Mais le champion toutes catégories en termes de descriptions vagues, c'était quand même John "Oncle Sam" Palino, un Américain expatrié et présentateur télé (deux critères indispensables quand on veut faire de la politique locale). Et mon problème avec John, outre son incroyable tête de connard:




(Franchement, c'est pas que moi?)


Mon problème disais-je, c'était qu'après avoir lu sa description, j'avais toujours aucune idée de son orientation politique:


En gros, le gars vient de dire:

- A Auckland il y a des problèmes: le logement, les transports. Je vais les résoudre! 


OKAY.


ET AVEC QUOI, SI JE PEUX ME PERMETTRE?


AVEC TA BAGUETTE MAGIQUE DE PRINCESSE STARLA?


Non parce qu'il va me falloir un peu plus que ça, Johnny.

Du coup je suis allée sur son site pour avoir un peu plus d'informations, et dis donc j'ai bien fait parce que téma les idées de génie à Johnny:

- John, votre idée pour résoudre la crise du logement?

- ON BÉTONNE TOUT!

Ou, comme le dit si bien l'intéressé: "Je favoriserai une expansion agressive vers l'extérieur, en réquisitionnant tous les espaces constructibles disponibles. Les Kiwis veulent des maisons individuelles, et on leur en donnera! Même s'il faut aller les construire à cent kilomètres du centre ville, on le fera!"

Car oui, le mot d'ordre de la campagne à Johnny, c'était clairement "Nique la logique":


- John, Auckland est congestionnée de partout, comment vous y prendriez-vous pour résoudre le problème des transports?

- C'est simple: on construit plus de routes. Comme ça on fait passer plus de voitures. Hop, problème résolu! D'autres questions?
- Oui, question un: les routes supplémentaires, vous allez les sortir de votre cul? Et question deux: développer les transports en commun, non, on se torche avec l'idée?
- Alors oui, et oui. 



C'est quand même le mec qui te balance sans ciller que "Les Aucklandais nous ont montré qu'ils ne voulaient pas des transports en commun. Alors moi je dis: je ne suis pas un gros con gauchiste qui va vous fourrer des pistes cyclables et des tramways dans la gorge! Moi je dis: restez des gros blaireaux qui amènent leur voiture partout et ne marchent jamais plus d'un mètre! On va tous continuer à circuler avec une voiture par personne et je ne vois pas comment ça pourrait mal finir dans cette ville en perpétuelle croissance!"

(Bien joué, Johnny.)

Mais sinon, blague à part, c'était quand même une élection intéressante.

Déjà parce que j'aurais jamais cru dans ma vie que j'allais voter pour un hybride mi-homme, mi-tortue:




(Mais il avait des bonnes qualifications, pour un être qui n'est éveillé que six mois de l'année.)

Et encore moins que j'allais voter pour le sosie de Vladimir Lénine:



("A capable leader you can trust in". Dis ça au peuple Russe, Patrick.)

Au final, le maire élu, Phil Goff, est celui pour lequel j'ai voté (c'était assez facile, c'est le seul gars qui avait dans son programme "Développer les transports en commun, construire des appartements au lieu de maisons individuelles, protéger les côtes et limiter la pêche") (en plus à un moment donné j'ai vu écrit "piste cyclable", c'est bon mec, tu m'avais déjà à "transports en commun"). 

Note: Flaxou voulait voter pour le candidat écologiste, David Hay, mais ensuite il a vu son slogan de campagne et il a dit "Nan":



(Je ne le répéterai jamais assez: ce pays a besoin d'un million de conseillers en com.)

Donc, après tous ces efforts et ce vote fort laborieux – et je dis "laborieux" non pas seulement parce qu'on a dû voter pour 19 personnes, mais parce qu'en plus, certains votes se faisaient au scrutin à vote unique transférable – c'est-à-dire qu'au lieu du système classique "1 nom = 1 voix", là, on faisait un classement des gens qu'on préférerait avoir – tu donnes 1 à ton candidat préféré, 2 à ton second choix, 3 au troisième, et ainsi de suite jusqu'à 17.

C'est un mode de scrutin parfaitement archaïque et incroyablement chiant à dépouiller – d'autant que quasiment tous les bulletins sont bourrés d'erreurs.

(Moi, par exemple, j'ai failli rendre mon bulletin avec deux numéros 9, mais aucun numéro 8 – ce qui aurait rendu les deux votes nuls.)

Bref, ce qui est rigolo, c'est qu'après tous ces efforts, on a bien failli oublier de voter.


Parce que comme une neuneue, j'ai mis les enveloppes à poster dans mon sac le samedi soir en disant "Je les posterai lundi sur le chemin du boulot!"

Et j'ai bien évidemment tout oublié jusqu'au mercredi soir, où j'ai dit à une collègue:

- Ah oui on a goûté aux élections locales ce week-end avec Flaxou, haha c'était pas de la tarte! D'ailleurs faut encore que je poste nos votes.

- Heu oui alors par contre le délai c'était ce matin.



Fort heureusement, les gentils mecs du conseil municipal avaient pensé aux mous du bulbe dans mon genre, et avaient disposé des urnes dans tous les lieux publics où on pouvait encore déposer nos bulletins de vote une fois le délai postal passé.

Sauf que le lieu public le plus proche fermait à 18h, qu'il me faut 30 minutes pour y aller du boulot, et que ce jour-là je sortais du travail à 17h30. 


Je te laisse donc imaginer la tête du gars de la bibliothèque quand je me suis pointée à 17h58 en soufflant comme un cachalot, avec mon casque de vélo de travers, et des enveloppes moites de sueur tendues au bout de ma main fébrile, tandis que je haletais d'une voix rauque:


- Oui salut alors j'ai oublié de poster mes papiers de vote mais on m'a dit que je pouvais les déposer ici, s'il vous plaît s'il vous plaît dites-moi que c'est vrai j'ai passé tellement de temps à choisir tout le monde et je veux vraiment pas faire gagner Chris le hipster, pitié!


Et donc ils avaient bien une urne et j'ai pu accomplir mon devoir civique en fin de compte.



(Mission accomplie.)

Et je ne suis pas peu fière d'avoir voté pour la première fois en Nouvelle-Zélande (non, le référendum sur le drapeau ne compte pas, tout le monde savait d'avance que ce serait foireux cette histoire). D'autant qu'à voir les chiffres de l'abstention, Flaxou et moi, on était à peu près les seuls.

Pour les curieux, le taux cette année était de 35%.

35% de PARTICIPATION.


Ce qui était, selon les médias, "super flex" parce qu'apparemment c'était bien plus que les années précédentes.




(Ah okay bon ben c'est cool alors.)


Sur ce, je te laisse, c'est la rentrée des séries et j'ai environ huit mille épisodes à rattraper parce que je perds trop de temps à jouer au Witcher.

(Je pensais en avoir fini parce que j'avais terminé la quête principale (pour les curieux: je suis team Triss) et ensuite j'ai découvert qu'il y avait deux DLC, et donc c'est reparti pour cent heures de course à pied et de pourfendage de noyeurs.)

(On se retrouve à la fin du jeu, quand ma vie aura repris un sens.)

Sondage de fin d'article: est-ce que tu kifferais avoir des élections hyper engageantes à la Kiwie, ou est-ce que ça te soûlerait?

L'Instant Kiwi: un long week-end à Whanganui

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Et donc le week-end dernier c'était Labour Day, et comme tous les longs week-ends, Flaxou et moi on est partis à l'aventure.

On a décidé d'aller dans un endroit où on n'était jamais allé, et mine de rien ça commence à nous restreindre quelque peu – après 4 ans, quand même – parce qu'on a visité à peu près tous les endroits accessibles du pays.

Du coup, maintenant, on est un peu obligés de partir dans les vraies aventures de bonhomme, genre les parcs nationaux de huit millions d'hectares où y'a ni routes, ni maisons, et où tu marches trois jours au milieu de la forêt avec tout ton barda sur le dos.

Sauf que comme on n'est pas des sado-masochistes, on n'avait pas vraiment envie de marcher trois jours au milieu de la forêt avec tout notre barda sur le dos– pardon, mais je ne comprendrai jamais les gens qui disent que c'est une activité fun.

- Ha c'était magnifique, on a marché trente kilomètres par jour pendant quatre jours et on a dormi sous une tente microscopique dans des draps qui puent, c'était tellement revigorant! Je me sens super relaxée, j'ai rechargé mes batteries à bloc, hihi!

NOPE, désolée Micheline j'y crois pas, y'a pas moyen que ce soit "revigorant" de bouffer de la farine et de mariner dans du jus de chaussettes sales pendant des jours.

Donc pour moi, les week-ends rando, c'est mort: autant je saisis parfaitement l'attrait de courir dans la forêt pendant des jours, autant l'idée de devoir porter une charge de mille kilos sur mon dos par monts et par vaux, merci mais non merci.

(Bah oui parce que moi il me faut minimum deux litres d'eau par jour, déjà.)

(Ou alors le week-end rando devient très vite le week-end cystite.)

D'autant que c'est triste mais je ne suis plus la petite sauvageonne que j'ai été, et niveau confort, je suis un peu une princesse, donc laisse béton, tu m'entendras jamais qualifier un week-end où tu dors sur des cailloux et tu te toches avec des fougères de "relaxant".

Fort heureusement, il existe un endroit magique en Nouvelle-Zélande où l'on peut concilier l'amour de la forêt vierge et de l'aventure et l'amour de pas flinguer son dos et ses pieds, et cet endroit, c'est le parc national de Whanganui.


Le parc de Whanganui (ou Wanganui, on peut dire les deux) (l'orthographe officielle du moment c'est Whanganui, mais ça change à chaque pleine lune, alors on va pas enculer les mouches) BREF le parc de Whanganui est une réserve naturelle de plus de 700 kilomètres carrés, construit autour du fleuve Whanganui ("le grand estuaire" en Maori).

Le fleuve est l'un des plus grands de Nouvelle-Zélande, et a été appelé par les Français "le Rhin de la Nouvelle-Zélande" (heu....okay).

(C'est une rivière, quoi.)

(C'est un peu leur seul point commun.)

(A ce moment, là, moi aussi je peux m'amuser hein.)

(A partir de maintenant, le Tongariro sera connu sous le nom de "Ballon des Vosges de la Nouvelle-Zélande", deal?)

La particularité du parc de Whanganui, c'est que le meilleur moyen d'admirer sa beauté pleinement, c'est de descendre la rivière en canoë plutôt que de traverser la forêt à pied.

Du coup, tu imagines un peu notre bonheur quand on a appris qu'on pouvait avoir le beurre et l'argent du beurre en faisant une "rando" de plusieurs jours au milieu du bush, MAIS sans avoir à faire d'efforts ou porter des trucs lourds.

(Et en plus on pouvait dormir dans un refuge et pas sous une tente – bim, sourire de la crémière.)

C'est donc plein d'entrains qu'on s'est mis en route vers Raetihi, où nous attendait notre canoë de location – non sans un petit arrêt autour des volcans du plateau central, parce que si déjà on passe à côté, on va pas cracher dessus:


(Franchement, ça donne pas envie?)

On a donc osé le détour de deux heures, juste le temps de faire une petite balade et manger notre takeaway acheté sur la route (big up à Flaxou qui a trimballé son petit tupp' en polystyrène à la main jusqu'à ce qu'on trouve un coin sympa pour pique-niquer) (bah oui mais quand on veut des frites, on assume).


(Ça va, la vue était PAS MAL.)

Après cette pause, donc, c'était direction Raetihi pour la nuit, et le lendemain, c'était parti pour deux jours de canoë – non sans un briefing pas flippant du tout:

- Bon, comme vous vous en doutez, il n'y a pas de réseau sur la rivière, donc s'il vous arrive quelque chose, vous ne pourrez prévenir personne.
- ....
- Mais pas d'inquiétude, on connaît votre itinéraire, donc on pourra venir vous chercher si jamais on ne vous voit pas arriver au refuge à la tombée de la nuit.
- Et si on a une urgence?
- Alors on vous donne un tracker GPS; si vous avez un souci urgent, par exemple si vous avez besoin de soins médicaux, appuyez sur le bouton, et on enverra un hélicoptère de secours pour vous chercher.
- Ah, c'est chouette.
- Oui par contre l'hélico met deux heures à arriver, donc j'espère que vous êtes qualifié en premiers secours, haha!


Mais c'est pas grave, on est des oufs, moi j'ai mon certificat de premiers secours (qui me sert à rien dans des cas de ce type, mais c'est pas grave, au pire du pire je sais faire un garrot, et si tu me donnes du fil dentaire je peux te faire une suture) (oui, okay, ce sera une suture de type "ourlet de pantalon", mais quand on est dans la jungle on fait pas le difficile).

C'est donc le coeur plein de joie qu'on s'est mis à l'eau:


(Passion gilet de sauvetage)

Comme je suis une quiche en canoë, j'étais à l'avant, AKA la place des quiches (où t'as juste besoin de savoir pagayer) et Flaxou, fort de ses années d'expérience en colo EDF, faisait le gouvernail à l'arrière – ce qui veut dire qu'il nous amenait au milieu du courant quand y'avait des rapides, et ensuite il branlait plus rien.

- Pagaye plus fort, Cha!
- Ouais enfin toi je t'entends pas pagayer!
- Non, mais ça c'est parce que je... manie le gouvernail.
- Ah bon?
- Non non, te retourne pas, tu vas nous faire chavirer! Regarde droit devant, toujours droit devant.

IL A BON DOS LE DROIT DEVANT, HEIN.

(Flemmard.)

Mais malgré cette trahison évidente, c'était quand même une journée géniale.

(On a vu des chèvres sauvages et une fois y'avait un bébé chèvre avec sa maman, j'vois pas comment tu peux faire mieux, honnêtement.)


(Bon et aussi le paysage était PAS MAL.)

Après plusieurs heures de pagayage et de repas en boîte, on est arrivés en début de soirée à notre refuge pour la nuit, John Coull Hut, où on a pu s'asseoir pour un repas à base de crackers et de poulet en conserve – ce qui aurait été supportable si y'avait pas eu les gens les mieux préparés du monde juste à côté de nous, qui avaient emporté des glacières et se faisaient cuire des steaks et des patates douces.


(3615 gros seum) 

Mais on a profité pour discuter avec d'autres êtres humains – ce qui n'était pas facile pour tout le monde:

- Chaaaaaaa!
- Quoi?
- Je m'ennuiiiiiiie!
- Ben chais pas moi, va discuter avec des gens.
- Mais j'aime pas les geeeeennns!
- Ben va lire un magazine.
- Mais j'aime pas liiiiire!

(Vis ma vie avec un enfant de cinq ans et demi.)

Finalement, j'ai réussi à convaincre Flaxou de s'asseoir dans un coin avec un National Geographic, et là, le miracle: il s'est fait un copain.

- Eh, tu l'as trouvé où le National Geographic?
- Y'en a une pile dans la cuisine.
- Y'a des articles bien?
- Oui, là j'en lis un pas mal sur les parasites.
- Ah j'adore les parasites! Quand j'étudiais la microbiologie on avait étudié la douve du foie de mouton, tu connais?
- HAN!
- Quoi!
- Mais la douve du foie de mouton c'est mon parasite préféré!!


(Apparemment les randonnées canoë attirent les biologistes, voilà comme ça t'es prévenu.)

Bref, après une nuit super fêtarde (on s'est tous couchés à 20h30 parce que la nuit était tombée et qu'il y avait plus rien à faire à part discuter dans le noir) et un réveil en fanfare (6h du mat, enfin bon du coup c'était comme une grasse mat' en fait), on a pris un petit-déjeuner fort équilibré, à base d'eau froide et de lembas:

- Elles ont l'air bonnes tes barres de céréales, Charlotte, c'est fait maison?
- Oui.
- Y'a quoi dedans?
- Du muesli, du sucre, du beurre, du sirop d'érable, du miel, des noisettes, des noix de cajou, des noix de pécan, des noix du brésil, des raisins secs, des cranberries, des pommes séchées, des baies de goji, et du beurre de cacahuète.
- ....
- Je voulais rajouter des pépites de chocolat, mais j'en avais plus.


(Tu comprends pourquoi Flaxou appelle ça du lembas.)

Et puis on s'est remis en route (pendant que les gens les mieux préparés du monde se faisaient griller des toasts à la banane et à l'avocat) (qui sont ces gens, quels sont leurs réseaux?)


Et après quelques heures de pagayage, on est arrivés à notre destination finale: THE BRIDGE TO NOWHERE.

Le Bridge to Nowhere est, exactement comme son nom l'indique, un pont qui ne va nulle part. En gros, tu gares ton canoë le long de la berge, tu marches 45 minutes sur un sentier au milieu du bush, et là, y'a un pont en béton qui traverse une gorge, et de l'autre côté... y'a rien.

En fait, le pont a été construit au début du XXè siècle dans l'optique d'exploiter la vallée de Mangapurua. Le gouvernement avait décidé de donner la terre aux soldats revenus de la Première Guerre Mondiale pour qu'ils puissent construire leur ferme dans le bush – avec l'espoir de fonder une ville une fois suffisamment de monde installé.

Sauf que non, sauf que pas du tout.

Parce que oui okay, dans la vallée de Mangapurua, y'a de l'eau, mais c'est un peu tout ce qu'il y a, en fait. Et c'était une super mauvaise idée de s'installer près du fleuve Whanganui, parce qu'il a environ quarante mille affluents, et c'est donc un fleuve qui est en proie à des crues soudaines et brutales en permanence.

(Du coup les mecs se défrichaient péniblement un lopin de terre, et HOP CRUE SOUDAINE a pu d'champ!)

Donc bon, les mecs ont vite renoncé à faire pousser quoi que ce soit, tout le monde s'est cassé, et le bush a bien vite repris sa place dans la vallée –à tel point qu'aujourd'hui, la seule trace qui reste de cette tentative ratée de colonisation, c'est ce pont qui part de nulle part pour aller nulle part.


(Un exemple parfait de la logique Kiwie dans toute sa splendeur.)

Le point positif de toute cette histoire, c'est que le Bridge to Nowhere est maintenant une curiosité locale qui attire les touristes et fait prospérer la région – parce que la majestueuse splendeur de la forêt vierge, c'est bon pour attirer les étrangers, mais si tu veux faire venir du Kiwi quelque part, il faut l'appâter avec des monuments, sinon il fera jamais le déplacement.

- La nature? Pfff relou, y'en a partout, c'est bon.
- Oui mais là y'a un vieux bout de béton moisi au bout.
- Super, on est partis!

Bref, le Bridge to Nowhere était censé être la fin de notre voyage en canoë.

 En effet, la descente entière de la rivière se fait en trois jours, mais Flaxou et moi on n'avait que deux jours de dispo avant de devoir rentrer à Auckland."Qu'à cela ne tienne", nous a dit l'agence de location de canoës, "Vous avez qu'à faire la moitié du chemin, et on viendra vous chercher le second jour en jetboat pour vous faire descendre le reste de la rivière en mode express".

On arrive donc en avance au Bridge to Nowhere, et là, on tombe sur un jetboat amarré avec son conducteur dedans (qui avait la tête de Tywin Lannister qui aurait oublié de se laver). On lui tient donc à peu près ce langage:

- C'est vous qui passez nous chercher tout à l'heure?
- Oui, c'est moi. Par contre j'ai prévenu le camping ce matin que je pourrais pas venir vous chercher à 14h, ce sera 16h.



(Génial.)

- Mais ça nous arrange pas des masses, en fait, parce qu'on doit faire la route jusqu'à Auckland ce soir. Il n'y a personne d'autre qui pourrait passer nous chercher?
- Non, c'est juste moi. Par contre, là, j'attends un groupe de touristes qui sont allés voir le pont. Ils seront de retour dans une heure. Si vous arrivez à faire l'aller-retour dans les temps, je peux vous prendre avec moi maintenant, du coup vous arriverez plus tôt que prévu.

On est donc partis au pas de course dans la forêt (avec nos bottes en caoutchouc aux pieds et tout) dans l'espoir fou de faire en une heure un chemin qui met une heure et demie.

(Sachant que bien entendu c'était un sentier qui grimpait, et que j'ai des jambes de trente centimètres de long.)

On est arrivés au pont, on est restés littéralement la seconde qu'il m'a fallu pour faire ma photo, et on est repartis en trottant manu militari.

Finalement, on est arrivés essoufflés et épuisés sur la jetée, mais PILE A L'HEURE.

(Mon âme germanique était en extase.)

Et là, le bateleur nous regarde et nous dit:

- Ah bah dis donc, vous avez fait vite!

Nous, très fiers, on opine du chef en reprenant notre souffle.

Puis le mec nous sort:

- Bon par contre là j'peux pas vous prendre en fait, j'ai plus de place dans le bateau.


Et le type d'enchaîner:

- Non mais reprenez votre canoë et continuez à pagayer le long de la rivière, moi je passerai vous prendre sur le retour.


- Au final, vous aurez, quoi? Une heure, une heure et demie de retard? Ça va!

MAIS JE VAIS T'ENFONCER UNE PAGAIE DANS LE CUL, TYWIN, ET ON VERRA SI CA VA!

ON A COURU A TRAVERS LA FORET COMME DES TEU-BE PARCE QUE T'ES PAS FOUTU DE COMPTER LES CONNARDS QU'IL Y A DANS TON BATEAU, ET MAINTENANT TU VEUX NOUS FAIRE PAGAYER??

Ça, c'était bien évidemment ma réaction interne, en vrai j'ai rien dit.

(J'allais pas me mettre à dos le seul gus qui pouvait nous ramener à la civilisation.)

A la place, je l'ai juste regardé partir avec mon plus bel oeil torve:


(En plus le mec a foutu de l'eau partout avec son jet-ski à la con, ça a fait une flaque dans le siège de mon canoë, et du coup à cause de lui j'ai eu le cul mouillé pendant trois heures, PAS MERCI JEAN-MICHEL CONNARD.)

Donc on s'est remis en route un peu dépités, mais Professeur Flaxou l'amoureux des bois avait vite oublié ce contretemps, en mode "plus je passe de temps loin de la civilisation, mieux je me porte":


Par contre, moi, j'ai boudé.

MAIS BOUDÉ.

J'AI BOUDÉ COMME JAMAIS PERSONNE D'ADULTE N'A BOUDÉ AUPARAVANT.


Et Professeur Flaxou, en essayant de me remonter le moral, en ajoutait encore une couche:

- Non mais Cha, ça nous donnera l'occasion de découvrir la rivière un peu plus! Okay on a mal partout et t'as froid au cul, mais c'est pas si gênant!


- Non mais tu sais, là je fais les calculs dans ma tête et c'est pas si mal! On arrivera à Auckland, il sera, quoi, minuit? Minuit et demie, à tout casser? Ça nous fait genre six heures de sommeil, c'est large!


(Essaye même pas de me parler.)

Bon, au final, j'ai boudé une-demi heure, après on a vu une maman canard avec plein de petits canetons tous duveteux, alors on a fait une pause pour les regarder et ensuite Flaxou m'a donné du chocolat, alors au final c'était quand même bien.


(Et aussi, le paysage était vaguement sympathique.)

Au final, on est arrivés à Auckland à 22h30 – parce qu'on avait calculé les distances avec le traffic, mais bien évidemment y'en avait pas, puisqu'on s'est mis en route à 18h, quand tout le monde à Auckland était déjà chez soi en train de manger le dîner.

On était tellement grisés par notre vitesse qu'on s'est même permis un petit arrêt pipi-dîner:

- Ah, ça va faire du bien d'avoir de la vraie bouffe, après deux jours de viande en conserve! Tu veux manger qu...
- BURGER KING!
- Okay, oublie ce que j'ai dit, du coup.

L'Instant Kiwi: un week-end au marae

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Comme tu sais déjà (parce que je te bassine avec depuis des mois) je prends des cours de Te Reo Maori.

Et dans le cadre de mes cours, je suis allée passer un week-end au marae. 

Et comme c'est un truc pas banal, je me suis dit que je te raconterais un peu comment ça se passe.

Alors d'abord, les basiques:

Qu'est-ce que c'est qu'un marae?


Expliqué très simplement, un marae, c'est un lieu de rassemblement communal. Pour les Maoris, c'est un endroit qui a une importance capitale, parce que c'est l'endroit où vit la culture de la tribu: on s'y rencontre pour des négociations, on y accueille les visiteurs, on y célèbre les mariages, les naissances, et les décès.

Les marae étaient communs autrefois dans toute la Polynésie, mais aujourd'hui, ils subsistent principalement en Nouvelle-Zélande. Et, contrairement à d'autres pratiques culturelles qui sont mortes avec l'arrivée des colons, le marae reste aujourd'hui une part importante de la vie de tous les Maoris – même ceux qui ne s'impliquent pas activement dans la célébration de la culture maorie y sont allés au moins deux-trois fois dans leur vie, et connaissent les us et coutumes à observer sur place.

(Un peu comme nous en France avec l'église.)

(Moi je suis une athée élevée par des bobos, mais je sais quand même faire le signe de croix et réciter "Notre Père" et "Je vous salue Marie"– c'est un peu le minimum syndical.)

En Nouvelle-Zélande, on trouve en général un marae par village, et plusieurs dans les grandes villes. En général, chaque marae est consacré à un hapū (clan) : la tribu locale est le bénéficiaire légal du marae, et a la charge de son entretien.

Le marae est en général séparé du reste du village/de la ville par une enceinte en bois, parce que c'est un lieu sacré (tapu): on n'y entre donc pas comme dans un moulin, et il y a une multitude de règles à suivre une fois à l'intérieur.

Le marae, à quoi ça ressemble?




Le marae est peu ou prou toujours composé des mêmes bâtiments:

- Le wharenui (littéralement "maison-grande"), la maison de rassemblement, où l'on discute et où l'on dort;
- Le wharekai (littéralement "maison-manger"), le réfectoire;
- Le wharepaku (littéralement "maison-petite"), qui comprend les toilettes et les douches.
- Le marae ātea, la cour qui se trouve devant le wharenui (c'est aussi un endroit très important, même si ce n'est pas un bâtiment).

Ça, c'est le strict minimum. Les marae plus grands ont quelquefois des trucs en plus, comme le wharekarakia (église), le wharemata (morgue) ou le poukara (mât pour les drapeaux).

Peut-on accéder au marae si on ne fait pas partie du hapū/si l'on n'est pas Maori?

Oui, mais il faut avoir reçu une invitation formelle de la part du hapū, et même une fois invité, c'est pas genre "Viens, mets tes pieds sous la table". Les gens qui arrivent dans un marae pour la première fois (qu'ils soient Maori ou non) doivent passer par l'étape du pōwhiri (cérémonie d'accueil).

Contrairement à beaucoup d'idées reçues, le marae n'est pas fermé aux non-Maoris; en revanche, comme le but de l'endroit, c'est de célébrer la culture maorie, il est quand même nécessaire pour les visiteurs de s'y intéresser un minimum, et de savoir parler au moins un peu la langue (ne serait-ce que quelques mots appris par cœur et ânonnés péniblement). D'ailleurs, dans la majorité des marae, l'usage de l'anglais est, sinon interdit, du moins fortement déconseillé.

(Du coup, tu comprendras que c'est pas vraiment l'endroit que tu vas aller visiter pendant tes vacances.)

Le pōwhiri, c'est compliqué?


Ouais, hyper. Un pōwhiri formel, en grande pompe, peut durer facilement deux heures.

Une petite pensée au passage pour la famille royale, qui se tape des pōwhiri de trois-quatre heures à chaque visite.



(Ceci dit, ça reste toujours moins long qu'un match de cricket.)

Dans mon cas, j'ai été accueillie au marae de l'université où je prends mes cours (chaque université en Nouvelle-Zélande a son propre marae), et on a eu droit à un semi-pōwhiri, parce qu'on était un groupe assez grand à visiter pour la première fois, donc il fallait marquer le coup, mais en tant qu'étudiants à l'université, c'est techniquement NOTRE marae à nous aussi (il n'est pas assigné à une tribu en particulier).

La cérémonie est souvent adaptée au cas par cas (sinon ça prend des plombes).

Comment se passe un pōwhiri?



(Exemple de pōwhiri formel)

Le pōwhiri consiste en deux groupes qui se rejoignent pour n'en former plus qu'un: d'un côté, les manuhiri (visiteurs), de l'autre, les tangata whenua (hôtes).

Le pōwhiri est une cérémonie très codifiée, qui a plusieurs étapes distinctes:

D'abord, les visiteurs sont groupés hors de l'enceinte du marae (dans la rue, quoi) et les hôtes sont groupés dans la cour, le marae ātea. Dans les deux groupes, les femmes se tiennent devant, les hommes derrière. Puis, les femmes du marae entonnent un chant d'accueil, auquel les femmes du groupe de visiteurs répondent en chantant aussi. Les paroles du chant donnent quelque chose du genre:

- Yo salut les visiteurs, vous êtes qui?
- On est la tribu de X, descendants de Y, Z, etc.
- Vous venez pour faire la guerre ou comment ça se passe?

C'est une tradition des temps jadis, où comme les Maoris passaient leur temps à se faire la guerre, la coutume était de ne jamais laisser entrer des étrangers dans un village sans leur avoir demandé pourquoi ils venaient.

(Et pour ceux qui se demandent "Oui mais les gars ils peuvent mentir, non?" la réponse est : non.)

(Chez les Maoris on s'emmerde pas avec la stratégie: quand on vient pour faire la guerre, on arrive en criant C'EST LA GUERRE, y'a pas de lézard.)

(Les Maoris sont un peu les Leeroy Jenkins de la vraie vie.)

Ensuite, les visiteurs entrent, et les hôtes leur font un chant d'accueil avec une chorégraphie à base de branches d'arbres. 

(Ça c'est un truc très Maori, il faut toujours qu'il y a ait des chorégraphies) 

(C'est comme un peuple entier de Kamel Ouali).

Ensuite tout le monde s'assied (enfin!) et là c'est au tour des hommes de parler. 

Et ils vont parler, parler, parler pendant super longtemps, parce que le Te Reo est une langue très codifiée, et que les Maoris sont un peuple très formel, donc juste pour dire bonjour dans les règles, t'en as déjà pour cinq bonnes minutes.



(Oui, les Maori sont un peu les Ent de la vraie vie.)

Puis une fois que tout le monde a fini de parler, il y a encore des chansons et encore des chorégraphies, et ensuite c'est le moment du hongi.

Le hongi est une manière de dire bonjour, qui consiste à presser légèrement le front et l'arête du nez contre l'autre personne.



(J'ai dit "légèrement", hein.)

L'idée derrière le hongi est de mélanger les souffles – on partage donc notre essence vitale avec l'autre personne.

Autrefois, tout le monde (femme et hommes confondus) faisait le hongi, mais les colons Anglais jugeaient la pratique impropre entre personnes du sexe opposé, et l'ont replacé par une bise.

(Alors là, faut m'expliquer le raisonnement.)

("Non, c'est trop intime de poser ton front contre celui d'une femme. Embrasse-la plutôt sur le visage!")

Aujourd'hui, selon les marae, soit tout le monde fait le hongi, soit les femmes font le hongi aux hommes et la bise aux autres femmes, soit les femmes font la bise à tout le monde et les hommes font le hongi entre eux.

(Ouais, c'est compliqué.)

Une fois le hongi accompli, le tapu des visiteurs est officiellement levé, et tout le monde peut aller manger.

Qu'est-ce qu'on mange au marae?

La même chose que partout ailleurs en Nouvelle-Zélande : des trucs gras et frits. Question suivante!

Une fois les cérémonies terminées, qu'est-ce qu'on fait au marae?

On célèbre la culture Maorie en parlant te reo, on chante des chansons, les anciens racontent des légendes, et puis bien sûr on n'oublie pas les chorégraphies.



(Moi pendant les chansons, une illustration.)

On dort aussi sur place (parce que les légendes, ça prend du temps à raconter).

Bref, c'était un week-end super cool où j'ai appris plein de choses, notamment une légende COMPLÈTEMENT DÉMENTE sur la création du monde, mais ça j'en ferai un article à part parce que ça vaut son pesant d'or.

Je terminerai avec un petit snapchat de ma soirée:




 Je pense que tout est dit.

La création de l'homme selon les Maoris - une légende WTF

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Lors de mon week-end au marae (voir article ci-dessous), j'ai entendu pas mal de légendes maories, donc j'étais aux anges tu t'en doutes.

(Les légendes c'est mon centre d'intérêt principal dans la vie, avec les chips saveur pas chips.)

(Tu savais qu'en Nouvelle-Zélande on avait des chips goût cheeseburger?)

(What a time to be alive.)

Bref.

J'ai entendu pas mal de légendes que je connaissais déjà, comme celles de Maui et de ses exploits, de Rona et de la lune, de Tawhaki et de son séjour au ciel, ou encore celle du kauri et de son écorce.

Mais j'ai aussi et surtout entendu LA LEGENDE LA PLUS OUF DE TOUS LES TEMPS: celle de la création du monde selon les Maoris.

C'est une histoire à la fois super familière et incroyablement originale. Mais je vais te laisser juger par toi-même.

Donc c’est l’histoire du dieu Tāne, qui était, on se rappelle, l’un des enfants de Rangi (le ciel) et Papa (la terre), et qui était la force principale qui les avait séparés, créant ainsi le monde (grosso modo). Tāne régnait sur la terre, et s’était donné la tâche de la peupler. Et pour ce faire, il y va pas par quatre chemins: il nique tout.


(Ah bah oui mais c’est ça la joie des civilisations pré-colonisation.)

(Vis la vie de gens pas encombrés par des siècles de tabous sur le sexe.)

Donc il nique des montagnes et ça fait des arbres, il nique les arbres et ça fait des arbustes, il répand sa semence par terre et ça fait de l’herbe, bref tu vois le topo.

Au bout d’un moment, la terre est peuplée d’une végétation luxuriante, et Tāne commence à en avoir un peu marre de s’accoupler avec des buissons (et on le comprend). Il se rend donc sur une plage située au bout du monde, et commence à modeler une forme dans le sable. Il travaille sa sculpture tant et si bien qu’elle prend forme humaine.

Tāne souffle dans les narines de sa sculpture de sable, et lui insuffle le souffle de la vie. La sculpture se transforme donc en être de chair et d’os : la première femme.

Jusqu’ici, tu remarqueras qu’à part le bout où Tāne copule avec des arbres, on a affaire à un mythe de la création tout ce qu’il y a de plus banal : le coup de modeler un être humain à partir de terre et de lui insuffler la vie, c’est très littéralement un conte vieux comme le monde.

Sauf que dans la plupart des autres mythes de la création, l’entité créatrice fait généralement deux personnes, un homme et une femme, dont découle le reste de l’humanité (ou alors – variante – le dieu créé juste un homme, et c’est ce dernier qui créé la femme).

Mais là, Tāne, rappelle-toi qu’il cherchait pas tant à engendrer une espèce entière qu’à se taper du cuissot, donc un seul garage à bites, ça suffit bien.

Le problème, c’est qu’une fois la nana vivante en face de lui, Tāne ne sait pas trop comment s’y prendre.

(On se souviendra que son expérience sexuelle s’est forgée principalement sur tout ce qui était chlorophylle.)

Du coup, il fait comme tout le monde aurait fait à sa place : il fourre sa bite dans tous les orifices et il regarde où ça rentre.

(Je dirais bien que c’est dégueulasse, mais étant moi-même dépourvue de ce type d’appendices, je m’abstiendrai de commentaires.)

Donc comme Tāne est un être super logique, il commence par les yeux (euh…aie ?)

(Enfin chais pas mec, y’avait quand même des trous un peu plus évidents !)

Il essaye donc tant bien que mal de niquer l’œil de sa nouvelle création, mais, n’y arrivant pas, se retire, laissant un peu de sa semence au coin de l’œil de la jeune femme.


(Petit instant de compassion pour la demoiselle.)

C’est de là, selon la légende, que viennent nos larmes.

Eh ouais ! On pleure tous du sperme divin !


(On en apprend tous les jours.)

Mais la leçon d’anatomie ne s’arrête pas là, puisque Tāne n’est rien si ce n’est persistant.

Il va donc s’introduire méthodiquement dans chaque recoin de décidément l’Eve la plus mal barrée de la création, et y laisser à chaque fois de la semence, qui donnera naissance à un fluide corporel. 

Il lui fourre donc successivement la teub dans la bouche (et ça donne la salive), dans l’oreille (et ça donne la cire d’oreille), sous l’aisselle (et ça donne la sueur), et dans le popo (et ça donne… bon j’te fais pas un dessin).


(Pendant ce temps, la pauvre dame.)

Et donc, après avoir essayé tous les endroits sauf le plus évident, Tāne se dit enfin « Allez hop, si déjà on est là, on tente le vag’ ».


(Pas trop tôt.)

Il s’accouple donc enfin avec l’heureuse élue.

(M’est avis qu’elle était vivante, mais pas super bien finie, la meuf, pour se laisser faire aussi placidement.)

(Genre hep salut ça gaze ma bichette, bon j’te mets ma bite dans l’œil ça te dérange pas hein ?)

(Et même pas un restau d’abord, franchement.)

Alors la morale de cette belle légende, outre que ça doit être super rigolo de la raconter aux petits enfants, c’est quoi ?

Bon d’abord, je pense que c’est important qu’on retienne bien qu’on est tous des sacs à foutre divin.

(RIP à tous les prêtres catholiques qui sont entrés en combustion spontanée alors même que cette phrase était formulée.)

Mais si l’on passe outre le côté xptdr de l’affaire, y’a quand même une chose extraordinairement positive à cette légende : c’est que, contrairement à d’autres cultures qui imaginent l’homme comme créé à l’image divine, les Maoris, eux, nous expliquent qu’on est littéralement les DESCENDANTS d’un dieu !

Et c’est une petite nuance, mais pas si petite que ça.

Parce que déjà, c’est plutôt cool de se dire qu’on est tous un peu des dieux (les plus mégalomanes d’entre nous l’ont déjà compris) mais aussi, je trouve que ça véhicule un joli message.

(Pas celui du garage a bites, hein.)

Parce qu’au final, ce mythe nous dit qu’on est tous des descendants divins, mais pas seulement nous : les montagnes, les forêts, les oiseaux, les arbres, ce sont tous des descendants de Tāne aussi – et, qui plus est, ils sont arrivés avant nous, et on leur doit donc le respect qu’on accorde aux tuākana (grands frères/grandes sœurs).

Et oui, je sais, c’est incroyablement hippie de dire qu’on est tous les frères et sœurs de Gaïa, mais voilà, moi je trouve ça beau.

(Vis ma vie élevée par des gauchistes dans la montagne.)

Sur ce, je vais me coucher avec ces belles images dans la tête (tous ces sacrifices que je fais pour toi lecteur), et je te dis à bientôt pour de nouvelles aventures!

(Et de nouvelles légendes j'espère.)

Brève cycliste

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Et donc je me suis remise au vélo.

Ce qui n’était pas de tout repos, et ce pour deux raisons.

La première raison, c’est qu’Auckland, si tu te rappelles, est une ville bâtie sur un champ de volcans (3615 idée de génie), ce qui, non content d’être une constante épée de Damoclès en mode « quand c’est qu’on va exploser », est aussi hyper pas pratique au jour le jour – surtout en vélo.

En gros, y’a quasiment aucune différence en altitude entre mon point de départ et mon point d’arrivée, mais y’a genre MILLE CUVETTES A LA CON que je dois me farcir entre les deux.

Et pour en rajouter dans le « pas d’bol Simone », le vent à Auckland souffle quasiment toujours de l’Ouest. Qui est la direction dans laquelle je vais tous les matins. 

Ce qui veut dire que, le matin à 8 heures, quand c’est bien important que j’arrive au boulot fraîche et bien mise, je me tape non seulement la partie du trajet avec le plus de montées, mais en plus j’ai des bourrasques de vent en pleine face tout le long du trajet, alors pas merci la sueur excessive. 



(Moi débarquant au bureau le matin, une allégorie.)

Ajoute à ça que mon vélo est une antiquité qui a beaucoup de mal à passer les vitesses, et tu comprendras facilement pourquoi j’ai maintenant des cuisses d’Amazone.

(Et des mollets qui refusent de rentrer dans ne serait-ce qu’une-demi botte.)

Petite anecdote : j’ai récemment suivi un cours d’entretien et réparation de cycles (la mairie d’Auckland organise des cours gratuits, c’est cool Raoul) et quand on a abordé la question des vitesses, j’ai montré mon vélo a l’instructeur en disant :

- J’ai du mal à changer les vitesses parce que j’ai pas de petite roulette qui me dit 1,2,3, juste un petit levier à monter ou abaisser. Vous avez des conseils?
- Ah ! Ça fait longtemps que j’avais pas vu des leviers de vitesse comme celui-là ! Vous savez comment on les appelait, dans le jargon ?
- Non ?
- « Suicide gears ».
- ….
- Parce que le seul moyen de savoir si ça marchait, c’était de regarder les rouages PENDANT qu’on changeait les vitesses.
- ….
- Ha, tous les accidents que ça a causé, cette merde ! Ho ho !
- ….
- Mais sinon, pour répondre à ta question, mon conseil c’est : choisis une vitesse et n’y touche plus jamais, sinon tu vas mourir, et ton p’tit vélo aussi. Voilà. D’autres questions ?

Donc mon vélo est un engin de mort, mais sinon je l’aime bien quand même.


Les gens me demandent pourquoi j’ai pas choisi un vélo plus performant, et a cela je réponds deux choses :

1. La version rationnelle : j’ai pas de fric à balancer dans un vélo flambant neuf, j’ai jamais payé plus de 50 Euros pour une bicyclette et c’est pas maintenant que ça va commencer.

2. La version irrationnelle : j’ai pris le vélo le plus pourri possible par pur réflexe, parce qu’après des années de vie à Strasbourg, tu choisis toujours cash le vélo le plus moche et rouillé possible– ça lui donne une extension de vie de quelques mois, voire quelques années si t’as de la chance. 
(Mais au bout du compte, on finit quand même par te le voler.)
(Un vélo à Strasbourg finit TOUJOURS volé.)
(C’est un peu la quatrième loi du mouvement de Newton.)

Evidemment c’est pas une loi qui s’applique au pays des Bisounours, puisque d’une part je suis même pas sure que les Kiwis sont au courant qu’il est possible de s’approprier les biens d’autrui, et puis surtout d’autre part QU’EST-CE QU’ILS IRAIENT FOUTRE AVEC UN VÉLO ?

Parce que c’est pas tellement qu’il n’y a pas de cyclistes ici (même s’il y en a peu) ; c’est plutôt que, depuis que je fais du vélo, j’ai l’impression de faire partie d’une caste à part.

J’en veux pour preuve les commentaires incompréhensibles de mes collègues :

- Ouah Charlotte t’es venue au travail en vélo ?
- Ouais.
- Mais t’habites pas à Panmure ?
- Si.
- Han ! C’est tellement courageux de faire tout ce chemin !



(« Tout ce chemin » = 6 kilomètres.)


Et le plus marrant, c’est que les mêmes gens, le lendemain, m’ont sorti :

- Ah mais en fait tu vas venir TOUS LES JOURS en vélo ?
- Ben oui. 
- Mais…. Ta voiture est cassée ?



(J'crois que vous avez pas bien saisi le principe, les gars.)

En fait, je l’ai compris plus tard, le vélo est vu par les Kiwis comme un sport/loisir, mais absolument pas comme un moyen de transport. Donc, quand les gens me voient faire du vélo pour aller au travail, ils se disent que je dois faire du vélo TOUT LE TEMPS, genre c’est tellement ma grande passion que j’en fais MÊME pendant la semaine.



(Mes collègues qui s'imaginent ma vie hors du boulot.)

Alors qu’en vrai, je fais du vélo la semaine, et après je passe le week-end cloîtrée a la maison en slip devant Skyrim.

(Ouais, j’ai fini The Witcher 3.)

(C’était génial, soit dit en passant.)

(Maintenant avec Skyrim j’ai un peu l’impression de jouer au Witcher pour les 6-12 ans.)

(Du coup j’ai mis Skyrim en mode Légendaire, et je joue mage nécromant sans armure.)

(Je me fais one-shot toutes des cinq secondes, c’est super.)

Bref bref.

Tout ça pour dire que moi, je vois le vélo comme un moyen de transport pratique : j’épargne de l’argent, je gagne du temps, c’est bon pour l’environnement, et ça me fait faire un peu d’exercice.

Mais à entendre mes collègues, c’est à peu près aussi pratique que de venir au travail en pirogue :

- Et si jamais t’as une réunion à l’autre bout de la ville ?
- Ben je prévois de prendre ma voiture le matin.
- Et si tu dois faire les courses ?
- Ben je prévois de prendre ma voiture le matin.
- Oui mais si tu dois faire des courses URGENTES et tu l’apprends pendant la journée ?
- Eh ben j’y vais en vélo.
- Mais si tu dois acheter un truc qui rentre pas dans ton sac ?
- Eh ben je rentre à la maison et je prends ma voiture quand j’arrive à 17h30, Denise !
- Ah tu vois ? C’est pas pratique.



Mais Jacqueline bordel de merde je suis en vélo, c’est pas la fin du monde ! 

C’est pas non plus comme si je venais au boulot tous les matins à pied, chaussée de sandales à clous, attachée à un menhir !

(Comme une joyeuse petite Sisyphe.)

Au final, je suis quand même bien contente de pouvoir enfourcher mon vélo pour les petits trajets – même si je frôle la mort à chaque instant parce que ces embouchés de Kiwis ne savent pas ce que c’est qu’un angle mort (ou qu’un rond-point) (ou qu’un passage piéton) (ou qu’on n’est pas censés s’arrêter au feu rouge a deux millimètres de moi, puis ouvrir sa portière en plein sur ma gueule pour laisser descendre son con de môme). 

(3615 ça sent le vécu.)

Mais y’a rien de plus cool que de chevaucher son vélo à l’heure de pointe, en doublant crânement tous les gens sur l’autoroute.

(Oui, la piste cyclable est à côté de l’autoroute.)

(Paye ta sécurité.)

Épilogue :

- Ouais, je voudrais me remettre au triathlon, mais à Auckland c’est trop bondé, je cherche un truc un peu excentré.
- Tiens, Charlotte, toi qui es sportive, ça te connaît les triathlons, non ?

Moi :



(Oui, hyper, oui) 

L'Instant Kiwi: un long week-end à Queenstown

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Et donc on est partis à Queenstown pour les vacances de Noël.

Quand je dis "on", je veux dire moi et Flaxou, mais aussi mon papa et belle-maman, puisque ça fait quatre ans que je vis ici et que c'est seulement maintenant que les gens se décident à venir me rendre visite.

(Il vous a fallu le temps, les gars.)

J'ai voulu profité de cette occasion de montrer mes endroits préférés à ma famille pour en découvrir de nouveaux dans le même temps, et on a donc sauté sur l'occasion de passer quelques jours dans mon endroit préféré de Nouvelle-Zélande : l'Otago.

L'Otago, au cas où vous connaissez pas, je vous décris ça en deux mots: c'est une terre promise de lait et de miel (et vous pouvez me croire parce que je sais toujours proportions garder).

C'est une région au centre de l'Ile du Sud où on trouve tout ce qu'il faut pour être heureux à jamais dans la quiétude des nuits fraîches. La mer, les montagnes, des lacs purs comme des joyaux cachés, des glaciers, des forêts ancestrales, des cascades perdues au fond de vallées secrètes, des moutons (PLEIN de moutons) et du pinot noir (PLEIN de pinot noir).

(Gros gros love sur l'Otago.)

Bon, le seul souci, c'est que quand on est allés faire les touristes en Otago y'a quatre ans, c'était bien tranquille pépère, et là c'était la foire aux bestiaux, on se serait crus au lac d'Annecy un jour de canicule.

(3615 mes vacances de riche.)

En même temps, la moitié des touristes Asiatiques et Américains ont décidé de bouder l'Europe cette année parce qu'ils ont peur des attaques à la bombe (et en même temps, on les comprend), du coup ils se retrouvent tous ici – tous les trois mille bus pleins.

Ce que j'ai d'ailleurs très vite compris après avoir acheté nos billets d'avion pour Queenstown, quand je me suis mise à chercher un endroit où dormir, et que j'ai fait successivement: "Oh zut! Toutes les chambres d'hôtes sont prises. Je vais devoir nous trouver une auberge de jeunesse""Oh nan! Toutes les auberges de jeunesse sont pleines. Faudra aller au motel.""Quoi? Tous les motels sont pleins? Mais attends tu déconnes on va pas dormir à l'hôtel ça va être super cher!""PUTAIN MAIS MÊME LES HÔTELS SONT PLEINS MAIS C'EST QUOI CE DÉLIRE?"

Bonus angoisse: ma conversation avec les rares établissements qui n'affichent pas leurs réservations sur Internet:

- Oui bonjour, je voulais savoir si vous aviez de la place pour 4 personnes.
- Pour quelle période?
- Entre Noël et Nouvel An.
- De... de cette année?
- Ben oui.
- HAHAHAHAHAHA
- Je....
- AHAHAHAHAHAHAHAHA
- Du coup ça veut dire non j'imagine, ou...
- AHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA

J'ai finalement réussi à trouver un appartement à louer à Wanaka (à 50km et un col de montage de Queenstown), ce qui au final était pas si mal, puisqu'on était un peu moins pris dans l'agitation du moment.

(Je dis "un peu moins" parce qu'on se retrouvait quand même à vingt mille kékés dans une ville prévue pour huit mille.)

(Autant te dire que les courses de Noël dans l'unique supermarché de la ville, c'était fun.)

(Citation papa: "Ça me rappelle mon premier voyage en RDA.")

Bref bref.

Le but premier de ce voyage dans le Sud, c'était de faire découvrir l'endroit à mon père et ma belle-mère, tout en profitant de l'occasion pour visiter des trucs que Flaxou et moi on n'avait pas eu le temps de voir lors de notre dernier séjour.

Et donc on a suivi un programme "vacances de vieux" qui consistait à se lever à sept heures du mat', faire de la rando, rentrer boire une bière à 17h, manger à 19h30, et s'endormir devant la télé à 21h45.

(C'était curieusement productif.)

(Les vieux ont le secret du rendement optimal.)

On a donc découvert de magnifiques endroits, comme cette super balade aux alentours de Wanaka:





Mais bon, qui dit "endroit touristique" dit bien sûr "main au portefeuille", et les activités gratuites sont rares, cf. notre expérience en voulant faire l'une des plus belles balades de la région:

- Alors le problème, c'est que la route d'accès n'est pas goudronnée, donc on n'a pas le droit d'y aller avec la voiture de loc.
- Ils ont pas des navettes?
- Si, y'a une compagnie qui organise des navettes dans toute la vallée. Je les appelle.

Résumé de ma conversation avec le mec des navettes:

- Bonjour, je voudrais aller de Wanaka à Raspberry Creek.
- Combien de personnes?
- Quatre.
- Parfait, c'est 40 dollars.
- Ah, c'est bien, c'est pas cher.
- Heu... c'est 40 dollars pour un aller simple.
- Ah, okay! Du coup, c'est le prix d'un taxi, quoi.
- Heu... c'est 40 dollars PAR PERSONNE, pour un aller simple.

MAIS WHAT?

LE MEC IL VEUT QU'ON PAYE CENT SOIXANTE DOLLARS (105 €) POUR FAIRE L’ÉQUIVALENT D'UN ALLER-RETOUR ENTRE COLMAR ET MULHOUSE!

(Et je sais ce que tu te dis: oui mais c'est quand même pas pareil, il roule sur des voies non revêtuesCHUT.)

(Les voies non revêtues en Nouvelle-Zélande sont comme toutes les autres routes de Nouvelle-Zélande: PARFAITES.)

(Pas de trous, pas de boue, et suffisamment de place pour faire passer quatre voitures de front.)

(Une Twingo y serait passée sans problèmes.)

Au final, mon père a dit"Oh c'est les vacances, on se fait plaisir, allez on prend le taxi, c'est pour moi!"et ma belle-mère l'a regardé genre:



Mais j'avoue que c'était une balade super cool quand même (malgré le fait que ça montait DE OUF), vu qu'on a eu droit à un pont suspendu, des cascades, et un glacier:







(Bon je trouve le prix du transport quand même abusé, mais ça valait le coup.)

Mais le clou du séjour, le truc pour lequel on était venus spécifiquement à Queenstown, c'était bien sûr Milford Sound.

Milford Sound (en maori Piopiotahi, "le premier piopio") (le piopio était un petit oiseau, aujourd'hui éteint) est décrit comme "la huitième merveille du monde" par les tracts touristiques - ce qui veut tout et rien dire, puisque dès qu'il y a un truc vaguement imposant quelque part, on l'appelle la huitième merveille du monde (cf. l'Empire State Building, l'opéra de Sydney, les statues de l'Ile de Pâques, la montagne Uluru, Stonehenge, Machu Picchu, le Taj Mahal, la Grande Muraille de Chine, Angkor Wat et la Statue de la Liberté, qui se sont aussi tous auto-proclamés Huitième Merveille du Monde).

(Les mecs, va falloir vous entendre, parce que vous pouvez pas tous être huitièmes.)

(Ça contredit un peu l'idée d'un classement.)

Milford Sound est, comme son nom ne l'indique pas du tout, un fjord (le nom "sound" désigne en anglais un bras de mer formé par une rivière, alors qu'un fjord est un bras de mer formé par un glacier) (mais bon à l'époque où les Anglais lui ont donné un nom, ils savaient pas la différence).

Comme tous les fjords, Milford Sound est un écrin de nature spectaculaire, et un super endroit pour admirer la faune locale (otaries, pingouins, dauphins, et même parfois baleines). Mais il est surtout connu pour ses milliers de cascades temporaires qui se forment lorsqu'il pleut – ce qui est quand même relativement souvent, vu que la région de Milford est l'une des plus pluvieuses au monde.

Pour la petite anecdote, il y a en moyenne sept mètres de pluie par an qui tombent à Milford Sound (c'est cinq à six fois plus que Brest), et il pleut en moyenne un jour sur deux.

Alors je vais même pas commencer à imaginer la joie de vivre des gens qui habitent dans le coin, parce qu'on n'était là-bas qu'une-demi journée, et que mes cheveux ressemblaient à ça tout du long:


Enfin, je dis une-demi journée, mais c'était une sacrée longue journée au total, puisque le bus partait de Queenstown à sept heures du matin pour nous redéposer à vingt heures – sachant qu'en plus on logeait à Wanaka, donc ajoute deux heures encore – ah et est-ce que j'ai précisé qu'on a fait tout ça à la Saint-Sylvestre?

(Oui ben sinon c'était complet, donc on prend les dates qu'on nous donne.)

C'est donc frais comme des gardons et munis de nos sandwichs à la confiture qu'on s'est assis dans le bus pour nos cinq heures de route:

- C'est marrant, sur la carte ça avait l'air vachement plus proche!

Bah oui, mais c'est parce que sur la carte, on avait pas fait gaffe qu'il n'y avait pas de route directe :


Donc ouais, tout de suite, ça fait du chiffre.

Mais l'avantage de faire de la route en Nouvelle-Zélande (et a fortiori si c'est pas toi qui conduis), c'est que le paysage est toujours au rendez-vous. Même si, pour le coup, on était moins dans le trip "été alpin" et plus dans le trip "préparez-vous à entrer dans les Monts Brumeux":


(Mais ça a son style aussi.)

En tout cas, y'en avait un qui était ravi:

- Ah il fait tellement brumeux, j'adore! Ça faisait quatre jours qu'on avait du soleil, là, j'étais soûlé.

(Seigneur, j'ai épousé un gothique.)

On a notamment pu goûter aux joies de l'été austral une fois débarqués à Te Anau pour la pause pipi/café:



J'en ai donc profité pour acheter une SUBLIME polaire turquoise (oui ben je prends ce qu'il y a en solde) qui sentait le vieux moisi (ou alors c'était mes cheveux, avec l'humidité, tout ça) mais il faut ce qu'il faut pour se protéger du froid mordant de l'équivalent de fin juin.

Donc, pour ceux qui se demandent: non, je me vois vraiment pas habiter dans ce coin.



(Même si c'est joli à t'en crever un oeil.)

Et ce fut enfin l'arrivée à Milford Sound, charmante bourgade de... rien en fait, personne n'habite ici, ils sont pas fous les gens, y'a le port et un café et c'est marre.

Et après avoir payé encore un rein, c'était enfin l'heure de la croisière dans le fjord!

Parce qu'en fait, le meilleur moyen de voir les cascades et tout ça, c'est de prendre un bateau (on peut faire des randos le long des falaises, mais c'est super escarpé et puis est-ce que j'ai mentionné qu'il pleuvait sa race aussi?)

Pour se prémunir de la pluie, on avait tout prévu tout oublié à Auckland comme des grosses nouilles.

- C'est pas grave Cha, j'emmène toujours un poncho d'urgence dans mon sac.
- Tu veux dire ce sac poubelle?
- Non, c'est un PONCHO D'URGENCE.



(Je vous laisse juges.)

Enfin bon, pour ce qui est des cascades, on n'a pas été déçus, mate un peu.

(Si tu arrives à distinguer quelque chose, RIP la lentille de mon appareil photo qui se couvrait de gouttes de pluie toutes les demi-secondes où l'objectif était à découvert.)

(Et merci à Flaxou pour son coin de T-Shirt qui marchait étonnement bien.)

(C'est aussi mon chiffon à lunettes désormais.)








(Tu vois que je déconnais pas quand je disais que cette polaire était sublime.)

Conclusion: le Sud de l'Ile du Sud c'est super duper, mais c'est super froid, résultat maintenant je dois retourner au travail à Auckland alors qu'il fait 25 degrés, je suis pas prête psychologiquement, je veux juste aller à la plage et boire des mojitos merci.

Je te laisse sur cette photo d'otarie avec un lumbago:


(Ouïe.)

Séries 2016, partie I : le flop

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Comme tu le sais, je regarde beaucoup (trop) de séries.

Mais comme c’est un peu le mal du siècle, j’ose espérer que toi aussi.

Sauf que, pour éviter de polluer mon blog avec des articles hyper pointus à chaque nouvel épisode de Game of Thrones, je réfrène le plus possible la fanattitude.

Mais quand même, une fois l’an, j’aime bien faire le bilan (calmement) (paye tes références de l’an 2000).

C’est pourquoi, commel’andernier, je voudrais revenir sur mes séries préférées de 2016, et celles qui m’ont fait dire « STAAAHP ».

Et on commence par celles que j’ai arrêtées en 2016, parce que c’est toujours plus fun de dire du mal.



Vinyl


Alors ne mâchons pas nos mots : Vinyl, selon moi, c’est la plus grosse tragédie de 2016.

(Bon okay, y’a eu des guerres et des attentats.)

(Disons la seconde plus grosse.)

C’est une tragédie parce qu’on n’a eu qu’une saison alors que merde quoi, elle était super cette série !


(Firefly all over again.)

(HBO, j’en attendais mieux de ta part.)

Sans déconner, je ne sais pas ce qui s’est passé pour en arriver à cette décision, parce que tout y était, là : des acteurs au top, un bon scénario (qu’on pourrait résumer par « sex, drugs, and rock’n’roll, and then a lot more drugs »), une BO crème de la crème, une reconstitution des années 70 impec, et une direction par MARTIN MOTHERFUCKING SCORSESE MAIS SERIEUSEMENT ??!


Bref, je ne sais pas ce qui s’est passé, mais mon cœur saigne, parce que j’aimais vraiment d’amour cette série.

(En même temps, j’ai entendu « Martin Scorsese et Mick Jagger », et mon sang de petite mémé du rock n’a fait qu’un tour.)




Downton Abbey


Combien de temps peut-on continuer à regarder un truc chiant?

Si j’en crois Downton Abbey, 52 épisodes.

Downton Abbey s’est donc terminée en cet an de grâce 2016, et bordel c’était pas trop tôt.

Parce que oui d’accord, la reconstitution impeccable, la réalisation au cordeau, des acteurs corrects, des costumes éblouissants, mais à un moment donné va falloir nous donner une histoire et arrêter de pomper les Feux de l’Amour deux minutes.

Vraiment, je ne m’explique pas à moi-même comment j’ai pu regarder cette série si longtemps, parce que c’est franchement rien de plus qu’une telenovela avec du budget.

Et au moins, une telenovela comme Jane the Virgin (malgré ses longueurs) a la franchise de reconnaître ce qu’elle est, et de s’en moquer gentiment. Mais là, les auteurs se prennent tellement, mais TELLEMENT au sérieux, en mode « On est en train de ciseler un joyau du huitième art » que ça en devient presque risible.

J’veux dire, vous avez quand même rempli le bingo des feuilletons du samedi matin en six saisons, faut pas vous étonner.


Donc voilà, bon débarras Downton Abbey. Tchao les prout-prout, allez vous faire couper la tête et saisir vos richesses, ça vous apprendra la vie un peu.

(De toute façon tous les bons personnages sont morts.)

(A part la mamie comtesse, Maggie Smith est formidable et géniale et c’est un être de lumière pure.)




(Et aussi Tom. J’aime bien Tom.)

(Même si c’est un vendu.)

(« Je suis socialiste, à bas les classes ! » « Attends viens on te donne de l’argent » « Putain en fait c’est cool » SALE TRAÎTRE VA)


Orphan Black


Orphan Black a selon moi un mérite immense, c’est qu’elle partait d’un principe super audacieux.

Le synopsis : Sarah, une paumée avec des mauvaises fréquentations, cherche à mener une vie meilleure et récupérer la garde de sa fille. Un jour, sur un quai de gare, elle croise son double – qui se jette prestement sous un train. Comme elle a besoin de sous, elle décide de se faire passer pour elle le temps de vider son compte en banque, mais se fait rattraper par les événements et découvre qu’elle fait partie d’une flopée de clones – créées par qui, comment, dans quel but ? C’est ce qu’elle va tenter de découvrir.

Le gros défi d’un scénario pareil, c’est évidemment de trouver une actrice qui puisse jouer tous les personnages des clones. Et là, rien à dire, Tatiana Maslany est tout bonnement formidable.


(Et même quand elle fait dans l’exercice casse-gueule au possible – genre l’une des clones qui se fait passer pour une autre des clones – elle est juste un poil à côté de la plaque, exactement comme il faut.)

Le souci, avec les scénarios ambitieux de ce type, c’est qu’ils peuvent facilement devenir alambiqués – et malheureusement pour Orphan Black, c’est exactement ce qui s’est passé.

Parce qu’on partait déjà avec du lourd – une bande de clones créées et surveillées par une corporation mystérieuse, plus une secte religieuse qui veut les tuer et a retourné l’une des clones contre les autres – mais si en plus après on ajoute le réseau politique de la mère adoptive, les super-soldats, et la gamine qui se régénère comme Wolverine, ça commence à faire un peu trop.

Apres, je lui jette pas la pierre autant qu’aux autres, parce que c’est une série dont les défauts sont causés par son ambition, et il vaut toujours mieux se planter en faisant un truc original que de se ramasser en faisant du comme d’habitude.

(Quelle perle de sagesse.)

(Je suis un véritable Dalaï-Lama aujourd’hui.)



The Big Bang Theory


Big Bang Theory, c’est cette série qui m’a fait l’effet de beaucoup de sitcoms: j’ai arrêté de la trouver vraiment bonne au bout de quelques saisons, mais comme ça devenait jamais vraiment mauvais, j’ai continué à la regarder, plus par habitude qu’autre chose.

Parce que soyons francs : si on n’était pas en plein dans l’Age D’Or des séries, Big Bang Theory serait très bien. Et quand la saison 1 est sortie y’a dix ans (putain, dix ans !) c’était effectivement le haut du panier en matière de sitcom : des bons acteurs (enfin Sheldon et Howard quoi, mais bon c’est suffisant), des réparties qui fusent, un humour référencé mais quand même accessible, tout y était.

Sauf qu’on est dans l’Age D’Or des séries, et qu’il y a tellement de trucs exceptionnels qui sortent que j’ai plus envie de me contenter d’un truc moyen.

(Pourquoi manger des salsifis quand on peut avoir des panais ?)

(3615 passion légumes racine)

Bref, ça devient de plus en plus difficile de passer outre les défauts du format sitcom qui étaient faciles à ignorer en 2006 : l’éclairage pas naturel, les décors en toc, le surjeu, et surtout CES PUTAINS DE RIRES ENREGISTRÉS DE MES FESSES BORDEL ON EST AU VINGT-ET-UNIÈME SIÈCLE.

- Nan y faut garder les rires, sinon les gens vont pas savoir quand c’est drôle !
- Mais plus personne ne les utilise, chef !
- Ah, et pense bien à mettre des pauses pas naturelles du tout entre les répliques, hein.
- J’aurais dû rester chez Modern Family
- PARDON ?
- Non j’ai dit, y’a pas de problème, j’aime les salsifis !

Mais pour moi, le plus grand mal du siècle dernier dont souffre Big Bang Theory, c’est son absence de continuité.

Alors, qu’on soit clairs : l’évolution des personnages au sein de l’histoire (Sheldon qui s’éveille à l’amour, Howard qui fonde une famille), j’ai rien contre. Je pense que ce serait emmerdant de regarder dix saisons des mêmes gens qui font les mêmes trucs (n’est-ce pas Docteur House ?)

Le problème, selon moi, c’est que les scénaristes inventent des traits de caractère à leurs personnages pour coller à l’intrigue d’un (ou plusieurs) épisodes, et ensuite soit les oublient totalement (genre non chut on n’en a jamais parlé) soit forcent le trait au point que ça en devienne grotesque.

Un exemple parmi d’autres : qui parmi vous se souvient que Bernadette, au début, avait une voix normale ?

Voilà Bernadette dans le premier épisode où on l’aperçoit :


Et la voilà quelques saisons plus tard :


POURQUOI ?

Pourquoi faire prendre à cette actrice une voix de souris dans Cendrillon ?

Ça n’a aucun sens !

Idem pour plein d’autres choses qui sont passées sous le tapis – genre Raj, qui, pendant plusieurs saisons, avait une incapacité totale à parler aux femmes, et puis ensuite pouf d’un coup il y arrive en genre huit épisodes (on note l’effort tout relatif des scénaristes de se débarrasser de son affliction en deux phases : phase 1 « quand je bois de l’alcool je peux parler aux femmes », phase 2 « bon les blagues sur l’alcool c’était marrant deux minutes mais on est dans une comédie et on ne peut pas me faire devenir alcoolique, alors on dirait que je bois de la bière sans alcool par erreur et oh je peux parler aux femmes quand même, je suis guéri, le courage était en moi depuis le début ! »), et maintenant il est totalement à l’aise en permanence avec n’importe quelle nana, genre même pas un soupçon de timidité, pif pouf la magie du script.

Alors certes, on est dans une fiction, je dis pas que tout doit être conforme à la réalité à 100%, mais quand tout l’intérêt de ta série est basé sur l’interaction entre les personnages, ça devrait pas être trop demander que de vouloir un minimum de continuité.

Et aussi, j’aime beaucoup Leonard et Penny, mais ça n’a aucun sens qu’ils finissent ensemble – déjà ils ont absolument zéro points communs, et en plus Leonard est un intellectuel plutôt condescendant et Penny est conne comme une truite.


(Les créateurs de la série quand ils écrivent les dialogues de Penny.)

(Sans déconner, dans la vraie vie elle serait déjà morte en s’étranglant avec sa propre salive parce qu’elle est TROP STUPIDE POUR VIVRE.)

Et puis, tant qu'on est à parler de Penny, une dernière chose: on est en 2017. Pourquoi Penny est encore coincée en 1998, quand les geeks étaient des losers?

Non parce que là, on parle de trentenaires qui ont des boulots respectables et qui aiment les films de science-fiction et les comics (comme presque tout le monde), jouent aux jeux vidéos un soir par semaine (comme presque tout le monde), et vont au Comic-Con une fois l'an (comme CENT CINQUANTE MILLE AUTRES GENS).

Donc, disons-le une fois pour toute: quand Penny et ses potes font "Hihi Leonard et ses potes, quelle bande de gamins, ils regardent Star Wars et ils jouent à Call of Duty", c'est ELLES qui sont hors normes, pas l'inverse.

(Alors arrêtez de vous la péter en mode "Je sais pas qui c'est Gollum lol c'est des trucs de puceaux tout ça".)

(Connaître des trucs sur le Seigneur des Anneaux, c'est très sexy, je vous ferais dire.)

(Parle-moi des inspirations mythologiques de Tolkien et regarde ma culotte tomber.)

BREF.


Voilà pour les séries que j’ai arrêtées de suivre en 2016.

On se retrouve très bientôt pour mon top des séries de l’année !

(En attendant, si y’a des séries que tu as arrêtées cette année, dis-moi lesquelles, ça m’intéresse.)

Séries 2016, partie II : le top

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On continue dans la rétrospective des séries de 2016, et le moins qu’on puisse dire, c’est que même si 2016 a quand même globalement été une bonne grosse année de merde, au niveau séries, c’était un sacré bon millésime.

J’en veux pour preuve les bijoux ci-dessous, et accroche-toi à ton sloup, ça va être un long article.

(J'ai essayé de faire le tri, mais je ne suis qu'humaine.)



Black Mirror


Alors Black Mirror, c’est pas une nouvelle série de 2016, mais en fait un peu quand même.

Les trois premières saisons de la série étaient produites par Channel 4, une chaîne britannique réputée pour ses séries décalées de bonne facture (entre autres, les cultissimes Black Books et IT Crowd) mais aussi pour ses programmes bien merdiques (Come Dine with Me, et autres Gypsy Wedding de bas étage).

Au milieu de tout ça, on avait Black Mirror, une pépite noire comme une nuit sans lune, au concept simple : chaque épisode se présentait comme un moyen métrage de 30-40 minutes, situé dans un futur proche ou lointain, et nous présentant une avancée technologique et l’utilisation que la société en fait. Aucun lien entre les épisodes, donc, si ce n’est le thème central : la technologie et ses dérives.

Et le génie de Black Mirror, c’est que la série ne bascule jamais dans le prêchi-prêcha facile, type « Bouh la technologie nous aliène, c’est pas cool, allons vivre dans les bois sans eau courante ». Dans chaque épisode, on voit clairement que le problème n’est pas la technologie en soi, mais l’usage qui en est fait (abusif, détourné ou corrompu).

Et alors faut pas être sensible, les potos, parce que chaque épisode de Black Mirror va te faire dire « On est tous des merdes et la vie est moche » en seulement la moitié du temps requis pour regarder Requiem for a Dream.

Donc, qu’est-ce qui a changé entre les trois premières saisons de Black Mirror et la quatrième ? C’est que la série a été rachetée par Netflix, ce qui m’angoissait quelque peu.

Non pas que je n’aie pas confiance en Netflix – c’est une chaîne qui pour l’instant ne m’a jamais déçue – (prends-en de la graine, HBO) mais j’avais peur qu’en changeant de continent, le ton de la série bascule vers quelque chose de moins noir, de plus conformiste – en un mot, de plus américain.

Et comme il faut savoir admettre ses erreurs, j’admets la mienne volontiers : la saison 4 de Black Mirror est aussi bonne que les précédentes.

Les thèmes abordés sont dans l’air du temps (le diktat de l’apparence sur les réseaux sociaux, ou la réalité virtuelle, pour n’en citer que deux) et très bien traités – et, à mon grand soulagement, aucune trace de « c’était mieux avant ».

Seul bémol (mais inévitable vu le format) : la série est très inégale en qualité, avec des épisodes brillants (celui avec les abeilles, sublime) et d’autres juste bof (ouh là là, des soldats à qui on lave le cerveau, originalitay). Pareil pour les acteurs, des fois incroyables de justesse, des fois carrément gênants de cabotinage. 


(Et y’a rien à faire, je peux pas sacquer Bryce Dallas Howard.)

Je dis aussi oui au seul épisode positif jamais vu dans Black Mirror (San Junipero), parce que les dérives de la technologie c’est cool, mais des fois aussi c’est bien de voir une fin qui ne donne pas envie de se tirer une balle dans le slip.)




The Expanse


Une petite série de SF sans prétention, mais au final bien sympathique.

Ça se passe dans le futur, les humains ont colonisé l’espace, et Mars et la Terre sont deux super-puissances en guerre, pendant que les autres colonies vivent dans une sorte de tiers-monde de l’espace. Dans ce contexte, un vaisseau de transport plein de beaux gosses se fait atomiser par ce qu’ils pensent être un navire martien, y’a plein de conspirations, ah oui et peut-être que tout le monde va mourir tué par un parasite moussu.

La série est basée sur une série de romans récente, et ça se voit tout de suite, parce que l’univers est très étoffé et je suis à peu près certaine que ça doit être l’horreur totale de regarder cette série si on a lu les bouquins, parce que rien que là je peux sentir qu’ils passent super vite sur plein d’éléments de contexte.

Notamment un truc un peu chelou, c’est qu’on appuie vachement sur le fait que les gens qui vivent dans le tiers-monde ont plein de problèmes de santé parce qu’ils ont pas assez d’eau et que l’oxygène est contaminé, mais par contre tout le monde dans cette série est foutu comme un mannequin Calvin Klein.

Genre même le détective qui a passé sa vie à boire du plomb et respirer de l’amiante, ils le font jouer par le mec de The Punisher.


(« Nan mais c’est bon, on lui a mis une sale coupe de cheveux, ça passe ».)

Au final, certains acteurs pédalent un peu dans la semoule, mais c’est vraiment le seul reproche que j’ai à faire a The Expanse.

(Et, pour une série SyFy, les effets spéciaux sont franchement pas dégueu.)

(Je m’attendais au pire)

(HeumheumStargateSG-1.)




Stranger Things


Bon, je ne vais pas gloser dessus quarante pages, parce que le monde entier l’a fait, et je suis quasi sûre que tu as déjà vu la série de toute façon, alors voilà : Stranger Things c’est super. Rien à rajouter, tout est giga bien, acteurs, histoire, musique, et aussi est-ce que c’est possible d’adopter le môme sans dents s’il vous plaît, c’est pas pour moi c’est pour une copine.


(Bon d’accord j’ai menti, c’est pour moi.)

(Mais regardez cette bouille !)

Une chose avant de conclure: Tumblr a développé une théorie comme quoi Steve de Stranger Things est le père de Jean-Ralphio de Parks and Rec, et je suis MILLE POUR CENT D'ACCORD.


D'ailleurs je suis à fond derrière TOUTES les théories de crossover avec cette série:


JE DIS OUI



JE DIS TRIPLE OUI

Ah si pardon, juste une critique : Stranger Things, ce n’est pas comme ça que les gens s’habillaient (et surtout pas se coiffaient) dans les années 80.

Stop a la glamourisation nostalgique de cette période honnie de la mode.

Les années 80, c’était pas ça :


C’était ça :


NEVER FORGET.

(Ah et puis Barb elle est morte hein, c’est clair. Qui sont ces gens qui en doutent encore ?)




Westworld


Comme pour Stranger Things, je vais pas te raconteur l’intrigue, vu que Westworld c’est LA claque de 2016.

Apres de très longues années d’attente (j’avais entendu parler du début de ce projet en 2012, c’est dire), Westworld est enfin là, et force est de dire que la hype valait carrément le coup.

Casting cinq étoiles (Ed Harris n’a pas vieilli depuis Abyss) (Anthony Hopkins, lui, vieillit, mais reste toujours aussi flippant) (big up à son regard de serpent qui te fait frémir jusqu’aux tréfonds de ton âme), décors de fifou, effets spéciaux au top, scénario bien nourri, réflexions sur l’âme humaine, tout y est.

Mention spéciale au scénario plein de twists qui te fait te questionner tout le temps, au point que ça en fait surchauffer plus d’un :

- Je suis sûr que lui c’est un robot.
- Chut.
- La meuf à qui il parle, je suis sûr que c’est un robot aussi.
- Fla, tais-toi !
- Le vieux, je te parie qu’en fait c’est un robot.
- Mais ça n’a aucun sens, c’est lui qui a créé les robots !
- TU SAIS PAS !

Mais tu sais que c’était une bonne saison quand tu passes des jours à débattre et échafauder des théories tirées par les cheveux.

Pour les initiés, le grand clivage de mon couple actuellement (surligne pour voir – attention spoilers) :

Fla soutient mordicus qu’en ne s’échappant pas du parc, Maeve a commis son premier vrai acte de libre arbitre, tandis que moi je suis persuadée qu’elle n’a en fait pas réussi à se débarrasser de son programme qui l’empêchait de sortir, et qu’elle a juste l’impression de choisir de rester.


Dernière remarque : le scénario est adapté de Mondwest, un film des années 70 écrit par un certain Michael Crichton –un mec qui, décidément, avait une certaine fixette sur des parcs d’attraction créées par des vieux Anglais aux cheveux blancs et dont les créatures échappent à tout contrôle et attaquent les visiteurs.


(Sérieusement, une fois que t’as fait le rapprochement, c’est impossible de voir autre chose.)



Sense8


AVERTISSEMENT: je couronne direct Sense8 comme ‘pire série à regarder avec tes parents’.

(Ex aequo avec les premières saisons de Game of Thrones.)

Et je préviens, parce que le pitch pourrait faire penser à une série familiale, à la Heroes (mais en moins mauvais) : Huit individus de par le monde se retrouvent soudain connectés psychiquement les uns aux autres, et découvrent qu’une mystérieuse organisation est à leurs trousses pour leur faire des expériences dessus et les utiliser à des fins pas cool.

A ce stade, si t’aimes bien la science-fiction, t’es déjà en train de bâiller d’ennui, parce que le coup des gens aux pouvoirs psychiques traqués par des méchants, c’est le synopsis d’environ trois mille séries et films depuis l’aube des temps (coucou Heroes, coucou X-Men, coucou Limitless, coucou Minority Report, coucou Jarod Le Caméléon, coucou les Incroyables Pouvoirs d’Alex).


(Mais si, la gamine qui se faisait asperger de produits chimiques et ensuite elle pouvait se transformer en liquide comme un T-1000!)

Sauf que la série part dans une direction un peu moins convenue, grâce au lien entre les huit héros, qui peuvent ‘prendre possession’ les uns des autres et ainsi prêter leurs talents respectifs aux autres en cas de besoin.

Les talents restent d’ailleurs plutôt réalistes – hormis la Coréenne qui est une machine à combattre totalement improbable (genre la meuf de quarante kilos qui dézingue dix-sept mecs à mains nues – pardon mais non).

Bref, tout le monde a son petit talent : l’Américain est flic, l’autre Américaine est une hackeuse, le Mexicain est un acteur (et donc super bon menteur), l’Indienne est chimiste, l’Allemand est un couteau suisse humain (il sait se battre, crocheter des serrures, assassiner des gens, la totale), le Kenyan sait réparer les voitures et conduire à contresens sur l’autoroute (tu sais pas, ça peut être utile), et l’Islandaise….sait où trouver des boîtes de nuit sympa ?



(Toi aussi, trouve le personnage mal-aimé.)

Bref, la série est originale malgré son pitch convenu, et fourmille de trouvailles visuelles très intéressantes (le style Wachowski, on aime ou on n’aime pas, mais on ne peut pas nier que c’est inventif) (le bullet time, quoi !)

Par contre, je répète mon avertissement de plus haut : Sense8 n’est pas une série familiale, puisqu’outre la violence, les meurtres et les gens qui se shootent a l’héroïne, on y trouve aussi PLEIN de scènes de cul (qui sont bien filmées, hein, mais bon, ça peut mettre un peu la gêne si tu fous ça à la télé pour la Chandeleur, quoi).

(Mention spéciale à la meuf super cheloue qui commence à se toucher dès que ses potes gays s’embrassent devant elle.)


(Euh, tu le dis si on te gêne, hein ?)

La série a été louée pour sa diversité, puisqu’on y trouve des personnages gays, transgenre, et de (presque) toute la terre (mais quand même deux Américains sur huit) (alors qu’il vous suffisait d’en remplacer un par un Kiwi, et paf ! Vous aviez tous les continents !)

(J’aurais même accepté un Australien, c’est dire.)

Par contre ça reste Hollywood, donc ils sont quand même tous hyper beaux.

(Notamment les mecs qui ont tous des corps de ouf, genre okay je comprends que l’acteur ait des tablettes de chocolat, et que le flic soit musclé, mais le gangster c’est un Allemand et il a pas de Bierbauch ? Moi je dis qu’il y a une arnaque quelque part.)

(Idem pour le Kenyan qui vit dans les bidonvilles mais a quand même des beaux muscles, des dents parfaites et une peau immaculée.)

Mais bon, ne boudons pas notre plaisir, Sense8 reste une série vraiment cool, originale et bien jouée (même le remplacement de Capheus est bien).

(Par contre, pense à zapper le générique tout de suite, parce que c’est le plus long générique de série de toute l’histoire des génériques de série.)

(Je sais pas ce qui s’est passé, si les Wachowski ont eu un accès illimité à GettyImages pendant quelques jours et qu’elles ont décidé de se faire plaiz, mais stop. On s’en bat les couilles, montrez-nous encore des partouzes si vous voulez, mais stop les images de volcans et d’enfants qui mangent des barbes à papa, merci.)




Gravity Falls


Je triche un peu parce que c’est pas une série qui a commencé en 2016, mais qui s’est terminée en 2016 – mais vu que je l’ai découverte sur le tard, ça restera mon gros coup de cœur de 2016.

J’ai découvert Gravity Falls comme je découvre 30% des séries que je suis (les autres 70% étant Sarah qui me message frénétiquement en disant « Meuuuf regarde cette série j’ai personne avec qui en parleeeer ») :à savoir, en tombant sur des gifs rigolos sur le net et en suivant les commentaires qui font‘Haha funny - source plz?’

C’est d’ailleurs comme ça que je suis tombée sur Parks and Rec (la meilleure série de l’univers et du multivers réunis) (et je ne dis pas ça parce que Leslie Knope est mon animal spirituel).

(PS : J’ai fait découvrir Parks and Rec à mes deux collègues du département Marketing, et elles sont toutes les deux revenues en hurlant OMAGAD CHARLOTTE YOU ARE SUCH A LESLIE KNOPE THIS IS INSANE – et je ne sais toujours pas si c’est un compliment ou si ça veut dire que je suis soûlante.)

Bref.

Gravity Falls est une série animée qui est sortie sur Disney Channel– en théorie deux bonnes grosses alertes à la culculserie et l’infantilisme de bas étage – mais que nenni !Cette série est en fait beaucoup plus mature qu’elle n’y paraît.


(3615 belle leçon pour nos têtes blondes)


(3615 blague de cul)



(3615 BONNE NUIT LES PETITS)

L’histoire se résume vite : Dipper et Mabel, des jumeaux de 12 ans, partent vivre chez leur grand-oncle Stan pendant les vacances d’été, et passent deux mois (deux saisons) dans le village de Gravity Falls en Oregon, où ils remarquent qu’il se trame plein de choses mystérieuses à base de monstres et autres créatures paranormales.

Et bon, on va faire simple et direct : j’aime TOUT dans cette série.

L’animation est jolie et très bien faite, les personnages incroyablement attachants (mention spéciale à Mabel, au top de l’adorabilité), les doubleurs excellents (avec certains guests crème de la crème), l’intrigue sait rester légère sans jamais piétiner, et surtout LA CONTINUITÉ EST TELLEMENT AU TOP JE FONDS DE BONHEUR.

(Tu vois que l’auteur savait exactement où il allait dès le début, et ça c’est du kif pur à regarder.)

Bref, je te conseille cette série à mille pour cent, tout y est génial et magique, fonce et remercie-moi plus tard.




The Man in the High Castle


Techniquement pas tout à fait une série de 2016 non plus, puisque le pilote est sorti il y a ouat’mille ans, mais on va pas enculer les mouches.

The Man in The High Castle est une adaptation du roman éponyme de Philip K. Dick, auteur cultissime de SF à qui on doit l’inspiration derrière d’immenses chefs-d’œuvre du cinéma (Blade Runner), d’autres très bons films (Minority Report, A Scanner Darkly, The Adjustment Bureau) et d’autres… films (Total Recall).

J’étais doublement hypée pour The Man in the High Castle, d’abord à cause de la qualité du matériau de base, mais aussi parce que l’histoire est une uchronie, alias mon genre littéraire préféré de tous les temps.

Petit rappel pour les anciens Bac S : L’uchronie est une forme de science-fiction qui nous dépeint un présent alternatif : l’auteur va changer un élément de l’Histoire, et, à partir de là, élaborer où en serait la société actuelle. (Pense L’Effet Papillon, Wolfenstein: New Order, ou encore l’excellent 22/11/63 de Stephen King). C’est un genre très casse-gueule, mais quand c’est réussi, c’est ultra cool.

Tout ça pour dire que j’avais beaucoup d’attentes de cette série. Et dis donc ma gueule, j’ai pas été déçue.

En fait, c’est l’une des seules fois dans ma vie ou je n’ai PAS préféré le livre.

(La seule autre exception étant le premier film Twilight – qui est mauvais, certes, mais moins mauvais que le livre, parce qu’au moins on n’a pas à subir l’affreux style d’écriture de Stephenie Meyer.)

Le livre présente une idée intéressante, mais s’arrête au final très peu sur la description de la société, et à la place choisit de partir dans des réflexions sur le destin et le libre arbitre – ce qui ne m’avait pas vraiment dérangé, mais m’avait un peu frustré, parce que j’aurais voulu en savoir plus sur le monde que décrivait Philip K. Dick.

Et là, c’est super, la série s’en charge, j’ai eu le beurre, l’argent du beurre et le sourire des Nazis.


Oui parce que l’histoire, la voilà : nous sommes en Amérique du Nord, dans les années 1960, sauf que c’est l’Axe qui a gagné la Seconde Guerre Mondiale. Les anciens Etats-Unis sont donc séparés en colonies du Japon (à l’Ouest) et du Troisième Reich (à l’Est), avec une zone-tampon au milieu, dans les Montagnes Rocheuses. Les deux anciens alliés sont en pleine guerre froide, et on sent bien que tout le monde est pas mal nerveux à l’idée que ça pète.

La série est bien jouée, bien filmée, et DIEU MERCI les personnages Allemands parlent en vrai allemand, pas en allemand d’Hollywood (« Ach ach nous zommes drès médchantz ! »). Mais surtout, l’univers dépeint est crédible et réaliste, et oui d’accord c’est parfois bien déprimant, mais en général j’enchaîne avec un épisode de Gravity Falls et ça rééquilibre l’univers.



Master of None


Techniquement une série de fin 2015 (okay, je triche) mais je trouve ça criminel qu’il n’y ait pas plus de gens qui connaissent Master of None, alors voilà.

Master of None est une série originale écrite et jouée par Aziz Ansari, un acteur et comédien qui fait du stand-up, mais qu’on connaît surtout pour son rôle de Tom Haverford dans Parks and Recreation.


(Oui je sais, je fais référence à Parks and Rec tout le temps, j’y peux rien c’est génial.)

Bref, Master of None est une série qui suit le quotidien de Dev, un jeune acteur de second plan, ses amis, ses amours, ses emmerdes, tout ça.

Et en parlant d’emmerdes, la série avait un très fort potentiel pour devenir emmerdante (comme toutes les séries bâties autour d’un seul personnage), mais heureusement pour nous, Master of None déborde d’humour, d’énergie, et de moments absolument choupis et pas du tout culcul (un équilibre très rare).

Et aussi, c’est une anecdote, mais les parents de Dev dans la série sont joués par les vrais parents d’Aziz Ansari, et non seulement son père crève l’écran alors que c’est même pas un professionnel, mais aussi c’est les gens les plus adorables du monde, et je voudrais les adopter tout de suite s’il vous plaît.



(Ils pourront m’aider à élever le gosse sans dents de Stranger Things.)




Voilà, c’est mon top personnel de 2016, j’espère qu’il t’aura aidé à relativiser la nullité qu’a été cette année.

(Enfin, dans la globalité des choses, hein.)

(Parce que personnellement j’ai eu une très bonne année 2016 –j’ai eu une augmentation, je me suis baignée sous des cascades, j’ai fait du vélo et j’ai mangé des Ferrero Rocher géants.)

(Et c’est pas genre une boîte de petits Ferrero Rochers en forme de Ferrero Rocher géant.)

(C’est UN GROS rocher.)

(Je sais pas si tu saisis à quel point c’est important comme nuance.)

Bref, c’est tout pour aujourd’hui – n’hésite pas à partager tes coups de cœur, j’accueille toutes les suggestions de nouvelles séries avec grand plaisir.

(Sauf toi, Sarah.)

(Tu m’en donnes déjà trop, laisse un peu parler les autres.)

Vis ma vie de poissarde de l'extrême

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Et donc Flaxou et moi on a décidé de faire de la balançoire le jour de l'an.

Pour rappel, on a passé le Nouvel An à Queenstown, LA ville des sensations fortes, et du coup, on s'est dit qu'on marquerait dignement la fin de cette bonne grosse année de merde qu'a été 2016 et qu'on entrerait dans 2017 en faisant un truc fun.

Et pas très loin de Queenstown, il y a une attraction qui s'appelle la Nevis Swing, où on t'attache à un harnais et puis on te jette dans le vide entre deux montagnes, et en échange tu leur donnes de l'argent parce que L'ETRE HUMAIN EST DÉBILE.



(Un gif ici, mais seulement pour ceux et celles qui n'ont pas le vertige.)

Donc on a réservé nos places, payé un rein et demi (mais comme c'était à Queenstown, on s'y attendait) et on est arrivés frais comme des gardons à dix heures du matin au point de rendez-vous.

- Bonne année! 

- Merci, vous aussi!
- Alors on a un problème.



(2017 commence très fort.)

En fait, en arrivant, on nous a dit qu'il y avait des bourrasques de vent très fortes à l'endroit où on devait sauter, et qu'on nous conseillait fortement de basculer notre réservation vers un autre jour.

Sauf que c'était notre dernier jour à Queenstown, donc on a dit tant pis, on tente notre chance.


On a donc passé l'enregistrement, certifié qu'on n'était pas cardiaques ou épileptiques, et que si jamais on mourait notre famille n'avait pas le droit de faire un procès, et puis le mec de l'accueil à dit:

- Maintenant, montez sur la balance pour la pesée, s'il vous plaît.


Moi j'ai dit à Fla:

- Han non! Si j'avais su, j'aurais sauté le petit déj!

- Mais t'inquiète pas Cha, c'est juste pour leur fiche de données, ils vont pas l'annoncer à tout le monde.
- Oui, t'as raison.

Et là, je monte sur la balance, le mec me chope le poignet d'une main et un marqueur rouge de l'autre, et me tatoue un énorme 72 sur le dos de la main. 




Puis il tape un truc sur son ordinateur, me rechope la main, et SOULIGNE le chiffre avec un autre marqueur.


On est montés dans le bus avec trois autres personnes dont c'était aussi le dernier jour de vacances:

- Vous aussi, ils ont essayé de vous dissuader?

- Oui.
- D'un côté c'est cool, on n'est pas beaucoup. Ça fait que si le vent tombe, on pourra tous passer super vite!

On est arrivés à la base au sommet, et là, on est tombés sur TRENTE AUTRES PERSONNES.




On est restés une heure, puis deux, à attendre que le vent se calme, mais c'était pas exactement la joie sur place:

- Et sinon vous êtes là depuis longtemps?

- Huit heures ce matin.
- ...Wow.
- On devait faire une croisière à Milford Sound ce matin, mais ils l'ont annulée... à cause du vent.
- ...Ah.

Et puis Flaxou est venu me voir entre deux parties de Jenga géant (on s'occupe comme on peut en attendant de se faire pousser d'une montagne) et m'a dit:

- Cha, j'ai calculé, même si le vent se calme maintenant, on ne passera pas avant ce soir.


Du coup on est allés voir la réception pour se faire ramener à Queenstown, et on leur a demandé s'ils ne pouvaient pas nous transférer à une autre attraction. La réceptionniste nous a dit qu'il y avait une autre balançoire, moins grande mais fun quand même, qui surplombait la ville, et qu'il y avait une ouverture pour 15h30.

On a vu les photos de ce genre:



Et on s'est dit: "C'est cool, on aura pas poireauté deux heures et demie pour rien, on a quand même sauvé la journée!"

(Innocents petits agneaux que nous étions.)

La meuf nous fait les réservations, et commence à nous briefer, quand un mec se pointe avec un talkie-walkie à la main:

- Tu leur parles de la balançoire à Queenstown? Ils peuvent pas y aller. Je viens de leur parler à l'instant, le vent est arrivé chez eux, ils ont des bourrasques à 100 kilomètres/heure, ils ferment tout pour la journée.




On commençait à être un peu démoralisés, mais la gentille nana nous dit alors:

- Je sais pas si c'est le genre de trucs qui vous intéresse, mais je peux toujours voir s'ils ont des places au saut à l'élastique de la rivière Kawarau. C'est en contrebas, alors ils ne sont pas affectés par le vent.


La rivière Kawarau, c'est celle-ci:



Tu l'as peut-être vue dans ce film un peu méconnu qu'on appelle la Communauté de l'Anneau:



(Eh ouais ma couille)

Le bungy qui est établi sur le pont est le plus vieux de Nouvelle-Zélande, et le plus vieux du MONDE.

(Oui, il semblerait que parfois, les Kiwis soient les premiers à faire quelque chose.)

(Je suis aussi surprise que toi.) 

Bref, on a sauté sur cette occasion de rattraper la journée, et miracle! Il y avait une place pour 16h30.

On est retournés à Queenstown pour le déjeuner (enfin, le sandwich de 15h30 englouti sur le parking, c'est pareil) et c'était direction le centre de bungy, à 20 kilomètres de là.

On est arrivés gonflés à bloc, on a passé très rapidement l'enregistrement, et on s'est retrouvés sur la plateforme en moins de deux, baudriers attachés, pleins d'angoisse et d'anticipation.

SAUF QUE.

Sauf que le gus devant nous est passé, les mecs lui ont mis les orteils dans le vide... puis l'ont ramené sur la plate-forme.

Avant de venir nous annoncer:

- Bon les gars, on va faire une pause un moment, il y a trop de vent pour sauter.


(EVIDEMMENT)

Là, je commençais à croire qu'on était vraiment maudits.

D'autant que les moniteurs en rajoutaient des couches:

- Ah mais vraiment, c'est super rare qu'on soit touchés par les bourrasques de vent! On est ouverts tous les jours, toute l'année, et ça doit bien faire deux ans que c'est pas arrivé!

(Ah ben merci Marcel, j'me sens super spéciale.)

Au final, après une-demi heure d'attente (et alors qu'on n'y croyait vraiment plus), les moniteurs ont fait:

- Bon les gars, le vent s'est calmé quelques minutes, par contre ça va pas durer alors là il va falloir carburer, okay? Pas d'hésitation, on vous attache et vous sautez, point barre!


On s'est donc mis dans la file d'attente, et effectivement ça carburait, les mecs perdaient pas une seconde à remonter l'élastique et à évacuer les gens en bas. Moi pendant ce temps je regardais en bas du pont et je me disais:

- Je me demande si c'était une bonne idée, en fin de compte...


Puis le mec nous a fait signe d'avancer sur la plateforme, et nous a ficelé les chevilles plus serré que quand ma mamie ligote un rôti de Pâques (genre c'était plus un garrot qu'autre chose). Résultat, quand il nous a levé, je tenais à peine debout, et quand il nous a dit:

- Avancez jusqu'au bout de la plateforme!


Eh ben j'arrivais pas à marcher et j'ai dû SAUTILLER jusqu'au bord, on aurait dit que j'étais une prisonnière de pirates qu'on s'apprête à jeter aux requins, c'était parfaitement ridicule.

On est arrivés au bord et y'avait un vent pas possible qui nous fouettait de partout. Le mec nous a dit de nous mettre en position côte à côte, avec une main autour de la taille de l'autre, et l'autre main en l'air. Mais moi j'ai fait:



J'ai commencé à dire:

- Vous êtes sûrs que c'est bon, là, pour sauter? 

- Chut! Regardez devant et faites coucou à la caméra!
- Parce que le vent...
- Chut! Regardez sur la gauche et faites coucou à la deuxième caméra!
- Non mais parce que ça tangue quand même...
- Mettez-vous bien droits côte à côte, et Flavien, tu peux lâcher le pont. A trois, vous sautez!
- C'est juste que je me demande si c'est bien sécurisé...
- TROIS, DEUX, UN!



Conclusion: 2017 démarre pas si mal.


Et sinon j'ai pas pris de bonnes résolutions parce que j'en prends jamais, mais si jamais t'en as, fais tourner, ça m'intéresse.

Et bonne année! 

(C'est bon, j'ai jusqu'au 31 janvier, je peux encore le souhaiter.)

Une semaine à Niue, partie I

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Et donc Flaxou et moi on est partis en vacances à Niue.

Après 4 ans de vie en Nouvelle-Zélande et zéro vacances en dehors de la Nouvelle-Zélande, on a enfin réussi à sauter sur un deal pas cher pour la Polynésie, et donc c'était parti pour une semaine à Niue.

- Une semaine? C'est beaucoup pour une île. Tu veux pas plutôt faire 4-5 jours?
- Ben en fait, y'a qu'un seul avion par semaine.
- ....C'est grand comment, au juste?

Eh bien Niue, c'est grand comme RIEN.

C'est un minuscule caillou de 260 kilomètres carrés (soit à peu près la taille de Strasbourg) (mais juste Strasbourg, hein) (on compte même pas Schiltigheim ou quoi) et qui accueille dans les 1200 habitants, comme nous l'a expliqué notre hôte Ozwin (qui nous a loué un bungalow pour la semaine):

- En fait, au dernier recensement, on était officiellement 1500, mais c'est parce que c'était la haute saison touristique, et le gouvernement a donné des formulaires à tous les gens qui dormaient à l'hôtel ou avaient leurs yachts dans le coin.

Donc Niue, on l'avait compris, c'est un petit pays. (En fait, c'est le deuxième pays le moins peuplé au monde, derrière le Vatican.)

Mais on n'avait pas bien saisi à quel point c'était petit avant d'arriver à l'aéroport et d'avoir cette conversation surréaliste avec l'officier de l'immigration:

- Sur votre fiche d'entrée vous avez marqué "Avatele" pour l'adresse, mais ça ne me suffit pas, il faut une adresse complète.
- Désolée, je ne connais pas l'adresse exacte.
- Vous logez chez qui?
- Heu, je me souviens plus du nom de l'auberge, mais le patron s'appelle Ozwi...
- Ah, Ozwin! Ben fallait le dire! Il doit pas être bien loin, il était dans le même avion que vous. Bienvenue à Niue!

Et le mec d'écrire sur ma fiche de d'entrée "Avatele - at Ozwin's".

On a trouvé ça rigolo, mais on n'a vraiment saisi la dimension "grand village" de Niue que quelques minutes plus tard, quand Ozwin en question est venu nous trouver pour nous dire:

- Bon, je viens d'arriver comme vous, en fait, j'étais en vacances, donc pour la première nuit je peux pas vous héberger, il faut que je prépare la chambre.
- Mais on va dormir où alors?
- Prenez cette navette, vous resterez au resort pour une nuit, je prends tout en charge.

Sauf qu'en fait on est arrivés au resort et personne n'était au courant de rien. On a expliqué à la réceptionniste qu'on voulait une chambre mais qu'on ne voulait pas la payer, et elle nous a filé les clefs illico (et sans nous demander de preuve d'identité, de numéro de carte de crédit, ou quoi que ce soit) parce qu'on lui a dit:

- Notre hôte nous a dit qu'il devait préparer notre chambre, parce qu'il est rentré en même temps que nous...
- Ah, mais vous parlez d'Ozwin!



(Mais ce mec c'est le président, ou comment ça se passe?)

Enfin du coup, on se plaint pas, on a eu droit à une nuit gratos dans le resort le plus cher de l'île:



(Charlotte et Flaxou en vacances - deux images du bonheur.)

Cela dit, on aurait dû comprendre plus tôt que Niue était un pays vraiment, VRAIMENT petit, vu qu'en descendant de l'avion, c'était la police qui s'occupait de décharger les valises de la soute.

(Et deux jours plus tard, on a vu les mêmes policiers s'occuper de dégager un arbre qui était tombé en travers de la route.)

(J'en déduis que la lutte contre le crime à Niue n'est pas une occupation à temps plein.)

D'ailleurs, en parlant de flics, on a bien rigolé quand Ozwin nous a donné les clefs de notre voiture de location (bien obligés: il n'y a pas de transports en commun sur l'île) (c'est pas pour faire ma mauvaise langue mais on la sent bien, l'influence néo-zélandaise) et qu'on a vu qu'elle n'avait pas de plaques:

- Mais c'est pas illégal de rouler comme ça?
- Boh non, ça ira! De toute façon c'est la seule Toyota grise sur l'île.


(Ah bon ben ça va alors.)

Et on a encore plus rigolé une fois arrivés devant les bureaux de la police pour faire notre permis de conduire.

Car oui, à Niue, il y a littéralement huit routes, pas de ronds-points, de cédez-le-passage ou de feux rouges, mais il faut un permis de conduire Niuén pour rouler en voiture.

(Alors qu'on est d'accord que la seule compétence requise, c'est de savoir esquiver les nids-de-poule.)

C'est évidemment juste une formalité administrative, ils prennent ton permis néo-zélandais et t'en impriment un autre, ça prend 5 minutes et c'est une manière de faire un peu de sous pour le gouvernement (environ 25 dollars - une broutille).


(Et puis ça fait un joli souvenir!)

Bref, on est arrivés à la station de police dans l'illégalité la plus totale (soit: sans permis et avec une voiture sans plaques), tout ça pour s'entendre dire:

- Ah mais c'est vendredi aujourd'hui! Le bureau de police est fermé. Revenez lundi.
- Mais, en attendant....
- Oh ben vous pouvez conduire, hein, vous affolez pas. Vous êtes les Français, non? Ceux qui logent chez Ozwin?


(Sérieusement?)

(Ce mec est connu comme la Reine d'Angleterre, c'est incroyable.)

Et c'était le début de notre périple sur les routes de Niue.

Enfin, sur LA route - explications visuelles:


Alors ça, c'est Niue. Au milieu à gauche, c'est la capitale, Alofi - c'est là qu'on trouve le bureau de police, le bureau du gouvernement, l'office du tourisme, et aussi l'unique banque, l'unique poste, l'unique station essence et l'unique supermarché de l'île.

(Ah oui mais on avait dit que c'était petit, hein.)

Et pour te donner une idée de l'échelle, la route qui longe la côte fait 62 kilomètres de long - en gros, en deux heures, tu fais le tour de l'île.

Je dis deux heures parce que la vitesse est limitée à 60 km/h, et de toute façon tu roules moins vite que ça, vu qu'il faut slalomer entre les trous, les poules (j'y reviendrai) et les crabes géants (j'y reviendrai aussi).


(Coucou toi!)

D'abord, arrêtons-nous un instant sur la géographie de Niue.

Niue se situe entre les îles de Tonga, Rarotonga et les îles Cook:


C'est une destinations de vacances prisée des Néo-Zélandais, et uniquement des Néo-Zélandais, vu que le reste du monde ne se doute même pas de son existence.

(Il n'y a d'ailleurs qu'une seule compagnie aérienne - Air New Zealand - qui assure les vols de et vers Niue, et qu'un seul trajet - Niue-Auckland.)

Niue a une géographie très différente des autres îles du Pacifique, qui sont des îles volcaniques, parfois cerclées d'une barrière de corail (comme la Nouvelle-Calédonie ou la Polynésie Française) et parfois non (comme la Nouvelle-Zélande ou Hawaï). Niue, en revanche, est une île FAITE de corail, qui a été élevé au-dessus du niveau de la mer par un volcan sous-marin (depuis longtemps éteint).

En gros, c'est une patate de corail, recouverte de trente centimètres de terre, plantée au milieu de l'océan.

Du coup, Niue n'a pas de barrière de corail (donc pas de jolis lagons bien calmes où se baigner tranquillement), et pas de plages de sable blanc s'étirant à l'infini. A la place:

IL Y A 


DU CORAIL


PARTOUT!


Il y a tellement de corail que c'est très difficile d'accéder à la mer, parce que l'île entière est surélevée, et entourée par des falaises de calcaire de 20 à 25 mètres de haut.


(Et même une fois en bas, c'est pas vraiment une plage à baignade.) 

La côte Ouest est d'ailleurs la plus habitée et la plus touristique de l'île, puisque c'est celle qui compte le plus d'accès à la mer, et (grande importance) la seule plage de sable de l'île - qui fait genre dix mètres de long.


(Ta-daaaah!)

Donc, tu l'as compris, Niue n'est pas du tout une destination "soleil, plage et farniente" mais plutôt "corail, aventure et plongée".

Elle a aussi l'immense avantage pour les plongeurs de posséder les eaux les plus claires du Pacifique, comme on l'a appris en arrivant:

- Alors comme ça vous êtes là pour la plongée?
- Oui, enfin surtout le snorkeling.
- C'est dommage que vous arriviez en saison des pluies, l'eau est beaucoup moins claire en cette période de l'année.
- Ah bon?
- Oh oui. Moi je plonge qu'en saison sèche. Là, en ce moment, on voit bien jusqu'à, quoi? Trente mètres. Tout au plus. C'est nul.

La tête de Professeur Flaxou en entendant ça:


(Mais effectivement, en saison sèche, on peut voir jusqu'à 80 mètres de profondeur sans problème.)


(Exemple à l'appui.)

Donc Niue reçoit quelques touristes Kiwis, qui viennent en majorité entre juin et août fuir l'hiver néo-zélandais (10-12 degrés et de la pluie en continu) et profiter de l'"hiver" Niuén (23-25 degrés et grand soleil).

Mais même en haute saison, les touristes sont plutôt rares, rapport au manque de plages et au fait que la baignade est, sinon impossible, du moins pas mal dangereuse (vu que c'est direct l'océan qui vient te taper dessus). D'ailleurs, pour les curieux, la quasi-totalité de l'argent qui entre dans le pays vient des subventions de la Nouvelle-Zélande (et le reste d'activités fiscales, disons, "douteuses") (humhumPanamaPapers).

L'avantage pour nous, dans tout ça, c'est qu'on a été choyés comme pas possible par une meute de locaux tous plus gentils les uns que les autres,à commencer par notre hôte (le fameux Ozwin) qui nous a sauvé la vie dès le premier jour, quand on a essayé d'acheter de la crème solaire dans une petite boutique du centre-ville:

- Ah non désolée, j'en ai pas. Essayez l'office du tourisme.

A l'office du tourisme:

- Ah non, on est à court. Vous avez essayé le supermarché?

Et au supermarché:

- Désolé, il n'y en a plus. Le bateau arrive à la fin du mois, on n'en aura pas avant.

OKAY.



Autant te dire que j'étais déjà résignée à revenir rouge comme un homard, jusqu'à ce qu'on fasse part de nos mésaventures à Ozwin, et qu'il vienne toquer à notre porte le lendemain avec un pot d'indice 50 en disant:

- J'ai pris la voiture hier et j'ai fait le tour de tous les hôteliers de l'île; vous avez de la chance, y'a un copain qui a trouvé cette bouteille que des touristes ont oublié.

Nous:


Armés de notre protection solaire, on est donc partis à l'attaque des récifs:


Comme la plongée et le snorkeling c'est pas trop mon truc (rapport au fait que je flippe ma mère dès que j'ai plus pied) (ah et aussi est-ce que j'ai mentionné que j'ai peur des poissons? Oui ben voilà), je suis donc partie explorer les merveilles de la marée basse, et j'ai vu des trucs bien cools:


(Un coin pas trop dégueu.)


(Un joli poisson dans un trou d'eau.)


(Un crabe trop badass.)



(Des grottes juste un peu glissantes.)

Et puis je suis allée attendre que Flaxou meure d'hypothermie se décide enfin à sortir de l'eau:


(Il a passé deux heures juste dans ce bassin.)

Il est finalement ressorti tout violet ravi:

- Alors, c'était comment?
- Génial! mais t'aurais pas aimé.
- Y'avait beaucoup de poissons?
- Ouais tout plein, et en plus j'ai vu un serpent de mer! Il s'est approché tout près de moi, il était super joli!

Une anecdote qui s'est révélée très intéressante le lendemain, quand on s'est rendus à l'office du tourisme et qu'on a appris que ce serpent de mer s'appelait le katuali, et qu'il était HAUTEMENT VENIMEUX, cf. Wikipedia qui en rajoute pas du tout des tonnes:


(Merci, gros.)

(Bon en fait, pour les curieux, c'est effectivement un serpent super dangereux, mais sa mâchoire est trop petite pour mordre les humains, donc ça va.)

S'en sont suivis deux jours de snorkeling pour Fla et de glandouille pour moi – journées absolument pas perdues dans l'ennui, vu que j'avais à ma disposition:

1. Ma copie de American Gods que j'avais commandée à la bibliothèque quatre mois plus tôt et qui était ENFIN arrivée la veille de notre vol, si ça c'est pas du cul bordé de nouilles;

2. DES CHATS TROP MIGNONS ET TROP GENTILS EST-CE QUE J'AI DÉJÀ MENTIONNÉ À QUEL POINT J'AIME LES CHATS???


Rappel pour ceux qui ne suivent pas dans le fond: je suis une mémé à chats au plus profond de mon âme, mais on ne peut pas avoir de chat à la maison parce que Flaxou est allergique et ça me déchire le cœur à chaque instant, alors je compense en me jetant sur tous les félins que je trouve en hurlant "MINOU LAISSE-MOI T'AIMER!"

Et là, bonheur suprême: les voisins de notre bungalow étaient partis en vacances, et ils avaient non pas un, non pas deux, mais TROIS chats tous plus mignons et en manque d'attention les uns que les autres.


Autant te dire que c'est haut la main mon meilleur souvenir de toutes les vacances.

(La meuf part aux tropiques et son truc préféré c'était les chats des voisins - EH BEN OUAIS)


(Ma vie de vieille veuve, un aperçu)

Bref, on était arrivés mine de rien à la moitié de nos vacances, quand on s'est réveillés un matin et on n'entendait pas les poulets hurler.

Oui, parce que, parenthèse: il y a des poules PARTOUT sur l'île :


(Même au resort, ils arrivent pas à les faire dégager.)

Personne ne s'en occupe, mais personne ne les mange non plus (c'est du boulot de tuer, plumer et éviscérer un poulet quand il y a du poulet de Nouvelle-Zélande au supermarché pour relativement pas cher) et comme il n'y a pas de prédateurs, ils prolifèrent dans tous les sens.

Et donc, autour de notre maison, il y avait des dizaines de coqs, qui, contrairement à ce que les Contes du Chat Perché m'avaient appris, ne chantent PAS au lever du soleil, mais à la place GUEULENT LEUR MÈRE TOUTE LA PUTAIN DE NUIT.

Le dialogue des coqs, interprété par moi pendant mes nuits d'insomnie:

- GEEEEUUUUURGLLEUUURGH
- QUOIIIIII?
- C'EST LE MATIIIIIN!
- MAIS IL EST DEUX HEURES!
- DEUX HEURES DU MATIIIIIIIIN!

Et voilà qu'un matin, je me réveille à la lueur du jour, et à travers mes boules quiès, je n'entends que les vagues ronflements de Flaxou.

- Eh Fla?
- Mmmmh?
- Tu penses que j'ai enfin réussi à les égorger par le pouvoir de mon esprit?
- Non, je pense que c'est la pluie.
- La pluie?



AH OUAIS PEUT-ETRE.


Les vacances vont-elles être sauvées? La pluie va-t-elle cesser?

La suite bientôt!

(Cliffhanger terrible!)

(LOL TROP PAS IL A PLU JUSQU'AU DERNIER JOUR AHAH.)

Une semaine à Niue, partie II

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Résumé des aventures précédentes :

(Previously, on the blog)

Donc Flaxou et moi on était partis pour une semaine de rêve sous les tropiques, pour se faire accueillir au bout de trois jours par la pluie la plus intense qu’on avait jamais vue.


(Super.)

(Cela dit, ça avait quand même l’avantage non négligeable de faire taire les poules ET de calmer les assauts des moustiques.)

On a quand même bravé la pluie assez longtemps pour se rendre à l’office du tourisme et s’enquérir d’une amélioration éventuelle:

- Ah non, là c’est parti pour au moins trois ou quatre jours! En fait, je suis même surprise qu’il ait fait beau depuis que vous êtes arrivés. Trois jours de soleil à la chaîne, ça n’arrive pas souvent en cette saison.

Eh oui, car il y avait une raison pour laquelle les vols pour Niue sont si peu chers en février-mars.

Répète après moi ton cours de géographie de CE2: « Le climat tropical est chaud et humide en été, chaud et sec en hiver. »

Et vraiment, le mot a retenir est “humide”, parce que MANDIEU COMME IL A PLU.

Il a plu des tonneaux, des barils, des cordes, des chats et des chiens.

Il a plu comme pas permis jusqu’à notre dernier jour, mais tu crois que ça va nous décourager après quatre ans à vivre submergés sous les quinze tonnes de flotte de la Nouvelle-Zélande ? Que nenni !


(En plus il faisait trente degrés dehors, donc la pluie était chaude.)

(Et puis comme ça au moins ça lavait un peu l’odeur de transpi.)

Le seul problème pour Flaxou, c’est qu’avec la pluie sont aussi venus des vents violents de l’Ouest, et ça voulait dire adieu la plongée, puisque la mer ressemblait à ça :


(Accueillant)

Du coup, comme il avait pas trop envie de mourir déchiqueté sur des coraux coupants, on a décidé de se rabattre sur des activités d’exploration de l’île.

C’est ainsi qu’on a découvert des endroits assez sympathiques, comme le Togo Chasm, qui nous promettait « de l’aventure et du frisson ».

Du frisson, j’en ai eu dès les premières minutes de marche dans la jungle, vu qu’elle était bourrée à craquer de huit millions de grosses araignées (qui en plus avaient toutes tendues leurs toiles pile en travers du chemin).


(Paye ton pays sans oiseaux.)

Et puis on a débouché hors de la forêt et sur le bord de mer, et c’était l’Emyn Muil.


Sans déconner, c’est pas juste mon imagination fertile, on est d’accord que c’est carrément super à fond l’Emyn Muil ?


Evidemment, j’étais aux anges, mais la suite de la balade nous réservait d’autres surprises – entre autres, un chemin qui finit par une échelle super glissante et raide, pour arriver sur une petite plage plutôt glauque :




J’ai notamment commencé à travailler un peu du ciboulot en avisant les nombreux restes de petits crustacés qui jonchaient le sol :

- Tu sais à quoi ça ressemble ?
- Non.
- A tous les films où le héros tombe sur des squelettes de petits animaux, avant d’arriver pile dans la tanière du monstre.
- Tu sais que c’est probablement juste un gros crabe qui a mangé les petits crabes?
- Mais un crabe gros COMMENT ?

 J’étais pas beaucoup plus rassurée en voyant les cicatrices sur les troncs des cocotiers :


- Tu penses que c’est quoi qui a fait ces entailles ?
- Surement des haches, ou des couteaux.
- Ou des PINCES DE CRABE GÉANT !
- Oye.

A partir de là, c’était fini.

- C’est joli cette petite gorge, tu trouves pas Cha ? Tranquille… A l’abri des regards…
- Aucune habitation à des kilomètres…
- Personne pour venir nous déranger….
- Pendant qu’on se fait DÉVORER VIVANTS !


(M’est avis que Flaxou avait d’autres idées en tête.)

Et puis il a commencé à pleuvoir des trombes et on est repartis se réfugier sous le couvert des arbres (et des araignées).

- Mais réfléchis, Cha ! S’il y avait vraiment un crabe géant mangeur d’hommes, pourquoi est-ce que l’office du tourisme nous enverrait juste sur son territoire ?
- EN SACRIFICE, FLA ! MON DIEU, T’AS JAMAIS LU UN CHAIR DE POULE ?!

(Je te jure, ce raisonnement de débutant.)

Parce que oui, les crabes a Niue, parlons-en.

Ils s’appellent ‘uga’ en niuéen, et ‘coconut crab’ en anglais, et c’est des trucs assez intéressants.

Les uga naissent dans l’océan, et commencent leur vie sur la plage. Comme leur carapace est molle et fragile, ils utilisent des coquillages pour se protéger (comme des bernard-l’hermite).


(Un bébé uga)

Puis ils migrent doucement de la plage vers la jungle, et au bout de quelques années, ils abandonnent leur coquillage pour une très jolie carapace chamarrée.



(Et presque chaque crabe a sa propre couleur !)

Les uga mangent principalement des noix de coco (d’où leur nom anglais) mais aussi des fruits, des insectes, des lézards, ou d’autres crabes. Ils sont très doués pour grimper aux cocotiers  parce qu’ils ramassent les noix de coco tombées au sol, et les hissent en haut de l’arbre pour les laisser tomber et briser la coque. Par contre, désolée du faux espoir, mais ce n’est pas eux qui sont responsables des cicatrices sur les arbres.

(Les marques viennent des habitants de l’ile qui, dans le temps, plantaient leur machette sur un tronc pour la retrouver facilement.) (Ca ne se fait plus aujourd’hui parce que le respect n’est pas mort et c’est cool.)

Les uga peuvent vivre jusqu’à 60 ans, et peser jusqu’à 5 kilos – autant te dire qu’on était moyennement rassurés quand on tombait dessus dans la forêt.

(En réalité, c’est eux qui devraient pas être rassurés – il parait que l’uga est délicieux.)

(On n’en a pas mangé parce que c’était la période de reproduction, donc c’est interdit de les chasser.)

Après, on ne les croisait qu'assez rarement, vu qu'ils sortent surtout la nuit. Là où on a rigolé, c'est quand on a fait la visite d'une ferme (oui ben on s'occupe comme on peut quand il pleut, hein) et que le guide nous a dit:

- Là c'est ma parcelle qui est juste en bordure de la forêt, alors je laisse des noix de coco ouvertes comme appâts, comme ça je viens récolter mes fruits et légumes, et le dîner en même temps!
- On va voir des crabes, alors?
- Ah non, c'est pas la saison, alors j'ai pas d'appâts. Mais si vous voulez en voir, je vais vous en trouver!

Puis il est parti dans la jungle en nous laissant debout au milieu des bananes, et il est revenu deux minutes plus tard en disant:

- Bon, celui-là est pas très gros, mais ça vous donne une idée!



OUI CA NOUS DONNE UNE BONNE IDÉE OUI JEAN-MI.

On a d'ailleurs pas mal aimé la visite de la ferme, puisque le gars s'arrêtait tous les trois mètres pour nous faire goûter tout ce qu'il faisait pousser:


- Là j'ai des papayes, vous aimez la papaye?
- Heu, ouais, un peu.
- Bon alors j'en cueille trois, une chacun.
- Okay!
- Et là j'ai des pastèques, vous aimez la pastèque?
- Ouais!
- Bon alors j'en cueille deux-trois aussi.
- Mais ça fait beaucoup quand mê...
- Vous aimez la noix de coco?


(Okay, ben noix de coco pour tout le monde alors)

Et c'était super cool parce qu'on a mangé des tonnes de fruits pendant que le mec nous expliquait sa manière de cultiver plutôt ingénieuse:

- Comme il n'y a pas assez d'humus partout, je laisse des terres en friche plusieurs années, et régulièrement, je viens couper tout ce qui pousse et je laisse les plantes pourrir pour former une couche fertile. 
- Et après, vous plantez quoi?
- Oh ben ce que j'ai sous la main. Tiens, ceux qui ne veulent plus de leur pastèque, jetez-là ici, ça fera une nouvelle plante.
- Mais vous avez des bananes ici!
- Oui, ben comme ça j'aurai des bananes et une pastèque.

(Attends que j'aille raconter à ma mamie que le mec il mélange les cultures dans la même parcelle.)

- Là j'ai mis du manioc et du taro, et au supermarché ils avaient une promo sur les oignons, alors j'ai planté des germes d'oignon. Tu vois, tu marches dessus.
- Oh pardon!
- Non, c'est bien! Chez moi on dit qu'il faut toujours marcher un peu sur les plantes, comme ça après elles sont furieuses contre toi et la rage les fait pousser plus vite.


(Egalement un truc que je vais devoir expliquer à ma mamie quand je piétinerai ses fraisiers.)

Bref, c'était hyper cool, on a appris plein de choses sur l'agriculture de Niue – notamment le fait que les cultures ici sont 50% vanille, 50% taro, et que si y'avait pas des cocotiers tous les mètres carrés ce serait 100% noix de coco, parce que sérieusement les gens ADORENT la noix de coco dans ce pays.


(Les Niuéns, une illustration.)

Elle est moins utilisée aujourd'hui, mais avant la démocratisation des avions et des importations, les habitants de Niue (et de toutes les îles du Pacifique) utilisent la noix de coco pour TOUT: les fibres pour tisser, la chair à manger, l'eau à boire, et la coquille comme récipients.

Et la noix de coco était d'autant plus vitale à Niue que l'île n'a aucune rivière – il y a de l'eau douce en réserve sous terre, mais il n'y avait que deux points d'eau douce à découvert sur toute l'île, et on est descendus en voir un et on a galéré même avec nos chaussures de marche:


(Vue d'en bas vers le chemin qu'il faut remonter pieds nus, chargés d'eau)

Du coup, la plupart du temps, les gens buvaient juste de l'eau de coco en complément du peu d'eau douce qu'ils pouvaient ramener tous les jours.

(Et une noix de coco, ça contient PLEIN d'eau, en fait!)


(Et elle est super bonne et sucrée et elle a pas le goût de noix de coco du tout!)

Bref, on est repartis de cette visite ravis et repus, et même avec du rab:

- Vous logez où?
- Avatele.
- Ah, vous êtes chez Ozwin! 


(On commence à avoir l'habitude.)

Et le mec de nous amener un sachet plein de taro et de bananes plantain, et nous disant:

- Vous prenez une moitié pour vous, et vous lui donnez l'autre.

Autant dire qu'on a festoyé pendant deux jours avec Ozwin.

Parce que le reste du temps, il faut avouer que c'était pas trop la fête niveau culinaire.

Tu te rappelles quand j'avais dit qu'on était arrivés hors saison touristique? 

Et la fois où j'ai dit que 95% des produits de l'île étaient importés?

Résultat: il y avait deux restaurants d'ouverts, et ils étaient MEGA CHER.

Donc pour pas casser le PEL, on a passé la semaine à manger des trucs pas cher qu'on pouvait faire dans notre kitchenette, alias: des trucs dégueu et bourrés de sel et de conservateurs.


(Moi devant mon dîner de raviolis en boîte.)

Et après quelques jours de poulet en conserve et de macaronis au micro-ondes, j'ai mis le holà en disant gentiment à Fla:

- BORDEL DE MERDE ON EST EN VACANCES SUR UNE ÎLE ET JE VAIS ALLER MANGER DU PUTAIN DE POISSON MAINTENANT OKAY?

On a donc atterri chez Kai Ika, parce que le nom me semblait un bon présage (kai = manger, ika = poisson) malgré le panneau devant qui disait "Sushi and New York style pizza" et qui nous a pas mal intrigués, parce que des sushi avec de la pizza, sérieusement?

En fait, comme on l'a appris plus tard du patron (qui est venu taper la discute parce qu'on était les seuls clients), le restaurant est le fruit d'une collaboration entre lui-même (un expat Israélien qui a une petite entreprise de pêche) et le chef (un expat Japonais et diplômé d'une école de sushi de Tokyo). Le patron ramène du poisson frais tous les jours, et le chef prépare des TUERIES de sushi avec.

- Et la pizza, dans tout ça?
- Ah ben ça c'est parce qu'il faut bien faire du chiffre. Vous savez, sur une petite île comme ça, on ne peut pas se permettre d'offrir seulement du poisson cru.
- Et qui la prépare?
- C'est moi, j'ai vécu à New York et j'ai bossé dans pas mal de pizzerias. Vous voulez goûter ma pizza à l'opah? 

(Spoiler alert: la pizza à l'opah c'est super bon.)

Bref bref.

Le reste du séjour s'est passé plutôt pépère, entre l'exploration du reste de l'île pendant les (rares) moments de soleil:



Et le visionnage de séries/lecture avec chats le reste du temps:


(BONHEUR TOTAL)

Mais toutes les bonnes choses (et au bout du compte notre argent) ont une fin, et c'était finalement le moment du départ:

- Merci pour tout, Ozwin. A qui est-ce qu'on donne la voiture, une fois à l'aéroport?
- Oh, ben laissez-là juste sur le parking avec les clefs sur le contact.


(Ce pays, mais sérieusement.)

On a aussi eu notre dose de dépaysement finale quand on est arrivés pour l'enregistrement et que les agents de sécurité ont ECRIT NOTRE BILLET A LA MAIN:


(Avé la faute d'orthographe dans mon nom de famille, mais à ce stade je pense qu'on s'en bat définitivement les couilles de toute façon.)

Bref, c'était notre semaine à Niue, c'était super duper, et j'espère que ça t'a plu autant qu'à moi!

(En vrai ça se peut pas.)

(Personne ne peut surpasser la hype de TROIS CHATS ET UN LIVRE.)

Cher pays de mon enfance

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Et donc Flaxou et moi on rentre en France.

Ça a été une décision très difficile à prendre, et on a passé plusieurs mois dans l’incertitude (sachant que ça faisait plus ou moins cinq ans qu’on était dans l’incertitude de base) à faire des aller-retour émotionnels :

- Putain de bouchons! J’ai mis UNE HEURE à faire HUIT KILOMÈTRES ! Je serais LITTÉRALEMENT ALLÉE PLUS VITE A PIED !
- PAYS DE MERDE !
- ON SE CASSE !

Le lendemain :

- A midi je suis allée manger avec mes collègues et le patron du restaurant est venu s’excuser parce que la bouffe avait mis 30 minutes à arriver. Et du coup il nous a offert tout le repas !
- Haaan mais ce pays est tellement génial !
- CES GENS SONT TELLEMENT COOLS !
- ON RESTE !

On a fini par peser très sérieusement le pour et le contre de la Nouvelle-Zélande (avé un tableau et tout) et on est arrivés à un match nul :

Pour
Contre
Pas de pollution
Les transports puent du cul
Eau du robinet super bonne
Le système scolaire est pourri
Gens sympas
Pas de crèches publiques
Tout le monde est relax
Congés maternité mon cul
Les Kiwis sont moins racistes
Sérieusement, les transports c'est la misère
Les Kiwis sont BEAUCOUP moins sexistes
Système de santé aux fraises
Ces paysages mon Dieu laisse-moi mourir
Options shopping LOL (cé koi la mode?)
Y'a tellement de place partout
Options fromages et Kinder misérables (pas de Bueno, non mais sérieux)
Les rues sont ultra propres
Acheter une maison à Auckland même pas en rêve
Jamais besoin de faire un créneau
Trouver du travail hors d'Auckland même pas en rêve
La courtoisie au volant
300 balles pour un plombage ce foutage de gueule
Personne ne juge l'apparence des autres
Personne ne comprend Flaxou au téléphone
Criminalité quasi nulle
Les films internationaux sortent trois mois après tout le monde (quand ils sortent)
Jamais à plus d'une heure de la plage
Même la putain de farine coûte 4 dollars c'est quoi le deal avec ces prix?

Au final, c’est l’argument qui revient depuis le début qui l’a emporté, à savoir : je ne peux pas envisager d’avoir des enfants loin de ma famille, et Flaxou ne peut pas envisager de ne pas avoir d’enfants dans les trois prochaines minutes.

(Sérieusement, son horloge biologique est HORS DE CONTRÔLE.)

Donc, comme Sarah et Flo (le frère de Fla) se marient en juin et qu’on serait venus de toute manière vu qu’on est tous les deux témoins, on s’est dit allez hop, on prend un aller simple et c’est marre.

Et, si la décision était difficile à prendre, t’imagines même pas comme l’annonce a été dure.

Evidemment, on s’attendait à ce que ce soit difficile d’annoncer la nouvelle à nos amis Kiwis :

- Bon les filles, j’ai une nouvelle importante à vous annoncer…
- T’es enceinte !


- En fait, Fla et moi, on a décidé de retourner vivre en France.
- … Parce que t’es enceinte ?

(Non, toujours pas, non.)

Alors bien sûr, c’était compliqué de gérer les réactions de tout le monde, entre les amis compréhensifs :

- Vous allez nous manquer, c’est sûr, mais on est quand même super contents pour vous !

Et les amis…. différents :

- Salut Amber !
- Salut JUDAS.

(Je travaille à un mètre de cette meuf.)

(Les prochains mois vont être longs.)

Donc c’était une pilule un peu difficile à avaler, particulièrement pour mes copines du boulot, qui redoutaient un peu mon remplacement :

- Qui va nous offrir du chocolat ?
- Qui va toujours avoir des sparadraps sur soi ?
- Qui va nous bassiner tout le temps avec des anecdotes super rasantes ?


- Mais je croyais qu’elles te faisaient chier, mes anecdotes, Amber.
- OUI ELLES ME FONT CHIER MAIS APRES J’APPRENDS DES TRUCS UTILES.

(Je le savais !)

La, on est au décompte M-2, et c’est arrivé au stade où j’ai même plus besoin de mentionner que je m’en vais pour que tout le département s'énerve – maintenant, elles le font toutes seules :

- Eh Charlotte, tu sais l’endroit ou on achète les sushis ?
- Oui ?
- Eh ben je suis passée à côté aujourd’hui et ils viennent d’ouvrir un studio de yoga! C’est cool non? On pourrait arranger un truc pour y aller de temps en temps après le boulot ah non merde c’est vrai tu t’en vas RAH PUTAIN POURQUOI JE TE PARLE SALE LÂCHEUSE TU M’ÉNERVES !



(Ooookay.)

Donc oui, c’était une annonce difficile à faire du côté néo-zélandais.

Mais en fait, on n’avait pas réalisé que ce serait une annonce difficile à faire même du côté français :

- Alors voila tout le monde, j’ai une grande nouvelle…
- T’es enceinte !
- Non.
- Ooooh.
- Mais je rentre en France !
- Ah mais c’est super !
- …
- Donc t’es vraiment pas enceinte du tout, c’est sûr ?


(Vous me le dites si je vous fait chier, hein.)

Et c’était encore mieux avec ma mamie, qui me bassine depuis que je suis partie à grands coups de guilt-trips comme elle en a le secret :

2013 :

- Tu rentres quand ?
- Pour Noël.
- Mais alors tu seras pas là pour mes quatre-vingts ans? Tout le monde vient exprès... sauf toi.


2014 :

- Tu rentres quand ?
- Noël prochain, et je serai là jusqu’à janvier !
- Seulement un mois ?


2015 :

- Tu rentres quand ?
- Pour l’anniversaire de papa.
- Ah, oui. J’espère que je serai encore vivante.



2016 :

- Tu rentres quand ?
- Mamie, je suis pas encore repartie.
- Oui mais tu nous manques déjà….



Alors là, j’étais aux anges de pouvoir lui en boucher un coin lui annoncer la bonne nouvelle :

- Bon mamie, j’ai une super nouvelle, JENESUISPASENCEINTEMAIS je rentre en France en juin !
- Ah c’est bien. Papy et moi on est allés dans les Ardennes.
- T’as entendu ? Je rentre en France !
- Oui c’est super. On est allés voir Gilbert et Pierrette, je leur avais préparé une choucroute, ils étaient ravis !
- Je… je rentre pour de bon cette fois-ci, tu sais ! T’es contente ?
- Oui très contente. Alors j’ai dit à Pierrette, je te donnerai la recette, et Gilbert a dit, tu veux pas plutôt m’épouser, ça irait plus vite ! Ah, on a rigolé !


Donc, pour résumer :

1. On rentre en France.

2. Tous nos proches Néo-Zélandais sont tristes qu’on parte.

3. Tous nos proches Français s’en battent les couilles qu’on rentre.

VOILA VOILA.

Bon alors bien sûr, j’exagère (ma famille n’est pas composée QUE de gros ingrats).

Sarah était très contente, la grand-mère de Flaxou a pleuré de joie, sa mère est partie en cris supersoniques, même mon père a dit « Je suis très content » (ce qui est quasiment gênant d’effusion).

J’ai annoncé la nouvelle à ma mère sur Skype quand elle était en train de repeindre le couloir de l’entrée, et elle est allée direct OVER THE TOP :

- Tu vois, ce couloir, eh bien maintenant ça restera pour toujours et à jamais mon endroit préféré de la maison.
- Je…
- Chaque instant où je franchirai cette porte sera un souvenir de ce moment de pur bonheur.
- D’acc…
- Chaque seconde que je passerai dans ce couloir sera illuminée par cette nouvelle.

(Je me demande d’où je tiens ma tendance à l’emphase, dis donc.)

J’ai pas pu annoncer la nouvelle à ma sœur directement parce que c’est une femme des cavernes qui vit sans Internet mais elle était suffisamment réjouie par la nouvelle pour lever le ban sur le marrainage qu’elle avait décrété quand j’ai annoncé mon départ – j’ai donc eu le grand plaisir d’être officiellement nommée marraine du nouveau bébé Emma.

(En plus j’ai bien fait de louper le coche la première fois, parce qu’il paraît qu’elle est vachement plus cool que sa sœur le tyran.)

Au final, même ma mamie a fini par rejoindre les rangs à coups de coups de fil tous plus choupi les uns que les autres :

- Salut mamie, ça va?
- Salut mon lapin, oui ça va bien. La nuit dernière j'ai rêvé de toi!
- Ah bon?
- Oui, j'ai rêvé que tu étais rentrée à la maison, et je te faisais une tarte aux myrtilles.
- ...
- Après je me suis réveillé et j'étais triste, parce que tu rentres en juin et ce sera pas la bonne saison. Mais je suis allée voir dans le congélateur et il me reste des myrtilles de l'année dernière, alors ça va!


(Merci mamie.)

Une vraie, une dure, une tatouée (bis)

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Et donc je me suis fait faire un tatouage.


J'en avais déjà fait un pour mes 20 ans, en 2008 donc (bouhou je suis si vieille) – un petit phénix sur l'épaule gauche. Et je l'adore toujours malgré le temps qui l'a délavé, et malgré le fait que PAS UNE SEULE PERSONNE EN NEUF ANS n'a réussi à comprendre ce que c'était:

- Oh c'est joli ce tatouage! C'est une...grenouille?

- Mais non Sylvie, tu vois bien que c'est un lézard!
- Ah? Moi je croyais que c'était une tortue.
- Peut-être une salamandre?




(Franchement, presque.)

Et depuis pas mal de temps, je voulais me faire un deuxième tatouage (et, si possible, moins cryptique). J'avais comme projet de me faire un tatouage à thème "Nouvelle-Zélande", comme en plus c'est le pays du moko, mais je l’avais repoussé maintes fois, d’abord faute d’argent, et ensuite parce que mon corps a décidé que ce serait fun de me faire cosplayer Michael Jackson (comme si j’étais pas déjà assez blanche comme un cul) et donc je me suis mise à faire du vitiligo dans tous les sens.

(Pour rappel, le vitiligo, c’est quand des morceaux de ta peau perdent leur mélanine – en gros, t’as des taches albinos qui apparaissent un peu à la n’imp nawak sur ton corps.)

Et le vitiligo, c’est pas dangereux ni douloureux, c’est juste pas gégé niveau esthétique. Parce qu’on n’a pas tous des taches symétriques qui ont l’air hyper classe :



(On n’est pas tous non plus des mannequins ultra bonnasses, mais c’est une autre histoire.)

Apres, j’habite dans le pays du non-jugement depuis quelques années, donc ça fait longtemps que j’ai fini de m’en battre les couilles de mon apparence (cf. mes excursions au supermarché en short-pyjama, tongs et pull troué) (et encore, j’ai pas osé les pieds nus). Mais le dermato m’avait déconseillé les tatouages, rapport au fait que le vitiligo kiffe se fixer sur le tissu cicatriciel – tissu qui se créé quand on se blesse...ou qu’on se fait faire un tatouage.

Du coup, pendant deux ans, j’ai fait super attention à ma peau. J’évitais le soleil, je couvrais la moindre croûte de pommade cicatrisante, et j’avais laissé tomber l’idée du tatouage.

Sauf qu’entre-temps, j’ai quand même eu du vitiligo qui m’a poussé sur le corps comme des champignons albinos (en mode une égratignure = une tache) alors au bout d’un moment j’ai dit fuck it.

Et comme en plus on avait décidé de rentrer en France et que je voulais un souvenir de mon pays d’accueil, j’ai mis les hésitations au placard, et j’ai googlé « Bon studio de tatouage à Auckland, genre pas ceux qui t'inoculent la rage merci ».

Et c’est comme ça que je suis arrivée sur le site de Sunset Tattoo, et que je suis tombée amoureuse des designs de Tristan Marler.






(J’veux dire, voilà quoi.)

J’avais déjà une vague idée de design, qui était de me faire tatouer un kauri, parce que c’est mon arbre préféré en Nouvelle-Zélande et dans mon top 5 de mes arbres préférés au monde.

Anecdote : quand j’ai parlé de mon idée à mes amis néo-zélandais, tout le monde m’a fait la remarque :

- Mais QUI a des arbres préférés ?


Et j’ai envie de répondre : qui n’a PAS d’arbres préférés ?


Moi j’ai un classement top 10 de toutes les choses au monde que j’aime, et ça inclut les saveurs de chips, les accents de la langue anglaise, les chansons de Pink Floyd, les sauces pour pâtes, les groupes de power metal, les épisodes de Game of Thrones, ET LES ARBRES.


(Pour les curieux, la liste complète est 1. Saule pleureur, 2. Marronnier, 3. Bouleau, 4. Sapin, 5. Kauri, 6. Peuplier, 7. Frêne, 8. Pohutukawa, 9. Platane et 10. Hêtre.)

Bref bref.

Du coup, je suis allée voir Tristan pour une consultation, qui s’est passée à peu près comme ça :

- Alors, qu’est-ce que tu voudrais comme tatouage ?

- Je voudrais un kauri.
- Non. Autre chose ?



J’étais un poil déçue, mais ensuite le mec m’a expliqué que les arbres c’était pas un design recommandé, puisque de 1. Il fallait les faire très grands pour que ça rende bien au niveau des détails, et que de 2. Même grands, au bout de quelques années, les contours des branches/feuilles allaient s’estomper et se rentrer dedans, et ça deviendrait flou et moche.

Du coup, comme j'avais quand même envie d'un tatouage qui resterait joli plus de deux ans (d'autant que je prévoyais de le faire sur le bras, qui est quand même une partie du corps plutôt visible) j'ai décidé de faire plus large dans l'idée "souvenir de Nouvelle-Zélande" et de me faire tatouer un paysage néo-zélandais.

J'ai donc dit à Tristan:

- Alors il faut qu'il y ait au minimum un volcan et une cascade.

- Pas de soucis.
- Et aussi le bush, et un lac.
- Heu...
- Oh! Et un long nuage blanc. 
- Oookay.
- Mais je veux pas que ça soit trop grand, hein.

Et tu sais quoi? Il l'a fait.


Je suis retournée au studio deux semaines plus tard, et il avait un design tout prêt avec exactement ce que j'avais demandé, et même un peu plus ("j'ai rajouté des roches volcaniques, c'était classe").

Par contre, le design initial était un peu grand (du coude à l'épaule) et j'avoue que ça avait l'air super badass mais j'étais pas prête émotionnellement à devenir une nana qui a un-demi bras tatoué.Dans ma tête, ça impliquait trop de jeans troués et de bottes de motard pour avoir l'air raccord, et même si c'est un look que j'adore, dans la vraie vie de tous les jours j'ai un travail où le code vestimentaire est plutôt genre "jupe tailleur et petits souliers vernis", c'est pas le même délire, on en conviendra.

Du coup, on a raccourci un peu le truc, et on l'a fait partir d'un chouïa plus bas, histoire de couvrir la tache de vitiligo sur mon coude.



(Puisque, comme je savais toujours pas si le tatouage n'allait pas créer PLUS de vitiligo, je me suis dit "autant commencer par un endroit déjà affecté".)

C'est donc le coeur plein d'entrain et l'estomac plein de pancakes que je me suis rendue au studio de bon matin (10h) (ben oui mais le week-end c'est de bon matin je trouve) le premier avril.

(La date aura son importance dans l'histoire plus tard.)

Je suis arrivée et j'avais même pas eu le temps de dire bonjour qu'on m'avait déjà chopé le bras et rasée sur toute la longueur.


(MAIS?)

Enfin je sais qu'il y a des petits poils, mais si on m'avait prévenu à l'avance, je les aurai épilés!

(Maintenant ça va repousser tout dru et j'aurai des poils de barbe sur le bras, PAS MERCI.)

Et puis Tristan m'a collé le pochoir sur le bras, je suis allée l'admirer dans le miroir pour valider l'emplacement, et puis il m'a dit "installe-toi confortablement", il m'a fait une clé de bras, et il m'a charcutée sans un mot pendant trois heures.

(Je me rappelle avoir pensé au bout d'une heure que c'était quand même bien dommage d'avoir oublié de prendre mon walkman.)

Je m'attendais à souffrir sérieusement, mais au final, c'est de l'ennui que j'ai surtout souffert– ma position (allongée sur le ventre avec le bras retourné le long du corps) rendait la chose plus inconfortable que douloureuse.

Bref, ça faisait deux heures que j'étais sur le billard, et j'étais en train de me dire que woh, eh, Charlotte, franchement tu gères ça comme un guerrier barbare, même pas mal ni rien, du sang de Viking coule dans tes veines ma championne.


Et là, on est passés sur le coude.




Je dois avouer que j'ai quand même un peu morflé la dernière heure – pas de la douleur insoutenable, mais Tristan devait quand même me plaquer le bras le long du corps pour pas que je tressaille. 

(En gros, c'était pas de la douleur à crier ta mère, mais c'était de la douleur à gémir très doucement "Pourquoiiiii? Pourquoi tant de cruautééééé?")

Au bout de trois heures, j'ai enfin eu le droit de me dégager de la clé de bras, de m'asseoir et de boire un verre d'eau, puis d'aller admirer très vite le résultat final avant que Tristan ne m'enroule le bras dans du cellophane.

Le résultat final était un peu rouge (et un peu saignant vers le coude, qui avait pas mal morflé) mais tout de même MAGNIFAÎQUE:


(Vise un peu!)

J'avais dit à personne dans ma famille que j'allais me faire faire un tatouage, vu qu'ils sont plutôt hostiles à ce genre de trucs (surtout quand c'est sur une partie du corps exposée aux regards) et que j'avais surtout pas envie de me taper le laïus que je sentais venir du côté maternel:

- Mais Charlotte, pense au vitiligo, bla bla bla complètement inconsciente, bla bla bla et pour trouver un travail respectable, bla bla bla et tu sais j'ai lu qu'on peut attraper le sida, etc.


Donc, comme ils étaient tous à l'autre bout du monde, je me suis dit que je les mettrai juste devant le fait accompli, comme ça ce sera trop tard pour dire que c'était une mauvaise idée.

Là où j'ai beaucoup rigolé, c'est que, comme je te l'ai dit plus haut, je me suis fait faire le tatouage le premier avril – détail qui m'avait échappé sur le coup, mais qui a donné sans que je le veuille le meilleur poisson d'avril que j'aie jamais fait:

- Alors quoi de neuf chez vous?

- Eh bien en fait, aujourd'hui, je suis allée me faire tatouer!
- Ha ha! Poisson d'avril!
- Hein? Non non, sérieusement.
- Elle est bien bonne celle-là!
- Non, mais regarde, je te montre à la webcam.
- Dis donc, c'est bien fait, on dirait presque un vrai!

Les têtes de ma famille au moment où ils ont réalisé que c'était pas une blague, c'était magique.




(Un peu comme ça.)

Ce qui était moins magique, c'était la réaction de ma mère:

- Bon maman, je sais que tu n'approuves pas, mais je me suis fait faire un tatouage...

- Non! Charlotte! Mais le vitiligo....
- Mais ça va, maman, ça fait une semaine et il n'y a aucune trace....
- Mais le dermato avait bien dit que c'était une mauvaise idée! C'est complètement inconscient! Et sur le bras en plus! Comment tu vas faire pour trouver un travail respectable?
- Eh ben je mettrai un pull, écoute maintenant c'est fait...
- Tu sais que j'ai lu qu'on pouvait attraper l'hépatite B dans les salons de tatouage?

(Bon, mes prédictions étaient justes à 90%.)

Et, si l'enthousiasme de ma famille était, disons, plutôt tiède, mes amis et mes collègues de bureau ont bien rattrapé le coup, à coups de "ouaaah trop canon meuf!" et "j'adore ce design, il est si beau" et "han t'es si courageuse, ça a dû faire tellement mal!"



(Moi arrivant au boulot toute la première semaine.)

Niveau soins post-tatouage, c'était plutôt minimal, j'avais juste une crème cicatrisante à étaler sur la surface de la peau trois fois par jour, et l'interdiction formelle de gratter ou de frotter les croûtes.

Ce qui était plutôt facile les 3-4 premiers jours, sauf qu'ensuite la cicatrisation s'est vraiment mis en marche, et là, CA DÉMANGEAIT, t'imagines même pas.

C'était d'autant plus horrible que:

1. J'ai aucun self-control et je me gratte toujours comme un chien avec ses puces (croûtes, piqûres de moustiques, je les gratte systématiquement jusqu'au sang)

2. Le tatouage est sur mon bras, AKA l'endroit super facile d'accès pour se gratter.

Vers la fin de la première semaine, ça démangeait tellement, et j'avais tellement peur de gratter le tatouage dans mon sommeil, que, je l'avoue, j'ai dormi quelques nuits avec une chaussette sur la main gauche.


(Glamour total.)

Mais au final, ça valait totalement le coup, puisque de 1. aucune trace de vitiligo (YES) et de 2. mon tatouage est enfin cicatrisé, et il est aussi beau que dans mes rêves:



On a donc, de bas en haut: un lac, une cascade, le bush d'un côté et des roches volcaniques de l'autre, un volcan en haut, et le long nuage blanc pour la symbolique.

(Le nom originel de la Nouvelle-Zélande est Aotearoa, "le pays du long nuage blanc"– ao = nuage, tea = clair et roa = long).

Morale de l'histoire: je suis très contente de mon tatouage, qui a l'air super cool, et ça fait plaisir d'avoir enfin un tatouage où les gens arrivent à dire ce que ça représente – même si, là encore, y'a des accrocs:

- Oh il est joli ton tatouage Charlotte! Ça représente quoi?
- La Nouvelle-Zélande.
- Ah bon? Mais c'est juste un paysage, ça représente rien! 
- ....
- Non, si tu voulais vraiment représenter la Nouvelle-Zélande, t'aurais dû faire un kiwi, ou une fougère.

OU J'AURAIS PU FAIRE UN BURGER A L'AVOCAT EN TRAIN DE SE FAIRE SODOMISER PAR UN MOUTON, MAIS EST-CE QUE CA T'AURAIT EMPÊCHÉ D'OUVRIR TA GRANDE GUEULE KAREN?

(Non, je crois pas, non.)


Question de fin d'article (ça m'intéresse): est-ce que tu as des tatouages? Si oui, pourquoi et que représentent-ils?

Avoir des bons copains

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(J'adore cette photo stock. Est-ce que l'appel de casting spécifiait 'gens les plus crispés du monde'?)


Au boulot, j'ai plein de potes.

Ce qui est très chouette, puisqu'à mon ancien boulot, j'avais juste des collègues de soixante-cinq balais, une boss micromanager hyper collante, et Satan, prince des mouches.

(En vrai c'était ma collègue Karen, mais je pense que c'est plus logique si je l'appelle directement par son vrai nom.)

C'est d'autant plus chouette d'avoir des amis au boulot qu'ils sont tous dans mon département (c'est pas de ma faute, les gens du marketing c'est les meilleurs). Et c'est même pas du racisme anti-autres départements, puisque j'étais amie avec des gens de plusieurs bureaux différents (la secrétaire de direction, le chef du département e-commerce, une fille de l'approvisionnement) et qu'on nous a très récemment annoncé un remaniement dans la boîtequi faitqu'en gros, ces trois personnes bossent maintenant pour le département marketing.


Il y a Emma, qui est la plus adulte de tout le groupe, parce qu'elle a été émancipée à 17 ans, qu'elle a travaillé en parallèle de la fac, et maintenant elle a 28 ans, elle est mariée, en voie d'être promue manager, et elle vit à la campagne dans sa PROPRE MAISON(qu'elle a ACHETÉE) (oui j'insiste mais on est à Auckland, t'imagines pas comme c'est important) avec un potager et des poules.

(La meuf elle a déjà accompli sa vie plus que ton daron.)

Emma c'est une nana adorable, qui est gentille comme tout, intelligente, ultra professionnelle, pleine de bons conseils, et aussi des fois le week-end elle prend de l'acide attends quoi?

- Non, mais de l'acide j'en ai pris qu'une ou deux fois, hein.
- Ah bon!
- Non, je préfère largement les champis.


Après, on a Dylan, qui doit être moitié Kiwi et moitié Sioux parce qu'il a le pas le plus silencieux du monde, du coup trois fois par jour je me retourne et Dylan est juste LA.


(Pareil.) 

Dylan c'est quand même le gars qui est le meilleur boosteur d'estime de soi, parce que dès que tu lui rends un petit service, c'est comme si tu l'avais guéri du cancer:

- Charlotte, tu penses que tu pourrais me designer des cartes de remerciement pour les clients?
- Bien sûr!
- Super, t'es la meilleure!
- T'as une idée sur la composition?
- Non, mets ce que tu penses être bien, je te fais confiance, t'es tellement géniale!
- Oookay. Ben voilà ce que j'avais en tête, ça te plaît?
- Tu es le plus exquis et incroyable des êtres humains. Ton talent n'a d'égal sur cette planète.


(Bon, l'inconvénient, c'est que maintenant tous les gens qui bossent avec lui ont LE PLUS GROS MELON AU MONDE.)

Dans le département, on a aussi Amy, la sœur de Dylan, qui est super rigolote et qui aime tout le monde, et quand tu lui proposes un truc elle est toujours partante:

- Bon les filles il est 17h, on va boire un verre?
- OUAIIIIIS!

- Je sais qu'il est que 11h30 mais j'ai déjà faim, ça vous dit d'aller chercher des bagels?
- OUAIIIIIS!

- Amy, on peut se faire une réunion la semaine prochaine pour discuter des stratégies réseaux sociaux?
- J'ADORE LES STRATÉGIES RÉSEAUX SOCIAUX!

Bref, c'est la première fois que je rencontre quelqu'un avec un enthousiasme et un optimiste aussi débridé que le mien, et on pourrait penser qu'on s'annule mais en fait non, on se carréise (du verbe 'carréiser', 'mettre au carré'):

- Je suis tellement hypée pour l'adaptation de 'The Handmaid's Tale'.
- Haaan mais j'ai tellement aimé ce bouquin!
- Mais moi aussi! J'adore les dystopies sociales!
- Mais moi aussi! En plus dans la série y'aura Elizabeth Moss!
- HAAN MAIS JE L'ADOOORE!
- MAIS MOI AUSSIIII!

Pendant ce temps, tous les autres gens du département:


Et enfin, on a Amber.

Amber est gentille des fois, et méchante souvent. Mais comme les fois où elle est gentille rattrapent les autres, elle est globalement cool.

Amber, c'est la seule personne du département qui ne vit pas pour le marketing, et des fois ça fait franchement du bien, parce que quand tout le monde est en train de parler de campagnes et de lead generation, Amber c'est la personne qui se penche vers moi et chuchote:

- J'ai mon slip qui me rentre dans les fesses, on va prendre un café comme ça je le remets en place discret pendant qu'on marche?

Amber c'est la personne que quand on a fait le jeu de "si le département était une série télé, on serait quels personnage" on en a déduit qu'elle était un mix parfait entre April de Parks and Rec (pour l'antisociabilité) et Stanley de The Office (pour le PUR SASS):




(Oui, oui, et oui.)

Mais son niveau de sass est tellement fun qu'on glousse quand même beaucoup dans l'open space.

Ça saoule beaucoup tous les autres départements.

Mais on les emmerde, on est le marketing et tout le monde sait que c'est le meilleur département.


Bref, tout ça pour dire qu'avec ces spécimens dans mon entourage, c'est rien de dire qu'ils sortent souvent des rigoloteries. A tel point qu'on a même un cahier spécial (qu'on garde dans un tiroir du bureau) labellisé "weird shit the marketing department says". 

(On a chacun notre page.)

Et donc, à la demande générale de neuf personnes sur ma page Facebook qui m'ont assurée que yes, they speak English, Wall Street English, je te livrerai donc ces perles très prochainement.

(D'abord il faut que j'aille faire le tri.)

A plus dans le bus!

La perle du mois – version Kiwie!

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Comme tu l'as vu, avec mes copains du boulot, on rigole bien.

On rigole tellement que j'ai récolté assez de citations rigolotes pour te faire une perle du mois spéciale Kiwie!

Alors c'est comme une perle du mois normale (sauf que toutes les citations sont en anglais dans le texte, parce que c'est moins rigolo si c'est traduit). Si tu es Anglais LV1, tu peux voter pour ta perle préférée dans les commentaires, et le vainqueur gagnera rien du tout et sera probablement un peu déconcerté de se voir plébisciter par plein de francophones inconnus des Internets.

On commence avec la première partie, que j'intitule "le marketing, un si beau métier":

1. Amber *to computer*: Why can’t you be normal?
Charlotte: You sound just like my mother.

2. Amber: “Don’t forget to nominate your colleagues” WELL FUCK THEM!

3. Charlotte: There are no photos of the steam oven FUCK ALL THE STEAM OVENS!

4. Emma: I don’t like the ad with the Union Jack because I don’t find England premium.

5. Amber: Why are you talking to yourself?
Charlotte: I do what I want.

6. Charlotte: I just want to eat fudge and die.

7. Charlotte: Have you tried Ctrl + Alt + Del?
Amber: Have you tried shutting up?


Et puis quelques jolies perles:

8. Amber: Amy, did you cave? You cave woman!

9. Charlotte: Opinions are like assholes: we all have them, but we don’t share them.

10. Emma: Until recently I hadn’t eaten feijoa…only in vodka.

(Les feijoa, pour ceux qui ne connaissent pas.)

11. Amber: Amy can't talk right now, she's got Toffee Pop mouth.

(Les Toffee Pop, pour ceux qui ne connaissent pas.)

12. Emma: Max Key is such a noodle douche.

(Max Key, pour les chanceux qui ne le connaissent pas.)


Et on finit avec les travaux de groupe:

13. Amber: Do you have any big plans this weekend?
Charlotte: No, but maybe the neighbour’s cat will visit again… that was a fun day.

14. Charlotte: My rangehood has 2 modes: “sucks a little” and “sucks almost nothing but makes a lot of noise”
Amber: That sounds like me as a wife.

15. Charlotte: You know how when you poop and you have your period at the same time, you wipe and you wipe and after some time you can’t tell where the poop ends and the blood begins?
Amber: Yes
Amy: Absolutely
Dylan: OH MY GOD WHAT

16. Amber: Stay for drinks!
Emma: I can’t, I have to go home to my chicks.
Amber: What about us? We’re your chicks too!

17. Dylan: There’s this theory that your earlobes align with your nipples.
Amber: Anything aligns with your nipples if they’re big enough!

18. Amber: I’ll tie you up and force-feed you chicken nuggets!
Amy: Sounds like a Friday night to me!

19. Amber: Charlotte, I want to eat you. But not in a gross, lesbian way.
Charlotte: So just in a cute, cannibal way?

20. Charlotte: My calves are so big I can't fit into any boot.
Dylan: I bet I could fit you in my boot!

(En néo-zélandais, "boot" = 'botte' mais aussi 'coffre de voiture'.)

21. Amber: My shirt sleeves are off…Charlotte, can you tie me up?
Charlotte: Yes, but you have to call me Daddy.

Et on finit sur une très jolie participation d'Amy, via texto:


Bon vote à toutes et à tous!
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